mythes fondateurs de l’écologisme et la vision « moderne » (que Nietzsche
qualiait de « mythe rationnel de l’Occident »).
Dans un troisième « cadrage » (appelé « postmoderne » en reprenant le
termede Pierre-Benoit Joly et collègues), les OGM s’inscrivant en rupture,
l’incertitude étant forte et non maîtrisée et les eets des OGM étant irréver-
sibles , ces technologies doivent être « co-construites », l’expertise doit être
« large, plurielle et contradictoire » et prendre en compte l’ensemble des eets
(y compris socio-économiques). Il est à noter ses similitudes de vues avec
l’écologisme (incertitudes, eets irréversibles, etc.).
Tandis que la logique d’action « moderne » est d’accompagner la diu-
sion des OGM et d’éduquer le consommateur de façon objective, la logique
d’action « postmoderne » est d’organiser la participation des « citoyens », le
débat contradictoire et le moratoire. Ces deux logiques ont été expérimen-
tées lors de la querelle des OGM et nous les examinerons de manière critique
ci-dessous.
La nature politique des oppositions
Un des facteurs déclencheurs de la querelle des OGM est la question de
la propriété des semences. Il s’agit en fait d’une querelle ancienne (déclenchée
lors de la mise sur le marché des semences hybrides dans les années ).
Dans cette vision, tout à fait légitime, de l’agriculture, acheter (des semences,
des intrants, etc.) est considéré comme une « dépendance ». Mais n’y a-t-il pas
là un malentendu? Si aux Etats-Unis et au Canada un brevet est une forme
légale de protection d’une variété végétale, cela n’est pas le cas partout, bien
au contraire. Ainsi en Europe une variété végétale n’est pas brevetable. Celle-
ci est protégée par un certicat d’obtention végétale qui permet à l’agriculteur
qui l’a achetée de la resemer sur son exploitation. Un gène n’est pas lui-même
brevetable, seule une invention basée sur un gène l’est. Les arguments rhéto-
riques sur la « privatisation du vivant » sont donc largement exagérés, même
s’il peut exister des abus en la matière.
. J P.B., A G., K D., L J., M C., R A. () L’ inno-
vation controversée: le débat public sur les OGM en France (rapport, INRA).
. L B B., R A. (2011). Comment protéger les innovations végétales. In A. Ri-
croch, Y. Dattée, M. Fellous (dir.), Biotechnologies végétales, environnement, alimenta-
tion, santé (Vuibert).