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L’expérience du programme « Mammotest » à la Maison médicale
« La Glaise »
Suite de la page 1
Pour les femmes habituées au « bilan sénologique », il y a une réelle diffi culté à les orienter vers le Mammotest car elles ont
l’impression que c’est un dépistage « au rabais », de moins bonne qualité, puisqu’on y fait moins d’examens. Et le discours
de certains gynécologues ne nous aide guère. Nous sommes aussi régulièrement en porte-à-faux par rapport au délai court
proposé par les radiologues ou les gynécologues entre deux examens : un an quand ce n’est pas six mois !
Il nous semble donc que nous obtenions de meilleurs résultats avant l’instauration du programme Mammotest. Nos hypothèses
explicatives renvoient à la plus grande souplesse d’un dépistage organisé localement et à une plus grande motivation des
acteurs professionnels concernés dans ce type de confi guration. Il faut néanmoins bien reconnaître aussi que, de manière
générale, vu les incertitudes qui planent toujours sur les réels bénéfi ces de ce dépistage, notre enthousiasme s’est un peu
refroidi !
Drs Elise BONVISSUTO, Monique BOULAD, Jacques CHARLES, Vinciane DESSY, Patrick JADOULLE, Elisabeth NAHON,
Maison Médicale « La Glaise »
Dix ans d’existence du programme de dépistage du cancer du sein
- Mammotest - en Wallonie. Suite de la page 2
Le programme de dépistage organisé a démontré sa capacité à détecter un taux élevé de petits cancers localisés ainsi que
l’intérêt de la double lecture indépendante. Malheureusement la participation reste tout à fait insuffi sante en Wallonie (10 %
de la population-cible) alors qu’elle atteint près de 50 % en Flandre(4).
Le Centre d’Expertise (KCE) a publié récemment un rapport sur le dépistage du cancer du sein au terme duquel il conclut :
« Toute mammographie de dépistage doit répondre aux exigences européennes en matière de qualité et doit être protocolée
par deux lecteurs indépendants »(5). Le Mammotest est conforme à cette recommandation.
Pr. Anne VANDENBROUCKE
Coordinatrice du programme de dépistage des cancers en Fédération Wallonie-Bruxelles
Dix ans d’existence du programme de dépistage du cancer du sein
- Mammotest - en Wallonie.
En octobre 2000, l’Etat fédéral, les Communautés et les Régions ont signé un protocole d’accord pour la mise en place d’un
programme organisé de dépistage du cancer du sein pour les femmes de 50 à 69 ans, conformément aux recommandations
de l’Advisory Committee in Cancer Prevention(1).
En Wallonie, les premiers Mammotests ont été réalisés, sur prescription, en juin 2002 tandis que les premières invitations ont été
envoyées en septembre 2002. Un centre de coordination a été installé dans chaque Province (CCP) afi n d’assurer la gestion
quotidienne du programme, la coordination générale étant assurée par le Centre Communautaire de Référence (CCR).
L’évolution de la mammographie vers la numérisation a eu pour conséquence une modifi cation radicale de l’organisation
de la deuxième lecture : un Centre unique de deuxième lecture a été créé au niveau du CCR. En novembre 2008, celui-ci a
repris toutes les missions qui avaient été confi ées aux CCP. Les premiers Mammotests numériques ont été transmis au Centre
de deuxième lecture en septembre 2009.
Depuis janvier 2007, l’enregistrement des données de tous les Mammotests réalisés en Wallonie ainsi que l’enregistrement du
suivi des examens « positifs »(2) sont centralisés dans une base de données « Mammorias ». Ces données permettent d’évaluer
les « performances » du programme selon les indicateurs défi nis dans les European guidelines(3).
Entre le 1er janvier 2007 et le 31 décembre 2010, 67 305 Mammotests ont été effectués en Wallonie dont 24 947 en Hainaut.
Dans 30 778 cas, il s’agissait d’un « 1er Mammotest » (10 477 en Hainaut) et dans 36 527 cas (14 470 en Hainaut) de « Mammotests
ultérieurs ».
Le taux d’examens complémentaires au Mammotest (taux de rappel) lors du « 1er Mammotest » est de 15,9 % (17,3 % en
Hainaut). Pour les « Mammotests ultérieurs », il est de 11,1 % (12,3 % en Hainaut).
Le taux de détection de cancer est de 8,1 ‰ (9,2 ‰ en Hainaut) lors du « 1er Mammotest » et de 6,6 ‰ (7,5 ‰ en Hainaut)
lors des « Mammotests ultérieurs ».
Un cancer sur 10 a été « récupéré » grâce à la double lecture.
Le taux de cancers invasifs est de 85 % lors du « 1er Mammotest » en Wallonie et en Hainaut. Il est de 83 % (85 % en Hainaut)
lors des « Mammotests ultérieurs ».
Le taux de cancers invasifs ≤ 10 mm est de 30 % lors du « 1er Mammotest » et de 37 % lors des « Mammotests ultérieurs ».
Le taux de cancers invasifs dont les ganglions ne sont pas envahis est de 69 % lors du « 1er Mammotest » et de 76 % lors des
« Mammotests ultérieurs ».
Tous les indicateurs sont en adéquation avec les European guidelines, mis à part le taux de rappel qui est beaucoup trop
élevé. Il ne devrait pas dépasser 7 % lors du « 1er Mammotest » et 5 % lors des « Mammotests ultérieurs ».
Les taux de détection sont très élevés. Ils sont supérieurs aux taux recommandés dans les European guidelines, c’est à dire
trois fois l’incidence attendue sans screening (2 ‰).
Le dépistage du cancer du sein : controverses & perspectives
Depuis son introduction il y a dix ans, le Mammotest continue de susciter des réticences, aussi bien dans la population
féminine que dans le corps médical. Il s’adresse à toute femme « saine » qui n’a pas l’habitude de consulter et qui est invitée
à passer une mammographie tous les deux ans entre 50 et 69 ans.
On l’oppose au « dépistage opportuniste » ou diagnostic précoce sur prescription individuelle. De nos jours, les patientes
qui ont l’habitude de consulter le généraliste et/ou le gynécologue se présentent lors de la moindre anomalie car elles ont
été sensibilisées aux facteurs de risque et instruites des signes de suspicion, mais aussi parce que les médias ont dédramatisé
le cancer du sein en popularisant l’équation : diagnostic précoce = traitement conservateur = guérison. Cependant, ne
perdons pas de vue que ¾ des cancers du sein se développent chez des femmes sans facteur de risque avéré.
Ces quatre dernières années, le nombre de Mammotests effectués dans nos trois services de radiologie représentait entre 6
et 10 % des 7 200 à 7 800 mammographies annuelles.
Remarques préliminaires
Le dépistage de masse organisé exige :
▪ Une maladie fréquente et grave : avec une augmentation de 1.5 %/an, entre 9 000 et 10 000 nouveaux cas sont enregistrés/
an en Belgique, avec 2 300 à 2 700 décès/an, ce qui représente la 1ère cause de mortalité féminine par cancer.
▪ Un traitement effi cace : en un quart de siècle, la mortalité, tous stades confondus, a décrû de 65 à 40 % à cinq ans, de
75 à 50 % à dix ans.
▪ Un test de dépistage
o fi able : la mammographie détecte de petites lésions (2 mm) et peut, dans 90 % des cas, identifi er et caractériser
correctement le cancer du sein chez toute femme.
o facile à mettre en œuvre : notre pays est largement pourvu d’unités de mammographie hospitalières et privées
performantes.
o pas trop inconfortable : une compression modérée des seins est nécessaire.
o d’un coût raisonnable : pour obtenir une réduction > 30 % de la mortalité par cancer du sein, il faut arriver à une
participation au dépistage > 70 %, pour un coût annuel estimé de 22-35 x 106 € pour le dépistage non organisé,
de 10-15 x 106 € pour le dépistage organisé.
▪ Un effet sur la mortalité et/ou la qualité de vie : à cinq ans, la mortalité est < 6 % pour les stades I et < 20 % pour les stades II.
La taille moyenne des tumeurs découvertes par
o mammo de routine = 1.1 cm ;
o une première mammo = 1.5 cm ;
o auto-examen régulier = 2.1 cm ;
o accident = 3.6 cm.
Résultats acquis
Grâce au dépistage, qu’il soit opportuniste ou organisé (celui-ci a généralisé la double lecture), la taille des lésions découvertes
a nettement diminué :
avec un gain de 15-20 % de décès par absence de métastases – le décès étant en relation directe avec leur présence,
et 10-15 % de guérisons supplémentaires grâce aux progrès des traitements systémiques.
Suite page 3
1. Advisory Committee on Cancer Prevention, European Journal of Cancer 2000 ; 36 :1473-78.
2. Conformément à la loi sur la protection de la vie privée, cet enregistrement n’est réalisé que si la femme, informée des objectifs de l’enregistrement, signe
un consentement.
3. European guidelines for quality assurance in breast cancer screening and diagnosis, European Commission 2006.
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4. 7ème rapport de Agence intermutualiste.
5. KCE Report 172B-2012.