En automne 1919, il quitta avec ses parents Mangyongdae pour Jung-gang où il
resta quelque temps avant de traverser le fleuve Amnok pour gagner Linjiang, localité
riveraine chinoise. Là, il apprit le chinois pendant un semestre avant d’être admis à
l’école primaire de Linjiang au printemps 1920. L’été suivant, sa famille déménagea à
Badaogou dans le district de Changbai où il reprit ses études primaires dans une école
chinoise de 4 années. C’est grâce à la prévoyance de son père qu’il put s’initier tôt au
chinois et poursuivre ses études dans des écoles chinoises. Il parvint ainsi à
s’exprimer librement en chinois, ce qui lui serait d’une grande aide dans la lutte
commune antijaponaise avec le peuple chinois.
Au début de 1923, après avoir terminé, avec mention «très bien», ses études à
l’école primaire de Badaogou, il se mit en route pour la Corée selon la volonté de son
père qui lui disait qu’il devait bien connaître la patrie s’il voulait faire la révolution.
Il quitta à pied, le 16 mars, Badaogou, passa Wolthan (Corée), franchit le mont
Oga, et, via Hwaphyong, Huksu, Kanggye, Songgan, Jonchon, Koïn, Chongun,
Huichon, Hyangsan, Kujang, atteignit Kaechon où il prit le train pour arriver, le 29
mars, à son village natal, Mangyongdae. Ce trajet de mille ri (ou de 400 km), de
Badaogou à Mangyongdae, fut un voyage de formation qui lui permit de s’instruire
sur la patrie et le peuple.
En Corée, demeurant chez ses grands-parents maternels à Chilgol, il fréquenta
l’école de Changdok (école privée de six années) en classe de 5e où il étudia
assidûment. Il vit alors la réalité douloureuse de la patrie écrasée sous la botte de
l’occupant japonais, mais, par contre, découvrit avec émotion la volonté
d’indépendance inflexible du peuple, acquérant ainsi la certitude que celui-ci saurait
recouvrer l’indépendance du pays s’il était correctement mobilisé. Surtout, témoin
oculaire de la domination coloniale barbare pratiquée sous couvert de «gouvernement
civil», il comprit que l’impérialisme japonais était le bourreau exécrable, le pire
exploiteur et spoliateur des Coréens et se persuada que la nation coréenne ne pourrait
chasser l’occupant ni accéder à l’indépendance que par la lutte.
En janvier 1925, à la nouvelle de la seconde arrestation de son père par la police
japonaise, il se mit résolument en route encore une fois pour la Chine. Il arriva, après
treize jours, à Phophyong, selon un trajet qui serait baptisé plus tard «chemin de mille
ri pour l’indépendance».
Traversant le fleuve Amnok, il prit la résolution de ne plus retourner avant que la
Corée ne recouvre son indépendance.
En repassant ses souvenirs, il dira:
«A l’âge de 13 ans, j’ai traversé le fleuve Amnok, fermement déterminé à ne pas
revenir avant que la Corée ne soit devenue indépendante. Alors, en fredonnant la
Chanson de l’Amnok de je ne sais quel auteur, je me suis demandé quand je pourrais
fouler de nouveau ce sol, quand viendrait le jour de mon retour dans ce pays où