Le Domaine de Hottemme
Gentiane ciliée
Petite cuscute
Le domaine de Hottemme est parcouru du nord au sud par une étroite bande
dépourvue d’arbres. Et pour cause, il s’agit du couloir de sécurité d’une ligne à
haute-tension !
Dépourvues d’arbres, ces surfaces considérables à l’échelle de la région wallonne (plus de 1600 ha) ne sont pas pour
autant dépourvues de nature. Bien au contraire.
Ce layon abrite ainsi un tiers des pelouses calcicoles du domaine de Hottemme. On y rencontre la cuscute, plante parasite
rare, la gentiane ciliée et de nombreuses orchidées.
De surcroît, le réseau continu de zones ouvertes qui s’étire sous les lignes à haute-tension, traversant régulièrement
de vastes massifs boisés, forme un véritable réseau écologique. Lorsqu’elles sont gérées de façon adéquate, elles
permettent le développement d’un grand nombre d’espèces, tant animales que végétales, liées aux milieux ouverts ou
aux lisières forestières. Les lignes à haute-tension constituent de la sorte autant de voie de circulation pour ces espèces,
favorisant le brassage génétique et la survie à long terme de leurs populations. (Schéma d’un réseau écologique en milieu
ouvert avec déplacements)
La société Elia s’est engagée, comme dans d’autres sites, dans une démarche de gestion écologique de la portion de
ligne à haute-tension qui s’étend sous vos yeux. Elle est régulièrement pâturée par les moutons ardennais roux du domaine,
en dehors de la période de reproduction des plantes et des animaux qui s’y développent. Lorsque cela ne suffit pas à
contenir ronces et arbustes, l’équipe technique du domaine intervient par un léger débroussaillage.
Cette gestion assure à la fois la sécurité de la ligne électrique tout en préservant la biodiversité.
Site privilégié pour les reptiles
Ce panneau a été réalisé dans le cadre du
projet Life Hélianthème avec le soutien
financier de la Commission Européenne et de la
Wallonie.
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G. PlomteuxS. Pirotte
La couleuvre coronelle
est un petit serpent : elle dépasse rarement 70 centimètres.
Elle présente une coloration très variable du gris au brun,
ornée sur la face dorsale de deux rangées de taches sombres.
On la qualifie de lisse car, au contraire d’autres espèces,
ses écailles ne présentent pas de carène, semblable à une
« nervure ».
Elle se distingue aisément de la couleuvre à collier par la
tache sombre qui barre horizontalement son œil, tel un
bandeau, et orne sa nuque, et par l’absence de collier de
couleur claire.
Elle est tout à fait inoffensive, hormis pour les lézards
qui constituent l’essentiel de son alimentation.
Particularité, la coronelle lisse est ovovivipare. L’incubation complète
des œufs a lieu à l’intérieur du corps de la femelle et les jeunes en
émergent directement après la ponte. On pourrait presque parler
d’un « accouchement ». A l’inverse, la majorité des autres reptiles
sont ovipares, c’est-à-dire que leurs œufs sont pondus directement
dans le milieu naturel, où se fera l’incubation.
Souvent mal aimés, parfois considérés à tort comme dangereux, généralement
méconnus, les reptiles ont pourtant des modes de vie fascinants.
Le domaine de Hottemme présente un intérêt considérable pour ces animaux. Il abrite en effet
quatre des sept espèces que compte notre faune régionale, toutes étant intégralement protégées
par la loi. Il s’agit de l’orvet, des lézards vivipare et des murailles, et de la coronelle lisse.
Les reptiles sont incapables de réguler leur température corporelle comme le font les
mammifères. Ils s’installent donc de préférence dans les endroits chauds et ensoleillés. C’est
tout particulièrement le cas des deux dernières espèces qui sont qualifiées de thermophiles.
Le lézard des murailles et la coronelle lisse peuplent en effet les milieux rocheux naturels ou
artificiels, secs et bien exposés : rochers, éboulis, pelouses sèches et rocailleuses, carrières,
murs de pierres sèches, ballasts de chemin de fer.
La Calestienne, cette étroite bande calcaire enclavée entre l’Ardenne et la Famenne, dans
laquelle se situe le domaine de Hottemme, est particulièrement riche en affleurements rocheux.
On ne s’étonnera donc pas qu’elle abrite de nombreuses populations de ces deux espèces.
Ces populations sont malheureusement
souvent isolées les unes des autres ce
qui les rend très sensibles aux aléas
environnementaux. Ces deux espèces
sont aujourd’hui considérées comme
presque menacées dans nos régions.
On comprend mieux l’importance
d’éléments de connections gérés
adéquatement comme la ligne à haute-
tension du domaine de Hottemme.
Le lézard des murailles
est facilement reconnaissable à ses
flancs ornés d’une bande brun foncé,
délimitée de part et d’autre par une
bande de tâches claires.
En période nuptiale, les flancs des mâles sont rehaussés de jolies taches bleues.
Son corps aplati, sa longue queue et ses doigts longs et effilés lui permettent de
se déplacer sur des surfaces verticales avec une grande agilité en quête de sa
nourriture : insectes, araignées et autres vers.
Peu farouche, vous l’observerez facilement le matin, en train de prendre un
bain de soleil pour réchauffer son corps, avant que la température des rochers
ne devienne trop élevée. Il s’abrite alors dans les fissures de la roche ou ses
couleurs le rendent quasiment invisible aux yeux de ses nombreux prédateurs, au
nombre desquels figure la coronelle lisse.
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