Parmi les télescopes de la classe des 8 mètres actuellement en construction ou en exploitation,
le projet Gemini est exceptionnel car on a cherché, dès sa conception initiale, à obtenir une
qualité d'image maximale pour une installation au sol. La cons-truction de Gemini Nord, sur le
Mauna Kea, est maintenant terminée et on procède actuellement à sa mise en service. Gemini
Sud entrera en service au milieu de l'an 2000. L'utilisation scientifique des deux télescopes
devrait débuter progressivement pour atteindre son rythme de croisière vers 2005, à mesure
que les instruments seront mis en place.
Les miroirs primaires des deux télescopes Gemini sont d'une qualité exceptionnelle,
et ils sont parmi les plus précis jamais fabriqués. Par exemple, la surface du
miroir de Gemini Nord présente une précision de 15 nanomètres (c'est comme si
tout l'océan Atlantique n'avait que des vagues de
1 centimètre de hauteur!). Avec les télescopes Gemini, on s’attend
à faire des percées scientifiques majeures surtout dans le proche
infrarouge, entre 1 et 5 microns, région du spectre qui est beaucoup
moins exploitée que la plage optique. Les télescopes Gemini sont
conçus pour travailler avec des champs de vision étroits à moyens,
à une grande résolution spatiale. Avec leur surface collectrice de
lumière beaucoup plus grande et leur qualité d'image supérieure, on
prévoit que les télescopes Gemini offriront une performance accrue
d'un facteur de 10 au moins par rapport aux télescopes de la classe
des 4 mètres. Par l'intermédiaire du CNRC, le Canada conçoit actuel-
lement deux spectrographes multiobjets, ainsi qu'un système d’optique
adaptative pour les télescopes Gemini.
Entre les mains des astronomes canadiens, les télescopes Gemini
seront des instruments puissants, leur permettant de sonder profondé-
ment le cosmos et d'étudier de nombreuses questions : le nombre
et l'âge des étoiles faiblement lumineuses au sein de notre Voie
lactée; les sites de formation d'étoiles et les caractéristiques physiques
des protoétoiles; le mouvement interne et la dynamique des disques
protostellaires; la composition chimique des étoiles anciennes, et donc
l'état du gaz primordial dans les galaxies; la répartition spatiale, la
taille et la luminosité des galaxies fortement décalées vers le rouge
dans l'univers encore jeune.
Le télescope JCM
Le télescope James Clerk Maxwell (TJCM), également sis au sommet du Mauna
Kea, est le plus grand des radiotélescopes de la génération actuelle conçus pour
fonctionner aux longueurs d’onde submillimétriques (0,3 à 1,3 mm, c'est-à-dire à la
partie supérieure des fréquences radio). Le diamètre de son miroir primaire est de
15 mètres. Le TJCM a été construit conjointement par les deux grands partenaires de ce projet,
le Royaume-Uni et les Pays-Bas, et il est financé par ces deux pays et par le Canada. Le
Canada y est partenaire à raison de 25 % depuis la mise en service du télescope en 1987.
La région submillimétrique du spectre électromagnétique est comprise entre l'infrarouge lointain
et les micro-ondes. Il y a une dizaine d'années, les longueurs d’onde submillimétriques et
millimétriques comptaient parmi les rares régions du spectre qui n'avaient pas encore été
bien étudiées par les astronomes, en raison des conditions d'observation spéciales et des
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L ' A S T R O N O M I E E T L ' A S T R O P H Y S I Q U E A U C A N A D A A U J O U R D ' H U I
Le dôme du télescope Gemini Nord, vu du sommet
du Mauna Kea, est la dernière recrue de l'astronomie
optique et infrarouge canadienne. Ce télescope de
8 mètres permettra de réaliser de nouvelles études,
plus détaillées, des nébuleuses où se forment les
étoiles, dans la Voie lactée, et donnera des images
des galaxies lointaines avec une finesse de détail
sans précédent.
Image tirée de la Galerie de photographies du site Web
Gemini, Bureau canadien de Gemini