MINISTèRE De l’économie ET DU COMMERCE EXTéRIEUR DÉPARTEMENT DE L’ÉCONOMIE SOLIDAIRE ‘ De l’économie solidaire vers un entrepreneuriat social innovant ’ http://www.eco.public.lu/attributions/economie_solidaire/index.html TABLE DES MATIèRES 01 De l’économie solidaire vers un entrepreneuriat social innovant — Un survol de l’économie solidaire – Une dynamique au service du citoyen – Le cadre européen – Le contexte luxembourgeois p 02 p 03 p 03 — Un nouveau regard sur l’économie solidaire au Luxembourg – Les défis – Une vision pour une nouvelle diversité économique – Une dynamique participative et pragmatique – Les quatre axes du plan de développement national de l’économie solidaire – Les projets en cours VERS UN ENTREPRENEURIAT SOCIAL ET SOLIDAIRE INNOVANT – Conjuguer efficacité économique et impact social – L’Initiative « Entrepreneuriat Social » de la Commission européenne – Des approches exemplaires en Europe – Défis et opportunités pour l’entrepreneuriat social au Luxembourg CRÉER UNE VISION POUR DEMAIN EN SOUTENANT L’INNOVATION SOCIALE – Innover au service des citoyens – Social Innovation Europe (UE) – Benchmarking : Quelques sources d’inspiration en matière d’innovation sociale – L’innovation sociale, un pilier stratégique de la politique d’innovation nationale p 04 p 05 p 05 p 05 p 05 02 p 06 p 07 p 08 p 09 03 p 10 p 11 p 12 p 12 03 MINISTèRE De l’économie ET DU COMMERCE EXTéRIEUR DÉPARTEMENT DE L’ÉCONOMIE SOLIDAIRE ‘ De l’économie solidaire vers un entrepreneuriat social innovant ’ ‘ Mais qu’est-ce que l’Économie Solidaire ? ’ Romain Schneider, Ministre délégué à l'économie solidaire livre sa réponse : « L’Économie solidaire regroupe des activités économiques qui ont pour objectif d'augmenter le bien-être des citoyens et de créer de l'impact sociétal ». Et d’ajouter que le concept d’Économie solidaire gravite autour de 4 caractéristiques : Le cadre européen La lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale fait partie intégrante de la stratégie Europe 2020 : l’Union européenne veut renforcer la croissance, l’emploi et la compétitivité, mais aussi fonder une société qui soit plus inclusive. Un survol de l’économie solidaire 01 Une dynamique au service du citoyen L’économie sociale ou l’économie sociale et solidaire est un concept qui remonte à la fin du XIX e siècle, fonctionnant sur des principes d’égalité de personnes, de solidarité entre membres d’une société et d’indépendance économique. Elle développe une série d’activités au service de l’individu et de la société dans son ensemble. Elle apporte des réponses à de nombreux besoins essentiels que l’économie traditionnelle a tendance à délaisser et une valeur ajoutée importante à la société dans son ensemble. En plaçant l’humain au cœur de ses fondements, au niveau de l’emploi, l’économie solidaire accorde une place privilégiée aux personnes en difficulté en vue de les réinsérer en les remobilisant sur le marché du travail. L’économie sociale et solidaire trouve un écho particulier au moment où la crise suscite des remises en cause profondes et où se pose de façon pressante la question de la couverture des risques dans un contexte de ressources publiques rares. L’économie solidaire, en se posant comme un troisième pilier de l’économie, à côté du secteur public et du monde des affaires, a développé ses propres modèles. Elle s’est traditionnellement construite sous différentes formes, en étant soutenue par des associations, des coopératives ou des mutuelles en prenant pour principes fondateurs des éléments comme la solidarité et le développement durable, des bénéfices destinés à la collectivité ou une gestion collective et démocratique. Loin de se résumer à un phénomène marginal ou « en vogue », l’économie sociale et solidaire représente 10 % de l’ensemble des entreprises européennes, soit 6 % de l’emploi total. Celles-ci emploient plus de 11 millions de personnes dans l’Union européenne. Environ une entreprise sur quatre créée en Europe est une entreprise sociale. La proportion est même d’une entreprise sur trois en Belgique, en Finlande et en France. Ces entreprises sont souvent plus productives et plus concurrentielles. Cela tient à l’engagement très fort de leur personnel et aux meilleures conditions de travail qu’elles offrent (on y recense deux fois moins d’arrêts maladie que la moyenne). La Commission européenne souhaite participer à la création d’un environnement favorable au développement de l’entrepreneuriat social, et plus largement de l’économie sociale et solidaire en Europe. Pour marquer sa volonté d’aller de l’avant, la Commission a identifié ce modèle économique comme l’un des 12 leviers pour moderniser le marché unique. L'objectif de la Commission est clairement de créer un écosystème favorable au développement des entreprises sociales et de faciliter leur accès au financement. – la solidarité ; – le développement durable ; – le profit au service de l'intérêt collectif ; – un haut degré d'autonomie. Le contexte luxembourgeois L’économie solidaire est aussi une réalité au Luxembourg. Elle a notamment pris corps au travers des activités d’insertion de chômeurs et particulièrement de jeunes chômeurs. Si le Statec ne dispose pas de chiffres précis, on peut néanmoins estimer qu’environ 6 % des emplois et 4 % des entreprises au Luxembourg sont liés à l’économie solidaire. De nombreux acteurs du secteur de l’économie solidaire proposent aujourd’hui des initiatives locales innovantes de prise en charge citoyenne des affaires économiques et sociales, en combinant bénévolat, aides publiques et ressources marchandes. Le Luxembourg est un des rares pays membres de l’Union européenne à disposer d’un Ministre délégué à l’économie solidaire, attaché au Ministère de l’Économie et du Commerce extérieur. C’est dire l’importance qu’accorde le gouvernement à cette forme d’économie, dans la droite ligne de la stratégie européenne en la matière. Parce que l’on peut trouver, au sein des fondements de l’économie solidaire, les clés pour répondre aux crises environnementale, économique et sociale qui traversent actuellement nos sociétés occidentales, l’État Luxembourgeois veut aujourd’hui conférer une meilleure visibilité à ce secteur. En faisant désormais la promotion de l’entrepreneuriat social, l’Europe peut trouver un moyen de répondre à la crise sociale, en remettant des personnes en marge de la société au travail, en créant des emplois durables, dans des entreprises à finalité sociale, au service du citoyen mais aussi économiquement autonomes. Ces entreprises, notamment, pourraient développer des services qui œuvrent pour un plus grand respect de l’environnement. 05 Une vision pour une nouvelle diversité économique Une dynamique participative et pragmatique Les projets en cours La volonté est de créer, demain, une économie solidaire autour de valeurs fortes. Une économie qui conjugue activités économiques et finalités sociales. Une économie qui s’inscrit dans une démarche de développement durable. Pour y parvenir, il fallait d’abord mobiliser les acteurs de l’économie solidaire. Pour ce faire, et dans l’optique de promouvoir de manière plus active l’économie sociale et solidaire, le Département de l’économie solidaire luxembourgeois a entrepris de rassembler les acteurs afin de développer, au cœur d’une démarche participative, une stratégie de développement pour le secteur. ‘1, 2, 3 GO Social ’ C’est la biodiversité économique qui doit désormais être étendue. Un nouveau regard sur l’économie solidaire au Luxembourg Au Luxembourg, le rattachement de l’économie solidaire au Ministère de l’Économie et du Commerce extérieur traduit la reconnaissance, par les pouvoirs publics, d’une nouvelle réalité : les acteurs de l’économie solidaire contribuent à l’économie globale du pays. Les défis Convaincu qu’il ne sera pas suffisant à l’avenir de compter exclusivement sur l’État et les seuls gestes philanthropiques pour résoudre les problèmes d’exclusion sociale et de précarité des ressources, le temps est venu de réfléchir à des formes innovantes d’activité économique pour aborder les défis sociétaux de demain. Conscient de l’importance de l’économie solidaire, le Luxembourg entend participer au développement harmonieux de ce secteur porteur. Les entreprises solidaires sont riches d’une grande diversité en termes de statuts et d’activités. Le premier objectif est de renforcer les partenariats privilégiés en faveur de l’émergence d’une économie solidaire. Au-delà d’encourager toutes les entreprises à mieux prendre conscience de leur responsabilité sociale, l’ambition est d’assurer un essaimage des pratiques solidaires au cœur même de l’économie luxembourgeoise. Le vieillissement de la population, l’isolement social prononcé, le décrochage de la vie professionnelle, l’intégration des personnes défavorisées, les problèmes environnementaux et la diversité sont autant d’enjeux auxquels l’économie sociale et solidaire peut apporter des réponses. La volonté du gouvernement, dès lors, est de promouvoir cette économie, de lui donner les moyens de se renforcer au cœur d’une dynamique entrepreneuriale forte, combinant de la meilleure manière les enjeux économiques et sociétaux. Jusque hier, on pouvait opposer les entreprises caritatives ou parapubliques à finalité sociale à celles dites « classiques », à but lucratif. Les premières dépendent fortement de dons et de subsides, alors que les autres demeurent économiquement autonomes. Pour l’avenir, l’enjeu est de faire émerger, entre les deux, des structures entrepreneuriales à finalité sociale. Potentiellement autosuffisantes, ces entreprises ont pour objectif premier de se mettre au service de l’individu et de créer de l’impact sociétal. L’émergence de ce nouveau type de structure entrepreneuriale, dans un écosystème économique élargi et diversifié, doit faire le lien entre les acteurs de l’économie solidaire tels qu’on les connaît aujourd’hui et les entreprises traditionnelles, en démontrant notamment que des projets à finalité sociale ou sociétale, développés dans une démarche solidaire, peuvent engendrer des bénéfices économiques et sociaux pour la collectivité. Tout l’enjeu, au cœur de cette démarche, était de développer une approche pragmatique, afin de dépasser la théorie et de faire émerger, à partir d’un ensemble de concepts épars, une réalité concrète. Dans la foulée d’une conférence intitulée « Vers de nouvelles perspectives pour l’économie solidaire au Luxembourg », un premier plan d’action pour le développement de l’économie solidaire a été élaboré et présenté en novembre 2011. Ce plan est le résultat de nombreuses consultations d’acteurs et d'experts du secteur, qui ont permis d’accorder les participants sur quatre axes principaux pour le développement de l’économie solidaire au Luxembourg. Les quatre axes du plan de développement national de l’économie solidaire Pour promouvoir de manière plus active l’économie solidaire au Luxembourg, quatre axes de travail ont été définis : • définir et dérouler une campagne de sensibilisation ; • faciliter la mise en place d’un comité constitutif pour fédérer les acteurs du secteur ; • soutenir l’accompagnement de l’entrepreneuriat solidaire ; • organiser un espace de médiation. Fin 2011, le projet pilote 1,2,3 GO Social a été lancé. Business Initiative a.s.b.l. a été mandaté par le Département de l’Economie solidaire pour développer un parcours dont le but est d’accompagner des porteurs de projets d’entreprises à finalité sociale ou solidaire au Luxembourg. Les projets retenus ont été mis en relation avec des coachs qui ont accompagné les porteurs de projets dans l’élaboration de leur business plan. A la fin de l’édition, les business plans les plus convaincants ont été récompensés par un prix. Un nouveau parcours 1, 2, 3 GO Social a été lancé pour 2013. ‘ Acces-lux ’ Le projet « Acces-Lux » propose de construire et d’expérimenter un outil méthodologique dynamique dans le but d’évaluer de façon pertinente la qualité de la vie, les facteurs de progrès et le bien-être des populations au niveau local. À travers un outil de mesure, l’enjeu est de pouvoir évaluer l’impact de l’économie solidaire, son apport dans le niveau de vie luxembourgeois. Et, au final, déterminer comment placer l’efficacité économique au service de la communauté territoriale. ‘ Plan de sensibilisation ’ Afin d’amener les uns et les autres à travailler ensemble pour le développement d’une dynamique d’entrepreneuriat social, au service de la société et de l’ensemble des individus, l’État tient à renforcer la sensibilisation et un meilleur partage d’informations à travers une stratégie de communication. 07 MINISTèRE De l’économie ET DU COMMERCE EXTéRIEUR DÉPARTEMENT DE L’ÉCONOMIE SOLIDAIRE ‘ VERS UN ENTREPRENEURIAT SOCIAL ET SOLIDAIRE INNOVANT ’ Conjuguer efficacité économique et impact social 02 L’économie solidaire s’inscrit dans la diversité de l’économie sociale et de l’entrepreneuriat social au sens large. L’entrepreneuriat social, quelle qu’en soit la forme juridique, présente la particularité de conjuguer efficacité économique et impact sociétal. Les entreprises sociales sont porteuses d’innovations susceptibles d’apporter des réponses pertinentes à des besoins sociaux peu ou mal couverts. Autre atout, ces structures d’un nouveau genre, en s’appuyant sur les fondements de l’économie solidaire, sont pourvoyeuses d’emplois durables. À l’heure où les crises secouent nos sociétés et où les modèles sont remis en question, l’entrepreneuriat social laisse entrevoir la possibilité d’un nouveau paradigme, d’un modèle plaçant l’activité économique au service de l’intérêt général et non d’une maximisation des profits, privilégiant avant tout la création de valeur sociétale. Au cœur de ses principes, l’entrepreneuriat social réinvestit l’excédent de valeur créé pour garantir l’impact sociétal. En mettant les méthodes et l’efficacité de l’entreprise au profit d’un objectif sociétal, les acteurs de l’entrepreneuriat social sont à la croisée des politiques publiques et du marché. Toutefois, l’émergence d’entreprises sociales passe par une remise en question de certains principes acquis. Le défi, pour les acteurs de l’économie solidaire, est de mieux faire valoir leur impact économique et social, de parvenir à diversifier leurs sources de financement et de pouvoir mieux interagir avec l’ensemble des acteurs économiques. L’Initiative « Entrepreneuriat Social » de la Commission européenne De nouvelles alliances entre les pouvoirs publics, le marché et les citoyens sont possibles. Le Luxembourg est bien décidé à les valoriser. Pour que les interventions publiques, dans le soutien d’initiatives d’entrepreneuriat social puissent être considérées comme des investissements pour la collectivité et non comme des mesures coûteuses favorisant l’assistanat, pour que l’innovation sociale s’inscrive durablement dans l’économie avec l’émergence de nouveaux modèles économiques vertueux qui favorisent le bien-être collectif. L’initiative européenne pour l’entrepreneuriat social vise à soutenir la création et le développement des entreprises sociales et à faciliter leur accès au financement. Voilà notamment les enjeux qui sont aujourd’hui liés à l’émergence de l’entrepreneuriat social. Et les initiatives, pour la soutenir, ne manquent pas. L’initiative pour l’entrepreneuriat social propose un plan d’action à court terme visant à promouvoir la création et le développement des entreprises sociales. Pour développer une « économie sociale de marché hautement compétitive », un des grands objectifs de l’Union européenne, il faut adapter les outils juridiques afin d’aider ces entreprises, souvent très petites et n’opérant qu’au niveau local, à réaliser leur potentiel de croissance et de création d’emplois et à tirer parti des possibilités du marché intérieur. L’initiative pour l’entrepreneuriat social propose un plan d’action à court terme visant à promouvoir la création et le développement des entreprises sociales. Ce plan d’action comprend 11 mesures prioritaires, réparties selon trois axes : • améliorer l’accès des entreprises sociales au financement ; • améliorer la visibilité de l’entrepreneuriat social ; • améliorer l’environnement juridique des entreprises sociales. Cette initiative est une première étape vers la mise en œuvre d’un ensemble de mesures formant un écosystème favorable à l’entrepreneuriat social en Europe, afin qu’il soit encore davantage une source de croissance et d’emploi. 09 Des approches exemplaires en Europe Le concept d’entrepreneuriat social connaît un essor important. À tel point qu’aujourd’hui non seulement la politique, les citoyens, le monde académique, mais aussi la sphère financière traditionnelle s’y intéressent. Les exemples de bonnes pratiques en la matière, relevés sur le plan international sont nombreux. ‘ Groupe SOS ’ ‘ ID’EES ’ Moins d’1 % d’aide publique pour un chiffre d’affaires de 430 millions d’euros. 4.000 employés et 62 % de sorties vers de l’emploi durable chaque année. Entreprise sociale, le Groupe SOS met l’efficacité économique au service de l’intérêt général. Créé il y a 28 ans, il a développé ses interventions dans 5 grands cœurs de métier : la santé, les seniors, la jeunesse, l’emploi, les solidarités. Le Groupe SOS compte aujourd’hui plus de 7.000 salariés répartis au sein de plus de 270 établissements et services présents en France métropolitaine, en Guyane, à Mayotte et à la Réunion. Le groupe emprunte des méthodes au secteur privé et importe l’exigence du résultat dans le monde social. Il compte environ 450 grands clients, dont 80 % sont des clients publics, et génère un chiffre d’affaires de 430 millions. Le groupe ID’EES est devenu l’une des premières entreprises d’insertion de France. Si elle défend une finalité sociale, il s’agit pourtant bien d’une société privée qui revendique ce statut. Elle a développée de multiples activités dans la propreté, le transport ou encore le bâtiment. Certaines filiales sont actives dans l’entretien de rivières ou encore la gestion des déchets. À cela s’ajoute « ID’EES Interim », une entreprise de travail temporaire qui dispose d’un réseau de 31 agences réparties dans 24 départements. Le groupe salarie environ 4.000 personnes. Avec un montant de subventions perçus ne dépassant pas 1 % de son chiffre d’affaires, le groupe SOS prouve que l’on peut développer une entreprise sociale sans dépendre des pouvoirs publics. Le plus remarquable réside dans le taux de sorties de ces salariés vers de l’emploi durable qui atteint en moyenne, chaque année, 62 %. Défis et opportunités pour l’entrepreneuriat social au Luxembourg Le Luxembourg tout comme les acteurs économiques de la place peuvent trouver un réel intérêt à soutenir l’émergence de l’entrepreneuriat social. ‘ Pfefferwerk Stadtkultur ’ ‘ IPT « Intégration pour tous » ’ L’entrepreneuriat social gère 20 écoles en Allemagne. Une entreprise sociale partenaire du secteur privé. En Allemagne, Pfefferwerk Stadtkultur a développé des services d’aide à la jeunesse par le biais du soutien scolaire et de formations professionnelles pour l’insertion des jeunes en quête d’orientation. Des écoles, des centres de soins et des foyers d’accueil sont également gérés par l’entreprise sociale allemande. L’entreprise a en charge 17 écoles maternelles qui ont accueilli plus de 1700 enfants, 3 écoles primaires pour 220 élèves. En 2011, 206 jeunes ont eu la possibilité de réaliser un stage professionnalisant. Le nombre d’écoles maternelles et primaires sous la responsabilité de l’entreprise est en augmentation constante (42 % depuis 2005). Cette évolution s’explique par les méthodes pédagogiques innovantes de ces écoles. Les excédents financiers sont réinjectés dans l’entreprise pour le développement de ses projets urbains. Spécialiste suisse en réinsertion professionnelle, « Intégration pour tous » (IPT) offre des programmes sur mesure et personnalisés en fonction des limitations et des ressources de chaque candidat. La fondation IPT profite de sa proximité avec les milieux économiques et patronaux pour mettre en adéquation les besoins des entreprises et les candidatures dans une perspective gagnant-gagnant. IPT a un positionnement original promouvant un partenariat publicprivé selon le principe de subsidiarité. L’entreprise a de nombreux partenariats avec les établissements financiers, comme le Crédit Suisse par exemple. IPT a des fonds propres à hauteur de 2,3 millions d’euros. Une part importante de ses ressources découle des prestations pour les entreprises privées et les entités publiques. L’entrepreneuriat social est porteur d’innovation sociale et peut apporter des réponses pertinentes à des besoins sociaux peu ou mal couverts tout en créant des emplois durables. Si les défis sont encore nombreux, le département de l’économie solidaire est occupé à définir un cadre pour le développement et l’émergence d’acteurs de l’économie sociale. À l’autre bout de l’écosystème, le développement de liens entre les acteurs de la place financière, que l’on sait prépondérante dans l’économie au Luxembourg, et ceux actifs dans l’entrepreneuriat social pourrait permettre aux uns et aux autres de s’inscrire dans un cercle vertueux. Il est en effet important, pour les acteurs de l’entrepreneuriat social de pouvoir diversifier leurs sources de financement avec des dispositifs innovants, tenant compte du contexte dans lesquels ils s’inscrivent ; on a ainsi vu naître de nouveaux instruments financiers, comme des fonds d’investissement social dédiés combinant ressources privées et publiques. L’essor de l’investissement d’impact au sein de la sphère financière, montre que de nombreux investisseurs recherchent aujourd’hui de nouvelles classes d’actifs qui viendront en support d’entreprises à finalité sociale ou sociétale. On ne peut s’empêcher de voir dans ce créneau une source de diversification pour la place financière. Selon certaines estimations, relayées par le Centre d’analyse stratégique de la République française, ce marché de l’investissement solidaire pourrait croître très rapidement et dépasser les 400 milliards d’euros dans le cinq années à venir. 11 MINISTèRE De l’économie ET DU COMMERCE EXTéRIEUR DÉPARTEMENT DE L’ÉCONOMIE SOLIDAIRE ‘ CRÉER UNE VISION POUR DEMAIN EN SOUTENANT L’INNOVATION SOCIALE ’ Social Innovation Europe (UE) 03 Innover au service des citoyens L’innovation sociale ce sont de nouvelles idées, institutions, ou façons de travailler qui apportent des réponses créatives et optimisées à des besoins sociétaux peu ou mal satisfaits. En Europe, on voit naître des groupes de gens actifs et d’entrepreneurs qui inventent et concrétisent des façons originales de gérer leurs problèmes quotidiens : de la garde d’enfants ou de la prise en charge de personnes âgées, à la recherche d’une alimentation saine et naturelle ; de l’entretien d’espaces verts à l’usage de modes de transport alternatifs ; de la mise en place de réseaux de nouvelles solidarités à la création de nouvelles façons d’habiter et de partager des biens et des services. Cette approche dépasse largement la notion d’aide sociale et renvoie davantage à celle d’innovation « pour les citoyens et par les citoyens ». En permettant la co-production de nouveaux services, on invente, on crée, on innove, dans des champs parfois très éloignés de ce que peuvent être l’innovation technologique ou l’innovation numérique. Car on peut innover au-delà du seul développement de la technologie. L’innovation sociale peut être appliquée à de nombreux champs de l’action publique autres que le champ social. Dans l’économie, par le développement de coopératives innovantes, dans le numérique, par la création de réseaux sociaux en ligne, à travers l’agriculture et l’alimentation, et l’établissement de filières courtes, ou encore dans les transports et la mise en œuvre de plateformes de covoiturage par exemple. Mais alors que les innovations technologiques sont largement soutenues par les pouvoirs publics, les agences de développement économique ou encore les investisseurs privés, l’innovation à caractère social apparaît souvent comme délaissée. Ces initiatives d’entrepreneuriat social innovantes méritent d’être soutenues, tant par des dispositifs d’aide au développement que par des investisseurs, parce qu’elles peuvent s’avérer créatrices d’impact sociétal positif, parce qu’elles s’inscrivent dans une logique durable, parce qu’elles sont porteuses d’emploi. La reconnaissance de l’innovation sociale en tant qu’innovation à part entière, permettant aux entreprises qui la portent d’accéder à des dispositifs d’aide au développement, constituerait un soutien indéniable à l’émergence de nouvelles formes d’entrepreneuriat. Le défi, par le soutien de l’innovation sociale, est de démontrer que la logique économique traditionnelle et celle qui poursuit une finalité sociale peuvent fonctionner ensemble dans une relation vertueuse. L’Union européenne considère l’innovation sociale comme un moyen essentiel pour relever les défis sociétaux dans lesquels la frontière entre le « social » et l’« économique » s’estompe. Elle souhaite la voir devenir une composante inhérente des politiques et des programmes sociaux pour pouvoir accompagner l’évolution des besoins sociétaux, qui ne sont pas suffisamment pris en compte par le marché ou le secteur public. Dans le cadre de cette stratégie, la Commission européenne a lancé récemment l’initiative Social Innovation Europe , une plateforme virtuelle en réseau et un centre d’expertise destiné aux entrepreneurs sociaux, au secteur public et au secteur tertiaire. Le but de cette initiative est de contribuer à créer une Europe dynamique, entreprenante et innovante, ainsi qu’à réaliser les objectifs d’une croissance inclusive, intelligente et durable. À ces fins, il est prévu de développer d’une part une banque de ressources facilement accessible, - afin que chacun puisse se renseigner sur les autres projets, organisations, manières de travailler-, et d’autre part une banque de données à jour au niveau local et national, fournissant des renseignements sur les opportunités de financement. Ces nouvelles ressources permettront de créer des liens entre des projets et des personnes, pouvant partager leurs expériences et apprendre les uns des autres et de faciliter les relations entre la société civile, les gouvernements, les institutions du secteur public, et les corps privés concernés. 13 BenchmarkinG : Quelques sources d’inspiration en matière d’innovation sociale ‘ L e Comptoir de l'Innovation (France) ’ Le Comptoir de l’Innovation est une entreprise sociale d'investissement et de conseil. Agréée « entreprise solidaire », elle a été créée en juin 2010 avec un capital initial de 850.000 €. Il s’agit de la société d'investissement et de conseil du Groupe SOS. Elle gère notamment un fonds qui a pour vocation d'investir l'épargne salariale solidaire dans des entreprises sociales françaises à fort impact social. Le fonds a notamment pour mission de développer et de promouvoir l'« impact investing » en Europe. ‘ MaRS District (Canada) ’ MaRS District offre un soutien aux entrepreneurs sociaux, dans le domaine des sciences et des technologies. Il constitue aujourd’hui la meilleure preuve que l’innovation sociale constitue aussi une source de développement économique. Laboratoire de nouvelles idées, il s’est construit une solide réputation mondiale en matière d’innovation. Au départ pensé comme un organisme de bienfaisance, créé dans le but de mieux relier les mondes de la science, des affaires et le gouvernement, son but est de favoriser une culture de l'innovation. Et aider à créer des entreprises mondiales qui contribuent au développement économique et social du Canada. ‘ IQ Consult (Allemagne) ’ IQ Consult est une agence pour l'innovation sociale basée à Berlin et dans les États fédéraux du Brandebourg et de SaxeAnhalt. Sa vision est basée sur le constat que l’innovation technologique à elle seule ne pourra pas apporter toutes les réponses aux défis économiques, sociaux et environnementaux d’aujourd’hui ; seule une approche d’innovation sociale et technologique intégrée y parviendra. IQ Consult a développé un portfolio de services de support qui s’orientent aux quatre axes suivants : • social impact : programmes de développement de l’entrepreneuriat social ; • entersocial : entrepreneuriat social et développement régional ; • responsabilité sociétale et entrepreneuriat social ; • entrepreneuriat inclusif. Elle permet ainsi aux entreprises sociales qui débutent d’augmenter leur capacité à agir et à faire face aux nombreux problèmes qui peuvent se poser à une start up. IQ Consult, en tant qu’agence de l'innovation sociale, développe aussi des modèles économiques et structurels permettant de répondre à l’émergence de divers problèmes sociaux par le biais de l’entrepreneuriat social. L’innovation sociale, un pilier stratégique de la politique d’innovation nationale Se nourrir, se loger, travailler, éduquer, se financer, se soigner, se protéger, préserver l’environnement, telle est la mosaïque des besoins fondamentaux auxquels peuvent répondre une diversité d’entreprises sociales de manière innovante. Aujourd’hui, il est primordial de soutenir l’innovation sociale, en développant une réelle stratégie nationale en la matière. Innover socialement, c’est avant tout inventer un autre rapport à l’économie, en plaçant l’Humain et le développement durable au cœur de la réflexion. • ‘ L’innovation service ’ Développer des services pour répondre aux besoins de la population, ou d’un groupe social en particulier, anticiper ses attentes et occuper le terrain délaissé par l’économie traditionnelle et l’État sont autant de pistes à creuser pour participer à l’essor d’un entrepreneuriat social florissant au Luxembourg. Aussi, l’innovation sociale n’est pas nécessairement une idée géniale totalement révolutionnaire, mais plutôt l’application de nouvelles idées ou approches, de manière concrète et rationnelle. L’innovation sociale peut prendre corps à plusieurs niveaux : • ‘ L’innovation organisationnelle ’ Innover c’est aussi imaginer de nouvelles formes d’organisation des sociétés. Dans les entreprises sociales, c’est l’ensemble des parties prenantes (stakeholders) qui est au centre, et pas uniquement les actionnaires. La gouvernance repose sur un équilibre chaque fois différent en fonction de la nature des projets, de la structure juridique adoptée et des parties prenantes impliquées. • ‘ L’innovation en terme de gouvernance ’ Une innovation n’est vraiment sociale que si l’équilibre est clairement en faveur de la création de valeur sociale (bénéfices pour la population ou la société en général) plutôt que de la valeur privée (gains pour l’entrepreneur privé ou l’actionnaire, par exemple). En travaillant sur ces différentes catégories d’innovation, l’entrepreneuriat social devrait être à même de développer des solutions nouvelles, pouvant répondre à de nombreux défis de société. Derrière ces concepts, c’est la création de valeur au service de l’ensemble des citoyens qu’il faut se fixer comme objectif, mais aussi le développement de nouveaux emplois durables. La finalité de l’entrepreneuriat social, soutenu par des politiques d’innovation fortes, n’est autre que de créer un meilleur écosystème, dans lequel chacun peut trouver une place. Indirectement, l’entrepreneuriat social doit permettre, en améliorant notamment l’accès à l’emploi et en réduisant les phénomènes d’exclusion sociale, de réduire les dépenses des pouvoirs publics inhérents au maintien de solidarité, comme par exemple les allocations de chômage. C’est en travaillant à une plus grande concertation, avec l’ensemble des acteurs de l’économie, en travaillant sur l’ensemble des dimensions de celle-ci, en adoptant une approche plus inclusive que de nouveaux modèles, plus durables et répondant aux besoins de tous, pourront être développés. ‘ Economie solidaire et diversification économique ’ Pour Etienne Schneider, Ministre de l’Economie et du Commerce extérieur, le potentiel de l’économie solidaire ne doit pas être sous-estimé : « L’économie solidaire ouvre une nouvelle voie à la diversification économique ». Elle crée des emplois et offre une large panoplie de produits et de services à impact sociétal. Si ses acteurs ne contribuent pas au même titre à la croissance en termes de PIB que les entreprises classiques, ils créent un autre type de richesse qui favorise la cohésion sociale et contribue au bien-être des citoyens. L’économie solidaire peut nous fournir des réponses socialement innovantes face aux défis auxquels nous sommes confrontés actuellement.