Histoire secondes deuxième partie Chapitre IV LA REVOLUTION ET L’EMPIRE La révolution française n’arrive pas par accident ni par hasard. Elle résulte de tout un faisceau de causes remontant jusqu’au siècle précédent. - politiques : l’absolutisme royal est de plus en plus remis en question par une intelligentsia nouvelle dominée par les philosophes des Lumières. Les exemples des révolutions anglaises et américaines viennent de plus conforter leurs idées. - Sociales : dans une société tripartite où deux ordres se partagent les privilèges, la noblesse et le clergé, une partie du tiers Etat, la bourgeoisie, refuse ce monopole. Alors que les tensions et les oppositions se multiplient, une série de causes conjoncturelles vont servir de détonateur à la révolution Qu’est-ce que la France à la veille de la Révolution ? Quelles sont les causes de la Révolution ? Pourquoi, alors que dans un premier temps personne ne remet en question la monarchie, aboutit-on à la mort du roi et à l’instauration de la République ? Quels sont les facteurs qui vont entraîner la mise en place d’une nouvelle forme d’absolutisme : l’Empire ? 1 Histoire secondes deuxième partie I – La France à la veille de la Révolution A – Une monarchie absolue de plus en plus remise en question 1 – L’Absolutisme royal 2 – Le développement d’une contestation : le mouvement des Lumières 3 – Les révolutions étrangères : des exemples de succès contre l’absolutisme a) Le modèle anglais b) Le modèle américain B – La multiplication des tensions 1 – La société d’ordres a) Le clergé b) la noblesse c) Le Tiers-Etat 2 – La poudrière financière Conclusion Définition : Absolutisme : Fait que le monarque possède tout à la fois le pouvoir exécutif, législatif et judiciaire Lumières : Mouvement philosophique du XVIIIe condamnant tout à la fois la société d’ordres, l’absolutisme et l’obscurantisme Monarchie constitutionnelle : système dans lequel le pouvoir royal est modéré par une constitution exerçant une séparation des pouvoirs Constitution : ensemble de lois fixant la répartition entre des institutions différentes des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire 2 Histoire secondes deuxième partie I – La France à la veille de la Révolution C’est un pays où les tensions sociales se multiplient dans un royaume où le pouvoir royal longtemps incontesté est de plus en plus remis en question. A – Une monarchie absolue de plus en plus remise en question 1 – L’Absolutisme royal Depuis le XVIe s’est mis en place un pouvoir royal absolu dont l’apogée se pose sous Louis XIV (1661 – 1715). ( Louis XV 1715 – 1774)) Le roi est la loi : il est le seul à pouvoir l’édicter. Le gouvernement est composé de personnes d’une fidélité totale au roi. Dans les provinces, des intendants nommés par le roi sont chargés de rendre la justice au nom du roi. Ce dernier peut également faire emprisonner qui il veut selon son bon plaisir, par lettre de cachet. => le roi est à la fois maître du législatif, de l’exécutif et du judiciaire. Il est chef de l’Eglise (gallicanisme). Depuis 1685 et la révocation de l’Edit de Nantes de 1598, il combat le protestantisme (traîtres car n’ont pas la religion du roi) Cela étant, absolutisme n’est pas despotisme : il ne peut disposer librement de la couronne (interdiction de la transmettre à une femme). Il ne peut facilement lever un nouvel impôt : il faut pour cela l’accord du parlement 2 – Le développement d’une contestation : le mouvement des Lumières Ce terme regroupe les philosophes du XVIIIe qui refusent de se plier à l’autorité née de la tradition et adoptent une démarche critique. Ils veulent tout examiner à la lumière de la Raison, de l’expérience et de la réflexion. Au XVIIIe, la société est encore très majoritairement analphabète et le clergé domine toujours une population souvent superstitieuse. Mais la lecture progresse (vers 1780, 37% des gens savent signer contre 20% en 1700). En ville on trouve des bibliothèques, des librairies, des cafés…Les salons sont des lieux de rencontre et de débats , on lit les gazettes… Dans les campagnes, la littérature de colportage diffuse des idées nouvelles, même si la majorité des ouvrage traite des légendes etc.. En même temps, la censure devient moins sévère (même si toujours réelle) L’œuvre des Lumières : une lutte contre : - l’obscurantisme : grâce au progrès des sciences et des mathématiques: Newton en GB, le chimiste Lavoisier en France... Il y a un engouement pour les sciences de la part des bourgeois. Ils font des expériences, herborisent, font du mécénat… Volonté en même temps de lutter contre les superstitions au profit de la raison : les grands philosophes sont parfois athées (Diderot), ou déistes (Voltaire). - l’absolutisme : les philosophes, à part Rousseau qui dans le Contrat Social veut une société égalitaire et démocratique, ne s’opposent pas à la monarchie. 3 Histoire secondes deuxième partie Ils veulent la séparation des pouvoirs et condamnent l’arbitraire royal. Ils condamnent également la censure et la torture. La plupart des idées des Lumières se retrouvent dans l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert, à partir de 1751, « tableau général des efforts de l’esprit humain dans tous les domaines ». C’est en même temps une critique habile de la société, des institutions politiques et des idées religieuses de l’époque. Ils sont vivement critiqués par le clergé. Au début de la Révolution, la plupart des philosophes sont morts. Mais ils ont préparé les mentalités. 3 – Les révolutions étrangères : des exemples de succès contre l’absolutisme a) Le modèle anglais Tous les opposants à l’absolutisme se servent du modèle anglais où le Parlement s’est opposé avec succès au pouvoir royal. En 1642, le Parlement anglais (bourgeois, à la Chambre des Communes, nobles à la Chambre des lords) était entré en guerre contre le roi qui voulait imposer un nouvel impôt. Charles 1er est décapité en 1649 après la victoire des troupes du parlement menées par Oliver Cromwell. En 1679, le Parlement édicte l’Habeas Corpus qui garantit la liberté individuelle et interdit l’arbitraire royal (toute personne arrêtée doit être présentée devant un juge dans les 24 h). Si le pouvoir législatif a définitivement pris le pas sur l’exécutif, le pouvoir n’a rien de démocratique : seuls les Bourgeois et la noblesse dirigent : système de suffrage censitaire… b) Le modèle américain En 1763, les colons des treize colonies d’Amérique s’étaient opposés à la levée d’un nouvel impôt imposé par le Parlement britannique sans les consulter. Le 16 decembre1773, en réaction à l’obligation qui leur était faite d’acheter leur thé exclusivement à la Compagnie des Indes orientales, ils jettent dans le port de Boston la cargaison de thé à la mer (Boston Tea Party). Les anglais augmentent les taxes et envoient des troupes : début de la guerre Le 4 juillet 1776, des délégués des treize colonies, réunis en Congrès à Philadelphie, rédigent la Déclaration d’indépendance. On y retrouve de nombreuses idées des Lumières (Liberté, Egalité…). L’aide de la France aux colons (argent et hommes dont le marquis de La Fayette) permet la victoire définitive de ceux-ci en 1783 (surtout victoire de Yorktown en 1781). Le 3 septembre 1783, c’est l’indépendance des Etats-Unis. En 1787, la Constitution des Etats-Unis d’Amérique, la même qu’aujourd’hui, est promulguée. Les trois pouvoirs sont clairement séparés : - Congrès - Cour Suprême - Président (Georges Washington, élu en avril 1789) - Fédération des Etats 4 Histoire secondes deuxième partie exemple politique important : démontre que pour conquérir la liberté, la force réussit là où la négociation a échoué. De plus, laboratoire constitutionnel. B – La multiplication des tensions Un pouvoir politique de plus en plus critiqué et la multiplication des tensions sociales vont aboutir à la révolution 1 – La société d’ordres Il y a 28 millions d’habitants. Surtout rural, même si les villes commencent à se développer. Le modèle social reste celui du Moyen Age : a) Le clergé 0.5% de la population est très organisé et très riche : 130 000 personnes. Des privilèges très importants : ne payent pas d’impôts, mais reçoivent la dîme, justice indépendante. Possèdent 8% des terres . Mais : division entre - le haut clergé recruté dans la noblesse : évêques très riches et touchant la quasi-totalité de la dîme - le bas clergé : prêtres souvent très pauvres qui critiquent le luxe et l’immoralité du haut clergé. b) la noblesse 1.5% de la population, 350 000 personnes. Elle possède 22% des terres Exemptée de nombreux impôts et payant peu les autres. Perçoit les droits seigneuriaux de ses terres en plus des loyers. Exerce justice et police. La Haute noblesse riche et oisive se ferme de plus en plus : Refus de confier les hautes charges de l’Eglise, de la magistrature ou de l’armée à d’autres. La basse noblesse : moins riche parfois aussi pauvre que ses paysans, mais attachée à ses privilèges. c) Le Tiers-Etat 98% de la population, dont 85% de ruraux. Au sommet, la bourgeoisie s’est enrichie grâce au commerce et à l’industrie. Elle possède 30 % des terres, soit plus que la noblesse. Les bourgeois sont instruits, ambitieux mais bloqués par la noblesse dans l’accès aux hautes fonctions. Ils souffrent du mépris des deux autres ordres. Les classes moyennes, du médecin au boutiquier, en passant par le journaliste, l’avocat etc… est dans la même situation… Ils rêvent tous d’une redistribution des pouvoirs Le petit peuple vit souvent dans une grande pauvreté. A la campagne, il supporte de plus en plus mal les impôts et taxes. Cependant, une petite minorité de paysans a su dégager des revenus corrects et le servage a disparu (sauf à l’Est). 5 Histoire secondes deuxième partie En ville, les conditions sont très variables : petit artisan, porteur d’eau, domestique…La quasi totalité des salaires va à l’achat du pain : quand les prix augmentent : émeutes + chômage Or, en 1788 –1789, les récoltes sont mauvaises. En juillet 1789, la soudure avec la nouvelle récolte n’est pas encore faite. Ainsi, à la coupure traditionnelle de la société en ordre s’ajoute une division en classes sociales au sein même de ces ordres. Les tensions sont donc de plus en plus nombreuses, à la fois sociales et politiques. 2 – La poudrière financière Depuis 1750, les dépenses excessives de la cour et du gouvernement se multiplient, notamment par la guerre de sept ans (1756 – 1753) entre Français et Anglais ainsi que par la guerre en Amérique (1778 – 1783). L’Etat a emprunté tant qu’il lui faut rembourser chaque année la moitié des revenus nationaux en intérêts…Pour les payer, il faut de nouveaux emprunts… L’impôt a été augmenté. Mais il faudrait que tous le payent…Or, toute tentative de réforme échoue. Le ministre des finances, Calonne, réunit les notables en février en 1787 et leur présente la situation. Mais il n’obtient rien, sauf d’être vivement critiqué pour sa gestion. Il est renvoyé sous la pression de la noblesse par le roi. Son successeur, Loménie de Brienne faisant le même constat, se heurte de nouveau à la noblesse, notamment à celle présente aux parlements. 6 Histoire secondes deuxième partie Les parlements de province, composés de la noblesse font croire à l’opinion publique qu’il s’agit d’un mouvement du roi visant le renforcement de l’absolutisme et que le peuple doit soutenir les parlementaires, victimes du despotisme à l’exemple de la Grande Bretagne…Ils demandent le 21 juillet 1788, la réunion des Etats Généraux. Depuis Philippe le Bel, le roi peut théoriquement réunir des représentants des trois ordres pour le vote de l’impôt. Autant de membre par ordre, une voix par ordre… Le 8 août 1788, le roi accepte la réunion des Etats Généraux, convoquée pour le premier mai 1789 à Versailles. Conclusion Dans un climat économique et social tendu, le pouvoir s’enlise dans une crise financière et se heurte au blocage des privilégiés à toute réforme. La réunion des Etats Généraux devait en principe sceller un état de fait et conforter les deux premiers ordres dans leurs privilèges. En fait, les notables n’ayant pas tenu compte de l’importance de l’évolution des mentalités, des ambitions nouvelles de la population, ont dès cet instant ébranlé les assises de cet ancien régime qu’ils voulaient préserver. 7 Histoire secondes deuxième partie II – L’échec de la monarchie constitutionnelle (1789 – 1792) A – La chute de l’Ancien Régime 1 – La fondation de l’Assemblée constituante a) Les cahiers de doléance b) L’ouverture des Etats Généraux c) Le serment du jeu de paume : la fin de l’absolutisme 2 – Le mouvement populaire a) La prise de la Bastille b) La Grande Peur (20 juillet – 6 août) c) Le retour du roi à Paris (5 octobre) B – La France sous la Constituante 1– Les premières réformes a) Naissance de la vie politique b) La Déclaration des Droits de l’Homme (26 août 1789) c) Une réorganisation administrative et judiciaire 2 – 1790 – 1791 : le compromis impossible a) Avec le roi b) Avec les catholiques c) Avec le peuple 3 - La Constitution de 1791 C – La chute du roi 1 - La nouvelle assemblée 2 - La guerre 3 – L’abolition de la monarchie Conclusion Cahiers de doléances : Registres dans lesquels les assemblées des trois ordres chargées d'élire les députés aux États généraux notaient vœux et doléances (demandes). Réfractaires/jureurs : Les prêtres réfractaires sont ceux qui refusent de prêter serment à la Nation, considérant que c’est au Pape exclusivement qu’ils doivent fidélité. A l’inverse les jureurs, acceptent de prêter serment. Loi Le Chapelier et le décret Allarde : Promulgués en France en 1791, ils interdisent les organisations ouvrières, notamment les corporations des métiers, mais également les rassemblements paysans et ouvriers. Ils interdisent de fait les grèves et la constitution des syndicats au cours du siècle suivant. Suffrage censitaire : Système électoral dans lequel, pour obtenir le droit de vote ou pour se présenter à des élections, il faut payer un impôt spécial : le cens. Jacobins : Club qui doit son nom à l’ancien couvent dominicain des Jacobins, où il s’est créé, fin 1789, Il aura une influence considérable sur les événements révolutionnaires. Club : Lieu de rassemblement et de débat durant la période révolutionnaire. Certains étaient très révolutionnaires, d’autres beaucoup moins. 8 Histoire secondes deuxième partie Sans-culotte : Par opposition aux notables, nobles ou bourgeois, portant des culottes de soie, les sans culottes sont des artisans, des boutiquiers, membres des classes moyennes, ayant été, en général, électeurs pour les Etats généraux, très investis dans la politique et représentant les intérêts des classes populaires. 9 Histoire secondes deuxième partie 10 Histoire secondes deuxième partie II – L’échec de la monarchie constitutionnelle (1789 – 1792) La réunion des Etats généraux le 5 mai 1789 entame le processus qui va entraîner la chute de l’Ancien Régime. Mais , alors que les Français restent majoritairement favorables à un système de monarchie constitutionnelle, celui-ci va s’effondrer. Comment se déroule la Révolution ? Qui en sont les acteurs ? Pourquoi la monarchie constitutionnelle s’effondre ? A – La chute de l’Ancien Régime 1 – La fondation de l’Assemblée constituante a) Les cahiers de doléance Chaque ordre doit élire des députés. Pour le Tiers Etat on ne peut voter que si l’on paye l’impôt et avoir plus de 25 ans. Les élections sont à deux degrés : chaque ordre élisent des assemblées qui elle - mêmes élisent les députés. Ils rédigent des cahiers de doléances regroupant leurs revendications. Il ressort clairement de ceux du Tiers Etat le souhait d’une monarchie contrôlée par une constitution. b) L’ouverture des Etats Généraux La séance solennelle d'ouverture des États généraux eut lieu le mardi 5 mai 1 789, à l'hôtel des Menus-Plaisirs, à Versaîlles . Y participent : 291 membres du Clergé (avec- plus de 200 curés), 270 députés de la Noblesse (dont 90 libéraux), 578 députés du Tiers État. 11 Histoire secondes deuxième partie Le 5 mai, les députés se rendent compte que tout repose sur un malentendu : Necker, responsable des finances se contente d’évoquer la situation financière tandis que le roi annonce son refus de tout changement. Il y a débat immédiatement entre le Tiers Etat et les deux autres ordres, le Tiers Etat souhaitant le vote par tête et non par ordre, ce qui leur est refusé. c) Le serment du jeu de paume : la fin de l’absolutisme Le 20 juin, les députés du Tiers Etat se retrouvent dans la Salle du Jeu de Paume et jurent de ne pas se séparer avant d’avoir donné une constitution à la France. Le 9 juillet, ils se proclament Assemblée Constituante. Le roi demande alors aux députés de la noblesse et du clergé de les rejoindre… le roi s’incline : c’est la fin de l’Absolutisme…Mais il s’agit alors d’organiser un partage des pouvoirs entre le roi et l’Assemblée…Non de l’en dessaisir… 2 – Le mouvement populaire a) La prise de la Bastille Période difficile sur le plan social : les récoltes de 1788 n’étaient pas bonnes la soudure avec celles de 1789 n’est pas encore faite. Le prix du pain est, en juillet à son plus haut niveau. Le peuple de Paris a peur d’un complot aristocratique pour l’affamer. Quand on apprend que le roi a fait rassembler des troupes autour de Paris, la population cherche des armes pour se défendre. Le 12 juillet, le dépôt des invalides est pillé. Le 13 juillet, les 407 électeurs des Etats généraux de Paris (qui avaient été chargés de désigner les représentants pour Versailles) désignent un maire, Bailly (député du Tiers, astronome, exécuté en 1793) et fondent une garde nationale dirigée par La Fayette. Le 14 juillet, cherchant des munitions, des émeutiers prennent la Bastille. Celle-ci n’abritait que 7 personnes et il n’est pas certain que les émeutiers qui s’y sont rassemblés vers 10h du matin souhaitaient ce coup de force. Mais la citadelle représentait le symbole de l’arbitraire royal et de l’emprisonnement par Lettre de Cachet. Les bâtiments sont aussitôt détruits. Le 17, le roi se rend à Paris et reçoit de Bailly la cocarde tricolore (bleu et rouge de Paris et blanc royal) b) La Grande Peur (20 juillet – 6 août) La famine a poussé des milliers de mendiants sur les routes. De plus, à l’époque, les nobles souhaitent augmenter les redevances des paysans, voire même rétablir le servage qui avait pourtant disparu presque partout sauf dans l’Est Les paysans avaient participé à la rédaction des cahiers de doléances et attendent des changements. Mais le risque d’une réaction violente de la noblesse entraîne un vent de panique. Des groupes se constituent et attaquent les châteaux. 12 Histoire secondes deuxième partie La nuit du 4 août, face à ce mouvement, les députés de la noblesse, afin d’apaiser les paysans, votent l’abolition des privilèges : après l’Ancien Régime politique, c’est l’Ancien Régime social qui est aboli…Cela étant, les paysans devront racheter leurs charges…Seul le servage est véritablement aboli. c) Le retour du roi à Paris (5 octobre) Les députés ayant choisi de donner un droit de véto (« je m’oppose » en latin) au roi, celui-ci montre son intention de ne pas signer le moindre texte : que ce soit l’abolition des privilèges ou la Déclaration des Droits de l’Homme du 26 août. . Cela développe la colère des parisiens, qui ont de plus toujours du mal à se ravitailler. Le 5 octobre, les Parisiens des faubourgs, emmenés par les dames de la Halle et suivis de la garde nationale, prennent la route de Versailles. A leur arrivée, ils obtiennent sans violence du roi qu'il approuve la décision du 4 août. Mais au matin du 6, les grilles du château sont forcées, des gardes massacrés et leurs têtes fichées sur des piques. Le roi doit accepter de rentrer à Paris avec sa famille, escorté par l'étonnant cortège des manifestants qui crient leur joie de ramener « le boulanger, la boulangère et le petit mitron » ( = le roi, la reine et le dauphin), formule soulignant combien dans leur esprit problèmes de ravitaillement et problèmes politiques sont liés. Le roi s'installe aux Tuileries, l'Assemblée dans la salle du Manège voisine. Le gouvernement du pays s'effectuera désormais sous la surveillance du peuple. B – La France sous la Constituante 1– Les premières réformes a) Naissance de la vie politique Naissance à l’Assemblée de la Droite et de la Gauche : A droite de l’orateur : les monarchistes A gauche se trouvent les démocrates, comme l’avocat Robespierre qui sont pour le suffrage universel. Au centre : les constitutionnels, comme La Fayette, Mirabeau, Sieyès…sont majoritaires 13 Histoire secondes deuxième partie L'assemblée constituante de 1789 Constitutionnels Monarchiens groupe des Triumwirs Noirs Démocrates Les journaux se multiplient. Se développent les Clubs où se retrouvent des citoyens de même opinion politique : celui des Jacobins est réservé par son droit d’entrée à une élite sociale (Robespierre…). Celui des cordeliers, ouvert en 1790, sera plus populaire (Marat, Danton, Desmoulins…). b) La Déclaration des Droits de l’Homme (26 août 1789) Ce texte, rapidement établi en attendant la mise au point d'une constitution, précise les grands principes sur lesquels doit se fonder le nouveau régime. Il constitue donc à la fois l'acte de décès de l'Ancien Régime et l'une des bases de l'organisation politique de la France contemporaine. L’égalité civile est affirmée. Ratifiant l’abolition des privilèges. On retrouve aussi dans ce texte des éléments de la philosophie des Lumières. Il s’agit de défendre les « droits naturels » des hommes. La souveraineté de la Nation (=> supérieure au roi) est consacrée. Liberté individuelle (# lettre de cachet), de conscience (# révocation de l’Edit de Nantes), de presse… Si on souligne les Droits des Hommes on indique aussi les devoirs qu’ils ont dans la Nation. Mais c'est aussi un texte de circonstance. Il justifie le 14 juillet en faisant de la « résistance à l'oppression »un des droits de l'homme ; Mais en rangeant aussi parmi ces droits « la propriété », il fixe clairement une limite à la révolution => il s’agit pour les députés, d’une révolution essentiellement politique. Elle ne doit pas remettre en cause les intérêts de la bourgeoisie. c) Une réorganisation administrative et judiciaire Réformes administratives : création de 83 départements qui remplacent provinces, baillages…Divisés en cantons et communes… judiciaires : organisée par département, gratuite. Disparition des « délits imaginaires » : hérésie, magie, sorcellerie… et de la torture. 2 – 1790 – 1791 : le compromis impossible a) Avec le roi Le 14 juillet 1790 lors d’une grande fête organisée sur le Champ de Mars, le roi jure fidélité à la Nation. En réalité, il préparer sa fuite à l’étranger 14 Histoire secondes deuxième partie où l’attendent ses deux frères et une partie de la noblesse afin de récupérer son trône avec le soutien des souverains étrangers. Le 20 juin 1791, cherchant à fuir, il est arrêté à Varennes et ramené à Paris => il a perdu la confiance de la majorité du peuple, alors même que les députés rédigent une constitution lui donnant un fort pouvoir exécutif…Les débats sont vifs à l’assemblée où de nombreux députés veulent voter la déchéance du roi. b) Avec les catholiques Le 12 juillet 1790 a été votée la constitution civile du clergé : Evêques et curés deviennent des fonctionnaires, payés par l'État. Le roi s’y était opposé vigoureusement. Le pape réservait sa réponse. Celle-ci est connue le 10 mars 1791. Il s’y oppose également. La Constituante exige des ecclésiastiques un serment de fidélité à la nation, à la loi et au roi : presque tous les évêques et environ la moitié des prêtres refusent ce serment .Ils sont divisés entre réfractaires et jureurs. Conséquences, de très nombreux catholiques fervents d’abord favorables à la révolution s’en éloignent. La contre-révolution a trouvé une assise populaire qui lui manquait. c) Avec le peuple Les députés sont avant tout des bourgeois libéraux : ils veulent éliminer tout ce qui peut nuire au commerce : barrières douanières intérieures par ex. En Mars 1791, la loi Allarde supprime les corporations qui regroupaient les artisans par métiers. En juin 1791, la loi Le Chapelier interdit les regroupements entre patrons ou ouvriers => interdiction syndicale et de grève… coupure avec le petit peuple des villes qu’on commence à appeler les sansculottes qui veut continuer la Révolution et les députés qui veulent la fixer et s’en méfient. Quand, le 17 juillet 1791 après la fuite du roi un groupe de Parisiens manifeste au Champ de mars avec une pétition réclamant la déchéance du roi, La Fayette commandant la garde nationale fait tirer sur la foule. 3 - La Constitution de 1791 Théoriquement, elle devait couronner l'édifice. Mais sa mise au point est longue, et quand elle est votée (3 septembre 1791), l'horizon politique s'est passablement assombri. On retrouve dans ce texte toutes les divisions et les méfiances… En apparence, elle est fidèle aux principes de la Déclaration, souveraineté nationale et séparation des pouvoirs. Le pouvoir exécutif est confié au roi qui l'exerce à l'aide de six ministres choisis hors de l'assemblée. Le roi nomme les généraux et les ambassadeurs, il dirige la politique extérieure et il peut opposer son veto (mais pendant quatre ans au plus) à l'application d'une loi. 15 Histoire secondes deuxième partie L'Assemblée législative, élue pour deux ans, vote les lois, établit l'impôt et décide les dépenses. => En réalité, elle est l'expression d'une double méfiance - A l'égard du roi, qui ne peut ni dissoudre l'Assemblée ni appeler des troupes auprès de lui, et qui, même en politique extérieure, ne peut déclarer la guerre ni signer un traité sans l'accord de l'Assemblée. - A l'égard du peuple, comme en témoigne le système de suffrage retenu : celui-ci est censitaire : outre les femmes, il élimine les « citoyens passifs » (les domestiques et ceux qui paient une contribution inférieure à la valeur de 3 journées de travail); il est à deux degrés : les « citoyens actifs » choisissent des électeurs, lesquels désignent des députés, ces deux dernières fonctions supposant l'acquittement d'une contribution plus élevée que celle de simple citoyen actif. C – La chute du roi 1 - La nouvelle assemblée Après la promulgation de la constitution, l’assemblée se sépare, le 30 septembre 1791. Le 1er octobre se réunit la nouvelle assemblée, législative. Divisée de nouveau entre : 16 Histoire secondes deuxième partie - a droite les Feuillants (264) (du nom de leur club), favorables à la monarchie constitutionnelle avec un pouvoir fort entre les mains du roi (nota le véto) - au centre les constitutionnels (345) qui vont hésiter entre les # tendances, qu’on appellera plus tard le Marais - à gauche les Jacobins (136), qui veulent l’abolition de la monarchie. 2 - La guerre Le problème de la guerre est posé à partir de l'été 1791. Sans doute tientil à la dégradation des relations entre la Révolution et l'Europe: les Français ont redouté une invasion au lendemain de la fuite du roi, et des menaces ont été exprimées par l'empereur et le roi de Prusse . Mais la guerre a été voulue d'abord par les Français, et c'est avant tout en termes de politique intérieure que ceux-ci l'envisagent au cours de l'hiver 17911792. Les partisans de la guerre sont nombreux et divers : - La guerre est voulue d'abord par le roi et la Cour, parce qu'ils pensent que la France est incapable de la gagner, et que la Révolution ne survivra pas à sa défaite ; - elle est voulue aussi par les Jacobins, qui estiment qu'elle aura pour effet d'étendre la Révolution en Europe - c'est la « croisade de la liberté » et surtout qu'elle permettra de démasquer les traîtres et obligera en particulier le roi à se déclarer nettement, - elle est voulue même par certains Feuillants, qui pensent avec La Fayette qu'une guerre courte et limitée permettra aux généraux disposant de troupes de stabiliser la Révolution en écrasant définitivement le mouvement populaire. Dans ce concert, rares sont ceux qui s'opposent à la guerre C'est le cas de Robespierre: pour lui, la guerre signifie ruine des finances et risque d'entraîner le retour de l'Ancien Régime (en cas de défaite) ou la 17 Histoire secondes deuxième partie dictature d'un général vainqueur (en cas de victoire).De plus : « personne n’aime les missionnaires armés » Ces oppositions sont trop peu nombreuses pour empêcher la décision : la guerre est déclarée à l'Autriche le 20 avril 1792. 3 – L’abolition de la monarchie La guerre commence mal pour la France. Il est vrai que son armée est désorganisée : beaucoup d'officiers ont émigré, les troupes sont indisciplinées . Ces difficultés exaspèrent le peuple de Paris. Sa colère se tourne contre le roi qui refuse de sanctionner deux décrets de l'Assemblée ordonnant le bannissement de certains prêtres réfractaires et la création d'un camp militaire pour protéger Paris. Le 20 juin 1792, une manifestation de Parisiens envahit les Tuileries pour exiger de Louis XVI qu'il accepte ces décrets. Coincé dans l'embrasure d'une fenêtre, injurié et menacé par la foule, le roi coiffe le bonnet rouge et boit à la santé de la nation ; mais il ne cède pas. En juillet, la situation s'aggrave. La menace prussienne, à l'est, vient s'ajouter à celle des Autrichiens, au Nord. Le 11 juillet, l'Assemblée proclame « la Patrie en danger », afin de multiplier les enrôlements. Des volontaires affluent de province, ceux venant de Marseille en chantant le chant que vient de composer à Strasbourg Rouget de l'Isle, et qui deviendra « la Marseillaise ». Le 1er août est connu à Paris le manifeste du général prussien Brunswick, qui somme les Parisiens de se soumettre au roi, sous peine d'une répression exemplaire. Cette insolente provocation accentue la détermination du peuple parisien. Les Sans culottes s’organisent en comités de quartiers : les sections (48) et font pression sur l’assemblée pour qu’elle vote la déchéance du roi. Le 10 août, des soldats et des sans-culottes attaquent les Tuileries. Malgré une défense acharnée des gardes suisses, le château est emporté, Louis XVI et sa famille doivent se réfugier à l'Assemblée. Sous la pression de l'émeute, celle-ci suspend le roi, bientôt enfermé dans la prison du Temple. Les conséquences de l'événement sont considérables : Politiquement, c'est la chute de la royauté. Mais la suspension du roi rend la Constitution de 1791 inapplicable : pour en établir une autre, une nouvelle assemblée, la Convention, va être élue, au suffrage universel, et en attendant sa réunion, le pouvoir exécutif est confié à un Conseil provisoire animé par Danton. Conclusion La révolution de 1789 était avant tout une révolution bourgeoise. Si le peuple des villes a dans un premier temps marqué son soutien à la constituante, il s’en est détaché à mesure qu’il réalisait que ses intérêts étaient en contradiction avec ceux des députés cherchaient à clore la révolution, à leur avantage. Ces derniers, pour clore la révolution, on besoin du soutien du roi. Or, en guerre avec l’étranger, alors que se multiplient les tensions intérieures, en 18 Histoire secondes deuxième partie jouant la politique du pire, Louis XVI a donné au peuple l’occasion de prendre les initiatives et a précipité sa chute. Dans le système qu’ils devront maintenant mettre en place, les nouveaux députés savent qu’ils ne peuvent plus ignorer ce nouvel acteur politique qu’est le peuple, dont les représentants, les sans-culottes s’organisent. 19 Histoire secondes deuxième partie III – La République (1792 – 1799) A – La République jacobine (sept. 1792 –juil. 94) 1 – Les conséquences de la guerre 2 – La convention girondine (sept. 92 – juin 93) 3 – La Convention montagnarde (juin 1793-juillet 1794) a) La Terreur b) Pour une nouvelle société c) La fin de Robespierre Conclusion B – La République bourgeoise (juil. 94 - nov. 99) 1 - La convention thermidorienne (juillet 1794-octobre 1795) 2 - Le Directoire (oct. 95 – nov. 99) 3 – L’appel au soldat Conclusion Mots importants Loi des suspects : Décret voté le 17 septembre 1793 par la Convention nationale. Cette loi ordonnait l'arrestation de tous les ennemis avoués ou susceptibles de l'être de la Révolution (nobles, parents d'émigrés, fonctionnaires destitués, officiers suspects de trahison, et accapareurs). L'exécution de cette loi, dont le contenu fut encore durci en 1794, et les arrestations furent confiées aux comités de surveillance et non aux autorités légales. Terreur : Inaugurée en juin 1793, elle a pour but, d’ « exterminer les ennemis de l’intérieur ». Le nombre de suspects sous la Terreur a été évalué à 500 000 personnes. Il y a eu 35 à 40 000 victimes, dont 16 594 exécutés suivant les formes « légales », les autres exécutions correspondant aux zones de guerre civile. Terreur blanche : Répression menée après la chute de Robespierre, contre les Jacobins et les républicains, par les royalistes. Maximum : Revendication des sans culottes, la loi du Maximum, votée le 4 mai 1793, complétée le 29 septembre 1793, elle fixe les salaires minimums et les prix maximums des denrées de première nécessité. Au nom du retour vers la liberté économique, elle est abolie par la Convention le 24 décembre 1794. Comité de Salut public : Premier organe du gouvernement révolutionnaire mis en place par la Convention pour faire face aux dangers qui menacent la République au printemps 1793 (invasion et guerre civile). Le Comité est d’abord dominé par Danton. Le 10 juillet 1793, lors du renouvellement du Comité de salut public, il démissionne, Robespierre en prend alors la tête. Ces membres ont alors en commun la jeunesse. L’aîné a 47 ans, le benjamin 26, la moyenne d’âge s’établit légèrement au dessus de la trentaine. On y trouve Couthon, SaintJust (26 ans)…. Comité de Sûreté générale : Institution de la première République, chargé de diriger la police et la justice révolutionnaires après le 10 août 1792. Il devint un 20 Histoire secondes deuxième partie véritable "ministère de la Terreur" après l’élimination des Girondins, le 2 juin 1793. Le Comité recherchait les suspects et envoyait les inculpés devant le Tribunal révolutionnaire. Chouans, Vendéens : Mouvements contre révolutionnaires. Les chouans du nom de leur chef Jean Cottereau dit « Jean Chouan » sont originaires de Normandie et de Bretagne, tandis que les Vendéens se trouvaient au Sud de la Loire. Ils avaient en commun de s’appeler « armée catholique royale ». Montagnards : Groupe de députés de la Convention, plus proches des intérêts populaires, ainsi nommés car ils siègent sur la partie haute de l’hémicycle. Ils comptent parmi eux Robespierre, Couthon, Saint-Just…. Girondins : Groupe de députés de la Convention, souvent membres du club des Jacobins, qui dominent la Convention du 20 septembre 1792 au 2 juin 1793. Journalistes ou avocats, les Girondins sont liés à la grande bourgeoisie d'affaires, hostile au rétablissement de l'Ancien Régime mais aussi aux réformes économiques et sociales en faveur de la classe populaires. Ils sont renversés sous la pression des sans-culottes le 2 juin 1793 et plusieurs sont condamnés à mort et exécutés. A noter que l’appellation de « Girondins » leur a été donnée plus tard au XIXe siècle car plusieurs d’entre eux venaient de ce département. A l’époque on les appelait les « Brissotins », du nom de l’un de leurs chefs, Brissot. Révisionnistes : Face à l’instabilité politique liée aux dysfonctionnements du régime du Directoire entrainant des coups de force successifs, les députés révisionnistes, menés par Sieyès, sont déterminés à modifier la Constitution dans le sens d’un renforcement de l’exécutif. Le retour d'Egypte de Bonaparte vient opportunément offrir « une épée » aux comploteurs. 21 Histoire secondes deuxième partie III – La République (1792 – 1799) La Première République dure sept ans. Pourtant, derrière ce terme se cachent plusieurs pouvoirs successifs. Deux constitutions : celle de la Convention, jusqu’à la fin de la Terreur, puis celle du Directoire qui disparaît lors du coup d’Etat de Bonaparte, le 18 Brumaire (9 novembre) 1799. La politique de la Convention elle-même recouvre plusieurs réalités successives et contradictoires : dominée d’abord par les Girondins modérés, elle passe après une série d’erreurs politiques entre les mains des Montagnards. C’est l’époque de la Terreur, mais aussi de la tentative de former une société la plus égalitaire et démocratique que la France ait connu jusque là…Le tout sur fond de guerre avec le reste de l’Europe… La chute des Montagnards et de leur chef, Robespierre, va entraîner une réaction : le pouvoir retourne entre les mains de la bourgeoisie conservatrice. C’est la fin de la Convention. Mais le Directoire, coupé du peuple, dominé par une bourgeoisie corrompue, incapable de lutter contre une double opposition révolutionnaire et royaliste s’effondre en 1799. Comment s’explique l’échec des Girondins ? Pourquoi la terreur ? Quelle est la place du peuple et de la bourgeoisie dans la République ? Pourquoi, alors que depuis dix ans on a lutté contre l’absolutisme aboutiton à la prise de pouvoir de Bonaparte, avec l’accord de la majorité de l’opinion ? A – La République jacobine (sept. 1792 –juil. 94) 1 – Les conséquences de la guerre Fin août, la France est envahie : Les Prussiens prennent Longwy le 23, Verdun, dernière place avant Paris, est assiégée le 30. Ces nouvelles enflamment la capitale. C'est dans ce climat de fièvre patriotique qu'ont lieu les massacres de septembre. Du 2 au 6, les portes des prisons sont forcées, et 1300 personnes beaucoup de réfractaires, mais aussi des nobles et des défenseurs des Tuileries sont massacrées. Mais le 19 septembre, à Valmy, le général Dumouriez, à la tête d’une armé de volontaires, va repousser l’invasion. 2 – La convention girondine (sept. 92 – juin 93) Le 21 septembre 1792, la Convention abolit la royauté. Le 22 septembre 1792 est le premier jour de l’An I de la République. Dans la nouvelle assemblée, deux groupes s'opposent sur la politique à mener. À droite, les girondins, attachés aux principes libéraux, rejettent les revendications de la sans-culotterie. À gauche, les montagnards, dirigés par Danton, Marat et Robespierre, acceptent de prendre en compte les aspirations du mouvement populaire parisien. 22 Histoire secondes deuxième partie De septembre 1792 à juin 1793, les girondins gouvernent avec le soutien des députés centristes de la Plaine. Mais ils ne peuvent s'opposer à la condamnation à mort du roi déchu après son procès devant la Convention .En effet, on a découvert dans une armoire de fer des lettres prouvant le complot du roi avec les souverains étrangers. Le 21 janvier 1793, Louis XVI est guillotiné. Cette exécution marque une rupture politique irréversible. L’annexion de la Belgique après la victoire de Jemmapes sur les Autrichiens (6 novembre 1792) et le régicide entraînent la formation d'une coalition des monarchies animée par l'Angleterre. Au printemps 1793, les frontières sont de nouveau menacées. La Convention décrète la levée de trois cent mille hommes. De nombreux paysans refusent de partir à l'armée. En Vendée, une guerre civile oppose les « Blancs », paysans et nobles royalistes, aux «Bleus», républicains des villes. À Paris, les sans-culottes exigent la taxation des denrées et l'adoption de mesures pour «terroriser les ennemis de la Révolution». Le 2 juin 1793, à la suite d’une manifestation exigeant des conventionnels le vote de l'arrestation de vingt-neuf députés girondins, le marais rejoint les montagnards. 4– La Convention montagnarde (juin 1793-juillet 1794) a) La Terreur L’élimination des girondins amène les montagnards au pouvoir. Mais la république est menacée : par les partisans des girondins en province, par les succès de la contre-Révolution en Vendée. De plus, la coalition force les frontières et les royalistes livrent Toulon à la flotte anglaise. Dans ce contexte, la Convention met la terreur à l'ordre du jour » : « pour vaincre, il faut terrifier les ennemis de l’intérieur » et délègue la réalité du pouvoir au Comité de salut public (14 membres dont Robespierre, Saint Just…) 23 Histoire secondes deuxième partie et au Comité de sûreté générale (chargé de traquer les suspects. On y trouve le peintre David…). La loi des suspects permet d’arrêter quiconque peut mettre la révolution en danger. Elle entraîne l'arrestation de milliers de personnes. Le tribunal révolutionnaire juge sans appel. L’économie est dirigée: la loi du «maximum» général fixe le montant des prix et des salaires ; des réquisitions sont organisées pour ravitailler les villes et les armées. Le gouvernement révolutionnaire fait appliquer ses décrets en s'appuyant sur des « comités de surveillance » et en envoyant en province et dans les armées des « représentants en mission ». Il y a des massacres (noyades de Carrier à Nantes, prisonniers mitraillés à Lyon…) Cette politique permet de briser les révoltes intérieures (en Vendée, les colonnes infernales ont ravagé le pays ) et de reprendre Toulon. En juin 1794, les «soldats de l'an II» remportent la bataille de Fleurus. Mais, le bilan de la Terreur est lourd (17 000 condamnés à mort, environ 200.000 victimes de la guerre civile). b) Pour une nouvelle société Terrible envers ses ennemis, les Montagnards ont aussi l’objectif du bonheur commun : la loi du maximum bloque les prix et les salaires. L’école est gratuite, obligatoire, faite par des instituteurs fonctionnaires. Les biens des suspects sont confisqués et distribués aux plus pauvres… L’esclavage est aboli dans les colonies. L’égalité passe par le tutoiement. S’y ajoute la déchristianisation : mois de trente jours divisés en décades efface le temps chrétien. Le mariage est uniquement civil et n’est plus un sacrement. c) La fin de Robespierre 24 Histoire secondes deuxième partie Les difficultés économiques persistent. Les dirigeants de la Montagne se déchirent: les « Enragés » qui voulaient renforcer la Terreur sont éliminés en mars 1794, puis les « Indulgents » dirigés par Desmoulins et Danton sont exécutés en avril. Robespierre renforce la Terreur et perd le soutien des militants populaires et de la majorité des conventionnels. Fragilisé, il menace les députés le 26 juillet 1794 mais le 9 Thermidor An II (27 juillet 1794), il est arrêté et guillotiné avec ses amis, dont St Just le 10. Conclusion La première République s’est mise en place dans un climat de guerre exaspérant les tensions. Les Girondins, modérés, sont rapidement en échec : contre le roi, ils cherchent l’appui du peuple mais ne veulent pas le satisfaire, ils veulent la guerre mais ne savent pas la faire, ils arrêtent le roi mais ne veulent le condamner. La Montagne au pouvoir, c’est surtout la dictature du Salut Public mené par Robespierre. C’est la Terreur, dictée en grande partie par les nécessités de la guerre. C’est aussi la tentative de parvenir à une société plus égalitaire. « La force des choses nous a conduits à des résultats auxquels nous n’avions pas pensé » dira Saint Just. B – La République bourgeoise (juil. 94 - nov. 99) 1 - La convention thermidorienne (juillet 1794-octobre 1795) L’élimination de Robespierre donne le pouvoir aux modérés qui veulent instituer une République des propriétaires. Les thermidoriens, mettent fin à la Terreur: le gouvernement révolutionnaire est démantelé, les suspects sont libérés, le club des Jacobins est fermé, le maximum est aboli. Le retour à la liberté économique et les rigueurs de l'hiver de l'an III (17941795) affament le peuple des villes. À Paris, le 20 mai 1795, une foule de sans-culottes envahit la Convention. Un député est tué mais la troupe écrase l’insurrection. C’est la fin de la sansculotterie. La défaite de la sans-culotterie s'accompagne de la Terreur blanche : des Jacobins sont massacrés en province (par ex. dans la prison de Marseille)… Mais si les thermidoriens font la paix avec les vendéens et autorisent le retour des nobles émigrés, pour protéger la République menacée par les royalistes, les thermidoriens ont recours à la force armée: à l'ouest, le général Hoche fait échouer un débarquement d'émigrés à Quiberon et traque les chouans (contre-révolutionnaires du Nord de la Loire) à Paris le général Bonaparte disperse au canon une manifestation royaliste. 2 - Le Directoire (oct. 95 – nov. 99) 25 Histoire secondes deuxième partie Avant de se séparer, le 26 octobre 1795, les députés de la Convention ont rédigé la Constitution de l'an III qui institue le Directoire. Cette constitution rétablit le suffrage censitaire, confie le pouvoir législatif à deux assemblées (le Conseil des Cinq-cents et le Conseil des Anciens) et le pouvoir exécutif à cinq Directeurs. Mais la majorité des citoyens est exclue de la vie politique et l'instabilité du régime s'accentue. Le luxe d'une minorité de parvenus contraste avec la misère populaire et discrédite le régime. Sans majorité politique stable, coincé entre les royalistes et les ultrarépublicains aux idées jacobines, le Directoire gouverne difficilement et recourt à la répression. 3 – L’appel au soldat Le regain jacobin de l'été 1799, l'agitation royaliste qui se développe alors dans le Midi puis en octobre dans l'Ouest confirment que la république bourgeoise est toujours menacée. Les révisionnistes, qui veulent une modification de la constitution, sont de plus en plus nombreux. Ils pensent que seul un exécutif fort peut sauver la république, non seulement parmi le personnel politique, mais encore dans les milieux d'affaires, avides de stabilité, et dans l'opinion, lasse notamment du brigandage et de la corruption des cercles dirigeants ; Aussi Sieyès, un des Directeurs, favorable à cette thèse, se tourne-t-il vers les généraux, Joubert d'abord, mais celui-ci est tué en combattant les Autrichiens, puis Bonaparte, qui rentre à point nommé d'Égypte, et avec lequel il se met d'accord. Les deux hommes ne s'aiment guère, mais ils sont condamnés à s'entendre : Sieyès apporte au complot l'appui des révisionnistes, Bonaparte une épée et sa popularité. Le 18 brumaire (9 novembre 1799), les Anciens, acquis à l'opération et prenant prétexte d'une agitation jacobine à Paris, décident que les conseils des Anciens et des 500 siégeront à Saint-Cloud sous la protection de Bonaparte, nommé commandant des troupes de la capitale. Le lendemain, aux Cinq-cents les députés sont mis dans l’obligation de voter la révision de la constitution. Bonaparte est mis en difficulté: les députés le bousculent et réclament sa mise hors-la-loi. Dépassé, le général est sauvé par son frère Lucien qui préside la séance et qui fait disperser les députés par la troupe. Dans la soirée, les Anciens et une partie des Cinq-Cents acceptent le fait accompli : le Directoire est dissous, et le pouvoir exécutif confié à trois consuls provisoires : Bonaparte, Sieyès et Roger Ducos. Conclusion Comme le 9 thermidor, le 18 brumaire est une date décisive. Elle met concrètement fin à la décennie révolutionnaire, en même temps qu'elle ouvre l'ère napoléonienne. 26 Histoire secondes deuxième partie L'événement permet de mesurer le chemin parcouru depuis mai 1789. Les patriotes libéraux et optimistes qui abattaient alors l'absolutisme en étant convaincus de pouvoir entraîner et contrôler l'ensemble du tiers état ont été instruits par dix ans de révolution, et notamment par l'épisode de la Terreur. En 1799, ils sont sur la défensive, et au lieu de proposer des solutions au nom de la nation tout entière, ils en viennent à aliéner leur liberté entre les mains d'un homme fort, qui garantisse leurs acquis contre tout risque de débordement populaire. Ils appellent un « homme providentiel », rendu populaire par ses victoires en Italie ou en Egypte, dont ils espèrent qu’il fixera les acquis de la Révolution. 27 Histoire secondes deuxième partie IV – Le Consulat et l’Empire (1799 – 1815) A – La France napoléonienne 1 – Un retour vers l’Absolutisme ? a) Bonaparte b) La Constitution de l’An VIII c) La marche à l’Empire d) Le despotisme impérial 2 – La réorganisation du pays a) La paix intérieure b) L’économie et les finances c) Les masses de granite B – Formation et effondrement de l’Empire 1 - L’Héritage de la Révolution 2 – L’Europe napoléonienne a) La conquête b) L’organisation de l’Empire 3– La Chute a) Multiplication des oppositions b) L’agonie de l’Empire Conclusion Mots importants : Concordat de 1801 : Accord entre le Saint-Siège et l’Etat français. La « religion catholique, apostolique et romaine sera librement exercée en France », archevêques et évêques sont nommés par le gouvernement mais reçoivent l’institution canonique du pape. Evêques et prêtres doivent ensuite prêter serment de fidélité au gouvernement. En échange de l’abandon des biens ecclésiastiques vendus depuis 1790, le « gouvernement assurera un traitement convenable aux évêques et aux curés ». Le régime concordataire prend fin en 1905 avec la loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat. Paix d’Amiens : Traité conclu le 25 mars 1802 entre le Royaume-Uni et la France. Si la guerre reprend dès l’année suivante, la popularité du traité permet à Bonaparte de profiter de l’occasion pour organiser un plébiscite l’autorisant à devenir « consul à vie ». Masses de granit : Ensemble des dispositions prises entre 1800 et 1808 destinées à fixer de façon durable les apports de la Révolution, et à améliorer le fonctionnement du pays : la Légion d'honneur, l’éducation et le Code civil en sont les éléments les plus importants. Noblesse d’empire : Institution créée par Napoléon Ier en 1808 pour créer une élite stable, issue de la Révolution française, réunissant l’ensemble des personnes ayant reçu un titre de noblesse lors du Premier Empire et de leurs 28 Histoire secondes deuxième partie descendants. Cette nouvelle noblesse n'est pas un ordre et ne dispose pas de privilège. Légion d’honneur : Elle a été instituée le 19 mai 1802 par Napoléon Bonaparte pour récompenser les mérites éminents militaires ou civils rendus à la Nation. Franc germinal : La Convention a défini, en 1795, le franc comme nouvelle unité monétaire et précise le poids des pièces à frapper. Mais ce n’est que sous le Consulat, par la loi du 7 germinal an XI (27 mars 1803) qu’a lieu la refonte générale des monnaies, mettant fin à la coexistence des pièces anciennes et nouvelles : un franc correspond à cinq grammes d'argent ou 290,32 milligrammes d'or fin. Code civil : Rédigé sous la direction de Jean Etienne Portalis, promulgué le 21 mars 1804, il regroupe les lois relatives au droit civil français, c’est-à-dire l'ensemble des règles qui déterminent le statut des personnes, celui des biens et celui des relations entre les personnes privées. Modifié et augmenté à de nombreuses reprises, il reste, aujourd'hui encore, le fondement du droit civil français et de nombreux Etats européens. C’est un texte fondamental dans la mesure où, chaque habitant du territoire français quelle que soit son origine, son milieu, sa richesse doit s’y conformer. Nous sommes donc bien dans l’ « égalité en droit ». Code pénal : Il dresse la liste des punitions en fonction des infractions constatées selon un principe : pas de crime sans loi, pas de peine sans loi précédente. S’il réduit le rôle du juge, puisqu’à tel délit, telle peine doit être prononcée, celui-ci conserve la possibilité de moduler le châtiment, entre un minimum et un maximum laissé à son appréciation. Républiques sœurs : Etats que la France révolutionnaire a créé en Hollande et en Italie entre 1795 et 1799, pendant le Directoire et le Consulat, après les victoires françaises sur les Autrichiens protecteurs des souverains italiens. Ces républiques sont organisées selon le modèle politique français, et la bourgeoisie locale y prend le pouvoir sous le contrôle des Français. Les républiques-sœurs doivent fournir une très importante contribution financière (qui tient du pillage) à la République française dont les armées les « protègent » d'un retour de leurs souverains. Plébiscite : Consultation sur le désir d'une population à propos d'une importante décision. Forme de référendum qui consisterait à approuver ou non la politique d’une personne par l’intermédiaire de la question posée. Cent jours : Période de l'Histoire de France comprise entre le 1er mars (retour en France de l'empereur Napoléon I) et le 18 juin 1815 (défaite de Waterloo et seconde abdication) 29 Histoire secondes deuxième partie IV – Le Consulat et l’Empire (1799 – 1815) Lorsqu’en 1799 Bonaparte présente la nouvelle Constitution, il déclare : « Citoyens, la Révolution est fixée aux principes qui l’ont commencée, elle est finie ». Ce discours annonce deux choses : d’une part que les grands acquis révolutionnaires seront maintenus et ensuite que la stabilité intérieure et extérieure du pays exige la paix. La réorganisation des finances, des institutions, la recherche du consensus sur le plan diplomatique, politique, religieux…vont dans un premier temps poser Bonaparte en sauveur de la Révolution et de la Nation. Mais la dérive despotique du pouvoir interrompt le processus démocratique. Napoléon est-il le continuateur ou le fossoyeur de la Révolution ? Quels sont pour lui les grands principes qu’il faut sauvegarder ? Pourquoi y a t-il cette dérive despotique ? L’empire est il véritablement un retour vers l’ancien Régime ? A – La France napoléonienne 1 – Un retour vers l’Absolutisme ? a) Bonaparte Né dans une famille de petite noblesse en 1769, un an après le rattachement de la Corse à la France. Fait, grâce à une bourse des études militaires à Paris. A 16 ans, il est lieutenant d’artillerie. Proche des Montagnards, il chasse en 1793 les Anglais de Toulon et devient général à 24 ans. Ecarté pour cause d’amitié avec Robespierre, il mate l’insurrection royaliste à Paris du 13 vendémiaire (oct. 95) et part en 1796 dans l’armée d’Italie où il brille par ses victoires parfaitement transmises à la population française grâce à une habile propagande. Parti en Egypte dont il prend le contrôle malgré des défaites (flotte détruite à Aboukir et infanterie à Saint-Jean d’Acre. Informé de l’évolution de la situation à Paris, il rentre précipitamment pour y réaliser ses ambitions politiques. 30 Histoire secondes deuxième partie b) La Constitution de l’An VIII L’exécutif est renforcé, concentré entre les mains de Bonaparte, nommé Premier Consul pour dix ans, assisté de deux autres consuls (Cambacérès et Lebrun). Le législatif est affaibli : divisé en 4 assemblées : Sénat garant de la légalité des lois, Conseil d’Etat chargé de rédiger les lois, Tribunat qui discute les lois mais ne les vote pas, Corps législatif qui vote mais ne discute pas (les 300 muets). Le suffrage universel est rétabli mais élit des listes de propositions dans lesquelles les autorités choisiront. Le peuple est consulté par plébiscite. La justice : les juges sont inamovibles : les autorités ne peuvent les déplacer…Mais ils sont choisis par Bonaparte également. Chaque département a à sa tête un préfet obéissant directement à Bonaparte et les villes de plus de 5000 h. ont des maires désignés également par Bonaparte. c) La marche à l’Empire Arrivé au pouvoir, Bonaparte tente de faire la paix avec l’ensemble de l’Europe. En 1802, il signe la paix avec l’Angleterre. Cela lui assure une telle popularité qu’il l’exploite en se faisant nommer par plébiscite consul à vie. En 1804, un complot royaliste visant à l’assassiner échoue. Mais il profite de l’émotion, invoquant la nécessité de stabiliser le régime et le risque de rétablissement de l’Ancien Régime pour se faire proclamer par plébiscite empereur le 18 mai 1804, sacré en présence du pape le 2 décembre 1804 à Notre Dame. Il assure ainsi l’hérédité de sa charge. d) Le despotisme impérial La monarchie impériale se rapproche de celle de l’Ancien Régime : la famille Bonaparte règne partout où Napoléon distribue les couronnes. Gagné par la maladie (cancer), Napoléon supporte de moins en moins la contradiction et éloigne les gens capables pour mettre des flatteurs et des 31 Histoire secondes deuxième partie courtisans médiocres. La docilité des députés qui approuvent les textes, est récompensée par des dons de terres… Il reconstitue une aristocratie, espérant y attirer des membres de l’ancienne noblesse, qui reste méfiante. La police de Fouché renseigne grâce aux mouchards, censure, surveille, ouvre le courrier… La presse est censurée, comme le théâtre… De plus, le catéchisme impérial est institué et la culture et les arts doivent glorifier le régime. 2 – La réorganisation du pays a) La paix intérieure Nécessaire de pacifier le pays pour ancrer son pouvoir. Il offre la paix à tus : Girondins, Montagnards, réfractaires…Les émigrés peuvent rentrer et des postes administratifs leurs sont confiés. Pour résoudre la question religieuse : signature du Concordat le 15 juillet 1801 : la religion catholique est celle de la majorité des Français mais n’est plus la religion d’Etat. Le pape renonce aux propriétés du clergé, vendues comme biens nationaux. Les évêques doivent tous démissionner et sont renommés par Bonaparte, le pape leur donnant l’investiture. Le système fonctionne jusqu’en 1905. b) L’économie et les finances La Banque de France créée en 1800 contrôle la monnaie. Le franc germinal (1801 : 5gr d’argent) permet de redonner confiance dans la monnaie, car convertible en or ou en argent. Les impôts sont recalculés. Et confiés à un personnel compétent. De plus, le consulat et l’empire passent des commandes auprès des fabriques et relancent ainsi l’économie (coton, chimie, sidérurgie, grands travaux (adduction d’eau dans Paris). c) Les masses de granite Objectif : fixer les apports de la révolution ou de Bonaparte de façon solide : - éducation : création des lycées en 1802 pour former notables et officiers légion d’honneur (1802) : doit permettre de rassembler une élite distinguée par ses mérites - Code Civil : c’est le plus important (1804) : 2281 articles rédigés de façon claire et précise, proclamant la liberté individuelle, le droit à la propriété - => des acquis révolutionnaires sont ainsi consolidés : liberté individuelle, religieuse, égalité devant l’impôt, accès à toutes les charges B – Formation et effondrement de l’Empire L’histoire des rapports de napoléon avec l’Europe ne se résume pas à des guerres. L’empereur a fortement modifié les rapports sociaux et politiques, 32 Histoire secondes deuxième partie propageant les idéaux révolutionnaires. Même si le régime s’effondre, de nombreux principes subsistent. 1 - L’Héritage de la Révolution La Révolution avait été accueillie avec enthousiasme par les milieux intellectuels et bourgeois de Prusse, Autriche, Italie, Angleterre. La Déclaration des droits de l’homme a un impact considérable…Mais cela embarrasse les monarques et la noblesse, d’autant plus que les Allemands se voient privés des droits féodaux sur l’Alsace par ex. En avril 1792, l’assemblée, inquiète des menaces de plus en plus nombreuses venues de l’étranger déclare la guerre à l’Autriche – Hongrie. Seul Robespierre s’y oppose. Après de graves revers, la victoire de Valmy (20 septembre 1792) ouvre les frontières des Pays bas autrichiens (actuelle Belgique), de la Savoie et de Nice confisquées à l’Autriche… En 1795, l’idée est adoptée de créer des Républiques sœurs, créant un glacis défensif pour la France : premières grandes victoires de Bonaparte en Italie. Dans tous ces territoires on crée des constitutions équivalentes à celles de la France du Directoire. En 1801, après la victoire de Marengo, paix avec l’Autriche et en 1802, lors de la paix avec l’Angleterre, la France compte 108 départements. 2 – L’Europe napoléonienne a) La conquête La Paix d’Amiens ne dure qu’un an. L’Angleterre s’inquiète en effet du développement de la puissance française sur le continent, risquant de ruiner son commerce. Elle organise et finance des coalitions. Après des tentatives de débarquement en Angleterre et la défaite de Trafalgar (21 octobre 1805 : la flotte Française mouillant à Cadix cherche à sortir mais les Anglais les attendent…Nelson, déjà vainqueur en Egypte à Aboukir est tué), Napoléon se concentre sur le continent . Victoire d’Austerlitz (décembre 1805) contre Prusse et Autriche…Nouvelles victoires en 1806 et 1807 contre la Prusse (Iéna 1806) qui est occupée et la Russie (Friedland 1807). En 1806, il organise un blocus contre l’Angleterre, l’obligeant à contrôler toutes les ouvertures maritimes : conquête de l’Espagne (1808) et du Portugal. b) L’organisation de l’Empire 33 Histoire secondes deuxième partie Trois grands groupes de territoires : - l’Empire français compte 130 départements - les Etats vassaux sont administrés par des membres de la famille de Bonaparte - les protectorats sont soumis : les autorités ne sont pas maîtresses de leur politique (confédération du Rhin, Pologne, Suisse) Au départ les armées révolutionnaires, puis la Grande armée avaient été souvent accueillies favorablement car elles annonçaient vouloir renverser l’Ancien Régime. Mais le Code civil y est diffusé : égalité civile, laïcité de l’Etat, abolition des privilèges de la noblesse et du clergé…Le retour en arrière, après la chute de l’Empire sera souvent difficile. Cependant, si les droits féodaux et la dîme sont abolis, les territoires sont soumis au pillage de l’armée et des autorités françaises. De plus les jeunes sont soumis à la conscription. 3 – La Chute a) Multiplication des oppositions * à l’extérieur La fuite en avant liée au blocus oblige Napoléon à occuper de plus en plus de territoires : en 1808, la prise de Rome entraîne son excommunication par le pape. En 1812, celui-ci est emprisonné En Espagne, la résistance s’appuie sur le clergé et la population très croyante. La répression est épouvantable. 34 Histoire secondes deuxième partie La Russie accepte de moins en moins le diktat économique : l’obligation d’acheter les produits français, interdiction de commercer avec l’Angleterre. * à l’intérieur Le blocus ruine une partie de la bourgeoisie portuaire (9 navires quittent Marseille en 1811 contre 330 quatre ans auparavant. La bourgeoisie reproche la confiscation des libertés politiques, qui n’est plus compensée par l’expansion commerciale. 1812 : mauvaises récoltes. De plus, la conscription fournit des bras à l’armée. Les ouvriers au chômage sont mécontents. b) L’agonie de l’Empire La campagne de Russie est un échec cuisant. En juin 1812, Napoléon lance une offensive avec 600 000 h. Les Russes font une politique de la terre brûlée. Napoléon entre à Moscou après la sanglante victoire de Borodino en septembre. Mais la ville est incendiée le 19 octobre. La retraite fait 400 000 morts. Première défaite personnelle de Napoléon. En octobre 1813, il perd la bataille des Nations contre les Russes et Prussiens à Leipzig. Dès lors, en 1813 les Français sont chassés d’Espagne par les Anglais et une coalition Autriche/Prusse/Russie franchit le Rhin. Le 31 mars 1814, l’ennemi est à Paris. Le 6 avril, Napoléon abdique et part pour l’île d’Elbe après ses adieux à Fontainebleau le 20 avril Le même jour, Louis XVIII entre en France. Il devient vite impopulaire. Mal conseillé par la haute noblesse, il renvoie des officiers pour les remplacer par des nobles rentrés la veille de l’étranger.. Le drapeau blanc remplace le drapeau tricolore, et le roi affiche la volonté de remettre en question l’abolition des privilèges. Le 1er mars 1815, Napoléon est de retour de l’île d’Elbe . Il est accueilli dans l’enthousiasme. Le 20 mars il est à Paris d’où Louis XVIII est parti le matin. Mais le 18 juin 1815 il est vaincu à Waterloo. Le 22 après sa nouvelle abdication, il est déporté à Sainte Hélène où il mourra en 1821. Conclusion Bonaparte, ambitieux et grand stratège a su en 8 ans se façonner un Empire regroupant la quasi totalité de l’Europe. Si, malgré le retour à une certaine forme d’absolutisme, le régime a conservé longtemps l’approbation des masses et de la bourgeoisie, c’est qu’il n’a jamais remis en question un certain nombre d’acquis de la Révolution, comme l’abolition des privilèges. Le Code Civil en est l’illustration. De plus, personne n’est insensible à la politique impériale prestigieuse. Avec l’abdication de Napoléon commence la période de la restauration. Pourtant, il s’avère rapidement qu’un retour à l’Ancien Régime est maintenant 35 Histoire secondes deuxième partie devenu impossible. La monarchie devra maintenant faire avec les acquis de la Révolution : la noblesse a perdu le monopole politique que le Tiers Etat entend bien partager. Enfin les bouleversements politiques et sociaux confiant des responsabilités à une classe bourgeoise de plus en plus entreprenante créent les conditions favorables à la révolution industrielle à venir. 36 Histoire secondes deuxième partie Chapitre V La France et l’Europe de 1815 à 1848 A - L'Europe transformée (1789-1815) 1 - Les conséquences de la révolution française et de l’empire en Europe a) Un accueil favorable de la Révolution b) La diffusion des principes révolutionnaires 2 - L'éveil du sentiment national en Europe a) La naissance de l'idée nationale en Europe b) Développement d’une résistance 3 - Le congrès de Vienne et la réorganisation de l'Europe a) La nouvelle Europe de 1815 b) L'Europe de la Sainte Alliance 4 – Un retour en arrière pourtant impossible L'essentiel B - Les soulèvements de 1830 à 1848 1. Les succès limités de 1830 a) L'indépendance de la Grèce et de la Belgique b) Les trois glorieuses en France c) L'échec des autres soulèvements 2 - L'évolution du mouvement des nationalités a) Le Zollverein b) Le Risorgimento C - Le Printemps des peuples de 1848 1 – La révolution de 1948 en France a) L’évolution monarchique depuis 1815 b) Les causes de la révolution de 1848 c) La chute de la monarchie : les journées de février 1848 d) L’esprit de 1848 2 – La propagation de la révolution en Europe 3 – L’échec du printemps des peuples L'essentiel Mots importants : Sainte alliance : traité signé en 1815 de coopération entre le roi de Prusse, l'Empereur d'Autriche, le roi d'Angleterre et le tsar Alexandre Ier Trois glorieuses : révolution en France en juillet 1830 Risorgimento : Mouvement indépendantiste italien 37 Histoire secondes deuxième partie 38 Histoire secondes deuxième partie Chapitre V La France et l’Europe de 1815 à 1848 A - L'Europe transformée (1789-1815) 1 - Les conséquences de la révolution française et de l’empire en Europe a) Un accueil favorable de la Révolution La Révolution française, héritière de la philosophie des Lumières et de la révolution américaine, est d'abord bien accueillie en Europe. Les élites, nobles libéraux, bourgeois et artistes se passionnent pour les idées de 1789. Le poète allemand Goethe se dit « enflammé » par l'ardeur révolutionnaire de ses voisins français. Pour tous ces Européens partisans des libertés, la France semble montrer l'exemple. b) La diffusion des principes révolutionnaires L'Empire napoléonien en 1812 s'étend à l'est jusqu'à la Pologne, et au sud jusqu'à l'Espagne et l'Italie. Napoléon souhaite que l'Europe soit fondée sur le modèle de la France ; il continue donc de diffuser les idées révolutionnaires. Les Etats conquis sont dotés de constitutions similaires à celle de la France. Napoléon impose à travers l'Europe une administration centralisée, le Code civil, l'abolition de la féodalité, les lycées, le système métrique... 2 - L'éveil du sentiment national en Europe a) La naissance de l'idée nationale en Europe Cette domination napoléonienne est souvent vécue comme une oppression. Les territoires conquis sont victimes de pillages, de réquisitions. Dans ces pays émerge un sentiment national fondé sur le refus de la domination française. En Espagne, la France se heurte à une guérilla populaire. En Allemagne également, puis en Russie, une forme de patriotisme, de prise de conscience nationale émerge. b) Développement d’une résistance Les idées révolutionnaires, fondées sur la souveraineté de la Nation, se retournent donc contre la France : ce sont des armées au caractère plus national qui acculent Napoléon à la défaite en 1814. A cette date, une coalition regroupant l'Angleterre, la Prusse, l'Autriche, la Russie et la Suède vient à bout de la grande armée. Napoléon doit abdiquer. Le Grand Empire n'existe plus. 3 - Le congrès de Vienne et la réorganisation de l'Europe a) La nouvelle Europe de 1815 Malgré ce retour à l'ordre ancien, l'héritage révolutionnaire est important. L'Europe, et notamment l'Europe occidentale, sort durablement transformée de cette période. Alors même que Napoléon est de retour pour les 100 jours et qu’il subit la défaite de Waterloo, se tient un grand congrès diplomatique à Vienne en 1815. Il réunit des délégations envoyées par tous les Etats d'Europe. Le but du congrès est de remanier la carte de l'Europe après la liquidation de l'Empire napoléonien et d'instaurer une paix durable. 39 Histoire secondes deuxième partie Les débats sont dominés par les grandes puissances qui ont triomphé de Napoléon : la Russie du tsar Alexandre Ier, l'Autriche de l'empereur François Ier, la Prusse de l'empereur Frédéric-Guillaume III et l'Angleterre de Georges III. Le chancelier autrichien Metternich, très attaché aux principes monarchiques et violemment hostile à la révolution, joue un rôle déterminant dans la conduite du congrès. L'acte final du congrès, adopté le 9 juin 1815, redessine la carte de l'Europe selon les vœux de ces quatre grandes puissances, qui se répartissent les dépouilles de l'Empire napoléonien : – l'Angleterre renforce sa suprématie maritime par l'acquisition d'îles ; – la Russie domine l'Europe orientale ; – l'Autriche domine l'Europe centrale et une partie de l'Italie ; – la Prusse obtient des gains territoriaux ; – la France est contenue dans des frontières étroites par la création d'Etatstampons, destinés à empêcher toute tentative d'expansion (royaume des PaysBas, confédération helvétique, royaume de Sardaigne...). La carte de l'Europe est donc redessinée selon les volontés des souverains, sans tenir compte des aspirations des peuples. Le peuple allemand est divisé entre les 39 Etats de la Confédération germanique. L'Italie, morcelée, est contrôlée par l'Autriche. Quant à la Pologne, elle est démembrée et placée sous la domination du tsar de Russie. b) L'Europe de la Sainte Alliance Au Congrès de Vienne, les représentants du roi de Prusse, de l'Empereur d'Autriche, du roi d'Angleterre ainsi que le tsar Alexandre Ier lui-même, tiennent 40 Histoire secondes deuxième partie à garantir la paix et l'ordre qu'ils ont institués. Et au terme du congrès, les souverains scellent une union fondée sur des "liens d'une fraternité véritable et indissoluble" : c'est la "Sainte Alliance". Elle prévoit un système de réunions diplomatiques et de congrès destinés à empêcher toute contestation des mesures décidées à Vienne en 1815. Les souverains sont donc les nouveaux gendarmes de l'Europe et peuvent décider d'intervenir dans les affaires intérieures d'un Etat si des menaces révolutionnaires s'y faisaient sentir. A partir de 1815, plusieurs interventions ont lieu pour écraser les agitations libérales ou nationales à travers l'Europe. L'esprit de la Sainte Alliance est donc marqué par un très fort conservatisme et par la volonté de défendre le régime monarchique. Pourtant, malgré ce triomphe apparent des idées de l'Ancien Régime, l'Europe reste marquée par les idées révolutionnaires. 4 – Un retour en arrière pourtant impossible De nombreuses réformes introduites dans les différents pays européens lors de la domination napoléonienne restent en vigueur : le Code civil est appliqué en Italie et en Allemagne ; la féodalité a été définitivement abolie en Europe de l'Ouest. Dans cette partie du continent, des constitutions ont été adoptées, l'égalité juridique des individus est garantie et les libertés publiques sont assurées. D'autre part, même dans les pays où a été imposée la restauration de l'ordre ancien, la tradition révolutionnaire demeure dans les esprits. Les poètes, les écrivains, les musiciens et les intellectuels montrent, dans leurs œuvres, les aspirations libérales et nationales des peuples de l'Europe. Quant au mouvement des nationalités, il émerge chez tous les peuples déçus par les frontières imposées au congrès de Vienne, comme les Polonais, les Allemands ou les Italiens. L'âme de la Pologne est célébrée dans la musique de Chopin ou dans la poésie de Mickiewicz. L'opéra Guillaume Tell de l'Italien Rossini est un appel à la liberté de l'Italie. Dès 1815, l'ordre imposé à Vienne paraît ainsi menacé par la force naissante de ces aspirations libérales et nationales. L'essentiel Entre 1789 et 1815, la France contribue à modifier durablement l'histoire de l'ensemble du continent européen. Durant la Révolution et l'Empire, les idées révolutionnaires se diffusent. Dans les territoires conquis par la France, des constitutions sont adoptées, la féodalité est abolie. La domination napoléonienne a également pour effet d'éveiller les sentiments nationaux. En 1815, si la carte de l'Europe reste marquée par la domination des grands souverains, les idées révolutionnaires ont durablement transformé les mentalités. Le congrès de Vienne aboutit en 1815 à un remaniement de la carte européenne au profit des vainqueurs de Napoléon. Les monarques semblent 41 Histoire secondes deuxième partie triompher et imposer leurs volontés à toute l'Europe. Les aspirations des nationalités sont négligées. Or les esprits ont été profondément marqués par l'héritage révolutionnaire et le retour à l'Ancien Régime n'est pas accepté partout. B - Les soulèvements de 1830 à 1848 1. Les succès limités de 1830 a) L'indépendance de la Grèce et de la Belgique Dès 1821, les Grecs se soulèvent contre les Turcs de l'Empire ottoman. A travers l'Europe, un vaste mouvement d'opinion exprime l'admiration pour l'héroïsme du peuple grec, menacé d'écrasement par les Turcs. Delacroix Les massacres de Scio Les tableaux de Delacroix, les poèmes d'Hugo (Les Orientales) en sont des témoignages. Les grandes puissances, divisées, ne réagissent pas dans un premier temps. Puis le tsar Alexandre Ier décide d'intervenir et bat les armées turques. Il impose lors du traité d'Andrinople (1829) l'indépendance de la Grèce. 42 Histoire secondes deuxième partie Bientôt, toute l'Europe est secouée par des troubles et des révolutions. Mais seule l'insurrection de la Belgique aboutit : il s'agit d'une révolution menée en août 1830 par les catholiques et les libéraux belges contre la tutelle des PaysBas. Grâce à l'appui de la France et de l'Angleterre, l'indépendance belge est imposée à l'Europe. b) Les trois glorieuses en France En France, la révolution des Trois Glorieuses (27, 28 et 29 juillet 1830) oblige le roi ultraroyaliste Charles X à abdiquer ; le nouveau régime dirigé par le roi Louis-Philippe s'affirme comme libéral. c) L'échec des autres soulèvements Mais ailleurs en Europe, c'est l'échec. Une révolution en Pologne contre le joug imposé par la Russie est écrasée sans pitié par le tsar en avril 1831. En Italie, la révolte se heurte à l'Autriche, qui intervient pour rétablir l'ordre. Enfin, en Allemagne, l'agitation des années 1830-1832 est réprimée par l'Autrichien Metternich, ainsi que par la Russie et par la Prusse. Ainsi, le mouvement des libéraux et des nationalités n'a-t-il obtenu que de faibles résultats en 1830. Mais les soulèvements montrent que l'ordre établi à Vienne en 1815 est fragile. 2 - L'évolution du mouvement des nationalités a) Le Zollverein Malgré l'échec de 1830, le mouvement des nationalités continue de se développer. Le courant libéral reste puissant en Allemagne et en Autriche. En 1834, une union douanière regroupant l'ensemble des Etats allemands (Zollverein) est établie par la Prusse. C'est un premier pas vers l'unification de l'Allemagne. b) Le Risorgimento Dans les Etats italiens, un mouvement de Risorgimento (« réveil ») s'était organisé depuis les années 1820 au sein de sociétés secrètes : les Carbonari. Les soulèvements de 1831 furent facilement réprimés par l'Autriche. Mais l'action de démocrates comme Mazzini, fondateur de « Jeune Italie », témoigne de la persistance du mouvement. Le Risorgimento s'exprime dans des livres ou des journaux. Il peut compter sur le nouveau roi du Piémont, Charles-Albert, qui accorde des réformes libérales. C - Le Printemps des peuples de 1848 1 – La révolution de 1948 en France a) L’évolution monarchique depuis 1815 En 1815, après un retour éphémère en 1814, Louis XVIII est rétabli sur le trône. Mais un retour réel à l’Ancien Régime est devenu impossible. Pas plus Louis XVIII que son frère Charles X, en 1824 ne pourront remettre en question un certain nombre d’acquis. 43 Histoire secondes deuxième partie En essayant de revenir à l’absolutisme, Charles X est obligé de s’exiler en 1830 à la suite d’une révolution, en juillet 1830 (les trois glorieuses) : les 27, 28 et 29 juillet : au cours de trois journées appelées les Trois Glorieuses, les barricades dressées dans Paris par les étudiants, les employés, les petits patrons, les ouvriers, notamment les typographes, et les anciens combattants de l'Empire habiles à manier le fusil viennent à bout du régime. La liberté guidant le peuple (Delacroix 1830) Le 29 juillet, les insurgés s'emparent du Louvre et Charles X doit prendre la route de l'exil. Le pouvoir est confié au duc d'Orléans, le cousin du roi, qui a autrefois combattu à Valmy et à Jemmapes dans les armées révolutionnaires. LouisPhilippe est proclamé « roi des Français par la grâce de Dieu et la volonté nationale » b) Les causes de la révolution de 1848 A la fin des années 1840, accentuée par de mauvaises récoltes qui provoqué une flambée des prix alimentaires et une crise industrielle qui a privé des milliers de travailleurs de toute ressource, la situation politique se dégrade fortement. Refusant d'élargir le corps électoral limité à 300 000 électeurs par le suffrage censitaire, dans un pays de 36 millions d'habitants, Louis Philippe se coupe d'une large partie de la bourgeoisie qui, depuis 1789, exige de participer activement au pouvoir. Dans ces conditions, il suffit d'une étincelle pour mettre le feu aux poudres. Le mécontentement touche à la fois les bourgeois souhaitant des réformes politiques et les ouvriers voulant des réformes sociales. c) La chute de la monarchie : les journées de février 1848 44 Histoire secondes deuxième partie Le 22 février 1848, l'interdiction d'un banquet de l'opposition provoque une manifestation qui tourne à l'émeute puis à l'insurrection générale. Le 23 février, la garde nationale commence à se rallier aux émeutiers. Dans la soirée, des hommes de troupes sont débordés par les manifestants et ouvrent le feu pour protéger. Les 52 morts de cette fusillade transforment l'émeute en insurrection générale. Comme en 1830, Paris se couvre de barricades. Il y a fraternisation des ouvriers, les « blouses » et des bourgeois « les chemises » contre le régime. Le 24 février, Paris se couvre de barricades, Louis-Philippe abdique et se réfugie en Angleterre. Lamartine proclame la République à l'Hôtel de Ville de Paris. Prise des Tuileries en 1848 d) L’esprit de 1848 Dans un climat d'enthousiasme porté par le romantisme des hommes, la nouvelle République prend une série de mesures essentielles. Elle institue le suffrage universel masculin pour les citoyens de plus de 21 ans, rétablit la liberté de presse et de réunion, abolit l'esclavage (proposition de Victor Schœlcher) dans les colonies, la peine de mort pour raisons politiques et proclame le droit au travail. À cet effet, sont créés des Ateliers nationaux pour occuper les ouvriers touchés par le chômage. 45 Histoire secondes deuxième partie Tandis que de nombreux arbres de la liberté sont plantés, souvent bénis par le clergé, la fraternité vient s'ajouter à la liberté et l'égalité dans la devise de la République. 2 – La propagation de la révolution en Europe La révolution parisienne en février, qui parvient à renverser LouisPhilippe et à faire proclamer la République donne partout le signal de la révolte. En 1848, l'explosion des révolutions à travers l'Europe bouleverse l'ordre établi en 1815. En Autriche, la révolution provoque la chute de l'absolutisme. Les différentes nationalités d'Autriche revendiquent leur autonomie, comme les Tchèques ou les Hongrois. En Allemagne, les libéraux obtiennent du roi de Prusse l'élection au suffrage universel d'un parlement. Enfin, l'Italie se soulève contre l'Autriche, sous la direction du roi de Piémont Charles-Albert. 3 – L’échec du printemps des peuples Ces mouvements d'aspiration nationale sont étouffés rapidement : les troupes du Piémont sont écrasées par l'Autriche en mars 1849. En Allemagne également, le rêve de l'unité s'effondre, sous la pression de l'Autriche. En France, les élections de 1848 amènent au pouvoir des partisans de l’ordre (les paysans des campagnes, inquiets des idées révolutionnaires et fortement sous la dépendance des notables ont voté pour les conservateurs). Ces derniers ferment en juin 1848, les ateliers nationaux, considérés comme des foyers de la Révolution. Lors des journées de Juin (23-26 juin), se déroule la plus terrible des batailles de rues que connut Paris. Mais finalement la victoire resta à l'armée et à la garde nationale. Les représailles furent terribles : 4 000 déportés en Algérie, et 1500 fusillés On ne parla plus désormais de réformes sociales. L'essentiel Le peu d'attention accordée aux aspirations libérales et nationales par le congrès de Vienne en 1815 conduit les peuples à remettre en cause, par des révolutions, l'ordre établi. Une première vague d'insurrections en 1830 n'a que peu de résultats, sauf en Grèce et en Belgique. Mais le mouvement se poursuit si bien qu'en 1848, une contagion révolutionnaire s'étend sur l'Europe. Pourtant ce Printemps des peuples est à nouveau réprimé. 46