Histoire secondes deuxième partie 1 Chapitre IV LA REVOLUTION

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Histoire secondes deuxième partie
Chapitre IV LA REVOLUTION ET L’EMPIRE
La révolution française n’arrive pas par accident ni par hasard. Elle résulte de
tout un faisceau de causes remontant jusqu’au siècle précédent.
- politiques : l’absolutisme royal est de plus en plus remis en question par une
intelligentsia nouvelle dominée par les philosophes des Lumières. Les
exemples des révolutions anglaises et américaines viennent de plus conforter
leurs idées.
- Sociales : dans une société tripartite où deux ordres se partagent les
privilèges, la noblesse et le clergé, une partie du tiers Etat, la bourgeoisie,
refuse ce monopole.
Alors que les tensions et les oppositions se multiplient, une série de causes
conjoncturelles vont servir de détonateur à la révolution
 Qu’est-ce que la France à la veille de la Révolution ?
 Quelles sont les causes de la Révolution ?
 Pourquoi, alors que dans un premier temps personne ne remet en
question la monarchie, aboutit-on à la mort du roi et à l’instauration de
la République ?
 Quels sont les facteurs qui vont entraîner la mise en place d’une
nouvelle forme d’absolutisme : l’Empire ?
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Histoire secondes deuxième partie
I – La France à la veille de la Révolution
A – Une monarchie absolue de plus en plus remise en question
1 – L’Absolutisme royal
2 – Le développement d’une contestation : le mouvement des Lumières
3 – Les révolutions étrangères : des exemples de succès contre l’absolutisme
a) Le modèle anglais
b) Le modèle américain
B – La multiplication des tensions
1 – La société d’ordres
a) Le clergé
b) la noblesse
c) Le Tiers-Etat
2 – La poudrière financière
Conclusion
Définition :
Absolutisme : Fait que le monarque possède tout à la fois le pouvoir exécutif,
législatif et judiciaire
Lumières : Mouvement philosophique du XVIIIe condamnant tout à la fois la
société d’ordres, l’absolutisme et l’obscurantisme
Monarchie constitutionnelle : système dans lequel le pouvoir royal est modéré
par une constitution exerçant une séparation des pouvoirs
Constitution : ensemble de lois fixant la répartition entre des institutions
différentes des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire
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Histoire secondes deuxième partie
I – La France à la veille de la Révolution
C’est un pays où les tensions sociales se multiplient dans un royaume où
le pouvoir royal longtemps incontesté est de plus en plus remis en question.
A – Une monarchie absolue de plus en plus remise en question
1 – L’Absolutisme royal
Depuis le XVIe s’est mis en place un pouvoir royal absolu dont l’apogée
se pose sous Louis XIV (1661 – 1715). ( Louis XV 1715 – 1774))
Le roi est la loi : il est le seul à pouvoir l’édicter. Le gouvernement est
composé de personnes d’une fidélité totale au roi. Dans les provinces, des
intendants nommés par le roi sont chargés de rendre la justice au nom du roi.
Ce dernier peut également faire emprisonner qui il veut selon son bon plaisir,
par lettre de cachet.
=> le roi est à la fois maître du législatif, de l’exécutif et du judiciaire. Il
est chef de l’Eglise (gallicanisme).
Depuis 1685 et la révocation de l’Edit de Nantes de 1598, il combat le
protestantisme (traîtres car n’ont pas la religion du roi)
Cela étant, absolutisme n’est pas despotisme : il ne peut disposer librement
de la couronne (interdiction de la transmettre à une femme). Il ne peut
facilement lever un nouvel impôt : il faut pour cela l’accord du parlement
2 – Le développement d’une contestation : le mouvement des Lumières
Ce terme regroupe les philosophes du XVIIIe qui refusent de se plier à
l’autorité née de la tradition et adoptent une démarche critique. Ils veulent tout
examiner à la lumière de la Raison, de l’expérience et de la réflexion.
Au XVIIIe, la société est encore très majoritairement analphabète et le
clergé domine toujours une population souvent superstitieuse.
Mais la lecture progresse (vers 1780, 37% des gens savent signer contre
20% en 1700). En ville on trouve des bibliothèques, des librairies, des
cafés…Les salons sont des lieux de rencontre et de débats , on lit les gazettes…
Dans les campagnes, la littérature de colportage diffuse des idées nouvelles,
même si la majorité des ouvrage traite des légendes etc..
En même temps, la censure devient moins sévère (même si toujours
réelle)
L’œuvre des Lumières : une lutte contre :
- l’obscurantisme : grâce au progrès des sciences et des mathématiques:
Newton en GB, le chimiste Lavoisier en France... Il y a un engouement pour les
sciences de la part des bourgeois. Ils font des expériences, herborisent, font du
mécénat…
Volonté en même temps de lutter contre les superstitions au profit de la raison :
les grands philosophes sont parfois athées (Diderot), ou déistes (Voltaire).
- l’absolutisme : les philosophes, à part Rousseau qui dans le Contrat
Social veut une société égalitaire et démocratique, ne s’opposent pas à la
monarchie.
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Ils veulent la séparation des pouvoirs et condamnent l’arbitraire royal. Ils
condamnent également la censure et la torture.
La plupart des idées des Lumières se retrouvent dans l’Encyclopédie de
Diderot et d’Alembert, à partir de 1751, « tableau général des efforts de l’esprit
humain dans tous les domaines ». C’est en même temps une critique habile de la
société, des institutions politiques et des idées religieuses de l’époque.
Ils sont vivement critiqués par le clergé.
Au début de la Révolution, la plupart des philosophes sont morts. Mais ils
ont préparé les mentalités.
3 – Les révolutions étrangères : des exemples de succès contre l’absolutisme
a) Le modèle anglais
Tous les opposants à l’absolutisme se servent du modèle anglais où le
Parlement s’est opposé avec succès au pouvoir royal.
En 1642, le Parlement anglais (bourgeois, à la Chambre des Communes,
nobles à la Chambre des lords) était entré en guerre contre le roi qui voulait
imposer un nouvel impôt. Charles 1er est décapité en 1649 après la victoire des
troupes du parlement menées par Oliver Cromwell. En 1679, le Parlement édicte
l’Habeas Corpus qui garantit la liberté individuelle et interdit l’arbitraire royal
(toute personne arrêtée doit être présentée devant un juge dans les 24 h). Si le
pouvoir législatif a définitivement pris le pas sur l’exécutif, le pouvoir n’a rien
de démocratique : seuls les Bourgeois et la noblesse dirigent : système de
suffrage censitaire…
b) Le modèle américain
En 1763, les colons des treize colonies d’Amérique s’étaient opposés à la
levée d’un nouvel impôt imposé par le Parlement britannique sans les consulter.
Le 16 decembre1773, en réaction à l’obligation qui leur était faite d’acheter leur
thé exclusivement à la Compagnie des Indes orientales, ils jettent dans le port de
Boston la cargaison de thé à la mer (Boston Tea Party). Les anglais augmentent
les taxes et envoient des troupes : début de la guerre
Le 4 juillet 1776, des délégués des treize colonies, réunis en Congrès à
Philadelphie, rédigent la Déclaration d’indépendance. On y retrouve de
nombreuses idées des Lumières (Liberté, Egalité…).
L’aide de la France aux colons (argent et hommes dont le marquis de La
Fayette) permet la victoire définitive de ceux-ci en 1783 (surtout victoire de
Yorktown en 1781). Le 3 septembre 1783, c’est l’indépendance des Etats-Unis.
En 1787, la Constitution des Etats-Unis d’Amérique, la même qu’aujourd’hui,
est promulguée. Les trois pouvoirs sont clairement séparés :
- Congrès
- Cour Suprême
- Président (Georges Washington, élu en avril 1789)
- Fédération des Etats
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 exemple politique important : démontre que pour conquérir la liberté, la
force réussit là où la négociation a échoué. De plus, laboratoire
constitutionnel.
B – La multiplication des tensions
Un pouvoir politique de plus en plus critiqué et la multiplication des
tensions sociales vont aboutir à la révolution
1 – La société d’ordres
Il y a 28 millions d’habitants. Surtout rural, même si les villes
commencent à se développer. Le modèle social reste celui du Moyen Age :
a) Le clergé
0.5% de la population est très organisé et très riche : 130 000 personnes.
Des privilèges très importants : ne payent pas d’impôts, mais reçoivent la dîme,
justice indépendante. Possèdent 8% des terres .
Mais : division entre
- le haut clergé recruté dans la noblesse : évêques très riches et touchant la
quasi-totalité de la dîme
- le bas clergé : prêtres souvent très pauvres qui critiquent le luxe et
l’immoralité du haut clergé.
b) la noblesse
1.5% de la population, 350 000 personnes. Elle possède 22% des terres
Exemptée de nombreux impôts et payant peu les autres.
Perçoit les droits seigneuriaux de ses terres en plus des loyers. Exerce
justice et police.
La Haute noblesse riche et oisive se ferme de plus en plus : Refus de
confier les hautes charges de l’Eglise, de la magistrature ou de l’armée à
d’autres.
La basse noblesse : moins riche parfois aussi pauvre que ses paysans,
mais attachée à ses privilèges.
c) Le Tiers-Etat
98% de la population, dont 85% de ruraux.
Au sommet, la bourgeoisie s’est enrichie grâce au commerce et à
l’industrie. Elle possède 30 % des terres, soit plus que la noblesse. Les bourgeois
sont instruits, ambitieux mais bloqués par la noblesse dans l’accès aux hautes
fonctions. Ils souffrent du mépris des deux autres ordres.
Les classes moyennes, du médecin au boutiquier, en passant par le
journaliste, l’avocat etc… est dans la même situation…
Ils rêvent tous d’une redistribution des pouvoirs
Le petit peuple vit souvent dans une grande pauvreté. A la campagne, il
supporte de plus en plus mal les impôts et taxes. Cependant, une petite minorité
de paysans a su dégager des revenus corrects et le servage a disparu (sauf à
l’Est).
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En ville, les conditions sont très variables : petit artisan, porteur d’eau,
domestique…La quasi totalité des salaires va à l’achat du pain : quand les prix
augmentent : émeutes + chômage
Or, en 1788 –1789, les récoltes sont mauvaises. En juillet 1789, la
soudure avec la nouvelle récolte n’est pas encore faite.
Ainsi, à la coupure traditionnelle de la société en ordre s’ajoute une
division en classes sociales au sein même de ces ordres. Les tensions sont donc
de plus en plus nombreuses, à la fois sociales et politiques.
2 – La poudrière financière
Depuis 1750, les dépenses excessives de la cour et du gouvernement se
multiplient, notamment par la guerre de sept ans (1756 – 1753) entre Français et
Anglais ainsi que par la guerre en Amérique (1778 – 1783).
L’Etat a emprunté tant qu’il lui faut rembourser chaque année la moitié des
revenus nationaux en intérêts…Pour les payer, il faut de nouveaux emprunts…
L’impôt a été augmenté. Mais il faudrait que tous le payent…Or, toute
tentative de réforme échoue.
Le ministre des finances, Calonne, réunit les notables en février en 1787 et
leur présente la situation. Mais il n’obtient rien, sauf d’être vivement critiqué
pour sa gestion. Il est renvoyé sous la pression de la noblesse par le roi.
Son successeur, Loménie de Brienne faisant le même constat, se heurte de
nouveau à la noblesse, notamment à celle présente aux parlements.
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Les parlements de province, composés de la noblesse font croire à l’opinion
publique qu’il s’agit d’un mouvement du roi visant le renforcement de
l’absolutisme et que le peuple doit soutenir les parlementaires, victimes du
despotisme à l’exemple de la Grande Bretagne…Ils demandent le 21 juillet
1788, la réunion des Etats Généraux.
Depuis Philippe le Bel, le roi peut théoriquement réunir des représentants
des trois ordres pour le vote de l’impôt. Autant de membre par ordre, une voix
par ordre…
Le 8 août 1788, le roi accepte la réunion des Etats Généraux, convoquée
pour le premier mai 1789 à Versailles.
Conclusion
Dans un climat économique et social tendu, le pouvoir s’enlise dans une
crise financière et se heurte au blocage des privilégiés à toute réforme.
La réunion des Etats Généraux devait en principe sceller un état de fait et
conforter les deux premiers ordres dans leurs privilèges.
En fait, les notables n’ayant pas tenu compte de l’importance de
l’évolution des mentalités, des ambitions nouvelles de la population, ont dès cet
instant ébranlé les assises de cet ancien régime qu’ils voulaient préserver.
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II – L’échec de la monarchie constitutionnelle (1789 – 1792)
A – La chute de l’Ancien Régime
1 – La fondation de l’Assemblée constituante
a) Les cahiers de doléance
b) L’ouverture des Etats Généraux
c) Le serment du jeu de paume : la fin de l’absolutisme
2 – Le mouvement populaire
a) La prise de la Bastille
b) La Grande Peur (20 juillet – 6 août)
c) Le retour du roi à Paris (5 octobre)
B – La France sous la Constituante
1– Les premières réformes
a) Naissance de la vie politique
b) La Déclaration des Droits de l’Homme (26 août 1789)
c) Une réorganisation administrative et judiciaire
2 – 1790 – 1791 : le compromis impossible
a) Avec le roi
b) Avec les catholiques
c) Avec le peuple
3 - La Constitution de 1791
C – La chute du roi
1 - La nouvelle assemblée
2 - La guerre
3 – L’abolition de la monarchie
Conclusion
Cahiers de doléances : Registres dans lesquels les assemblées des trois ordres
chargées d'élire les députés aux États généraux notaient vœux et doléances
(demandes).
Réfractaires/jureurs : Les prêtres réfractaires sont ceux qui refusent de prêter
serment à la Nation, considérant que c’est au Pape exclusivement qu’ils doivent
fidélité. A l’inverse les jureurs, acceptent de prêter serment.
Loi Le Chapelier et le décret Allarde : Promulgués en France en 1791, ils
interdisent les organisations ouvrières, notamment les corporations des métiers,
mais également les rassemblements paysans et ouvriers. Ils interdisent de fait les
grèves et la constitution des syndicats au cours du siècle suivant.
Suffrage censitaire : Système électoral dans lequel, pour obtenir le droit de
vote ou pour se présenter à des élections, il faut payer un impôt spécial : le cens.
Jacobins : Club qui doit son nom à l’ancien couvent dominicain des Jacobins,
où il s’est créé, fin 1789, Il aura une influence considérable sur les événements
révolutionnaires.
Club : Lieu de rassemblement et de débat durant la période révolutionnaire.
Certains étaient très révolutionnaires, d’autres beaucoup moins.
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Sans-culotte : Par opposition aux notables, nobles ou bourgeois, portant des
culottes de soie, les sans culottes sont des artisans, des boutiquiers, membres des
classes moyennes, ayant été, en général, électeurs pour les Etats généraux, très
investis dans la politique et représentant les intérêts des classes populaires.
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II – L’échec de la monarchie constitutionnelle (1789 – 1792)
La réunion des Etats généraux le 5 mai 1789 entame le processus qui va
entraîner la chute de l’Ancien Régime. Mais , alors que les Français restent
majoritairement favorables à un système de monarchie constitutionnelle, celui-ci
va s’effondrer.
 Comment se déroule la Révolution ? Qui en sont les acteurs ? Pourquoi la
monarchie constitutionnelle s’effondre ?
A – La chute de l’Ancien Régime
1 – La fondation de l’Assemblée constituante
a) Les cahiers de doléance
Chaque ordre doit élire des députés. Pour le Tiers Etat on ne peut voter
que si l’on paye l’impôt et avoir plus de 25 ans. Les élections sont à deux
degrés : chaque ordre élisent des assemblées qui elle - mêmes élisent les
députés.
Ils rédigent des cahiers de doléances regroupant leurs revendications.
Il ressort clairement de ceux du Tiers Etat le souhait d’une monarchie
contrôlée par une constitution.
b) L’ouverture des Etats Généraux
La séance solennelle d'ouverture des États généraux eut lieu le mardi 5
mai 1 789, à l'hôtel des Menus-Plaisirs, à Versaîlles .
Y participent : 291 membres du Clergé (avec- plus de 200 curés), 270
députés de la Noblesse (dont 90 libéraux), 578 députés du Tiers État.
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Le 5 mai, les députés se rendent compte que tout repose sur un
malentendu : Necker, responsable des finances se contente d’évoquer la
situation financière tandis que le roi annonce son refus de tout changement.
Il y a débat immédiatement entre le Tiers Etat et les deux autres ordres, le
Tiers Etat souhaitant le vote par tête et non par ordre, ce qui leur est refusé.
c) Le serment du jeu de paume : la fin de l’absolutisme
Le 20 juin, les députés du Tiers Etat se retrouvent dans la Salle du Jeu de
Paume et jurent de ne pas se séparer avant d’avoir donné une constitution à la
France. Le 9 juillet, ils se proclament Assemblée Constituante. Le roi demande
alors aux députés de la noblesse et du clergé de les rejoindre…
 le roi s’incline : c’est la fin de l’Absolutisme…Mais il s’agit alors
d’organiser un partage des pouvoirs entre le roi et l’Assemblée…Non de
l’en dessaisir…
2 – Le mouvement populaire
a) La prise de la Bastille
Période difficile sur le plan social : les récoltes de 1788 n’étaient pas
bonnes la soudure avec celles de 1789 n’est pas encore faite. Le prix du pain est,
en juillet à son plus haut niveau.
Le peuple de Paris a peur d’un complot aristocratique pour l’affamer.
Quand on apprend que le roi a fait rassembler des troupes autour de Paris, la
population cherche des armes pour se défendre. Le 12 juillet, le dépôt des
invalides est pillé.
Le 13 juillet, les 407 électeurs des Etats généraux de Paris (qui avaient été
chargés de désigner les représentants pour Versailles) désignent un maire, Bailly
(député du Tiers, astronome, exécuté en 1793) et fondent une garde nationale
dirigée par La Fayette.
Le 14 juillet, cherchant des munitions, des émeutiers prennent la Bastille.
Celle-ci n’abritait que 7 personnes et il n’est pas certain que les émeutiers
qui s’y sont rassemblés vers 10h du matin souhaitaient ce coup de force. Mais la
citadelle représentait le symbole de l’arbitraire royal et de l’emprisonnement par
Lettre de Cachet.
Les bâtiments sont aussitôt détruits.
Le 17, le roi se rend à Paris et reçoit de Bailly la cocarde tricolore (bleu et
rouge de Paris et blanc royal)
b) La Grande Peur (20 juillet – 6 août)
La famine a poussé des milliers de mendiants sur les routes. De plus, à
l’époque, les nobles souhaitent augmenter les redevances des paysans, voire
même rétablir le servage qui avait pourtant disparu presque partout sauf dans
l’Est
Les paysans avaient participé à la rédaction des cahiers de doléances et
attendent des changements.
Mais le risque d’une réaction violente de la noblesse entraîne un vent de
panique. Des groupes se constituent et attaquent les châteaux.
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La nuit du 4 août, face à ce mouvement, les députés de la noblesse, afin
d’apaiser les paysans, votent l’abolition des privilèges : après l’Ancien Régime
politique, c’est l’Ancien Régime social qui est aboli…Cela étant, les paysans
devront racheter leurs charges…Seul le servage est véritablement aboli.
c) Le retour du roi à Paris (5 octobre)
Les députés ayant choisi de donner un droit de véto (« je m’oppose » en
latin) au roi, celui-ci montre son intention de ne pas signer le moindre texte : que
ce soit l’abolition des privilèges ou la Déclaration des Droits de l’Homme du 26
août. . Cela développe la colère des parisiens, qui ont de plus toujours du mal à
se ravitailler.
Le 5 octobre, les Parisiens des faubourgs, emmenés par les dames de la
Halle et suivis de la garde nationale, prennent la route de Versailles.
A leur arrivée, ils obtiennent sans violence du roi qu'il approuve la
décision du 4 août.
Mais au matin du 6, les grilles du château sont forcées, des gardes
massacrés et leurs têtes fichées sur des piques. Le roi doit accepter de rentrer
à Paris avec sa famille, escorté par l'étonnant cortège des manifestants qui
crient leur joie de ramener « le boulanger, la boulangère et le petit mitron » ( =
le roi, la reine et le dauphin), formule soulignant combien dans leur esprit
problèmes de ravitaillement et problèmes politiques sont liés.
Le roi s'installe aux Tuileries, l'Assemblée dans la salle du Manège
voisine.
Le gouvernement du pays s'effectuera désormais sous la surveillance du
peuple.
B – La France sous la Constituante
1– Les premières réformes
a) Naissance de la vie politique
Naissance à l’Assemblée de la Droite et de la Gauche :
A droite de l’orateur : les monarchistes
A gauche se trouvent les démocrates, comme l’avocat Robespierre qui
sont pour le suffrage universel.
Au centre : les constitutionnels, comme La Fayette, Mirabeau,
Sieyès…sont majoritaires
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Histoire secondes deuxième partie
L'assemblée constituante de 1789
Constitutionnels
Monarchiens
groupe des Triumwirs
Noirs
Démocrates
Les journaux se multiplient.
Se développent les Clubs où se retrouvent des citoyens de même opinion
politique : celui des Jacobins est réservé par son droit d’entrée à une élite sociale
(Robespierre…). Celui des cordeliers, ouvert en 1790, sera plus populaire
(Marat, Danton, Desmoulins…).
b) La Déclaration des Droits de l’Homme (26 août 1789)
Ce texte, rapidement établi en attendant la mise au point d'une
constitution, précise les grands principes sur lesquels doit se fonder le nouveau
régime. Il constitue donc à la fois l'acte de décès de l'Ancien Régime et l'une
des bases de l'organisation politique de la France contemporaine. L’égalité civile
est affirmée. Ratifiant l’abolition des privilèges. On retrouve aussi dans ce texte
des éléments de la philosophie des Lumières.
Il s’agit de défendre les « droits naturels » des hommes. La souveraineté
de la Nation (=> supérieure au roi) est consacrée. Liberté individuelle (# lettre
de cachet), de conscience (# révocation de l’Edit de Nantes), de presse…
Si on souligne les Droits des Hommes on indique aussi les devoirs qu’ils
ont dans la Nation.
Mais c'est aussi un texte de circonstance. Il justifie le 14 juillet en faisant
de la « résistance à l'oppression »un des droits de l'homme ;
Mais en rangeant aussi parmi ces droits « la propriété », il fixe clairement
une limite à la révolution => il s’agit pour les députés, d’une révolution
essentiellement politique. Elle ne doit pas remettre en cause les intérêts de la
bourgeoisie.
c) Une réorganisation administrative et judiciaire
 Réformes administratives : création de 83 départements qui
remplacent provinces, baillages…Divisés en cantons et communes…
 judiciaires : organisée par département, gratuite. Disparition des
« délits imaginaires » : hérésie, magie, sorcellerie… et de la torture.
2 – 1790 – 1791 : le compromis impossible
a) Avec le roi
Le 14 juillet 1790 lors d’une grande fête organisée sur le Champ de
Mars, le roi jure fidélité à la Nation. En réalité, il préparer sa fuite à l’étranger
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où l’attendent ses deux frères et une partie de la noblesse afin de récupérer son
trône avec le soutien des souverains étrangers.
Le 20 juin 1791, cherchant à fuir, il est arrêté à Varennes et ramené à
Paris
=> il a perdu la confiance de la majorité du peuple, alors même que les
députés rédigent une constitution lui donnant un fort pouvoir exécutif…Les
débats sont vifs à l’assemblée où de nombreux députés veulent voter la
déchéance du roi.
b) Avec les catholiques
Le 12 juillet 1790 a été votée la constitution civile du clergé : Evêques et
curés deviennent des fonctionnaires, payés par l'État. Le roi s’y était opposé
vigoureusement. Le pape réservait sa réponse. Celle-ci est connue le 10 mars
1791. Il s’y oppose également.
La Constituante exige des ecclésiastiques un serment de fidélité à la
nation, à la loi et au roi : presque tous les évêques et environ la moitié des
prêtres refusent ce serment .Ils sont divisés entre réfractaires et jureurs.
 Conséquences, de très nombreux catholiques fervents d’abord favorables à la
révolution s’en éloignent. La contre-révolution a trouvé une assise populaire qui
lui manquait.
c) Avec le peuple
Les députés sont avant tout des bourgeois libéraux : ils veulent éliminer
tout ce qui peut nuire au commerce : barrières douanières intérieures par ex.
En Mars 1791, la loi Allarde supprime les corporations qui regroupaient
les artisans par métiers.
En juin 1791, la loi Le Chapelier interdit les regroupements entre patrons
ou ouvriers => interdiction syndicale et de grève…
 coupure avec le petit peuple des villes qu’on commence à appeler les sansculottes qui veut continuer la Révolution et les députés qui veulent la fixer et
s’en méfient.
 Quand, le 17 juillet 1791 après la fuite du roi un groupe de Parisiens
manifeste au Champ de mars avec une pétition réclamant la déchéance du roi,
La Fayette commandant la garde nationale fait tirer sur la foule.
3 - La Constitution de 1791
Théoriquement, elle devait couronner l'édifice. Mais sa mise au point est
longue, et quand elle est votée (3 septembre 1791), l'horizon politique s'est
passablement assombri.
On retrouve dans ce texte toutes les divisions et les méfiances…
En apparence, elle est fidèle aux principes de la Déclaration, souveraineté
nationale et séparation des pouvoirs.
Le pouvoir exécutif est confié au roi qui l'exerce à l'aide de six ministres
choisis hors de l'assemblée. Le roi nomme les généraux et les ambassadeurs, il
dirige la politique extérieure et il peut opposer son veto (mais pendant quatre ans
au plus) à l'application d'une loi.
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L'Assemblée législative, élue pour deux ans, vote les lois, établit l'impôt et
décide les dépenses.
=> En réalité, elle est l'expression d'une double méfiance
- A l'égard du roi, qui ne peut ni dissoudre l'Assemblée ni appeler des
troupes auprès de lui, et qui, même en politique extérieure, ne peut déclarer la
guerre ni signer un traité sans l'accord de l'Assemblée.
- A l'égard du peuple, comme en témoigne le système de suffrage retenu :
celui-ci est censitaire : outre les femmes, il élimine les « citoyens passifs » (les
domestiques et ceux qui paient une contribution inférieure à la valeur de 3
journées de travail); il est à deux degrés : les « citoyens actifs » choisissent des
électeurs, lesquels désignent des députés, ces deux dernières fonctions supposant
l'acquittement d'une contribution plus élevée que celle de simple citoyen actif.
C – La chute du roi
1 - La nouvelle assemblée
Après la promulgation de la constitution, l’assemblée se sépare, le 30
septembre 1791.
Le 1er octobre se réunit la nouvelle assemblée, législative. Divisée de
nouveau entre :
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- a droite les Feuillants (264) (du nom de leur club), favorables à la
monarchie constitutionnelle avec un pouvoir fort entre les mains du roi (nota
le véto)
- au centre les constitutionnels (345) qui vont hésiter entre les # tendances,
qu’on appellera plus tard le Marais
- à gauche les Jacobins (136), qui veulent l’abolition de la monarchie.
2 - La guerre
Le problème de la guerre est posé à partir de l'été 1791. Sans doute tientil à la dégradation des relations entre la Révolution et l'Europe: les Français ont
redouté une invasion au lendemain de la fuite du roi, et des menaces ont été
exprimées par l'empereur et le roi de Prusse .
Mais la guerre a été voulue d'abord par les Français, et c'est avant tout en
termes de politique intérieure que ceux-ci l'envisagent au cours de l'hiver 17911792.
Les partisans de la guerre sont nombreux et divers :
- La guerre est voulue d'abord par le roi et la Cour, parce qu'ils pensent
que la France est incapable de la gagner, et que la Révolution ne survivra pas à
sa défaite ;
- elle est voulue aussi par les Jacobins, qui estiment qu'elle aura pour effet
d'étendre la Révolution en Europe - c'est la « croisade de la liberté » et surtout
qu'elle permettra de démasquer les traîtres et obligera en particulier le roi à se
déclarer nettement,
- elle est voulue même par certains Feuillants, qui pensent avec La
Fayette qu'une guerre courte et limitée permettra aux généraux disposant de
troupes de stabiliser la Révolution en écrasant définitivement le mouvement
populaire.
Dans ce concert, rares sont ceux qui s'opposent à la guerre
C'est le cas de Robespierre: pour lui, la guerre signifie ruine des finances
et risque d'entraîner le retour de l'Ancien Régime (en cas de défaite) ou la
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dictature d'un général vainqueur (en cas de victoire).De plus : « personne n’aime
les missionnaires armés »
Ces oppositions sont trop peu nombreuses pour empêcher la décision : la
guerre est déclarée à l'Autriche le 20 avril 1792.
3 – L’abolition de la monarchie
La guerre commence mal pour la France. Il est vrai que son armée est
désorganisée : beaucoup d'officiers ont émigré, les troupes sont indisciplinées .
Ces difficultés exaspèrent le peuple de Paris. Sa colère se tourne contre le
roi qui refuse de sanctionner deux décrets de l'Assemblée ordonnant le
bannissement de certains prêtres réfractaires et la création d'un camp militaire
pour protéger Paris.
Le 20 juin 1792, une manifestation de Parisiens envahit les Tuileries pour
exiger de Louis XVI qu'il accepte ces décrets.
Coincé dans l'embrasure d'une fenêtre, injurié et menacé par la foule, le
roi coiffe le bonnet rouge et boit à la santé de la nation ; mais il ne cède pas.
En juillet, la situation s'aggrave. La menace prussienne, à l'est, vient
s'ajouter à celle des Autrichiens, au Nord. Le 11 juillet, l'Assemblée proclame «
la Patrie en danger », afin de multiplier les enrôlements. Des volontaires affluent
de province, ceux venant de Marseille en chantant le chant que vient de
composer à Strasbourg Rouget de l'Isle, et qui deviendra « la Marseillaise ».
Le 1er août est connu à Paris le manifeste du général prussien Brunswick,
qui somme les Parisiens de se soumettre au roi, sous peine d'une répression
exemplaire. Cette insolente provocation accentue la détermination du peuple
parisien. Les Sans culottes s’organisent en comités de quartiers : les sections
(48) et font pression sur l’assemblée pour qu’elle vote la déchéance du roi.
Le 10 août, des soldats et des sans-culottes attaquent les Tuileries. Malgré
une défense acharnée des gardes suisses, le château est emporté, Louis XVI et sa
famille doivent se réfugier à l'Assemblée.
Sous la pression de l'émeute, celle-ci suspend le roi, bientôt enfermé dans la
prison du Temple.
Les conséquences de l'événement sont considérables : Politiquement, c'est
la chute de la royauté.
Mais la suspension du roi rend la Constitution de 1791 inapplicable : pour
en établir une autre, une nouvelle assemblée, la Convention, va être élue, au
suffrage universel, et en attendant sa réunion, le pouvoir exécutif est confié à un
Conseil provisoire animé par Danton.
Conclusion
La révolution de 1789 était avant tout une révolution bourgeoise. Si le
peuple des villes a dans un premier temps marqué son soutien à la constituante,
il s’en est détaché à mesure qu’il réalisait que ses intérêts étaient en
contradiction avec ceux des députés cherchaient à clore la révolution, à leur
avantage. Ces derniers, pour clore la révolution, on besoin du soutien du roi.
Or, en guerre avec l’étranger, alors que se multiplient les tensions intérieures, en
18
Histoire secondes deuxième partie
jouant la politique du pire, Louis XVI a donné au peuple l’occasion de prendre
les initiatives et a précipité sa chute. Dans le système qu’ils devront maintenant
mettre en place, les nouveaux députés savent qu’ils ne peuvent plus ignorer ce
nouvel acteur politique qu’est le peuple, dont les représentants, les sans-culottes
s’organisent.
19
Histoire secondes deuxième partie
III – La République (1792 – 1799)
A – La République jacobine (sept. 1792 –juil. 94)
1 – Les conséquences de la guerre
2 – La convention girondine (sept. 92 – juin 93)
3 – La Convention montagnarde (juin 1793-juillet 1794)
a) La Terreur
b) Pour une nouvelle société
c) La fin de Robespierre
Conclusion
B – La République bourgeoise (juil. 94 - nov. 99)
1 - La convention thermidorienne (juillet 1794-octobre 1795)
2 - Le Directoire (oct. 95 – nov. 99)
3 – L’appel au soldat
Conclusion
Mots importants
Loi des suspects :
Décret voté le 17 septembre 1793 par la Convention
nationale. Cette loi ordonnait l'arrestation de tous les ennemis avoués ou
susceptibles de l'être de la Révolution (nobles, parents d'émigrés, fonctionnaires
destitués, officiers suspects de trahison, et accapareurs). L'exécution de cette loi,
dont le contenu fut encore durci en 1794, et les arrestations furent confiées aux
comités de surveillance et non aux autorités légales.
Terreur : Inaugurée en juin 1793, elle a pour but, d’ « exterminer les ennemis
de l’intérieur ». Le nombre de suspects sous la Terreur a été évalué à 500 000
personnes. Il y a eu 35 à 40 000 victimes, dont 16 594 exécutés suivant les
formes « légales », les autres exécutions correspondant aux zones de guerre
civile.
Terreur blanche : Répression menée après la chute de Robespierre, contre les
Jacobins et les républicains, par les royalistes.
Maximum : Revendication des sans culottes, la loi du Maximum, votée le 4 mai
1793, complétée le 29 septembre 1793, elle fixe les salaires minimums et les
prix maximums des denrées de première nécessité. Au nom du retour vers la
liberté économique, elle est abolie par la Convention le 24 décembre 1794.
Comité de Salut public : Premier organe du gouvernement révolutionnaire mis
en place par la Convention pour faire face aux dangers qui menacent la
République au printemps 1793 (invasion et guerre civile). Le Comité est d’abord
dominé par Danton. Le 10 juillet 1793, lors du renouvellement du Comité de
salut public, il démissionne, Robespierre en prend alors la tête. Ces membres
ont alors en commun la jeunesse. L’aîné a 47 ans, le benjamin 26, la moyenne
d’âge s’établit légèrement au dessus de la trentaine. On y trouve Couthon, SaintJust (26 ans)….
Comité de Sûreté générale : Institution de la première République, chargé de
diriger la police et la justice révolutionnaires après le 10 août 1792. Il devint un
20
Histoire secondes deuxième partie
véritable "ministère de la Terreur" après l’élimination des Girondins, le 2 juin
1793. Le Comité recherchait les suspects et envoyait les inculpés devant le
Tribunal révolutionnaire.
Chouans, Vendéens : Mouvements contre révolutionnaires. Les chouans du
nom de leur chef Jean Cottereau dit « Jean Chouan » sont originaires de
Normandie et de Bretagne, tandis que les Vendéens se trouvaient au Sud de la
Loire. Ils avaient en commun de s’appeler « armée catholique royale ».
Montagnards : Groupe de députés de la Convention, plus proches des intérêts
populaires, ainsi nommés car ils siègent sur la partie haute de l’hémicycle. Ils
comptent parmi eux Robespierre, Couthon, Saint-Just….
Girondins : Groupe de députés de la Convention, souvent membres du club des
Jacobins, qui dominent la Convention du 20 septembre 1792 au 2 juin 1793.
Journalistes ou avocats, les Girondins sont liés à la grande bourgeoisie d'affaires,
hostile au rétablissement de l'Ancien Régime mais aussi aux réformes
économiques et sociales en faveur de la classe populaires. Ils sont renversés sous
la pression des sans-culottes le 2 juin 1793 et plusieurs sont condamnés à mort et
exécutés. A noter que l’appellation de « Girondins » leur a été donnée plus tard
au XIXe siècle car plusieurs d’entre eux venaient de ce département. A l’époque
on les appelait les « Brissotins », du nom de l’un de leurs chefs, Brissot.
Révisionnistes : Face à l’instabilité politique liée aux dysfonctionnements du
régime du Directoire entrainant des coups de force successifs, les députés
révisionnistes, menés par Sieyès, sont déterminés à modifier la Constitution dans
le sens d’un renforcement de l’exécutif. Le retour d'Egypte de Bonaparte vient
opportunément offrir « une épée » aux comploteurs.
21
Histoire secondes deuxième partie
III – La République (1792 – 1799)
La Première République dure sept ans. Pourtant, derrière ce terme se
cachent plusieurs pouvoirs successifs. Deux constitutions : celle de la
Convention, jusqu’à la fin de la Terreur, puis celle du Directoire qui disparaît
lors du coup d’Etat de Bonaparte, le 18 Brumaire (9 novembre) 1799.
La politique de la Convention elle-même recouvre plusieurs réalités
successives et contradictoires : dominée d’abord par les Girondins modérés,
elle passe après une série d’erreurs politiques entre les mains des Montagnards.
C’est l’époque de la Terreur, mais aussi de la tentative de former une société la
plus égalitaire et démocratique que la France ait connu jusque là…Le tout sur
fond de guerre avec le reste de l’Europe…
La chute des Montagnards et de leur chef, Robespierre, va entraîner une
réaction : le pouvoir retourne entre les mains de la bourgeoisie conservatrice.
C’est la fin de la Convention. Mais le Directoire, coupé du peuple, dominé par
une bourgeoisie corrompue, incapable de lutter contre une double opposition
révolutionnaire et royaliste s’effondre en 1799.
 Comment s’explique l’échec des Girondins ?
 Pourquoi la terreur ?
 Quelle est la place du peuple et de la bourgeoisie dans la République ?
 Pourquoi, alors que depuis dix ans on a lutté contre l’absolutisme aboutiton à la prise de pouvoir de Bonaparte, avec l’accord de la majorité de
l’opinion ?
A – La République jacobine (sept. 1792 –juil. 94)
1 – Les conséquences de la guerre
Fin août, la France est envahie : Les Prussiens prennent Longwy le 23,
Verdun, dernière place avant Paris, est assiégée le 30. Ces nouvelles enflamment la capitale.
C'est dans ce climat de fièvre patriotique qu'ont lieu les massacres de
septembre. Du 2 au 6, les portes des prisons sont forcées, et 1300 personnes beaucoup de réfractaires, mais aussi des nobles et des défenseurs des Tuileries sont massacrées.
Mais le 19 septembre, à Valmy, le général Dumouriez, à la tête d’une armé
de volontaires, va repousser l’invasion.
2 – La convention girondine (sept. 92 – juin 93)
Le 21 septembre 1792, la Convention abolit la royauté. Le 22 septembre
1792 est le premier jour de l’An I de la République. Dans la nouvelle assemblée,
deux groupes s'opposent sur la politique à mener.
À droite, les girondins, attachés aux principes libéraux, rejettent les
revendications de la sans-culotterie.
À gauche, les montagnards, dirigés par Danton, Marat et Robespierre,
acceptent de prendre en compte les aspirations du mouvement populaire
parisien.
22
Histoire secondes deuxième partie
De septembre 1792 à juin 1793, les girondins gouvernent avec le soutien des
députés centristes de la Plaine. Mais ils ne peuvent s'opposer à la condamnation
à mort du roi déchu après son procès devant la Convention .En effet, on a
découvert dans une armoire de fer des lettres prouvant le complot du roi avec les
souverains étrangers.
Le 21 janvier 1793, Louis XVI est guillotiné. Cette exécution marque une
rupture politique irréversible.
L’annexion de la Belgique après la victoire de Jemmapes sur les Autrichiens
(6 novembre 1792) et le régicide entraînent la formation d'une coalition des
monarchies animée par l'Angleterre.
Au printemps 1793, les frontières sont de nouveau menacées. La
Convention décrète la levée de trois cent mille hommes. De nombreux paysans
refusent de partir à l'armée.
En Vendée, une guerre civile oppose les « Blancs », paysans et nobles royalistes, aux «Bleus», républicains des villes.
À Paris, les sans-culottes exigent la taxation des denrées et l'adoption de
mesures pour «terroriser les ennemis de la Révolution». Le 2 juin 1793, à la
suite d’une manifestation exigeant des conventionnels le vote de l'arrestation de
vingt-neuf députés girondins, le marais rejoint les montagnards.
4– La Convention montagnarde (juin 1793-juillet 1794)
a) La Terreur
L’élimination des girondins amène les montagnards au pouvoir.
Mais la république est menacée : par les partisans des girondins en province,
par les succès de la contre-Révolution en Vendée. De plus, la coalition force les
frontières et les royalistes livrent Toulon à la flotte anglaise.
Dans ce contexte, la Convention met la terreur à l'ordre du jour » : « pour
vaincre, il faut terrifier les ennemis de l’intérieur » et délègue la réalité du
pouvoir au Comité de salut public (14 membres dont Robespierre, Saint Just…)
23
Histoire secondes deuxième partie
et au Comité de sûreté générale (chargé de traquer les suspects. On y trouve le
peintre David…).
La loi des suspects permet d’arrêter quiconque peut mettre la révolution en
danger. Elle entraîne l'arrestation de milliers de personnes.
Le tribunal révolutionnaire juge sans appel.
L’économie est dirigée: la loi du «maximum» général fixe le montant des
prix et des salaires ; des réquisitions sont organisées pour ravitailler les villes et
les armées.
Le gouvernement révolutionnaire fait appliquer ses décrets en s'appuyant
sur des « comités de surveillance » et en envoyant en province et dans les
armées des « représentants en mission ». Il y a des massacres (noyades de
Carrier à Nantes, prisonniers mitraillés à Lyon…)
Cette politique permet de briser les révoltes intérieures (en Vendée, les
colonnes infernales ont ravagé le pays ) et de reprendre Toulon. En juin 1794,
les «soldats de l'an II» remportent la bataille de Fleurus.
Mais, le bilan de la Terreur est lourd (17 000 condamnés à mort, environ
200.000 victimes de la guerre civile).
b) Pour une nouvelle société
Terrible envers ses ennemis, les Montagnards ont aussi l’objectif du
bonheur commun : la loi du maximum bloque les prix et les salaires.
L’école est gratuite, obligatoire, faite par des instituteurs fonctionnaires.
Les biens des suspects sont confisqués et distribués aux plus pauvres…
L’esclavage est aboli dans les colonies.
L’égalité passe par le tutoiement.
S’y ajoute la déchristianisation : mois de trente jours divisés en décades
efface le temps chrétien. Le mariage est uniquement civil et n’est plus un
sacrement.
c) La fin de Robespierre
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Histoire secondes deuxième partie
Les difficultés économiques persistent. Les dirigeants de la Montagne se
déchirent: les « Enragés » qui voulaient renforcer la Terreur sont éliminés en
mars 1794, puis les « Indulgents » dirigés par Desmoulins et Danton sont
exécutés en avril.
Robespierre renforce la Terreur et perd le soutien des militants populaires
et de la majorité des conventionnels.
Fragilisé, il menace les députés le 26 juillet 1794 mais le 9 Thermidor An
II (27 juillet 1794), il est arrêté et guillotiné avec ses amis, dont St Just le 10.
Conclusion
La première République s’est mise en place dans un climat de guerre
exaspérant les tensions. Les Girondins, modérés, sont rapidement en échec :
contre le roi, ils cherchent l’appui du peuple mais ne veulent pas le satisfaire, ils
veulent la guerre mais ne savent pas la faire, ils arrêtent le roi mais ne veulent le
condamner.
La Montagne au pouvoir, c’est surtout la dictature du Salut Public mené
par Robespierre.
C’est la Terreur, dictée en grande partie par les nécessités de la guerre.
C’est aussi la tentative de parvenir à une société plus égalitaire. « La force
des choses nous a conduits à des résultats auxquels nous n’avions pas pensé »
dira Saint Just.
B – La République bourgeoise (juil. 94 - nov. 99)
1 - La convention thermidorienne (juillet 1794-octobre 1795)
L’élimination de Robespierre donne le pouvoir aux modérés qui veulent
instituer une République des propriétaires.
Les thermidoriens, mettent fin à la Terreur: le gouvernement révolutionnaire
est démantelé, les suspects sont libérés, le club des Jacobins est fermé, le
maximum est aboli.
Le retour à la liberté économique et les rigueurs de l'hiver de l'an III (17941795) affament le peuple des villes.
À Paris, le 20 mai 1795, une foule de sans-culottes envahit la Convention.
Un député est tué mais la troupe écrase l’insurrection. C’est la fin de la sansculotterie.
La défaite de la sans-culotterie s'accompagne de la Terreur blanche : des
Jacobins sont massacrés en province (par ex. dans la prison de Marseille)…
Mais si les thermidoriens font la paix avec les vendéens et autorisent le
retour des nobles émigrés, pour protéger la République menacée par les
royalistes, les thermidoriens ont recours à la force armée: à l'ouest, le général
Hoche fait échouer un débarquement d'émigrés à Quiberon et traque les chouans
(contre-révolutionnaires du Nord de la Loire) à Paris le général Bonaparte
disperse au canon une manifestation royaliste.
2 - Le Directoire (oct. 95 – nov. 99)
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Histoire secondes deuxième partie
Avant de se séparer, le 26 octobre 1795, les députés de la Convention ont
rédigé la Constitution de l'an III qui institue le Directoire.
Cette constitution rétablit le suffrage censitaire, confie le pouvoir législatif à
deux assemblées (le Conseil des Cinq-cents et le Conseil des Anciens) et le pouvoir exécutif à cinq Directeurs.
Mais la majorité des citoyens est exclue de la vie politique et l'instabilité du
régime s'accentue.
Le luxe d'une minorité de parvenus contraste avec la misère populaire et
discrédite le régime.
Sans majorité politique stable, coincé entre les royalistes et les ultrarépublicains aux idées jacobines, le Directoire gouverne difficilement et recourt
à la répression.
3 – L’appel au soldat
Le regain jacobin de l'été 1799, l'agitation royaliste qui se développe alors
dans le Midi puis en octobre dans l'Ouest confirment que la république
bourgeoise est toujours menacée.
Les révisionnistes, qui veulent une modification de la constitution, sont
de plus en plus nombreux. Ils pensent que seul un exécutif fort peut sauver la
république, non seulement parmi le personnel politique, mais encore dans les
milieux d'affaires, avides de stabilité, et dans l'opinion, lasse notamment du
brigandage et de la corruption des cercles dirigeants ;
Aussi Sieyès, un des Directeurs, favorable à cette thèse, se tourne-t-il vers
les généraux, Joubert d'abord, mais celui-ci est tué en combattant les Autrichiens, puis Bonaparte, qui rentre à point nommé d'Égypte, et avec lequel il se
met d'accord. Les deux hommes ne s'aiment guère, mais ils sont condamnés à
s'entendre : Sieyès apporte au complot l'appui des révisionnistes, Bonaparte une
épée et sa popularité.
Le 18 brumaire (9 novembre 1799), les Anciens, acquis à l'opération et
prenant prétexte d'une agitation jacobine à Paris, décident que les conseils des
Anciens et des 500 siégeront à Saint-Cloud sous la protection de Bonaparte,
nommé commandant des troupes de la capitale.
Le lendemain, aux Cinq-cents les députés sont mis dans l’obligation de
voter la révision de la constitution. Bonaparte est mis en difficulté: les députés le
bousculent et réclament sa mise hors-la-loi. Dépassé, le général est sauvé par
son frère Lucien qui préside la séance et qui fait disperser les députés par la
troupe.
Dans la soirée, les Anciens et une partie des Cinq-Cents acceptent le fait
accompli : le Directoire est dissous, et le pouvoir exécutif confié à trois consuls
provisoires : Bonaparte, Sieyès et Roger Ducos.
Conclusion
Comme le 9 thermidor, le 18 brumaire est une date décisive. Elle met
concrètement fin à la décennie révolutionnaire, en même temps qu'elle ouvre
l'ère napoléonienne.
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Histoire secondes deuxième partie
L'événement permet de mesurer le chemin parcouru depuis mai 1789. Les
patriotes libéraux et optimistes qui abattaient alors l'absolutisme en étant
convaincus de pouvoir entraîner et contrôler l'ensemble du tiers état ont été
instruits par dix ans de révolution, et notamment par l'épisode de la Terreur. En
1799, ils sont sur la défensive, et au lieu de proposer des solutions au nom de la
nation tout entière, ils en viennent à aliéner leur liberté entre les mains d'un
homme fort, qui garantisse leurs acquis contre tout risque de débordement
populaire.
Ils appellent un « homme providentiel », rendu populaire par ses victoires en
Italie ou en Egypte, dont ils espèrent qu’il fixera les acquis de la Révolution.
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Histoire secondes deuxième partie
IV – Le Consulat et l’Empire (1799 – 1815)
A – La France napoléonienne
1 – Un retour vers l’Absolutisme ?
a) Bonaparte
b) La Constitution de l’An VIII
c) La marche à l’Empire
d) Le despotisme impérial
2 – La réorganisation du pays
a) La paix intérieure
b) L’économie et les finances
c) Les masses de granite
B – Formation et effondrement de l’Empire
1 - L’Héritage de la Révolution
2 – L’Europe napoléonienne
a) La conquête
b) L’organisation de l’Empire
3– La Chute
a) Multiplication des oppositions
b) L’agonie de l’Empire
Conclusion
Mots importants :
Concordat de 1801 : Accord entre le Saint-Siège et l’Etat français. La « religion
catholique, apostolique et romaine sera librement exercée en France »,
archevêques et évêques sont nommés par le gouvernement mais reçoivent
l’institution canonique du pape. Evêques et prêtres doivent ensuite prêter
serment de fidélité au gouvernement. En échange de l’abandon des biens
ecclésiastiques vendus depuis 1790, le « gouvernement assurera un traitement
convenable aux évêques et aux curés ». Le régime concordataire prend fin en
1905 avec la loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat.
Paix d’Amiens : Traité conclu le 25 mars 1802 entre le Royaume-Uni et la
France. Si la guerre reprend dès l’année suivante, la popularité du traité permet à
Bonaparte de profiter de l’occasion pour organiser un plébiscite l’autorisant à
devenir « consul à vie ».
Masses de granit : Ensemble des dispositions prises entre 1800 et 1808
destinées à fixer de façon durable les apports de la Révolution, et à améliorer le
fonctionnement du pays : la Légion d'honneur, l’éducation et le Code civil en
sont les éléments les plus importants.
Noblesse d’empire : Institution créée par Napoléon Ier en 1808 pour créer une
élite stable, issue de la Révolution française, réunissant l’ensemble des
personnes ayant reçu un titre de noblesse lors du Premier Empire et de leurs
28
Histoire secondes deuxième partie
descendants. Cette nouvelle noblesse n'est pas un ordre et ne dispose pas de
privilège.
Légion d’honneur : Elle a été instituée le 19 mai 1802 par Napoléon Bonaparte
pour récompenser les mérites éminents militaires ou civils rendus à la Nation.
Franc germinal : La Convention a défini, en 1795, le franc comme nouvelle
unité monétaire et précise le poids des pièces à frapper. Mais ce n’est que sous le
Consulat, par la loi du 7 germinal an XI (27 mars 1803) qu’a lieu la refonte
générale des monnaies, mettant fin à la coexistence des pièces anciennes et
nouvelles : un franc correspond à cinq grammes d'argent ou 290,32
milligrammes d'or fin.
Code civil : Rédigé sous la direction de Jean Etienne Portalis, promulgué le
21 mars 1804, il regroupe les lois relatives au droit civil français, c’est-à-dire
l'ensemble des règles qui déterminent le statut des personnes, celui des biens et
celui des relations entre les personnes privées. Modifié et augmenté à de
nombreuses reprises, il reste, aujourd'hui encore, le fondement du droit civil
français et de nombreux Etats européens. C’est un texte fondamental dans la
mesure où, chaque habitant du territoire français quelle que soit son origine, son
milieu, sa richesse doit s’y conformer. Nous sommes donc bien dans l’ « égalité
en droit ».
Code pénal : Il dresse la liste des punitions en fonction des infractions
constatées selon un principe : pas de crime sans loi, pas de peine sans loi
précédente. S’il réduit le rôle du juge, puisqu’à tel délit, telle peine doit être
prononcée, celui-ci conserve la possibilité de moduler le châtiment, entre un
minimum et un maximum laissé à son appréciation.
Républiques sœurs : Etats que la France révolutionnaire a créé en Hollande et
en Italie entre 1795 et 1799, pendant le Directoire et le Consulat, après les
victoires françaises sur les Autrichiens protecteurs des souverains italiens. Ces
républiques sont organisées selon le modèle politique français, et la bourgeoisie
locale y prend le pouvoir sous le contrôle des Français. Les républiques-sœurs
doivent fournir une très importante contribution financière (qui tient du pillage)
à la République française dont les armées les « protègent » d'un retour de leurs
souverains.
Plébiscite : Consultation sur le désir d'une population à propos d'une importante
décision. Forme de référendum qui consisterait à approuver ou non la politique
d’une personne par l’intermédiaire de la question posée.
Cent jours : Période de l'Histoire de France comprise entre le 1er mars (retour
en France de l'empereur Napoléon I) et le 18 juin 1815 (défaite de Waterloo et
seconde abdication)
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Histoire secondes deuxième partie
IV – Le Consulat et l’Empire (1799 – 1815)
Lorsqu’en 1799 Bonaparte présente la nouvelle Constitution, il déclare :
« Citoyens, la Révolution est fixée aux principes qui l’ont commencée, elle est
finie ». Ce discours annonce deux choses : d’une part que les grands acquis
révolutionnaires seront maintenus et ensuite que la stabilité intérieure et
extérieure du pays exige la paix.
La réorganisation des finances, des institutions, la recherche du consensus
sur le plan diplomatique, politique, religieux…vont dans un premier temps poser
Bonaparte en sauveur de la Révolution et de la Nation.
Mais la dérive despotique du pouvoir interrompt le processus
démocratique.
 Napoléon est-il le continuateur ou le fossoyeur de la Révolution ?
 Quels sont pour lui les grands principes qu’il faut sauvegarder ?
 Pourquoi y a t-il cette dérive despotique ?
 L’empire est il véritablement un retour vers l’ancien Régime ?
A – La France napoléonienne
1 – Un retour vers l’Absolutisme ?
a) Bonaparte
Né dans une famille de petite noblesse en 1769, un an après le
rattachement de la Corse à la France. Fait, grâce à une bourse des études
militaires à Paris. A 16 ans, il est lieutenant d’artillerie.
Proche des Montagnards, il chasse en 1793 les Anglais de Toulon et
devient général à 24 ans. Ecarté pour cause d’amitié avec Robespierre, il mate
l’insurrection royaliste à Paris du 13 vendémiaire (oct. 95) et part en 1796 dans
l’armée d’Italie où il brille par ses victoires parfaitement transmises à la
population française grâce à une habile propagande.
Parti en Egypte dont il prend le contrôle malgré des défaites (flotte
détruite à Aboukir et infanterie à Saint-Jean d’Acre. Informé de l’évolution de la
situation à Paris, il rentre précipitamment pour y réaliser ses ambitions
politiques.
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Histoire secondes deuxième partie
b) La Constitution de l’An VIII
L’exécutif est renforcé, concentré entre les mains de Bonaparte, nommé
Premier Consul pour dix ans, assisté de deux autres consuls (Cambacérès et
Lebrun).
Le législatif est affaibli : divisé en 4 assemblées : Sénat garant de la légalité
des lois, Conseil d’Etat chargé de rédiger les lois, Tribunat qui discute les lois
mais ne les vote pas, Corps législatif qui vote mais ne discute pas (les 300
muets).
Le suffrage universel est rétabli mais élit des listes de propositions dans
lesquelles les autorités choisiront. Le peuple est consulté par plébiscite.
La justice : les juges sont inamovibles : les autorités ne peuvent les
déplacer…Mais ils sont choisis par Bonaparte également.
Chaque département a à sa tête un préfet obéissant directement à Bonaparte
et les villes de plus de 5000 h. ont des maires désignés également par Bonaparte.
c) La marche à l’Empire
Arrivé au pouvoir, Bonaparte tente de faire la paix avec l’ensemble de
l’Europe. En 1802, il signe la paix avec l’Angleterre. Cela lui assure une telle
popularité qu’il l’exploite en se faisant nommer par plébiscite consul à vie.
En 1804, un complot royaliste visant à l’assassiner échoue. Mais il profite
de l’émotion, invoquant la nécessité de stabiliser le régime et le risque de
rétablissement de l’Ancien Régime pour se faire proclamer par plébiscite
empereur le 18 mai 1804, sacré en présence du pape le 2 décembre 1804 à Notre
Dame. Il assure ainsi l’hérédité de sa charge.
d) Le despotisme impérial
La monarchie impériale se rapproche de celle de l’Ancien Régime : la
famille Bonaparte règne partout où Napoléon distribue les couronnes.
Gagné par la maladie (cancer), Napoléon supporte de moins en moins la
contradiction et éloigne les gens capables pour mettre des flatteurs et des
31
Histoire secondes deuxième partie
courtisans médiocres. La docilité des députés qui approuvent les textes, est
récompensée par des dons de terres…
Il reconstitue une aristocratie, espérant y attirer des membres de
l’ancienne noblesse, qui reste méfiante.
La police de Fouché renseigne grâce aux mouchards, censure, surveille,
ouvre le courrier…
La presse est censurée, comme le théâtre… De plus, le catéchisme
impérial est institué et la culture et les arts doivent glorifier le régime.
2 – La réorganisation du pays
a) La paix intérieure
Nécessaire de pacifier le pays pour ancrer son pouvoir. Il offre la paix à
tus : Girondins, Montagnards, réfractaires…Les émigrés peuvent rentrer et des
postes administratifs leurs sont confiés.
Pour résoudre la question religieuse : signature du Concordat le 15 juillet
1801 : la religion catholique est celle de la majorité des Français mais n’est plus
la religion d’Etat.
Le pape renonce aux propriétés du clergé, vendues comme biens
nationaux.
Les évêques doivent tous démissionner et sont renommés par Bonaparte,
le pape leur donnant l’investiture. Le système fonctionne jusqu’en 1905.
b) L’économie et les finances
La Banque de France créée en 1800 contrôle la monnaie.
Le franc germinal (1801 : 5gr d’argent) permet de redonner confiance
dans la monnaie, car convertible en or ou en argent.
Les impôts sont recalculés. Et confiés à un personnel compétent.
De plus, le consulat et l’empire passent des commandes auprès des
fabriques et relancent ainsi l’économie (coton, chimie, sidérurgie, grands
travaux (adduction d’eau dans Paris).
c) Les masses de granite
Objectif : fixer les apports de la révolution ou de Bonaparte de façon
solide :
- éducation : création des lycées en 1802 pour former notables et officiers
légion d’honneur (1802) : doit permettre de rassembler une élite distinguée par
ses mérites
- Code Civil : c’est le plus important (1804) : 2281 articles rédigés de façon
claire et précise, proclamant la liberté individuelle, le droit à la propriété
- => des acquis révolutionnaires sont ainsi consolidés : liberté individuelle,
religieuse, égalité devant l’impôt, accès à toutes les charges
B – Formation et effondrement de l’Empire
L’histoire des rapports de napoléon avec l’Europe ne se résume pas à des
guerres. L’empereur a fortement modifié les rapports sociaux et politiques,
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Histoire secondes deuxième partie
propageant les idéaux révolutionnaires. Même si le régime s’effondre, de
nombreux principes subsistent.
1 - L’Héritage de la Révolution
La Révolution avait été accueillie avec enthousiasme par les milieux
intellectuels et bourgeois de Prusse, Autriche, Italie, Angleterre. La Déclaration
des droits de l’homme a un impact considérable…Mais cela embarrasse les
monarques et la noblesse, d’autant plus que les Allemands se voient privés des
droits féodaux sur l’Alsace par ex.
En avril 1792, l’assemblée, inquiète des menaces de plus en plus
nombreuses venues de l’étranger déclare la guerre à l’Autriche – Hongrie. Seul
Robespierre s’y oppose.
Après de graves revers, la victoire de Valmy (20 septembre 1792) ouvre
les frontières des Pays bas autrichiens (actuelle Belgique), de la Savoie et de
Nice confisquées à l’Autriche…
En 1795, l’idée est adoptée de créer des Républiques sœurs, créant un
glacis défensif pour la France : premières grandes victoires de Bonaparte en
Italie.
Dans tous ces territoires on crée des constitutions équivalentes à celles de
la France du Directoire.
En 1801, après la victoire de Marengo, paix avec l’Autriche et en 1802,
lors de la paix avec l’Angleterre, la France compte 108 départements.
2 – L’Europe napoléonienne
a) La conquête
La Paix d’Amiens ne dure qu’un an. L’Angleterre s’inquiète en effet du
développement de la puissance française sur le continent, risquant de ruiner son
commerce. Elle organise et finance des coalitions.
Après des tentatives de débarquement en Angleterre et la défaite de
Trafalgar (21 octobre 1805 : la flotte Française mouillant à Cadix cherche à
sortir mais les Anglais les attendent…Nelson, déjà vainqueur en Egypte à
Aboukir est tué), Napoléon se concentre sur le continent . Victoire d’Austerlitz
(décembre 1805) contre Prusse et Autriche…Nouvelles victoires en 1806 et
1807 contre la Prusse (Iéna 1806) qui est occupée et la Russie (Friedland 1807).
En 1806, il organise un blocus contre l’Angleterre, l’obligeant à contrôler
toutes les ouvertures maritimes : conquête de l’Espagne (1808) et du Portugal.
b) L’organisation de l’Empire
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Histoire secondes deuxième partie
Trois grands groupes de territoires :
- l’Empire français compte 130 départements
- les Etats vassaux sont administrés par des membres de la famille de
Bonaparte
- les protectorats sont soumis : les autorités ne sont pas maîtresses de leur
politique (confédération du Rhin, Pologne, Suisse)
Au départ les armées révolutionnaires, puis la Grande armée avaient été
souvent accueillies favorablement car elles annonçaient vouloir renverser
l’Ancien Régime.
Mais le Code civil y est diffusé : égalité civile, laïcité de l’Etat, abolition des
privilèges de la noblesse et du clergé…Le retour en arrière, après la chute de
l’Empire sera souvent difficile.
Cependant, si les droits féodaux et la dîme sont abolis, les territoires sont
soumis au pillage de l’armée et des autorités françaises. De plus les jeunes sont
soumis à la conscription.
3 – La Chute
a) Multiplication des oppositions
* à l’extérieur
La fuite en avant liée au blocus oblige Napoléon à occuper de plus en plus
de territoires : en 1808, la prise de Rome entraîne son excommunication par le
pape. En 1812, celui-ci est emprisonné
En Espagne, la résistance s’appuie sur le clergé et la population très
croyante. La répression est épouvantable.
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Histoire secondes deuxième partie
La Russie accepte de moins en moins le diktat économique : l’obligation
d’acheter les produits français, interdiction de commercer avec l’Angleterre.
* à l’intérieur
Le blocus ruine une partie de la bourgeoisie portuaire (9 navires quittent
Marseille en 1811 contre 330 quatre ans auparavant.
La bourgeoisie reproche la confiscation des libertés politiques, qui n’est
plus compensée par l’expansion commerciale.
1812 : mauvaises récoltes. De plus, la conscription fournit des bras à
l’armée. Les ouvriers au chômage sont mécontents.
b) L’agonie de l’Empire
La campagne de Russie est un échec cuisant. En juin 1812, Napoléon
lance une offensive avec 600 000 h. Les Russes font une politique de la terre
brûlée. Napoléon entre à Moscou après la sanglante victoire de Borodino en
septembre. Mais la ville est incendiée le 19 octobre. La retraite fait 400 000
morts.
Première défaite personnelle de Napoléon.
En octobre 1813, il perd la bataille des Nations contre les Russes et
Prussiens à Leipzig.
Dès lors, en 1813 les Français sont chassés d’Espagne par les Anglais et
une coalition Autriche/Prusse/Russie franchit le Rhin. Le 31 mars 1814,
l’ennemi est à Paris. Le 6 avril, Napoléon abdique et part pour l’île d’Elbe après
ses adieux à Fontainebleau le 20 avril
Le même jour, Louis XVIII entre en France.
Il devient vite impopulaire. Mal conseillé par la haute noblesse, il renvoie
des officiers pour les remplacer par des nobles rentrés la veille de l’étranger.. Le
drapeau blanc remplace le drapeau tricolore, et le roi affiche la volonté de
remettre en question l’abolition des privilèges.
Le 1er mars 1815, Napoléon est de retour de l’île d’Elbe . Il est accueilli
dans l’enthousiasme. Le 20 mars il est à Paris d’où Louis XVIII est parti le
matin.
Mais le 18 juin 1815 il est vaincu à Waterloo. Le 22 après sa nouvelle
abdication, il est déporté à Sainte Hélène où il mourra en 1821.
Conclusion
Bonaparte, ambitieux et grand stratège a su en 8 ans se façonner un
Empire regroupant la quasi totalité de l’Europe.
Si, malgré le retour à une certaine forme d’absolutisme, le régime a
conservé longtemps l’approbation des masses et de la bourgeoisie, c’est qu’il n’a
jamais remis en question un certain nombre d’acquis de la Révolution, comme
l’abolition des privilèges. Le Code Civil en est l’illustration. De plus, personne
n’est insensible à la politique impériale prestigieuse.
Avec l’abdication de Napoléon commence la période de la restauration.
Pourtant, il s’avère rapidement qu’un retour à l’Ancien Régime est maintenant
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Histoire secondes deuxième partie
devenu impossible. La monarchie devra maintenant faire avec les acquis de la
Révolution : la noblesse a perdu le monopole politique que le Tiers Etat entend
bien partager.
Enfin les bouleversements politiques et sociaux confiant des
responsabilités à une classe bourgeoise de plus en plus entreprenante créent les
conditions favorables à la révolution industrielle à venir.
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Histoire secondes deuxième partie
Chapitre V La France et l’Europe de 1815 à 1848
A - L'Europe transformée (1789-1815)
1 - Les conséquences de la révolution française et de l’empire en Europe
a) Un accueil favorable de la Révolution
b) La diffusion des principes révolutionnaires
2 - L'éveil du sentiment national en Europe
a) La naissance de l'idée nationale en Europe
b) Développement d’une résistance
3 - Le congrès de Vienne et la réorganisation de l'Europe
a) La nouvelle Europe de 1815
b) L'Europe de la Sainte Alliance
4 – Un retour en arrière pourtant impossible
L'essentiel
B - Les soulèvements de 1830 à 1848
1. Les succès limités de 1830
a) L'indépendance de la Grèce et de la Belgique
b) Les trois glorieuses en France
c) L'échec des autres soulèvements
2 - L'évolution du mouvement des nationalités
a) Le Zollverein
b) Le Risorgimento
C - Le Printemps des peuples de 1848
1 – La révolution de 1948 en France
a) L’évolution monarchique depuis 1815
b) Les causes de la révolution de 1848
c) La chute de la monarchie : les journées de février 1848
d) L’esprit de 1848
2 – La propagation de la révolution en Europe
3 – L’échec du printemps des peuples
L'essentiel
Mots importants :
Sainte alliance : traité signé en 1815 de coopération entre le roi de Prusse,
l'Empereur d'Autriche, le roi d'Angleterre et le tsar Alexandre Ier
Trois glorieuses : révolution en France en juillet 1830
Risorgimento : Mouvement indépendantiste italien
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Chapitre V La France et l’Europe de 1815 à 1848
A - L'Europe transformée (1789-1815)
1 - Les conséquences de la révolution française et de l’empire en Europe
a) Un accueil favorable de la Révolution
La Révolution française, héritière de la philosophie des Lumières et de la
révolution américaine, est d'abord bien accueillie en Europe. Les élites, nobles
libéraux, bourgeois et artistes se passionnent pour les idées de 1789. Le poète
allemand Goethe se dit « enflammé » par l'ardeur révolutionnaire de ses voisins
français. Pour tous ces Européens partisans des libertés, la France semble
montrer l'exemple.
b) La diffusion des principes révolutionnaires
L'Empire napoléonien en 1812 s'étend à l'est jusqu'à la Pologne, et au sud
jusqu'à l'Espagne et l'Italie. Napoléon souhaite que l'Europe soit fondée sur le
modèle de la France ; il continue donc de diffuser les idées révolutionnaires. Les
Etats conquis sont dotés de constitutions similaires à celle de la France.
Napoléon impose à travers l'Europe une administration centralisée, le Code civil,
l'abolition de la féodalité, les lycées, le système métrique...
2 - L'éveil du sentiment national en Europe
a) La naissance de l'idée nationale en Europe
Cette domination napoléonienne est souvent vécue comme une
oppression. Les territoires conquis sont victimes de pillages, de réquisitions.
Dans ces pays émerge un sentiment national fondé sur le refus de la domination
française. En Espagne, la France se heurte à une guérilla populaire. En
Allemagne également, puis en Russie, une forme de patriotisme, de prise de
conscience nationale émerge.
b) Développement d’une résistance
Les idées révolutionnaires, fondées sur la souveraineté de la Nation, se
retournent donc contre la France : ce sont des armées au caractère plus national
qui acculent Napoléon à la défaite en 1814.
A cette date, une coalition regroupant l'Angleterre, la Prusse, l'Autriche, la
Russie et la Suède vient à bout de la grande armée. Napoléon doit abdiquer. Le
Grand Empire n'existe plus.
3 - Le congrès de Vienne et la réorganisation de l'Europe
a) La nouvelle Europe de 1815
Malgré ce retour à l'ordre ancien, l'héritage révolutionnaire est important.
L'Europe, et notamment l'Europe occidentale, sort durablement transformée de
cette période.
Alors même que Napoléon est de retour pour les 100 jours et qu’il subit la
défaite de Waterloo, se tient un grand congrès diplomatique à Vienne en 1815.
Il réunit des délégations envoyées par tous les Etats d'Europe. Le but du
congrès est de remanier la carte de l'Europe après la liquidation de l'Empire
napoléonien et d'instaurer une paix durable.
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Histoire secondes deuxième partie
Les débats sont dominés par les grandes puissances qui ont triomphé de
Napoléon : la Russie du tsar Alexandre Ier, l'Autriche de l'empereur François Ier,
la Prusse de l'empereur Frédéric-Guillaume III et l'Angleterre de Georges III.
Le chancelier autrichien Metternich, très attaché aux principes
monarchiques et violemment hostile à la révolution, joue un rôle déterminant
dans la conduite du congrès.
L'acte final du congrès, adopté le 9 juin 1815, redessine la carte de
l'Europe selon les vœux de ces quatre grandes puissances, qui se répartissent les
dépouilles de l'Empire napoléonien :
– l'Angleterre renforce sa suprématie maritime par l'acquisition d'îles ;
– la Russie domine l'Europe orientale ;
– l'Autriche domine l'Europe centrale et une partie de l'Italie ;
– la Prusse obtient des gains territoriaux ;
– la France est contenue dans des frontières étroites par la création d'Etatstampons, destinés à empêcher toute tentative d'expansion (royaume des PaysBas, confédération helvétique, royaume de Sardaigne...).
La carte de l'Europe est donc redessinée selon les volontés des souverains,
sans tenir compte des aspirations des peuples.
Le peuple allemand est divisé entre les 39 Etats de la Confédération
germanique.
L'Italie, morcelée, est contrôlée par l'Autriche. Quant à la Pologne, elle est
démembrée et placée sous la domination du tsar de Russie.
b) L'Europe de la Sainte Alliance
Au Congrès de Vienne, les représentants du roi de Prusse, de l'Empereur
d'Autriche, du roi d'Angleterre ainsi que le tsar Alexandre Ier lui-même, tiennent
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Histoire secondes deuxième partie
à garantir la paix et l'ordre qu'ils ont institués. Et au terme du congrès, les
souverains scellent une union fondée sur des "liens d'une fraternité véritable et
indissoluble" : c'est la "Sainte Alliance". Elle prévoit un système de réunions
diplomatiques et de congrès destinés à empêcher toute contestation des mesures
décidées à Vienne en 1815.
Les souverains sont donc les nouveaux gendarmes de l'Europe et peuvent
décider d'intervenir dans les affaires intérieures d'un Etat si des menaces
révolutionnaires s'y faisaient sentir. A partir de 1815, plusieurs interventions ont
lieu pour écraser les agitations libérales ou nationales à travers l'Europe.
L'esprit de la Sainte Alliance est donc marqué par un très fort
conservatisme et par la volonté de défendre le régime monarchique. Pourtant,
malgré ce triomphe apparent des idées de l'Ancien Régime, l'Europe reste
marquée par les idées révolutionnaires.
4 – Un retour en arrière pourtant impossible
De nombreuses réformes introduites dans les différents pays européens
lors de la domination napoléonienne restent en vigueur : le Code civil est
appliqué en Italie et en Allemagne ; la féodalité a été définitivement abolie en
Europe de l'Ouest.
Dans cette partie du continent, des constitutions ont été adoptées, l'égalité
juridique des individus est garantie et les libertés publiques sont assurées.
D'autre part, même dans les pays où a été imposée la restauration de
l'ordre ancien, la tradition révolutionnaire demeure dans les esprits.
Les poètes, les écrivains, les musiciens et les intellectuels montrent, dans
leurs œuvres, les aspirations libérales et nationales des peuples de l'Europe.
Quant au mouvement des nationalités, il émerge chez tous les peuples
déçus par les frontières imposées au congrès de Vienne, comme les Polonais, les
Allemands ou les Italiens.
L'âme de la Pologne est célébrée dans la musique de Chopin ou dans la
poésie de Mickiewicz. L'opéra Guillaume Tell de l'Italien Rossini est un appel à
la liberté de l'Italie.
Dès 1815, l'ordre imposé à Vienne paraît ainsi menacé par la force
naissante de ces aspirations libérales et nationales.
L'essentiel
Entre 1789 et 1815, la France contribue à modifier durablement l'histoire
de l'ensemble du continent européen. Durant la Révolution et l'Empire, les idées
révolutionnaires se diffusent. Dans les territoires conquis par la France, des
constitutions sont adoptées, la féodalité est abolie.
La domination napoléonienne a également pour effet d'éveiller les
sentiments nationaux. En 1815, si la carte de l'Europe reste marquée par la
domination des grands souverains, les idées révolutionnaires ont durablement
transformé les mentalités.
Le congrès de Vienne aboutit en 1815 à un remaniement de la carte
européenne au profit des vainqueurs de Napoléon. Les monarques semblent
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Histoire secondes deuxième partie
triompher et imposer leurs volontés à toute l'Europe. Les aspirations des
nationalités sont négligées. Or les esprits ont été profondément marqués par
l'héritage révolutionnaire et le retour à l'Ancien Régime n'est pas accepté
partout.
B - Les soulèvements de 1830 à 1848
1. Les succès limités de 1830
a) L'indépendance de la Grèce et de la Belgique
Dès 1821, les Grecs se soulèvent contre les Turcs de l'Empire ottoman. A
travers l'Europe, un vaste mouvement d'opinion exprime l'admiration pour
l'héroïsme du peuple grec, menacé d'écrasement par les Turcs.
Delacroix Les massacres de Scio
Les tableaux de Delacroix, les poèmes d'Hugo (Les Orientales) en sont
des témoignages. Les grandes puissances, divisées, ne réagissent pas dans un
premier temps. Puis le tsar Alexandre Ier décide d'intervenir et bat les armées
turques. Il impose lors du traité d'Andrinople (1829) l'indépendance de la Grèce.
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Histoire secondes deuxième partie
Bientôt, toute l'Europe est secouée par des troubles et des révolutions.
Mais seule l'insurrection de la Belgique aboutit : il s'agit d'une révolution menée
en août 1830 par les catholiques et les libéraux belges contre la tutelle des PaysBas.
Grâce à l'appui de la France et de l'Angleterre, l'indépendance belge est
imposée à l'Europe.
b) Les trois glorieuses en France
En France, la révolution des Trois Glorieuses (27, 28 et 29 juillet 1830)
oblige le roi ultraroyaliste Charles X à abdiquer ; le nouveau régime dirigé par le
roi Louis-Philippe s'affirme comme libéral.
c) L'échec des autres soulèvements
Mais ailleurs en Europe, c'est l'échec. Une révolution en Pologne contre le
joug imposé par la Russie est écrasée sans pitié par le tsar en avril 1831. En
Italie, la révolte se heurte à l'Autriche, qui intervient pour rétablir l'ordre.
Enfin, en Allemagne, l'agitation des années 1830-1832 est réprimée par
l'Autrichien Metternich, ainsi que par la Russie et par la Prusse.
Ainsi, le mouvement des libéraux et des nationalités n'a-t-il obtenu que de
faibles résultats en 1830. Mais les soulèvements montrent que l'ordre établi à
Vienne en 1815 est fragile.
2 - L'évolution du mouvement des nationalités
a) Le Zollverein
Malgré l'échec de 1830, le mouvement des nationalités continue de se
développer.
Le courant libéral reste puissant en Allemagne et en Autriche.
En 1834, une union douanière regroupant l'ensemble des Etats allemands
(Zollverein) est établie par la Prusse. C'est un premier pas vers l'unification de
l'Allemagne.
b) Le Risorgimento
Dans les Etats italiens, un mouvement de Risorgimento (« réveil ») s'était
organisé depuis les années 1820 au sein de sociétés secrètes : les Carbonari. Les
soulèvements de 1831 furent facilement réprimés par l'Autriche. Mais l'action de
démocrates comme Mazzini, fondateur de « Jeune Italie », témoigne de la
persistance du mouvement. Le Risorgimento s'exprime dans des livres ou des
journaux. Il peut compter sur le nouveau roi du Piémont, Charles-Albert, qui
accorde des réformes libérales.
C - Le Printemps des peuples de 1848
1 – La révolution de 1948 en France
a) L’évolution monarchique depuis 1815
En 1815, après un retour éphémère en 1814, Louis XVIII est rétabli sur le
trône. Mais un retour réel à l’Ancien Régime est devenu impossible. Pas plus
Louis XVIII que son frère Charles X, en 1824 ne pourront remettre en question
un certain nombre d’acquis.
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Histoire secondes deuxième partie
En essayant de revenir à l’absolutisme, Charles X est obligé de s’exiler en
1830 à la suite d’une révolution, en juillet 1830 (les trois glorieuses) : les 27, 28
et 29 juillet : au cours de trois journées appelées les Trois Glorieuses, les
barricades dressées dans Paris par les étudiants, les employés, les petits patrons,
les ouvriers, notamment les typographes, et les anciens combattants de l'Empire
habiles à manier le fusil viennent à bout du régime.
La liberté guidant le peuple (Delacroix 1830)
Le 29 juillet, les insurgés s'emparent du Louvre et Charles X doit prendre la
route de l'exil.
Le pouvoir est confié au duc d'Orléans, le cousin du roi, qui a autrefois
combattu à Valmy et à Jemmapes dans les armées révolutionnaires. LouisPhilippe est proclamé « roi des Français par la grâce de Dieu et la volonté
nationale »
b) Les causes de la révolution de 1848
A la fin des années 1840, accentuée par de mauvaises récoltes qui
provoqué une flambée des prix alimentaires et une crise industrielle qui a privé
des milliers de travailleurs de toute ressource, la situation politique se dégrade
fortement.
Refusant d'élargir le corps électoral limité à 300 000 électeurs par le
suffrage censitaire, dans un pays de 36 millions d'habitants, Louis Philippe se
coupe d'une large partie de la bourgeoisie qui, depuis 1789, exige de participer
activement au pouvoir.
Dans ces conditions, il suffit d'une étincelle pour mettre le feu aux
poudres. Le mécontentement touche à la fois les bourgeois souhaitant des
réformes politiques et les ouvriers voulant des réformes sociales.
c) La chute de la monarchie : les journées de février 1848
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Histoire secondes deuxième partie
Le 22 février 1848, l'interdiction d'un banquet de l'opposition provoque
une manifestation qui tourne à l'émeute puis à l'insurrection générale.
Le 23 février, la garde nationale commence à se rallier aux émeutiers.
Dans la soirée, des hommes de troupes sont débordés par les manifestants
et ouvrent le feu pour protéger.
Les 52 morts de cette fusillade transforment l'émeute en insurrection
générale. Comme en 1830, Paris se couvre de barricades. Il y a fraternisation
des ouvriers, les « blouses » et des bourgeois « les chemises » contre le régime.
Le 24 février, Paris se couvre de barricades, Louis-Philippe abdique et se
réfugie en Angleterre. Lamartine proclame la République à l'Hôtel de Ville de
Paris.
Prise des Tuileries en 1848
d) L’esprit de 1848
Dans un climat d'enthousiasme porté par le romantisme des hommes, la
nouvelle République prend une série de mesures essentielles.
Elle institue le suffrage universel masculin pour les citoyens de plus de 21
ans, rétablit la liberté de presse et de réunion, abolit l'esclavage (proposition de
Victor Schœlcher) dans les colonies, la peine de mort pour raisons politiques et
proclame le droit au travail.
À cet effet, sont créés des Ateliers nationaux pour occuper les ouvriers
touchés par le chômage.
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Histoire secondes deuxième partie
Tandis que de nombreux arbres de la liberté sont plantés, souvent bénis
par le clergé, la fraternité vient s'ajouter à la liberté et l'égalité dans la devise de
la République.
2 – La propagation de la révolution en Europe
La révolution parisienne en février, qui parvient à renverser LouisPhilippe et à faire proclamer la République donne partout le signal de la révolte.
En 1848, l'explosion des révolutions à travers l'Europe bouleverse l'ordre
établi en 1815.
En Autriche, la révolution provoque la chute de l'absolutisme. Les
différentes nationalités d'Autriche revendiquent leur autonomie, comme les
Tchèques ou les Hongrois.
En Allemagne, les libéraux obtiennent du roi de Prusse l'élection au
suffrage universel d'un parlement. Enfin, l'Italie se soulève contre l'Autriche,
sous la direction du roi de Piémont Charles-Albert.
3 – L’échec du printemps des peuples
Ces mouvements d'aspiration nationale sont étouffés rapidement : les
troupes du Piémont sont écrasées par l'Autriche en mars 1849.
En Allemagne également, le rêve de l'unité s'effondre, sous la pression de
l'Autriche.
En France, les élections de 1848 amènent au pouvoir des partisans de
l’ordre (les paysans des campagnes, inquiets des idées révolutionnaires et
fortement sous la dépendance des notables ont voté pour les conservateurs). Ces
derniers ferment en juin 1848, les ateliers nationaux, considérés comme des
foyers de la Révolution. Lors des journées de Juin (23-26 juin), se déroule la
plus terrible des batailles de rues que connut Paris. Mais finalement la victoire
resta à l'armée et à la garde nationale. Les représailles furent terribles : 4 000
déportés en Algérie, et 1500 fusillés On ne parla plus désormais de réformes
sociales.
L'essentiel
Le peu d'attention accordée aux aspirations libérales et nationales par le congrès
de Vienne en 1815 conduit les peuples à remettre en cause, par des révolutions,
l'ordre établi. Une première vague d'insurrections en 1830 n'a que peu de
résultats, sauf en Grèce et en Belgique. Mais le mouvement se poursuit si bien
qu'en 1848, une contagion révolutionnaire s'étend sur l'Europe. Pourtant ce
Printemps des peuples est à nouveau réprimé.
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