L`aluminium, un produit dangereux pour la

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UNIVERSITÉ DE LORRAINE
2014
________________________________________________________________________________
FACULTÉ DE PHARMACIE
THÈSE
présentée et soutenue publiquement
le 1er juillet 2014, sur un sujet dédié à :
L’aluminium, un produit dangereux pour la santé
présent en thérapeutique et en cosmétique :
mythe ou réalité ?
pour obtenir
le Diplôme d'Etat de Docteur en Pharmacie
par Edwige BATISSE
née le 13 octobre 1989, à Haguenau
Membres du jury
Président :
Pr. Bertrand RIHN, Professeur en biochimie, biologie moléculaire,
Juges :
Dr. Olivier JOUBERT, Maître de conférences en toxicologie, Directeur de thèse,
Pr. Jean-Claude BLOCK, Professeur en santé publique,
Mr. Benoît BEAUDOUIN, Pharmacien d’officine.
UNIVERSITÉ DE LORRAINE
FACULTÉ DE PHARMACIE
Année universitaire 2013-2014
DOYEN
Francine PAULUS
Vice-Doyen
Francine KEDZIEREWICZ
Directeur des Etudes
Virginie PICHON
Président du Conseil de la Pédagogie
Brigitte LEININGER-MULLER
Président de la Commission de la Recherche
Christophe GANTZER
Président de la Commission Prospective Facultaire
Jean-Yves JOUZEAU
Responsable de la Cellule de Formations Continue et Individuelle
Béatrice FAIVRE
Responsable ERASMUS :
Responsable de la filière Officine :
Responsables de la filière Industrie :
Responsable du Collège d’Enseignement
Pharmaceutique Hospitalier :
Responsable Pharma Plus E.N.S.I.C. :
Responsable Pharma Plus E.N.S.A.I.A. :
Francine KEDZIEREWICZ
Francine PAULUS
Isabelle LARTAUD,
Jean-Bernard REGNOUF de VAINS
Jean-Michel SIMON
Jean-Bernard REGNOUF de VAINS
Raphaël DUVAL
DOYENS HONORAIRES
Chantal FINANCE
Claude VIGNERON
PROFESSEURS EMERITES
Jeffrey ATKINSON
Max HENRY
Gérard SIEST
Claude VIGNERON
PROFESSEURS HONORAIRES
Roger BONALY
Pierre DIXNEUF
Marie-Madeleine GALTEAU
Thérèse GIRARD
Maurice HOFFMANN
Michel JACQUE
Lucien LALLOZ
Pierre LECTARD
Vincent LOPPINET
Marcel MIRJOLET
Maurice PIERFITTE
Janine SCHWARTZBROD
Louis SCHWARTZBROD
ASSISTANTS HONORAIRES
Marie-Catherine BERTHE
Annie PAVIS
MAITRES DE CONFERENCES HONORAIRES
Monique ALBERT
Gérald CATAU
Jean-Claude CHEVIN
Jocelyne COLLOMB
Bernard DANGIEN
Marie-Claude FUZELLIER
Françoise HINZELIN
Marie-Hélène LIVERTOUX
Bernard MIGNOT
Jean-Louis MONAL
Blandine MOREAU
Dominique NOTTER
Christine PERDICAKIS
Marie-France POCHON
Anne ROVEL
Maria WELLMAN-ROUSSEAU
Faculté de Pharmacie
ENSEIGNANTS
Présentation
Section
CNU*
Discipline d'enseignement
PROFESSEURS DES UNIVERSITES - PRATICIENS HOSPITALIERS
Danièle BENSOUSSAN-LEJZEROWICZ
82
Thérapie cellulaire
Chantal FINANCE
82
Virologie, Immunologie
Jean-Yves JOUZEAU
80
Bioanalyse du médicament
Jean-Louis MERLIN
82
Biologie cellulaire
Alain NICOLAS
80
Chimie analytique et Bromatologie
Economie de la santé, Législation
Jean-Michel SIMON
81
pharmaceutique
PROFESSEURS DES UNIVERSITES
Jean-Claude BLOCK
Christine CAPDEVILLE-ATKINSON
Raphaël DUVAL
Béatrice FAIVRE
Luc FERRARI
Pascale FRIANT-MICHEL
Christophe GANTZER
Frédéric JORAND
Pierre LABRUDE (retraite 01-11-13)
Isabelle LARTAUD
Dominique LAURAIN-MATTAR
Brigitte LEININGER-MULLER
Pierre LEROY
Philippe MAINCENT
Alain MARSURA
Patrick MENU
Jean-Bernard REGNOUF de VAINS
Bertrand RIHN
87
86
87
87
86
85
87
87
86
86
86
87
85
85
32
86
86
87
Santé publique
Pharmacologie
Microbiologie clinique
Biologie cellulaire, Hématologie
Toxicologie
Mathématiques, Physique
Microbiologie
Environnement et Santé
Physiologie, Orthopédie, Maintien à domicile
Pharmacologie
Pharmacognosie
Biochimie
Chimie physique
Pharmacie galénique
Chimie organique
Physiologie
Chimie thérapeutique
Biochimie, Biologie moléculaire
MAITRES DE CONFÉRENCES - PRATICIENS HOSPITALIERS
Béatrice DEMORE
81
Pharmacie clinique
Julien PERRIN
82
Hématologie biologique
Pharmacie clinique, thérapeutique et
Marie SOCHA
81
biotechnique
Nathalie THILLY
81
Santé publique
MAITRES DE CONFÉRENCES
Sandrine BANAS
Mariette BEAUD
Emmanuelle BENOIT
Isabelle BERTRAND
Michel BOISBRUN
François BONNEAUX
Ariane BOUDIER
Cédric BOURA
Igor CLAROT
Joël COULON
Sébastien DADE
Dominique DECOLIN
Roudayna DIAB
Natacha DREUMONT
Joël DUCOURNEAU
87
87
86
87
86
86
85
86
85
87
85
85
85
87
85
Parasitologie
Biologie cellulaire
Communication et Santé
Microbiologie
Chimie thérapeutique
Chimie thérapeutique
Chimie Physique
Physiologie
Chimie analytique
Biochimie
Bio-informatique
Chimie analytique
Pharmacie galénique
Biochimie générale, Biochimie clinique
Biophysique, Acoustique
Faculté de Pharmacie
ENSEIGNANTS (suite)
Florence DUMARCAY
François DUPUIS
Adil FAIZ
Caroline GAUCHER
Stéphane GIBAUD
Thierry HUMBERT
Olivier JOUBERT
Francine KEDZIEREWICZ
Alexandrine LAMBERT
Faten MERHI-SOUSSI
Christophe MERLIN
Maxime MOURER
Coumba NDIAYE
Francine PAULUS
Christine PERDICAKIS
Caroline PERRIN-SARRADO
Virginie PICHON
Anne SAPIN-MINET
Marie-Paule SAUDER
Gabriel TROCKLE
Mihayl VARBANOV
Marie-Noëlle VAULTIER
Emilie VELOT
Mohamed ZAIOU
Colette ZINUTTI
Présentation
Section
CNU*
86
86
85
85/86
86
86
86
85
85
87
87
86
86
85
86
86
85
85
87
86
87
87
86
87
85
Discipline d'enseignement
Chimie thérapeutique
Pharmacologie
Biophysique, Acoustique
Chimie physique, Pharmacologie
Pharmacie clinique
Chimie organique
Toxicologie
Pharmacie galénique
Informatique, Biostatistiques
Hématologie
Microbiologie
Chimie organique
Epidémiologie et Santé publique
Informatique
Chimie organique
Pharmacologie
Biophysique
Pharmacie galénique
Mycologie, Botanique
Pharmacologie
Immuno-Virologie
Mycologie, Botanique
Physiologie-Physiopathologie humaines
Biochimie et Biologie moléculaire
Pharmacie galénique
PROFESSEUR ASSOCIE
Anne MAHEUT-BOSSER
86
Sémiologie
PROFESSEUR AGREGE
Christophe COCHAUD
11
Anglais
En attente de nomination
*Disciplines du Conseil National des
Universités :
80 : Personnels enseignants et hospitaliers de pharmacie en sciences physico-chimiques et ingénierie
appliquée à la santé
81 : Personnels enseignants et hospitaliers de pharmacie en sciences du médicament et des autres produits
de santé
82 : Personnels enseignants et hospitaliers de pharmacie en sciences biologiques, fondamentales et
cliniques
85 ; Personnels enseignants-chercheurs de pharmacie en sciences physico-chimiques et ingénierie appliquée
à la santé
86 : Personnels enseignants-chercheurs de pharmacie en sciences du médicament et des autres produits de
santé
87 : Personnels enseignants-chercheurs de pharmacie en sciences biologiques, fondamentales et cliniques
32 : Personnel enseignant-chercheur de sciences en chimie organique, minérale, industrielle
11 : Professeur agrégé de lettres et sciences humaines en langues et littératures anglaises et anglosaxonnes
S ERMENT DES A POTHICAIRES
je jure, en présence des maîtres de la Faculté, des conseillers de l’ordre
des pharmaciens et de mes condisciples :
Ð’
honorer ceux qui m’ont instruit dans les préceptes de
mon art et de leur témoigner ma reconnaissance en restant
fidèle à leur enseignement.
Ð’exercer, dans l’intérêt de la santé publique, ma profession
avec conscience et de respecter non seulement la
législation en vigueur, mais aussi les règles de l’honneur,
de la probité et du désintéressement.
Ðe
ne jamais oublier ma responsabilité et mes devoirs
envers le malade et sa dignité humaine ; en aucun cas, je
ne consentirai à utiliser mes connaissances et mon état
pour corrompre les mœurs et favoriser des actes criminels.
Que
les hommes m’accordent leur estime si je suis fidèle à mes
promesses.
Que
je sois couvert d’opprobre et méprisé de mes confrères si j’y
manque.
« LA
FACULTE
N’ENTEND
DO NNER
AUCUNE
APPROBATION, NI IMPROBATION AUX OPINIONS
EMISES
DANS
LES
THESES,
CES
OPINIONS
DOIVENT ETRE CO NSIDEREES CO MME PROPRES A
LEUR AUTEUR ».
REMERCIEMENTS
Tout d’abord, je remercie vivement les quatre membres du jury d’avoir accepté de juger mon
travail de thèse.
Le Docteur Olivier JOUBERT m’a fait l’honneur d’accepter de diriger ma thèse. Il a mis à profit ses
connaissances en toxicologie pour me conseiller et m’aider à mener à bien ce travail. Je lui suis
reconnaissante du temps qu’il m’a consacré.
Le Professeur Bertrand RIHN nous faisait apprécier ses cours en première année grâce à ses
petites anecdotes. Il a accepté de présider mon jury de thèse, pour cela je le remercie.
Le Professeur Jean-Claude BLOCK, sans le savoir, m’a inspiré le sujet de ma thèse lors d’un de
ses cours et je lui en suis reconnaissante.
Le Docteur Benoît BEAUDOUIN m’a accueillie dans son officine, fait partager ses connaissances
et son expérience lors de mes premiers stages et m’a fait confiance tout au long de mes études. Il
m’a fait le plaisir d’accepter de participer au jury.
Je remercie également Madame Annie SARFATI et Madame Isabelle MARCONATO
qui ont
complété ma formation lors du stage qui a conclu mes études, ainsi que pour leur soutien en
période de recherche d’emploi. J’en profite pour remercier aussi Séverine qui a rendu ce stage
encore plus plaisant.
Je tiens à remercier Monsieur CALLANQUIN qui m’a permis d’avoir un aperçu du métier de
pharmacien en m’accueillant une journée dans son officine, alors que je n’étais qu’au lycée et que
je ne savais pas encore vers quelle profession m’orienter.
Pour leurs encouragements et leur soutien tout au long de mes études en pharmacie, je remercie
les membres de ma famille. Merci à tous d’avoir supporté mon stress et ma mauvaise humeur
sans vous laisser contaminer.
Mes parents qui par leur métier m’ont donné envie de travailler dans le domaine de la santé. Ils ont
cru en moi et m’ont permis de mener à bien mes études. Ils ont aussi toujours su répondre à mes
questions lorsque mes cours me posaient problème. Pour cela, je les remercie.
Ensuite, je remercie Jean-Michel qui s’est toujours montré très disponible lorsque je faisais appel à
lui. Je remercie aussi mes sœurs, Maëlle et Anne-Lise, ainsi que Luc, Guillaume et Yann qui ont
su me détendre lors des pauses que je m’accordais au milieu des révisions. Pour cela, je suis
également reconnaissante à Marie qui acceptait d’interrompre son travail pour me changer les
idées.
Je remercie mes amis qui tôt ou tard ont partagé ma vie étudiante et ont su m’entourer dans les
bons et les mauvais moments. Particulièrement Inès, Marianne et Julie avec qui j’ai partagé les
bancs de la faculté dès la première année et Elise qui malheureusement n’a pas pu continuer
l’aventure avec nous.
Je tiens à remercier également mes amis du lycée qui, comme moi, sont passés par des périodes
d’examens et de concours dans leurs études respectives et ont su m’empêcher de baisser les bras
par leurs encouragements. En particulier, Audrey qui n’a pas cessé de me répéter de ne pas
utiliser de déodorant contenant de l’aluminium lorsque nous étions au lycée.
Il est difficile de remercier tout le monde, car de nombreuses personnes m’ont accompagnée tout
au long de ma vie pour me mener là où j’en suis aujourd’hui. Que les personnes que j’aurais oublié
de citer veuillent bien m’excuser.
TABLE DES MATIÈRES
Abréviations et Acronymes .................................................................................................... 5
Table des figures ................................................................................................................... 8
Table des tableaux ................................................................................................................ 8
Introduction ........................................................................................................................... 9
PARTIE I : Présence de l’aluminium en Thérapeutique ........................................................12
Chapitre 1 : Aluminium et Vaccins ........................................................................................13
I.
L’aluminium, un adjuvant utilisé dans les vaccins ......................................................13
1.
Principe de la vaccination .......................................................................................13
2.
Rôle des adjuvants .................................................................................................14
3.
Utilisation des adjuvants aluminiques .....................................................................14
4.
Vaccins contenant de l’aluminium ..........................................................................15
5.
Quantité d’aluminium dans les vaccins ...................................................................15
II.
Les effets de l’aluminium présent dans les vaccins ....................................................17
1.
Cinétique de l’aluminium suite à la vaccination.......................................................17
2.
Effets indésirables dus à l’aluminium présent dans les vaccins ..............................18
a.
Maladies auto-immunes ......................................................................................19
b.
Nodules cutanés post-vaccinaux ........................................................................22
c.
Myofasciite à macrophages ................................................................................25
d.
Autisme ..............................................................................................................28
3.
III.
Alternatives diminuant les effets de l’aluminium vaccinal ........................................29
a.
Les autres adjuvants vaccinaux pouvant être utilisés ..........................................29
b.
Les différents modes d’administration des vaccins : aiguilles et voies.................30
Conclusion .............................................................................................................30
Chapitre 2 : Aluminium et Dialyse .........................................................................................32
I.
La dialyse et les sels d’aluminium ..............................................................................32
1.
Dialyse et Insuffisance rénale chronique ................................................................32
2.
Sources d’aluminium dans le dialysat .....................................................................33
1
II.
Les effets de l’aluminium présent dans le dialysat .....................................................33
1.
Cinétique de l’aluminium introduit par dialyse .........................................................33
2.
Effets indésirables liés à l’aluminium présent dans le liquide de dialyse .................35
a.
Encéphalopathie des dialysés.............................................................................35
b.
Anémie ...............................................................................................................37
c.
Ostéodystrophie rénale .......................................................................................41
3.
Alternatives pour limiter l’exposition à l’aluminium et ses effets ..............................47
a.
Transplantation précoce .....................................................................................47
b.
Eviction de toutes autres sources d’aluminium ...................................................47
c.
Chélateurs de l’aluminium ...................................................................................47
d.
Purification de l’eau ............................................................................................47
e.
Absence d’aluminium dans les matériaux en contact avec le dialysat .................50
III.
Conclusion .............................................................................................................50
Chapitre 3 : Aluminium et Médicaments oraux .....................................................................52
I.
Les médicaments oraux contenant des sels d’aluminium et les doses quotidiennes
d’aluminium ingérées lors de leur utilisation ......................................................................52
1.
Anti-acides et pansements gastro-intestinaux ........................................................52
2.
Anti-ulcéreux ..........................................................................................................54
3.
Hypophosphatémiants............................................................................................54
4.
Aspirine tamponnée ...............................................................................................54
5.
Pansements digestifs anti-diarrhéiques ..................................................................54
II.
Les effets de l’aluminium présent dans les médicaments administrés par voie orale .55
1.
Cinétique de l’aluminium par voie orale ..................................................................55
2.
Effets indésirables liés à l’aluminium présent dans les médicaments oraux ...........58
3.
III.
a.
Maladie d’Alzheimer ...........................................................................................58
b.
Encéphalopathie .................................................................................................63
c.
Ostéomalacie ......................................................................................................63
Alternatives ............................................................................................................65
Conclusion .............................................................................................................65
2
PARTIE II : Présence de l’aluminium en Cosmétique ...........................................................66
Chapitre 1 : Aluminium et Anti-transpirants...........................................................................67
I.
Les sels d’aluminium, des anti-transpirants efficaces .................................................67
1.
Physiologie de la sudation ......................................................................................67
2.
Hyperhidrose, bromhidrose et rôle des anti-transpirants ........................................68
3.
Composition des anti-transpirants et différents sels d’aluminium utilisés ................70
4.
Quantité d’aluminium autorisée dans les anti-transpirants ......................................71
II.
Les effets de l’aluminium présent dans les anti-transpirants ......................................71
1.
Cinétique de l’aluminium par voie cutanée .............................................................71
2.
Effets indésirables liés à l’aluminium présent dans les anti-transpirants .................73
a.
Irritations .............................................................................................................73
b.
Eczéma de contact .............................................................................................73
c.
Cancer du sein ...................................................................................................74
d.
Maladie kystique du sein.....................................................................................80
3.
Alternatives aux anti-transpirants pour diminuer la sudation et les odeurs
corporelles.....................................................................................................................80
III.
a.
Règles hygiéno-diététiques .................................................................................80
b.
Déodorants .........................................................................................................81
c.
Pierre d’alun .......................................................................................................81
d.
Ionophorèse........................................................................................................82
e.
Sympathectomie trans-thoracique ......................................................................83
f.
Toxine botulique .................................................................................................83
g.
Médicaments ......................................................................................................84
h.
Phytothérapie et aromathérapie ..........................................................................84
Conclusion .............................................................................................................84
Chapitre 2 : Aluminium et Autres produits cosmétiques ........................................................86
I.
L’aluminium, un composant largement utilisé en cosmétique .....................................86
1.
Rôle de l’aluminium en tant que principe actif ou excipient et cosmétiques en
contenant ......................................................................................................................86
2.
Différents sels d’aluminium utilisés .........................................................................86
3
3.
II.
Quantités d’aluminium autorisées dans les produits cosmétiques ..........................88
Les effets de l’aluminium présent dans les cosmétiques ............................................88
1.
Cinétique de l’aluminium suite à l’application de cosmétiques ................................88
2.
Effets indésirables liés à l’aluminium des cosmétiques...........................................89
III.
a.
Eczéma de contact et irritations ..........................................................................89
b.
Cancer du sein ...................................................................................................90
Conclusion .............................................................................................................90
Conclusion ...........................................................................................................................91
Glossaire ..............................................................................................................................93
Références ...........................................................................................................................95
4
ABRÉVIATIONS ET ACRONYMES
26
Isotope radioactif de l’aluminium
Aβ
Protéine Bêta-amyloïde
ADN
Acide Désoxyribo-Nucléique
AFSSAPS
Agence Française de Sécurité Sanitaire des Produits de Santé
Al
Aluminium
Al
3+
Al
Ion aluminium
ALAD
Acide delta-Amino-Lévulinique Déshydratase
AMM
Autorisation de Mise sur le Marché
ANSM
Agence Nationale de Sécurité du Médicaments et des produits de santé
BAAR
Bacilles Acido-Alcoolo Résistants
BCG
Bacille de Calmette et Guérin (vaccin anti-tuberculeux)
BRCA1 et
BRCA2
Gènes de susceptibilité au cancer du sein (Breast Cancer 1 et 2)
CAS
Chemical Abstracts Service
CAT
Chloramphénicol-Acétyl-Transférase
Clcr
Clairance à la créatinine
coll.
Collaborateurs
CosIng
Base de données européenne relative aux ingrédients et substances
cosmétiques (Cosmetic Ingredients database)
DFG
Débit de Filtration Glomérulaire
DFO
Déféroxamine
DGCCRF
Direction Générale de la Consommation, de la Concurrence et de la
Répression des Fraudes
Dtpolio
Diphtérie-Tétanos-Poliomyélite (vaccin)
EPO
Erythropoïétine
ER α et ER β
Récepteurs aux Œstrogènes
ERE
Elément de Réponse aux Estrogènes
FDA
GERMMAD
GF-AAS
+
H
Food and Drug Administration (Agence américaine des produits alimentaires
et médicamenteux)
Groupe d'Etude et Recherche sur les Maladies Musculaires Acquises et
Dysimmunitaires
Spectrométrie d'absorption atomique sans flamme
Proton
5
Hb
Hémoglobine
HLA
Human Leucocytes Antigen
ICP-AES
Spectrométrie d'émission atomique par couplage inductif
ICP-MS
Spectrométrie de masse par couplage inductif
ID
Intradermique
IM
Intramusculaire
InVS
Institut de Veille Sanitaire
IPP
Inhibiteur de la Pompe à Protons
IV
Intravasculaire
+
K
Ion potassium
LCR
Liquide Céphalo-Rachidien
MA
Maladie d'Alzheimer
MFM
Myofasciite à Macrophages
Na/K ATPase
Pompe sodium-potassium (protéine)
Na+
Ion sodium
NC
Non communiqué
NFT
Enchevêtrement neurofibrillaire
NOAEL
No Observed Adverse Effect Level
OMS
Organisation Mondiale de la Santé
PAS
Periodic Acid Schiff (coloration utilisée en microbiologie)
pH
Potentiel hydrogène
PMIC
Podesta-Marty International Consultants (centre de recherches en
dermocosmétique)
RMN
Résonnance Magnétique Nucléaire
ROR
Rougeole-Oreillons-Rubéole (vaccin)
SAA-ET
Spectrométrie d'absorption atomique électrothermique
SC
Sous-cutanée
SEP
Sclérose En Plaques
SGB
Syndrome de Guillain-Barré
SNC
Système Nerveux Central
T2, T3, T4, T5
Ganglions sympathiques thoraciques
VGM
Volume Globulaire Moyen
VHB
Virus de l'Hépatite B
VIH
Virus de l’Immunodéficience Humaine
VS
Vitesse de Sédimentation
6
Unités utilisés :
%
µg/kg
µg/kg/j
µg/L
µmol
µmol/L
g
g/dL
kg
kW/h
M (mol/L)
mg
mg/j
mL/min/1,73m²
Pourcent
Microgramme par kilogramme
Microgramme par kilogramme et par jour
Microgramme par litre
Micromole
Micromole par litre
Gramme
Gramme par décilitre
Kilogramme
Kilowatt par heure
Mole par litre
Milligramme
Milligramme par jour
Millilitre par minute par surface corporelle
7
TABLE DES FIGURES
Figure 1 : Particule allongée dans une nécrose. ...................................................................22
Figure 2 : Aluminium présent dans les macrophages ...........................................................23
Figure 3 : Biopsie musculaire d'une myofasciite à macrophages ..........................................25
Figure 4 : Effet du pH sur le pourcentage d'aluminium ionisé ...............................................34
Figure 5 : Evolution de différents paramètres sanguins lors de la dialyse .............................39
Figure 6 : Sections d'os trabéculaires de rats .......................................................................42
Figure 7 : Sections osseuses d'un patient observées selon différentes techniques ..............44
Figure 8 : Aspect microscopique de biopsies osseuses de chiot ..........................................45
Figure 9 : Circuit de traitement de l'eau potable avant son utilisation en dialyse ...................48
Figure 10 : Différents dispositifs d'épuration finale de l’eau ..................................................49
Figure 11 : Localisation de l'aluminium dans les neurones ...................................................60
Figure 12 : Localisation des glandes sudoripares dans une coupe de peau .........................67
Figure 13 : L'obstruction des pores par un scotch n’empêche pas la libération de sueur ......69
Figure 14: Intensification des motifs des pores .....................................................................69
Figure 15 : Localisation des quadrants des seins .................................................................75
Figure 16 : Séance d'ionophorèse palmaire..........................................................................83
Figure 17 : Injection intradermique de toxine botulique A au niveau axillaire ........................83
TABLE DES TABLEAUX
Tableau I : Classification des vaccins disponibles en France en fonction de la nature de
l'antigène vaccinal. ...............................................................................................................14
Tableau II : Sels d'aluminium et leurs quantités dans les vaccins commercialisés en France. .
.............................................................................................................................................16
Tableau III : Pourcentages d'Al3+ en fonction du sel d'aluminium administré. ........................18
Tableau IV : Spécialités contenant de l'aluminium commercialisées en France ....................53
Tableau V : Principaux sels d'aluminium entrant dans la composition des médicaments ......55
Tableau VI : Différents sels d'aluminium utilisés dans les déodorants et les antisudoraux ....70
Tableau VII : Les différents sels d'aluminium et leur rôle dans les produits cosmétiques. .....87
Tableau VIII : Composés d'aluminium utilisés dans les produits cosmétiques ......................88
Tableau IX : Teneurs maximales autorisées dans chaque catégorie de produits. .................88
8
INTRODUCTION
L’aluminium est symbolisé par les lettres « Al » dans le tableau périodique des éléments. Il
s’agit d’un métal gris argenté, brillant dont le numéro d’enregistrement auprès de la banque
de données de Chemical Abstracts Service (CAS) est le 7429-90-5. L’aluminium est l’un des
métaux les plus abondants sur Terre. Il représente 8% de l’écorce terrestre. Il est présent
dans la nature principalement associé à la silice, mais également sous forme d’oxyde.
L’extraction à but commercial de ce métal est réalisée à partir d’un minerai rouge : la bauxite.
Celle-ci est constituée de 40 à 60% d’alumine qui est un intermédiaire dans la production
d’aluminium. D’abord, la bauxite est traitée par une solution de soude caustique en autoclave
à température et pression élevées. L’hydrate obtenu est ensuite cristallisé puis calciné pour
obtenir l’alumine. Enfin, l’alumine subit une électrolyse pour conduire à l’aluminium. Suivant
son utilisation, l’aluminium pourra être fondu et moulé sous forme de lingots, de blocs, de
feuilles, de plaques ou de fils. La production d’aluminium n’est pas très rentable. Quatre
tonnes de bauxite permettent l’obtention de deux tonnes d’alumine et d’une tonne
d’aluminium seulement. De plus, elle nécessite une importante quantité d’énergie électrique :
13000kW/h par tonne d’aluminium produite. Cette technique de fabrication est la seule
encore utilisée. Cependant, grâce à sa capacité à être refondu, un tiers de l’aluminium
produit dans le monde l’est par recyclage de l’aluminium existant.1, 2, 3, 4
Sous cette forme métallique, il est utilisé pur ou sous forme d’alliages (magnalium, bronze
d’aluminium, …) utilisés dans la construction, l’industrie des transports (automobiles, avions,
trains…), les ustensiles de cuisine, les contenants et emballages, les panneaux de
signalisation, les clôtures, etc. Il est également utilisé sous forme de feuille pour la
conservation des aliments, et sous forme de poudre dans certaines peintures, dans la
composition des feux d’artifice et en pyrotechnie. En effet, ses propriétés physico-chimiques
rendent son utilisation intéressante : il est à la fois léger, malléable, inaltérable par l’eau et
l’air, conducteur de chaleur et d’électricité.1, 2, 3, 4, 5, 6
Il en existe plusieurs dérivés dont les propriétés sont tout aussi utiles et conduisent à leur
utilisation dans de nombreux secteurs d’activités. Nous nous intéresserons aux principaux
dérivés aluminiques utilisés dans les deux domaines qui concernent le plus les
pharmaciens : la thérapeutique et la cosmétique. Certains sont présents naturellement dans
les minéraux. L’oxyde d’aluminium ou alumine (Al2O3 , n°CAS : 1344-28-1) est retrouvé dans
la bauxite, la boéhmite, la gibbsite, le diaspore… Cette poudre cristalline blanche constitue,
comme nous l’avons vu précédemment, une étape dans la production de l’aluminium métal.
Le phosphate d’aluminium (AlPO4, n°CAS : 7784-30-7) se présente également sous forme
9
d’une poudre blanche, mais il est présent dans l’angélite, la lucinite... L’hydroxyde
d’aluminium (Al(OH)3 , n°CAS : 21645-51-2) se présente sous forme de solide cristallisé ou
d’une poudre amorphe. Il est obtenu directement à partir de la bauxite par dissolution du
minerai dans une solution d’hydroxyde de sodium. L’hydroxyde d’aluminium ainsi obtenu est
ensuite précipité par autoprécipitation ou par neutralisation de l’aluminate de sodium formé
avec du dioxyde de carbone. Le sulfate d’aluminium (Al2(SO4)3 , n°CAS : 10043-01-3) se
présente sous forme de solide cristallisé, de poudre, ou encore de granules blancs. Il est
obtenu par réaction d’acide sulfurique avec soit de l’hydroxyde d’aluminium, soit de la
bauxite, soit du kaolin. Puis le produit obtenu est évaporé et cristallisé. L’alun de potassium
(K Al(SO4)2 , n°CAS : 10043-67-1) est un sulfate d’aluminium et de potassium. C’est un
solide cristallisé incolore, inodore, transparent, dur, obtenu par réaction de la bauxite avec de
l’acide sulfurique, puis avec du sulfate de potassium. L’hydroxychlorure d’aluminium ou
chlorhydrate d’aluminium (Al2Cl(OH)5 , n°CAS : 1327-41-9) est un solide cristallisé obtenu
par électrolyse de solutions de sels d’aluminium chlorés. Le nitrate d’aluminium (Al(NO3)3 ,
n°CAS : 13473-90-0) est un solide cristallisé blanc à déliquescence rapide en milieu humide
obtenu par dissolution de l’aluminium ou de l’hydroxyde d’aluminium dans de l’acide nitrique
dilué, puis par cristallisation. Le chlorure d’aluminium (AlCl3 , n°CAS : 7446-70-0) est un
solide cristallisé blanc, gris ou jaune-verdâtre obtenu à une température comprise entre 670
et 850°C, lors d’une réaction de l’acide chlorhydrique avec de l’aluminium fondu. Le
sucralfate (C12H54Al16O75S8, n°CAS : 54182-58-0) est un sulfate d’aluminium et de sucrose se
présentant sous forme d’une poudre blanche amorphe. Le kaolin (H2Al2Si2O8.H2O , n°CAS :
1332-58-7) est un silicate d’aluminium hydraté. C’est une poudre blanche ou blanc-jaunâtre,
qui devient onctueuse avec l’humidité. Elle est obtenue par entrainement du sable dans un
courant d’eau.1, 4, 7
Le dosage de l’aluminium dans les prélèvements biologiques est rendu délicat par son
omniprésence et les risques de contamination qui en découlent lors de son prélèvement, de
sa conservation et de son analyse. En effet, l’aluminium est présent à la fois dans l’air
ambiant, les réactifs et les ustensiles. L’emploi de bouchons ou de tubes en matière
plastique, en quartz ou en téflon, la décontamination du matériel par de l’acide nitrique et le
travail en salle blanche permettent de limiter la contamination. L’aluminium total est dosé en
routine par les techniques suivantes. La spectrophotométrie d’absorption atomique sans
flamme (GF-AAS), appelée également spectrométrie d’absorption atomique électrothermique
(SAA-ET) utilise un four à graphite pour les étapes de déshydratation, de minéralisation,
d’atomisation pour porter l’aluminium à l’état de vapeurs atomiques et de pyrolyse pour
décontaminer le four en fin de dosage. La spectrométrie d’émission atomique par plasma à
couplage inductif (ICP-AES) repose sur l’excitation et l’ionisation de l’aluminium par le
10
plasma d’argon (gaz partiellement ionisé), puis la mesure de l’intensité des raies lumineuses
émises par les atomes excités ainsi obtenus qui émettent une radiation en revenant à leur
état fondamental. La spectrométrie de masse par plasma à couplage inductif (ICP-MS)
repose sur l’excitation de l’aluminium par un plasma, puis la séparation des composés
obtenus selon leur masse avec un spectromètre de masse. Cette technique permet parfois
de séparer les différents isotopes. Elle est d’une grande sensibilité, mais elle est très
coûteuse, ce qui limite son utilisation en routine. L’aluminium présente un isotope radioactif
de longue demi-vie, l’26Al, qui peut être utilisé pour les dosages et le suivi dans l’organisme
de l’aluminium administré.2, 4, 5, 6, 8
L’aluminium n’est pas présent de manière naturelle chez l’Homme et ne participe à aucune
fonction essentielle connue. Il est donc susceptible de conduire à une intoxication en cas
d’exposition. Des chélateurs de l’aluminium ont été identifiés et peuvent être utilisés dans ce
cas. Un chélateur est un composé formant un complexe avec le métal en se liant à celui-ci
par au moins deux liaisons. Le complexe ainsi formé est soluble, stable, non toxique et sera
facilement éliminé par les reins. Ceci réduit l’accumulation du métal dans l’organisme et par
conséquent sa toxicité. Tous les chélateurs d’aluminium connus sont également des
chélateurs du fer, car ces deux métaux présentent des ressemblances structurales. Les deux
chélateurs de l’aluminium les plus utilisés sont la déféroxamine et la défériprone.8, 9
Depuis plusieurs années, les effets de l’aluminium sur la santé ont été au centre des
préoccupations de la population, des professionnels de santé, des scientifiques et des
autorités. Les médias se sont emparés de ce sujet à travers des reportages télévisés et des
articles de presse, semant le doute dans la tête des consommateurs. Les effets indésirables
de l’aluminium ont alors fait l’objet de nombreuses études scientifiques. Et les autorités ont
été amenées à réévaluer le rapport bénéfices-risques de l’utilisation de ce métal et de ses
dérivés.
Ainsi, nous étudierons les effets de l’aluminium sur la santé lorsqu’il est présent en
thérapeutique (dans la plupart des vaccins, le liquide de dialyse et certains médicaments
administrés par voie orale) et en cosmétique (dans les anti-transpirants et les autres produits
cosmétiques). Pour chaque partie, nous commencerons par expliquer le rôle de l’aluminium
dans le produit et sa cinétique par la voie d’administration concernée. Ensuite, nous
réaliserons une revue de la littérature concernant ses effets indésirables. Enfin, nous
exposerons les alternatives qu’il est possible de mettre en place pour limiter son utilisation
ou ses effets adverses.
11
PARTIE
I:
PRÉSENCE
THÉRAPEUTIQUE
DE
L’ALUMINIUM
EN
La thérapeutique consiste à prévenir ou guérir les maladies, et à en limiter les symptômes.
Pour cela, les médicaments et d’autres moyens thérapeutiques sont utilisés. C’est alors que
la profession de pharmacien intervient. Nous allons donc étudier la présence d’aluminium
dans les médicaments oraux, les vaccins et le liquide de dialyse. Les deux premiers
représentent une grande partie des ventes en officine. Le liquide de dialyse quant à lui,
concerne plutôt les pharmaciens hospitaliers.
Il faut rappeler, qu’aucun médicament n’est dépourvu d’effet indésirable. En effet, chaque
médicament est accompagné d’une notice dans laquelle figure une liste plus ou moins
conséquente d’effets indésirables. Cependant, une Autorisation de Mise sur le Marché
(AMM) est nécessaire avant leur commercialisation afin de déterminer leur qualité, leur
sécurité et leur efficacité. Elle consiste en une série d’essais précliniques et cliniques afin de
déterminer les indications, les contre-indications et les effets indésirables du médicament.10
La commercialisation est suivie d’une surveillance continue, afin de mettre en évidence des
effets indésirables plus rares ou retardés par le biais des notifications spontanées de
pharmacovigilance.
Les
centres
de
pharmacovigilance
regroupent
les
différentes
déclarations d’effets indésirables et déterminent ensuite l’imputabilité, c'est-à-dire le lien
entre la prise médicamenteuse et les manifestations cliniques. Les vaccins étant classés
dans la catégorie des médicaments immunologiques, ils sont également soumis à l’AMM.
Mais une tolérance supérieure à celle des autres médicaments est exigée pour que la
stratégie vaccinale soit suivie et que les vaccins soient acceptés par la population. En effet,
la plupart des vaccinations sont recommandées voire obligatoires et sont destinées à une
population en bonne santé et souvent jeune (nourrissons et enfants), alors que les vaccins
ont un risque immédiat d’effets indésirables et un bénéfice généralement différé.11, 12, 13
12
CHAPITRE 1 : ALUMINIUM ET VACCINS
I.
L’ALUMINIUM, UN ADJUVANT UTILISÉ DANS LES VACCINS
1. PRINCIPE DE LA VACCINATION
La vaccination est pratiquée depuis sa découverte par Jenner à la fin du XVIIIème siècle et a
permis depuis de réduire l’incidence de certaines maladies et d’en éradiquer d’autres. C’est
une immunoprophylaxie spécifique qui consiste à introduire dans l’organisme, une
préparation antigénique d’origine bactérienne ou virale proche de l’agent infectieux
considéré. L’organisme développe alors une protection active spécifique contre cet agent,
avant toute exposition naturelle. En effet, l’antigène injecté stimule les réactions immunes
avec synthèse de lymphocytes T et B ce qui conduit à la production d’anticorps spécifiques à
un taux capable de neutraliser l’agent infectieux sans provoquer la maladie. Il induit
également la production de cellules mémoires qui permettront au système immunitaire de
réagir rapidement lors d’un contact avec l’agent par voie naturelle, avant même le
développement de la maladie.12, 14, 15, 16, 17
Il existe deux types de vaccins sur le marché : les vaccins vivants atténués et les vaccins
vivants inactivés. Les vaccins vivants atténués contiennent des antigènes non pathogènes,
sélectionnés par culture et administrés en petite quantité. Ce type de vaccin ne nécessite
pas de vaccination de rappel car les antigènes injectés sont capables de se multiplier dans
l’organisme pour produire une immunité protectrice au long cours. Cependant, les antigènes
étant vivants et seulement atténués, ces vaccins peuvent induire des symptômes de la
maladie qu’ils sont censés prévenir. Ce type de vaccin est utilisé contre les oreillons, la
rougeole, la rubéole, la varicelle, la fièvre jaune, et la tuberculose. [tableau I]. Les vaccins
vivants inactivés ou « inertes », quant à eux, introduisent dans l’organisme des
microorganismes entiers inactivés et purifiés ou des fractions immunogènes des
microorganismes obtenues par extraction ou génie génétique. Ceux-ci étant incapables de
se multiplier chez l’Homme, des doses de rappels sont nécessaires pour maintenir
l’immunité contre la maladie. Contrairement aux vaccins vivants atténués, ils sont exempts
de risque infectieux. Ils sont utilisés contre la grippe, la rage, la poliomyélite, les hépatites A
et B, l’encéphalite japonaise, l’encéphalite à tiques, la dengue, etc. [tableau I]. La plupart des
vaccins sont injectés par voie sous-cutanée (SC), par exemple le ROR, ou intramusculaire
(IM), par exemple le DTPolio, certains par voie intradermique (ID), par exemple le BCG, mais
jamais par voie intraveineuse (IV). Les vaccins peuvent également être administrés par voie
orale (rotavirus), ou nasale (grippe).11, 12, 16, 18
13
Tableau I : Classification des vaccins disponibles en France en fonction de la
nature de l'antigène vaccinal.18, 19
Inactivés
Vaccins
Vivants
atténués
Tuberculose
Bactériens
Viraux
Fièvre jaune
Oreillons
Rougeole
Rubéole
Varicelle
Fractions antigéniques
Polyosides
Protéines
Non
Conjugués
conjugués
Coqueluche Méningocoque Haemophilus b Coqueluche
Leptospirose Pneumocoque Méningocoque Diphtérie
Typhoïde
Pneumocoque Tétanos
Hépatite A
Grippe
Poliomyélite
Hépatite B
Papillomavirus
Rage
Encéphalite
à tiques
Encéphalite
japonaise
Germes
entiers
2. RÔLE DES ADJUVANTS
Les composants entrant dans la composition des vaccins sont de deux types. Il y a les
composants intentionnels, tels que l’antigène, les excipients (stabilisants, conservateurs,
etc.), les adjuvants, et les composants indésirables qui sont des résidus de production
persistant malgré la purification effectuée.18
Les adjuvants entrent dans la composition des vaccins dans le but de stimuler la production
d’anticorps par l’organisme. Ces adjuvants d’immunité permettent ainsi de réduire la quantité
d’antigènes par dose de vaccin, tout en maintenant une réponse vaccinale satisfaisante. De
plus, pour les vaccins viraux, ils élargissent le degré de protection en cas de souche virale
modifiée par mutation. Cette action est possible seulement s’ils sont injectés en même temps
que l’antigène. Celui-ci est absorbé sur l’adjuvant par liaison physique ce qui permet de le
maintenir à proximité du site d’injection et d’activer les cellules présentatrices d’antigènes
nécessaires à la réaction immune. Les adjuvants entrent uniquement dans la composition
des vaccins vivants inactivés, car les antigènes y sont incapables de se multiplier et de
produire une quantité suffisante d’anticorps.14, 16, 17, 18, 20
3. UTILISATION DES ADJUVANTS ALUMINIQUES
C’est en 1926 qu’ont été découvertes les propriétés adjuvantes des sels d’aluminium par
Glenny et coll. Ils se sont aperçus que les titres en anatoxines diphtériques dans le sérum
des animaux étaient largement augmentés lors de l’addition d’alun de potassium à
l’anatoxine en comparaison au même inoculum sans alun. La vaccination était donc rendue
plus efficace. Les mêmes résultats ont été mis en évidence chez l’Homme et c’est ainsi que
14
les sels d’aluminium sont entrés dans la composition de la plupart des vaccins, en
commençant par le vaccin diphtérique, puis tétanique. Depuis cette époque, deux sels
d’aluminium sont utilisés dans les vaccins : l’hydroxyde d’aluminium et le phosphate
d’aluminium.15
Au moment de la vaccination, les sels d’aluminium sont déposés au site d’injection, ce qui
permet à l’antigène vaccinal fixé dessus d’être libéré sur une période prolongée. Par leurs
activités immuno-modulatrices, ils permettent la différenciation des monocytes en cellules
dentritiques. Celles-ci présentent l’antigène aux lymphocytes T auxiliaires qui se différencient
à leur tour en Th2 et vont induire l’activation des lymphocytes B, puis la production
d’anticorps.15, 21
4. VACCINS CONTENANT DE L’ALUMINIUM
La majorité des vaccins du calendrier vaccinal français contiennent des sels d’aluminium
utilisés comme adjuvants. Les vaccins contenant de l’aluminium sont inscrits dans le [tableau
II].
5. QUANTITÉ D ’ALUMINIUM DANS LES VACCINS
Il est difficile de connaitre la quantité exacte d’aluminium dans les vaccins car les valeurs
varient selon les sources d’informations (notices pour consommateurs ou dossiers
scientifiques) et selon les pays. De plus, elle est tantôt indiquée en masse de sel
d’aluminium, tantôt en masse de métal Al3+ [tableau II].14, 15
Des expérimentations sur le devenir dans l’organisme, de l’aluminium inoculé ou ingéré ont
été menées. Suite à celles-ci, la Food and Drug Administration (FDA) a fixé à 0,85 mg la
quantité maximale autorisée d’adjuvant aluminique par dose de vaccin. La plupart des
vaccins utilisés dans le calendrier vaccinal français répondent à ces exigences, même si le
taux réel d’aluminium par dose varie entre 0 mg et 2,4 mg pour certaines combinaisons
vaccinales (Infanrix-quinta®, Infanrix-hexa®). Mais ces combinaisons permettent à la fois de
diminuer le nombre d’injections et d’inoculer une quantité d’adjuvant inférieure à celle qui
serait administrée par les vaccins correspondants injectés individuellement.15 Flarend et
coll.23 ont étudié l’influence de cette dose limite d’aluminium par vaccin chez des lapins, en
leur administrant une dose de 0,85 mg d’adjuvant. Celle-ci a entrainé une augmentation de
la concentration sanguine en aluminium. Par extrapolation, ils en ont déduit que, pour une
même dose administrée chez l’Homme, l’augmentation plasmatique serait de 0,8% de
l’aluminémie humaine normale.
15
Tableau II : Sels d'aluminium et leurs quantités dans les vaccins commercialisés en France.15, 19, 22
Sels
d’aluminium
Hydroxyde
d’aluminium
Phosphate
d’aluminium
Hydroxyde et
phosphate
d’aluminium
Sulfate
d’hydroxyphosphate
amorphe
d’aluminium
Spécialités
Indications vaccinales
Avaxim®
Cervarix®
Encepur®
Engerix B10®
Engerix B20®
Havrix® enfants
Havrix® adultes
Infanrix tetra®
Infanrix quinta®
Ixiaro®
MenBvac®
Menjugate®
Neisvac®
Pentavac®
Revaxis®
Tetravac-Acellulaire®
Ticovac®
Tyavax®
Vaccin Genhevac B Pasteur®
Vaccin Tétanique Pasteur®
Meningitec®
Pediacel®
Prevenar®
Repevax®
Boostrixtetra®
Hépatite A
Papillomavirus
Encéphalite à tiques
Hépatite B
Hépatite B
Hépatite A
Hépatite A
Diphtérie, tétanos, poliomyélite, coqueluche
Diphtérie, tétanos, poliomyélite, coqueluche, haemophilus influenza B
Encéphalite japonaise
Méningite à méningicoque B
Méningite à méningicoque C
Méningite à méningicoque C
Diphtérie, tétanos, poliomyélite, coqueluche, haemophilus influenza B
Diphtérie, tétanos, poliomyélite
Diphtérie, tétanos, poliomyélite, coqueluche
Méningo-encéphalite à tiques
Hépatite A, typhoïde
Hépatite B
Tétanos
Méningite à méningocoque du groupe C
Diphtérie, tétanos, poliomyélite, coqueluche, haemophilus influenza B
Pneumonie à pneumocoque
Diphtérie, tétanos, poliomyélite, coqueluche
Diphtérie, tétanos, poliomyélite, coqueluche
Infanrix hexa®
Diphtérie, tétanos, poliomyélite, coqueluche, haemophilus influenza B, hépatite B
Twinrix® enfants
Hépatite A, hépatite B
Twinrix® adultes
Hépatite A, hépatite B
Gardasil®
Hbvaxpro 5®
Hbvaxpro 10®
Papillomavirus
Hépatite B
Hépatite B
NC : Non communiqué
Quantités d’aluminium
0,30 mg Al
3+
0,50 mg Al
3+
0,30-0,40 mg Al
3+
0,25 mg Al
3+
0,50 mg Al
3+
0,25 mg Al
3+
0,50 mg Al
3+
0,50 mg Al
0,95 mg Al
NC
NC
3+
0,30-0,40 mg Al
3+
0,50 mg Al
3+
0,30 mg Al
0,35 mg d’Al hydroxyde
3+
0,30 mg Al
NC
0,30 mg Al
NC
0,60 mg Al
3+
0,125 mg Al
NC
0,125 mg Al
0,33 mg Al
3+
0,30 mg Al (hydroxyde)
3+
0,20 mg Al (phosphate)
3+
0,95 mg Al (hydroxyde)
3+
1,45 mg Al (phosphate)
3+
0,025 mg Al (hydroxyde)
3+
0,2 mg Al (phosphate)
3+
0,050 mg Al (hydroxyde)
3+
0,4 mg Al (phosphate)
3+
0,22 mg Al
3+
0,25 mg Al
3+
0,50 mg Al
et
et
+
+
Flarend et coll.23 en ont conclu que l’apport aluminique par les vaccins n’a pas une influence
significative par rapport à celui des autres sources. En effet, si toutes les vaccinations sont
prises en compte, y compris les rappels, une personne reçoit 15 mg d’aluminium sur sa vie
entière, soit environ l'équivalent de 2 jours d'apport par voie alimentaire.15
Cependant, en France, comme dans les autres pays développés, les enfants reçoivent une
dizaine de vaccins dans les deux premières années de leur vie. Ces injections étant
relativement rapprochées, le risque d’accumulation de l’aluminium dans l’organisme est
important, car il n’a pas le temps d’être éliminé suffisamment. Les nourrissons de moins de 6
mois reçoivent ainsi plus d’aluminium parentéral que le seuil de sûreté fixé par la FDA. Si les
recommandations vaccinales sont suivies, l’exposition est 15 à 49 fois supérieure à ce
seuil.14,
18, 24
Dans leur étude portant sur les nouveau-nés prématurés, Bishop et coll. ont
montré des effets sur le développement neurologique en cas d’exposition parentérale à
l’aluminium dès 20 µg/kg de masse corporelle pendant plus de 10 jours. Aussi la FDA a-t-elle
fixé un nouveau seuil pour les prématurés et les individus insuffisants rénaux en 2004. Celuici est situé entre 4 et 5 µg/kg/jour. Mais la FDA précise que même à des doses inférieures,
les patients ne seraient pas à l’abri d’une toxicité sur le Système Nerveux Central (SNC) et la
moelle osseuse. Aucune limite maximale, qui serait sans risque, n’a encore réellement été
définie.24
II.
LES EFFETS DE L’ALUMINIUM PRÉSENT DANS LES VACCINS
1. CINÉTIQUE DE L’ALUMINIUM SUITE À LA VACCINATION
En 1997, Flarend et coll.23 ont étudié la cinétique des sels d’aluminium vaccinaux chez des
lapins en leur injectant soit de l’hydroxyde d’aluminium, soit du phosphate d’aluminium par
voie intramusculaire. Ensuite, ils ont dosé l’aluminium dans différents prélèvements. Ils ont
ainsi montré que l’aluminium est présent dans le sang dès la première heure après l’injection
des deux adjuvants, puis qu’il se maintient en plateau à un niveau bas. La distribution
tissulaire est équivalente dans les différents tissus prélevés. Et seulement 17% de la dose
injectée est éliminée dans les urines au bout des 28 jours d’étude. Cependant, l’absorption
d’aluminium est trois fois supérieure avec le phosphate qu’avec l’hydroxyde d’aluminium, le
dépôt d’aluminium est plus important avec le phosphate et l’élimination urinaire est plus lente
pour l’hydroxyde que pour le phosphate d’aluminium. [tableau III]. Ceci explique pourquoi
l’hydroxyde d’aluminium est l’adjuvant le plus utilisé des deux dans les vaccins du calendrier
vaccinal français.
17
Tableau III : Pourcentages d'Al3+ en fonction du sel d'aluminium administré.23
Pourcentage d’Al3+ provenant de :
Hydroxyde d’aluminium
Phosphate d’aluminium
Injecté
100
100
Passant dans le sang
17
51
Eliminé par les urines
6
22
Retenu à l’endroit d’injection
83
49
Distribué dans les organes
11
29
L’étude de la cinétique des adjuvants aluminiques chez le nourrisson par Keith et coll.25 a
montré que les pics d’aluminium causés par les vaccinations sont toujours inférieurs à la
dose toxique minimale ou juste équivalente à celle-ci.
Une hypothèse a été formulée par Authier et Gherardi
26
quant à la présence de l’aluminium
dans les lésions post-vaccinales tant au niveau musculaire [voir Partie I, chap. 1, II.2.c.] que
lymphoïde [voir Partie I, chap. 1, II.2.b.]. L’aluminium injecté serait partiellement solubilisé
dans le milieu interstitiel par les acides faibles qui y sont présents. Puis, une partie de
l’aluminium migrerait vers les ganglions lymphatiques, ce qui activerait la réponse
immunitaire. L’autre partie resterait accumulée au site d’injection du vaccin : soit le muscle,
soit le tissu lymphoïde en fonction du type d’administration (respectivement, intramusculaire
ou sous-cutané).
2. EFFETS INDÉSIRABLES DUS À L’ALUMINIUM PRÉSENT DANS LES VACCINS
Certains effets indésirables des vaccins sont communs à un grand nombre d’entre eux et
sont dus à leurs composants, excepté l’aluminium. Dans les heures suivant l’administration,
des réactions inflammatoires locales au site d’injection, avec douleur, chaleur, rougeur et
œdèmes, liés à la présence d’antigènes apparaissent. Un syndrome inflammatoire général
avec fièvre, malaise, céphalées, myalgies et courbatures, liés à la libération d’interleukines
lors de la réaction immunitaire, peut aussi être observé. Des réactions allergiques liées à la
plupart des composants du vaccin, tous plus ou moins immunogènes (latex dans les
protège-aiguilles, œuf dans le milieu de culture, conservateurs, etc.) peuvent l’être
également. La fréquence et la sévérité des réactions inflammatoires locales et générales
sont réduites par l’utilisation d’adjuvants aluminiques. Cependant, l’aluminium serait impliqué
dans des effets indésirables supplémentaires à ceux précités.18, 27
18
a. Maladies auto-immunes
Les maladies auto-immunes résultent de la rupture de la tolérance au soi de l’organisme.
Cette rupture entraîne des lésions cellulaires ou tissulaires induites par les lymphocytes T
et/ou B qui produisent des auto-anticorps spécifiques d’auto-antigènes. Ces maladies sont
d’origine multifactorielle (infectieuse, physicochimique, traumatique, hormonale, génétique…)
et souvent d’étiologie inconnue.28 Le rôle de la vaccination dans l’apparition de certaines
maladies auto-immunes telles que le diabète de type I, la sclérose en plaque (SEP), le lupus
et bien d’autres, a fait l’objet de nombreuses études.
En ce qui concerne le lien entre le diabète de type I et les vaccinations chez les jeunes
enfants, une étude a été menée. Elle a montré une augmentation du risque de diabète de
type I chez les enfants ayant été vaccinés contre l’hémophilus, la coqueluche, par le ROR ou
le DTpolio. Mais rien ne prouve que l’aluminium en est l’origine. D’autant qu’il est absent des
vaccins ROR.29
Le lien entre la SEP et le vaccin contre le virus de l’hépatite B (VHB) a, quant à lui, été plus
souvent étudié, notamment suite à la publication d’une étude de cas de démyélinisation
déclarés quelques semaines après l’injection de ce vaccin 30, mais aussi à cause de la vague
de vaccinations contre le VHB à la fin des années 1990 et de la recrudescence de
nombreuses maladies à cette période. Cependant aucun lien statistique significatif n’a été
montré dans les études de cette époque.31 Seuls Hernan et coll.32 en a montré un dans leur
étude. Ils ont observé que parmi les cas de SEP, le pourcentage de patients ayant été
vaccinés contre le VHB était plus important que celui des témoins. Mais ce lien a été
considéré comme non significatif par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) compte
tenu des biais possibles.31 L’audition publique de novembre 2004
33
, concernant le lien entre
la SEP et le vaccin VHB a conclu à un bénéfice supérieur au risque dans le cas des
vaccinations chez les adultes à risque et elle n’a pas remis en cause ce rapport bénéficerisque chez les nourrissons, enfants et adolescents. Comme pour le lien entre vaccin et
diabète, le rôle de l’aluminium n’est toutefois pas démontré dans l’apparition d’une SEP.
Les cas de lupus suite à une vaccination VHB publiés ou rapportés en pharmacovigilance
sont peu nombreux. Certains auteurs supposent que le vaccin induirait le lupus par le biais
des antigènes HBs. Cet antigène a été retrouvé dans le sérum d’une partie des patients
atteints de lupus dans l’étude de Alorcon-Segovia et coll.34, alors qu’il était absent chez les
témoins diabétiques ou sains. Parfois, la présence d’antigène devenait négative ou oscillait
entre positivité et négativité sans raison apparente entre les différents échantillons prélevés
chez un même patient. Mais des études plus récentes, utilisant des méthodes de détection
plus performantes, ont montré que l’infection par le VHB n’aggrave pas le lupus, et qu’elle
19
est même liée à une présence plus faible de signes cliniques. Cependant, les cas publiés de
lupus après vaccination contre l’hépatite B montrent un délai moyen d’apparition de 14
jours.35 Aucun lien n’a été prouvé entre le vaccin VHB et le lupus, donc aucun non plus entre
cette maladie et l’aluminium.
Parmi les épisodes infectieux viraux ou bactériens siégeant dans les voies respiratoires ou
digestives, la grippe est considérée comme l’un des facteurs de risque du Syndrome de
Guillain-Barré (SGB). Ainsi, l’impact de la vaccination grippale dans l’apparition de la maladie
a été évoqué pour la première fois lors d’une grande campagne de vaccination aux EtatsUnis. Le risque d’association a alors été estimé à 1 cas pour 100 000 vaccinés. Cependant,
le vaccin utilisé à cette période ne contenait pas d’adjuvant, ce qui innocente l’aluminium. Le
vaccin grippal étant modifié chaque année pour s’adapter au virus, l’équipe de Geier et coll.36
a étudié l’influence du vaccin sur l’apparition du SGB sur plusieurs années consécutives.
Ces chercheurs n’ont montré aucune différence significative d’une année à l’autre. Par
contre, en comparant des vaccins grippaux de plusieurs fabricants, ils ont observé une
différence de risque en fonction du vaccin utilisé. En comparant deux groupes de patients
atteints, dont l’un avait été vacciné contre la grippe et l’autre contre la diphtérie, le tétanos et
la poliomyélite, ils ont montré une incidence de la maladie plus importante chez les patients
ayant subi une vaccination antigrippale. L’étude de Souayah et coll.37 a porté sur l’impact de
toutes les vaccinations, et pas seulement celle contre la grippe. Le vaccin contre la grippe
s’est avéré le premier responsable du SGB. Le vaccin contre l’hépatite B est arrivé en
deuxième position, suivi du DTpolio, puis du vaccin anti-pneumococcique polyvalent et du
ROR. Ce dernier est pourtant souvent incriminé lors d’une association à un autre vaccin.
Ceci suggère donc que le vaccin antigrippal n’est pas le seul vaccin responsable du SGB et
que l’aluminium n’en est pas non plus la cause.
Comme cela a été dit précédemment, les maladies auto-immunes sont multifactorielles. Elles
peuvent être d’origine infectieuse. Ainsi, il est logique de penser qu’un vaccin peut être à
l’origine d’une maladie auto-immune, d’autant que les études citées précédemment vont plus
ou moins dans ce sens. De nombreux mécanismes ont été supposés pour qu’une infection
rompe la tolérance au soi de l’organisme et conduise ainsi à une maladie auto-immune. Tout
d’abord, le mimétisme moléculaire selon lequel il y aurait une réaction croisée entre un
antigène infectieux et un auto-antigène. Lors d’une infection, le tissu atteint libèrerait des
auto-antigènes séquestrés de façon considérable, ceux-ci seraient ensuite présentés à des
lymphocytes B ou T n’ayant jamais rencontré leurs auto-antigènes. Les super-antigènes
exprimés par les agents infectieux pourraient également être impliqués en activant les
lymphocytes T de manière non spécifique. En plus de ces mécanismes, il a été suggéré que
20
la vaccination pourrait intervenir par diminution de l’exposition naturelle aux infections et par
modification de l’équilibre de la flore commensale.38, 39, 40
Cependant, il devient alors évident que la susceptibilité génétique intervient également dans
le phénomène, puisque le taux de maladies auto-immunes est moindre par rapport au taux
de vaccinations. De plus, elle est suspectée comme étant l’une des origines multifactorielles
de ces maladies comme le suggèrent les maladies auto-immunes familiales.38 Il existe aussi
des mécanismes permettant d’éviter l’évolution de chaque infection vers la maladie autoimmune : contrôle de l’émergence des clones auto-réactifs par des cellules régulatrices,
mécanismes homéostatiques limitant l’expansion incontrôlée des lymphocytes T autoréactifs, élimination naturelle des cellules T présentant des récepteurs de haute affinité pour
des antigènes autologues. Ceci explique aussi cette différence de taux.40
Des expérimentations sur modèles animaux ont permis de découvrir le rôle des adjuvants
vaccinaux dans les réactions auto-immunes et de supposer qu’ils pourraient être impliqués
également chez l’Homme. La vaccination d’animaux nouveau-nés prédisposés au diabète a
montré une augmentation de l’incidence de la maladie. Chez de jeunes chiens, la
vaccination a conduit à la production de plusieurs auto-anticorps différents dont certains sont
associés au lupus. Les scientifiques ayant analysé ces études ont suggéré que ces
adjuvants avaient peut être un rôle lors d’une co-exposition avec un agent infectieux ou
d’autres adjuvants, comme c’est le cas lors d’une vaccination.41 De plus, les adjuvants tels
que l’aluminium pourraient exprimer des molécules anti-apoptotiques, lors d’une persistance
longue dans les cellules présentatrices d’antigène, ce qui favoriserait l’induction d’une autoimmunité. Le stress oxydant et la peroxydation lipidique induits par l’aluminium pourraient
aussi être impliqués dans le développement d’une auto-immunité.26
A ce jour, le rôle de la vaccination dans l’apparition des maladies auto-immunes n’est pas
certain en raison d’une faible quantité d’études et de l’absence de lien causal démontré. Le
rôle de l’aluminium en tant qu’adjuvant l’est encore moins, bien qu’il ait souvent été incriminé
puisqu’il est présent dans tous les vaccins contre l’hépatite B et de nombreux autres vaccins,
et malgré des études expérimentales qui ont conduit à penser qu’il était responsable de
certaines maladies auto-immunes chez l’Homme.
21
b. Nodules cutanés post-vaccinaux
Les manifestations cutanées (toxidermies) sont les effets indésirables des médicaments
faisant le plus l’objet de déclarations aux centres de pharmacovigilance. Certaines
toxidermies peuvent être exclusivement d’origine médicamenteuse et d’autres peuvent avoir
des causes diverses.42
De nombreuses masses palpables ont été rapportées après des vaccinations. Certains de
ces nodules post-vaccinaux surviennent dans un délai court et sont spontanément résolutifs
en quelques semaines. D’autres apparaissent tardivement et persistent plus longtemps.
L’étude de ces derniers a révélé deux types de granulomes et la présence d’aluminium au
site d’injection. Chong et coll. ont décrit quatre formes différentes de nodules post-vaccinaux
présentant toutes des macrophages à granulations cytoplasmiques basophiles qui
constituent un élément clé du diagnostic.43
Bordet et coll.44 ont étudié trois nodules survenus moins d’un mois après l’injection du
Tétracoq®, chez des jeunes enfants. Ils étaient localisés au niveau de la fesse, de la cuisse
ou du dos, qui sont potentiellement des sites d’injection du vaccin. L’examen histologique
des nodules a mis en évidence une réaction inflammatoire granulomateuse avec présence
de particules allongées dans des zones de nécrose. Pour identifier ces particules, ils ont
utilisé de nombreuses colorations qui se sont toutes avérées négatives et ont ainsi démontré
l’absence de micro-organismes (bactéries dont les Bacilles Acido-Alcoolo Résistants (BAAR)
et champignons). La méthode du solochrome cyanine qu’ils ont testée ensuite les a coloré
en mauve et a mis en évidence des particules d’aluminium dans ces granulomes nécrosants
post-vaccinaux. [figure 1]
Figure 1 : Particule allongée dans une nécrose.44
Croce et coll.43, quant à eux, ont étudié le cas d’un pseudo-lymphome chez une femme qui
présentait un nodule sous-cutané sur la face externe de la cuisse depuis plus d’un an. Elle
22
avait été vaccinée successivement contre l’hépatite B (Genhevac B ® Pasteur) et contre la
diphtérie, le tétanos et la poliomyélite (Revaxis®). Ces deux vaccins contiennent un adjuvant
aluminique. L’examen anatomopathologique du nodule a mis en évidence un tissu
majoritairement lymphoïde, avec des amas de macrophages interfolliculaires à cytoplasme
basophile granuleux. La coloration de Morin (méthode permettant de révéler de nombreux
métaux dont l’aluminium) effectuée ensuite, était positive avec mise en évidence de
granulations fluorescentes pouvant correspondre à de l’aluminium [figure 2].
Figure 2 : Aluminium présent dans les macrophages mis en évidence par la
coloration de Morin.43
Dix cas de granulomes post-vaccinaux apparus sur la face externe du bras des patients ont
été étudiés par Lafaye et coll.45 Des lymphocytes et des macrophages à cytoplasme
basophile et floconneux y ont été observés. Ils ont utilisé des granulomes non vaccinaux
comme témoins, pour lesquels la coloration de Morin était négative, alors qu’elle montrait
des particules fluorescentes dans les formes post-vaccinales. Toutes les autres causes
possibles de nodules avaient été éliminées dans cette étude.
Les granulomes, comme toutes les autres toxidermies, peuvent avoir des origines multiples
(pénétration d’un corps étranger, d’un agent chimique, d’un médicament ou d’un germe).43, 44
Les trois études précédentes ont mis en évidence, par des méthodes différentes, la
présence d’aluminium dans des nodules hypodermiques, présents au niveau du site
d’injection, apparu à plus ou moins court terme après une vaccination et les autres causes
étant écartées. De plus, l’une d’entre elles à montré que l’aluminium était absent des nodules
non vaccinaux. Ceci serait en faveur d’une origine vaccinale de la présence d’aluminium
dans les nodules observés. Ainsi, les adjuvants aluminiques seraient la cause des
granulomes post-vaccinaux.
Cependant, un cas d’érythème noueux induit par le vaccin Gardasil® a été décrit par
Longueville et coll.46 Une adolescente a présenté des lésions nodulaires érythémateuses
douloureuses, au niveau des membres inférieurs, après la deuxième injection du vaccin. La
régression a été rapide et totale suite à un repos et un traitement par antalgique de palier I.
23
Une manifestation similaire est apparue après la troisième injection. L’imputabilité d’un
composant du Gardasil® est vraisemblable au vu de cette récidive et compte tenu du fait que
les auteurs de ce travail ont infirmé les causes fréquentes d’érythème noueux. Ils précisent
qu’ « il est difficile actuellement de savoir si cela est lié au mode de production vaccinale sur
levures, à l’adjuvant, aux excipients ou aux pseudo-particules virales ». Il reste donc à
étudier l’éventuelle imputabilité de l’aluminium utilisé comme adjuvant, dans cette forme de
panniculite post-vaccinale, puisque les nodules se situent aux membres inférieurs
(localisation habituelle de l’érythème noueux) et non au site d’injection comme dans les cas
précédents. Il a également été montré que des érythèmes noueux similaires peuvent être
induits par certains vaccins, comme les vaccins anti-hépatite B, antituberculeux, ou contre la
fièvre typhoïde.
D’après la littérature, ces nodules seraient d’origine soit immuno-allergique, soit toxique.
Certaines études sont en faveur d’une origine immuno-allergique. Forgeron et coll.47 ont
réalisé des tests cutanés chez trois enfants ayant des nodules sous-cutanés apparus après
une vaccination. Ces trois tests se sont avérés en faveur d’une hypersensibilité à
l’aluminium. Mais rien ne prouve que celle-ci soit responsable des nodules. Le même type
d’étude a été réalisé par Bergfors et coll.48 L’injection d’un vaccin contenant de l’aluminium a
provoqué des nodules sous-cutanés chez quelques enfants étudiés et le patch-test réalisé
chez ceux-ci était positif dans la plupart des cas. Ainsi, l’hypersensibilité à l’aluminium ne
peut pas être incriminée dans tous les nodules sous-cutanés. D’autres études s’orientent
plutôt vers une origine toxique, avec activation non spécifique des cellules de l’inflammation.
C’est le cas de l’étude de Gold et coll.49 qui a montré que seuls 10% des enfants étudiés,
présentant une réaction potentiellement allergique, ont récidivé au moment du rappel
vaccinal et que cette récidive était, dans la plupart des cas, différente de la réaction à la
première injection. L’absence d’anticorps spécifique dans le sérum, lors d’une réaction
cutanée locale suite à l’injection d’un vaccin contenant des taux élevés d’anatoxines et/ou
d’hydroxyde d’aluminium, semble également être en faveur d’une inflammation non
allergique liée à des doses élevées d’aluminium ou de composants microbiens.50 De plus,
une corrélation positive et significative a été montrée, à la fois chez l’animal et chez
l’Homme, entre la concentration d’aluminium in situ et les caractéristiques des nodules
(fréquence et taille), ce qui impliquerait une réaction inflammatoire non spécifique à corps
étranger.51
24
c. Myofasciite à macrophages
La première découverte de la myofasciite à macrophages (MFM) par le Groupe d’Etude et
Recherche sur les Maladies Musculaires Acquises et Dysimmunitaires (GERMMAD) date de
1997. Le GERMMAD a observé un nouveau type de myopathie inflammatoire sur une
biopsie musculaire deltoïdienne : l’image histologique, encore jamais observée jusqu’alors,
était constituée d’une infiltration de cellules de la lignée macrophagique porteuses
d’inclusions cristallines spiculées osmophiles dans un cytoplasme basophile, PAS positives
au niveau de l’épimysium, du périmysium et de l’endomysium périfasciculaire, associé à un
infiltrat lymphocytaire (quelques lymphocytes T CD8), sans présence de nécrose, de lésion
myocytaire et de cellule épithélioïde ou géante. Ce sont ces caractéristiques histologiques
qui ont donné son nom à cette lésion musculaire. [figure 3] 52, 53
Figure 3 : Biopsie musculaire d'une myofasciite à macrophages.52
Gherardi et coll. ont étudié une série de patients adressés à des centres de myopathologies
pour exploration d’une pathologie musculaire suspectée. Les symptômes les plus courants
chez ces patients étaient par ordre de fréquence décroissante : douleurs musculaires,
articulaires, asthénie, faiblesse musculaire, et fièvre. Chez tous ces patients, l’examen
histologique après biopsie musculaire a retrouvé des lésions identiques à celles découvertes
par le GERMMAD.26, 53
Les premiers soupçons étaient dirigés vers une origine infectieuse ou toxique. En ce qui
concerne l’origine infectieuse, aucune infection virale ou bactérienne pouvant conduire à une
histiocytose réactionnelle (surcharge macrophagique par incapacité de ceux-ci à phagocyter
les micro-organismes) n’a été retrouvée chez les patients. Cependant l’hypothèse infectieuse
n’est
pas
totalement
à
exclure,
car
elle
peut
être
favorisée
par
un
terrain
d’immunodépression permettant l’action de micro-organismes de faible virulence. L’origine
toxique, quant à elle, est impliquée dans de nombreuses myopathies. C’est pourquoi elle est
plausible dans le cas de la MFM. Des études ont été réalisées, à savoir : recherche de
25
substances toxiques incomplètement digérées et susceptibles d’être à l’origine de la maladie
sur les muscles des patients et recherche de facteurs environnementaux communs et de
facteurs éventuellement favorisants par une étude épidémiologique menée par l’Institut de
Veille Sanitaire (InVS)
52, 53, 54
. Cette dernière étude avait pour objectifs de décrire les cas,
proposer une définition et établir des hypothèses de facteurs de risque de ce nouveau
phénomène observé. Tous les cas ayant une histologie correspondant à la définition de la
MFM, ont été inclus dans l’étude et interrogés. Parmi ces personnes, 87% ont été vaccinées
au moins une fois par un vaccin aluminique dans les dix années précédant les symptômes.52
L’étude histologique entreprise par les chercheurs du GERMMAD pour connaitre la nature
des inclusions, a mis en évidence des sels d’aluminium. Ils ont ainsi émis l’hypothèse que la
lésion histologique de la MFM était liée à l’administration d’aluminium via les vaccins.
Plusieurs éléments vont dans ce sens : la proportion de vaccinations par vaccin aluminique
dans les cas étudiés, la mise en évidence de sels d’aluminium uniquement dans le muscle
deltoïde (jamais dans les muscles des autres zones du corps), la fonction rénale et la
concentration plasmatique en aluminium normales chez les personnes atteintes éliminant
l’hypothèse d’un dépôt passif à partir du sang.26,
52
De plus, l’injection IM d’un vaccin
contenant de l’hydroxyde d’aluminium à des rats par Authier et coll. a induit des lésions
similaires à celles de la MFM au niveau du site d’injection.53 En juin 2000, suite à la
découverte du GERMMAD, l’OMS a conclu à un lien de causalité très probable entre la
présence des lésions caractéristiques de la MFM et les vaccins contenant des adjuvants
aluminiques.52 L’enquête épidémiologique de l’InVS a montré des résultats concordants.52, 53
Les résultats de l’enquête cas-témoin menée en 2002 par l’AFSSAPS (devenue l’ANSM),
vont également dans ce sens.53
Une étude in vitro menée par Rimaniol et coll.21 a confirmé le rôle de l’aluminium dans la
lésion histologique de la MFM. Des changements morphologiques semblables à ceux
observés in vivo, ainsi que des modifications phénotypiques ont été observés après
incubation des macrophages en présence d’hydroxyde d’aluminium.
Le lien entre les lésions histologiques et les symptômes observés (MFM en tant que
syndrome clinique), ainsi que le lien entre les adjuvants aluminiques vaccinaux et les
symptômes, restaient toutefois douteux.
Dans l’enquête cas-témoins menée par l’AFSSAPS en 2003
53
, les cas étudiés avaient une
biopsie présentant une image caractéristique de la MFM et des symptômes proches de ceux
mis en évidence par Gherardi et coll. Les témoins, quant à eux, ne montraient pas ce type de
lésion malgré quelques signes cliniques. Ces symptômes ne sont pas spécifiques de la
maladie étudiée et leur proportion de survenue n’est pas significativement différente entre les
26
deux groupes. Ainsi, le lien entre la lésion et le syndrome clinique n’est pas établi, malgré la
concordance chronologique entre l’apparition des symptômes et celle de la lésion après la
vaccination. Deux éléments permettraient d’infirmer cette association. Il faudrait faire des
biopsies chez des patients asymptomatiques vaccinés par l’hydroxyde d’aluminium afin
d’évaluer la proportion de lésion, mais l’éthique l’interdit. Ou il faudrait découvrir un groupe
de patients sans ce syndrome associé mais présentant la lésion à la biopsie.53
Verdier et coll., n’ont observé aucune modification du comportement ou de la force
musculaire durant leur étude sur des singes vaccinés par de l’aluminium, ce qui va à
l’encontre d’un lien entre la clinique et l’aluminium vaccinal.55 L’absence de lésion
caractéristique dans les biopsies des muscles autres que le deltoïde et la manifestation des
symptômes principalement dans les membres inférieurs sont également en contradiction
avec cet éventuel lien. A moins que l’aluminium retrouvé dans les macrophages du muscle
deltoïde agisse à distance ou soit capable de se déplacer. L’étude sur les lapins de Flarend
et coll.23 a montré la présence d’aluminium dans de nombreux organes après administration
intramusculaire à ces animaux. Quant à eux, Redhead et coll.56 ont injecté des vaccins
contenant de l’aluminium par voie intrapéritonéale à des souris. Ils ont observé une élévation
passagère du taux d’aluminium dans les tissus cérébraux. Ces chercheurs ont ainsi montré
que l’aluminium vaccinal peut se déplacer après vaccination. Le cheminement de l’aluminium
du site d’injection aux sites où se manifeste la symptomatologie clinique a été étudié. Après
la vaccination, les macrophages absorbent les particules d’aluminium, puis deviennent des
cellules à longue durée de vie. Ces cellules immunitaires chargées en aluminium migrent
ensuite en direction des ganglions lymphatiques régionaux, puis vers la circulation sanguine
qui leur permet d’accéder à tous les organes. C’est ainsi que l’aluminium vaccinal atteindrait
des tissus éloignés du site d’injection.57 Pour confirmer ce lien, il faudrait comparer deux
populations (vaccinés-non vaccinés) en tenant compte de symptômes définissant
précisément la maladie.
La faible quantité de MFM observées à ce jour, par rapport au nombre de personnes
vaccinées par des vaccins aluminiques, fait penser à une susceptibilité individuelle à
développer cette maladie. Plusieurs hypothèses peuvent être émises : une variabilité
interindividuelle d’élimination de l’aluminium apporté en quantité excessive par la vaccination
qui
pourrait
conduire
à
une
accumulation
anormale
dans
l’organisme ;
ou
un
dysfonctionnement des macrophages incapables de dégrader l’aluminium phagocyté ; ou
une réaction immunitaire plus ou moins importante selon les individus suite à la persistance
de l’aluminium dans les cellules de l’immunité. Une prédisposition génétique à développer
des maladies auto-immunes pourrait également être impliquée. Le gène HLA DRB1*01 de
susceptibilité à des maladies auto-immunes a été retrouvé dans des cas de MFM par Guis et
27
coll. et d’autres équipes.26, 41, 57 Le rôle des facteurs génétiques a aussi été étudié par Authier
et coll.26 Ils ont conclu que les facteurs génétiques impliqués dans la réponse cytotoxique
lymphocytaire jouent sur la persistance de la lésion et interfèrent avec l’élimination de
l’aluminium.
Cependant, une expérimentation de vaccination aluminique sur des singes conduite par
Verdier et coll., a montré que la localisation de la lésion histologique est très précise. Ils en
ont déduit que la faible proportion de lésion chez les personnes vaccinées pourrait être due à
des biopsies trop imprécises, réalisées dans une partie du deltoïde trop éloignée du site
exact de l’injection du vaccin. Cette lésion est donc peut être présente chez toutes les
personnes vaccinées malgré des biopsies négatives.55
Le nombre de cas de MFM observés en France est plus important que dans les autres pays.
Ce fait est certainement faussé pour plusieurs raisons. En France, les biopsies musculaires
se font dans le deltoïde, qui est le site le plus fréquent d’injection des vaccins. Dans d’autres
pays les biopsies sont effectuées dans d’autres muscles que ceux où sont effectuées les
vaccinations. De plus, les injections se font principalement en intramusculaire dans notre
pays, alors qu’elles sont plus fréquemment effectuées en sous-cutanée dans les pays
voisins. L’accroissement du nombre de cas ces dernières décennies peut être dû à la forte
campagne de vaccination contre l’hépatite B qui a eu lieu en France à la fin du XXème siècle,
alors que l’adjuvant utilisé dans ces vaccins est l’aluminium. Il peut également être dû à une
médiatisation importante qui a conduit à des biopsies de dépistage chez des patients
fatigués, algiques ayant été vaccinés et en quête d’un diagnostic. Enfin, le GERMMAD a
établi une liste conséquente de pathologies pour lesquelles une biopsie serait nécessaire, ce
qui a conduit à un grand nombre de cas dépistés.55, 58
A ce jour, l’aluminium vaccinal est le principal responsable de l’apparition des lésions
histologiques observées dans la MFM. Cependant, son implication dans l’apparition des
symptômes n’a pas encore été prouvée, même si les études vont tout de même dans ce
sens.
d. Autisme
Le rôle de l’aluminium utilisé comme adjuvant dans la plupart des vaccins administrés durant
l’enfance a été suspecté pour expliquer l’augmentation de fréquence de l’autisme
parallèlement à celle du nombre de vaccinations chez l’enfant. De plus, les pays où l’autisme
est le plus présent sont ceux dans lesquels les enfants sont les plus exposés à l’aluminium
des vaccins avant l’âge de 2 mois. Or, à cet âge, la barrière hémato-encéphalique est
incomplète et reste perméable aux toxiques. C’est aussi à cette période qu’a lieu le
28
développement du cerveau et des systèmes comportementaux. Ce sont principalement ces
fonctions qui sont altérées dans l’autisme. Le rôle de l’aluminium dans la pathogenèse de
l’autisme peut être conforté par un niveau plus élevé de ce métal retrouvé dans les cheveux,
les urines et le sang d’enfants autistes par rapport aux enfants sains.59, 60
La neurotoxicité de l’aluminium a été constatée dans plusieurs expérimentations. Un retard
du développement neuronal chez les prématurés a été montré dans l’étude de Bishop et
coll., suite à l’administration d’aluminium. L’injection d’hydroxyde d’aluminium à des doses
équivalentes à celles utilisées chez l’Homme a provoqué la mort des neurones moteurs avec
diminution de la fonction motrice et de la mémoire spatiale chez des jeunes souris.60, 61
C’est l’inflammation causée par les adjuvants aluminiques dans le cerveau qui serait en
cause dans la maladie autistique, comme le laisse suggérer le fait que de nombreux
médiateurs pro-inflammatoires ont été retrouvés dans le sang, le liquide céphalo-rachidien
(LCR) et les tissus cérébraux des autistes. De plus, les injections répétées d’aluminium
réalisées chez des rats provoquent des effets inflammatoires importants dans leur cerveau.60
La corrélation entre l’administration de vaccins contenant de l’aluminium et l’apparition de
l’autisme ou de troubles autistiques semble très probable. Mais le développement de la
maladie n’est pas systématique après vaccination. Une prédisposition génétique intervient
également à ce niveau, comme nous l’avons vu pour les autres troubles causés par
l’aluminium vaccinal. L’influence des gènes était initialement peu crédible, puisque la
transmission verticale et la proportion d’autisme dans les fratries sont faibles. Mais ce
raisonnement est faussé par le peu de relations amoureuses aboutissant à des enfants dans
la population autiste. Des études menées sur des jumeaux monozygotes et hétérozygotes,
des études familiales, ainsi que des constatations chromosomiques ont conclu à la présence
de gènes de prédisposition.62
3. ALTERNATIVES DIMINUANT LES EFFETS DE L’ALUMINIUM VACCINAL
a. Les autres adjuvants vaccinaux pouvant être utilisés
Les sels d’aluminium sont très utilisés comme adjuvant d’immunité, mais particulièrement
l’hydroxyde d’aluminium qui est le plus présent dans les vaccins du calendrier vaccinal
français pour des raisons expliquées précédemment [voir Partie I, chap. 1, II.1.]. D’autres
adjuvants peuvent être utilisés car les sels aluminiques ne conviennent pas à tous les
antigènes. De plus, ces sels induisent des réponses anticorps et lymphocytaire Th2
efficaces, mais des réponses lymphocytaire Th1 et cytotoxique peu efficaces.15, 63
29
Nombreux sont les autres adjuvants utilisables dans les vaccins. Par exemple, le phosphate
de calcium, le squalène et les liposomes en font partie. Cependant, la substitution d’un
adjuvant par un autre n’est pas envisageable de façon systématique, car il faut vérifier
l’efficacité vaccinale du nouveau couple antigène-adjuvant et l’innocuité du vaccin adjuvanté
obtenu. Cinq à dix années seraient nécessaires pour remplacer l’aluminium de tous les
vaccins par un autre adjuvant. Ces autres adjuvants sont donc plutôt destinés à élaborer de
nouveaux vaccins. Ils sont notamment envisagés dans la formulation des vaccins contre des
maladies pour lesquels aucun vaccin n’existe à l’heure actuelle, comme le paludisme,
l’infection au VIH ou certains cancers.15, 20
b. Les différents modes d’administration des vaccins : aiguilles et voies.
Une analyse de publications a été réalisée pour étudier la différence d’immunogénicité et de
tolérance aux vaccins en fonction de la voie d’administration et de la longueur de l’aiguille.
La plupart des publications dont les auteurs se sont servis comparaient les deux voies pour
un même vaccin. Cette étude a conclu qu’il vaut mieux utiliser des aiguilles adaptées à la
morphologie de l’individu et préférer la voie intramusculaire pour vacciner. Ceci permet
d’éviter l’accumulation locale du contenu du vaccin et donc de diminuer les effets
indésirables liés à l’aluminium ou à d’autres substances, tout en maintenant une bonne
efficacité.
De plus, les vaccins contenant de l’hydroxyde d’aluminium provoquent une myofasciite à
macrophages lorsqu’ils sont injectés par voie intramusculaire et des nodules post-vaccinaux
après injection sous-cutanée. Ainsi, une autre voie permettrait peut être d’éviter ces effets,
mais il reste à savoir si elle ne conduirait pas à d’autres troubles et si elle permettrait une
efficacité équivalente de la vaccination.64
III.
CONCLUSION
La vaccination est une réelle révolution médicale. Grâce à l’extension des pratiques
vaccinales depuis les années 1950, une diminution importante de l’incidence de certaines
maladies et même l’éradication de quelques-unes d’entre-elles ont été observées.
Cependant, l’OMS affirme qu’ « aucun vaccin n’est rigoureusement sans danger ou
totalement efficace chez toutes les personnes vaccinées ». En effet, il n’existe aucun modèle
animal validé pour tester l’innocuité des vaccins, et les études cliniques menées avant la
mise sur le marché sont trop peu nombreuses pour détecter des effets rares.
Ces dernières années sont nées des craintes et des questions à propos de l’utilité des
vaccins et de l’innocuité de leurs composants. Les médias ont imputé de nombreux
30
problèmes de santé aux vaccins et particulièrement à l’aluminium vaccinal. Celui-ci est
pourtant utilisé dans les vaccins depuis près de 90 ans, sans mise en évidence de
problèmes jusqu’alors. De nombreuses études ont été menées afin de distinguer le vrai du
faux.
En ce qui concerne les maladies auto-immunes étudiées (diabète de type I, sclérose en
plaque, lupus, syndrome de Guillain Barré), il est peu probable que l’aluminium vaccinal soit
impliqué, d’autant que les vaccins ne le sont pas eux-mêmes. Cependant, il est possible que
l’aluminium soit tout de même capable d’induire une auto-immunité par persistance dans les
cellules immunitaires de l’organisme. L’aluminium a été retrouvé dans les nodules postvaccinaux, ce qui est en faveur d’un rôle fort probable dans l’apparition de ce trouble cutané.
Il a également été retrouvé dans les lésions histologiques de la myofasciite à macrophages,
ce qui l’implique également dans celle-ci. Mais l’incertitude du lien entre l’aluminium et la
clinique de la MFM persiste. Quant à l’autisme, son action neurotoxique avérée et sa
présence dans des prélèvements effectués chez des patients autistes rendent le lien
probable.
Ces nombreuses polémiques autour des vaccins ont semé le doute dans l’esprit de la
population. Depuis quelques années, une diminution des vaccinations a été observée. Il est
donc nécessaire que les professionnels de santé insistent sur l’importance de la vaccination
et sur ses bénéfices, aussi imperceptibles soient-ils, par rapport aux risques éventuels.
D’autant que la quasi-totalité des vaccins du calendrier vaccinal français du nourrisson et de
l’enfant, à l’exception des vaccins ROR, contiennent de l’aluminium sans lequel ils ne
seraient pas suffisamment efficaces.
31
CHAPITRE 2 : ALUMINIUM ET DIALYSE
I.
LA DIALYSE ET LES SELS D’ALUMINIUM
1. DIALYSE ET INSUFFISANCE RÉNALE CHRONIQUE
L’insuffisance rénale chronique est une réduction plus ou moins importante et irréversible de
la fonction d’épuration des reins. La clairance à la créatinine (Clcr) et le débit de filtration
glomérulaire (DFG) permettent de quantifier ce déficit et de classifier l’insuffisance rénale en
cinq niveaux. L’insuffisance rénale chronique est définie par un DFG < 60 mL/min/1,73m². Le
stade terminal (stade 5) est atteint quand le DFG est strictement inférieur à 15
mL/min/1,73m². Ce dernier stade avant le décès apparaît vers 60 ans chez la plupart des
insuffisants rénaux. Cependant, la dialyse et la transplantation rénale permettent
d’augmenter leur durée de vie de plus de 20 ans en général, en évitant les complications
graves.65, 66
La dialyse consiste à réaliser des échanges entre le sang et le dialysat à travers une
membrane semi-perméable. Les petites molécules diffusent passivement et dans les deux
sens à travers la membrane selon un gradient de concentration. Chacune d’elles se déplace
du milieu le plus concentré vers le milieu le moins concentré. Le transfert d’eau, quant à lui
suit le gradient de pression ou le gradient osmotique. La dialyse permet ainsi d’éviter
l’accumulation de toxines dans l’organisme et de maintenir un équilibre acido-basique et
hydrosodé. Elle se substitue donc aux fonctions vitales que les reins déficients ne sont plus
en mesure d’assurer.65, 67, 68
Il y a, aujourd’hui, deux types de dialyse utilisés chez les insuffisants rénaux chroniques à un
stade terminal : l’hémodialyse et la dialyse péritonéale. L’hémodialyse est la plus utilisée. En
2000, environ 27 000 patients étaient traités par cette technique. La membrane semiperméable utilisée dans ce cas est une membrane artificielle située dans un appareil jouant
le rôle du rein, appelé dialyseur. Le sang du patient circule en extracorporel dans une série
de tubulures et traverse la membrane avant d’être réintroduit dans l’organisme. Cette
technique est réalisée dans des structures et des lieux appropriés (éventuellement à
domicile), à raison de trois séances d’au moins 4 heures par semaine. La dialyse péritonéale
est en voie de développement. Seulement 2500 patients étaient traités par cette technique
en 2000. Elle utilise une membrane naturelle, le péritoine, qui tapisse les parois de l’intestin.
En effet, le dialysat est injecté dans la cavité abdominale grâce à un cathéter. Elle peut être
de deux types selon le patient. La dialyse péritonéale continue ambulatoire est une méthode
32
manuelle, avec passage continu du dialysat à travers le péritoine. La dialyse péritonéale
automatisée, quant à elle, est soit continue, soit intermittente, puisqu’elle est régulée par un
cycleur. Quelle que soit la technique utilisée, elle est réalisée quotidiennement à domicile,
avec ou sans l’aide d’une infirmière.65, 67, 68
Le choix thérapeutique entre la transplantation, l’hémodialyse ou la dialyse péritonéale est
effectué au cas par cas. Il tient compte des souhaits du patient, de son autonomie et de son
implication, de la durée prévisible du traitement, des contre-indications éventuelles, etc. Elles
sont toutes d’efficacité équivalente et ne sont pas concurrentes.65, 67
2. SOURCES D ’ALUMINIUM DANS LE DIALYSAT
Le dialysat utilisé en hémodialyse est un mélange de solutions salines concentrées et d’eau.
L’eau qui rentre dans leur composition est de l’eau potable du réseau d’alimentation des
villes. Les eaux souterraines contiennent peu d’aluminium, alors que les eaux de surface en
contiennent beaucoup plus. Mais les pluies acides augmentent leur teneur respective en
aluminium, de manière plus ou moins importante selon les zones géographiques, la nature
du sol, etc. De plus, la purification de l’eau pour la rendre potable utilise des floculants à
base de sels d’aluminium pour enlever les matières organiques susceptibles d’en altérer le
goût et la couleur. Le sel le plus utilisé dans cet objectif est le sulfate d’aluminium ou alun. Le
nitrate et le chlorure d’aluminium peuvent également être utilisés. Ainsi, l’eau de distribution
est contaminée par de l’aluminium d’origine naturelle ou chimique.7, 66, 69
Le dialysat est lui aussi contaminé si l’eau du robinet est utilisée telle qu’elle pour
l’hémodialyse. Cependant, des techniques de traitement de l’eau pour hémodialyse ont été
mises au point et ont permis de diminuer la quantité d’aluminium dans celui-ci, en dessous
d’une certaine norme, comme nous le verrons plus loin [voir Partie I, chap. 2, III.3.b.].
II.
LES EFFETS DE L’ALUMINIUM PRÉSENT DANS LE DIALYSAT
1. CINÉTIQUE DE L’ALUMINIUM INTRODUIT PAR DIALYSE
Kaehny et coll.70 ont comparé les taux d’aluminium plasmatique et d’aluminium excrété dans
les urines chez des patients sains et des patients insuffisants rénaux dialysés. Les patients
insuffisants rénaux excrétaient moins d’aluminium dans leurs urines, alors qu’ils avaient une
concentration plasmatique plus importante que les normo-rénaux. Les auteurs en ont déduit
que l’excrétion urinaire de l’aluminium est altérée chez les insuffisants rénaux, ce qui mène à
une accumulation de l’aluminium dans le sang. Cette étude a également montré que
l’aluminium traverse la membrane de dialyse puisqu’il y a plus d’aluminium dans le sang
33
après dialyse qu’avant. De plus, le passage du dialysat au sang a l’air plus important lorsque
l’aluminium est présent en quantité supérieure dans le liquide de dialyse.
Dans cette même étude, la concentration d’aluminium a été mesurée de part et d’autre de la
membrane de dialyse à plusieurs reprises, ce qui a permis de montrer qu’un gradient de
concentration entre le dialysat et le sang sert de force motrice au transfert de l’aluminium
vers le sang.70 Ce passage de l’un à l’autre dépend donc de la concentration sérique en
aluminium du patient. Or celle-ci est plus importante chez les insuffisants rénaux qui
n’excrètent pas correctement l’aluminium.
De plus, le pH modifie l’état chimique de l’aluminium du fait de son caractère amphotère. A
pH faible ou élevé, l’aluminium est en majorité sous forme ionique. Il est donc soluble. Par
contre, à pH neutre, il est peu soluble [figure 4]. Ainsi, une petite variation du pH du dialysat
vers l’acidité ou l’alcalinité peut modifier la solubilité donc l’absorption de l’aluminium contenu
dans le dialysat. Le pH du dialysat variant selon le pH de l’eau utilisée pour le réaliser, les
résultats des études suivantes seront différents selon les régions.69, 71
Figure 4 : Effet du pH sur le pourcentage d'aluminium ionisé.71
34
2. EFFETS INDÉSIRABLES LIÉS À L’ALUMINIUM PRÉSENT DANS LE LIQUIDE DE
DIALYSE
a. Encéphalopathie des dialysés
C’est en 1972 que, pour la première fois, un syndrome neurologique mortel a été décrit chez
des patients insuffisants rénaux chroniques traités par dialyse à long terme. En effet, c’est
cette année là, qu’Alfrey et coll. ont décrit une série de symptômes apparaissant quelques
années après le début d’un traitement par dialyse. Les malades présentaient une démence
avec des troubles de la parole, des convulsions et des myoclonies, une dysphasie, une
dyspraxie et une grande fatigue. La mort était souvent l’étape finale pour ces patients.6, 24, 69,
71, 72
Au début, certains scientifiques ont pensé que l’insuffisance rénale chronique était la cause
de ces symptômes, car c’était un des points communs de tous ces patients traités par
dialyse. Mais des études ont contredit cette hypothèse. D’autres ont incriminé une carence
en phosphate qui serait le facteur initial ou un facteur aggravant. Mais une aggravation de
l’encéphalopathie a été observée malgré un apport continu en phosphate. Quant à lui, Alfrey
a suggéré le rôle d’une intoxication à un oligo-élément, dès la découverte de ce syndrome.
Des études sur l’accumulation de nombreux oligo-éléments dans l’organisme lui ont permis
d’éliminer l’étain et le rubidium, présents en trop faible quantité.71
C’est en 1976, après avoir examiné tous les facteurs possibles, y compris l’accumulation de
métaux ou de toxines, qu’il a supposé que l’aluminium était une cause potentielle. Cette
hypothèse se fonde sur une de ses études ayant mesuré la teneur en aluminium dans de
nombreux tissus chez des patients. Les teneurs en aluminium retrouvées dans le cerveau
des patients atteints étaient dix fois plus élevées que chez les témoins ou que chez les
patients insuffisants rénaux non dialysés.66, 69, 71, 73 Une autre étude a mis en évidence une
quantité beaucoup plus importante d’aluminium dans la matière grise de patients atteints
d’encéphalopathie que chez les patients sains.71 Weiller et coll. ont eux aussi trouvé une
grande quantité d’aluminium dans le cortex cérébral des patients atteints d’encéphalopathie
de dialyse.72 Des résultats similaires ont été retrouvés lors des études menées à Eindhoven
et Newcastle.71 L’aluminium semble donc être en concentration plus élevée dans le cerveau
des patients dialysés atteints d’encéphalopathie.
Cependant, la mesure du taux d’aluminium dans le cerveau étant difficile et nécessitant de
nombreuses précautions pour éviter les contaminations, ces études sont à considérer avec
prudence. D’autant que d’autres études n’ont trouvé qu’une augmentation modeste, voire
nulle. C’est le cas des études de Platts et coll. et de Pascoe et Gregory. Mais leurs résultats
35
ont peut être été biaisés par la petite taille de l’échantillon étudié.71 Quant à eux, Berkseth et
Shapiro
ont
trouvé
des
taux
faibles
d’aluminium
chez
deux
patients
décédés
d’encéphalopathie après dialyse avec une forte teneur en aluminium dans le dialysat. Des
taux élevés ont été observés chez quatre patients décédés, dont un seul avait une
encéphalopathie.71 De plus, une concentration quinze fois plus élevée que la normale a été
trouvée chez des patients déments après leur décès par Arieff. Une concentration
équivalente a également été observée chez des patients morts d’autres causes.71
De nombreuses études épidémiologiques se sont penchées sur le lien entre la teneur en
aluminium dans l’eau et l’encéphalopathie. Des études épidémiologiques menées en France
et au Royaume-Uni, ont recensé de nombreux cas d’encéphalopathie chez des patients
utilisant de l’eau du robinet avec une concentration en aluminium supérieure à 200 µg/L pour
réaliser leur dialyse à domicile alors qu’il n’y en avait quasiment pas dans la population de
dialysés utilisant de l’eau avec une teneur inférieure à 50 µg/L.71 English et coll.74 ont étudié
des patients traités par dialyse utilisant de l’eau contenant de fortes concentrations en
aluminium. Ces patients ne présentaient aucun signe clinique d’encéphalopathie au début de
l’étude. Mais English et coll. ont observé une détérioration intellectuelle s’aggravant avec la
durée de la dialyse. Elliott et coll.75 ont également étudié la corrélation entre les
concentrations en aluminium dans le sang et dans l’eau avec l’apparition de
l’encéphalopathie. Ils ont mené leur étude dans des zones géographiques où le sulfate
d’aluminium est utilisé pour clarifier l’eau. Aucun cas d’encéphalopathie n’a été observé dans
la région où l’eau contenait moins de 30 µg/L d’aluminium, alors que, dans les deux autres
zones étudiées, la teneur moyenne en aluminium de l’eau était de 400 µg/L, et plusieurs cas
ont été observés. Les concentrations en aluminium sériques les plus élevées ont été
retrouvées chez les patients atteints d’encéphalopathie. Une relation linéaire entre ces
concentrations sériques et celles de l’eau utilisée pour la dialyse a été trouvée. D’après les
études, la forte teneur en aluminium de l’eau utilisée pour la dialyse semble être une des
causes de l’encéphalopathie.
Certains scientifiques ont supposé que d’autres composants présents dans l’eau peuvent
également être impliqués dans l’encéphalopathie de dialyse ou augmenteraient la toxicité de
l’aluminium qui y est présent. C’est le cas de Platts et coll.76 qui ont trouvé, chez les patients
dialysés atteints d’encéphalopathie, des teneurs en fluor et en calcium inférieures et des
teneurs en aluminium et en manganèse supérieures à celle des patients dialysés non
atteints.
Arrivé à ce niveau de la réflexion, il semble fort probable que l’aluminium soit responsable,
au moins en partie, de l’encéphalopathie des dialysés. La modification de son incidence
36
lorsque l’eau est traitée appuie davantage cette théorie. En effet, une étude à l’échelle
européenne menée par le Registration Committee of the European Dialysis and Transplant
Association a montré une plus grande incidence des cas d’encéphalopathie dans les zones
géographiques où l’eau n’était pas traitée ou n’était qu’adoucie. De plus, l’instauration d’un
traitement de l’eau par osmose inverse ou par désionisation avant de l’utiliser pour la dialyse
a mis fin à l’épidémie d’encéphalopathies à Newcastle.71
En résumé, la forte teneur en aluminium retrouvée dans le cerveau des patients atteints
d’encéphalopathie de dialyse, laisse supposer que l’aluminium est bien responsable de cet
effet indésirable. Cependant, les mesures du taux d’aluminium dans le cerveau sont
délicates et les risques de contamination nombreux. Le fait qu’une forte concentration en
aluminium soit retrouvée dans l’eau servant à la dialyse appuie cette théorie. D’autant que le
traitement de l’eau par osmose inverse ou désionisation semble mettre fin aux épidémies
d’encéphalopathie. Un bémol peut être mis à ce dernier argument. L’aluminium n’est pas le
seul composant de l’eau à être éliminé par ces techniques.
b. Anémie
Selon l’OMS, l’anémie est définie comme étant une diminution du taux sanguin
d’hémoglobine (Hb). Le seuil de normalité de l'hémoglobine varie selon les individus. Chez
l’homme, par exemple, l’anémie est définie par une hémoglobinémie inférieure à 13 g/dL.
L’anémie est une complication fréquente de l’insuffisance rénale chronique. En effet, un bref
rappel de l’érythropoïèse permet de comprendre le rôle majeur du rein dans le maintien du
taux d’hémoglobine. L’érythropoïèse permet aux cellules souches de la moelle osseuse de
devenir des globules rouges matures. De nombreux facteurs interviennent dans sa
régulation. C’est le cas notamment de l’érythropoïétine (EPO). Cette hormone intervient dans
la différenciation, la prolifération, et le développement des cellules érythroïdes. Les globules
rouges matures ainsi formés fabriquent l’hémoglobine, une protéine nécessaire au transport
de l’oxygène dans l’organisme. L’érythropoïétine est synthétisée à 85% par le rein dans les
cellules péritubulaires (le reste étant produit par le foie, les poumons et la rate). Ainsi, elle
n’est pas produite en quantité suffisante pour assurer correctement sa fonction en cas
d’insuffisance rénale, ce qui entraine une anémie. L’anémie peut donc se développer dès le
premier stade de l’insuffisance rénale, même si une grande partie du rein reste fonctionnelle.
L’anémie va toutefois s’aggraver parallèlement à la maladie rénale.65, 77, 78, 79
Le profil et la sévérité de l’anémie avant et après une dialyse ont été comparés par Bhatta et
coll.80 Tous les patients étudiés étaient anémiques au début de l’étude, mais la sévérité de
l’anémie s’est aggravée avec la dialyse. Les frottis sanguins réalisés chez les patients ont
principalement montré une anémie normochrome, normocytaire avant la dialyse. Mais en
37
post-dialyse, une augmentation du pourcentage d’anémie normochrome macrocytaire et
d’anémie hypochrome microcytaire a été observée. Bhatta et coll. en ont conclu que l’anémie
la plus fréquente chez les insuffisants rénaux est normochrome, normocytaire et modérée,
mais qu’elle peut également être différente après dialyse.
La carence en fer est la principale cause d’une anémie hypochrome microcytaire.
Cependant, des patients hémodialysés ont développé ce type d’anémie dans l’étude de
Short et coll.81, malgré une supplémentation en fer. Une concentration en aluminium
plasmatique élevée à été retrouvée chez l’ensemble des patients. L’augmentation de celle-ci
s’est accompagnée d’une diminution du volume globulaire moyen (VGM) et de
l’hémoglobinémie [figure 5]. Dans leur étude, Druëke et coll.82 ont observé une diminution de
l’hémoglobine, de l’hématocrite et du VGM et une augmentation du nombre de réticulocytes
chez les rats insuffisants rénaux ayant reçu du sulfate d’aluminium. Cette étude va donc
dans le même sens que la précédente en montrant également que l’aluminium administré
par voie parentérale peut conduire à une anémie microcytaire.
Une défaillance du système de traitement de l’eau de dialyse dans un centre a permis à
Caramelo et coll.83 d’étudier l’influence d’un apport en aluminium massif et momentané. Au
début de l’exposition forte à l’aluminium, ils ont observé une diminution du VGM
parallèlement à une augmentation de l’aluminium sérique comme dans les études
précédentes. Ils ont également observé une augmentation de l’EPO qui a sûrement été mise
en œuvre par l’organisme pour maintenir une hématocrite constante (malgré diminution du
VGM). Après réparation du système et retour à une teneur en aluminium acceptable, ces
valeurs sont revenues à la normale. De même, dans l’étude de Short et coll.81 citée
précédemment, la concentration plasmatique en aluminium a chuté, lorsque l’eau a été
traitée par osmose inverse. Les globules rouges ont retrouvé une morphologie normale et le
taux d’hémoglobine s’est également normalisé [figure 5]. Elliot et MacDougall ont eux aussi
rapporté une inversion de l’anémie lors de l’élimination de l’aluminium du dialysat ou lors
d’une chélation de l’aluminium par la déféroxamine (DFO).84 Ainsi, le fait de traiter l’eau par
osmose inverse ou désionisation permettrait d’atténuer ou d’éviter l’anémie microcytaire.
Mais comme nous l’avons dit précédemment, rien ne permet de dire que c’est bien
l’aluminium qui est en cause, puisque de nombreux éléments sont éliminés par ces
méthodes de prétraitement de l’eau. Ainsi, Kaiser et coll.85 ont cherché à voir si c’est
l’aluminium qui intervient dans l’anémie en la provoquant ou en la renforçant ou si c’est autre
chose. Après administration intrapéritonéale d’aluminium à des rats, ceux-ci ont d’abord
développé une microcytose, puis une anémie microcytaire. Cependant, ces anomalies
étaient nettement plus marquées dans le groupe des rats urémiques que dans le groupe des
38
rats témoins. Ainsi, l’aluminium administré par voie intrapéritonéale passe dans le sang et
semble être en partie responsable de l’anémie microcytaire.
Figure 5 : Evolution de différents paramètres sanguins lors de la dialyse.81
Toutes les études précédentes tendent à montrer de manière indirecte que l’aluminium est
un agent étiologique dans le processus d’anémie. Les mécanismes selon lesquels
l’aluminium serait responsable d’une anémie microcytaire hypochrome chez les insuffisants
rénaux ont été étudiés. Plusieurs hypothèses ont été émises. L’aluminium pourrait agir en
39
diminuant la synthèse de l’hème soit directement en inhibant les enzymes intervenant dans
sa synthèse, soit indirectement en modifiant la disponibilité du fer ou son métabolisme.
L’aluminium pourrait également être responsable d’une diminution du nombre de globules
rouges. Ces mécanismes conduiraient tous les deux à une baisse de l’hémoglobine
constituée d’hème présente dans les érythrocytes. Ceci expliquerait pourquoi l’anémie est
hypochrome puisque l’hémoglobine est responsable de la couleur rouge des cellules et
hypoproliférative par diminution de l’érythropoïèse.84
L’aluminium sous forme d’Al3+ est très peu soluble dans l’eau dans la gamme de pH
comprise entre 5 et 9. Sa liaison à un ligand est nécessaire pour qu’il devienne soluble dans
l’eau ou dans le plasma. Les dosages réalisés par Fatemi et coll.86 indiquent que l’aluminium
circule dans l’organisme lié à la transferrine dans 60% des cas, et à l’albumine dans 34%. Le
reste est lié au citrate. Cependant, l’aluminium et le fer ayant des ressemblances chimiques,
tous deux peuvent se fixer à la transferrine. Mostaghie et coll.87 et Fatemi et coll.86 ont
montré que le fer et l’aluminium se fixent sur les mêmes sites de liaison de la transferrine. Et
que deux molécules d’aluminium se fixent sur une molécule de transferrine. L’une des
études a montré que l’absorption du fer par la transferrine diminue de 30% en présence
d’aluminium. Elle laisse croire à une possible compétition entre fer et aluminium.87 Mais
l’autre n’a mis en évidence aucune altération de la liaison du fer sur la transferrine lors de
l’ajout d’aluminium dans le milieu. Ceci même pour l’ajout d’une quantité 50 fois supérieure à
celle du fer.86 La mesure des constantes de stabilité de l’aluminium et du fer pour la
transferrine a mené à la conclusion que l’aluminium n’est pas capable de déplacer des
molécules de fer déjà fixées sur la transferrine malgré une grande stabilité lorsqu’il y est lui
même fixé.84
Mladenovic
84
a observé une inhibition de la croissance de la colonie érythroïde lors d’une
administration simultanée d’aluminium et de transferrine, alors que l’aluminium seul n’avait
présenté aucun effet sur la croissance des progéniteurs hématopoiétiques de la moelle
osseuse, même à concentration importante. Ainsi, l’aluminium est capable en présence de
transferrine de diminuer le nombre de globules rouges en inhibant l’érythropoïèse. Puis, en
utilisant des quantités différentes de transferrine saturée en fer, elle a montré que lorsque la
saturation en fer de la transferrine augmente, l’inhibition de la croissance érythroïde par
l’aluminium diminue. L’aluminium n’est donc pas capable d’interagir avec les cellules
souches hématopoiétiques si le fer est déjà lié à la transferrine. Dans la deuxième phase de
leur étude, Caramelo et coll.83 ont observé des concentrations en aluminium intraérythrocytaire et sérique supérieures chez les patients surchargés en aluminium que celles
retrouvées chez les patients ayant reçu un taux acceptable. L’accumulation de l’aluminium
dans les érythrocytes a aussi été étudiée par Abreo et coll.88 Seules les cellules cultivées
40
dans un milieu contenant de l’aluminium et de la transferrine ont présenté une accumulation
intra-érythrocytaire. Ainsi, les auteurs ont supposé que l’effet inhibiteur de l’aluminium sur
l’érythropoïèse nécessite qu’il soit lié à la transferrine pour pénétrer dans les érythrocytes.
De plus, d’autres chercheurs ont observé que les sidéroblastes sont absents ou en quantité
réduite pour des réserves en fer normales voire élevées. Ceci tend à suggérer que
l’aluminium interfère dans l’incorporation du fer dans les cellules érythroïdes.89
Il a également été admis que l’aluminium est capable d’interférer avec de nombreux
systèmes enzymatiques. Il a donc été supposé qu’il pourrait également modifier la
biosynthèse de l’hème en agissant sur les enzymes impliquées.84 L’enzyme la plus étudiée
est l’acide delta-amino-lévulinique déshydratase (ALAD). Cependant, les résultats la
concernant sont inconstants et semblent dépendre des conditions expérimentales. Certaines
études montrent un effet inhibiteur de l’aluminium sur l’activité de cette enzyme quelle que
soit la teneur en aluminium. D’autres ont montré un effet différent selon la teneur en
aluminium.85
L’EPO est couramment utilisée comme traitement de l’anémie pour contrer la carence liée à
la perte progressive de fonctionnalité des reins. Mais une résistance à l’EPO en cas de
surcharge en aluminium a été mise en évidence dans l’étude de Yaqoob et coll.90 Elle peut
être contrée par l’administration d’une faible dose de DFO.
En résumé, l’anémie normochrome, normocytaire, arégénérative est une complication
fréquemment rencontrée dans l’insuffisance rénale chronique puisque le rein est le principal
producteur de l’EPO. Mais lorsque l’anémie est hypochrome microcytaire, cela suggère
plutôt une carence martiale (également fréquente dans l’insuffisance rénale) ou une
intoxication à l’aluminium.78, 89 En effet, plusieurs arguments vont dans ce sens. En cas de
surdosage en aluminium, l’anémie devient microcytaire. De plus, le traitement de l’eau par
osmose inverse ou désionisation permet de diminuer les cas d’anémies microcytaires. Enfin,
la ressemblance entre l’aluminium et le fer semble conduire à une compétition pour la
fixation sur la transferrine. Le passage intra-érythrocytaire du fer est donc altéré en faveur de
celui de l’aluminium qui pourrait être responsable de l’inhibition de l’érythropoïèse.
c. Ostéodystrophie rénale
Par « ostéodystrophie rénale », est désigné l’ensemble des complications osseuses en
rapport avec le métabolisme phosphocalcique apparaissant progressivement au cours de
l’insuffisance rénale chronique. L’ostéodystrophie rénale englobe l’ostéite fibreuse,
l’ostéopathie adynamique, et l’ostéomalacie.91 Nous allons maintenant l’étudier ainsi que les
arguments en faveur du rôle de l’aluminium dans l’apparition de ces troubles.
41
Tout d’abord, les scientifiques ont étudié le rôle de l’aluminium et de l’insuffisance rénale
dans l’apparition de l’ostéomalacie. Robertson et coll.92 sont arrivés aux conclusions
suivantes lors de leur étude sur des rats : une forte dose d’aluminium entraîne une
ostéomalacie ; un déficit en hormone parathyroïdienne peut être un facteur contributif dans
l’apparition de l’ostéomalacie ; l’insuffisance rénale chronique seule n’entraine pas
d’ostéomalacie mais augmente la sévérité lorsque l’ostéomalacie est induite par l’aluminium.
Dans cette étude, l’ostéomalacie a été mise en évidence par une augmentation du volume
ostéoïde et de l’épaisseur de la couture ostéoïde [figure 6].
Figure 6 : Sections d'os trabéculaires de rats. A : Os de rat témoin : rareté des
coutures ostéoïdes, B : zones sombres correspondant à des dépôts ostéoïdes
acellulaires, C : présence d’ostéoclastes le long du bord inférieur de l’os et couture
ostéoïde avec présence d’ostéoblastes au bord supérieur, D : dépôts ostéoïdes
acellulaires et irréguliers. 92
Ellis, Mc Carthy et Herrington ont eux aussi montré que l’administration intrapéritonéale
quotidienne d’aluminium à des rats entraîne une baisse d’activité au niveau du front de
minéralisation. Mais celle-ci est restaurée à l’arrêt des injections d’aluminium.92 Pierides et
coll.93
ont
observé
des
fractures
pathologiques
chez
des
patients
dialysés.
L’histomorphométrie montrait une ostéomalacie sévère avec un peu d’ostéite fibreuse ou
non. La concentration moyenne en aluminium sérique retrouvée chez ces patients était plus
élevée que dans le groupe témoin. Ces deux études prises ensemble vont dans le même
42
sens que la précédente. Elles confirment le fait que l’aluminium peut être une cause de
l’ostéomalacie chez les dialysés lorsqu’il passe en forte concentration dans le sang.
Platts et coll.76 ont noté une répartition géographique inégale de l’ostéodystrophie de dialyse.
Ils ont pensé que cela pouvait être dû au fait que l’eau utilisée pour la dialyse était issue de
plusieurs sources selon les zones géographiques, et que les teneurs en chaque composant
pouvaient alors être différentes. Ils se sont d’abord intéressés à l’influence de la
concentration en aluminium de l’eau sur l’incidence des fractures. Celle-ci était plus élevée
chez les patients utilisant de l’eau non traitée dont la concentration était supérieure à 1,85
µmol/L. Ils ont également montré que l’incidence des fractures est quatre fois supérieure
chez les patients dont le dialysat contient plus de 1 µmol d’aluminium par rapport à ceux qui
sont exposés à moins de 1 µmol/L.94 Une étude épidémiologique menée au Royaume-Uni a
également mis en évidence une corrélation significative entre la teneur en aluminium de
l’eau utilisée dans le dialysat et l’incidence de l’ostéodystrophie.69
Platts et coll.76 ont également étudié l’influence des autres composants présents dans l’eau.
Ils se sont surtout intéressés aux concentrations en fluor, calcium, manganèse, en plus de la
concentration en aluminium. Ils ont observé que les patients ayant développé des fractures
spontanées avaient utilisé de l’eau avec moins de fluor et de calcium, mais plus d’aluminium
et de manganèse, que ceux qui n’avaient pas de complication. Plus la concentration en
aluminium et manganèse était élevé, plus le nombre de fracture l’était aussi. De plus, chez
ces patients, une concentration élevée en aluminium a été retrouvée dans les os.
Comme Platts et coll., Cournot-Witmer et coll.95 ont mis en évidence de l’aluminium dans
l’os. Ils ont par ailleurs étudié la teneur et la localisation de ce métal dans des biopsies
osseuses chez des patients hémodialysés. Le taux d’aluminium sérique est plus important
chez les patients présentant des signes d’ostéomalacie et des troubles de la minéralisation
osseuse que chez les patients ayant seulement des faibles lésions d’ostéite fibreuse. Par
contre, le taux d’aluminium osseux n’est pas significativement différent entre les deux
groupes. Sa localisation était pourtant différente. Il était principalement concentré au front de
minéralisation dans le premier groupe, alors qu’il était localisé le long des lignes cémentaires
dans le deuxième [figure 7]. L’accumulation dans cette zone est commune à de nombreux
éléments, tels que le calcium, le phosphore, le magnésium, le fluor, etc. mais elle n’est pas
expliquée. L’aluminium a également été retrouvé dans les os des animaux atteints
d’ostéodystrophie. Sedman et coll.96 en ont en effet trouvé chez des cochons après leur avoir
administré de l’aluminium qui a entraîné la diminution du taux de formation osseuse chez ces
animaux. Des résultats similaires ont été retrouvés chez le chien et le rat.
43
Figure 7 : Sections osseuses d'un patient observées selon différentes
techniques. A. Le tissu calcifié (C) est entouré par du tissu ostéoïde (O) (microscopie
optique, bleu de toluidine). B. L’aluminium (flèche) est localisé à la limite entre les
tissus ostéoïde et calcifié (microanalyse aux rayons X). C. La distribution du calcium
(microscopie ionique). D. L’aluminium (flèche) est localisé à la limite entre les tissus
ostéoïde et calcifié (microscopie ionique).95
Cependant, rien ne prouve que la présence d’aluminium ne soit pas une conséquence de
l’ostéomalacie plutôt que sa cause. En comparant deux groupes de chiens, Quarles et coll.97
se sont aperçus que l’accumulation d’aluminium dans l’os est sûrement liée à une
ostéomalacie pré-existante. Les chiots carencés en vitamine D et en calcium présentaient
une ostéomalacie histologique, alors qu’ils ne présentaient ni dépôt d’aluminium visible après
coloration de l’os, ni aluminium détectable dans le sérum. L’administration d’aluminium a
conduit à l’augmentation d’aluminium osseux et plasmatique chez tous les chiots, qu’ils
soient carencés ou non. Cependant, une coloration rouge vif est apparue au niveau du front
de minéralisation uniquement chez les chiots carencés [figure 8B]. Ceci laisse supposer que
l’aluminium s’est accumulé principalement dans l’os ostéomalacique des animaux de ce
groupe. L’administration de vitamine D et de calcium, ainsi que la diminution de la dose
d’aluminium ont permis d’arriver à une teneur en aluminium osseux indétectable et à la
guérison de l’ostéomalacie. L’aluminium coloré en rouge s’est déplacé dans les lignes
cémentaires [figure 8C]. Ce qui signifie que la minéralisation a eu lieu, malgré la présence
d’aluminium dans l’os. Les chiots utilisés dans cette étude avaient une fonction rénale
44
normale. Peut être que les résultats auraient été
été différents si la fonction rénale des animaux
avait été altérée, comme c’est le cas chez les patients dialysés.
Figure 8 : Aspect microscopique de biopsies osseuses de chiot. A. Chiot non
carencé : en bleu, une interface ostéoïde
ostéoïde fine. B. Chiot carencé en vitamine D et
calcium : en bleu, une interface ostéoïde très large, jouxtant un liseré d'aluminium en
rouge au niveau du front de minéralisation. C. Chiot carencé après administration de
vitamine D et de calcium : présence d’aluminium en rouge vif au niveau des lignes
cémentaires.97
L’effet de la DFO sur l’ostéodystrophie a été étudié afin de compléter les arguments en
faveur du rôle de l’aluminium. En effet, comme nous l’avons vu précédemment, la DFO agit
comme un chélateur en présence d’aluminium. Andress et coll.98 ont étudié des patients
ayant au moins 30% de leur surface osseuse minéralisée recouverte d’aluminium. Ils ont
comparé des biopsies osseuses, avant et après le traitement par DFO. Ils ont pu conclure
que la DFO améliore l’histologie osseuse des insuffisants rénaux chroniques. Car pour
chacun d’eux, le stade histologique de l’ostéodystrophie avait évolué vers un stade moins
grave. Pourtant, durant l’étude, les patients ont continué de recevoir de l’hydroxyde
d’aluminium pour maintenir leur taux de phosphate à un niveau correct. Cette étude ne
permet toutefois pas de déterminer une quantité de DFO et une durée de traitement
optimales. Un traitement au long cours semble malgré tout nécessaire. Une étude similaire a
été réalisée par Felsenfeld et coll.99 Dans celle-ci, les paramètres histologiques ont
également évolué de telle sorte qu’ils améliorent le stade d’ostéodystrophie des patients.
45
Une amélioration des signes cliniques a aussi été mise en évidence. Tandis que les taux de
fractures osseuses et de douleurs musculo-squelettiques ont diminué. Cependant, il n’y a
pas de comparaison avec des patients témoins non traités par DFO dans cette étude. Ainsi,
rien ne permet d'affirmer que les symptômes n’évoluent pas spontanément en stagnant ou
en s’améliorant. Cette étude ne permet pas non plus de déterminer la quantité optimale de
DFO.
De plus, la coloration de l’aluminium de l’os en surface et de l’os total ont diminué après le
traitement par DFO dans l’étude d’Andress et coll.98 Ainsi, ils en ont déduit que la DFO
permet également de diminuer l’accumulation de l’aluminium dans l’os. L’étude de Felsenfeld
a montré des résultats similaires.99 Mais une autre étude menée par Malluche et coll. chez
des patients ayant de l’aluminium dans leurs os trabéculaires n’a montré aucune diminution
du taux d’aluminium osseux après 6 à 10 mois de traitement par DFO.99
Depuis que le taux d’aluminium dans les solutions de dialyse est contrôlé, une diminution de
la teneur en aluminium dans les os des dialysés et une disparition des maladies osseuses
liées à ce métal ont été observées. Dans une unité d’hémodialyse à Eindhoven, Flendrig et
coll. ont remarqué que le nombre de fractures a nettement diminué quand l’aluminium a été
retiré du dialysat.93 Ward et coll.100 ont observé moins d’ostéomalacie chez les patients
utilisant de l’eau désionisée que chez les patients utilisant de l’eau du robinet non traitée de
la même source pour leur hémodialyse. Ils en ont donc déduit que la désionisation de l’eau a
un effet bénéfique. La même observation a été faite par Posen et coll.94 Pierides et coll.93
ont, eux aussi, observé une amélioration importante de l’ostéomalacie, tant au niveau
clinique qu’au niveau de l’électromyogramme, lorsqu’ils ont purifié le liquide de dialyse avec
un adoucisseur, un désionisant ou l’osmose inverse. De plus, ils ont remarqué qu’à partir de
1977, date à laquelle un système de traitement de l’eau a été installé, aucun nouveau cas
d’ostéomalacie ne s’est déclaré.
Nous pouvons en conclure que l’aluminium semble être une cause de l’ostéodystrophie
rénale observée chez les dialysés. En effet, plusieurs arguments vont dans ce sens.
D’abord, une forte concentration en aluminium a été retrouvée dans le sang et les os des
patients atteints, ainsi que dans l’eau utilisée pour la dialyse. De plus, la DFO a un effet
bénéfique sur l’histologie osseuse, les signes cliniques et le taux d’aluminium dans l’os.
Enfin, le traitement de l’eau pour diminuer la teneur en aluminium a permis la disparition de
ce type de pathologie chez les dialysés.
46
3. ALTERNATIVES POUR LIMITER L’EXPOSITION À L’ALUMINIUM ET SES EFFETS
a. Transplantation précoce
Chez les insuffisants rénaux, une transplantation précoce avant que la dialyse soit
nécessaire pourrait être une solution pour éviter les effets indésirables liés à la dialyse.
Cependant, les contraintes des greffes et le faible nombre de donneurs compatibles rendent
cette solution peu réalisable.71
b. Eviction de toutes autres sources d’aluminium
L’élimination de l’aluminium par les reins des insuffisants rénaux est limitée. Ainsi, mieux
vaut qu’ils évitent toute autre source d’aluminium. Il peut leur être conseillé de boire de l’eau
minérale contenant moins d’aluminium et d’éviter les aliments et les médicaments oraux
contenant de l’aluminium.
c. Chélateurs de l’aluminium
L’ion aluminium est de taille et de charge similaires à l’ion ferrique. Ainsi il a été supposé que
les chélateurs utilisés dans le traitement des surcharges en fer pouvaient être efficaces pour
diminuer la teneur en aluminium. La déféroxamine (Desféral®) et la défériprone (Ferriprox®)
se sont, en effet, avérées efficaces en permettant une diminution des effets liés à
l’aluminium. Leur efficacité semble similaire. Cependant, la défériprone présente moins
d’effets indésirables, un coût moins important et une administration par voie orale plus
pratique que la déféroxamine. Elle pourrait donc être préférée à la déféroxamine dans le
traitement de la surcharge en aluminium.101
Actuellement des études ont pour but de trouver d’autres chélateurs ou d’étudier l’intérêt
d’une association de chélateurs. Cependant, il s’est avéré que l’administration conjointe de
déféroxamine et de défériprone n’a pas une meilleure efficacité chez les rats que la
déféroxamine administrée seule. Aussi, il semblerait que l’acide ascorbique améliore la
chélation s’il est associé à la déféroxamine.8, 101
d. Purification de l’eau
Un patient dialysé est exposé à plus de 400 litres d’eau par semaine, contrairement aux
personnes non dialysées qui ingèrent seulement 15 litres dans leur alimentation. La
membrane de dialyse a un effet barrière moins efficace que la paroi intestinale ou que
l’acidité gastrique qui luttent contre le passage d’impuretés présentes dans l’eau du robinet.
De plus, les reins de ces patients sont incapables d’éliminer l’aluminium. Il est donc évident
qu’il est nécessaire de réaliser des traitements supplémentaires de l’eau potable pour obtenir
47
l’eau de dialyse. Ainsi, l’eau traverse un circuit complet entre sa sortie au niveau du robinet à
l’état d’eau potable et son introduction dans le liquide de dialyse. Ce circuit comprend un
prétraitement, puis une épuration finale précédant une boucle de distribution alimentant les
différents postes de dialyse [figure 9]. Les dispositifs de prétraitement sont constitués de cinq
étapes successives. A l’entrée du circuit, un dispositif anti-reflux (DAR) empêche l’eau en
cours de traitement de se mélanger avec l’eau de ville arrivée par le robinet. Puis une valve
de température (VT) conditionne l’eau à 25°C pour rendre les techniques d’épuration
efficaces. Ensuite, des filtres (F-1 à F-4) se succèdent, de porosité de plus en plus faible,
avant un filtre à charbon actif (FC) qui absorbe les matières organiques, le chlore et les
chloramines. Un adoucisseur (A) est situé juste après pour éliminer une grande partie du
calcium, du magnésium, du manganèse et du fer qui, par leur présence dans l’eau,
limiteraient la durée de vie des dispositifs d’épuration.102
Figure 9 : Circuit de traitement de l'eau potable avant son utilisation en
dialyse.102
Les dispositifs d’épuration finale (DEF) font suite à ces étapes de prétraitement. Il en existe
quatre types : ultrafiltration, désionisation, osmose inverse, distillation. Leurs performances
en nettoyage de l’eau sont schématisées dans la [figure 10]. Les deux techniques les plus
utilisées sont la désionisation et l’osmose inverse.102
48
Figure 10 : Différents dispositifs d'épuration finale de l’eau.102
La désionisation est basée sur un échange d’ions à travers des résines cationiques et
anioniques. Les résines cationiques les échangent contre l’ion H+, et les résines anioniques
contre [OH]-. Ainsi, il y a formation d’eau pure dans le système par association de H+ avec
[OH]-. Cette technique est relativement efficace et de faible coût. Mais elle est inefficace pour
éliminer les matières organiques, les endotoxines et les micro-organismes. De plus, il y a un
risque de contamination lorsque les résines sont épuisées.102
L’osmose inverse est un peu plus efficace. Elle permet d’éliminer quasiment tous les ions,
les solutés organiques et inorganiques, ainsi que les micro-organismes et les endotoxines.
Elle utilise le passage de l’eau à travers une membrane avec un fort rejet ionique.
L’inconvénient de cette technique est une grande consommation d’eau.102
Parkinson et coll. ont montré qu’il faut que le dialysat contienne moins de 50 µg/L
d’aluminium pour éviter les effets cités précédemment, l’idéal étant de maintenir cette
concentration en dessous de 20 µg/L. Ils conseillent donc d’utiliser l’osmose inverse qui
permet d’obtenir un dialysat dont la teneur en aluminium est inférieure à 10 µg/L.69 Cette
valeur limite de 20 µg/L a été définie comme norme européenne et figure dans le Code de la
Santé Publique.6 Mais, l’osmose inverse et la désionisation ont toutes deux permis
d’éradiquer en partie les effets de l’aluminium chez les dialysés.
49
L’idéal serait bien sûr d’éliminer tout l’aluminium présent dans l’eau. La distillation permettrait
d’obtenir une eau extrêmement pure, mais son rendement est faible et ses dépenses
énergétiques très importantes. L’ultrafiltration n’est pas non plus utilisée pour le traitement de
l’eau de dialyse.102
e. Absence d’aluminium dans les matériaux en contact avec le dialysat
Une épidémie d’encéphalopathie à Eindhoven a été décrite par Flending et coll. Une même
source d’approvisionnement en eau était utilisée dans deux centres de dialyse. Pourtant
seulement l’un des deux a subi une épidémie d’encéphalopathie. Il s’est avéré que l’eau
initialement faible en aluminium était contaminée dans un des deux centres par des anodes
en aluminium utilisées pour éviter la corrosion des chaudières. Lorsque ces anodes ont été
retirées, l’épidémie a pris fin.71 Ils en ont déduit que les conduites de distribution de l’eau,
ainsi que les réservoirs de stockage doivent être exempts de métaux. Il ne faut pas non plus
que les matériaux utilisés s’infiltrent dans l’eau. Des matières plastiques telles que le
polychlorure de vinyle peuvent être utilisées de manière plus sûre.102
III.
CONCLUSION
L’aluminium est apporté dans l’eau potable, sous forme de sulfate, de nitrate ou de chlorure
d’aluminium. Il passe ensuite, à travers la membrane de dialyse, du dialysat vers le sang,
selon un gradient de concentration. L’excrétion urinaire par les reins étant limitée chez les
insuffisants rénaux, il s’accumule dans l’organisme. Trois effets indésirables principaux
semblent liés à sa présence dans le liquide de dialyse. C’est le cas de l’encéphalopathie de
dialyse, de l’anémie microcytaire hypochrome et de l’ostéodystrophie rénale.
Cependant, il existe deux principaux biais dans les études menées. La prise d’aluminium oral
par les insuffisants rénaux est le premier à prendre en compte. L’insuffisance rénale
chronique est souvent accompagnée d’une hyperphosphatémie. Ainsi, des traitements par
hydroxyde d’aluminium sont instaurés chez ces patients afin de réguler ce taux. Dans la
plupart des études citées, la prise de ce traitement par voie orale avait été maintenue.
Cependant, en ce qui concerne l’encéphalopathie, une enquête du Registry of the European
Dialysis and Transplant Association a éliminé ce biais potentiel. Il a été observé que des
milliers de personnes insuffisantes rénales chroniques avaient pris de l’hydroxyde
d’aluminium, sans pour autant développer une encéphalopathie.71 Le deuxième biais à
prendre en compte est le fait que l’eau du robinet est utilisée pour d’autres usages
domestiques, notamment comme eau de boisson. Les études auraient pu éliminer ce biais
en n’incluant que les personnes consommant de l’eau minérale embouteillée.
50
Il est important de souligner que les trois effets de l’aluminium cités ci-dessus n’ont plus été
observés chez les dialysés depuis que l’eau du robinet est traitée avant la dialyse pour
maintenir le taux d’aluminium inférieur à 20 µg/L dans le dialysat.
51
CHAPITRE 3 : ALUMINIUM ET MÉDICAMENTS ORAUX
I.
LES
MÉDICAMENTS ORAUX CONTENANT DES SELS D’ALUMINIUM ET LES
DOSES
QUOTIDIENNES
D’ALUMINIUM
INGÉRÉES
LORS
DE
LEUR
UTILISATION
L’aluminium est principalement utilisé comme principe actif dans certains médicaments. En
France, vingt principes actifs à base d’aluminium sont présents sur le marché. Ils rentrent
dans la composition de nombreuses spécialités [tableau IV]. L’aluminium peut également
être utilisé comme excipients, sous forme d’argile et de kaolin. Certaines spécialités
contiennent aussi des laques aluminiques. Mais dans ces deux derniers cas, les
concentrations sont très faibles.6, 2, 8, 103
Quant aux quantités absorbées, Lione104, 105 estime que chaque individu absorbe entre 126
et 5000 mg d’aluminium quotidiennement à partir des médicaments qu’il utilise. Les
analgésiques tamponnés seraient responsables des doses absorbées les plus faibles, tandis
que les anti-acides seraient responsables des plus fortes [tableau IV]. C’est ce que nous
allons voir en détail ci-après.
1. ANTI-ACIDES ET PANSEMENTS GASTRO-INTESTINAUX
Les sels d’aluminium sont utilisés par voie orale pour exercer une action anti-acide au niveau
stomacal pour soulager les douleurs d’estomac. Pour cela, ils neutralisent localement
l’acidité gastrique déjà sécrétée. Des composés aluminiques simples tels que le phosphate
et l’hydroxyde d’aluminium, ou des composés plus complexes (hydrotalcite, magaldrate) sont
utilisés. En tout, huit sels d’aluminium sont encore utilisés dans les anti-acides [tableau V].
Ces composés aluminiques sont utilisés seuls ou en association avec d’autres sels aux
propriétés anti-acides (par exemples : hydroxyde ou carbonate de magnésium, carbonate de
calcium). Ces associations sont fréquentes, car ils ne présentent pas un pouvoir neutralisant
suffisant quand ils sont utilisés seuls. Seulement quelques médicaments ne contiennent
qu’un seul de ces sels (Phosphalugel® par exemple). Aucune réglementation ne définit la
quantité maximale d’aluminium autorisée dans les anti-acides. Ainsi, l’apport quotidien en
aluminium varie de 500 à 5000 mg en fonction de l’anti-acide utilisé.2, 6, 104, 105, 106
52
Tableau IV : Spécialités contenant de l'aluminium commercialisées en France.6, 104, 105
Classe
thérapeutique
Anti-acides
Anti-acide
Pansement
digestif
ACIDRINE® (comprimé)
MAALOX® (comprimé)
MARGA® (comprimé)
MOXYDAR®(sachet, comprimé)
MUTESA® (susp. buv.)
PHOSPHALUGEL® (sachet)
POLYSILANE® (comprimé)
RIOPAN® (sachet)
ROCGEL® (sachet)
TOPAAL® (comprimé)
XOLAAM® (comprimé)
+ GASTROPULGITE® (sachet)
Pansements
digestifs
et
antidiarrhéiques
Anti-ulcéreux
Composition
Spécialité
GELOX® (sachet)
ACTAPULGITE® (sachet)
BEDELIX® (sachet)
ELUSANES KAOLIN® (gélule)
GASTROPAX® (poudre)
KAOMUTH® (sachet)
KARAYAL® (poudre)
NEUTROSES® (comprimé)
SMECTA® (sachet)
KEAL® (comprimé)
ULCAR® (comprimé)
Posologie
journalière
maximale
Dose
journalière
d’aluminium
(mg/j)
Sels d’aluminium
Quantités par
unité de prise
(mg)
Quantité d’aluminium
par unité de prise (mg)
Aminoacétate d’aluminium
Hydroxyde d’aluminium
Hydroxyde d’aluminium
Hydroxyde d’aluminium
Phosphate d’aluminium
Oxyde d’aluminium
Phosphate d’aluminium
Oxyde d’aluminium
Magaldrate
Oxyde d’aluminium
Hydroxyde d’aluminium
Hydroxyde d’aluminium
Hydroxyde d’aluminium
Attapulgite de Mormoiron
Hydroxyde d’aluminium
Diosmectite
Attapulgite de Mormoiron
Diosmectite
Kaolin lourd
Kaolin lourd
Kaolin lourd
Kaolin lourd
Kaolin lourd
Diosmectite
Sucralfate
Sucralfate
250
400
100
500
300
3800
2576
500
944,50
1212
30
200
500
2500
425
2500
3000
3000
500
600
7700
2000
30
3000
1000
1000
50,00
105,88
26,50
174,24 à 226,42
6
12
6
4
300
1271
159
697 à 906
406,50
546,00
141,60
98,00
641,00
8,00
15,88
108,00
1,50
225,00
6
6
6
6
6
6
6
6
2439
3276
850
588
3846
48
635
657
6
1350
1,80
27,00
80,00 à 105,00
125,40
1460,00
418,00
6,00
0,90
185,00 à 215,00
190,00
3
3
6
6
3
5
12
6
4
4
5,40
81
480 à 630
752
4380
2090
72
5,40
740 à 860
760
2. ANTI-ULCÉREUX
Le sulcralfate (sulfate d’aluminium et de sucrose) est le seul anti-ulcéreux à base
d’aluminium qui soit utilisé. Il a un effet similaire à celui de la cimétidine. Il protège la
muqueuse gastro-intestinale et favorise ainsi sa guérison. Il est utilisé à la posologie de 1g
quatre fois par jour, soit un apport de 828 mg d’aluminium par jour.104, 105
3. HYPOPHOSPHATÉMIANTS
L’aluminium est capable de former des complexes insolubles avec le phosphate. Il est donc
utilisé en cas d’hyperphosphatémie chez les insuffisants rénaux, pour diminuer l’absorption
intestinale du phosphate. L’hydroxyde d’aluminium est le plus utilisé dans cette indication,
car son absorption intestinale et sa solubilité sont faibles. Dans l’estomac, l’hydroxyde
d’aluminium réagit avec l’acide chlorhydrique pour former du chlorure d’aluminium. Celui-ci
conduit à la formation de phosphates d’alumine qui seront éliminés dans les fèces,
conduisant à une diminution de la phosphatémie et de la phosphaturie.8, 66, 107
4. ASPIRINE TAMPONNÉE
L’aluminium est souvent ajouté dans les médicaments contenant de l’aspirine, pour limiter
son action irritante de l’estomac. Deux sels sont utilisés dans cet objectif : l’hydroxyde
d’aluminium et le glycinate d’aluminium [tableau V]. La dose d’aluminium retrouvée dans
chaque comprimé est de 9 à 52 mg. Ainsi, lorsque ce médicament est utilisé dans un
contexte de polyarthrite rhumatoïde, la dose moyenne peut aller jusqu’à 700 mg d’aluminium
par jour.104, 105
5. PANSEMENTS DIGESTIFS ANTI-DIARRHÉIQUES
Les pansements digestifs, quant à eux, protègent la muqueuse en jouant le rôle de rempart
entre la muqueuse digestive lésée et les sucs digestifs. L’aluminium ayant des propriétés
absorbantes, il leur confère des propriétés anti-diarrhéiques en absorbant l’humidité de
manière passive au niveau de l’intestin. Ainsi, des argiles riches en aluminium rentrent dans
leur composition. C’est le cas notamment du kaolin, de l’attapulgite, du silicate de
magnésium et d’aluminium [tableau V].104, 105
54
Tableau V : Principaux sels d'aluminium entrant dans la composition des
médicaments.104, 105
Classes thérapeutiques
Anti-acides
Anti-ulcéreux
Aspirine tamponnée
Anti-diarrhéiques
Pansements digestifs
II.
LES
Sels d’aluminium utilisés
Hydroxyde d’aluminium
Acétate de dihydroxyaluminium
Carbonate d’aluminium
Oxyde d’aluminium
Aluminate de bismuth
Magaldrate
Aminoacétate de dihydroxyaluminium
Carbonate de dihydroxyaluminium-sodium
Sucralfate
Hydroxyde d’aluminium
Glycinate d’aluminium
Kaolin
Diosmectite
Attapulgite
EFFETS DE L’ALUMINIUM
PRÉSENT DANS LES MÉDICAMENTS
ADMINISTRÉS PAR VOIE ORALE
1. CINÉTIQUE DE L’ALUMINIUM PAR VOIE ORALE
L’absorption intestinale de l’aluminium a été évoquée pour la première fois par Recker et
coll. en 1977. Puis les travaux de Kaehny et coll. ont confirmé le fait que le tractus digestif ne
constituait pas une barrière étanche au passage de l’aluminium.66 Allain et coll.108 ont
administré du sucralfate à dose thérapeutique sous forme de granulés ou de suspension à
des volontaires sains. Suite à cette administration, ils ont observé une augmentation faible
mais significative de l’aluminium sérique et urinaire, ce qui suggère que l’aluminium est
absorbé lors d’une administration par voie orale.
Cependant, le mécanisme d’absorption intestinale est encore mal connu. Seules des
hypothèses ont été énoncées. En effet, l’étude de l’absorption intestinale est complexe à
cause des nombreux facteurs qui semblent l’influencer. Ces facteurs seront énumérés plus
loin. Elle semble, toutefois, avoir lieu par deux voies différentes. Le premier mode
d’absorption est non saturable, et implique un passage paracellulaire passif à travers les
jonctions serrées le long des entérocytes. Le deuxième est saturable, et implique quant à lui
un passage transcellulaire à travers les entérocytes. Ce transport actif à travers le
cytoplasme pourrait être semblable à celui du calcium, du fer ou du sodium.66, 107 En effet,
certains auteurs ont observé que l’absorption de l’aluminium dépend des concentrations en
sodium et en calcium. La voie saturable semble utilisée en priorité par l’aluminium. Mais au
55
bout de 77% d’aluminium absorbé par cette voie, la saturation oblige l’aluminium à
emprunter la deuxième voie pour les 23% restant. Cette répartition a été déterminée in vivo
lors de l’étude de segments intestinaux isolés par Adler et Berlyne.66
Comme nous l’avons vu pour la dialyse, la disponibilité de l’aluminium varie selon le pH de
l’eau à cause de son caractère amphotère. A un pH de 4,2, la concentration d’aluminium
libre est 1000 fois plus importante que lorsqu’il est de 7. Ainsi son absorption se fera
principalement en milieu acide, c'est-à-dire dans l’estomac et la partie proximale du
duodénum. L’aluminium va alors passer dans le sang, puis sera éliminé dans les urines. Par
contre, l’absorption sera moindre dans la partie distale, puisque le pH y est plus proche de la
neutralité, rendant l’aluminium insoluble. Dans ce cas l’aluminium sera éliminé dans les
selles.104, 107, 109
De nombreux facteurs, autres que le pH, interviennent dans la modulation de l’absorption de
l’aluminium dans le tractus digestif. La dose et la forme administrées représentent bien sûr
les facteurs les plus évidents. En effet, il a été observé que chez une personne en bonne
santé, plus la dose d’aluminium ingérée augmente, moins le pourcentage d’absorption est
important.109 Ceci confirme que les phénomènes d’absorption sont saturables, ce qui conduit
à une accumulation de l’aluminium dans les tissus.110 Quant à la forme administrée, l’étude
d’Allain et coll. citée précédemment montre que l’élimination urinaire est plus importante
chez les patients ayant reçu du sucralfate sous forme de granulés que chez ceux qui l’ont
reçu sous forme de suspension.108 L’absorption de l’aluminium dépend également du sel
utilisé. Kaehny et coll. ont montré que les concentrations urinaires et plasmatiques sont plus
importantes après administration d’hydroxyde, de carbonate ou de dihydroacétate
d’aluminium qu’après administration de phosphate d’aluminium.107 Storer et coll. ont conforté
ces résultats en observant moins d’effets indésirables liés à l’aluminium suite à son
administration sous forme de phosphate d’aluminium que sous forme d’autres sels (chlorure,
sulfate, nitrate ou acétate).107
L’état urémique joue également un rôle primordial dans l’absorption de l’aluminium dans
l’organisme. Dans leur étude, Zumkley et coll. ont montré que les patients insuffisants rénaux
traités par de l’hydroxyde d’aluminium par voie orale ont une aluminémie 3,5 fois supérieure
à celle des témoins.66 Sedman et coll. ont également observé des taux plasmatiques
supérieurs à la normale chez des enfants insuffisants rénaux traités par des gels
d’aluminium pour équilibrer leur taux de phosphate.66 Ces deux études amènent à conclure
que l’absorption intestinale de l’aluminium est plus importante chez les patients insuffisants
rénaux que chez les patients dont la fonction rénale est normale. La première des trois
études d’Ittel et coll. les a menés à la même conclusion.111,
112
Il faut également noter que
56
l’élimination de l’aluminium ingéré se fait par voies fécale ou urinaire. Il y a toujours une
augmentation de la concentration en aluminium dans l’urine. Il en résulte que le taux sanguin
en aluminium peut augmenter de manière considérable chez les personnes dont la fonction
rénale est déficiente.66 Par conséquent, les insuffisants rénaux sont plus à risque de toxicité
de l’aluminium lors de la prise orale de médicaments qui en contiennent.109,
110, 111
Les
auteurs en ont déduit que l’absorption est également élevée chez les personnes âgées,
puisque leur fonction rénale est altérée avec le temps. Chez les jeunes enfants, en
revanche, c’est l’immaturité de la barrière gastro-intestinale qui augmente l’absorption de
l’aluminium. Tsou et coll. ont montré qu’elle est alors plus perméable à l’aluminium. En
quantifiant l’absorption chez ces individus, Bishop et coll. ont observé qu’elle est 10 à 100
fois supérieure que chez les adultes.66
La présence d’autres aliments ou substances semble également intervenir dans
l’absorption.110 Il a été suggéré pendant un certain temps qu’une carence en fer pouvait être
responsable d’une hausse de l’absorption de l’aluminium. Ceci à cause des ressemblances
entre ces deux métaux et le fait que l’absorption de l’aluminium est médiée par les
récepteurs à la transferrine à laquelle il est lié. Pourtant, cette notion reste douteuse puisqu’il
n’y a pas de récepteur à la transferrine sur la paroi luminale de l’intestin grêle.111 Ittel et coll.
ont réalisé successivement trois études complémentaires qui vont aussi à l’encontre de
l’hypothèse selon laquelle l’absorption de l’aluminium se produit par l’intermédiaire des voies
spécifiques du fer par le biais de la transferrine. Et ceci que ce soit chez des patients
urémiques ou non. Ils en ont conclu qu’une carence en fer n’augmente pas l’absorption du
fer, et qu’une surcharge en fer ne protège pas de la toxicité de l’aluminium en limitant son
absorption.111 Le rôle d’une carence en fer sur l’absorption de l’aluminium administré par voie
orale reste encore controversé. Le rôle du citrate dans l’amélioration de l’absorption de
l’aluminium a également été étudié. Priest et coll.113 ont observé que la concentration
sanguine maximale est obtenue plus rapidement lors de l’administration de citrate
d’aluminium ou de citrate associé à l’hydroxyde d’aluminium que pour l’hydroxyde
d’aluminium seul. De même, le taux d’aluminium retrouvé dans les urines est plus élevé pour
le citrate et l’association que pour l’hydroxyde d’aluminium seul. Ils en ont conclu qu’une coadministration de citrate augmente la charge corporelle en aluminium. Plusieurs études vont
également dans ce sens en montrant une augmentation de l’absorption de l’aluminium chez
des patients traités à la fois par un médicament contenant de l’aluminium et par un autre
médicament contenant du citrate.66, 107 D’autres études, menées sur des animaux, ont mis en
évidence des concentrations aluminiques dans le sang, l’os et le cerveau plus importantes
après administration de citrate d’aluminium, qu’après administration d’une dose similaire
d’aluminium sous une autre forme.66, 107 Cette amplification de l’absorption de l’aluminium par
57
le citrate pourrait être due à la formation de complexes solubles aluminium-citrate qui ont été
observés par Martin.66,
107
Par contre, le phosphate, le silicium et le fluor forment des
complexes insolubles en présence d’aluminium et sont rapidement éliminés par voie fécale.
Ainsi, ces éléments diminuent l’absorption intestinale de l’aluminium.66, 107, 109 Il va de soi que
lors de la consommation de médicaments, d’aliments ou de boissons contenant ces
substances, l’absorption de l’aluminium est influencée. La prise de café, d’alcool ou de jus de
fruits peut, par exemple, amplifier l’absorption de l’aluminium puisque ces boissons sont
riches en acide citrique.66,
107, 110, 113
Par contre, en période de jeûne, l’absorption de
l’aluminium est facilitée. En effet, l’étude de Drueke et coll. chez des rats a montré qu’une
période de jeûne de 24 heures, entraîne une absorption d’aluminium quinze fois plus
importante que chez des rats nourris normalement.109
Les études portant sur la fraction d’aluminium qui traverse la barrière intestinale sont toutes
arrivées à des résultats différents. Greger a estimé que moins de 1% de l’aluminium ingéré
traverse la barrière intestinale.66 D’autres auteurs ont utilisé la méthode de bilan des entrées
et sorties. Ils ont montré que la quantité d’aluminium retrouvée dans les fèces est inférieure à
celle ingérée lors d’une consommation à dose pharmaceutique. Cependant, cette méthode
n’est pas très fiable. C’est ce que suggère la grande variabilité des résultats pour une même
dose ingérée.66 Ganrot a, quant à lui, considéré que l’absorption intestinale était équivalente
à l’excrétion urinaire. Il en a déduit que 0,01% de l’aluminium ingéré est absorbé. Mais
l’hypothèse selon laquelle la dose absorbée serait excrétée dans les urines est fausse,
puisque l’aluminium s’accumule dans les tissus lors d’une exposition continue.66
2. EFFETS
INDÉSIRABLES
LIÉS
À
L ’ALUMINIUM
PRÉSENT
DANS
LES
MÉDICAMENTS ORAUX
a. Maladie d’Alzheimer
Depuis que la maladie d’Alzheimer (MA) a été décrite, son origine multifactorielle a été
suspectée. C’est une maladie neurodégénérative caractérisée principalement par une perte
neuronale conduisant à des symptômes de démence. Deux autres éléments primordiaux la
caractérisent : les plaques séniles formée par dépôt extracellulaire de la protéine β-amyloïde
(Aβ) et les enchevêtrements neurofibrillaires (NFT) intraneuronaux dus à l’accumulation de la
protéine Tau.6, 101, 114, 115
Certaines études ont comparé la concentration en aluminium chez les patients atteints de la
MA et chez les patients non atteints. Ceci a été réalisé sur de nombreux prélèvements
biologiques différents. Les études portant sur l’aluminium dans le LCR, n’y ont pas montré
une concentration en aluminium différente entre les patients atteints de la MA et les autres.
58
Cependant, ces deux études de Kapaki et coll. et Pailler ont été réalisées sur des petites
cohortes de patients. En ce qui concerne le sang, la concentration en aluminium était plus
importante chez les cas dans certaines études. Un mauvais appariement des âges entre cas
et témoins peut expliquer cette différence de concentration. D’autant qu’aucune différence de
concentration en aluminium sérique entre des personnes atteintes de MA et des personnes
saines de même âge n’a été montrée dans quatre études différentes. Pour les
concentrations en aluminium urinaire, les résultats sont également controversés.6, 101
D’autres études se sont intéressées à la présence d’aluminium dans le cerveau. Mais,
comme nous l’avons vu pour l’encéphalopathie de dialyse, la mesure de l’aluminium dans le
cerveau est délicate, surtout pour des quantités très faibles.6,
115
Cependant, onze
laboratoires utilisant six techniques de dosage différentes ont trouvé des concentrations
importantes d’aluminium dans le cerveau des patients atteints de la MA. Chaque protocole
comprenait une comparaison à des tissus contrôles.115 En 2006, Walton116 a coloré les tissus
hippocampiques de patients atteints de MA et de témoins non atteints avec de la phloxine.
Une coloration magenta de l’aluminium est apparue chez toutes ces personnes âgées. Chez
les sujets contrôles, elle était localisée dans le nucléole des neurones et de faible intensité
[figure 11.A]. Chez les malades, elle était intense, à la fois dans le noyau et le cytoplasme
des neurones [figure 11.B]. Il a donc supposé que deux mécanismes intervenaient :
l’augmentation progressive de l’aluminium dans le noyau en commençant par le nucléole et
l’accumulation
dans
le
cytoplasme
conduisant
à
la formation d’enchevêtrements
neurofibrillaires. Il existe toutefois un biais si l’aluminium peut s’accumuler avec le temps
même chez des personnes non démentes. En effet, les patients atteints de la MA dans cette
étude sont plus âgés, ce qui suffirait à expliquer une coloration plus importante.116 De plus,
une étude réalisée chez des souris jeunes ou âgées, a montré l’absence de coloration chez
les jeunes souris alors qu’une coloration a mis en évidence la présence d’aluminium dans le
nucléole, et parfois même dans le noyau et le cytoplasme des souris âgées.116 Ainsi, de
nombreux auteurs n’excluent pas le fait que la MA ainsi que d’autres maladies liées à l’âge,
ou même l’âge lui-même, pourraient conduire à l’accumulation de l’aluminium. D’autres ont
émis une hypothèse selon laquelle d’autres facteurs associés à l’aluminium causeraient cette
maladie. Ou même que la présence d’aluminium dans le cerveau des malades serait un
hasard. Mais cette dernière théorie est peu probable étant donné le nombre important
d’études montrant un lien entre l’aluminium et la MA.115
59
Figure 11 : Localisation de l'aluminium dans les neurones des sujets contrôles
(A) (coloration de faible intensité dans le nucléole des neurones) et des patients
atteints de la maladie d’Alzheimer (B) (coloration intense dans le noyau et le
cytoplasme des neurones).116
Les études ayant retrouvé de l’aluminium dans le cerveau l’ont principalement localisé dans
les régions cérébrales où il y a des enchevêtrements neurofibrillaires.101 C’est le cas de
l’étude de Crapper et coll., au cours de laquelle des aluminosilicates ont été observés dans
les enchevêtrements neurofibrillaires et dans les plaques séniles de sujets atteints de MA.
Ainsi, le rôle potentiel de l’aluminium dans l’apparition de la maladie a été renforcé. D’autant
que d’autres études ont également montré sa présence dans ces deux éléments
caractéristiques de la maladie.6 La présence d’aluminium dans les NFT suggère pourtant
deux théories. Soit il est impliqué dans leur formation, soit il est attiré dans ces
enchevêtrements après leur formation.6,
116
L’étude de Klatzo et coll. est en faveur de la
première suggestion, selon laquelle l’aluminium serait impliqué dans la formation des NFT.
L’injection d’aluminium dans le cerveau de lapins a conduit à l’apparition de NFT.114 Crapper
et coll. ont fait une observation similaire chez des chats.114 L’aluminium semble conduire à
une hyperphosphorylation de la protéine Tau en inhibant l’activité de la protéine
phosphorylase 2A. Ceci aboutirait à la formation des enchevêtrements neurofibrillaires. De
plus, la spectroscopie RMN a confirmé la présence de liaisons covalentes entre les protéines
Tau et l’aluminium.116 Shin et coll. ont eux aussi supposé que l’aluminium sert de cofacteur
dans la formation des NFT.116 Eichhorn pense également que l’aluminium pourrait jouer un
rôle de cofacteur dans la formation des plaques séniles et des radicaux libres.115 Cependant,
d’autres études sont plutôt en faveur de la deuxième théorie. En effet, Perl et coll. ont
retrouvé de l’aluminium dans les cellules nerveuses contenant des enchevêtrements
neurofibrillaires chez des personnes âgées non démentes. Pourtant, les enchevêtrements
sont nettement moins nombreux dans leur cerveau que dans ceux des patients atteints de
MA.101 Bouras et coll. ont, quant à eux, trouvé de l’aluminium dans des enchevêtrements
présents dans le cerveau de patients atteints de démence pugilistique liée à des
traumatismes crâniens répétés (chez des boxeurs par exemple).101 Ils ont ainsi suggéré que
60
l’aluminium s’accumule dans les enchevêtrements, quels qu’ils soient, et qu’il serait donc
plutôt spécifique des enchevêtrements que de la MA.
Depuis, plusieurs années, les plaques séniles ont une plus grande importance que la
dégénérescence neurofibrillaire dans la caractérisation de la MA.6 Il se trouve que deux
études portant spécifiquement sur les plaques séniles ont déclaré que l’aluminium est
associé aux fibres amyloïdes.101 Ce qui conforte davantage l’idée que l’aluminium serait
responsable de la MA. L’aluminium semble interagir avec la protéine β-amyloïde. In vitro, le
fait que l’aluminium améliore l’agrégation de cette protéine pour former une plaque insoluble
a été mis en évidence par Mantyh et coll. Cependant, il semble que cette agrégation est
facilitée par de nombreux autres ions métalliques. L’aluminium semble capable d’induire des
modifications conformationnelles de la protéine β-amyloïde favorisant son agrégation. Ces
modifications entraînent également la formation de fibrilles qui sont présentes dans la MA.6
Walton a testé son colorant sur les plaques amyloïdes, mais ce test s’est avéré négatif, ce
qui va à l’encontre d’un éventuel rôle de l’aluminium dans la formation des plaques
amyloïdes présentes dans la MA.116
Comme pour les parties précédentes, l’efficacité de la DFO pour stopper l’évolution des
effets indésirables a été testée par McLachlan et coll.117 Il s’est avéré que le taux de
détérioration mentale était réduit chez les patients atteints de la MA traités par DFO par
rapport à ceux traités par un placebo ou sans traitement. Ils en ont déduit qu’une prise
prolongée de DFO est capable de ralentir la progression de la MA. Ceci pourrait ainsi être en
faveur d’un rôle de l’aluminium. Cependant, la DFO n’est pas seulement un chélateur de
l’aluminium, elle chélate également le fer. Or, de nombreuses études ont montré que le fer
interagit avec la protéine Tau et contribue à la formation des dégénérescences
neurofibrillaires présentes dans la MA. De plus, Guo et coll.118 ont montré qu’une
administration de DFO par voie nasale chez des souris limite la formation de protéines Tau
hyperphosphorylées en présence de fer. Suite à ces observations, rien ne permet d’affirmer
que c’est bien l’aluminium qui est neutralisé lors de l’administration de DFO.
Flaten et coll.119 ont observé que le taux de décès par démence parmi une cohorte de
patients traités pour un ulcère gastroduodénal n’était pas significativement différent de celui
observé dans la population générale. Cette étude ne représente donc qu’une faible preuve
d’un lien entre la MA et les anti-acides. D’autant que dans cette étude, les démences prises
en compte ne sont certainement pas toutes des MA, et que les patients n’ont peut être pas
tous consommé des anti-acides à base d’aluminium. De nombreuses autres études n’ont
pas mis en évidence de lien entre la MA et les anti-acides à base d’aluminium. C’est le cas
notamment des études de Heyman, de Forster, de Graves et d’Amaducci.5 Ainsi que l’étude
61
de Colin Jones et coll. au cours de laquelle aucune différence significative de mortalité par
MA n’a été trouvée entre les patients traitant leurs ulcères par l’aluminium et les témoins.5, 6,
115
Pourtant, l’étude de Flaten et coll. révèle que le décès arrive à un âge plus précoce chez
les patients ayant déclaré consommer des anti-acides à base d’aluminium que chez les
autres.115
La MA a surtout été étudiée dans le cadre d’une consommation d’eau du robinet par la
population générale, et ce, surtout pour des raisons de praticité. La teneur en aluminium est
facile à déterminer dans l’eau.6 Des études ont montré que les personnes vivant dans les
zones où la concentration en aluminium de l’eau est importante ont 1,5 à 2 fois plus de
risques d’être atteints de la MA que ceux qui vivent là où la concentration est inférieure.
D’autres études ont montré que les personnes buvant de l’eau du robinet sont également
plus à risque que les personnes qui boivent de l’eau embouteillée ou d’autres boissons.101
Cependant, la plupart de ces études ne tenaient pas compte des autres sources
d’aluminium, parfois beaucoup plus importantes, auxquelles étaient exposés les sujets
étudiés.6 Comme l’eau ingérée suit le même cheminement que les médicaments administrés
par voie orale, la cinétique de l’aluminium semble être la même dans ces deux cas. La MA
qui a été liée à l’aluminium présent dans l’eau peut donc aussi l’être à l’aluminium des antiacides et des autres médicaments administrés par voie orale.
Plusieurs biais sont à prendre en compte. D’abord, lorsque les études sont réalisées sur des
animaux, ceux-ci sont modifiés génétiquement pour avoir la protéine précurseur de
l’amyloïde humaine et d’autres protéines caractéristiques de la MA. Cependant, il est difficile
d’obtenir un modèle animal avec toutes les caractéristiques nécessaires à l’étude de la MA
telle qu’elle serait chez l’Homme. De plus, l’aluminium a souvent été injecté directement
dans le cerveau des animaux, ce qui n’est pas le cas pour l’Homme.101 Ensuite, il y a un biais
de mémoire important quant à la prise d’anti-acides ou d’autres médicaments à base
d’aluminium par les patients puisqu’ils sont atteints, le plus souvent, d’une altération de la
mémoire, qui est l’un des principaux symptômes de la MA. Enfin, un biais d’un tout autre
ordre réside dans le fait que les sujets utilisent de l’eau du robinet dans la vie quotidienne, et
notamment pour ingérer les médicaments oraux à base d’aluminium.119
En résumé, le rôle de l’aluminium présent dans les médicaments oraux (notamment les antiacides) dans l’apparition de la MA est controversé. De nombreux arguments en faveur
peuvent être cités, mais la plupart de ces arguments sont contredits par d’autres
observations. La présence d’aluminium dans le cerveau, principalement dans les
enchevêtrements neurofibrillaires et les plaques séniles des patients atteints de la maladie
constituent des éléments majeurs en faveur de ce lien. Pourtant, sa présence dans les
62
plaques séniles ne semble pas certaine, et sa présence dans les enchevêtrements
neurofibrillaires pourrait être plutôt une conséquence que la cause elle-même. Quant à sa
présence dans le cerveau, elle peut être due à l’accumulation de l’aluminium au cours de la
vie. De plus, la DFO semble en diminuer l’évolution, mais il est probable que cette
observation soit plutôt liée au rôle du fer dans la pathogenèse de la maladie qu’au rôle de
l’aluminium. Ainsi, de nombreux doutes planent encore sur le rôle de l’aluminium dans la MA,
d’autant que cette maladie est multifactorielle.
b. Encéphalopathie
L’implication de l’aluminium dans l’encéphalopathie a déjà été évoquée dans la partie traitant
la dialyse. Certains auteurs pensent que l’aluminium administré par voie orale à des
personnes ayant des capacités d’élimination diminuée peut être lui aussi responsable
d’encéphalopathie. D’autant qu’une étude a montré que l’ingestion d’hydroxyde d’aluminium
entraîne une augmentation de l’aluminémie chez des patients normo-rénaux.71 De plus,
plusieurs cas d’encéphalopathie de dialyse ont été décrits chez des patients insuffisants
rénaux n’ayant jamais été traités par dialyse, mais ayant pris de l’hydroxyde d’aluminium
pour équilibrer leur taux de phosphate.71 Le cas d’une femme hémodialysée a été étudié par
Shirabe et coll.72 Celle-ci a développé une encéphalopathie et présentait des concentrations
en aluminium dans le sang et le LCR relativement élevées, malgré un taux acceptable
d’aluminium dans le liquide de dialyse. Il semblerait que ceci soit dû à l’hydroxyde
d’aluminium qu’elle a ingéré par voie orale sur la même période. Ce cas conforte l’idée que
l’aluminium peut également provoquer une encéphalopathie chez les insuffisants rénaux
lorsqu’il est administré par voie orale.
c. Ostéomalacie
L’ostéomalacie a elle aussi été abordée dans la partie sur la dialyse. Des observations faites
lors de l’administration d’anti-acides chez des sujets normo-rénaux viennent conforter le rôle
de l’aluminium dans son apparition.
Le cas d’un homme ayant utilisé un anti-acide à base d’hydroxyde d’aluminium (Maalox®) au
long cours a été décrit par Carmichael et coll.120 Il présentait une ostéomalacie associée à
une ostéite fibreuse à la biopsie. Une augmentation de la teneur minérale de l’os a été
obtenue après interruption de la consommation d’anti-acides et l’instauration d’un traitement
par voie orale à base d’aluminium et de phosphore. Ainsi, l’aspect radiographique de la
maladie osseuse s’est amélioré et les douleurs osseuses se sont atténuées. La scintigraphie
osseuse et les radiographies ont mis en évidence une ostéopénie et la biopsie osseuse a
montré une ostéomalacie chez une femme soufrant d’hyperacidité gastrique traitée par
63
Maalox®. L’arrêt du traitement anti-acide a entraîné la diminution de ses douleurs
osseuses.121 Woodson a, quant à lui, décrit le cas d’une ostéomalacie sévère chez une
femme normorénale. Il s’est avéré que cette femme utilisait un médicament à base
d’aluminium et de magnésium en automédication. Tout en respectant la posologie indiquée
sur l’emballage, elle avait consommé en tout et pour tout 18 kg d’aluminium et 15 kg de
magnésium élémentaires sur une période de 8 ans.122 Un quatrième cas d’accumulation
d’aluminium dans l’os a été décrit chez un patient ayant un ulcère peptique avec fonction
rénale normale qui avait pris pendant 25 ans de l’aluminium par voie orale en grande
quantité.119 Ces quatre cas montrent que les anti-acides au long cours sont responsables
d’ostéomalacie même à posologie classique chez des personnes dont la fonction rénale est
normale.
Comme nous l’avons vu plus haut, l’hydroxyde d’aluminium joue le rôle de chélateur du
phosphate. Il va de soi qu’il est également capable de se lier au phosphore alimentaire.
L’absorption intestinale de ce dernier serait donc limitée et conduirait à l’ostéomalacie par
épuisement du phosphore dans l’organisme.25, 120, 122 En effet, il a été observé que lors de
l’arrêt de l’apport en hydroxyde d’aluminium, le taux sérique de phosphore revient à la
normale. Chez des gros consommateurs d’aluminium par voie orale, le défaut de
minéralisation peut donc avoir deux origines liées à la présence d’aluminium. La première
serait l’accumulation d’aluminium dans les os, comme nous l’avons montré lors de la dialyse.
La deuxième serait l’épuisement du phosphore par défaut d’absorption.121
Cependant, il a également été montré récemment que l’acidité gastrique est nécessaire pour
une bonne absorption intestinale du calcium. L’acide gastrique semble solubiliser le calcium
et le rendre ainsi plus facilement absorbable. Plusieurs études ont été menées sur le sujet.
L’une d’entre elles a permis d’observer que l’absorption de carbonate de calcium augmente
lors de la stimulation de la sécrétion d’acide gastrique. Or l’homéostasie du calcium est
nécessaire pour un bon état osseux. Des études épidémiologiques ont montré que
l’utilisation d’Inhibiteurs de la Pompe à Protons (IPP) est associée à une augmentation du
nombre de fractures de hanches. Ainsi, l’utilisation de traitement ayant pour objectif de
diminuer l’acidité gastrique, tels que les anti-acides pourrait entraîner des troubles osseux.106
L’auteur de cette étude émet un doute quant au fait que l’aluminium des anti-acides soit
responsable des effets osseux, en émettant l’hypothèse que l’activité anti-acide en soit ellemême responsable.
Le rôle de l’aluminium dans les troubles osseux suite à l’ingestion de médicaments oraux en
contenant semble fort probable. Bien qu’il ne soit sans doute pas le seul responsable lors de
la consommation d’anti-acides, puisque l’absence d’acidité semble également intervenir.
64
3. ALTERNATIVES
Les anti-acides aluminiques ont été beaucoup prescrits puisqu’ils étaient pendant un certain
temps les seuls sur le marché. Cependant, depuis une trentaine d’années, une diminution de
leur utilisation est observée car ils sont maintenant remplacés par les antagonistes des
récepteurs H2 à l’histamine et par les IPP. Les anti-acides à base d’aluminium ne sont
maintenant utilisés que de manière épisodique en traitement d’appoint de la dyspepsie et
des troubles digestifs hauts. Les spécialités à base d’argiles (type Smecta®) sont encore
utilisées au long cours dans le traitement des troubles digestifs bas. Ces médicaments sont
pauvres en aluminium.2,
6, 119
L’utilisation de médicaments dépourvus d’aluminium est
conseillée pour éviter ses effets indésirables.
Il est également recommandé d’utiliser des médicaments exempts d’aluminium pour
contrôler l’hyperphosphatémie des insuffisants rénaux. Les sels d’aluminium peuvent être
remplacés par des chélateurs de phosphate à base de calcium ou d’hydroxyde de
magnésium par exemple.104
III.
CONCLUSION
De nombreux médicaments administrés par voie orale contiennent de l’aluminium. C’est le
cas notamment des anti-acides qui font partie des médicaments les plus vendus en officine
que ce soit sur ordonnance ou en automédication.6, 104
Selon l’Autorisation de Mise sur le Marché (AMM) des anti-acides, « dans le cadre des
conditions normales d’utilisation, l’exposition reste modérée, en raison de la faible absorption
de l’aluminium contenu dans les anti-acides » (environ 0,1%).103 Pourtant, la toxicité de
l’aluminium a été confirmée chez les insuffisants rénaux ou lors d’un usage prolongé ou à
des doses massives. Aucune preuve n’a été évoquée, ni chez les patients ayant une fonction
rénale normale, ni dans les conditions normales d’utilisation.6 Il faut donc s’en méfier, surtout
chez l’insuffisant rénal. Or, les principales personnes à en utiliser sont les personnes âgées,
qui le plus souvent ont une fonction rénale altérée.104
65
PARTIE II : PRÉSENCE DE L’ALUMINIUM EN COSMÉTIQUE
Le Code de la Santé Publique définit un produit cosmétique comme étant « une substance
ou préparation, autre que les médicaments, destinée à être mise en contact avec les
diverses parties superficielles du corps humain ou avec les dents et muqueuses en vue de
les nettoyer, de les parfumer, de les protéger ou de les maintenir en bon état, d’en modifier
l’aspect ou de corriger les odeurs corporelles ». Ainsi, de nombreux produits vendus en
pharmacie ou dans le commerce entrent dans cette définition, tels que les déodorants et
anti-transpirants, tous types de crèmes, émulsions, lotions des gammes de parapharmacie,
les produits de maquillage (rouges à lèvre, fonds de teint, vernis à ongles…), les dentifrices,
etc.123, 124
Avant sa mise sur le marché, un produit cosmétique ne nécessite pas d’AMM, à l’inverse des
médicaments. Le fabricant est le seul responsable de la sécurité du produit. Pour la
formulation de celui-ci, il doit tenir compte des listes de substances interdites et des teneurs
autorisées. Néanmoins, les produits sont contrôlés par l’ANSM et la Direction Générale de la
Consommation, de la Concurrence et de la Répression des Fraudes (DGCCRF), après leur
commercialisation, afin de garantir l’absence de danger pour la santé humaine.124
De plus, un système de cosmétovigilance existe en France. Mais les déclarations d’effets
indésirables ne sont pas obligatoires et aucune sanction n’est prévue. Le nombre d’effets
indésirables déclarés liés à ces produits est donc faible et il est difficile de déterminer
clairement l’imputabilité de l’aluminium dans leur apparition.6
Les débats autour de la présence d’aluminium dans les anti-transpirants et les effets
indésirables qui en découlent ont été tellement nombreux depuis la fin du XXème siècle,
qu’une partie complète de ce travail est réservée à ces produits appliqués principalement au
niveau des aisselles. Sa présence dans les autres cosmétiques sera traitée de manière plus
générale.
66
CHAPITRE 1 : ALUMINIUM ET ANTI-TRANSPIRANTS
I.
LES SELS D’ALUMINIUM, DES ANTI-TRANSPIRANTS EFFICACES
1. PHYSIOLOGIE DE LA SUDATION
La sueur est émise par deux principaux types de glandes sudoripares : les glandes eccrines
et les glandes apocrines [figure 12]. Les premières participent à la thermorégulation de
l’organisme en produisant de la sueur eccrine qui lors de son évaporation, va conduire à un
refroidissement immédiat. Près de deux millions de ces glandes sont réparties sur
l’ensemble du corps humain, mais principalement au niveau des paumes de mains, des
plantes de pieds, de la poitrine et du front. Au niveau des mains et des pieds, la production
de sueur est plutôt signe de stress ou d’émotion. Elles sont innervées par des fibres
sympathiques et sont sensibles aux stimulations parasympathiques. Leur sécrétion est
stimulée par l’acétylcholine et la pilocarpine et inhibée par l’atropine et les anticholinergiques. Les secondes apparaissent seulement après la puberté. Elles sont présentes
au niveau des aisselles, des régions ombilicale, pubienne, anale, et mammaire. Ces glandes
sécrètent de la sueur apocrine sous l’effet de stimuli émotionnels, tels que l’angoisse, la
frayeur, et l’excitation sexuelle. Cette sécrétion est déclenchée par les fibres sympathiques
adrénergiques, mais ni par les stimulations cholinergiques, ni par la température comme les
glandes eccrines.125, 126, 127, 128
Figure 12 : Localisation des glandes sudoripares dans une coupe de peau.129
67
Les glandes sudoripares sécrètent 0,5 à 1 litre de sueur par jour en moyenne. Cette
sécrétion quotidienne peut monter jusqu’à 3 litres lors d’une canicule ou d’exercices
physiques intenses. Les sueurs eccrine et apocrine ont des compositions très proches l’une
de l’autre. Elles sont constituées à 99% d’eau dans laquelle sont dispersés ou dissous 0,5%
de sels minéraux et 0,5% de matières organiques. La sueur apocrine est légèrement
opalescente, alors que la sueur eccrine est incolore. Ceci s’explique par la présence de plus
de matière organique d’origine lipidique, d’urée et d’ammoniaque dans la première. Lors de
leur émission, ces deux types de sueur sont inodores. C’est la décomposition des matières
organiques qu’elles contiennent, par les bactéries de la flore cutanée qui les rend
malodorantes. En effet, ces bactéries transforment les matières organiques en acides gras à
chaîne courte malodorants, tels que les acides caprylique, caprique, valérianique, etc. La
sueur apocrine ayant une composition légèrement différente, est génératrice de plus
d’odeurs.125, 126, 127, 128
2. HYPERHIDROSE, BROMHIDROSE ET RÔLE DES ANTI-TRANSPIRANTS
L’hyperhidrose est définie comme une transpiration excessive. Elle concerne 25% des
français. Elle est généralement localisée. Dans ce cas elle touche principalement les
aisselles, les paumes de main, les plantes de pied et le visage. Elle peut également être
généralisée, ce qui est plus rare. Cette sudation excessive peut être secondaire à des
maladies (maladie de Parkinson, insuffisances rénale et hépatique, diabète, surpoids,
désordres hormonaux, infections, etc.) ou à l’utilisation de médicaments (bétabloquants,
neuroleptiques, antidépresseurs). La bromhidrose quant à elle, est le dégagement d’odeurs
désagréables. Dans la société actuelle, les mauvaises odeurs sont synonymes de mauvaise
hygiène et la transpiration visible est synonyme d’émotions incontrôlées. Ainsi l’hyperhidrose
et la bromhidrose, ou même une sudation normale, ont un impact dans la vie quotidienne,
pouvant conduire à un inconfort, un isolement ou une perte de confiance en soi.125, 126, 128
Il existe plusieurs moyens d’agir sur ces deux inconvénients majeurs de la sudation. D’abord,
en masquant les odeurs par un parfum. C’est le rôle des déodorants non antiseptiques.
Ensuite, en agissant sur l’origine des mauvaises odeurs. C’est le rôle des déodorants
antiseptiques qui éliminent les microorganismes responsables de la dégradation de la sueur
en composés odorants. Enfin, en agissant plus en amont, sur la sécrétion de la sueur elle
même. C’est le rôle des anti-transpirants qui diminuent cette sécrétion. Cependant, ils ne la
réduisent que d’environ 50%. Ils ont, par conséquent, une activité déodorante, par absence
de substrat à décomposer.125, 126, 128
Le mécanisme d’action des sels d’aluminium pour inhiber la transpiration a été étudié par
Papa et Kligman.130 Ils ont appliqué du chlorure d’aluminium sous pansement occlusif sur
68
l’avant-bras de volontaires. Ceci a conduit à l’anhidrose pendant quelques jours, puis à une
transpiration faible les jours suivants. Même lors de leur passage dans une enceinte
chauffée et humide, ces individus n’ont pas transpiré. Une glycogénolyse a été mise en
évidence sur les zones non traitées et les zones traitées après une heure dans l’enceinte.
Elle est la preuve d’une sécrétion intacte de sueur au niveau des glandes. Ainsi, la sueur est
bel et bien sécrétée par les glandes, mais quelque chose l’empêche d’arriver à la surface de
la peau lors de l’application de l’aluminium. Papa et Kligman. ont pensé à une fermeture des
pores sudoripares. Mais deux de leurs expériences ont permis de montrer le contraire. Le
dépôt d’un scotch pour obstruer les pores n’empêche pas la transpiration [figure 13]. Et le
test au bleu de méthylène montre une intensification des motifs des pores [figure 14]. Ils sont
plus grands et plus colorés, ce qui signifie qu’ils sont plus perméables au colorant, et que par
conséquent ils devraient l’être à la sueur. La sueur est donc résorbée entre sa production au
niveau des glandes sudoripares et sa sécrétion au niveau des pores. Papa et coll. ont
supposé que l’eau contenue dans la sueur est résorbée dans le derme par des petites
perforations causées par l’aluminium dans les canaux sudoripares.127, 130
Figure 13 : L'obstruction des pores par un scotch n’empêche pas la libération
de sueur.130
Figure 14: Intensification des motifs des pores mise en évidence par le test au
bleu de méthylène.130
69
3. COMPOSITION DES ANTI-TRANSPIRANTS ET DIFFÉRENTS SELS D’ALUMINIUM
UTILISÉS
Les anti-transpirants sont également appelés antisudoraux ou antiperspirants. Leurs
composants principaux sont actuellement des sels d’aluminium, parfois associés à des sels
de zirconium. Avant l’utilisation de ces sels, plusieurs substances avaient été testées en tant
qu’anti-transpirant. Des dérivés du formol et de l’acide borique ont été utilisés pour leur
propriété astringente, mais ont été interdits à cause de leurs toxicités neurologique, digestive
et rénale. Le glutaraldéhyde a ensuite été employé, mais la coloration qu’il provoquait au
niveau de la peau et les douleurs qu’il engendrait ont mené à abandonner son utilisation. Le
talc, l’alun et le tanin officinal ont été beaucoup appréciés par les militaires avant de devenir
désuets eux aussi. En même temps, l’utilisation de l’aluminium a évolué durant le XXème
siècle, passant par différents sels et formulations. L’efficacité de ces formules s’est
améliorée progressivement tout en diminuant les effets indésirables des anti-transpirants. Le
chlorure d’aluminium a été le premier à être utilisé. Mais son caractère irritant et son
efficacité limitée, ont mené à le remplacer par le chlorhydrate d’aluminium, d’efficacité
semblable mais mieux toléré. L’association à l’alcool et la formulation de complexes
métalliques a permis d’améliorer son efficacité. L’adjonction de tampon réalisée par la suite
l’a rendu encore plus actif et mieux toléré. Le chlorhydrate d’aluminium est aujourd’hui le
plus fréquemment rencontré dans les anti-transpirants, mais nombreux sont les autres sels
d’aluminium encore utilisés [tableau VI].127, 131
Tableau VI : Différents sels d'aluminium utilisés dans les déodorants et les
antisudoraux.131
Sels d’aluminium
Chlorhydrate d’aluminium
Aluminium capryloyl glycine
Alun de potassium (sulfate d’aluminium et de potassium)
Aluminium sesquichlorohydrate
Chlorhydrate d’aluminium
Usages
Anti-transpirant
Anti-transpirant
Anti-transpirant
Anti-transpirant
Déodorant
En effet, les sels d’aluminium ont des propriétés intéressantes. Leur capacité à précipiter et
leur action astringente leur permettent de rétrécir le diamètre des canaux sudoripares,
diminuant ainsi l’écoulement de la sueur. De plus, en milieu humide, une réaction chimique
locale se produit : Al3+ + 3H2O
Al(OH)3 + 3H+. De l’acidité se dégage de cette réaction, et
joue un rôle antiseptique. La flore bactérienne est donc localement inhibée. C’est ainsi que
les sels d’aluminium agissent à la fois sur la sueur et sur l’odeur.125, 126, 127, 128, 129
Les sels de zirconium ont également des propriétés anti-transpirantes et bactériostatiques.
Ainsi, l’association de ces deux types de sels est utilisée pour amplifier l’action. Cependant,
70
leur utilisation est réglementée en Europe, alors qu’ils continuent à être fortement utilisés
outre-Atlantique. En effet, les sels de zirconium sont génotoxiques et mutagènes. Ils
induisent aussi des granulomes dermiques et pulmonaires. Ainsi, leur présence dans les
aérosols est interdite en Europe et seul l’usage de zirconium anhydre ou associé en faible
proportion est autorisé dans les autres formes d’antiperspirants.125, 126, 127, 128
4. QUANTITÉ D ’ALUMINIUM AUTORISÉE DANS LES ANTI-TRANSPIRANTS
Dans son rapport d’expertise de 2011 sur l’« Evaluation du risque lié à l’utilisation de
l’aluminium dans les produits cosmétiques », l’AFSSAPS a conclu à la nécessité d’abaisser
de 5 à 0,6% la teneur autorisée en aluminium pur dans les anti-transpirants. Ceci pour limiter
le risque d’effets systémiques lors d’une exposition chronique à l’aluminium. Cette valeur a
été volontairement exprimée en pourcentage d’aluminium afin d’être applicable à l’ensemble
des formes aluminiques utilisées dans les antiperspirants. Indiquée sous cette forme, elle
peut être également considérée comme recommandée pour tous les autres produits
cosmétiques.131
II.
LES EFFETS DE L’ALUMINIUM PRÉSENT DANS LES ANTI-TRANSPIRANTS
1. CINÉTIQUE DE L’ALUMINIUM PAR VOIE CUTANÉE
L’équipe d’Anane a étudié l’absorption suite à l’application percutanée d’une faible
concentration de chlorure d’aluminium in vivo sur la peau rasée de souris. Elle a engendré
une augmentation du taux d’aluminium dans le sang, le cerveau, et l’urine par rapport aux
souris témoins. Cette étude a été comparée à une autre au cours de laquelle l’aluminium a
été administrée par voie orale. Les chercheurs ont alors montré que chez les souris,
l’aluminium est plus absorbé lorsqu’il est administré par voie transcutanée.6, 109, 131, 132 Flarend
et coll. ont réalisé une étude d’absorption cutanée de l’aluminium. Ils ont appliqué du
chlorhydrate d’aluminium marqué à l’26Al sous pansement occlusif au niveau des aisselles de
deux volontaires. La proportion d’aluminium absorbée par la peau chez ces deux personnes
a été estimée à 0,012%. Ils en ont conclu que le passage transcutané de ce métal est
négligeable chez l’Homme. Mais cette étude n’est pas réalisée dans les conditions normales
d’utilisation des anti-transpirants puisque habituellement, ils ne sont appliqués ni de façon
occlusive, ni à cette concentration, ni durant une période aussi courte.6,
126, 131, 133, 134
Une
étude menée cette fois par Guillard et coll. a montré un passage transcutané de l’aluminium
chez une femme ayant utilisé 1 g d’anti-transpirant à 20% de chlorure d’aluminium tous les
jours pendant 4 ans. De l’aluminium a été trouvé dans son sang et ses urines à un taux
nettement plus élevé que chez les témoins. Après l’arrêt de l’utilisation, ils ont observé une
71
diminution des symptômes et un retour à la normale des taux plasmatique et urinaire.134 Ces
études ont donc montré la capacité de l’aluminium à traverser la peau.
Lors de leur étude, Anane et coll.132 ont trouvé un taux d’aluminium dans le cerveau, le sang
et l’urine supérieur chez les souris adultes que chez les jeunes souris, ce qui laisse penser
qu’il y a une accumulation de l’aluminium dans l’organisme avec le temps. Ceci pose
problème en ce qui concerne les anti-transpirants et les autres cosmétiques, puisqu’ils sont
amenés à être appliqués très fréquemment, voire plusieurs fois par jour, durant toute la vie
de la personne.
En 2011, une étude menée par le laboratoire PMIC à la demande de l’AFSSAPS a étudié
trois formulations d’anti-transpirants : roll-on, stick, aérosol. Chacun d’eux contenaient 20%
de chlorhydrate d’aluminium. Leurs applications sur peau humaine saine et sur peau lésée
ont été comparées in vitro. Il en est ressorti qu’une peau saine « absorbe » à 0,5% alors
qu’une peau lésée « absorbe » à 18% quelle que soit la formulation utilisée. Il y a donc un
intérêt à éviter l’application de ces produits sur une peau lésée, afin d’en limiter les effets
indésirables.131
L’aluminium appliqué sur la peau est capable de diffuser dans différents organes après avoir
traversé la barrière cutanée. Sa présence dans le cerveau et en particulier dans
l’hippocampe a été mise en évidence par Anane et coll. dans l’étude précitée.132 Ils en ont
également trouvé dans différents organes fœtaux et dans le liquide amniotique. Ils en ont
déduit qu’un passage transplacentaire de l’aluminium est possible.109
Cependant, l’exposition transcutanée à l’aluminium n’est pas la seule à laquelle les individus
sont exposés. En effet, l’aluminium est omniprésent dans notre environnement quotidien.
Rien ne prouve que sa présence dans le sang, le cerveau, les urines et les organes fœtaux
au cours de ces expériences soit lié au passage de l’aluminium à travers la peau. De plus,
une contamination par l’environnement du laboratoire ne peut pas être exclue. Il faut
également noter, que la plupart de ces études ont été réalisées sur une peau de souris. Or la
biodisponibilité n’est pas équivalente entre celle-ci et la peau humaine. En effet, le nombre
d’assises cellulaires est différent entre les deux espèces ce qui peut modifier
considérablement l’absorption de l’aluminium par le tissu cutané.6
72
2. EFFETS INDÉSIRABLES LIÉS À L’ALUMINIUM PRÉSENT DANS LES ANTITRANSPIRANTS
a. Irritations
La réaction des sels d’aluminium avec l’eau conduit à la production d’ion H+, comme nous
l’avons vu précédemment. Les sels dans lesquels l’aluminium est associé au chlore
conduisent ainsi à la formation d’acide chlorhydrique au pouvoir très irritant. Cependant, le
potentiel irritant de l’anti-transpirant dépend de la forme aluminique entrant dans sa
composition. La forme anhydre du chlorure d’aluminium est plus irritante que les composés
partiellement hydrolysés. Ceci explique la tendance à remplacer le chlorure d’aluminium par
des chlorhydrates dans les anti-transpirants.127, 131
Des cas d’irritation après l’application de chlorure d’aluminium hexahydraté ont été observés
chez l’Homme, lors des tests d’efficacité des sels d’aluminium contre l’hyperhidrose.
Quelques jours seulement après l’arrêt de l’utilisation, l’irritation disparaissait.131 Pourtant,
aucune irritation n’avait été mise en évidence chez le lapin après application pendant 5 jours
de chlorure ou de chlorhydrate d’aluminium. Aucune non plus après application de nitrate, de
sulfate et d’hydroxyde d’aluminium dans les mêmes conditions. Dans cette étude seuls les
silicates d’aluminium et de magnésium ont provoqué une faible irritation cutanée chez
l’animal.131 Cette contradiction peut sûrement s’expliquer par des différences histologiques
entre la peau des lapins et celle de l’Homme. Cependant, les tests d’efficacité ont été menés
chez des patients atteints d’hyperhidrose, et ne constituent pas forcément la preuve qu’un
effet identique serait retrouvé chez des personnes transpirant de manière normale.131 Des
déclarations de cosmétovigilance portant sur des réactions cutanées suite à l’application
d’un anti-transpirant ont été relevées. De fortes démangeaisons, une sensation de brûlure
intense, une irritation modérée avec papules et prurit ont été mentionnées. Toutes ces
réactions cutanées ont disparu à l’arrêt de l’utilisation de l’anti-transpirant.131 Cependant,
aucune certitude n’existe quant à l’imputabilité de l’aluminium dans ces réactions causées
par les anti-transpirants chez des personnes sans problème de transpiration anormale.
b. Eczéma de contact
Un eczéma de contact est dû à une sensibilisation à un allergène ayant été en contact avec
la peau. Ainsi il est facile d'attribuer à un déodorant ou à un anti-transpirant l'origine d'un
eczéma situé dans le creux axillaire. Une étude de Garg et coll. a décrit une réaction
d’hypersensibilité au chlorure d’aluminium mise en évidence par un patch-test positif suite au
contact cutané avec un anti-transpirant en contenant.131 Le potentiel effet allergisant des sels
d’aluminium est renforcé par la présence d’un eczéma de contact, découvert par Tosti et son
73
équipe, au niveau des mains et des avant-bras chez un travailleur du marbre utilisant des
sels d’aluminium abrasifs.131 D’après ces deux études, l’aluminium semble être une
substance allergène. Mais de nombreuses substances de ce type sont également présentes
dans les anti-transpirants et les autres cosmétiques appliqués sur la peau. [voir Partie II,
chap. 2] Donc rien ne prouve que l’aluminium soit responsable de tous les eczémas et
réactions d’hypersensibilité apparaissant suite à une application cutanée de ces produits.135
c. Cancer du sein
L’incidence du cancer du sein a augmenté au cours des dernières décennies, chez les
hommes comme chez les femmes. De nombreuses raisons ont été évoquées. Entre autres,
le rôle des cosmétiques a été cité, principalement ceux appliqués au niveau des aisselles
tels que les anti-transpirants et les déodorants.136 137, 138
McGrath a constaté que l’incidence du cancer du sein évolue parallèlement à celle des
ventes de déodorants et d’anti-transpirants. Il en a déduit que ces produits avaient, d’une
manière ou d’une autre, un rôle dans l’augmentation du nombre de cancers du sein.
Cependant, il n’a pas tenu compte des autres paramètres modifiés depuis les années 1940,
comme l’augmentation du marché des appareils ménagers, des ordinateurs, de l’automobile
ou même l’augmentation du nombre de voyages à l’étranger. De plus, l’incidence du cancer
du sein a stagné à partir des années 1970 chez les jeunes femmes, grandes utilisatrices de
ces produits, et elle a même décru chez les femmes plus âgées, tandis que le marché des
anti-transpirants a continué d’augmenter.134 Il existe donc d’autres facteurs impactant
l’évolution du cancer du sein.
Des gènes de susceptibilité pouvant jouer un rôle dans le cancer du sein ont été identifiés. Il
s’agit des gènes BRCA1 et BRCA2, qui augmenteraient le risque de développer ce type de
cancer, suite à une mutation. Mais ces gènes ne seraient la cause que de 5 à 10% des
cancers du sein.137 Les autres tumeurs du sein seraient d’origine environnementale, liées au
mode de vie.133 L’impact de l’âge des premières menstruations et de la ménopause, de la
prise d’une pilule contraceptive ou de traitement hormonal de substitution de la ménopause,
et du nombre de grossesses a laissé suggérer un rôle de l’exposition aux œstrogènes.137, 139
Lee et coll.140 ont réalisé des biopsies mammaires, puis ont classé les lésions en fonction du
type de tissu (tissu normal, tissus tumoral bénin ou malin) et de leur localisation [figure 15].
Ils ont observé une localisation préférentielle des lésions dans le quadrant supéro-externe du
sein. Celle-ci serait liée à un tissu épithélial plus dense dans cette zone.131 Cependant, avec
les années, une augmentation des carcinomes situés dans cette zone a été retrouvée dans
plusieurs études. Cette augmentation, malgré un tissu épithélial qui ne change pas, laisse
74
penser qu’il est peu probable que seule la structure du tissu épithélial intervienne.133, 137, 138,
141, 142
De plus, la répartition des cancers dans les différents quadrants est identique dans les
gros et les petits seins, en dépit de la quantité moins importante de tissus dans les seins les
moins volumineux.143 Il fallait donc trouver une ou plusieurs autres explications à cette
localisation dominante.
Figure 15 : Localisation des quadrants des seins.
Darbre et coll.139 ont étudié la teneur en aluminium dans les sécrétions mammaires de
femmes atteintes ou non d’un cancer. L’aluminium s’est révélé plus fortement présent dans
les seins des femmes ayant un cancer. Une autre étude s’est intéressée à la teneur en
aluminium dans plusieurs régions de la poitrine (des aisselles au sternum). Elle a ainsi
montré que le taux d’aluminium est plus important dans la partie externe de la poitrine. Ces
chercheurs ont émis l’hypothèse que cette forte teneur en aluminium dans la région externe
du sein pourrait être due à la proximité des aisselles où sont appliqués les anti-transpirants
et les déodorants. Cependant, rien ne prouve que l’aluminium retrouvé dans la poitrine
provienne bien de ces produits.126,
139, 144
De plus, la présence d’aluminium dans le sein
pourrait être une conséquence du cancer plutôt qu’une cause. Le tissu tumoral pourrait agir
comme réservoir de l’aluminium systémique apporté par l’environnement et l’alimentation, ce
qui expliquerait sa forte teneur dans les poitrines atteintes.144
La théorie d’un lien entre les produits appliqués au niveau des aisselles et le cancer du sein
a été fortement étudiée par la suite. Pour que les composants chimiques de ces cosmétiques
soient impliqués dans la cancérogenèse au niveau du sein, il faut qu’ils puissent porter
préjudice à l’ADN cellulaire et interférer avec les voies de croissance. En effet, ce cancer
75
survient suite à des changements génétiques dans les cellules somatiques de la poitrine
(principalement les cellules épithéliales des canaux des seins). Ceci se poursuit par une
perte du contrôle de la croissance de ces cellules. Leur développement incontrôlé conduit à
une tumeur.133
Une instabilité génomique a été observée dans la zone externe du sein. Or des cellules
génétiquement modifiées sont plus sensibles au phénomène de cancérogenèse. Cette
instabilité serait due à des produits génotoxiques appliqués dans cette région du corps.141
L’aluminium, qui a un potentiel génotoxique connu, pourrait en être la cause. Cette
hypothèse a été appuyée par l’observation d’une forte liaison entre l’ADN et l’aluminium à pH
neutre, induisant des mutations. De plus, l’aluminium entraîne des troubles des voies de
signalisation en agissant au niveau épigénique.133, 137, 143
Comme nous l’avons vu plus haut, des facteurs liés au mode de vie peuvent intervenir dans
le développement d’un cancer du sein, notamment un âge précoce des premières règles,
une première grossesse tardive, la prise d’une pilule contraceptive ou d’un traitement
hormonal de substitution. Ces facteurs interviennent via des mécanismes œstrogéniques, ce
qui laisse penser que l’aluminium, s’il est en cause, pourrait agir par ce même moyen.136, 137,
142
Physiologiquement, l’œstrogène se fixe sur ses récepteurs intracellulaires (ERα et ERβ). Le
complexe ligand-récepteur ainsi formé se dimérise, ce qui lui permet de se fixer à une
séquence spécifique de l’ADN : les éléments de réponse aux œstrogènes (ERE). Les ERE
interviennent dans l’expression d’une centaine de gènes, notamment ceux qui régulent la
progression du cancer du sein en la ralentissant ou en la favorisant par des transcriptions
géniques. Certains métaux sont capables d’interagir au niveau des récepteurs aux
œstrogènes, et ainsi d’en modifier le fonctionnement. Ils font partie des « métalœstrogènes ». C’est le cas du nickel, du cuivre, du cadmium, du plomb, etc. 133, 142
Darbre et coll.133 se sont intéressés à l’interférence de l’aluminium avec les récepteurs aux
œstrogènes, jusque là non étudiée. Ils ont incubé des récepteurs aux œstrogènes avec une
concentration fixe en œstradiol et des concentrations croissantes en aluminium (sous forme
de chlorure ou de chlorhydrate). Ils ont observé 100% d’inhibition pour un taux d’aluminium
de 107 M en excès, quel que soit le sel utilisé. Cependant, cette étude ne permet pas de
connaître le mode d’inhibition. Ils ont ensuite étudié l’influence de l’aluminium sur la
croissance des cellules MCF7 cancéreuses du sein normalement induite par l’œstrogène. Ils
ont ainsi mis en évidence une résistance des cellules MCF7 à une grande quantité
d’aluminium. Puis ils ont réalisé une expérience pour voir si l’aluminium est capable d’agir
sur l’expression des gènes normalement régulés par les œstrogènes. Ils ont testé
76
l’expression d’un gène régulé par ERE, d’abord, en présence d’œstradiol, puis d’aluminium.
Ils ont observé que l’aluminium, tout comme l’œstradiol, augmentait l’expression du gène par
rapport à la lignée qui en est dépourvue. Grâce à ces études, ces chercheurs ont pu ajouter
l’aluminium à la liste des métal-œstrogènes.134
La puissance œstrogénique de l’aluminium est faible par rapport à celui de l’œstradiol
physiologique. Pris seul, il n’est pas retrouvé en quantité suffisante dans le sein pour exercer
une activité œstrogénique. Une synergie doit alors avoir lieu lors d’un contact simultané avec
d’autres œstrogènes environnementaux. Celle-ci pourrait ainsi conduire à une activité
œstrogénique efficace. Les anti-transpirants et les autres cosmétiques contenant également
des substances aux propriétés génotoxiques et œstrogéniques [voir Partie II, chap. 2], rien
ne prouve que l’aluminium soit le seul responsable du cancer du sein.136, 137,142, 145
Bilimoria et coll.146 ont comparé des femmes ménopausées atteintes d’un cancer avec un
groupe témoin de femmes sans cancer. Certaines de ces femmes utilisaient des œstrogènes
(traitement hormonal de substitution), d’autres n’en ont jamais utilisé. De nombreux critères
relatifs à la tumeur (taille, histologie, etc.) étaient identiques entre les femmes utilisant des
œstrogènes et celles n’en ayant jamais utilisé. Par contre, ils ont montré que le diagnostic du
cancer du sein est plus précoce chez les femmes recevant des œstrogènes par rapport à
celles n’en ayant pas l’usage. Ce qui suggère que les œstrogènes exogènes jouent un rôle
dans la cancérogenèse et qu’ils peuvent accélérer ce phénomène. L’étude de McGrath et
coll. a montré que le cancer du sein est plus précoce chez les femmes qui utilisent
fréquemment un anti-transpirant et qui se rasent, laissant ainsi le produit pénétrer plus
facilement. Ce qui va dans le sens d’un lien entre les antisudoraux et le cancer. Mais aussi,
qu’il existe un effet dose réponse et que les jeunes femmes sont plus sensibles. Cependant,
un usage plus fréquent chez les jeunes à cause d’un phénomène de société est peut être un
biais.134,
136, 141
L’équipe de Russo pense également que la poitrine des enfants est plus
sensible à la cancérogenèse, notamment avant la puberté. Car les symptômes du cancer
peuvent se manifester bien après le début de l’exposition et les anti-transpirants sont parfois
utilisés bien avant cette période.137 D’autant qu’un effet oestrogénique plus important est
prévisible lorsque l’aluminium de ces produits arrive dans l’organisme à un moment où les
œstrogènes physiologiques sont en faible quantité. Ainsi, avant la puberté, la compétitivité
ne pourra pas avoir lieu et l’effet des œstrogènes environnementaux sera plus marqué. C’est
également le cas après la ménopause, ou durant certaines périodes du cycle menstruel.142
Ces études prises simultanément permettent de penser que c’est l’activité œstrogénique des
anti-transpirants, en particulier celle de l’aluminium qu’ils contiennent, qui accélèrent la
cancérogenèse du sein.
77
Une asymétrie du cancer du sein a été observée par Busk et Clemmesen147, alors que la
structure physiologique est symétrique. Ils ont montré que le risque d’avoir un cancer du sein
gauche est significativement plus important que celui d’en avoir un à droite. D’autres équipes
sont arrivées à la même conclusion.147 Busk et Clemmesen147 ont cherché à comprendre la
raison de cette asymétrie. Ils n’ont mis en évidence aucune influence de l’âge, ni des
différentes situations matrimoniales (célibataire, mariée, divorcée, veuve). Quant à elle,
Lane-Claypon a observé que les blessures au niveau des seins étaient plus fréquentes du
côté gauche, mais ceci est peut être une coïncidence, car elle n’a pas pu comparer
correctement en raison de chiffres trop faibles.147 Suite à ces études sans résultat probant,
plusieurs explications à cette asymétrie ont été évoquées. La première est histologique. Un
apport vasculaire plus important à gauche qu’à droite conduirait à un tissu épithélial plus
riche de ce côté de la poitrine. La deuxième est liée à la dextérité de chacun. La majorité de
la population est droitière ce qui impliquerait que les utilisateurs d’anti-transpirants en
appliquent plus du coté gauche. Il faudrait comparer l’incidence des cancers à droite ou à
gauche chez les droitiers et les gauchers, pour confirmer cette hypothèse selon laquelle le
sein adverse est atteint.137
Les études citées précédemment mettent chacune en évidence un critère en faveur d’un lien
entre le cancer du sein et l’aluminium ou les anti-transpirants. La progression parallèle des
ventes d’anti-transpirants et de cancer, l’âge précoce de développement d’un cancer du sein
chez les utilisatrices, la prédominance des tumeurs au niveau du quadrant supéro-externe
proche de la zone d’application de ces produits, l’augmentation de la fréquence d’application
due à l’effet de société et l’utilisation sur une peau non rincée facilitant un contact prolongé
avec la structure cutanée, sont en faveur d’un lien entre cancer et antiperspirants. D’autres
sont en faveur d’un lien entre cancer du sein et aluminium : l’action œstrogénique et
génotoxique de ses sels, la précocité de diagnostic chez les femmes traitées par
œstrogènes. De plus, la plupart des anti-transpirants contiennent de l’aluminium et au vu des
deux liens suggérés ci-dessus, l’aluminium des anti-transpirants semble responsable des
cancers du sein. Cependant de nombreux autres produits entrent dans leur composition, ce
qui implique que les sels d’aluminium ne sont peut être pas les seuls responsables.131, 137
L’étude de Mirick et coll. ne soutient toutefois pas l’hypothèse d’un lien entre cancer du sein
et anti-transpirants. Un entretien avec les femmes étudiées a permis de renseigner
l’utilisation ou non des anti-transpirants et des déodorants, la pratique du rasage ou de
l’épilation des aisselles, et le délai d’application du produit après cet acte. Quasiment toutes
les femmes étudiées avaient utilisé à un moment ou un autre une technique lésant la peau
des aisselles. Les patientes atteintes utilisaient régulièrement des anti-transpirants. Et les
patientes utilisant exclusivement des anti-transpirants étaient également moins nombreuses
78
que les témoins. De plus, l’application dans l’heure après le rasage, s’est avérée plus
fréquente chez les témoins que chez les cas.131, 134, 148 Cette étude contredit donc la plupart
des éléments en faveur d’un lien entre le cancer et l’utilisation des anti-transpirants, puisque
les pourcentages vont dans le sens opposé. Mais peut être que ces différences ne sont pas
significatives. De plus, cette étude est basée sur une auto-déclaration des pratiques, avec
peut être un biais de mémoire. Un biais de confusion peut s’y ajouter, puisque peu de
personnes font la différence entre un déodorant et un anti-transpirant.
Certains points faibles de ces études sont à relever. La plupart sont rétrospectives,
favorisant un biais de mémoire. Elles se basent parfois sur des hypothèses non vérifiées
quant au rôle de l’aluminium. En outre, elles ne prennent pas en compte les facteurs déjà
connus de cancer (irradiation et prédisposition) ni ceux qui sont encore débattus (exposition
aux pesticides, dont les organochlorés, ou à des perturbateurs endocriniens, le tabagisme
passif, etc.).
Les décès sont rarement liés aux tumeurs primaires du sein, mais plutôt aux métastases qui
s’en suivent. Darbre a étudié l’influence de l’aluminium sur les propriétés migratoires et
invasives des cellules MCF7. L’amélioration de la mobilité de ces cellules en présence
d’aluminium a été montrée par l’augmentation de la distance totale moyenne parcourue, leur
capacité à se déplacer rapidement en cas de plaie artificielle afin de la refermer, et leur
facilité à migrer à travers les pores. L’augmentation du pouvoir invasif a lui aussi été mis en
évidence. L’influence de l’aluminium sur ces deux phénomènes est particulièrement
marquée pour une exposition à long terme. Ce qui est le cas en réalité, puisque les
personnes exposées le sont pendant plusieurs mois, voire des années. Ainsi, l’aluminium
favoriserait les phénomènes métastatiques à la suite d’un cancer du sein.149
Le rôle de l’aluminium dans le cancer du sein est très largement suspecté, et les études
citées ci-dessus vont dans ce sens. Le traitement de ce cancer a évolué ces dernières
années, mais la prévention reste tout de même le meilleur moyen de lutte. Chaque personne
doit être capable de décider si elle prend le risque d’utiliser des anti-transpirants suspectés
de causer le cancer du sein ou si elle préfère avoir recours à d’autres alternatives pour lutter
contre la transpiration et les odeurs corporelles qui y sont liées. [voir Partie II, chap. 1, II.3.] Il
est quand même certain, que le fait de retarder un maximum leur usage et d’en limiter la
fréquence peut déjà bien limiter les effets cancérigènes des anti-transpirants.133
79
d. Maladie kystique du sein
La maladie kystique est la pathologie mammaire la plus fréquente et la plus bénigne. Elle
touche environ 7% des femmes occidentales principalement avant 50 ans (à la différence du
cancer qui se déclare en général après 50 ans). Son seul inconvénient est la nécessité d’une
technique invasive pour retirer les kystes. Et ceux-ci sont souvent associés à un risque accru
de tumeurs du sein. Leur localisation est prédominante dans le quadrant supéro-externe du
sein, comme pour le cancer.137, 138, 139, 142 Le rôle de l’aluminium est également suspecté dans
l’apparition de cette maladie. De nombreux arguments sont communs avec ceux du cancer
du sein. La teneur importante en aluminium dans ce quadrant du sein, et l’application d’antitranspirants à proximité de la poitrine en font partie. Le retour à la normale après l’arrêt de
l’utilisation des anti-transpirants en est un autre. Il a également été montré précédemment
que l’aluminium est capable de bloquer les canaux sudoripares pour empêcher la libération
de sueur. Une hypothèse semblable est faite pour l’apparition des kystes mammaires.
L’aluminium bloquerait tous les canaux du sein, ce qui conduirait à la formation d’un kyste.137,
139, 142
De plus, la concentration en aluminium retrouvée dans le liquide des kystes de
femmes pré-ménopausées est largement supérieure à celle retrouvée dans le sérum ou le
lait maternel.138, 142 Deux types de kystes ont été décrits en fonction de leur histologie, et de
leur concentration en ions, protéines et hormones. Le type I est constitué de kystes plus
volumineux et plus nombreux. La concentration des kystes en ions sodium est plus faible
que dans le type II, alors que la concentration en ions potassium est plus élevée.
L’aluminium inhibant la pompe Na/K ATPase, cette inégalité des concentrations en ions K+ et
Na+ peut être liée à une différence d’exposition à l’aluminium ou d’absorption.139
3. ALTERNATIVES AUX ANTI-TRANSPIRANTS POUR DIMINUER LA SUDATION ET
LES ODEURS CORPORELLES
a. Règles hygiéno-diététiques
Le respect de certaines règles d’hygiène et de diététique peut parfois suffire à diminuer la
sudation et les odeurs qui en découlent. En ce qui concerne l’hygiène, une toilette corporelle
une à deux fois par jour, avec un savon surgras, en insistant sur les mains, les pieds, les
aisselles et le front, suivie d’un séchage minutieux (surtout au niveau des plis) permet déjà
d’agir sur ces deux phénomènes. L’importance d’une toilette après un effort physique intense
n’est pas à négliger non plus. Le rasage des aisselles limite également la prolifération
cutanée des bactéries. Les vêtements en matière synthétique ou serrés sont à remplacer par
des vêtements en coton, à changer tous les jours. Quant à la diététique, certains aliments
sont à éviter. L’alcool, les plats épicés, la caféine stimulent les sécrétions glandulaires, et
donc la libération de sueur. La consommation de tabac est également à restreindre. La
80
gestion du stress par la relaxation, la respiration, etc. peut aussi être utile pour réduire la
sécrétion de sueur.125, 128
b. Déodorants
L’alternative la plus évidente à l’usage des anti-transpirants, serait celui des déodorants
antiseptiques ou non. Ils se présentent sous les mêmes formes galéniques que ces
derniers : spray, stick, roll-on pour les aisselles, crème et gel pour les pieds et les mains. Les
sprays sont majoritaires. Les déodorants antiseptiques sont principalement à base de
triclosan (dérivé du chlore). Celui-ci est actif sur les bactéries Gram positif. D’autres
antiseptiques non dérivés du chlore peuvent également entrer dans la composition des
déodorants. Les déodorants non antiseptiques représentent une bonne alternative pour les
personnes qui veulent des produits les plus naturels possibles. Ils contiennent surtout des
huiles essentielles jouant le rôle de parfum pour masquer les odeurs. Comme leur nom
l’indique, aucun antiseptique de synthèse n’entre dans leur composition, mais certaines
huiles essentielles sont douées de cette activité. L’éthanol qui sert de solvant est lui aussi
antiseptique. A ces parfums s’ajoutent des absorbeurs d’odeur et d’humidité : carbonate
acide de sodium, carbonate de zinc, talc, poudres de végétaux (prêle, sauge, agaric). Mais
une utilisation quotidienne d’antiseptiques, même naturels peut conduire à l’apparition de
résistances bactériennes, ou à des réactions d’intolérance à certaines molécules. Et les
huiles essentielles sont fréquemment responsables de réactions allergiques.125, 126, 128
c. Pierre d’alun
La pierre d’alun est un cristal blanc translucide et inodore utilisé en cosmétologie comme
après rasage pour stopper l’hémorragie ou comme anti-transpirant pour ses pouvoirs
astringent et hémostatique. En fait, elle n’empêche pas la transpiration. Cette pierre dépose
une fine couche saline à la surface de la peau, qui empêche la prolifération des bactéries et
donc la libération des mauvaises odeurs. Elle peut être extraite des sols ou synthétisée.125,
128, 150
De nombreux consommateurs se tournent vers cette pierre pour éviter l’exposition aux sels
d’aluminium présents dans les anti-transpirants. La pierre naturelle, encore appelée
« potassium alum » est un sulfate double d’aluminium et de potassium. La forme
synthétique, « ammonium alum » est différente, car l’ammonium remplace le potassium dans
sa formule chimique.125, 128, 150 La pierre d’alun ne contient pas de chlorhydrate d’aluminium,
et ne peut donc pas être assimilée aux anti-transpirants classiques. Mais elle contient tout de
même des sels d’aluminium. De ce fait, il reste à savoir si ces sels sont capables de
traverser la barrière cutanée et ainsi de provoquer les mêmes effets indésirables que le
81
chlorhydrate d’aluminium. A ce sujet, les avis sont partagés. Il semblerait que les composés
libérés par la pierre d’alun naturelle suite à un contact avec l’eau (ions sulfate, ions
potassium et hydroxyde d’aluminium) soient stables. L’hydroxyde d’aluminium peu soluble
reste à la surface de la peau. Il n’y aurait donc pas de passage transcutané d’aluminium, ce
qui suppose que ce produit est inoffensif. De plus, aucune étude scientifique n’a encore
montré le passage transcutané des sels présents dans la pierre d’alun naturelle. Par contre,
la pierre synthétique se comporterait comme les chlorhydrates d’aluminium. Les sels qui y
sont présents traverseraient la paroi cutanée, et produiraient les mêmes effets. Il faut ajouter
que la pierre d’alun naturelle contient seulement 5% d’aluminium. Pour l’utilisation d’une
pierre d’alun de 100 g en 2 ans en moyenne, seulement 6,8 mg d’aluminium sont déposés
chaque jour à la surface de la peau. La NOAEL étant de 22 mg Al/kg/jour, l’ANSM estime
que la quantité déposée par la pierre d’alun naturelle est infime.150, 151
En ce qui concerne le potentiel cancérigène de l’aluminium, une étude a testé celui du
sulfate d’aluminium et de potassium. Après administration par voie orale de ces sels à des
souris, aucune augmentation du nombre de tumeurs et de lésions prolifératives n’a été mise
en évidence, quelle que soit la dose testée. Les auteurs ont conclu à l’absence de pouvoir
cancérigène de l’alun chez la souris.151
Ces arguments sont cités dans un communiqué des laboratoires OSMA qui commercialisent
de la pierre d’alun naturelle. Ils font donc partie des défenseurs de la pierre d’alun et
fournissent ainsi des informations en faveur de son innocuité. D’autres, plus sceptiques,
expliquent que ce n’est pas parce que la pierre d’alun est un produit naturel qu’elle est sans
effet négatif pour la santé. Ils soulignent que tant que l’absence de passage transcutané
n’aura pas été prouvée scientifiquement par des études, on ne peut pas exclure le fait que
l’alun de potassium ou d’ammonium n’ait pas les mêmes effets que les sels présents dans
les autres anti-transpirants. Ils sont tout de même tous d’accord sur le fait qu’il vaut mieux
éviter la pierre d’alun synthétique.150 La pierre d’alun semble donc être une fausse alternative
à l’utilisation des sels d’aluminium. Mieux vaut utiliser d’autres méthodes contre la
transpiration et les mauvaises odeurs.
d. Ionophorèse
Le principe de l’ionophorèse est basé sur un courant électrique circulant entre deux
électrodes à travers des bacs remplis d’eau du robinet dans lesquels trempent les mains ou
les pieds du patient [figure 16]. Ceci permet la pénétration d’ions de sels solubles par voie
transcutanée, conduisant à l’obturation des pores. Pour des raisons de praticité,
l’hypersudation des aisselles n’est pas traitée par cette technique.125, 129, 152
82
Figure 16 : Séance d'ionophorèse palmaire.129
e. Sympathectomie trans-thoracique
La sécrétion de sueur étant modulée par le système sympathique cholinergique, la section
des nerfs sympathiques permet de l’interrompre. C’est le principe de la sympathectomie
trans-thoracique. L’exérèse des ganglions sympathiques thoraciques interrompt la sudation
de la partie supérieure du corps, soit au niveau des mains, en enlevant T2, T3 et T4, soit au
niveau axillaire, en enlevant T5. Cette technique n’est pas utilisable pour les pieds. De plus,
dans 50% des cas, la sudation ne pouvant plus se faire dans la partie supérieure du corps,
une sudation compensatrice va apparaître dans les membres inférieurs pour maintenir la
thermorégulation.125, 129, 152
f.
Toxine botulique
La toxine botulique a la propriété de bloquer la libération pré-synaptique de l’acétylcholine au
niveau de la jonction neuromusculaire. Une injection intradermique de toxine botulique de
type A empêche la contraction des cellules des glandes sudoripares et donc la libération de
sueur. L’injection est effectuée dans les zones hyperhidrotiques préalablement repérées
[figure 17]. L’utilisation de la toxine botulique est préférée à l’ionophorèse dans le traitement
de l’hypersudation axillaire, car elle est plus efficace.129, 152
Figure 17 : Injection intradermique de toxine botulique A au niveau axillaire.342
83
g. Médicaments
Quelques médicaments ont montré une certaine efficacité dans le traitement de
l’hyperhidrose. Les anticholinergiques comme l’oxybutynine peuvent être utilisés puisque
l’innervation des glandes sudorales est faite par des fibres cholinergiques. Mais ils ont de
nombreux effets indésirables. D’autres médicaments, tels que le propranolol, le diltiazem ou
des antidépresseurs anti-sérotoninergiques n’ont pas une efficacité prouvée à ce jour.129
h. Phytothérapie et aromathérapie
La phytothérapie et l’aromathérapie ont également leur place dans la régulation de la
sudation. Ainsi, quelques gouttes de teintures mères de Teucrium scorodonia (germandrée
aquatique) et de Salvia officinalis (sauge officinale) versées dans un verre d’eau puis
ingérées peuvent permettre d’éviter la transpiration. Une poudre composée d’huiles
essentielles de cyprès, de sauge et de talc peut servir à saupoudrer les chaussures. Un
spray anti-transpirant pour les pieds peut être obtenu par mélange d’huiles essentielles de
sauge, de palmorossa et d’alcool à 60°. Un spray anti-odeurs à base de thym, pin et lavande
peut lui aussi être efficace. Des compositions prêtes à l’emploi peuvent également être
utilisées pour lutter contre la transpiration et les odeurs.128
III.
CONCLUSION
L’ANSM a récemment estimé nécessaire de revoir à la baisse la concentration en sels
d’aluminium dans les anti-transpirants. En effet, l’exposition à des produits concentrés à 20%
de chlorhydrate d’aluminium ne semblait pas permettre d’assurer la sécurité sanitaire des
utilisateurs dans des conditions normales d’utilisation. Comme l’ont montré les études citées
tout au long de cette partie, les sels d’aluminium sont à la fois irritants, allergènes,
œstrogéniques et génotoxiques, à plus ou moins grande échelle. Ce sont ces propriétés qui
les rendent à la fois responsables d’irritations, de réactions d’hypersensibilité. Ils sont aussi
incriminés dans l'apparition d'un cancer du sein. 131
Ces effets indésirables ont provoqué beaucoup de polémiques ces dernières années. Et le
terme d’« anti-transpirant » implique une modification physiologique, qui déplaît à certains
utilisateurs. Ils ont alors tendance à chercher des alternatives à leur utilisation. Certaines
sont plus simples à initier soi-même et ont un coût abordable. D’autres sont nettement plus
coûteuses et nécessitent l’intervention d’un médecin ou d’un professionnel apte à pratiquer
ce genre de technique. Mais il faut se méfier car certains produits sont vendus sous le terme
de « déodorant », alors que des sels d’aluminium rentrent dans leur composition pour leur
conférer une action antisudorale. Ainsi, le mot « aluminium » n’est inscrit que dans la
84
composition du produit, ou même uniquement sous le terme d’« actif anti-transpirant ». La
présence de la pierre d’alun est également un piège pour les consommateurs qui peuvent
penser que cette pierre « naturelle » ne contient pas de sel d’aluminium. Celle-ci peut être
mentionnée sous le terme de « potassium alum » ou « ammonium alum » dans la liste des
composants. Il est donc nécessaire de lire attentivement les étiquettes des antiperspirants,
afin de se protéger des effets de l’aluminium qui y est présent !125, 126
85
CHAPITRE 2 : ALUMINIUM ET AUTRES PRODUITS
COSMÉTIQUES
I.
L’ALUMINIUM, UN COMPOSANT LARGEMENT UTILISÉ EN COSMÉTIQUE
1. RÔLE DE L’ALUMINIUM EN TANT QUE PRINCIPE ACTIF OU EXCIPIENT ET
COSMÉTIQUES EN CONTENANT
L’aluminium est souvent présent dans les cosmétiques. Les déodorants et les antitranspirants (traités dans la partie précédente), les produits de soin du visage et du corps,
les produits de maquillage et les démaquillants, les vernis à ongles, etc. Tous sont
susceptibles d’en contenir.124,
131
Les laques aluminiques entrent également dans leur
composition. D’autres dérivés naturels de l’aluminium, tels que le kaolin et les argiles
peuvent eux aussi être utilisés comme excipients dans les cosmétiques de forme galénique
sèche.6
Cet élément est utilisé en cosmétique pour ses nombreuses propriétés intéressantes. Les
fabricants s’en servent non seulement comme anti-transpirant, mais aussi comme abrasif
dans les produits dentaires ou de soin du visage et du corps, agent de viscosité dans les
produits de soin et de maquillage, durcissant dans les vernis à ongles, et absorbant dans les
masques pour visage.131 Ces différentes qualités et leurs utilisations sont résumées dans le
[tableau VII].
2. DIFFÉRENTS SELS D ’ALUMINIUM UTILISÉS
L’aluminium présent dans les cosmétiques peut être classé en deux catégories. La catégorie
directe, lorsque l’aluminium est utilisé comme ingrédient sous forme de sels ou de dérivés
solubles. Et la catégorie indirecte, lorsqu’il est sous forme de dérivés insolubles dans les
conditions normales d’utilisation, mais qu’il est libéré par réaction chimique ou relargage.6
Plus de 25 composés d’aluminium entrent dans la composition des produits cosmétiques
antiperspirants ou non. La base de données européenne CosIng les recense dans le
[tableau VIII].131
86
Tableau VII : Les différents sels d'aluminium et leur rôle dans les produits
cosmétiques.131
Catégories de
produits
cosmétiques
Sels d’aluminium
Usages
Déodorants et
antisudoraux
Chlorhydrate d’aluminium
Aluminium capryloyl glycine
Alun de potassium
Aluminium sesquichlorohydrate
Chlorhydrate d’aluminium
Anti-transpirant
Anti-transpirant
Anti-transpirant
Anti-transpirant
Déodorant
Alun de potassium
Agent apaisant
Aluminium starch octenylsuccinate
Sulfate d’aluminium
Silicate d’aluminium et de magnésium
Aluminium starch octenylsuccinate
Silicate d’aluminium et de magnésium
Agent de viscosité
Astringent
Agent de viscosité
Absorbant
Agent abrasif,
absorbant et hydratant
Epaississant
Silicate d’aluminium et de magnésium
Epaississant
Chlorhydrate d’aluminium
Agent astringent
Agent de support des
laques de colorants
Hydratant, agent de
support des poudres
Produits pour le
rasage
Crèmes, émulsions,
lotions, gels et huiles
pour la peau
Masque de beauté
Fonds de teint
Produits de
maquillage et
démaquillage du
visage et des yeux
Produits de
maquillage du visage
Silicate d’aluminium
Oxyde d’aluminium
Oxyde d’aluminium
Crèmes de soin pour
le corps et le visage
Produits de soins
pour le visage et le
corps
Produits solaires
Produits pour soins
dentaires et buccaux
Dentifrices fluorés
Colorant
Stéarates d’aluminium
Agent épaississant
Silicate d’aluminium
Agent abrasif,
absorbant et hydratant
Hydroxyde d’aluminium
Agent d’enrobage du
dioxyde de titane
Oxyde d’aluminium
Abrasif
Fluorure d’aluminium
Hydroxyde d’aluminium
Oxyde d’aluminium
Silicate d’aluminium
87
Tableau VIII : Composés d'aluminium utilisés dans les produits cosmétiques
(d'après la base de données CosIng).131
Aluminium Bromohydrate
Aluminium Chloride
Aluminium Chlorohydrate
Aluminium Chlorohydrex
Aluminium Chlorohydrex Peg
Aluminium Chlorohydrex Pg
Aluminium Citrate
Aluminium Dichlorohydrate
Aluminium Dichlorohydrex Peg
Aluminium Dichlorohydrex Pg
Aluminium Sesquichlorohydrate
Aluminium Sesquichlorohydrex Peg
Aluminium Sesquichlorohydrex Pg
Aluminium Sulfate
Ammonium Alum
Sodium Alum
Sodium Aluminium Chlorohydroxy Lactate
Aluminium Zirconium Octachlorohydrate
Aluminium Zirconium Octachlorohydrex Gly
Aluminium Zirconium Pentachlorohydrate
Aluminium Zirconium Pentachlorohydrex
Gly
Aluminium Zirconium Tetrachlorohydrate
Aluminium Zirconium Tetrachorohydrex Gly
Aluminium Zirconium Trichlorohydrate
Aluminium Zirconium Trichlorohydrex Gly
3. QUANTITÉS D ’ALUMINIUM AUTORISÉES DANS LES PRODUITS COSMÉTIQUES
Les teneurs maximales figurant sur les listes auxquelles doivent se référer les fabricants
avant de définir la formulation de leurs produits sont résumées dans le [tableau IX]. Celles-ci
tiennent compte du fait que l’aluminium soit sous forme soluble (catégorie directe) ou
insoluble (catégorie indirecte).
Tableau IX : Teneurs maximales autorisées dans chaque catégorie de produits.6
II.
Catégorie de cosmétique
Directe en %
Indirecte en %
Soins du visage
Soins du corps
Produits de démaquillage
Fonds de teint
Crayons
Mascaras et Eye liner
Rouges à lèvres
Déodorants/Anti-transpirants
Vernis à ongles
2
1
2
2
5
3
20
5
8
15
5
10
5
LES EFFETS DE L’ALUMINIUM PRÉSENT DANS LES COSMÉTIQUES
1. CINÉTIQUE DE L’ALUMINIUM SUITE À L’APPLICATION DE COSMÉTIQUES
Les cosmétiques étant, tout comme les anti-transpirants, appliqués sur la peau pour la
plupart d’entre eux, ils suivent les mêmes règles de cinétique et d’absorption. [voir Partie II,
chap. 1, II.1.]
88
2. EFFETS INDÉSIRABLES LIÉS À L’ALUMINIUM DES COSMÉTIQUES
a. Eczéma de contact et irritations
L’eczéma de contact apparaît après une application directe sur la peau, qui devient ensuite
sensible. L’allergène peut être amené sur une zone du corps qui se sensibilisera, soit après
une application sur les mains (forme manuportée), soit après dispersion dans l’air, par un
aérosol par exemple (forme aéroportée), soit par contact avec une personne en ayant sur soi
(eczéma par procuration).154 De plus, les produits allergènes et irritants sont très présents
dans les cosmétiques.
Les parfums sont les premiers responsables de ce type de réactions cutanées. Qu’ils soient
synthétiques, ou naturels comme les huiles essentielles et certains végétaux, ils sont très
allergisants. Ils représentent près de 50 à 64% des intolérances aux cosmétiques car ils sont
présents dans la plupart des produits destinés à être appliqués sur la peau, pour rendre leur
application plus plaisante en laissant une odeur agréable. Ils sont responsables de réactions
allergiques retardées ou immédiates. En raison de leur fort pouvoir allergisant, il est
maintenant imposé aux fabricants d’indiquer sur l’emballage la présence des molécules
odorantes entrant dans la composition du produit. Cette législation concerne notamment 26
molécules dont le potentiel allergénique est très important. Cette information permet au
consommateur allergique d’identifier les cosmétiques contenant la molécule identifiée lors de
ses tests allergologiques et qui risqueraient de lui provoquer une réaction. Leur
concentration est réglementée. Cette limitation tient compte de l’usage du cosmétique. Un
produit rincé après application peut en contenir un peu plus qu’un produit non rincé, puisque
le temps de contact avec la peau est moins important. La teneur autorisée pour les produits
rincés est de 0,1%, alors qu’elle n’est que de 0,01% pour les produits qui ne le sont pas.154,
155
De nombreux conservateurs (en particulier les parabens), antioxydants, émulsifiants (dont la
vaseline), excipients et d’autres molécules entrant dans la composition des cosmétiques sont
eux aussi irritants ou allergènes.154, 155
Comme nous l’avons vu pour les anti-transpirants, les sels combinés de chlore et
d’aluminium sont eux aussi irritants. Mais l’association à d’autres substances de ce type
citée ci-dessus peut aggraver la réaction cutanée liée aux cosmétiques.
89
b. Cancer du sein
Anti-transpirants, déodorants, lotions pour le corps, crèmes hydratantes, crèmes
raffermissantes pour les seins, produits solaires,… Autant de produits appliqués
quotidiennement sur la poitrine ou sur des zones adjacentes. La plupart de ces cosmétiques
n’est pas rincée et est parfois appliquée sur une peau rasée. Tous ces produits sont
susceptibles de contenir une ou plusieurs molécules ayant des propriétés œstrogéniques
puisque c’est le cas de l’aluminium, mais aussi d’un grand nombre d’autres substances, tels
que le triclosan, les organochlorés, les parabens, le bisphénol A, les filtres UV, etc. Ces
substances n’ont pas toutes le même pouvoir œstrogénique. Certaines ont une faible affinité
pour les récepteurs et sont dites œstrogènes faibles. Elles sont tout de même dotées d’une
activité équivalente à celle de l’œstradiol dans l’induction du cancer du sein in vitro. Dosées
séparément, elles se sont avérées en quantité insuffisante pour exercer une action
œstrogénique. Un grand nombre de ces composants ayant été retrouvés simultanément
dans le sein ou le lait maternel lors d’études, les auteurs ont supposé que l’usage
concomitant de plusieurs cosmétiques dans cette zone peut conduire à un cancer du sein.
[voir Partie II, chap. 1, II.2.c]141, 142
III.
CONCLUSION
Les sels d’aluminium entrant dans leur composition, comme dans celle des anti-transpirants,
les effets des cosmétiques sur la santé y sont semblables. Les produits utilisés en périphérie
de la poitrine induisent probablement des cancers également. Et leur usage sur les autres
régions du corps peut aussi être irritante ou conduire à une réaction allergique.
Leur teneur en aluminium est donc limitée afin d’empêcher ces effets. L’ANSM recommande
également de n’utiliser aucun produit contenant de l’aluminium sur une peau lésée par
rasage, épilation ou microcoupures dans les 48 heures précédant l’application, l’absorption
de l’aluminium étant plus importante lors d’une application sur ce type de peau. L’application
doit également être réalisée sur une peau parfaitement sèche. En effet, l’humidité locale
favorise la formation d’acides irritants, comme noté plus haut. Pour cela, les sels d’aluminium
sont souvent associés à des régulateurs de pH et des actifs adoucissants pour limiter
l'acidité liée à la formation d’acide chlorhydrique.125, 126, 127, 128, 131
90
CONCLUSION
L’aluminium est très utilisé en thérapeutique et en cosmétique pour ses nombreuses
propriétés intéressantes. Cependant, ces dernières années, de nombreux effets indésirables
lui ont été associés. Ils semblent être liés, soit au mode d’administration et ainsi
responsables de « réactions locales », soit au passage de l’aluminium dans le sang puis à sa
diffusion dans l’organisme. Dans ce dernier cas, les effets peuvent être retrouvés pour les
différentes voies d’administration, mais ils ont été traités selon la source pour laquelle ils ont
fait le plus parler d’eux. En effet, l’administration d’aluminium semble conduire à des effets
indésirables d’ordre neurologique (autisme, encéphalopathie, maladie d’Alzheimer),
hématologique (anémie) et osseux (ostéodystrophie) quelle que soit la voie d’administration.
Quant aux effets locaux, ils sont les suivants : nodules cutanés et myofasciite à
macrophages liés à la vaccination ; irritations, eczéma, réactions allergiques, cancers et
maladie kystique du sein liés aux cosmétiques.
Il reste encore difficile de savoir pour chaque effet indésirable étudié si l’aluminium en est
réellement responsable. Ceci pour plusieurs raisons. D’abord, la plupart des études sont
réalisées in vitro sur des cultures cellulaires ou chez des animaux. Or, il n’est pas certain que
les résultats des expérimentations animales soient parfaitement transposables à l’Homme.
Ensuite, plusieurs biais interviennent dans les études. Lors d’études rétrospectives, un biais
de mémoire intervient, notamment en cas de démences. Dans les études sur les antitranspirants, le biais majeur est lié à un problème de terme. En effet, peu de personnes font
la différence entre un anti-transpirant et un déodorant. Enfin, le sel d’aluminium utilisé dans
les études n’est pas toujours le même que celui qui entre dans la composition du produit
étudié. Ceci peut fausser les résultats lorsqu’il s’agit d’études cinétiques notamment. Il faut
également garder à l’esprit la faible puissance statistique des études épidémiologiques. Elles
permettent
uniquement
de
faire
des
suppositions
et
d’orienter
les
recherches
expérimentales.
Pour terminer, les effets de l’aluminium présent dans le liquide de dialyse ont réussi à être
supprimés par traitement de l’eau. Cela laisse un espoir quant à cette possibilité pour les
autres sources d’aluminium. Cependant, l’aluminium n’était qu’un résidu dans le liquide de
dialyse et n’avait en lui même aucune utilité. Il a donc été facile de l’éliminer. Par contre,
dans certains médicaments oraux (anti-acides, pansements digestifs, anti-ulcéreux…) et les
anti-transpirants, il joue le rôle primordial de principe actif. Et sa présence est nécessaire
pour améliorer l’activité immunologique des vaccins. Dans ces trois catégories de produits,
l’aluminium ne peut donc pas être retiré sans conséquence sur leur efficacité. L’aluminium
91
devrait donc être remplacé par d’autres molécules ayant les mêmes propriétés. Cependant,
comme nous l’avons vu pour les vaccins, il serait long et laborieux de remplacer l’aluminium
par d’autres adjuvants. Il a donc été suggéré de ne plus l’utiliser dans la composition des
nouveaux vaccins à l’étude. En ce qui concerne les médicaments, nous avons vu que
l’arsenal thérapeutique permet d’utiliser d’autres classes thérapeutiques dans les mêmes
indications (IPP, anti-H2, …). Malheureusement, personne n’est capable aujourd’hui de dire
que les substances qui remplaceront l’aluminium ou que les alternatives thérapeutiques ou
cosmétiques n’ont pas elles aussi de nombreux effets indésirables.
L’aluminium peut également rentrer dans la composition d’autres produits thérapeutiques ou
cosmétiques, tels que certains produits d’hygiène intime, anti-hémorroïdaires, et les solutions
pour nutrition parentérale. Certaines prothèses métalliques utilisées en chirurgie et certains
appareils dentaires contiennent également de l’aluminium. De plus, les blisters dans lesquels
sont conservés les médicaments sont fermés par une fine feuille d’aluminium qui entre ainsi
en contact avec ceux-ci.6,
104, 105, 109, 150
Cependant, l’aluminium y est faiblement présent et
ces sources ont fait l’objet de peu d’études, de sorte qu’elles n’ont pas été traitées ici.
Il faut également tenir compte des nombreuses autres sources d’aluminium auxquelles nous
sommes exposés quotidiennement. En effet, l’aluminium est quasiment omniprésent : dans
les aliments eux-mêmes (thé, noix, produits laitiers, etc.), mais aussi dans les additifs
alimentaires et dans l’eau de boisson. Même certains laits infantiles contiennent de
l’aluminium. Il est également présent dans les ustensiles de cuisine et dans les emballages
(boîtes de conserve, papier d’aluminium, etc.), et peut ainsi contaminer nos aliments.2, 5, 6, 8,
66, 104, 110, 150
Certaines personnes y sont également exposées professionnellement dans les
fonderies et les mines d’aluminium, ainsi que dans les usines électrolytiques.2, 5, 6 Ces autres
sources d’exposition à l’aluminium pourraient éventuellement faire l’objet d’un autre travail.
Des doses réglementaires ont été définies pour chaque source d’exposition afin de limiter
l’exposition de la population.104 Cependant, il serait plus sûr de limiter tout de même notre
consommation d’aluminium via les médicaments, les cosmétiques et les aliments afin
d’éviter ses effets indésirables potentiels.
92
GLOSSAIRE
Astringent
Qui resserre les tissus vivants, diminuant ainsi la sécrétion
d'une plaie, d'un pore, etc.
Cellules MCF7
Lignée de cellules tumorales mammaires la plus utilisée dans
les laboratoires de recherche sur le cancer du sein.
Chélateur
Composé formant un complexe soluble, stable et non toxique
avec le métal en se liant à celui-ci.
Clairance à la créatinine
Rapport entre la créatinine sanguine et urinaire. Ce rapport
permet d'évaluer la vitesse de filtration des reins, donc la
fonction rénale.
Débit de Filtration
Glomérulaire (DFG)
Volume de liquide filtré par le système rénal par unité de
temps (L/min). Il permet d'évaluer la fonction rénale et ainsi de
classer l'insuffisance rénale en plusieurs stades.
Enchevêtrement
neurofibrillaire
Agrégat de protéine Tau hyperphosphorylée formant des
fibrilles retrouvé à l'intérieur des neurones dans la maladie
d'Alzheimer.
Epimysium, Périmysium,
Endomysium
Gaines de tissu conjonctif entourant respectivement le muscle
Front de minéralisation
Jonction entre tissu ostéoïde (non minéralisé) et tissu osseux
strié, un faisceau musculaire ou une fibre musculaire.
mature (minéralisé) où a lieu le processus de minéralisation
de l'os.
Isotope
Formes
différentes
d'un
même
élément
chimique
caractérisées par un nombre de neutrons spécifique mais
ayant le même numéro atomique, le même nombre de protons
et d'électrons. La plupart des éléments ont plusieurs isotopes,
dont les propriétés nucléaires peuvent être différentes :
certains sont radioactifs, d'autres sont stables.
93
Ligne cémentaire
Lacune au fond de laquelle les ostéoblastes sont recrutés
pour former une matrice collagénique non minéralisée (tissu
ostéoïde) qui sera par la suite minéralisée au niveau du front
de minéralisation (voir ce terme).
Macrophage
Cellule issue de la différenciation des leucocytes. Les
macrophages sont capables de phagocyter les débris
cellulaires et les pathogènes ("cellules poubelles") et de se
comporter comme une cellule présentatrice d'antigène (rôle
dans les réactions immunes). Ainsi, ils jouent un rôle
prépondérant dans les défenses de l'organisme.
Os trabéculaire
Os spongieux creusé de petites cavités, présent dans
l'épiphyse des os longs notamment.
Patch-test
Test cutané utilisé en dermatologie pour déterminer si une
substance
est
capable
de
provoquer
une
réaction
d'hypersensibilité. Ce test consiste à appliquer la substance
étudiée sur une petite surface cutanée sous un ruban adhésif,
puis à interpréter les résultats 48 heures après.
Phloxine
Colorant de contraste cytoplasmique utilisé en histologie.
Plaque sénile ou plaque
amyloïde
Agrégat de protéines β-amyloïdes retrouvé à l'extérieur des
neurones lors de certains processus dégénératifs du système
nerveux central comme la maladie d'Alzheimer.
Protéine β-amyloïde
Protéine présente dans les plaques séniles responsable d'une
baisse de la transmission synaptique cholinergique entre les
neurones.
Volume Globulaire Moyen Valeur obtenue lors d'une numération de la formule sanguine,
(VGM)
permettant de rendre compte du volume des globules rouges,
et ainsi de caractériser les différents types d'anémie
(macrocytaire, microcytaire ou normocytaire). Le VGM normal
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104
FACULTE DE PHARMACIE
UNIVERSITE DE LORRAINE
DEMANDE D'IMPRIMATUR
Date de soutenance: 1" juillet 2014
DIPLOME D'ETAT DE DOCTEUR
EN PHARMACIE
présenté par : Edwige BATISSE
Sujet: L'aluminium, un produit dangereux pour la
santé présent en thérapeutique et en cosmétique:
mythe ou réalité?
Directeur de Thèse
Le Président du Jury
ill!:Y :
Dr ()fiitiëlieD.muIftfi.~T, P D
MeU Toxicologie
RIHN EA 3452
. J .
_ JlIiI:1'té';':>"lJIfffi.lJ'>rslté
Pla te-for" e
F acu Ité e mtii'fiTfific:f<le
Nancy.
rand RI
Président: M.
Directeur: M.
M.
Juges:
M.
Bertrand RIHN, Professeur
Olivier JOUBERT, Maître de conférences
Jean-Claude BLOCK, Professeur
Benoît BEAUDOUIN, Pharmacien
Vu,
Vu et approuvé,
Nancy, le
(.06
'2.o l~
Doyen de la Faculté de Pharmacie
de l'Université de Lorraine,
Nancy, le
1 7 JUIN 2014
Le Président de l'Université de Lorraine,
Pierre MUTZENHARDT
N° d'enregistrement:
.6'$'.ÇCj ·
N° d’identification :
TITRE
L’ALUMINIUM, UN PRODUIT DANGEREUX POUR LA SANTE
THERAPEUTIQUE ET EN COSMETIQUE : MYTHE OU REALITE ?
PRESENT
EN
Thèse soutenue le 1er juillet 2014
Par Edwige BATISSE
RESUME :
L’aluminium est un métal très abondant dans la nature. Pourtant, il n’est pas présent
chez l’Homme de manière naturelle et ne participe à aucune fonction essentielle
connue à ce jour. Il entre dans la composition de divers produits vendus en officine,
tels que les vaccins, certains médicaments oraux (anti-acides principalement), les
anti-transpirants et d’autres cosmétiques.
Depuis plusieurs années, ses effets sur la santé sont au centre des préoccupations de
la population, des professionnels de santé, et des scientifiques. De nombreuses
études ont été réalisées à ce sujet.
Les études indiquent que l’aluminium peut entraîner des effets indésirables
neurologiques (autisme, encéphalopathie, maladie d’Alzheimer), hématologiques
(anémie) et au niveau osseux (ostéodystrophie, ostéomalacie) suite à un passage
dans le sang quelle que soit sa voie d’administration. Par ailleurs, il semble être
responsable d’effets locaux, tels que des nodules cutanés et la myofasciite à
macrophages suite à la vaccination. D’autres effets indésirables, tels que des
irritations, de l’eczéma, et des réactions allergiques sont observés lorsqu’il est
présent dans les cosmétiques.
Il a été supprimé de la composition du liquide de dialyse. Cependant, il reste présent
dans les autres produits étudiés malgré les efforts pour le retirer, car il y joue un rôle
important pour leur efficacité.
L’utilisation des médicaments contenant de l’aluminium peut toutefois être évitée en
les remplaçant par des médicaments qui en sont dépourvus. Quant à l’usage d’antitranspirant ou de cosmétique, il n’est pas une nécessité et peut sans problème être
évité. La notion de rapport bénéfices-risques est tout de même à garder en mémoire,
notamment pour les vaccins, qui restent nécessaires pour éviter certaines maladies,
malgré le risque faible d’entraîner une myofasciite à macrophages.
MOTS CLES :
Aluminium, vaccin, dialyse, médicament, anti-acide, anti-transpirant, cosmétique,
myofasciite à macrophages, encéphalopathie, ostéodystrophie, anémie, maladie
d’Alzheimer, cancer du sein
Directeur de thèse
Intitulé du laboratoire
M. Olivier JOUBERT
Laboratoire EA 3452
Thèmes
1 – Sciences fondamentales
3 – Médicament
5 - Biologie
Nature
Expérimentale
Bibliographique
Thème
2 – Hygiène/Environnement
4 – Alimentation – Nutrition
6 – Pratique professionnelle
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