d'Othman, et il n'a bien entendu jamais existé de version contemporaine à Mahomet.
S'il existe des nuances dans les traductions du Coran c'est parce que l'arabe
archaïque que parlait Mahomet était sujet à des interprétations selon les traducteurs.
Mais qui, semble-t-il, n’affectaient pas le sens global du texte.
Donc une vingtaine d'années après la mort de Mahomet, Othmân fut confronté à une
divergence de vues entre musulmans iraqiens et musulmans syriens du fait qu'il
existait différentes versions du Coran. Il décida de faire regrouper ces versions en
une seule. Othmân aurait ordonné à Zaïd Ben Thabet, de rédiger cette ultime
version.
« Une première commission présidée par Zaïd fit le premier classement écrit du
Coran. Zaïd sembla tout d’abord se récuser pour deux raisons : l’une, celle du
disciple qui ne veut pas prendre une initiative que n’avait pas envisagée, ni prise le
Maître, l’autre celle du croyant à l’esprit rigoureux qui s’effraye d’avance à la
perspective de la moindre erreur dans l’exécution de sa mission. Néanmoins, cette
tâche se trouva accomplie grâce aux efforts conjugués et consciencieux des
membres de la commission. La méthode suivie était simple mais rigoureuse : ils
savaient tous le Coran par cœur, et dans l’ordre même où ils l’avaient appris, en
compagnie et sous la direction du Prophète. S’il y avait une variante, pour lever le
doute à son sujet, ils consultaient les pièces sur lesquelles avaient été consignés les
versets lors de leur révélation. Sans se satisfaire de ces précautions déjà
remarquables, Zaïd et Omar allaient, par surcroît, à la porte de la Mosquée de
Médine et là, ils recevaient les témoignages des autres compagnons, en confirmation
de la version arrêtée par la commission elle-même. Cependant, Othman, le troisième
Khalife, ne voudra plus de ces variantes et ordonnera qu’une seule et unique version
soit rédigée dans la langue de Koreich. Une deuxième commission sera chargée de
cette nouvelle entreprise. Elle a cette fois-ci pour mission de fixer définitivement le
texte Coranique dans une seule langue, afin que la diversité dialectale ne soit pas
une cause d’inharmonie dans la communauté musulmane ».
Puis il expédia des copies de ce volume unique dans son empire avec ordre de
détruire tous les exemplaires antérieurs, ce qui fut fait. Mais il est probable que sa
version puisse différer des récitations d'origine de Mahomet, qui très certainement,
avaient déjà subies des altérations au cours des ans comme en témoigne l'existence
des différentes versions que Othman fit détruire. Le calife Othmân fut assassiné par
des musulmans qui justement considéraient sa version comme « impie ».
C'est au VIIIe siècle que seront ajoutés des signes destinés à mettre de certaines
ponctuations pour empêcher la confusion entre les mots ayant la même orthographe.
Il faut dire cependant que certains intellectuels musulmans se sont demandés s'il ne
fallait pas refaire une critique sérieuse de ce texte compte tenu de l'intervention
humaine dans la rédaction de celui-ci.
L'ordonnancement du texte d'Othman n'est pas chronologique, ni ne suit aucune
logique autre que de présenter les chapitres (sourates) dans un ordre censé en
faciliter l'apprentissage par coeur : Les sourates sont classées par ordre de longueur,
les plus longues en premier. Cet ordre n'est toutefois pas absolu : la première
sourate est très courte (mais ce n'est pas la plus courte) et certaines sourates sont
parfois suivies d'une sourate plus longue.