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losophie et spécialement de toute métaphysique1".
6 Plotin est d'abord un philosophe, et parmi les plus
grands,
"Plotinus inter philosophiae professores, cum Pla-
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tone princeps ", affirme saint Thomas, reprenant la pensée
de Macrobe, et un philosophe "dogmatique", non un simple
visionnaire ou sentimental exalté^; mais un visionnaire au
sens où l'on dit que le poète est un voyant,
que*"
sa sensibi-
lité bien dirigée lui fait "voir" (ou mieux sentir,
toucher),
"intuitlonner" les fulgurants éclairs de spirituel et de
divin que Dieu a infusés dans sa'oréation. "Quand Plotin
parle de l'amour, du Beau, de la vertu,;de la justice, qui,
pour lui, triomphe toujours dans le monde, en dépit de
'
l'infortune apparente des bons et du succès des méchants,
une chaleur secrète
l'anime
et son enthousiasme l'emporte
sur les lumineuses traces de l'auteur du Phèdre4".
Poète et philosophe à la
fois,
Plotin a peut-être réa-
lisé dans sa vie le plus bel exemple de ce qu'on pourrait
appeler une "sainteté païenne". L'ascèse intense et très
exigente commandée par sa métaphysique et par cette constan-
1. Marcel DE CORTE, "L'expérience mystique chez Plotin et
Saint Jean de la Croix", dans gtudes Carméljtalnea, 1935,
vol.
II, p. 183.
2.
I-II, q.61, a.5.
3. Marcel de CORTE, art, cit., p. 183-184.
4.
Edouard KRAKOWSKI. L'esthétique de Plotin et son in-
fluence.
Paris, E. de Brocard, 1929, p. 73.