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n cas de voyage en Amérique du Nord, plus
particulièrement aux États-Unis, une arbovi-
rose transmise par les moustiques peut se révéler
mortelle. Cette année, le virus est susceptible de
frapper notamment les grandes plaines du
centre et de l’ouest des États-Unis, et l’Alaska. Le
virus du Nil occidental a été détecté pour la pre-
mière fois en 1999 à New York. Des cas de
contamination par transplantation d’organes et
transfusion sanguine ont été établis l’an dernier
par les autorités sanitaires fédérales américaines.
Le Dr Paul Epstein, directeur adjoint du Centre
pour la santé et l’environnement mondial de
l’école de médecine de l’université de Harvard,
pense que, si l’on n’y prend garde, le nombre de
décès pourrait être bien supérieur à ceux causés
par le SRAS avec, par rapport à ce symptôme,
des moyens de prévention bien inférieurs.
Épidémiologie et diagnostic
Découvert pour la première fois en 1938 en
Afrique occidentale, le virus a été isolé chez un
patient ougandais, d’où le nom de la maladie :
celle “du Nil occidental”. Depuis l’été 1999, les
États-Unis sont touchés, et plus particulière-
ment en été. Cinq États étaient infestés en 1999,
ils étaient 12 en 2000, 27 en 2002, et sont 40 en
ce début d’année. Au total, 284 décès pour
4156 cas déclarés.
Le virus est responsable d’une arbovirose véhi-
culée par un moustique commun, le Culex pi-
piens. L’arthropode est l’indispensable mode de
contamination humaine. Les premiers vecteurs
de la diffusion du virus ont été les oiseaux sau-
vages qui, lors de leur migration, ont contaminé
les oiseaux indigènes. En piquant l’oiseau in-
festé, les moustiques deviennent ensuite vec-
teurs contaminants pour l’homme. Ils peuvent
conserver le virus tout l’hiver et contaminer dès
les premiers beaux jours.
Après une période d’incubation de 2 à 6 jours,
les signes cliniques sont soit inapparents, soit
très frustes. Le plus souvent, ils se résument à
une simple fièvre, parfois accompagnée de rash
cutané, de polyadénopathies, de quelques signes
digestifs comme des nausées, des vomissements
ou encore une diarrhée. Autant de manifesta-
tions peu significatives et qui n’engagent pas né-
cessairement à consulter un médecin.
La guérison sans séquelle est obtenue en général
en quelques jours, sauf si des complications
neurologiques apparaissent. En effet, dans 1 %
des cas, des signes méningés naissent, essentiel-
lement chez les personnes âgées ou fragilisées
avec, alors, un risque létal qui devient supérieur
à 10 %. Biologiquement, il existe peu de signes
spécifiques : une leuconeutropénie à l’hémo-
gramme ou une hyperprotéinorachie à la ponc-
tion lombaire sont rares. Seuls les dosages d’IgG
et d’IgM spécifiques sont déterminants, mais ils
ne sont réalisables, en France, qu’à l’Institut
Pasteur.
Traitement
Il n’existe à ce jour aucun traitement réellement
efficace si ce n’est, en partie, la ribavirine, qui a
montré quelque efficacité, de même que l’inter-
féron alpha. L’absence de traitement curatif exis-
tant engage donc à pratiquer une prévention
maximale, à savoir l’évitement des moustiques
grâce au port de vêtements à manches, de pan-
talons longs limitant au maximum les zones dé-
couvertes. Par ailleurs, les zones découvertes
seront enduites de pommade ou de spray répul-
sif. Doivent également être utilisés, notamment
pour les jeunes enfants, des moustiquaires im-
prégnées de DEET ou encore des diffuseurs
électriques dans les chambres à coucher. Il est
recommandé d’éviter les zones humides, les
fortes concentrations de population, les sorties
à la tombée du jour, heure de début de l’attaque
des moustiques. La vaccination contre l’encé-
phalite japonaise aurait une action préventive,
surtout sur les complications neurologiques de
l’infection.
Jacques Bidart
Renseignements pour un départ aux États-Unis :
www.sante-voyages.com.
L’impact du virus du Nil occidental, qui a contaminé des
dizaines d’espèces animales et fait 284 morts l’an dernier aux
États-Unis, pourrait être bien pire cette année que le virus de
la pneumonie atypique (SRAS), ont prévenu deux scientifiques
américains de l’école de médecine de l’université de Harvard.
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Maladie du Nil occidental
Inquiétude aux États-Unis
Libérale
Professions Santé Infirmier Infirmière - No47 - juin-juillet 2003
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