Un projet d’acquisition pour le château de Fontainebleau :
Neptune et Amphitrite ou Allégorie du monde marin,
un chef-d’œuvre de Francesco ALBANI, dit L’Albane
(Bologne 1578 – Bologne 1660)
Francesco Albani, Neptune et Amphitrite ou Allégorie du monde marin.
Le musée national du château de Fontainebleau conserve dans ses collections
deux tableaux sur cuivre de Francesco Albani, dit l’Albane (Bologne, 1578-
Bologne, 1660), Cybèle et les Saisons, ou Allégorie de la Terre, et Apollon et
Mercure, ou Allégorie de l’Air, tous deux déposés par le Musée du Louvre en
1875. Ces deux œuvres d'une qualité exceptionnelle furent peintes par l’Albane
pour Jacques Le Veneur, comte de Carrouges, un amateur français qui
entretenait des liens d’amitié avec l’artiste puisqu'il fut le parrain de son second
fils, à Bologne, en 1625. Leur origine est bien connue et selon Carlo Cesare
Malvasia (1678), l’historien de la peinture bolonaise, elles ont fait partie d’un
cycle de peintures commandé par Jacques Le Veneur et représentant les Quatre
Eléments, ou plus exactement "les divinités du Ciel, de la Terre, de la Mer et des
Enfers", dont trois seulement semblent avoir été exécutées. En effet, selon le
biographe de l'Albane, le commanditaire avait sévèrement critiqué ses nus
masculins, ce qui pourrait avoir découragé l'exécution de la peinture
représentant les Enfers.
Francesco Albani, Allégorie de l’air et Allégorie de la terre, château de Fontainebleau
(dépôts du musée du Louvre).
A la mort de Jacques Le Veneur en 1653, les trois tableaux de l’Albane
figuraient dans la galerie du château de Carrouges (Orne) qu'il avait acquis en
1634 : outre les deux œuvres conservées aujourd’hui à Fontainebleau, il
s'agissait d'un Neptune et Amphitrite, ou Allégorie du monde marin. Les deux
premiers, Cybèle et les Saisons et Apollon et Mercure, entrèrent par la suite dans
la collection d’André Le Nôtre, le jardinier de Louis XIV qui les donna au roi
avec une partie de sa collection en 1693. Restant dans les collections royales
jusqu'à la Révolution, ils passèrent ensuite au Musée du Louvre ils furent
exposés à partir de 1816 avant d'être déposés à Fontainebleau.
Neptune et Amphitrite, le troisième tableau, connut un destin bien
différent. Inventorié avec les deux autres peintures à Carrouges en 1653, il ne
réapparut que près d’un siècle plus tard dans la collection de Jacques-Antoine
Crozat, marquis de Thugny, qui mourut en 1751, laissant dans son hôtel de la
place Vendôme, à Paris, un ensemble de quatre cents tableaux qui furent
dispersés. Il passa ensuite à Pierre-Louis-Paul Randon de Boisset, un amateur
parisien tout aussi illustre, et lors de la vente après décès de celui-ci (1777), il
était décrit dans le catalogue comme « un des plus capitaux de l’Albane, et le
seul de cette conséquence que l’on connaisse en France … ». Le Neptune et
Amphitrite fut acquis alors par le marchand Jean-Baptiste-Pierre Lebrun pour le
compte d’Antoine-Jean-Baptiste Dutartre, qui le conserva jusqu’à sa mort en
1804 : il était alors considéré comme « [la] composition la plus riche et la plus
gracieuse qui soit connue de cet aimable peintre ». Acheté en 1805 par le
marchand Lafontaine pour le compte de Lucien Bonaparte, frère de l'empereur
Napoléon I
er
, il passera au XIX
e
siècle en possession du roi Guillaume II des
Pays-Bas puis dans diverses collections anglaises.
Longtemps demeuré inaccessible, le Neptune et Amphitrite de l’Albane a
réapparu en vente publique, à Londres, chez Christie’s, le 29 octobre 1999.
Emporté par un marchand pour la somme de 683 500 (ou 1.530.000 $), il fut
acquis peu après par un collectionneur américain qui en est l’actuel propriétaire.
C’est ce dernier qui souhaite aujourd’hui s'en dessaisir par l'intermédiaire de la
maison de vente Christie's, sur une base négociable de 2 millions de dollars.
Cette œuvre de l’Albane est sans conteste la troisième de cette série
inachevée des Quatre Eléments peinte pour le comte de Carrouges, sans doute
vers 1635: ses dimensions (H. 88,3; L. 103 cm) sont absolument identiques à
celles des tableaux de Fontainebleau et comme ces derniers, il s’agit d’une
peinture exécutée sur cuivre d'un format exceptionnel. On y voit Amphitrite
donnant le sein à son enfant sous la protection de Neptune, son époux, en
présence de Galatée, des Néréides et des Tritons, un thème qui pourrait avoir
inspiré Nicolas Poussin lorsqu'il reprit le même sujet quelques années plus tard,
en échangeant les positions de Neptune et de Vénus (tableau à Philadelphie,
Museum of Art). Par sa très haute qualité picturale, par son style et notamment
par sa couleur claire, le Neptune et Amphitrite s’apparente très étroitement aux
deux tableaux de Fontainebleau dans lesquels on retrouve une palette de
couleurs comparable. L’exposition monographique que le Musée du Louvre a
consacrée à l’artiste en 2000-2001, qui rendait compte du goût des amateurs
français de l'Ancien Régime pour l'œuvre de l'Albane et dans laquelle étaient
rassemblées plus de trente de ses peintures conservées dans des musées français,
a bien montré qu'ils comptent parmi les œuvres à sujet profane les plus raffinées
de la maturité de l’artiste.
En vue de cette manifestation, la Caisse des Monuments Historiques,
gestionnaire du château de Carrouges, avait tenté vainement de se porter
acquéreur du Neptune et Amphitrite lors de la vente à Londres, chez Christie’s,
en 1999. Une nouvelle opportunité de rassembler ces trois peintures se présente
aujourd'hui avec la possibilité offerte au musée national du château de
Fontainebleau de réunir, pour la première fois depuis trois siècles et demi, ces
trois tableaux commandés à l’Albane par un amateur français afin de constituer
une véritable série. L’acquisition du troisième et dernier tableau de ce « Cycle
de Carrouges » permettrait de mettre sous les yeux du public un ensemble
exceptionnel de peintures, tant par sa qualité que par son histoire, restituant ainsi
à ces œuvres de premier plan leur cohérence et leur lisibilité.
Financement
Mise en vente au prix de 1 380 930 €, cette peinture d’un intérêt exceptionnel
pour notre patrimoine a été reconnue « œuvre d’intérêt patrimonial majeur » par
la Commission consultative des trésors nationaux.
Le financement de son acquisition grâce au mécénat d’entreprise ouvre droit,
pour l’entreprise mécène, à une réduction sur l’IS égale à 90% du montant de
son versement, dans la limite de 50% de l’impôt (article 238 bis 0A du
Code général des impôts, modifié par la loi du 1
er
août 2003 relative au mécénat,
aux associations et aux fondations.)
Des contreparties en communication et relations publiques sont également
prévues.
C
ONTACTS
Château de Fontainebleau Ministère de la culture et de la communication
Bernard Notari, directeur général Robert Fohr, chef de la mission du mécénat
01 60 71 50 72 01 40 15 83 97 ou 79 15
Jérôme Treca, chargé de développement
01 60 71 57 92
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