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I - Rappel de la définition du projet et des objectifs annoncés.
Cueillettes enfantines, cueillettes familiales ou personnelles, cueillettes artisanales ou
industrielles, les façons de cueillir sont multiples, leurs tenants et aboutissants aussi. Toutes
parlent pourtant du rapport que chacun entretient au monde végétal, à la nature, et plus
largement à la société dans laquelle il évolue.
Malgré sa relative discrétion, la cueillette n’en est pas moins souvent stigmatisée par les
conflits qu’elle peut générer autour de ressources sensibles (espèces déjà menacées ou à
valeur économique). Le cas des champignons forestiers et les tensions foncières et
identitaires que peuvent engendrer leur cueillette sont un exemple de cet aspect. Cette
tendance est d’autant plus marquée que, depuis une dizaine d’années, les cueillettes
commerciales semblent se redéployer, particulièrement dans les territoires de montagne,
pour répondre au marché grandissant des produits « sauvages », ou « du terroir ». Pour autant,
on ne doit pas négliger le fait que les activités de cueillettes puissent être une pratique
intéressante pour le développement des territoires et la conservation des milieux et des
espèces.
Au fil des différents programmes et actions ethnobotaniques menés au sein du
Conservatoire, la thématique de la cueillette Ŕ ou plutôt des cueillettes Ŕ a toujours été un fil
rouge qui a sous-tendu ou guidé les travaux. La cueillette est en effet un des modes les plus
immédiats d’appropriation de la nature. Qu’il s’agisse de parler de plantes médicinales ou
alimentaires, de champignons, de fleurs à bouquets, de jeux d’enfants, de plantes textiles ou
tinctoriales, de pratiques des botanistes, de vannerie ou de tant d’autres champs, le végétal
est avant tout repéré, parfois nommé, puis cueilli avant d’être transformé ou utilisé.
Cueillir est un geste, un temps, le maillon charnière d’un ensemble où se mêlent nature et
culture. Il mobilise certains savoirs et savoir-faire et a une implication directe sur les ressources
naturelles. En ce sens, la cueillette est à l’interface des enjeux de connaissance et de
conservation. C’est pourtant une pratique qui reste peu étudiée.
Pour mieux comprendre et prendre en compte les processus de cueillettes dans les actions
de conservation ou de valorisation, il faut, tout d’abord, en dresser un état des lieux. C’est ce
que se propose de faire la première phase de cette opération en répondant aux questions :
qui cueille quoi, où, comment et à quelles fins ?
L’objectif est d’identifier et décrire, sur l’ensemble du territoire d’agrément du Conservatoire :
- les ressources et les produits :
o les végétaux cueillis (quels sont-ils ? Quelle est l’importance des prélèvements?
Quels sont les lieux de cueillette ?)
o les usages anciens et nouveaux auxquels sont destinées les plantes cueillies
(pharmacie familiale, bouquets, circuits de l’alimentaire, de la cosmétique, de
l’horticulture…)
- les acteurs de la cueillette :
o établir une typologie de cueilleurs (particuliers pour des cueillettes familiales,
professionnels fédérés en syndicats ou groupements, saisonniers pour des
industriels…)
o les pratiques, savoirs et façons de faire de ces différents acteurs
o les filières commerciales industrielles et artisanales
Cette action pourra, à terme, s’insérer dans une dynamique de réflexion nationale sur la
place des pratiques de cueillettes et leur impact sur les ressources végétales spontanées afin
d’en évaluer les enjeux socio-économiques et environnementaux.