INRA Prod. Anim. Hors sŽrie 1996, 119-126 J.M. AYNAUD INRA DŽpartement de pathologie animale 37380 Nouzilly En production animale, lÕobjectif de la vaccination de lÕanimal domestique est essentiellement la rŽduction des pertes Žconomiques causŽes par les agents pathog•nes tels que les virus, les bactŽries et les diffŽrents types de parasites. La vaccination a pour but de maintenir lÕintŽgritŽ des fonctions de lÕorganisme intervenant dans la production de viande, de lait et dÕÏufs et ceci dans un environnement ˆ risque pour les troupeaux. Cet article a pour objectif de dŽgager le bilan des recherches et leurs retombŽes dans le domaine des vaccins et des vaccinations pour les animaux de ferme, et de prŽsenter la situation actuelle et les travaux en cours. Apport de lÕINRA et bilan du passŽ Le vaccin est un produit de lÕactivitŽ de recherche qui nÕexiste en tant que tel quÕˆ partir du moment o• le pouvoir protecteur vis-ˆ-vis dÕune infection virulente a ŽtŽ ŽvaluŽ et dŽmontrŽ sur lÕanimal cible. CÕest aussi le produit terminal (au niveau de la valorisation) rŽsultant dÕune longue dŽmarche de recherche ŽtalŽe sur 5 ˆ 10 ans environ et constituŽe dÕune dizaine dÕŽtapes successives, depuis lÕidŽe au laboratoire jusquÕˆ la seringue dans lÕŽtable. Cette dŽmarche fait appel ˆ la rŽunion de compŽtences et de savoir-faire entre immunologistes dÕune part et pathologistes des infections au sens large dÕautre part (virologistes, bactŽriologistes, parasitologistes) ma”trisant tous les outils dans leurs domaines respectifs et en particulier dans celui de la biologie molŽculaire. Pour aboutir, cette dŽmarche fait appel ˆ 3 partenaires obligŽs et tr•s diffŽrents : le chercheur et son Žquipe, le contr™leur officiel des vaccins et lÕindustriel de la vaccinologie. D•s sa mise en place ˆ lÕINRA en 1961, le DŽpartement de Pathologie Animale a toujours eu pour souci de dŽvelopper un disposi- Les recherches ˆ lÕINRA dans le domaine des vaccins et vaccinations tif permettant ˆ une telle dŽmarche de se rŽaliser avec succ•s dans chacune des grandes unitŽs de recherches concernŽes par des travaux ayant les vaccins comme finalitŽ. CÕest ainsi que lÕINRA sÕest toujours efforcŽ de faire travailler ensemble sous le m•me toit les immunologistes avec les chercheurs en virologie, en bactŽriologie et en parasitologie. CÕŽtait la condition indispensable pour optimiser les complŽmentaritŽs et favoriser le dŽveloppement et lÕaboutissement de projets visant la mise au point de vaccins contre les grandes maladies contagieuses qui sŽvissaient ˆ lÕŽpoque : fi•vre aphteuse, peste porcine, brucellose, mammites, coccidioses aviaires. Dans cette perspective, trois grandes unitŽs ont ŽtŽ crŽŽes au dŽbut des annŽes 60. Tout dÕabord, la station de Virologie et dÕImmunologie (Thiverval-Grignon) a dŽveloppŽ, sous la houlette dÕAlain Paraf, Jean Asso et Michel Fougereau, des travaux qui ont conduit rapidement ˆ proposer de nouvelles stratŽgies pour la vaccination contre la fi•vre aphteuse. Ainsi ˆ partir des nouveaux concepts dŽveloppŽs ˆ lÕInstitut Pasteur par AndrŽ Lwoff et Marc Girard sur la thermosensibilitŽ du dŽveloppement viral appliquŽ au Poliovirus, Jean Asso et son groupe ont, de 1961 ˆ 1975, mis au point plusieurs mutants Ç froids È et Ç fragiles È du virus aphteux. Ces derniers avaient perdu leur pathogŽnicitŽ pour le bovin et le porc tout en conservant un bon pouvoir immunog•ne (protection). Certains de ces mutants ont ŽtŽ aussit™t proposŽs comme vaccin vivant. Cependant, malgrŽ les grands avantages des vaccins vivants (Žconomie, efficacitŽ), cette stratŽgie a ŽtŽ finalement ŽcartŽe en raison du choix politique, dans un contexte gŽnŽral de lÕŽpoque, de privilŽgier et de retenir uniquement la vaccination ˆ lÕaide du virus inactivŽ pour la lutte contre la fi•vre aphteuse. Par la suite, les recherches dŽveloppŽes par lÕINRA en virologie pour mieux caractŽriser le virus aphteux ont eu deux retombŽes importantes parmi dÕautres : 120 / J.M. AYNAUD - la dŽmonstration en 1973, par J. Laporte et son groupe, quÕil Žtait possible dÕinduire lÕimmunitŽ anti-fi•vre aphteuse chez le porc ˆ partir dÕune protŽine sous-unitaire du virus. Ce rŽsultat entra”na aussit™t lÕŽmergence du concept nouveau des vaccins sous-unitaires antiviraux qui dŽbouchait ensuite sur celui des vaccins synthŽtiques ; - lÕamŽlioration de la stabilitŽ de lÕinmmunogŽnicitŽ des suspensions de matŽriel viral (r™le des protŽases) prŽparŽes par les industriels pour les vaccins ˆ virus inactivŽs (J. Grosclaude et S. Bernard). Pour la peste porcine classique, autre grand flŽau des annŽes 60, le contexte Žtait au contraire tr•s favorable ˆ la vaccination ˆ lÕaide des vaccins vivants, en raison des tr•s grandes difficultŽs rencontrŽes pour mettre au point un vaccin ˆ virus inactivŽ. Dans ce domaine, lÕapplication des concepts (rappelŽs ci-dessous) au virus de la peste porcine a permis dÕune part de mieux caractŽriser les propriŽtŽs de ce virus et les bases de sa virulence, dÕautre part de dŽboucher sur un vaccin vivant ˆ partir dÕun mutant attŽnuŽ du virus froid et fragile (souche INRAThiverval), isolŽ par le groupe de J.M. Aynaud. CommercialisŽ en 1973, ce vaccin INRA est toujours utilisŽ avec succ•s pour lutter contre la peste porcine, en particulier dans plusieurs pays dÕExtr•me-Orient. A la m•me Žpoque, face ˆ une demande des Žleveurs de moutons, Jean Asso avait mis au point un vaccin vivant multipliŽ en culture cellulaire pour lutter contre une maladie virale de lÕagneau, lÕecthyma contagieux. Ce vaccin a ŽtŽ largement utilisŽ en France et a connu un vif succ•s. Enfin, ˆ la fin des annŽes 70, face aux graves pertes Žconomiques liŽes ˆ la mortalitŽ des veaux atteints de diarrhŽe, plusieurs Žquipes INRA se sont investies lourdement dans lÕŽtude de lÕŽtiologie des diarrhŽes. Le groupe de R. Scherrer et celui de J. Laporte se sont intŽressŽs respectivement aux rotavi- rus et aux coronavirus responsables des diarrhŽes chez le veau. Concernant le coronavirus, ˆ partir de la nouvelle mŽthode de culture du virus mise au point par cette Žquipe, un vaccin ˆ virus inactivŽ a ŽtŽ commercialisŽ depuis 1981. A Theix, le laboratoire de Microbiologie crŽŽ par P. Gouet se pencha sur le r™le des colibacilles dans les diarrhŽes du veau et mit au point en 1979 un vaccin inactivŽ efficace par transfert passif dÕanticorps maternels colostraux (imocolibov) ; il est toujours utilisŽ avec succ•s actuellement. Devant les pertes quasi permanentes causŽes en Žlevage de truites par les maladies virales telles que la septicŽmie hŽmorragique ˆ Rhabdovirus, le groupe de P. de Kinkelin a successivement mis en Ïuvre plusieurs approches pour tenter dÕapporter une stratŽgie vaccinale efficace, et surtout compatibles avec les tr•s fortes contraintes spŽcifiques du syst•me de production aquacole et de son contexte Žconomique. Au Centre INRA de Tours-Nouzilly, la Station de Pathologie de la Reproduction crŽŽe par Michel Plommet dŽveloppa des travaux qui aboutirent ˆ une sŽrie de vaccins contre les maladies bactŽriennes des ruminants en rŽponse ˆ la demande des Žleveurs et des vŽtŽrinaires : vaccin contre les mammites cliniques de la brebis laiti•re (M. Plommet 1979), vaccin contre la listŽriose des ruminants (R. Fensterbank 1984), vaccin contre la chlamydiose abortive des petits ruminants (A. Rodolakis 1984), vaccin contre la salmonellose abortive des ruminants (P. Pardon 1985) et, enfin, un nouveau procŽdŽ original (voie conjonctivale) pour amŽliorer la vaccination des ruminants contre la brucellose (M. Plommet 1984). La contribution de lÕINRA ˆ la mise au point de vaccins (tableau 1) en rŽponse aux demandes des Žleveurs a donc ŽtŽ tr•s significative dans les deux premi•res dŽcennies qui suivirent la crŽation du dŽpartement de Pathologie Animale : 6 vaccins contre les Tableau 1. Contribution de l’INRA à la mise au point de vaccins et de nouvelles méthodes de vaccination pour chacune des espèces animales d’intérêt agronomique. Les travaux en cours concernent 16 équipes de recherches rassemblant une trentaine de chercheurs auxquels se rajoutent des chercheurs et enseignants d’autres organismes (DGER) présents dans les équipes associées INRA, ainsi que les étudiants préparant une thèse. Bovin Petits ruminants Porc Poulet Lapin Truite Vaccins INRA mis au point dans le passŽ : - encore actuellement utilisŽs - non utilisŽs en 1995 (1) 4 3 2 1 1 3 - - 1 Vaccins INRA en cours de mise au point (prototypes en cours dÕessai) - - - 1 1 - Projets de recherches en cours visant la mise au point de nouvelles mŽthodes de vaccination pour une maladie donnŽe 2 2 2 3 1 1 Esp•ce animale concernŽe (1) Dans la plupart des cas, un brevet a ŽtŽ pris, mais lÕexploitation par un industriel nÕa pas eu lieu pour diverses raisons : contraintes rŽglementaires (fi•vre aphteuse, peste porcine en Europe, brucellose), contraintes Žconomiques (salmonidŽs dÕŽlevage), contraintes ŽpidŽmiologiques (la maladie a disparu). INRA Productions Animales, Hors-sŽrie 1996 Vaccins et vaccinations / 121 Tableau 2. Recherches INRA ayant abouti ou susceptibles d’aboutir à l’amélioration des vaccins et des méthodes de vaccination des animaux de ferme contre les maladies infectieuses et parasitaires. Maladie et esp•ce cible Approche choisie Laboratoire INRA Fi•vre aphteuse (bovin et porc) Vaccin vivant ˆ partir Virologie et Immunolode mutants Çfroids et gie (Jean Asso) fragilesÈ pour chacun des 3 sŽrotypes Fi•vre aphteuse (bovin et porc) Vaccin sous unitaire ˆ Virologie et Immunolopartir dÕun mutant gie (Jacques Laporte) Ç froid et fragile È Peste porcine classique Vaccin vivant attŽnuŽ Virologie et Immunoloen culture cellulaire ; gie (Jean-Marie Aynaud) (porc) mutant Ç froid et fragile Etat du projet : valorisation et partenariat Recherches arr•tŽes en 1975 en raison du choix europŽen de centrer la politique exclusivement sur les vaccins ˆ virus inactivŽ. Souche INRA Ç Thiverval È commercialisŽe par SANOFI d•s 1976 (vaccin COGLAPEST). Recherches arr•tŽes en 1978. Ecthyma contagieux (ovin) Vaccin vivant attŽnuŽ Virologie et Immunolo- Souche INRA commercialisŽe d•s en culture cellulaire gie (Jean Asso) 1975 par lÕUCAAB. Recherches arr•tŽes en 1975. EntŽrite ˆ coronavirus (veau) Vaccin ˆ virus inactivŽ Virologie et Immunolo- Vaccin INRA commercialisŽ d•s 1981 en culture cellulaire gie (Jacques Laporte) par Rh™ne-MŽrieux. Recherches arr•tŽes en 1991. Gastro-entŽrite trans- Vaccin oral ˆ virus Pathologie porcine vivant ˆ partir dÕun (Jean-Marie Aynaud) missible mutant rŽsistant au (porc) suc gastrique Souche INRA Ç Nouzilly È dont la licence a ŽtŽ vendue ˆ Rh™ne-MŽrieux en 1992. Recherches arr•tŽes. SepticŽmie hŽmorra- Vaccin vivant attŽnuŽ Ichtyopathologie et vaccin recombinant (Pierre de Kinkelin) gique virale truite) Vaccin pour lÕinstant sans dŽbouchŽs en raison des fortes contraintes tenant au contexte Žconomique de la fili•re. Partenaire : Eurogenetec. Mammites (brebis laiti•res) Anatoxine staphylococ- Pathologie de la repro- Vaccin INRA commercialisŽ par les laboratoires Roger-Bellon en 1967. cique duction (Michel Plommet) Salmonellose abortive (ruminants) Vaccin vivant attŽnuŽ ˆ partir dÕun mutant Ç reversŽ È Pathologie de la reproduction (Pierre Pardon) Vaccin INRA ayant fait lÕobjet dÕun brevet en 1979 et commercialisŽ en 1985 par Rh™ne-MŽrieux. Recherches poursuivies pour utiliser la souche vaccinale comme porteuse dÕantig•nes hŽtŽrologues. ListŽriose (ruminants) Vaccin vivant attŽnuŽ ˆ partir dÕun mutant Ç reversŽ È Pathologie de la reproduction (RenŽ Fensterbank) Souche INRA Ç AER È ayant fait lÕobjet dÕun brevet en 1984. Recherches arr•tŽes. Brucellose (bovin) Vaccination par voie conjonctivale avec la souche B19 Pathologie de la reproduction (Michel Plommet) Nouveau procŽdŽ de vaccination ayant fait lÕobjet dÕun brevet en 1984. Recherches poursuivies sur des antig•nes Ç dŽlŽtŽs È utilisables pour le diagnostic. Brucellose (petits ruminants) Vaccination par voie conjonctivale avec la souche REV - 1 Pathologie de la reproduction (Michel Plommet) Nouveau procŽdŽ de vaccination ayant fait dÕobjet dÕun brevet en 1984 ; licence vendue ˆ VŽtoquinol en 1991. Recherches poursuivies sur des antig•nes Ç dŽlŽtŽs È utilisables pour le diagnostic. Chlamydiose (petits ruminants) Vaccin vivant ˆ partir dÕune souche thermosensible Pathologie infectieuse et Immunologie (Annie Rodolakis) Souche INRA IB dont la licence a ŽtŽ vendue en 1984 pour la Grande-Bretagne ˆ Intervet (commercialisation actuelle) et ˆ VŽtoquinol pour la France. Colibacillose (veau) Vaccin inactivŽ ˆ partir Microbiologie de lÕantig•ne K99 de E. (Philippe Gouet) Coli Vaccin INRA ayant fait lÕobjet dÕun brevet en 1979 et dont la licence a ŽtŽ vendue ˆ Rh™ne-MŽrieux en 1981. Commercialisation du vaccin IMOCOLIBOV. INRA Productions Animales, Hors-sŽrie 1996 122 / J.M. AYNAUD maladies virales majeures ; 7 vaccins contre les maladies bactŽriennes majeures affectant essentiellement les ruminants. Le tableau 2 illustre le bilan de lÕactivitŽ de lÕINRA. Ces rŽsultats ont ŽtŽ rendus possibles gr‰ce ˆ la mise en place dÕun dispositif bien adaptŽ pour rŽpondre ˆ la demande du terrain : la juxtaposition, sur le m•me site, dÕŽquipes pluridisciplinaires et dÕinstallations expŽrimentales parfaitement opŽrationnelles permettant dÕhŽberger et dÕentretenir diffŽrentes esp•ces animales (porc, ruminant, volaille) vaccinŽs ou pas (tŽmoins) apr•s inoculation expŽrimentale avec des virus ou des bactŽries pleinement virulents. Un tel dispositif permet dÕŽvaluer avec prŽcision le pouvoir protecteur du candidat vaccin mis au point par lÕŽquipe, en particulier en vue de la prŽparation du dossier dÕautorisation de mise sur le marchŽ (AMM) selon les normes tr•s strictes recommandŽes par le contr™leur officiel du Minist•re de lÕAgriculture. Situation actuelle. Les travaux en cours Situation ŽpidŽmiologique actuelle et contexte de lÕutilisation des vaccins Par rapport aux trois derni•res dŽcennies, la situation actuelle est marquŽe par une Žvolution caractŽrisŽe par une diminution notable de la plupart des risques majeurs (maladies hautement contagieuses, mortalitŽ ŽlevŽe). Parmi ces grandes maladies, seule la brucellose continue ˆ focaliser les efforts de lÕINRA (Centre de Tours-Nouzilly) en raison de son impact persistant chez les petits ruminants des pays du pourtour mŽditerranŽen. Les grandes maladies du passŽ ont disparu du territoire national, ce qui justifie la dŽcision dÕinterdire toute vaccination pour certaines dÕentre elles (fi•vre aphteuse, peste porcine, brucellose bovine...). Cependant, le risque dÕapparition de nouvelles maladies persiste comme en tŽmoigne le dŽveloppement rŽcent de trois dÕentre elles : la coronavirose respiratoire porcine, le syndrome dysgŽnŽsique et respiratoire du porc (SDRP) et la maladie hŽmorragique virale des lagomorphes (VDH). Les probl•mes actuels rŽsultent essentiellement de maladies de gravitŽ moindre pour lesquelles les risques persistent soit en raison de lÕexistence de rŽservoirs ou de vecteurs (parasitoses), soit en raison de lÕabsence de moyens thŽrapeutiques ou prophylactiques (lentiviroses), soit encore en raison de lÕŽtroite dŽpendance de certaines maladies (bactŽries, parasites) vis-ˆ-vis des facteurs de production ou dÕenvironnement. De plus, lÕintensification en Žlevage favorise les risques de diffusion des pathog•nes par voie aŽrienne (maladies respiratoires du porc et des volailles) alors que, parall•lement, la tendance ˆ lÕextensification dans certaines zones dÕŽlevage va de son c™tŽ favoriser par exemple le retour de certaines maladies parasitaires chez les ruminants en particulier. Enfin, la crise agricole incite les producteurs, dont les marges bŽnŽficiaires sont rŽduites, ˆ limiter le budget consacrŽ aux frais vŽtŽrinaires et en particulier aux vaccins dont le cožt unitaire pour certains peut dŽpasser un seuil incompatible avec les contraintes Žconomiques. Dans ce contexte difficile, les vaccins proposŽs aux Žleveurs doivent rŽpondre ˆ la demande en tenant compte, plus que jamais, des contraintes Žconomiques et pratiques qui sont spŽcifiques ˆ chacune des fili•res de production. Etat des travaux en cours ˆ lÕINRA : les vaccins de la nouvelle gŽnŽration Depuis 1980, lÕINRA a entrepris des investissements considŽrables pour permettre ˆ de nombreuses Žquipes dÕacquŽrir et de ma”triser les outils de la biologie molŽculaire : recrutements, formation, Žquipements, amŽ- Approches technologiques utilisées pour la mise au point de vaccins Vaccins dits conventionnels Vaccin vivant atténué Sélection de mutants atténués (mutants thermosensibles par exemple) Vaccin inactivé Inactivation de l'agent pathogène ou de ses produits (toxines) (à l'aide du formol par exemple) Vaccins de nouvelle génération Agent pathogène (virus, bactéries, parasites) Délétion Génome du pathogène INRA Productions Animales, Hors-sŽrie 1996 Mutagénèse dirigée Insertion de gènes (greffe moléculaire) Antigènes exprimés Vaccin délété Antigènes recombinants Vaccin recombinant Vaccins et vaccinations / 123 Tableau 3. Travaux de recherches en cours et visant des vaccins de nouvelles générations (n = 13). Les trois derniers correspondent à des approches de transfert germinal de gènes protecteurs en vue d’une vaccination génétique. Maladie et esp•ce cible EntŽrite ˆ rotavirus (veau) Approche choisie Laboratoire INRA Etat du projet, Vaccination, Partenariat Vaccin recombinant Ç Virologie et Immunologie Travaux en cours faisant lÕobjet dÕune convention avec Limagrain. comestible È ˆ partir de (Jean Cohen) pseudoparticules produites sur plante transgŽnique GrastrÏntŽrite transmis- Vaccin recombinant ˆ partir Virologie et Immunologie Travaux en cours avec la collaborasible (porc) tion de Rh™ne-MŽrieux. du vecteur CS 31 A de E. (Hubert Laude) Microbiologie Coli (Michel Contrepois) Bronchite infectieuse aviaire (poulet) Cellules transgŽniques pour Virologie et Imminologie Travaux en cours avec la collaboration de Rh™ne-MŽrieux. la production dÕantig•nes ˆ (Hubert Laude) potentialitŽ vaccinale Maladie hŽmorragique Vaccin recombinant bivavirale (lapin) et myxoma- lent contre les deux malatose (lapin) dies ˆ partir dÕun vecteur myxomatose Ç dŽlŽtŽ È Maladie dÕAujeszky (porc) Virologie et Immunologie (Jean-Fran•ois Vautherot) Microbiologie molŽculaire (Alain Milon) Vaccin recombinant ˆ partir GŽnŽtique (Marc Eloit) du vecteur adŽnovirus Travaux en cours soutenus par lÕOffice National de la Chasse et en collaboration avec le CNEVA. Valorisation en cours du vaccin mis au point. molŽculaire Travaux en cours. Lentivirose VISNA et Immunisation avec lÕADN Lentivirus des petits rumi- Travaux en cours. CAEV (petits ruminants) nants (Philippe LŽna) nu Maladie de Marek (poulet) Vaccin recombinant sous- Pathologie aviaire et Para- Travaux en cours. sitologie (Fran•oise Coudert unitaire et Ginette Dambrine) SepticŽmie hŽmorragique Vaccin recombinant sur vec- Virologie et Immunologie Travaux en cours soutenus par la virale (truite) (Michel Bremont et Abde- CEE (programme FAIR) teur herp•s nour Benmansour) Brucellose (petits rumi- Vaccin dŽlŽtŽ recombinant Pathologie infectieuse et Travaux en cours soutenus par la nants) CEE et en collaboration avec Inogeneet vaccin semi-synthŽtique Immunologie (GŽrard Dubray et J.M. Verger) tics Mammites (ruminants) Vaccin sous-unitaire vis-ˆ- Pathologie Infectieuse et Travaux en cours. vis des staphylocoques et Immunologie (Bernard Poutrel) streptocoques EntŽrite colibacillaire (lape- Vaccin vivant oral ˆ partir Microbiologie molŽculaire Travaux en cours. reau) dÕun souche E. Coli attŽ- (Alain Milon) nuŽe Coccidioses (poulet) Vaccin ˆ partir dÕantig•nes Virologie et Immunologie Travaux en cours en collaboration avec Uppsala. recombinants incorporŽs (Pierre PŽry) Pathologie aviaire et Paradans les ISCOMS sitologie (Pierre YvorŽ) Toxoplasmose (ovin) Immunisation orale ˆ lÕaide Immunologie parasitaire Travaux en cours. (Daniel Bout) dÕantig•nes sous-unitaire Maladie hŽmorragique virale (lapin) Transfert germinal de g•nes Virologie et Immunologie Travaux en cours en collab. avec (Jean-Fran•ois Vautherot) Louis-Marie Houdebine. structuraux du calicivirus Maladie de Marek (poulet) Transfert germinal de g•nes Pathologie aviaire et Para- Travaux en cours en collaboration du syst•me majeur dÕhisto- sitologie (Fran•oise Coudert avec le CNRS et lÕUniversitŽ Lyon 1. compatibilitŽ ˆ partir de et Ginette Dambrine) gŽnotypes de poulets rŽsistants ˆ la maladie de Marek ; recours aux vecteurs rŽtroviraux SepticŽmie hŽmorragique Transfert de g•nes structu- Virologie et Immunologie Travaux en cours. virale (truite) (Michel Bremont) raux du rhabdovirus SHV INRA Productions Animales, Hors-sŽrie 1996 124 / J.M. AYNAUD nagement de laboratoires et dÕinstallations expŽrimentales conformes avec des niveaux de confinement exigŽs. Actuellement une trentaine de chercheurs rŽpartis dans 16 Žquipes (incluant des Žquipes associŽes INRA dans les Ecoles VŽtŽrinaires) dŽveloppent des travaux ayant recours aux outils de la biologie molŽculaire et dont les objectifs visent directement ou indirectement la mise au point de vaccins recombinants contre des maladies virales (10 Žquipes), des maladies bactŽriennes (3 Žquipes) et des maladies parasitaires (3 Žquipes). De plus, certaines dÕentre elles sÕintŽressent ˆ des approches de vaccination Ç gŽnŽtique È par transfert germinal aux animaux sensibles de g•ne(s) de rŽsistance ˆ une maladie donnŽe. La mise au point de vaccins recombinants est conditionnŽe par la ma”trise dÕapproches nouvelles. Actuellement 4 grandes stratŽgies sont explorŽes : - lÕinsertion de motifs antigŽniques (Ç greffe molŽculaire È) dans des structures protŽiques porteuses dont lÕimmunogŽnicitŽ doit •tre renforcŽe ˆ lÕaide dÕadjuvants (complexes immunostimulants ISCOMS) ; - lÕutilisation de vecteurs recombinants vivants : bactŽries (Salmonelles), virus (adŽnovirus, herpesvirus, rŽtrovirus, poxvirus) ; - lÕinoculation dÕADN nu ; - la production dÕantig•nes recombinants ˆ potentialitŽ vaccinale par des plantes transgŽniques en vue de la mise au point de vaccins Ç comestibles È. Le tableau 3 dresse une liste des actions en cours. Perspectives Dans sa mission premi•re, le vaccin vŽtŽrinaire appara”t seulement comme un des ŽlŽments dÕun ensemble de mesures complŽmentaires constituant un programme mis en Ïuvre pendant une pŽriode donnŽe pour lutter contre une maladie. La notion de vaccin et de vaccination Žvolue et se diversifie. La vaccination appara”t Žgalement comme une alternative de choix ˆ lÕemploi des antibiotiques pour lutter contre des maladies bactŽriennes (salmonelloses par exemple), et aussi ˆ lÕemploi des antiparasitaires pour lutter contre les helminthes ou les protozoaires (coccidioses aviaires par exemple). On conna”t hŽlas trop bien les inconvŽnients ˆ long terme des antibiotiques et des antiparasitaires : apparition de pathog•nes rŽsistants ˆ la chimiothŽrapie, contamination de lÕenvironnement par des mŽdicaments vŽtŽrinaires et leurs rŽsidus. Par ailleurs, le recours ˆ lÕimmunisation (car ce nÕest pas rŽellement une vaccination) avec des antig•nes appropriŽs est utilisŽ par les physiologistes pour modifier ou inhiber une Žtape critique dans une fonction physiologique donnŽe (couvaison chez la dinde, INRA Productions Animales, Hors-sŽrie 1996 Tableau 4. Les besoins pour l’avenir : principales maladies où des vaccins restent à améliorer ou à mettre au point. Porc Peste porcine africaine (PPA) Syndrome dysgŽnŽsique et respiratoire (SDRP) Mycoplasmoses respiratoires Ruminants Lentivirus Mammites Ruminants et volailles Salmonelloses Maladies parasitaires Volailles Maladie de Marek Coronavirose respiratoire (BI) Lapin Calicivirose et myxomatose Poisson Maladies virales et bactŽriennes en aquaculture odeur de verrat dans les viandes de m‰les non castrŽs par exemple...). Le tableau 4 dresse une liste non exhaustive des principales maladies actuelles ou des vaccins restant ˆ amŽliorer ou ˆ mettre au point. Au niveau des conditions de la vaccination, lÕaccent devra •tre mis sur la voie dÕadministration afin de stimuler prŽfŽrentiellement lÕimmunitŽ locale au niveau des premi•res voies dÕentrŽe des agents pathog•nes dans lÕorganisme. CÕest pourquoi les vaccins administrables par voie orale devront •tre privilŽgiŽs. CÕest dÕailleurs dans cette perspective que Hilary Koprowski a lancŽ en 1995 le nouveau concept des vaccins Ç comestibles È cÕestˆ-dire des vaccins incorporŽs dans lÕaliment. Les mod•les animaux (herbivores, omnivores) disponibles ˆ lÕINRA offrent une possibilitŽ dÕexaminer la faisabilitŽ dÕune telle stratŽgie vaccinale. La plante transgŽnique (ma•s par exemple) productrice dÕantig•nes vaccinants recombinants pourrait, ˆ ce titre, •tre un bon candidat ˆ explorer comme vaccin comestible pour lÕanimal. Dans un contexte Žconomique difficile, la mise au point de vaccins peu cožteux, de grande facilitŽ dÕemploi et bien adaptŽs aux contraintes spŽcifiques des Žlevages concernŽs est un objectif tout ˆ fait prioritaire pour lÕINRA que nos Žquipes prennent en compte lors du choix de lÕapproche expŽrimentale ˆ dŽvelopper. Conclusions : les missions de lÕINRA Le bilan du passŽ a montrŽ que le dispositif mis en place au dŽbut des annŽes 1960 a bien rempli sa mission. Le maintien ˆ lÕŽtat opŽrationnel des unitŽs expŽrimentales o• se dŽroulent les expŽriences de protection sur lÕanimal cible est une nŽcessitŽ impŽrative pour que cette mission puisse •tre remplie Vaccins et vaccinations / dans les meilleures conditions. Face aux demandes exprimŽes dans chacune des fili•res animales, les Žquipes INRA concernŽes continuent ˆ sÕinvestir dans la mesure des moyens disponibles en immunologie fondamentale et appliquŽe afin dÕaccumuler les connaissances sur les conditions optimales pour lÕinduction de la rŽponse vaccinale protectrice. Les 13 et 14 dŽcembre 1994, dans le cadre des journŽes annuelles dÕanimation scientifique du dŽpartement de Pathologie Animale, lÕensemble des chercheurs, enseignants-chercheurs, ingŽnieurs et techniciens intŽressŽs par le th•me des vaccins, se sont retrouvŽs ˆ Lyon, berceau mondial de la vaccinologie vŽtŽrinaire. Pendant deux jours, ils ont dŽbattu et rŽflŽchi aux facteurs limitants et aux verrous ˆ lever pour permettre aux recherches en cours de dŽboucher plus rapidement sur des nouveaux vaccins plus performants. Nos partenaires habituels (Institut 125 Pasteur, CNEVA, Rhone-MŽrieux et autres industriels) ont tr•s activement participŽ ˆ ce dŽbat qui a permis de souligner un certain nombre de points importants concernant lÕimmunologie, les mod•les animaux, le poids excessif des rŽglementations, le cožt encore trop ŽlevŽ des produits issus des biotechnologies, etc. Compte tenu des fortes contraintes Žconomiques spŽcifiques au marchŽ des vaccins vŽtŽrinaires (taille rŽduite, Žclatement en 9 petits sous-marchŽs correspondant ˆ chacune des diffŽrentes esp•ces dÕanimaux de ferme, cožt de la dose unitaire ne pouvant dŽpasser un certain seuil), lÕINRA se doit de dŽvelopper des recherches ayant pour finalitŽ la mise au point de vaccins. En effet, les industriels de la vaccinologie ont plut™t tendance ˆ centrer leurs efforts sur des vaccins pour les animaux de loisir ou de compagnie (secteur nÕayant peu ou pas de contraintes dÕordre Žconomique). Pour en savoir plus Revues gŽnŽrales sur les vaccins Aynaud J.M., 1991. Les vaccins vŽtŽrinaires de nouvelle gŽnŽration. INRA Prod. Anim., 4, 89-95. Aynaud J.M., 1995. Vaccins et vaccination en santŽ animale. Compte rendu des journŽes dÕanimation scientifique du dŽpartement de Pathologie animale ˆ lÕENV de Lyon les 13 et 14 dŽcembre 1994. Vet. Res., 26, 185-243. Aynaud J.M., Laude H., 1988. Les vaccins vŽtŽrinaires. Biofutur, 69, 65-70. Woods P.R., Willadsen P., VercÏ J.E., Hoskinson R.M., Demeyer D., 1994. Vaccines in agriculture. Immunological applications to animal health and production. Ed. 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