NICOLAS ORNETO
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LES HIÉROGLYPHES POUR TOUS
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Pourquoi ce livre ?
Un éminent égyptologue pour lequel jéprouve une sincère admiration, ma fait limmense
honneur de prendre connaissance de cet ouvrage pour y apporter des précisions et quelques
remarques très éclairées. Il ma paru indispensable de publier ces remarques et dy apporter des
réponses. Tout dabord, par souci de clarté afin déviter que ne soit déformé ce qui a motivé ma
démarche dans la conception de cet ouvrage, et ensuite pour répondre au lecteur qui pourrait avoir
les mêmes interrogations.
Remarque 1 : « Aucun égyptologue ne vous suivra sur le chemin de lalphabet symbolique. Outre
que labandon de lapproche symbolique des signes est précisément ce qui a permis à Champollion de
déchiffrer lécriture hiéroglyphique, la plupart des interprétations que je lis dans cet ouvrage ne sont
confirmées par aucun texte égyptien. »
Réponse : sagissant de symbolisme, aucune définition nest plus juste ou plus fausse quune
autre. Même si linterprétation dun symbole se veut avant tout universelle, chacun dentre nous, en
fonction de sa sensibilité, de son vécu, peut exprimer sa propre perception de lhistoire racontée par le
symbole. Ensuite, même si Champollion a pu déchiffrer les hiéroglyphes en abandonnant lapproche
symbolique, cela ne signifie pas pour autant quils ne sont porteurs daucun message symbolique.
Enfin, comment parler dégyptologie en occultant une partie de son histoire qui a débuté, certes de
façon erronée, par une approche seulement symbolique ? Champollion lui-même a qualifié cette
écriture de « figurative, symbolique et phonétique ».
Remarque 2 : « Je ne crois pas quil soit justifié dinsérer dans un ouvrage dapprentissage des
pages sur la franc-maçonnerie. Non quil ny ait pas de lien, bien évidemment, entre la réception de
lÉgypte antique en Occident et cette société secrète, mais parce quun manuel pédagogique se doit
de ne pas mélanger les genres. Lapprentissage dune langue relève du didactique, avant tout, et doit
sen tenir à une approche descriptive des données linguistiques. »
Réponse : cest vrai quun manuel pédagogique se doit de ne pas mélanger les genres. Mais
nétant, moi-même, ni égyptologue, ni linguiste, il naurait pas été très sérieux denvisager lécriture
dun manuel dapprentissage purement linguistique. Les hiéroglyphes pour tous représente le trait
dunion entre mon métier dinformaticien et lécriture hiéroglyphique, deux de mes passions qui ont
en commun létude du langage. Cet ouvrage, dans lequel prédomine linitiation à lécriture
hiéroglyphique vécue par lapprenti que je suis, est destiné à un public passionné et désireux de
trouver sur un support unique tout ce qui touche de près ou de loin lÉgypte antique. Alors, les genres
ont été mélangés et cétait bien là ma volonté afin que cet ouvrage soit le plus complet possible et sa
lecture toujours plus attractive.
Remarque 3 : « Je trouve quil est incongru de vouloir attribuer une origine égyptienne au
monothéisme biblique. »
Réponse : beaucoup trop dencre a été utilisée pour rapprocher le culte dAton et le monothéisme
biblique. Pour aborder tout ce qui a trait à lÉgypte antique, lévocation de cet aspect devient
incontournable et le meilleur moyen de combattre les préjugés nest pas de les taire mais de les faire
taire. Ainsi, le lecteur aura à sa disposition des arguments lui permettant de rejeter les fausses
affirmations selon lesquelles Akhénaton fut linitiateur du monothéisme biblique. Le dogme amarnien
na rien de commun avec le culte monothéiste abrahamique. Dans son livre Le fabuleux héritage de
lÉgypte, la célèbre égyptologue Christiane Desroches Noblecourt fait état des legs de lÉgypte
ancienne au peuple sémite : pratique de la circoncision, coutumes durant la période de deuil, pratique
de lonction, etc. Elle consacre tout un chapitre, « le legs de lÉgypte à Israël ou Joseph et lÉgypte »,
dans lequel le décryptage de certains passages de la Genèse vèle leur nature égyptienne et fait du
séjour de Joseph en terre dÉgypte, une volonté divine. LÉgypte nest-elle pas la terre des dieux ?
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Un peu dhistoire
Petite histoire de lÉgypte
Naissance de lÉgypte
Les Égyptiens lappelaient Kémet, terme qui signifie « La [terre] noire » en référence à la couleur
du limon fertile déposé par la crue du Nil. Elle portait également le nom de Taouy, « Les Deux
Terres » : la Basse-Égypte au nord et la Haute-Égypte au sud. Les Hébreux la nommaient Misraïm,
« Les deux [pays] étroits », et les Arabes Misr « Le [pays] étiré, ficelé ». Le nom latin « Égypte » est
issu du grec Aigyptos, lui-même dérivé du nom égyptien de la ville de Memphis, Hout-Ka-Ptah,
à savoir « Le Temple du Ka de Ptah ». Ptah, dieu tutélaire de la ville de Memphis et protecteur de
tous les artisans dont les gestes reproduisent la création divine de lunivers.
La légende, rapportée par Manéthon de Sebennytos, prêtre égyptien du IIIe siècle av. J.-C.,
raconte que la ville de Memphis fut fondée vers 3100 av. J.-C. par le roi Nârmer qui confirma
lunification des deux pays en établissant linstitution pharaonique. Daprès légyptologue Bernadette
Menu, rmer est aussi connu sous le nom de Ménes, titre signifiant « Celui qui fonde et établit de
manière durable ». Située dans le delta du Nil, place stratégique sur les plans militaire et
économique, Memphis fut durant plus de trois millénaires la capitale politique et religieuse de
lÉgypte pharaonique.
Au Néolithique ancien, soit aux environs de 7000 av. J.-C., probablement pour échapper
à laridité naissante du désert, des tribus se regroupèrent dans la vallée fertile du Nil elles purent
rapidement tirer profit des crues du fleuve. au sud dans les montagnes dÉthiopie, le Nil coule
vers la Méditerranée sur plus de six mille kilomètres en traversant les déserts de Libye et de Nubie
(région longeant le Nil située à lextrémité sud de lÉgypte et au nord du Soudan). Tous les ans, aux
alentours de la mi-juillet, gonflé par les pluies tropicales et la fonte des neiges des montagnes
éthiopiennes, il inonde toute la vallée. Lorsquil reprend son cours normal, à partir de novembre, il
laisse un limon très fertile de couleur noire qui permettra dobtenir dabondantes récoltes. Ce
phénomène nest plus visible aujourdhui car la crue est contenue par plusieurs barrages et
notamment celui dAssouan qui forme le lac Nasser. La redéfinition des surfaces cultivables après
chaque crue fut loccasion pour les Égyptiens de développer les techniques darpentage ainsi que la
géométrie, terme grec signifiant « mesure de la terre ».
Progressivement se constituèrent deux royaumes politiquement distincts et dont les appellations
sont dues au sens de lécoulement du Nil. Au sud, la Haute-Égypte représentée par la couronne
blanche et symbolisée par le jonc, et au nord, la Basse-Égypte représentée par la couronne rouge et
symbolisée par labeille. Le roi des Deux Terres, celui qui appartient au jonc et à labeille, porte le
titre de pharaon, « Celui de la grande maison », devient le garant de lordre établi et de la prospérité,
assisté de son premier ministre le vizir et de nombreux fonctionnaires, scribes et ritualistes tous
organisés en une hiérarchie dune étonnante modernité pour lépoque.
Périodes dynastiques
La période prédynastique (5500 av. J.-C.)
Dernière période de la préhistoire égyptienne appelée dynastie zéro. Dernier roi de cette
période, Nârmer, « L’aimé du poisson-chat », connu aussi sous le nom de nes « Le fondateur »,
confirma lunification des deux royaumes en établissant linstitution pharaonique à Thinis, ville située
au centre de lÉgypte.
LES HIÉROGLYPHES POUR TOUS 12
La période thinite (époque archaïque de 2950 av. J.-C. à 2650 av. J.-C.)
Période dorganisation du pays nouvellement unifié.
Ire dynastie (de -2950 à -2770)
IIe dynastie (de -2770 à -2650)
Pharaons : Aha, Ouadjy (lancien roi-serpent), Den, Adjib, Raneb, Khasekhémoui.
Ancien Empire (2650 av. J.-C. à 2155 av. J.-C.)
Âge dor où furent établies les fondations de la civilisation égyptienne. Début des grands travaux
architecturaux (pyramide à degrés de Saqqarah) dirigés par Imhotep, le chancelier du roi Djéser. Le
règne de Snéfrou marqua un changement décisif tant sur le plan de larchitecture funéraire avec les
trois pyramides (pyramide Meïdoum, pyramide à double pente de Dahchour-Sud et la pyramide
rouge de Dahchour-Nord) que sur le plan philosophique avec la consécration du concept de la Maât,
la lutte contre le chaos, la loi qui maintient léquilibre du monde en harmonie avec les intentions
divines. La Ve dynastie, avec lapparition des temples à ciel ouvert, marqua larrivée du culte osirien.
IIIe dynastie (de -2650 à -2575)
IVe dynastie (de -2575 à -2465)
Ve dynastie (de -2465 à -2325)
VIe dynastie (de -2325 à -2155)
Pharaons : Djéser, Snéfrou, Khéops (Khoufou), Djédefrê (Rêdjédef), Khéphren (Rêkhâef),
Mykérinos, Shepseskaf, Sahourê, Nyouserrê-Ini, Ounas, Téti, Pépy Ier, Nétjerkarê (Nitocris).
Première période intermédiaire (2155 av. J.-C. à 2055 av. J.-C.)
Période troublée qui dura un siècle, jusquà larrivée de Montouhotep à la seconde partie de la
XIe dynastie, vers -2055.
VIIe dynastie : fictive car il nexiste aucune référence historique sur cette période.
VIIIe dynastie (de -2155 à -2134)
IXe et Xe dynasties (de -2134 à -2040)
Moyen Empire (2134 av. J.-C. à 1785 av. J.-C.)
Retour au calme et à la prospérité après une première période intermédiaire très agitée.
LÉgypte accentua son ouverture au Proche-Orient et Thèbes devint la capitale principale.
XIe dynastie (de -2134 à -1991)
XIIe dynastie (de -1991 à -1785)
Pharaons : Montouhotep II, Amenemhat Ier, Sésostris Ier, Sésostris III et Amenemhat III.
Deuxième période intermédiaire (1785 av. J.-C. à 1552 av. J.-C.)
Un peuple étranger venu de lest, sadapta à la culture égyptienne et fonda sa propre dynastie
avec pour capitale Avaris située dans le delta oriental (actuelle Tell El-Daba). Les provinces du sud ne
furent pas occupées mais restèrent sous le joug de ces nouveaux dictateurs. Les Hyksôs, traduction
grecque du terme égyptien héqaou khasout et signifiant « souverains étrangers, princes du désert »,
très avancés technologiquement, introduisirent les chevaux et le char de guerre.
XIIIe et XIVe dynasties (de -1785 à -1650)
XVe et XVIe dynasties hyksôs (de -1650 à -1540)
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XVIIe dynastie (de -1650 à -1552)
Pharaons : Séqénenrê a, Kames.
Nouvel Empire (1552 av. J.-C. à 1070 av. J.-C.)
À Thèbes, la persévérance de Séqénenrê Tâa II, Kames (Kamosis) et Iâhmes Ier permit de chasser
du pouvoir les Hyksôs. Le renouveau qui sensuivit permit à la puissance égyptienne datteindre son
apogée et de rayonner sur le monde extérieur. Période qui a vu la naissance de nombreux
chefs-dœuvre architecturaux et l’arrivée du culte monothéiste dAton imposé par Akhénaton.
XVIIIe dynastie (de -1552 à -1306)
XIXe dynastie (de -1306 à -1186)
XXe dynastie (de -1186 à -1070)
Pharaons : Amenhotep Ier, Hatshepsout, Thoutmosis III, Amenhotep III, Amenhotep IV,
Akhénaton, Toutânkhamon, Horemheb, et pour lépoque ramesside : Séthy Ier, Ramsès II, Ramsès III.
Troisième période intermédiaire (1070 av. J.-C. à 664 av. J.-C.)
LÉgypte des pharaons perd son unité et amorce son déclin.
XXIe dynastie (de -1070 à -945)
XXIIe (bubastide), XXIIIe et XXIVe dynasties (de -945 à -712)
XXVe dynastie koushite, éthiopienne (de -712 à -664).
Basse époque (664 av. J.-C. à 332 av. J.-C.)
Guerres intestines, anarchie, pillages, les Assyriens et les Perses occupent le pays.
XXVIe dynastie saïte, période de renaissance avec Psammétique Ier (de -664 à -525)
XXVIIe dynastie, première domination perse (de -525 à -404)
XXVIIIe dynastie (de -404 à -399)
XXIXe dynastie (de -399 à -380)
XXXe dynastie, Nectanébo II, dernier pharaon (de -380 à -343)
Seconde période dominée par les Perses (XXXIe dynastie de -343 à -332)
Période macédonienne (de -332 à -305)
Période ptolémaïque (de -305 à -30)
Période romaine (de -30 à 395) puis période copte jusquà la conquête arabe en 639.
En 332 av. J.-C., Alexandre III de Macédoine, plus connu sous le nom dAlexandre le Grand,
chassa les Perses et sautoproclama pharaon dans la ville de Memphis. Il choisit lemplacement dune
nouvelle capitale ouverte sur la Méditerranée, la future Alexandrie. Il confia cet important chantier
à Cléomène de Naucratis et Dinocrate de Rhodes. Les Macédoniens conservèrent les traditions
égyptiennes et favorisèrent le culte dIsis et de Sérapis (Ouser-Apis).
En -47, César devint lamant de Cléopâtre VII qui se vit restituer le trône dÉgypte. Elle nhésita
pas à évincer ses frères et sœur pour atteindre son but. À la mort du dictateur, la reine se lia avec
Marc Antoine contre Octave le neveu et fils adoptif de César. Elle fut vaincue en lan -31 lors de la
bataille navale dActium. La croyant morte, Marc Antoine mit fin à ses jours. À Alexandrie, Cléopâtre
se donna la mort le 12 août de lannée -30, empoisonnée par le venin dun cobra. Dans la mythologie
égyptienne, le cobra femelle nommé « jar.t : iâret » représente la fille et l’œil de Rê dont la fonction
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