NICOLAS ORNETO « jw tj.wt m-a rmT nb » LES HIÉROGLYPHES POUR TOUS Pourquoi ce livre ? Un éminent égyptologue pour lequel j’éprouve une sincère admiration, m’a fait l’immense honneur de prendre connaissance de cet ouvrage pour y apporter des précisions et quelques remarques très éclairées. Il m’a paru indispensable de publier ces remarques et d’y apporter des réponses. Tout d’abord, par souci de clarté afin d’éviter que ne soit déformé ce qui a motivé ma démarche dans la conception de cet ouvrage, et ensuite pour répondre au lecteur qui pourrait avoir les mêmes interrogations. Remarque 1 : « Aucun égyptologue ne vous suivra sur le chemin de l’alphabet symbolique. Outre que l’abandon de l’approche symbolique des signes est précisément ce qui a permis à Champollion de déchiffrer l’écriture hiéroglyphique, la plupart des interprétations que je lis dans cet ouvrage ne sont confirmées par aucun texte égyptien. » Réponse : s’agissant de symbolisme, aucune définition n’est plus juste ou plus fausse qu’une autre. Même si l’interprétation d’un symbole se veut avant tout universelle, chacun d’entre nous, en fonction de sa sensibilité, de son vécu, peut exprimer sa propre perception de l’histoire racontée par le symbole. Ensuite, même si Champollion a pu déchiffrer les hiéroglyphes en abandonnant l’approche symbolique, cela ne signifie pas pour autant qu’ils ne sont porteurs d’aucun message symbolique. Enfin, comment parler d’égyptologie en occultant une partie de son histoire qui a débuté, certes de façon erronée, par une approche seulement symbolique ? Champollion lui-même a qualifié cette écriture de « figurative, symbolique et phonétique ». Remarque 2 : « Je ne crois pas qu’il soit justifié d’insérer dans un ouvrage d’apprentissage des pages sur la franc-maçonnerie. Non qu’il n’y ait pas de lien, bien évidemment, entre la réception de l’Égypte antique en Occident et cette société secrète, mais parce qu’un manuel pédagogique se doit de ne pas mélanger les genres. L’apprentissage d’une langue relève du didactique, avant tout, et doit s’en tenir à une approche descriptive des données linguistiques. » Réponse : c’est vrai qu’un manuel pédagogique se doit de ne pas mélanger les genres. Mais n’étant, moi-même, ni égyptologue, ni linguiste, il n’aurait pas été très sérieux d’envisager l’écriture d’un manuel d’apprentissage purement linguistique. Les hiéroglyphes pour tous représente le trait d’union entre mon métier d’informaticien et l’écriture hiéroglyphique, deux de mes passions qui ont en commun l’étude du langage. Cet ouvrage, dans lequel prédomine l’initiation à l’écriture hiéroglyphique vécue par l’apprenti que je suis, est destiné à un public passionné et désireux de trouver sur un support unique tout ce qui touche de près ou de loin l’Égypte antique. Alors, les genres ont été mélangés et c’était bien là ma volonté afin que cet ouvrage soit le plus complet possible et sa lecture toujours plus attractive. Remarque 3 : « Je trouve qu’il est incongru de vouloir attribuer une origine égyptienne au monothéisme biblique. » Réponse : beaucoup trop d’encre a été utilisée pour rapprocher le culte d’Aton et le monothéisme biblique. Pour aborder tout ce qui a trait à l’Égypte antique, l’évocation de cet aspect devient incontournable et le meilleur moyen de combattre les préjugés n’est pas de les taire mais de les faire taire. Ainsi, le lecteur aura à sa disposition des arguments lui permettant de rejeter les fausses affirmations selon lesquelles Akhénaton fut l’initiateur du monothéisme biblique. Le dogme amarnien n’a rien de commun avec le culte monothéiste abrahamique. Dans son livre Le fabuleux héritage de l’Égypte, la célèbre égyptologue Christiane Desroches Noblecourt fait état des legs de l’Égypte ancienne au peuple sémite : pratique de la circoncision, coutumes durant la période de deuil, pratique de l’onction, etc. Elle consacre tout un chapitre, « le legs de l’Égypte à Israël ou Joseph et l’Égypte », dans lequel le décryptage de certains passages de la Genèse révèle leur nature égyptienne et fait du séjour de Joseph en terre d’Égypte, une volonté divine. L’Égypte n’est-elle pas la terre des dieux ? 9 Un peu d’histoire Petite histoire de l’Égypte Naissance de l’Égypte Les Égyptiens l’appelaient Kémet, terme qui signifie « La [terre] noire » en référence à la couleur du limon fertile déposé par la crue du Nil. Elle portait également le nom de Taouy, « Les Deux Terres » : la Basse-Égypte au nord et la Haute-Égypte au sud. Les Hébreux la nommaient Misraïm, « Les deux [pays] étroits », et les Arabes Misr « Le [pays] étiré, ficelé ». Le nom latin « Égypte » est issu du grec Aigyptos, lui-même dérivé du nom égyptien de la ville de Memphis, Hout-Ka-Ptah, à savoir « Le Temple du Ka de Ptah ». Ptah, dieu tutélaire de la ville de Memphis et protecteur de tous les artisans dont les gestes reproduisent la création divine de l’univers. La légende, rapportée par Manéthon de Sebennytos, prêtre égyptien du III e siècle av. J.-C., raconte que la ville de Memphis fut fondée vers 3100 av. J.-C. par le roi Nârmer qui confirma l’unification des deux pays en établissant l’institution pharaonique. D’après l’égyptologue Bernadette Menu, Nârmer est aussi connu sous le nom de Ménes, titre signifiant « Celui qui fonde et établit de manière durable ». Située dans le delta du Nil, place stratégique sur les plans militaire et économique, Memphis fut durant plus de trois millénaires la capitale politique et religieuse de l’Égypte pharaonique. Au Néolithique ancien, soit aux environs de 7000 av. J.-C., probablement pour échapper à l’aridité naissante du désert, des tribus se regroupèrent dans la vallée fertile du Nil où elles purent rapidement tirer profit des crues du fleuve. Né au sud dans les montagnes d’Éthiopie, le Nil coule vers la Méditerranée sur plus de six mille kilomètres en traversant les déserts de Libye et de Nubie (région longeant le Nil située à l’extrémité sud de l’Égypte et au nord du Soudan). Tous les ans, aux alentours de la mi-juillet, gonflé par les pluies tropicales et la fonte des neiges des montagnes éthiopiennes, il inonde toute la vallée. Lorsqu’il reprend son cours normal, à partir de novembre, il laisse un limon très fertile de couleur noire qui permettra d’obtenir d’abondantes récoltes. Ce phénomène n’est plus visible aujourd’hui car la crue est contenue par plusieurs barrages et notamment celui d’Assouan qui forme le lac Nasser. La redéfinition des surfaces cultivables après chaque crue fut l’occasion pour les Égyptiens de développer les techniques d’arpentage ainsi que la géométrie, terme grec signifiant « mesure de la terre ». Progressivement se constituèrent deux royaumes politiquement distincts et dont les appellations sont dues au sens de l’écoulement du Nil. Au sud, la Haute-Égypte représentée par la couronne blanche et symbolisée par le jonc, et au nord, la Basse-Égypte représentée par la couronne rouge et symbolisée par l’abeille. Le roi des Deux Terres, celui qui appartient au jonc et à l’abeille, porte le titre de pharaon, « Celui de la grande maison », devient le garant de l’ordre établi et de la prospérité, assisté de son premier ministre le vizir et de nombreux fonctionnaires, scribes et ritualistes tous organisés en une hiérarchie d’une étonnante modernité pour l’époque. Périodes dynastiques La période prédynastique (5500 av. J.-C.) Dernière période de la préhistoire égyptienne appelée dynastie zéro. Dernier roi de cette période, Nârmer, « L’aimé du poisson-chat », connu aussi sous le nom de Ménes « Le fondateur », confirma l’unification des deux royaumes en établissant l’institution pharaonique à Thinis, ville située au centre de l’Égypte. 11 La période thinite (époque archaïque de 2950 av. J.-C. à 2650 av. J.-C.) Période d’organisation du pays nouvellement unifié. Ire dynastie (de -2950 à -2770) IIe dynastie (de -2770 à -2650) Pharaons : Aha, Ouadjy (l’ancien roi-serpent), Den, Adjib, Raneb, Khasekhémoui. Ancien Empire (2650 av. J.-C. à 2155 av. J.-C.) Âge d’or où furent établies les fondations de la civilisation égyptienne. Début des grands travaux architecturaux (pyramide à degrés de Saqqarah) dirigés par Imhotep, le chancelier du roi Djéser. Le règne de Snéfrou marqua un changement décisif tant sur le plan de l’architecture funéraire avec les trois pyramides (pyramide Meïdoum, pyramide à double pente de Dahchour-Sud et la pyramide rouge de Dahchour-Nord) que sur le plan philosophique avec la consécration du concept de la Maât, la lutte contre le chaos, la loi qui maintient l’équilibre du monde en harmonie avec les intentions divines. La Ve dynastie, avec l’apparition des temples à ciel ouvert, marqua l’arrivée du culte osirien. IIIe dynastie (de -2650 à -2575) IVe dynastie (de -2575 à -2465) Ve dynastie (de -2465 à -2325) VIe dynastie (de -2325 à -2155) Pharaons : Djéser, Snéfrou, Khéops (Khoufou), Djédefrê (Rêdjédef), Khéphren (Rêkhâef), Mykérinos, Shepseskaf, Sahourê, Nyouserrê-Ini, Ounas, Téti, Pépy Ier, Nétjerkarê (Nitocris). Première période intermédiaire (2155 av. J.-C. à 2055 av. J.-C.) Période troublée qui dura un siècle, jusqu’à l’arrivée de Montouhotep à la seconde partie de la XI dynastie, vers -2055. e VIIe dynastie : fictive car il n’existe aucune référence historique sur cette période. VIIIe dynastie (de -2155 à -2134) IXe et Xe dynasties (de -2134 à -2040) Moyen Empire (2134 av. J.-C. à 1785 av. J.-C.) Retour au calme et à la prospérité après une première période intermédiaire très agitée. L’Égypte accentua son ouverture au Proche-Orient et Thèbes devint la capitale principale. XIe dynastie (de -2134 à -1991) XIIe dynastie (de -1991 à -1785) Pharaons : Montouhotep II, Amenemhat Ier, Sésostris Ier, Sésostris III et Amenemhat III. Deuxième période intermédiaire (1785 av. J.-C. à 1552 av. J.-C.) Un peuple étranger venu de l’est, s’adapta à la culture égyptienne et fonda sa propre dynastie avec pour capitale Avaris située dans le delta oriental (actuelle Tell El-Dab’a). Les provinces du sud ne furent pas occupées mais restèrent sous le joug de ces nouveaux dictateurs. Les Hyksôs, traduction grecque du terme égyptien héqaou khasout et signifiant « souverains étrangers, princes du désert », très avancés technologiquement, introduisirent les chevaux et le char de guerre. XIIIe et XIVe dynasties (de -1785 à -1650) XVe et XVIe dynasties hyksôs (de -1650 à -1540) LES HIÉROGLYPHES POUR TOUS 12 XVIIe dynastie (de -1650 à -1552) Pharaons : Séqénenrê Tâa, Kames. Nouvel Empire (1552 av. J.-C. à 1070 av. J.-C.) À Thèbes, la persévérance de Séqénenrê Tâa II, Kames (Kamosis) et Iâhmes Ier permit de chasser du pouvoir les Hyksôs. Le renouveau qui s’ensuivit permit à la puissance égyptienne d’atteindre son apogée et de rayonner sur le monde extérieur. Période qui a vu la naissance de nombreux chefs-d’œuvre architecturaux et l’arrivée du culte monothéiste d’Aton imposé par Akhénaton. XVIIIe dynastie (de -1552 à -1306) XIXe dynastie (de -1306 à -1186) XXe dynastie (de -1186 à -1070) Pharaons : Amenhotep Ier, Hatshepsout, Thoutmosis III, Amenhotep III, Amenhotep IV, Akhénaton, Toutânkhamon, Horemheb, et pour l’époque ramesside : Séthy Ier, Ramsès II, Ramsès III. Troisième période intermédiaire (1070 av. J.-C. à 664 av. J.-C.) L’Égypte des pharaons perd son unité et amorce son déclin. XXIe dynastie (de -1070 à -945) XXIIe (bubastide), XXIIIe et XXIVe dynasties (de -945 à -712) XXVe dynastie koushite, éthiopienne (de -712 à -664). Basse époque (664 av. J.-C. à 332 av. J.-C.) Guerres intestines, anarchie, pillages, les Assyriens et les Perses occupent le pays. XXVIe dynastie saïte, période de renaissance avec Psammétique Ier (de -664 à -525) XXVIIe dynastie, première domination perse (de -525 à -404) XXVIIIe dynastie (de -404 à -399) XXIXe dynastie (de -399 à -380) XXXe dynastie, Nectanébo II, dernier pharaon (de -380 à -343) Seconde période dominée par les Perses (XXXIe dynastie de -343 à -332) Période macédonienne (de -332 à -305) Période ptolémaïque (de -305 à -30) Période romaine (de -30 à 395) puis période copte jusqu’à la conquête arabe en 639. En 332 av. J.-C., Alexandre III de Macédoine, plus connu sous le nom d’Alexandre le Grand, chassa les Perses et s’autoproclama pharaon dans la ville de Memphis. Il choisit l’emplacement d’une nouvelle capitale ouverte sur la Méditerranée, la future Alexandrie. Il confia cet important chantier à Cléomène de Naucratis et Dinocrate de Rhodes. Les Macédoniens conservèrent les traditions égyptiennes et favorisèrent le culte d’Isis et de Sérapis (Ouser-Apis). En -47, César devint l’amant de Cléopâtre VII qui se vit restituer le trône d’Égypte. Elle n’hésita pas à évincer ses frères et sœur pour atteindre son but. À la mort du dictateur, la reine se lia avec Marc Antoine contre Octave le neveu et fils adoptif de César. Elle fut vaincue en l’an -31 lors de la bataille navale d’Actium. La croyant morte, Marc Antoine mit fin à ses jours. À Alexandrie, Cléopâtre se donna la mort le 12 août de l’année -30, empoisonnée par le venin d’un cobra. Dans la mythologie égyptienne, le cobra femelle nommé « jar.t : iâret » représente la fille et l’œil de Rê dont la fonction 13 est de protéger pharaon contre ses ennemis. On le retrouve dressé sur la partie frontale de la coiffe des pharaons. En -27, Octave fut proclamé empereur à Rome sous le nom d’Auguste et l’Égypte devint une simple province du Grand Empire romain. Reines et rois En égyptien ancien, le mot « nom » se prononce « rèn » et s’écrit avec deux hiéroglyphes unilitères (un seul son), la bouche et le filet d’eau « rn ». Pour les Égyptiens de cette époque, lorsqu’un être partait rejoindre l’au-delà, le monde des « justes de voix » et des « esprits lumineux », il laissait sur Terre son nom qui était révélateur de sa nature intérieure. C’est pour cette raison que l’attribution d’un nom était une affaire très importante, et que le châtiment suprême était le remplacement du nom initialement reçu, et pour un personnage notable, l’effacement de son nom gravé dans la pierre. Les titulatures des reines et des rois étaient composées de plusieurs catégories comportant chacune plusieurs noms. Parmi ces catégories on trouve : - le nom d’Horus, dans un sérekh « srx » qui est la façade du palais ; - le nom des deux maîtresses « nb.ty : nebty », la déesse vautour Nékhébet « Nxb.T » en Haute-Égypte et la déesse cobra Ouadjet « WAD.t » en Basse-Égypte ; - le nom d’Horus d’or « Hr (ny) nbw : her nébou » dont la signification exacte est inconnue ; - le nom du roi de Haute et Basse-Égypte « n(y)-sw.t-bjty : ny-sout-bity », celui du jonc et de l’abeille ; - et enfin, le nom du fils de Râ « sA Ra : sa Râ » qui est le nom personnel du roi. Ces deux derniers noms sont les seuls à se trouver dans un cartouche « Sn : shen ». Âha – Ire dyn. de -3125 à -3100 Premier pharaon, fils de Nârmer. Sépulture à Abydos. Le combattant. Djéser (Djoser) – IIIe dyn. de -2650 à -2630 Fils de Khâsekhémouy. Sépulture à Saqqarah. Sacré, splendide, magnifique, celui dont le corps est divin. Snéfrou – IVe dyn. de -2605 à -2570 Fils de Mérésânkh (sa mère). Sépulture à Dahchour-Nord. Seigneur de la règle Maât, celui qui rend parfait. Khéops (Khnoum Khouefoui) – IVe dyn. de -2570 à -2545 Fils de Snéfrou. Sépulture à Gizèh. Khnoum me protège. Khéphren (Rêkhâef) – IVe dyn. de -2545 à -2520 Fils de Khéops. Sépulture à Gizèh. Rê apparaît. Mykérinos (Menkaourê) – IVe dyn. de -2520 à -2490 Fils de Khéphren. Sépulture à Gizèh. La puissance de Rê est durable. LES HIÉROGLYPHES POUR TOUS 14 Montouhotep II – XIe dyn. de -2055 à -2005 Fils d’Antef III. Sépulture à Deir El-Bahari. Montou, celui qui unit les Deux Terres, est satisfait. Sésostris Ier (Sénousret) – XIIe dyn. de -1965 à -1920 Fils d’Amenemhat Ier. Sépulture à El-Lisht. L’homme de la puissante. Séqénenrâ Tâa II – XVIIe dyn. de -1558 à -1554 Fils de Séqénenrâ Tâa Ier. Sépulture à Thèbes. Celui que Rê a rendu brave, victorieux. Ahmose Ier (Iâhmésy) – XVIIIe dyn. de -1550 à -1525 Fils de Séqénenrâ Tâa II. Sépulture à Thèbes. La Lune a été mise au monde. Thoutmosis Ier (Djéhoutymes) – XVIIIe dyn. de -1504 à -1492 Fils d’Iâhmes. Sépulture à Thèbes, vallée des rois. Thot a été mis au monde. Hatshepsout – XVIIIe dyn. de -1479 à -1457 Fille de Thoutmosis Ier. Sépulture à Thèbes, vallée des rois. La première des dames nobles. Amenhotep II (Aménophis) – XVIIIe dyn. de -1427 à -1400 Fils de Thoutmosis III. Sépulture à Thèbes, vallée des rois. Amon est satisfait. Akhénaton (Aménophis IV) – XVIIIe dyn. de -1355 à -1335 Fils d’Aménophis III. Sépulture à Tell El-Amarna. Celui qui est utile à Aton. Toutânkhamon – XVIIIe dyn. de -1335 à -1325 Fils d’Akhénaton. Sépulture à Thèbes, vallée des rois. Symbole vivant d’Amon. Horemheb – XVIIIe dyn. de -1325 à -1295 Sépulture à Thèbes, vallée des rois. Horus est en fête. Séthy Ier – XVIIIe dyn. de -1295 à -1279 Fils de Ramsès Ier. Sépulture à Thèbes, vallée des rois. Celui de Seth. Ramsès II – XVIIIe dyn. de -1279 à -1213 Fils de Séthy Ier. Sépulture à Thèbes, vallée des rois. C’est Rê, l’aimé d’Amon qui l’a mis au monde. Psammétique Ier (Psémétjek) – XXVIe dyn. de -664 à -610 Fils de Nékao Ier. 15 Amasis / Ahmose (Iâhmès) – XXVIe dyn. de -570 à -525 Fils de Tapérou. La lune a été mise au monde. Cambyse II (Kembitjet) – XXVIIe dyn. -525 à -522 Fils de Cyrius. Darius Ier (Darouash) – XXVIIe dyn. de -521 à -486 Fils d’Hystaspès. Nectanébo II (Nakhtnébef) – XXXe dyn. de -360 à -343 Fils de Tjahâpimou. Dernier pharaon. Horus de Hébyt (Behbeit el-Hagar) est puissant. Alexandre – Période macédonienne de -332 à -305 Fils de Philippe II de Macédoine. Cléopâtre VII – Période romaine de -51 à -30 Fille de Ptolémée XII. LES HIÉROGLYPHES POUR TOUS 16 Mythologie Que savons-nous ? Il a été tenu pour certain que les anciens Égyptiens étaient polythéistes. Si cette affirmation perdure, un autre courant (Erik Hornung, Les dieux de l’Égypte. L’un et le multiple) tend maintenant à faire émerger l’idée que le divin se présente comme un tout absolu et en même temps sous les traits d’une étonnante multiplicité. Cette alliance des contraires, omniprésente dans la pensée égyptienne, ne permet pas de qualifier ses cultes religieux de monothéistes ou polythéistes, ces deux adjectifs étant trop restrictifs. À cette complexité vient s’ajouter le nombre important de lieux de culte, la multitude de divinités locales cohabitant avec des divinités majeures et universelles comme Amon, Rê, Ptah et Osiris. Les temples, jamais achevés, sont à l’image du ciel et représentent la résidence terrestre des dieux. Avec des pratiques cultuelles très présentes, très variées et jamais contradictoires, la pensée religieuse égyptienne a survécu sans interruption durant trente-cinq siècles, jusqu’au IVe siècle ap. J.-C. où les temples de la vallée du Nil furent fermés par l’édit de Thessalonique décrété par l’empereur romain Théodose Ier qui proclama, le 28 février 380, le christianisme religion officielle du Grand Empire. Cette importante longévité des pratiques religieuses a probablement été propice à leur évolution et à leur transmission. Les Nétjérou égyptiens, que nous appelons « les dieux », sont très éloignés de notre conception du divin car ils représentent les multiples manifestations de l’énergie créatrice et vitale relayée par les monuments solaires que sont les obélisques et les pyramides. Les Égyptiens de l’Antiquité devaient vivre dans le respect de Maât, la règle divine qui associe l’humain dans le maintien de l’état parfait de l’équilibre du monde, honorer la mémoire des défunts par des offrandes d’aliments de base comme le pain, la bière, la viande et le vin. Dans certains textes on peut lire : « J’existe parce que Maât existe, et réciproquement. » Le principe divin existe au-delà de tout sentiment humain comme la satisfaction ou la déception. Vis-à-vis de leurs divinités, les anciens Égyptiens ne cherchaient pas à leur plaire et à ne pas les décevoir ; ils réalisaient des rites. Tous les récits sur le mythe de la création décrivent les origines et l’évolution de l’univers, les premières manifestations de la vie et le rôle de chaque divinité. Malgré cette pluralité de versions sur les débuts de la vie, il ne fait aucun doute que pour les Égyptiens de l’Antiquité la notion de cycle était primordiale, la vie avait pour origine les eaux chaotiques et était appelée à y retourner. Le principe créateur représentait un acte de génération cyclique, fondé sur le mythe osirien et dont pharaon était le garant. Annuellement, lors de l’apparition de l’étoile Sirius, Hâpy le génie du Nil bondissait pour apporter la crue régénératrice. Chaque soir, le Soleil entamait son périple dans le monde souterrain, à travers les ténèbres des contrées nocturnes de la Douat où séjournent les défunts, affrontant les puissances maléfiques qu’il devait vaincre pour pouvoir renaître au petit matin. À la fin de sa vie terrestre, et après avoir été jugé juste de voix, le défunt assimilé à Osiris était guidé par Anubis vers le royaume de l’au-delà. La mort n’est pas une fin pour celui qui a vécu dans le respect de Maât. Rien n’échappe à ce cycle temporel, l’existence des dieux est également limitée par une naissance et une mort qui n’est pas une fin mais un passage vers une vie sans cesse régénérée dans l’au-delà. Ainsi tous les défunts deviennent des dieux comme tous les dieux deviennent des défunts. À Héliopolis, le mythe de la création précise qu’au commencement il y a l’océan primordial, l’élément premier, le principe créateur nommé le Noun. C’est de ce monde informe, désordonné, obscur et silencieux, de cet océan énergétique renfermant toutes les potentialités à l’état latent qu’a émergé le démiurge Atoum, venu à l’existence par sa propre volonté et prenant pied sur une butte primordiale. Il est l’indéfini, celui qui est et celui qui n’est pas, la cause première, la totalité et le principe unique de tout. 17 Première manifestation visible d’Atoum en tant que dieu solaire, l’apparition du Soleil est représentée par un scarabée ailé nommé Khépri, « l’être en devenir » poussant la sphère lumineuse depuis l’horizon oriental pour dissiper les ténèbres. Lorsqu’il atteint le zénith, il prend le nom de Rê avant d’atteindre l’horizon occidental et devenir Atoum, le Soleil couchant. Atoum l’unique, l’Horus des deux horizons, le commencement et la fin, mère et père à la fois, tira de sa propre substance pour donner naissance au dieu de l’air Shou et à la déesse du vide-humide Tefnout, l’un devenant trois, la première triade égyptienne. Une légende raconte que les premiers humains seraient nés des larmes d’Atoum, triste d’être séparé de ses enfants. Dans les textes des sarcophages, il est précisé que le dieu créateur donna naissance à tous les êtres vivants, les dieux étant nés de sa sueur et les hommes de ses larmes. D’ailleurs, en égyptien classique, les mots « rmT : humanité » et « rm.wt : larmes » sont des mots homophones qui se prononcent respectivement « rémetj » et « rémout ». Ce jeu de mots égyptiens entre humanité et larmes, le signe de l’œil qui signifie « agir, faire » et l’origine différenciée des dieux et des hommes, nous révèle que ces derniers issus des yeux embués de dieu restent imparfaits dans leur perception et leur action. Shou et Tefnout, « les jumeaux d’Atoum », représentent la personnification de la vie et constituent le premier couple divin sexué qui engendra le dieu de la Terre Geb, le principe actif du mystère de la vie, et la déesse du ciel Nout, la voûte céleste qui donne la vie. Geb et Nout amoureux furent si proches que rien ne pouvait s’immiscer entre eux. Rê qui était un dieu très sévère, surveillait aussi bien les hommes que tous les autres dieux. Quand il apprit que Nout était enceinte, il entra dans une grande colère, ordonnant à Shou de séparer le couple et interdisant à Nout d’enfanter durant les douze mois de l’année. Thot, le maître des hiéroglyphes et de la connaissance, obtint auprès de la Lune cinq jours supplémentaires durant lesquels Nout donna naissance à Osiris, Horus l’Ancien, Seth, Isis et Nephtys, la dernière génération des dieux composant l’ennéade, l’assemblée des neuf divinités. Attention à ne pas confondre Horus l’Ancien avec Horus l’Enfant posthume d’Isis et d’Osiris, la représentation de la vie issue de la mort. Horus l’Ancien ou encore Horus l’Aîné est représenté sous les traits d’un homme à tête de faucon faisant offrande de ses deux yeux. L’œil droit correspondant au Soleil et représentant les forces masculines actives et régénératrices, l’œil gauche correspondant à la Lune et représentant les forces féminines réceptives et cérébrales. La confusion est due à la relation complexe existant entre Horus l’Ancien et Horus fils d’Isis. Lorsque débutèrent les premiers combats pour l’accession au trône d’Égypte, Seth prit l’apparence d’un porc noir et assena un violent coup au niveau de l’œil gauche de son frère aîné Horus. Grâce à la bienveillance de Rê et à l’intervention magique de Thot, l’œil mutilé d’Horus fut intégralement guéri et devint l’œil Oudjat. Quant au porc, il fut relégué au rang d’animal détesté des dieux. Sur ce dernier point, attention à ne pas tomber trop facilement dans la généralisation car la déesse du ciel Nout est aussi représentée par une truie allaitant ses enfants. Pour les anciens Égyptiens, ignorant la logique binaire du tout ou rien, chaque être se caractérise par des aspects opposés mais complémentaires. Animé par la jalousie et la soif du pouvoir, Seth assassina son frère aîné Osiris et fit disparaître le corps en l’enfermant dans un coffre qu’il jeta dans le Nil. Isis et Nephtys partirent à la recherche d’Osiris et retrouvèrent le coffre échoué sur une plage proche de la ville de Byblos. Isis qui allait réunir ce qui était épars, ranima son époux qui la féconda avant de rejoindre le royaume de l’au-delà, dans les contrées de l’Occident où chaque nuit le Soleil vient se ressourcer. Isis mit au monde un fils, Horus surnommé « le vengeur de son père », qui allait grandir secrètement, caché à l’abri des roseaux et des papyri du Nil. Seth, apprenant cette naissance, reporta la haine qu’il éprouvait à l’égard de ses deux frères aînés sur son neveu Horus et mit tout en œuvre pour le retrouver afin de l’éliminer. Alors qu’Horus était prêt pour accéder au trône, un violent combat éclata avec son oncle Seth qui lui arracha les yeux, les plaça dans deux boîtes qu’il enterra dans un endroit tenu secret. Isis et LES HIÉROGLYPHES POUR TOUS 18 Anubis partirent à la recherche des yeux d’Horus, tandis que ce dernier, ayant perdu la vue, errait dans le désert. C’est la déesse Hathor, dont le nom signifie « la demeure d’Horus », qui le trouva et guérit ses yeux avec le lait d’une gazelle. Horus fut couronné roi du Double-Pays et Seth rejoignit les régions invisibles des contrées nocturnes pour combattre le serpent Apophis auprès de Rê pendant que ce dernier dispensait la lumière aux défunts et se régénérait au contact d’Osiris. Selon Nadine Guilhou, dans son livre La mythologie égyptienne, ces yeux blessés puis guéris représentent une métaphore des cycles solaire et lunaire. Le Soleil et la Lune étant les yeux du démiurge qu’il ouvre et ferme dispensant alternativement lumière et ténèbres. Ce mythe nous renvoie à la lutte perpétuelle des forces bienfaisantes et destructrices, et à la problématique de la transmission du pouvoir : l’héritier le plus légitime est-il le fils aîné ou le frère cadet du roi défunt ? La transmission du pouvoir au fils n’étant possible que si ce dernier a accompli, pour son père, les rites obligatoires. Lorsque Rê, roi des dieux et des hommes, quitta la Terre pour la voûte céleste, il organisa sa succession d’abord composée de dieux, puis de demi-dieux appelés « esprits », et enfin d’êtres humains auxquels il donna un mandat divin matérialisé par le titre de pharaon, la manifestation terrestre d’Horus. Pour les anciens Égyptiens, ce statut pharaonique ne s’est jamais interrompu. Horus, fils du premier pharaon Osiris, est le premier héritier du trône qui, sous les traits du faucon, incarne la fonction suprême qu’il transmet à la personne, homme ou femme, digne de la recevoir. Le roi joue le double rôle de dieu créateur devant l’humanité, garant de l’ordre social établi et de la prospérité du Double-Pays, et représentant de l’humanité devant les dieux. Principales divinités Durant la période prédynastique, les Égyptiens adoraient des divinités représentées sous des formes uniquement animales, comme le montrent les gravures des palettes à fard (la palette aux canidés au musée du Louvre et la palette du champ de bataille au British Museum). À la fin de cette même période, apparurent des perchoirs sacrés, objets de culte constitués d’animaux perchés sur des hampes qui furent probablement à l’origine du hiéroglyphe signifiant « dieu » (voir dans la liste ci-dessous le dernier signe du nom Amon). La période de l’unification de l’Égypte fut marquée par « l’humanisation » de l’iconographie divine qui engendra les premiers dieux à forme purement humaine. Ce n’est qu’à partir de la fin de la IIe dynastie que l’on assista à la fusion des formes animale et humaine pour voir apparaître des dieux avec un corps humain et une tête animale, forme très représentative de la conception égyptienne du divin. L’apparente simplicité de cette représentation masque une réalité beaucoup plus complexe où chaque image est une manière incomplète de rendre un dieu visible, et chaque nom est une manière incomplète de le définir. Une divinité ne peut en aucun cas être réduite à une seule manifestation, une seule forme visible. Dans les textes des sarcophages, il est écrit que « Seul le défunt est capable de connaître la véritable forme d’un dieu. » Cette multiplicité de formes et de noms pour représenter la vraie nature des divinités, nous renvoie à un état fluide, non figé, à un monde mouvant, à une apparence aux contours variables qui n’est pas sans rappeler l’état liquide et sans limite de l’océan primordial, origine de toutes les créations. Chaque divinité est unique par sa fonction comme l’est le dieu créateur. Il n’existe pas de hiérarchie, pas de dieu suprême, pas de dieu « père des dieux ». Il semblerait d’ailleurs que le titre de « roi des dieux » soit apparu assez tardivement et ce n’est qu’au cours du Nouvel Empire que la royauté des dieux sur Terre, précédant le règne des hommes, fut attestée (papyrus de Turin). 19 Atoum (Item) Son nom signifie « tout ce qui existe » et aussi « tout ce qui n’est pas ». Divinité autogène et androgyne qui a créé l’univers en commençant par la lumière et la chaleur, source indispensable à toutes formes de vie, Atoum est la divinité majeure d’Héliopolis (Amon à Thèbes et Ptah à Memphis). Amon (Imen) Représenté avec la chair bleue qui l’identifie à un dieu céleste, son nom signifie « celui qui est caché ». Représenté sous la forme d’un homme portant une couronne à hautes plumes, il est le dieu du vent, allié des bateliers. À partir de la XIIe dynastie, sous Amenemhat Ier (Amon est prééminent), lorsque Thèbes devient la capitale religieuse, il est alors le grand dieu dynastique, la divinité majeure de Thèbes (Atoum à Héliopolis, Ptah à Memphis). Ptah Dieu tutélaire de la ville de Memphis, il est le protecteur des artisans. Dieu démiurge, son nom signifie « la terre qui se soulève (qui émerge du Noun) ». Il est le créateur du cosmos (Atoum à Héliopolis, Amon à Thèbes), et symbolise ânkh « la vie », ouas « le pouvoir » et djed « la stabilité ». Râ La lumière du Soleil représente la première manifestation de la puissance créatrice, le résultat visible de l’action de la parole de l’invisible Atoum. Connu aussi sous le nom de Rê, il incarne l’essence même du divin à tel point que son nom se retrouve associé à celui des plus importantes divinités du panthéon égyptien : Rê-Atoum, Amon-Rê, etc. Cette fusion divine, nommée syncrétisme, permet d’établir des correspondances multiples entre les divinités rendant encore plus ardue la compréhension de leur vraie nature. Sekhmet Fille de Rê, redoutable comme la vigueur du Soleil, elle incarne la puissance. Déesse lionne protectrice des médecins et des magiciens, elle est l’épouse de Ptah. Leur fils Néfertoum est cet enfant radieux dont la manifestation la plus subtile est la rosée. Maât Assimilée à Tefnout, elle est le principe féminin d’Atoum, la personnification de la vérité, de la justice, de la rectitude et de la juste mesure. Elle incarne l’harmonie de la création, l’équilibre du monde organisé et limité dans le temps et dans l’espace. Elle est opposée à l’état désordonné et infini d’avant la création, d’où est issue Iséfet, sa jumelle présente en chacun de nous et tout autour de nous. Maât est la plume d’autruche posée sur un plateau de la balance lors de la pesée du cœur qui permet de savoir si la parole du défunt est juste afin qu’il devienne un vénérable, un juste de voix. Le concept de Maât émané des dieux est l’état premier du monde, cet état parfait vers lequel notre libre arbitre nous permet de tendre. Dans la religion égyptienne, Maât symbolise l’association du divin et de l’humain. LES HIÉROGLYPHES POUR TOUS 20 Mout Déesse vautour, épouse d’Amon et mère de Khonsou le dieu-enfant, cette famille divine forme la triade thébaine, l’une des plus importantes d’Égypte. Mout signifie « mère » et « mort », deux composantes nécessaires à la vie. Geb Dieu de la Terre, fils de Shou et Tefnout, il est souvent représenté allongé sur le dos faisant face à son épouse Nout, la déesse du ciel. Premier roi divin, il est l’initiateur de la monarchie égyptienne désignée comme étant le « trône de Geb ». Il est le prince des dieux qui mit fin aux hostilités entre Horus et Seth pour le partage du royaume d’Égypte. Nout Déesse du ciel, fille de Shou et Tefnout, elle est l’épouse de Geb avec lequel elle a eu cinq enfants : Osiris, Horus l’Ancien, Seth, Isis et Nephtys. Nout met au monde les étoiles à l’orient qu’elle avale à l’occident pour les protéger afin qu’elles puissent renaître. Identifiée au sarcophage, en égyptien neb-ankh signifiant littéralement « maître de la vie », elle participe à la renaissance du défunt. Thot (Djéhouty) Dieu lunaire maître de la connaissance, il est l’inventeur de l’écriture sacrée, des nombres, de la géométrie et du calendrier. Identifié à la Lune, il est le guide des étoiles chargé de remplacer Rê pour assurer le bon fonctionnement du ciel nocturne. Associé à Maât, il est le scribe du tribunal divin et à ce titre il évalue les actions des défunts. Isis (Aset) Épouse d’Osiris et mère d’Horus, elle est l’image de la déesse-mère. « Grande de magie », elle est la protectrice des naissances, des navigateurs et de l’État. Son nom, comme celui d’Osiris, s’écrit avec le hiéroglyphe représentant un trône sur lequel prend place le souverain. Osiris (Ousir) Époux d’Isis et père d’Horus, il est le dieu de la végétation qui enseigna aux hommes l’agriculture, l’élevage et la civilisation. Dieu solaire du monde souterrain, protecteur et juge des défunts, il représente le renouveau de la vie, la dépouille mortelle promue à la renaissance. Horus (Her) Fils posthume d’Isis et Osiris, il est le dieu-faucon de l’azur qui voit au travers du Soleil et de la Lune. À la mort de son père Osiris, il devient le roi d’Égypte et à ce titre représente le prototype du souverain bienfaisant. Chaque pharaon est un Horus comme chaque défunt devient un Osiris. Héritier de son père et soutien de sa mère, il joue un rôle très important dans le rituel funéraire. 21 Seth (Sétekh) Frère assassin d’Osiris, il est souvent représenté par un animal reconnaissable mais non identifiable appelé l’animal fabuleux de Seth. Il est le dieu de la tempête, de l’orage dévastateur et du désert avec lequel il partage la nature stérile. Personnalité des plus complexes du panthéon égyptien, tantôt malfaisante et destructrice, tantôt bienfaisante et protectrice. Lorsque le Soleil noir Af traverse les douze heures de la nuit, Seth est représenté à la proue de la barque solaire pour tuer le serpent Âapep (Apophis) qui tente d’arrêter sa progression au milieu de la nuit afin d’empêcher le Soleil de renaître. Seth n’incarne pas le mal, lorsque sa force destructrice est canalisée, elle devient positive et il représente alors le complémentaire indispensable. Nephtys (Nébet-Hout) Épouse de Seth et mère d’Anubis (selon Plutarque, car les textes des pyramides précisent qu’elle était stérile), elle est la maîtresse du temple. Déesse funéraire, elle participa aux rites menés par sa sœur Isis pour ramener Osiris à la vie. Dans son rôle protecteur, elle veille sur les sarcophages et les vases canopes contenant les viscères embaumés (poumons, estomac, foie, intestins) prélevés du corps du défunt. Anubis (Inépou) Représenté sous la forme d’un canidé ou d’un homme à tête de chacal, comme Oupouaout « l’ouvreur des chemins », il guide les défunts vers le royaume de l’Occident où règne Osiris. Comme le chacal, animal nocturne vivant à la frange désertique, Anubis est le passeur entre le monde des vivants et celui des morts. Dieu lunaire, il est l’inventeur de la momification et protège le coffre à canopes, les nécropoles ainsi que les chemins. Selon Plutarque, il est le fils, d’une union adultère par mégarde, d’Osiris et de Nephtys. Ayant été élevé par Isis, il est désigné comme étant « le fils de la veuve ». Hathor (Hout-Her) Déesse de la joie et de l’amour, son nom signifie « la demeure d’Horus ». Elle incarne la violence lorsqu’elle est la redoutable lionne Sekhmet, et la douceur lorsqu’elle est la gracieuse chatte Bastet. Envoyée par Rê pour punir les hommes qui ne croyaient plus en lui, la puissante Sekhmet avide de sang massacra tous les humains qu’elle trouvait sur son passage. Rê fabriqua une boisson de couleur rouge à base de bière qu’il offrit à Sekhmet. Cette dernière, croyant boire du sang, s’enivra et s’endormit. Par ce subterfuge, Rê venait de sauver l’humanité. Apis (Hépou) Apis est un taureau sacré entièrement noir avec une tâche blanche située sur le front. Il est considéré comme étant la manifestation vivante de Ptah, mais également celle d’Osiris renaissant durant la crue du Nil. Adoré depuis le début de la période dynastique, Apis dispensait des oracles révélateurs de la volonté divine. Après sa mort, il était momifié avant d’être enseveli. Ce « culte animalier » est très particulier chez les anciens Égyptiens puisqu’il ne concerne qu’un membre bien distinct de l’espèce. LES HIÉROGLYPHES POUR TOUS 22 Héritages Scientifique Les philosophes de la Grèce antique ont défini la géométrie comme étant la science mathématique des figures dans le plan et des volumes dans l’espace. Elle a été inventée pour répondre à des besoins topographiques, pour la parcellisation des surfaces cultivées. Les outils de base étaient de simples cordes, utilisées comme on emploie aujourd’hui la règle et le compas, pour tirer des droites, des perpendiculaires, tracer des cercles et reporter des mesures. Plus de 2 000 ans avant notre ère, donc bien avant l’invention de la géométrie en Grèce, pour mesurer les limites des champs que les crues du Nil modifiaient, les arpenteurs égyptiens utilisaient une corde composée de treize nœuds et douze intervalles réguliers. Pour tracer des droites perpendiculaires, il suffit de former avec cette corde un triangle dont le plus petit côté mesure trois intervalles, le côté perpendiculaire quatre intervalles, et le dernier côté, l’hypoténuse, cinq intervalles. Voici le triangle sacré, appelé aussi triangle isiaque (Isis) ou encore triangle de Pythagore. Plus proche de nous aux XIe et XIIe siècles, les bâtisseurs romans ont également utilisé la corde à treize nœuds pour la construction de basiliques et cathédrales, chefs-d’œuvre dont nous admirons encore aujourd’hui la précision et la beauté. Il est assez surprenant d’apprendre que 1 700 ans avant notre ère, un scribe du nom d’Ahmès écrivit un papyrus connu aujourd’hui sous le nom de « Papyrus Rhind » et traitant de problèmes algébriques, géométriques ainsi que du rapport entre la surface d’un carré et celle d’un cercle (cf. « Une approche de Pi »). Notez que trois célèbres philosophes-mathématiciens à l’origine de grandes découvertes scientifiques auraient séjourné de nombreuses années en Égypte. Tout d’abord Thalès de Milet (600 av. J.-C.) serait parti à Naucratis pour étudier les mathématiques et notamment la géométrie. Sa philosophie place l’eau comme principe créateur de l’univers, tout comme chez les Égyptiens où le concept créateur se nomme Noun, l’océan primordial. Dans sa ville natale, il fonda l’école Milésienne. Ses découvertes furent très importantes pour la physique, la géométrie et l’astronomie. Pythagore contemporain de Thalès, aurait rejoint l’Égypte alors dirigée par le roi Amasis (environ 550 av. J.-C.). Il y aurait séjourné plus de vingt années durant lesquelles il aurait été initié aux mystères osiriens. Lorsqu’il s’installa à Crotone, en Calabre, il fonda l’école pythagoricienne, un ordre fraternel, philosophique et scientifique qui avait pour symbole une étoile à cinq branches. Cette étoile formée par cinq « A » entrelacés était nommée « pentalpha » par les pythagoriciens. Elle est considérée comme le canon du nombre d’or car on peut la construire avec la règle des maîtres d’œuvre qui est une sorte de mètre pliant composé de cinq mesures proportionnelles au nombre d’or (cf. « Coudée égyptienne et nombre d’or »). Enfin, Euclide (300 av. J.-C.) séjourna dans la ville d’Alexandrie sous le règne de Ptolémée Ier. Il composa Les Éléments, un recueil constitué de treize livres traitant principalement de géométrie. Cette œuvre fondamentale pour la science fut une référence durant plusieurs siècles et influença de nombreux savants comme Copernic, Newton, etc. La méthode euclidienne fut perçue par les scientifiques et philosophes comme l’idéal de perfection du raisonnement. Pour désigner la logique, Blaise Pascal ne disait-il pas « l’esprit de géométrie » ? Au moment où l’on s’interroge sur l’enseignement de l’Histoire au lycée, nous devrions essayer d’adapter les programmes scolaires, dès le collège, afin que nos enfants puissent voir au travers des grands noms comme Euclide, Pythagore ou Thalès, autre chose qu’un axiome ou un théorème. « Connaître notre passé nous permet de mieux comprendre le présent et de préserver l’avenir. » 23 Artistique Dans le domaine artistique, l’impact de l’Égypte sur notre civilisation moderne est moins évident mais tout aussi présent. La première idée que nous évoque l’Égypte, c’est la magie architecturale de ses monuments, notamment les pyramides de Gizèh. L’Égypte, c’est aussi l’élégance vestimentaire avec la création du tissage, c’est l’esthétique et les soins du corps avec l’invention de la cosmétologie, etc. Quelle extraordinaire invention que celle des rouleaux de papyrus, quelle remarquable qualité de l’encre. C’est comme si l’ensemble des artisans égyptiens de l’époque œuvrait pour l’éternité. Les décorations intérieures des monuments, les écritures sur papyrus ont défié et traversé le temps pour nous permettre, encore aujourd’hui, de les admirer. Des mathématiques à la musique… Pour Pythagore, tout est nombre. L’unité, seul nombre parfait, est l’origine de toutes choses. Le grand Tout n’est que le multiple à l’infini de l’unité. La légende raconte que Pythagore fut charmé par le son mélodieux des marteaux sur l’enclume d’un forgeron. Il découvrit alors l’existence d’une relation entre la longueur d’une corde qui vibre et la fréquence du son émis : la proportion harmonique. C’est ainsi que naquit la gamme musicale des sept notes que nous connaissons aujourd’hui. Mais une autre légende, moins connue, raconte que dans l’art du calcul les Égyptiens se servaient d’abaques qui permirent à Pythagore de créer une table de multiplication, la fameuse table de Pythagore. Les cordes de l’abaque utilisées pour le calcul donnèrent à Pythagore l’idée de calculer les sons, comme les Égyptiens calculaient les nombres. À un nombre harmonieux, correspond un son harmonieux. À ses disciples Pythagore disait : « Que celui qui voudra s’appliquer à la musique avec un juste discernement, se propose toujours l’ancienne méthode pour modèle : la gamme de sept notes. Mais qu’il prenne avant tout la philosophie pour guide. Elle seule est capable de décider quelle sorte de poésie peut convenir à la musique. » Comment aborder l’Art sans évoquer la femme, ou plutôt la condition féminine dans l’Égypte antique, très surprenante par sa modernité. En effet, dans la société égyptienne de l’époque, la complémentarité du couple homme-femme offrait à chacun liberté et égalité. Liberté de se marier ou non, d’entreprendre, indépendance financière, égalité sociale, juridique, politico-religieuse, etc. À tel point qu’une femme royale héritait du caractère divin, et qu’une femme divine accédait au poste suprême de pharaon. Dans les papyri d’Oxyrhynque (aujourd’hui Ouab Sep-méri, ville située sur la rive ouest du Nil), on peut lire un grand hymne à Isis datant du IIe siècle av. J.-C. : « Déesse aux jeux multiples, honneur du sexe féminin […]. C’est toi la maîtresse de la Terre. Tu as rendu le pouvoir des femmes égal à celui des hommes. » À propos de l’unité hiéroglyphique de l’art égyptien, l’égyptologue H. G. Fischer précisait que « l’art ne fut qu’un moyen de peindre la pensée. L’écriture, le dessin, la peinture et la sculpture marchèrent constamment de front vers le même but ; et si nous considérons l’état particulier de chacun de ces arts, et surtout la destination de leurs produits, il est vrai de dire qu’ils venaient se confondre dans un seul art, dans l’Art par excellence, celui de l’écriture. » LES HIÉROGLYPHES POUR TOUS 24 Philosophique Le monothéisme est une croyance religieuse fondée sur l’existence d’un dieu unique. Les écrits bibliques font naître le culte du dieu d’Abraham environ 2 000 ans avant notre ère. Bien qu’il n’existe aucune preuve archéologique pour confirmer cette datation issue de la Bible, on considère toutefois que le judaïsme est la plus ancienne tradition religieuse monothéiste. Il ne fait aucun doute que cette religion est la mère spirituelle des autres religions monothéistes abrahamiques : le christianisme et l’islam. En Égypte, durant le Nouvel Empire, Amenhotep IV fut le dixième pharaon de la XVIIIe dynastie. Connu aussi sous le nom d’Akhénaton, il fut l’époux de la splendide Néfertiti et le père de Toutânkhamon. Il a minutieusement élaboré le premier projet d’une religion monothéiste, le culte du globe solaire rayonnant Aton, le souverain de l’horizon dans lequel Rê se révèle. Rejetant le panthéon polythéiste traditionnel, Akhénaton se considérait comme le premier et l’unique prophète de dieu. Pour lui, politique et religion étaient indissociables et rattachées exclusivement à la fonction de pharaon. Il fit construire à mi-chemin entre Memphis et Thèbes, sur un site désertique, pur de toutes références passées, sa nouvelle capitale à la gloire d’Aton, l’actuelle ville de Tell El-Amarna enclavée dans un cirque rocheux et ouverte sur la rive orientale du Nil. Comme cela avait été le cas pour Osiris au cours du Moyen Empire, le nom d’Aton fut inscrit dans un cartouche exclusivement réservé aux rois. Le dieu Aton, maître des cieux, dirige l’univers comme pharaon maître des Deux Terres dirige l’Égypte : « Ce qui est en bas est comme ce qui est en haut, et ce qui est en haut est comme ce qui est en bas. Dieu est roi, le roi est dieu. » La divinité est représentée par un globe solaire dont les rayons se terminent par des mains qui descendent sur Terre pour donner le souffle de la vie par l’intermédiaire du couple royal. Akhénaton hérétique rationaliste ou tout simplement traditionnaliste ? Certaines similitudes avec les coutumes de l’Ancien Empire (IIIe dynastie sous le règne du roi Djoser, les temples solaires de la Ve dynastie) laissent entrevoir la possibilité d’un retour aux traditions anciennes. Les hymnes d’Akhénaton sont semblables, quasiment mot pour mot, aux textes antérieurs et le disque solaire Aton était déjà vénéré par Amenhotep III, son père. Comme dans la tradition antérieure, le dieu d’Akhénaton est révélé par le disque solaire mais reste invisible, caché dans les contrées célestes de l’au-delà. La courte durée de cette réforme religieuse ne laisse aucun doute sur son rejet et permet que l’on s’interroge sur son contenu spirituel, intellectuel, et surtout sur la façon radicale avec laquelle elle a été imposée. Beaucoup d’auteurs se sont engouffrés dans la brèche ouverte par le manque de preuves archéologiques et surtout par les incohérences chronologiques des écrits bibliques. L’idée que le monothéisme hébraïque s’inspirait du culte d’Aton a été largement exploitée, jusqu’à confondre Moïse avec Akhénaton alors qu’au moins un siècle les sépare. L’existence de textes égyptiens contenant des formules telles que « Ô forme unique, […] dieu unique sans égal, […] » est incontestable. Mais est-ce suffisant pour affirmer que l’on est en présence d’un culte monothéiste ? En considérant que tous les êtres, vivants ou non, possèdent un caractère unique, de telles invocations pourraient très bien être adressées à chacun d’eux. Avec très peu de textes sur l’histoire de l’Égypte antique, que savons-nous réellement des croyances et des pratiques religieuses des anciens Égyptiens ? Avons-nous bien interprété leur symbolisme, leur philosophie, leur ésotérisme et peut-on les rapprocher du monothéisme biblique ? L’arrivée du culte d’Aton a eu lieu au cours de la XVIIIe dynastie, période où l’Égypte connut son explosion culturelle à l’instar de l’Europe durant la Renaissance italienne. En 1348 av. J.-C, Amenhotep IV accède au trône sous le nom d’Akhénaton, « celui qui est utile à Aton », et fait construire sa nouvelle capitale Akhétaton, « la contrée de lumière d’Aton ». La racine Akhet 25 représente le point où l’on voit se lever le Soleil, le passage de l’invisible au visible. La racine Iten signifie « globe, sphère » et se trouve très souvent traduite par « disque ». Le culte d’Aton, dieu unique sans égal, a supplanté celui d’Amon le dieu caché, et a été à l’origine de grands bouleversements. Tout d’abord dans le domaine artistique où l’on voit apparaître une nouvelle iconographie et des statues androgynes aux formes caricaturales. Cet art nouveau que nous pouvons admirer au travers des célèbres colosses d’Akhénaton, nous a longtemps fait penser que le monarque était atteint d’une maladie génétique. Il s’agit en fait d’une innovation, comme c’était dans les usages, permettant d’immortaliser la personne du roi et d’annoncer la rupture qui allait marquer son règne. Ensuite, dans le domaine politico-religieux, ce fut un véritable raz-de-marée. Les temples à la gloire d’Aton ont perdu leur caractère ésotérique pour être à ciel ouvert, exposés directement à la lumière du Soleil. Les anciennes autorités religieuses ont été évincées, laissant au roi le monopole des pouvoirs politique et religieux lui permettant d’être l’unique lien de communication avec dieu. Le dieu Amon fut banni, son nom fut retiré du nom de naissance du roi (Amenhotep devint Akhénaton) et effacé de tous les monuments d’Égypte. Le point culminant de cette nouvelle religion est le statut réduit de la déesse Maât lors de la cérémonie d’offrande du nom au dieu Aton. Le roi, orné de plumes, se substitue à la déesse Maât comme pour laisser l’exclusivité divine à son dieu. N’étant plus évoquée, l’existence des autres divinités se voit rejetée, le multiple polyvalent est remplacé par le tout unique. Sur le plan philosophique, Akhénaton a tenté d’effectuer une transformation fondamentale de la pensée égyptienne en rejetant cette forme de multiplicité complémentaire qui la caractérise. On est bien en présence d’un monothéisme dogmatique où la nature d’Aton, dieu sans égal, n’est révélée qu’au monarque, son unique prophète. Voici ce que l’on peut lire dans l’hymne au disque solaire : « […]. Quand tu reposes à l’Occident, sous l’horizon, la Terre est dans une ombre, semblable à celle de la mort. À l’aube, tu resplendis dans l’horizon, tu illumines, toi le Soleil […] ». Certains auteurs considèrent qu’Akhénaton est le premier existentialiste connu, car pour lui n’existe que ce qui est visible. Pour d’autres, sa doctrine se distingue par la non-présence du divin durant les heures de la nuit qui représentent la mort. Mais là encore, a-t-on bien interprété la philosophie d’Akhénaton ? La nuit n’est-elle pas la contrepartie complémentaire du jour, comme la mort est celle de la vie, comme Seth est celle d’Osiris et le désert celle du Nil ? Au vu de l’importance que les Égyptiens accordaient aux rites consacrés aux défunts et l’attachement d’Akhénaton pour certaines coutumes antérieures, on pourrait bien envisager d’autres hypothèses. Chercher à rapprocher le monothéisme biblique d’un culte religieux égyptien devient dès lors une tâche très périlleuse. Rechercher ce rapprochement au travers des textes, alors que notre conception du divin n’a rien de commun avec celle des anciens Égyptiens qui échappe à notre logique occidentale, est une tentative directement vouée à l’échec. Pour exemple, les termes nétjer et djet sont respectivement traduits, par commodité, « dieu » et « éternité » mais leur véritable sens reste difficilement accessible. En revanche, il est permis de penser que la réforme philosophique d’Akhénaton constitue les prémices de la pensée occidentale, et que les religions monothéistes abrahamiques ont probablement été influencées par la philosophie et les rites de l’antique Égypte. Le roman initiatique L’âne d’or ou les métamorphoses, écrit au IIe siècle ap. J.-C. par Apulée, nous révèle l’existence, en Grèce, de pratiques rituelles consacrées à Isis et Osiris, ainsi que des croyances relatives aux divinités égyptiennes comme Seth et Anubis. Au chapitre IX, on peut lire que « Le Soleil s’était plongé dans l’Océan et éclairait maintenant les régions souterraines de l’univers. » Le traducteur, Pierre Grimal, précise dans ses notes que le Soleil, parvenu dans l’Océan, revient vers l’est en faisant le tour de la Terre mais que cette phrase n’implique pas la croyance en la rotondité de notre planète ; cependant elle rappelle étrangement la course nocturne du Soleil dans la Douat, le monde souterrain où règne le dieu des défunts, Osiris. Chez les chrétiens, les coutumes médiévales LES HIÉROGLYPHES POUR TOUS 26 utilisèrent l’expression latine Sol invictus qui signifie « le Soleil invincible » et nous rappelle le combat perpétuel du dieu solaire égyptien. Depuis les origines de la chrétienté et jusqu’au XVIe siècle, les édifices religieux furent orientés d’est en ouest afin d’accueillir par l’entrée principale le Soleil naissant qui représentait le Christ ressuscité. D’ailleurs, le coq symbole de la vigilance et du Soleil levant, se trouve encore sur beaucoup de clochers chrétiens. Pour affirmer une totale adhésion à la foi et pour conclure une prière, les traditions chrétienne et islamique utilisent la formule amen issue de la Bible hébraïque et qui évoque la notion de vérité, de fidélité, de solidité. En égyptien, la racine men signifie « être ferme, solide, établi, fiable, durable » et l’expression « im men… » est un impératif qui signifie « Fais que soit établi, durable… ». 27 Table des matières Remerciements.......................................................................................................................................... 4 Parcours de l’auteur................................................................................................................................... 5 Préface de René Lachaud ........................................................................................................................... 7 Pourquoi ce livre ? ..................................................................................................................................... 9 Un peu d’histoire ..................................................................................................................................... 11 Petite histoire de l’Égypte .................................................................................................................... 11 Naissance de l’Égypte ........................................................................................................................ 11 Périodes dynastiques ........................................................................................................................ 11 Reines et rois .................................................................................................................................... 14 Mythologie .......................................................................................................................................... 17 Que savons-nous ? ............................................................................................................................ 17 Principales divinités........................................................................................................................... 19 Héritages ............................................................................................................................................. 23 Scientifique ....................................................................................................................................... 23 Artistique .......................................................................................................................................... 24 Philosophique ................................................................................................................................... 25 Histoire des hiéroglyphes ..................................................................................................................... 29 Origines ............................................................................................................................................ 29 Évolution de la langue et de l’écriture ............................................................................................... 30 Déclin de l’écriture sacrée ................................................................................................................. 31 Un alphabet symbolique ................................................................................................................... 32 Les hiéroglyphes au quotidien ........................................................................................................... 35 L’univers symbolique des Égyptiens................................................................................................... 36 Égypte et franc-maçonnerie ................................................................................................................. 39 Une conquête pour l’égyptologie ...................................................................................................... 39 La franc-maçonnerie d’hier et d’aujourd’hui ...................................................................................... 39 Des origines égyptiennes................................................................................................................... 41 Résumé historique ............................................................................................................................... 43 Petit quizz égyptien.............................................................................................................................. 45 Vrai ou faux ? .................................................................................................................................... 45 Réponses .......................................................................................................................................... 46 L’informatique au service des hiéroglyphes .............................................................................................. 49 Des origines antiques ........................................................................................................................... 49 Logiciels et sites Internet...................................................................................................................... 49 Le logiciel JSesh ................................................................................................................................... 50 Installation et lancement................................................................................................................... 50 Guide d’utilisation ............................................................................................................................. 51 La police de translittération « GLYPH_I.TTF »........................................................................................ 54 Installation ........................................................................................................................................ 54 Table de transcodage ASCII – Translittération .................................................................................... 54 Trouver la phonétique d’un signe hiéroglyphique ................................................................................. 55 Utilisation du logiciel JSesh ................................................................................................................ 55 Utilisation du site Internet www.hierogl.ch/hiero/Accueil ................................................................. 55 Utilisation des tableaux en annexes ................................................................................................... 55 Apprendre l’égyptien hiéroglyphique ....................................................................................................... 57 Pour bien démarrer ............................................................................................................................. 57 L’écriture hiéroglyphique ..................................................................................................................... 59 La translittération ................................................................................................................................ 60 Le nom en genres et en nombres ......................................................................................................... 62 Exercice 1 : le masculin...................................................................................................................... 63 Exercice 2 : le féminin ....................................................................................................................... 63 Exercice 3 : le pluriel ......................................................................................................................... 64 235 Exercice 4 : le pluriel collectif ............................................................................................................ 64 Exercice 5 : le duel............................................................................................................................. 64 Les prépositions ................................................................................................................................... 65 Principales prépositions simples ........................................................................................................ 65 Principales prépositions composées .................................................................................................. 66 Exercice 6 : les prépositions simples .................................................................................................. 67 Exercice 7 : les prépositions composées ............................................................................................ 67 Les adjectifs et pronoms démonstratifs ................................................................................................ 68 Exercice 8 : les adjectifs et pronoms démonstratifs ............................................................................ 69 Les adjectifs qualificatifs ...................................................................................................................... 69 Exercice 9 : les adjectifs qualificatifs .................................................................................................. 70 Les adjectifs nisbés .............................................................................................................................. 70 Les adjectifs nisbés dérivés de prépositions ....................................................................................... 70 Les adjectifs nisbés dérivés de noms.................................................................................................. 71 Exercice 10 : les adjectifs nisbés ........................................................................................................ 72 L’adjectif distributif .............................................................................................................................. 72 Exercice 11 : l’adjectif distributif ........................................................................................................ 73 Les nombres et dates ........................................................................................................................... 74 Cardinaux.......................................................................................................................................... 74 Ordinaux ........................................................................................................................................... 76 Exercice 12 : les nombres .................................................................................................................. 77 Datation............................................................................................................................................ 77 Exercice 13 : les dates ....................................................................................................................... 79 Les poids et mesures............................................................................................................................ 79 Poids................................................................................................................................................. 79 Capacités .......................................................................................................................................... 79 Longueurs et surfaces ....................................................................................................................... 80 Exercice 14 : les poids et mesures...................................................................................................... 81 Les pronoms ........................................................................................................................................ 81 Pronoms-suffixes .............................................................................................................................. 81 Pronoms possessifs ........................................................................................................................... 83 Autres pronoms ................................................................................................................................ 83 L’intégralité....................................................................................................................................... 83 Exercice 15 : les pronoms .................................................................................................................. 84 La phrase ............................................................................................................................................. 84 PPA à prédicat non verbal ................................................................................................................. 85 Exercice 16 : PPA à prédicat non verbal ............................................................................................. 88 Les adverbes ..................................................................................................................................... 88 Exercice 17 : PPA avec adverbe.......................................................................................................... 89 Les verbes ......................................................................................................................................... 90 Exercice 18 : les verbes...................................................................................................................... 92 PPA à prédicat verbal ........................................................................................................................ 92 Exercice 19 : PPA à prédicat verbal ...................................................................................................101 Les pronoms dépendants .................................................................................................................102 PPA exclamative...............................................................................................................................103 Exercice 20 : PPA exclamative...........................................................................................................104 PPA négative ....................................................................................................................................105 Exercice 21 : PPA négative ................................................................................................................110 PPA séquentielles.............................................................................................................................110 Exercice 22 : PPA séquentielles.........................................................................................................113 Les pronoms indépendants ..............................................................................................................113 Proposition à prédicat nominal (PPN) ...............................................................................................114 PPN négative....................................................................................................................................117 Exercice 23 : proposition à prédicat nominal ....................................................................................119 Propositions relatives .......................................................................................................................120 LES HIÉROGLYPHES POUR TOUS 236 Exercice 24 : propositions relatives...................................................................................................122 Conclusion ..............................................................................................................................................123 Pour aller plus loin ..............................................................................................................................124 À lire, à relire et à conserver sans limitation ........................................................................................124 Résumés .................................................................................................................................................125 La PPA ................................................................................................................................................125 La PPA positive .................................................................................................................................125 La PPA négative................................................................................................................................128 La PPN ................................................................................................................................................130 La PPN positive ................................................................................................................................130 La PPN négative ...............................................................................................................................132 Règles grammaticales .........................................................................................................................133 Genre et nombre .............................................................................................................................133 Prépositions .....................................................................................................................................134 Adjectifs...........................................................................................................................................134 Adverbes..........................................................................................................................................134 Adjectifs numéraux ..........................................................................................................................134 Datation...........................................................................................................................................135 Poids et mesures ..............................................................................................................................135 Pronoms ..........................................................................................................................................135 Coordination et disjonction ..............................................................................................................136 Intégralité et distributivité................................................................................................................136 Possession .......................................................................................................................................136 Verbes .............................................................................................................................................137 Phrase..............................................................................................................................................137 Formes verbales...............................................................................................................................140 Annexes..................................................................................................................................................141 Hiéroglyphes unilitères .......................................................................................................................141 Hiéroglyphes bilitères .........................................................................................................................143 Hiéroglyphes trilitères.........................................................................................................................148 Hiéroglyphes déterminatifs .................................................................................................................149 Prépositions........................................................................................................................................155 Prépositions simples ........................................................................................................................155 Prépositions composées...................................................................................................................156 Pronoms-suffixes ................................................................................................................................159 Adverbes ............................................................................................................................................160 Pronoms dépendants ..........................................................................................................................162 Pronoms indépendants .......................................................................................................................163 Les formules particulières ...................................................................................................................165 L’antéposition honorifique ...............................................................................................................165 Formules d’eulogie...........................................................................................................................165 La filiation ........................................................................................................................................166 Le salut ............................................................................................................................................166 Les énoncés .....................................................................................................................................166 Une approche de Pi.............................................................................................................................167 Coudée égyptienne et nombre d’or.....................................................................................................169 Exercices corrigés ...................................................................................................................................171 Exercice 1 : le masculin .......................................................................................................................171 Exercice 2 : le féminin .........................................................................................................................172 Exercice 3 : le pluriel ...........................................................................................................................173 Exercice 4 : le pluriel collectif ..............................................................................................................174 Exercice 5 : le duel ..............................................................................................................................175 Exercice 6 : les prépositions simples ....................................................................................................176 Exercice 7 : les prépositions composées ..............................................................................................177 Exercice 8 : les adjectifs et pronoms démonstratifs .............................................................................178 237 Exercice 9 : les adjectifs qualificatifs ....................................................................................................179 Exercice 10 : les adjectifs nisbés ..........................................................................................................180 Exercice 11 : l’adjectif distributif .........................................................................................................181 Exercice 12 : les nombres ....................................................................................................................182 Exercice 13 : les dates .........................................................................................................................183 Exercice 14 : les poids et mesures .......................................................................................................184 Exercice 15 : les pronoms ....................................................................................................................185 Exercice 16 : PPA à prédicat non verbal ...............................................................................................186 Exercice 17 : PPA avec adverbe ...........................................................................................................187 Exercice 18 : les verbes .......................................................................................................................188 Exercice 19 : PPA à prédicat verbal ......................................................................................................189 Exercice 20 : PPA exclamative .............................................................................................................190 Exercice 21 : PPA négative ..................................................................................................................191 Exercice 22 : PPA séquentielles ...........................................................................................................192 Exercice 23 : proposition à prédicat nominal .......................................................................................193 Exercice 24 : propositions relatives .....................................................................................................194 Lexiques .................................................................................................................................................195 égyptien-français ................................................................................................................................195 français-égyptien ................................................................................................................................216 Table des matières..................................................................................................................................235 « nfr pw » C’est fini