UN GROS ESCARGOT
RARE ET NOCTAMBULE
Des millions
de tritons aux Embiez
d'
être colonisées par les algues et les
petits invertébrés. La ponte se répé
en janvier 1992 (350
janvier 1993 (592 capsules)
,
capsule contenant en moyenne 3880
larves.
Après environ trois mois d’incuba-
tion, les larves sortent par l’ouverture
de l’extrémité libre de la capsule
elles mesurent alors un demi-milli-
mètre de long et sont capables de nager
en pleine eau où
nourriture.
Des études sont poursuivies pour
essayer de déterminer les besoins ali-
mentaires des tritons durant leur phase
planctonique et pour en fixer sa durée.
E
n trois ans, le couple de tritons a
pondu environ cinq millions d’œufs
hormis quelques milliers d’entre elles
destinées aux études,
larves ont été relâchées en mer et
seuls quelques individus parviendront
l’âge adulte.
Patrick Lelong
Larve véligere - Les deux lobes ciliés ser-
vent à la locomotion dans le plancton.
La larve âgée de trois mois environ est
prête à sortir de la capsule.
Larve avec protocon
coquille.
L
E triton (Charonia lampas,
pour les scientifiques) est le
plus grand mollusque gastéropo-
de de Méditerranée.
en plongée sur les côtes fran-
çaises est assez rare du fait de ses
moeurs essentiellement noc-
turnes mais également parce que
le nombre d’individus de cette
espèce ne semble pas très impor-
tant.
Le cas des tritons a d’ailleurs
fait l’objet d’une communication
scientifique lors du colloque de
Carry-le-
espèces à protéger en Méditerra-
née.
On rencontre Charonia lampas
dans le bassin occidental méditer-
ranéen et dans l’Atlantique orien-
tal, des Canaries au sud de la
Grande Bretagne. Il est relative-
ment rare en Méditerranée Nord
occidentale et plus commun au
nord du Maroc, sur les côtes
espagnoles et en mer d’Alboran.
Une autre espèce, Charonia trito-
nis,
peuple le bassin oriental de la
Méditerranée.
Les tritons vivent jusqu’à plus de
cent mètres de profondeur sur les
fonds détritiques au voisinage des
roches ou de l’herbier de
Posidonies. Les pêcheurs les cap-
turent quelquefois dans leurs
filets
ou leurs nasses, surtout la
nuit, sur les fonds sableux, alors
que les observations des plon-
geurs les situent dans les trous et
les failles rocheuses, le jour.
Ces lieux de prise ou de rencontre
indiquent son comportement : le
triton vit caché ou immobil
jour dans les abris des fonds
rocheux, de l’herbier ou du coralli-
gène ; la nuit, il part à la chasse
sur les fonds détritiques voisins.
Son régime alimentaire, bien étu-
dié en aquarium, est à base
d’échinodermes avec une très
nette préférence pour l’étoile
rouge Echinaster sepositus ou
d’autres étoiles de mer, mais il
peut se contenter d’holothuries et
d’oursins.
On connaît peu cet animal et on
connaît encore moins sa reproduc-
tion et son cycle de vie. C’est une
espèce à sexes séparés avec des
stades larvaires planctoniques (en
pleine eau) très longs. La ponte a
déjà été observée quelquefois
La taille des œufs atteint 250 microns
dans des aquariums (à Naples ; à
l’Institut océanographique Paul
Ricard, aux Embiez) et dans la
nature, dans la mer d’Alboran. Ces
observations font état de pontes de
200 à 300 capsules contenant
entre 275 et 407 œufs et il existe
très peu de données sur le déve-
loppement larvaire.
P.L.
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OCÉANORAMA N° 21 - DÉCEMBRE 1993