carottes de sédiments prélevées dans l’océan, toutefois, celles-ci ne livrent aucune
information quant aux gaz atmosphériques. « Nous ne pouvons pas encore nous consacrer
exclusivement à l'étude du rôle des gaz à effet de serre car nous ne possédons pas
d'échantillon approprié », ajoute Frank Pattyn.
Le projet BE-OI entend résoudre ce problème : il associe en effet des mesures
géophysiques, des technologies de forage rapides ainsi que des méthodes de datation des
glaces opérationnelles sur le site d'extraction. En outre, d'autres technologies de forage
seront élaborées et testées. Les premiers travaux effectués sur place débuteront
prochainement : en Antarctique, les partenaires du projet BE-OI étudieront l'épaisseur des
couches glaciaires, les propriétés physiques de ces strates ainsi que la topographie du
substrat rocheux présent sur deux sites différents, par des analyses et examens aériens et
au sol. L'épaisseur de la glace constitue simplement un premier indicateur des glaces
anciennes, dans la mesure où l'accumulation de couches de neige différentes et la
dynamique des écoulements de glace permettent de déterminer l'épaisseur actuelle de la
glace. « Ces sites sont sélectionnés sur la base du travail de modélisation des couches de
glace effectué par l'ULB, partenaire dans le cadre du projet BE-OI », précise Brice Van
Liefferinge, un doctorant participant au programme, « et les nouvelles données recueillies
nous aideront à affiner nos cartes de manière à trouver la zone idéale ».
Durant la phase d'exécution du programme de terrain, les chercheurs examineront
simultanément l'accumulation des couches de neige et utiliseront de nouvelles technologies,
afin réaliser des forages dans la calotte glaciaire et d'y mesurer les températures. « Au cours
des études précédentes, nous avions arrêté notre choix sur certaines zones clés dont la
glace pouvait compter parmi les plus anciennes jamais observées sur Terre », déclare le
professeur Olaf Eisen, coordinateur du projet au sein de l'institut Alfred Wegener. « Nous
devons maintenant vérifier nos estimations, et il est essentiel que nous en apprenions le plus
possible sur le processus de dépôt ainsi que sur la composition de cette glace », indique le
glaciologue.
Outre ces grands questionnements scientifiques, le projet vise également à rassembler toute
l'expertise technique et humaine nécessaire à ce projet de forage profond, à l'élaboration
d'un programme scientifique et de gestion, ainsi qu'à l'établissement du budget et des
financements. Afin de maximiser les enseignements scientifiques tirés de ces expériences,
l'ensemble de la communauté des paléoclimatologues et de la communauté des spécialistes
de la modélisation participe également à ce projet.
Contexte :
Le projet Beyond EPICA – Oldest Ice (BE-OI) et ses partenaires internationaux forment une
concentration unique au monde d'experts scientifiques et d'infrastructures consacrés à
l'étude des calottes glaciaires fondée sur l'analyse de carottes de glace. Le projet BE-OI est
une Action de Coordination et de Soutien (ACS). Il constitue la base technique, scientifique
et financière d'un programme global, visant à extraire une carotte glaciaire vieille de 1,5