Votre milieu riverain abrite une espèce unique au monde:
la gentiane de Victorin
La gentiane de Victorin est une plante rare qui ne compte que
quelques milliers d’individus à l’échelle mondiale. Et c’est au
Québec, sur les rives de l’estuaire d’eau douce à saumâtre du
fleuve Saint-Laurent, qu’on la retrouve. Si la gentiane de Victorin
est la vedette des battures, plusieurs autres espèces d’intérêt y
vivent également. Leur présence s’explique, en partie, par les
très hautes marées d’eau douce qui caractérisent ce tronçon de
l’estuaire du Saint-Laurent, qui ont favorisé le développement de
grands marais intertidaux de plantes adaptées à ces conditions
très particulières.
C’est au moment de sa floraison, au mois d’août, que la gentiane
de Victorin est la plus facile à repérer grâce à ses magnifiques
fleurs bleues violacées dressées sur des tiges mesurant 10 à
50 cm. Chaque plant peut porter 1 à 30 fleurs. La rareté de
l’espèce est principalement due à son étroite niche écologique,
confinée à la partie supérieure des marais, et à son mode de
reproduction par graines. Celles-ci se déplacent au gré des
conditions hydrologiques du fleuve et peuvent être facilement
emportées par les courants, diminuant ainsi le potentiel
d’établissement de l’espèce. La gentiane de Victorin a été
désignée menacée au Canada et au Québec en vertu de la Loi
sur les espèces en péril (au fédéral) et de la Loi sur les espèces menacées ou vulnérables (au
provincial). À cet égard, des plans de protection ont été élaborés par les gouvernements fédéral et
provincial afin de contribuer au maintien de ses habitats et lui conserver une place de choix dans notre
biodiversité québécoise.
Unique au marais intertidaux de l’estuaire d’eau douce à saumâtre du Saint-Laurent, on dit de cette
espèce qu’elle est endémique, c’est-à-dire que son aire de répartition est limitée à cette zone
géographique. Historiquement, la gentiane de Victorin a été recensée dans 45 sites sur les rives de
l’estuaire, soit entre Deschambault et Cap-Tourmente sur la rive nord et entre Lotbinière et Saint-
Roch-des-Aulnaies sur la rive sud ainsi que sur quelques îles de l’estuaire d’eau douce à saumâtre. De
ce nombre, seulement 14 sites ont été identifiés comme prioritaires en raison de la qualité de l'habitat
et du nombre d'individus présent.
Dans le but d’assurer la pérennité de l’espèce et de maintenir la qualité de son habitat, la Fondation
québécoise pour la protection du patrimoine naturel (FQPPN) s’est engagée, dans le cadre du
Programme d’intendance de l’habitat pour les espèces en péril (PIH), à veiller à améliorer les
connaissances de l’espèce et des menaces qui peuvent contribuer à sa raréfaction, à conserver ou à
améliorer son habitat et, enfin, à sensibiliser les communautés riveraines concernées sur les bonnes
pratiques à son endroit.
En tant que propriétaire riverain, vous avez un rôle à jouer dans la protection de cette espèce. En
effet, la perte d’habitat, notamment par le remblayage des rives et la mise en place d’infrastructures
de protection des rives, est la plus grande menace à laquelle doit faire face la gentiane de Victorin. Le
piétinement, la présence de plantes envahissantes, le fauchage et la cueillette de fleurs lui sont aussi
néfaste. Ainsi, en limitant les pratiques incompatibles avec le maintien de l'espèce, vous contribuez à
son rétablissement.