Espèces exotiques envahissantes : les insectes forestiers rongent l

Mission pour la Science et la Technologie de l’Ambassade de France aux Etats-Unis
Espèces exotiques envahissantes : les insectes forestiers rongent
l’économie américaine
Publié le vendredi 23 septembre 2011
Voir en ligne : https://www.france-science.org/Especes-exotiques-envahissantes.html
Les espèces exotiques envahissantes, qu’elles soient animales ou végétales, représentent l’une des
principales menaces à la biodiversité, devant même la pollution des milieux naturels. Leur introduction peut se
faire par migration progressive, due notamment au changement climatique, mais résulte plus souvent d’un
transport, volontaire ou non, à l’occasion de mouvement de biens ou de personnes.
On estime qu’aux Etats-Unis, pour les seuls insectes, le nombre d’espèces non-endémiques atteint 450.
Certes, toutes n’ont pas des impacts sur l’économie, mais il est des cas graves d’envahissement qui coûtent à
la collectivité, que ce soit par la lutte requise pour éviter l’envahissement ou par la dépréciation des services
rendus par les écosystèmes.
Les estimations de ces coûts induits, dont certains sont très indirects, souffraient jusqu’à présent une
incertitude très importante (entre 1 et 120 milliards de dollars annuels, selon les estimations). Un article publié
dans le journal scientifique PLOS One le 9 septembre présente une méthodologie qui tient compte du manque
de données et de l’incertitude pour approximer au mieux les coûts induits par 3 guildes d’insectes forestiers
emblématiques : les suceurs de sève, les xylophages (se nourrissant de la fibre de bois) et les phyllophages
(se nourrissant des feuilles).
A. planipennis (xylophage)
Crédits : US Forest Service
L’étude, financée par the Nature Conservancy (ONG américaine) et l’Université de Californie à Santa Barbara,
met en lumière des coûts très importants que certains professionnels eux-mêmes n’imaginaient pas. "Nous
savions depuis des années que les espèces exotiques envahissantes étaient un problème énorme mais
maintenant que nous sommes enfin en mesure de calculer leur impact économique, je suis moi-même un peut
choqué par le niveau des dommages occasionnés" déclare Andrew Liebhold, entomologiste au US Forest
Service.
L’équipe de chercheurs pluridisciplinaire (entomologistes, économistes, forestiers, etc.) a analysé les valeurs
liées à 5 catégories de coûts :
- Les dépenses du gouvernement fédéral (recherche, évaluation, gestion et travaux, communication, etc.
- Les dépenses des gouvernements d’états fédérés ou locaux (abattage et enlèvement, plantation et
traitements)
- Les dépenses opérées par les ménages (abattage et enlèvement, plantation et traitements)
- Les pertes de valeur immobilière
- Les pertes de valeur induites pour les propriétaires forestiers
En raison de l’absence de données, tous les coûts n’ont pas été internalisés (par ex. détérioration de la
fonction filtrante pour les eaux de surface), et les auteurs insistent donc sur le fait que leur étude présente une
fourchette basse des impacts économiques occasionnés.
Globalement, l’étude révèle que ce sont les gouvernements locaux et les ménages qui supportent l’essentiel
des coûts. A contrario, les dépenses du gouvernement fédéral, et plus encore la perte de valeur du bois sur
pied pour les propriétaires forestiers, restent limitées.
La plus dommageable des 3 guildes d’insectes, les xylophages, cause des impacts directs évalués à $1,7
milliards de dollars incombant aux seuls gouvernements locaux et $830 millions en perte de valeur
immobilière. Arrivent en seconde position les suceurs de sève et enfin les phyllophages l’instar de la
Lymantria Dispar, espèce de mite arrivée d’Europe il y a plus d’un siècle). Ces derniers, bien que leur effet sur
la mortalité des arbres soit relativement faible puisque ceux-ci peuvent survivre avec un feuillage réduit,
engendrent néanmoins des pertes atteignant $410 millions sur la seule valeur immobilière chaque année.
Outre l’intérêt de ces résultats en eux-mêmes, l’étude dévoile pour la première fois une méthodologie
complète d’analyse des coûts occasionnés par les espèces exotiques envahissantes qui pourra être déclinée
sur d’autres espèces ou écosystèmes. Hormis son apport pour les gestionnaires (autorités locales, exploitants
forestiers, etc.) elle contribue donc à étayer les arguments en faveur d’une prévention accrue à l’encontre des
introductions d’espèces exotiques, notamment par l’amélioration de procédures de contrôle dans le commerce
international.
Sources :
- Local Government, Homeowners Paying Price for Non-Native Forest Insects, U.S. Study Finds -
ScienceDaily du 9/11/2011 : http://www.sciencedaily.com/releases/2011/09/110909195132.htm
- Economic impacts of Non-Native Forest Insects in the Continental United States - PLOS One - Sept 2011 :
http://www.plosone.org/article/info%3Adoi%2F10.1371%2Fjournal.pone.0024587
Pour en savoir plus, contacts :
- Site de recensement des espèces exotiques envahissantes www.invasive.org, (page insectes) :
http://www.invasive.org/species/insects.cfm
- Site de l’USDA (ministère de l’Agriculture américain) :
http://www.invasivespeciesinfo.gov/economic/main.shtml
- Page du site US Forest Service dédiée aux insectes exotiques envahissants :
http://nrs.fs.fed.us/disturbance/invasive_species/
- Site de The Nature Conservancy : http://www.nature.org/
- Le scarabée, acteur du réchauffement climatique - BE Etats-Unis 136 :
http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/56165.htm
Code brève
ADIT : 67779
Rédacteurs :
Marc Magaud ([email protected])
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