Chapitre 2 : Décolonisation et conséquences Les cartes p. 78

publicité
Chapitre 2 : Décolonisation et conséquences
Les cartes p. 78-79 sont à connaître.
Problématiques :
- Quelles sont les raisons internes et externes aux colonies expliquant le mouvement de
décolonisation ?
- Par quels moyens les peuples dominés ont-ils accédé à l’indépendance ?
- De quelles manières la France a-t-elle fait face à l’émancipation de ses colonies ? (le cas algérien)
- A quelles difficultés les jeunes Etats issus de l’indépendance ont-ils été confrontés ? Comment ontils tenté de peser dans les relations internationales ?
I De nombreux mouvements favorables à la décolonisation :
A Le tournant de la seconde guerre mondiale :
La Seconde guerre mondiale a affaibli les vielles puissances coloniales européennes, comme le
Royaume-Uni et la France. Elles ont perdu leur prestige : la France, la Belgique, les Pays-Bas ont
connu une défaite humiliante en 1940, puis l'occupation allemande. En Asie, les Japonais ont appelé
les peuples à s'unir contre les colonisateurs blancs et se sont présentés comme des libérateurs.
Dans l'ensemble, les colonies sont cependant restées fidèles à leur métropole : le Royaume-Uni a pu
compter sur les siennes militairement et économiquement, tandis que l'Empire français se ralliait à de
Gaulle. A la fin de la guerre, les colonies espèrent obtenir une amélioration de leur sort. S’étant battu
contre les idées du nazisme et pour la liberté des peuples d’Europe, les peuples des empire coloniaux
espèrent une amélioration de leur sort et une avancée vers l’autonomie, sinon l’indépendance.
Cependant, tous les pays colonisateurs ne réagissent pas de la même façon :
- l’Angleterre accepte de poursuivre l’émancipation de ses colonies vers le self government =>
politique gradualiste d’accès à l’indépendance et une intégration dans le Commonwealth.
- Les Belges et les Portugais n’envisagèrent pas de modifier leurs politiques dans les colonies
qui ne leur semblaient pas menacées
- Les Pays-Bas mettent en place une sorte de partnership avec les territoires d’Outre-Mer mais
le système reste bien éloigné du Commonwealth anglais.
- La France conçoit son Empire colonial comme un moyen de reprendre son rang dans le monde
après la 2° GM. Les positions françaises vont dans le sens d’un renforcement des liens
unitaires avec la métropole, pour faire face au double défi des menaces de
l’internationalisation de la question coloniale et des contestations internes à l’empire.
B Essor et développement des mouvements nationalistes :
Documents à utiliser : doc 1 B p. 128, doc 2 p. 128, doc 5 p. 129 du manuel Hatier de Terminale S.
Doc. 1 : Déclaration d’indépendance de la République démocratique du Vietnam par Hô Chi
Minh (Hanoi, 2 septembre 1945)
«Tous les hommes naissent égaux. Le Créateur nous a donné des droits inviolables, le droit de
vivre, le droit d'être libres et le droit de réaliser notre bonheur.»
Cette parole immortelle est tirée de la Déclaration d'Indépendance des États-Unis d'Amérique en
1776. Prise dans un sens plus large, cette phrase signifie : tous les peuples sur la terre sont nés
égaux ; tous les peuples ont le droit de vivre, d'être heureux, d'être libres.
La Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen de la Révolution française de 1791 proclame
également : « Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. »
Ce sont là des vérités indéniables.
Et pourtant, pendant plus de quatre-vingts années, les colonialistes français, abusant de drapeau de
la liberté de l'égalité, de la fraternité, ont violé notre terre et opprimé nos compatriotes. Leurs actes
vont directement à l’encontre des idéaux d'humanité et de justice. […]
Doc 2 : Le nationalisme algérien dans les années 1930
En Algérie comme en France, notre parti était le seul en son genre. Nationaliste et dirigé par des
Algériens arabes et musulmans. Il entendait tenir compte de notre passé historique et de notre
civilisation, qui tire sa substance des principes islamiques, sans verser dans aucun fanatisme.
L’administration aurait voulu, que nous adhérions aux partis politiques français pour mieux nous
fondre dans la société française.
Messali Hadj (1898-1974), Mémoires, Jean-Claude Lattès, 1982
Doc 3 : Les revendications des élites africaines :
Résolutions du 2ème Congrès de la race noire, tenu à Paris en 1921, auquel participent des intellectuels et des
hommes politiques français, de métropole ou des colonies (Antilles, Sénégal), mais aussi américain, haïtiens ou
jamaïcains, blancs et noirs.
« La race noire demande par l’organe de ces élites :
1) La reconnaissance des hommes civilisés comme hommes civilisés quelle que soit leur race ou leur couleur.
2) La création d’institutions locales dans les pays habités par des collectivités arriérées et adaptées
progressivement au développement des milieux indigènes.
3) L’organisation d’un enseignement obligatoire partout conjugué avec la conservation et le respect de l’art
indigène.
4) La liberté de conserver sa religion et ses coutumes de l’art indigène.
5) Le développement intensifié chez les collectivités arriérées des œuvres d’assistance et de prévoyance sociale.
6) La restitution progressive aux Noirs évolués de la terre et de ses fruits naturels.
7) L’institution par des puissances coloniales sous l’égide de la Société des Nations d’un Institut international
chargé de l’étude de tous les problèmes posés par l’évolution et la protection de la race noire.
8) L’institution d’une section au Bureau International du Travail, chargée plus spécialement de la protection et de
la défense des travailleurs indigènes.
Questions :
1. Quelles sont les critiques émises à l’égard du système colonial par ses hommes ?
Les critiques sont nombreuses :
- critique de l’absence de respect des droits inaliénables de l’homme : liberté, égalité
notamment.
- Vol des terres par les colons et oppression envers les colonisés
- Volonté assimilatrice de la part des français conduisant à la perte d’identité des élites
algériennes.
- La différenciation selon des races => inégalité des peuple fondée sur une vision de hiérarchie
raciale.
- Le maintien des communautés indigènes dans l’ignorance et le dénuement afin de pouvoir les
exploiter plus facilement.
- La destruction des cultures indigènes par la volonté d’imposer un enseignement venu de la
métropole ex : nos ancêtres les Gaulois à des hommes du Congo par exemple.
- L’absence de diffusion à l’ensemble de la population des œuvres d’assistance soit les aides de
l’Etat.
- Absence de prise en compte de la nature des indigènes, de leurs problèmes et de leurs cultures.
2. De quels principes réclament-ils l’application ? Que peut-on en déduire de leur éducation ?
Ces mouvements réclament l’application des principes fondamentaux des droits de l’homme,
notamment la liberté et l’égalité prônée dans la DDHC ou la déclaration d’indépendance américaine.
Cela laisse supposer qu’ils ont reçu une éducation occidentale et qu’ils sont imprégnés de culture
européenne, souvent apprise dans les universités des métropoles ou des grandes villes de l’empire :
Gandhi en Afrique du Sud, à Paris pour Hô Chi Minh.
3. Comment appelleriez-vous ces groupes (tentez de donner une définition) ?
Ces groupes sont des mouvements nationalistes cad une organisation politique indigène réclamant
l'indépendance politique d'une colonie qui veut devenir une nation, nés pour la plupart dans
l'entre-deux-guerres
4. Comment voient-ils leur avenir par rapport à la métropole ?
Deux ensembles se distinguent quant à la conception des rapports futurs avec la métropole :
- certains demandent pour leur pays le droit de se gouverner lui-même tout en restant lié à la
métropole : c'est l'autonomie. Ex : Sénégal
-
D'autres envisagent une rupture complète : c’est l'indépendance. Ex : En Indochine avec le
Vietnam d’Hô Chi Minh ou l’Algérie.
C Les pressions internationales pour mettre fin à la colonisation :
La colonisation est surtout le fait des anciennes puissances européennes. A la fin de la seconde guerre
mondiale, les deux grands ainsi que l’ONU vont tout faire pour pousser les Etats colonisateurs à
donner leur indépendance à leurs colonies.
1) Les Etats-Unis :
Plusieurs raisons fondamentales et anciennes poussent les Etats-Unis à vouloir mettre fin au
colonialisme :
- les Etats-Unis se considèrent comme une colonie émancipée ayant gagnée son indépendance grâce
à la première guerre de libération.
- Les Etats-Unis n’ont eu que peu d’espaces colonisés qu’ils ont rendu rapidement indépendant car
ces Etats sont considérés plus comme un coût que comme une aide.
- Roosevelt est un partisan de l’anticolonialisme et pousse pour qu’à la fin de la guerre, la question
coloniale soit réglée. => 1943, au Caire, la déclaration américaine sur l’indépendance générale =>
phrase devenant un des articles de la charte de l’ONU : « Toutes les nations possédant un domaine
colonial devront coopérer avec les peuples de ces régions pour les rendre aptes à recevoir le statut
d’indépendance nationale ».
- Mise en œuvre d’un plan américain qui impose l’accession à l’indépendance des Etats entrant dans
les catégories suivantes :
o Les mandats qui existaient précédemment dans la société des nations
o Les territoires qui seraient enlevés à l’ennemi à la suite de la présente guerre (cad les
colonies italiennes et les territoire annexés par le Japon). Dans ce cadre là, on trouve
l’Indochine française.
o Tous les autres territoires qui seraient volontairement confiés à l’administration
internationale
fut perçu par les peuples colonisés comme la reconnaissance des peuples « dépendants » à
disposer d’eux-mêmes.
2) L’URSS :
L'URSS condamne le colonialisme pour des raisons idéologiques : c'est une forme de domination du
système capitaliste, système rejeté par l’URSS communiste. Elle attend aussi de la décolonisation un
affaiblissement du camp occidental et une adhésion des peuples libérés au communisme.
3) L’ONU :
Doc 3 p. 81 : Quel est le rôle de l’ONU dans l’indépendance des peuples.
L’ONU, dans sa charte de création en 1945, entérine le principe du droit des peuples à obtenir leur
indépendance et à disposer d’eux-mêmes notamment par cette phrase de leur charte : « Toutes les
nations possédant un domaine colonial devront coopérer avec les peuples de ces régions pour les
rendre aptes à recevoir le statut d’indépendance nationale ».
Dominé par les deux grands, l’ONU soutient l’émancipation des peuples dépendants en organisant
l’arrêt des hostilités et les transferts de souveraineté dans les pays souhaitant accéder à l’indépendance.
II Les moyens d’accession à l’indépendance :
Introduction rapide sur les phases de la colonisation : cartes p. 78-79 à connaître :
La décolonisation débute en Asie dès la fin de la seconde Guerre Mondiale. Elle concerne d'abord
l'Empire britannique qui accorde son indépendance à l'Inde en 1947, puis à la Birmanie en 1948.
L'Indonésie s'affranchit de la tutelle des Pays-Bas en 1949. L'Indochine s’émancipe de la France en
1954 et forme 4 Etats : Le Viêt-nam du Nord, le Viêt-nam du Sud, le Laos et le Cambodge (voir carte
5 p. 131). Cette phase de décolonisation a lieu dans le cadre de la poussée communiste en Asie. Au
Proche-Orient, la France renonce en 1945 à ses mandats de la Syrie et de du Liban, tandis que le
Royaume-Uni se retire de la Palestine en 1947.
Une deuxième vague de décolonisation touche l'Afrique du Nord en 1956 avec la Tunisie et le Maroc,
alors qu'en Algérie une guerre d'indépendance a lieu de 1954 à 1962.
L'Afrique noire se décolonise au début des années 60 tandis que l'Afrique australe demeure le dernier
bastion du colonialisme : l'Angola et le Mozambique ne deviennent indépendants qu'à la chute de la
dictature au Portugal en 1974, La Rhodésie du Sud en 1980 en prenant le nom de Zimbabwe
(résistance à l'émancipation organisée par les colons blancs), la Namibie dominée par l'Afrique du Sud
en 1990. Enfin, en 1994, Nelson Mandela, emprisonné depuis 27 ans, accède à la présidence de la
République en Afrique du Sud et met fin à l'apartheid.
Travail de groupe sur une heure : travail sur une des études de cas puis travail sur l’autre à la
maison.
A L’indépendance négociée :
Lorsque la métropole comprend à temps l'inéluctable, l'indépendance est négociée même si la violence
n'est pas toujours absente des négociations. Le Royaume-Uni est ainsi plus disposé que la France à
l'émancipation de ses colonies
Etude de cas : l’Inde
Documents à utiliser : doc 4 p. 119 manuel Hatier TS, doc 1 et 2 p. 132 manuel Hatier TS, doc 3 p. 84
et 4 p. 85.
Doc 1 : La résistance de Gandhi
A La théorie de la désobéissance civile
Le mot Satyâgraha fut créé par moi alors que je me trouvais en Afrique du Sud[…]. Etymologiquement, ce mot
signifie : se retenir à la vérité, d’où Force de Vérité[…]. En pratiquant le Satyâgraha, je m’aperçus rapidement que
la recherche de la vérité n’admettait point qu’on eut recours à la violence contre son adversaire et qu’il fallait arriver
à le tirer de l’erreur par la patience et la sympathie car ce qui semble vérité à l’un peut sembler erreur à l’autre. Dans
le domaine politique, lutter dans l’intérêt du peuple consiste surtout à comprendre l’erreur manifestée sous forme de
lois injustes[…]. Il s’ensuit que le Satyâgraha apparaît d’une façon générale comme une désobéissance civile ou une
résistance civile ; elle est civile en ce sens qu’elle n’est pas criminelle. Le criminel enfreint les lois subrepticement et
tâche de se soustraire au châtiment. Tout autrement agit celui qui résiste civilement. Il se montre toujours
respectueux des lois de l’Etat auquel il appartient, non par crainte des sanctions, mais parce qu’il considère ces lois
nécessaires au bien être de la société. Seulement en certaines circonstances, assez rares, la loi est si injuste qu’obéir
semblerait un déshonneur. Alors, ouvertement et civilement, il viole la loi et subit avec calme la peine encourue pour
une infraction.
Article de Gandhi dans la Jeune Inde, novembre 1919.
B …et son application
En mars 1922, Gandhi apparaît en justice pour trois articles jugés séditieux parus dans la Jeune Inde. Condamné à
6 ans de prison, Gandhi sera libéré après deux ans de détention.
La non-violence demande qu’on se soumette volontairement à la peine encourue pour ne pas à avoir à coopérer avec
le mal. Je suis donc ici prêt à me soumettre d’un cœur joyeux au châtiment, le plus sévère qui puisse m’être infligé
pour ce qui est, selon la loi, un crime et qui me paraît, à moi, le premier devoir d’un citoyen.
Déclaration de Gandhi devant ses juges, 18 mars 1922
Doc 2 : Le point de vue des nationalistes musulmans.
Comment pouvez-vous penser une seconde à l’unité indo-musulmane ? Tout nous sépare. Il n’y a jamais de mariage
mixte. Nous n’avons pas le même calendrier. Les musulmans croient en un Dieu unique, les hindous sont idolâtres.
Comme les chrétiens, les musulmans sont partisans d’une société égalitaire alors que les hindous maintiennent le
système inique des castes et laissent tout au bas de l’échelle sociale cinquante millions d’intouchables à leur tragique
destin. Et puis, les hindous adorent les animaux. Ils considèrent que les vaches sont sacrées. Nous, les musulmans,
nous trouvons que cela n’a aucun sens. Nous voulons tuer les vaches. Nous voulons les manger. Autre chose : aucun
hindou n’acceptera de la nourriture d’un musulman. Un hindou orthodoxe ne touchera même pas à des aliments
hindous si l’ombre d’un musulman ou celle d’un hindou des castes inférieures est venu polluer le bol. En vérité,
quand on étudie le problème, on s’aperçoit qu’il n’y a que deux liens entre les musulmans et les hindous : la
domination britannique et le désir d’en être débarrassé. […]
Interview du président de la Ligue musulmane, Mohammed Ali Jinnah, en 1942 dans Eve Curie, Voyage parmi les
guerriers, Editions de la Maison de France, New York.
Doc 3 : Le bilan de la colonisation britannique par Nehru
Les Anglais peuvent se vanter d’avoir ouvert la fenêtre de l’Inde sur l’Occident et de nous avoir apporté la science et
l’industrialisme occidentaux sous l’un de leurs aspects. Mais cela fait, ils ont étranglé la croissance industrielle de
l’Inde. […] Freinant notre développement industriel, ils influencèrent du même coup notre évolution politique,
s’attachant a sauvegarder le féodalisme désuet et autres vestiges qu’ils purent découvrir chez nous. […] Chemin de
fer, télégraphe, téléphone, radio et le reste ne peuvent passer pour des preuves de la bonté et de la bienfaisance de
leur domination. Ils furent les bienvenus. […] Mais nous ne devons pas oublier que leur premier objet fut le
renforcement de l’impérialisme britannique sur notre sol en permettant le resserrement de l’étreinte administrative et
la conquête de nouveaux marchés pour les produits de l’industrie anglaise. […] L’Anglais nous a donné l’unité
politique, ce qui était bien ; mais de toute façon, même sans lui, le nationalisme indien se fût développé et eût exigé
cette unité. […] Il serait cependant absurde de rejeter la responsabilité de tous nos maux sur les Anglais, c’est à nous
de l’endosser et de ne pas nous dérober : il serait malséant et indigne d’en vouloir aux autres des conséquences de
nos propres faiblesses.
Nehru, Ma vie et mes prisons, rédigé en prison en août 1940.
Questions :
1. Quelles sont les actions menées par les nationalistes indiens pour obtenir l’indépendance ? Citez
trois figures emblématiques dont vous apprendrez les biographies à la fin de votre livre.
Les nationalistes indiens mènent des actions essentiellement pacifiques. Ces actions reposent sur
l’application des théories de Gandhi, notamment celles :
- de la non-violence
- de la désobéissance civile, cad le fait de désobéir à des lois jugées injustes et accepter sa
condamnation pour montrer l’absurdité et l’injustice de ces mêmes lois.
Le nationalisme indien est marqué par trois figures importantes :
- le Mahatma Gandhi
- Nehru, le premier premier ministre de l’Inde indépendante
- Ali Jinnah, le premier dirigeant du Pakistan indépendant
2. Sur quel mode se fait l’indépendance de l’Inde ? Comment les Britanniques réagissent-ils ?
L’indépendance de l’Inde se fait de manière pacifique. Depuis l’entre-deux-guerres, Nehru et Gandhi
mènent des opérations non violentes contre les intérêts anglais : boycott des produits anglais, retour au
rouet, grève de l’impôt, la marche pour le sel, … Après avoir tenté la répression, l’Empire britannique
promet l’indépendance à l’Inde après la seconde guerre mondiale. Par le biais du Commonwealth (créé
en 1931 par le statut de Westminster, il regroupe les anciennes colonies anglaises de peuplement), il
espère garder des liens économiques avec les nouveaux peuples émancipés.
3. Quelles sont les conséquences politiques, économiques et sociales de l’indépendance de l’Empire
des Indes ?
Les conséquences de l’indépendance de l’Empire des Indes sont nombreuses :
- contrairement à ce que voulait Gandhi, il y a création de deux Etats indépendants : L’Union
Indienne, majoritairement Hindoue et le Pakistan, majoritairement musulman mais divisé en
deux entités (celle de l’est devenant le Bengladesh en 1971).
- Des conflits entre les Etats de l’Inde et du Pakistan au Bengale, au Pendjab et au Cachemire
(conflit qui n’est toujours pas réglé à l’heure actuelle)
- Des flux massifs de réfugiés d’un Etat vers l’autre qui se fait dans un bain de sang lorsque les
colonnes se rencontrent.
- Difficulté de démarrage économique
- L’Inde se présente comme un interlocuteur important en Asie.
L’ensemble de ces difficultés peuvent se retrouver à des échelles plus ou moins importantes dans les
autres Etats décolonisés.
4. Trouvez d’autres exemples d’indépendance négociée dans le monde.
La décolonisation se fait aussi pacifiquement en Afrique noire. Elle commence par l'indépendance du
Ghana en 1957 qui entre dans le Commonwealth. Cette décolonisation négociée sert ainsi de modèle
aux autres colonies britanniques d'Afrique noire
La France est moins disposée à se défaire de ses possessions qui sont les derniers signes d'une
puissance révolue. A la conférence de Brazzaville en 1944, le, général de Gaulle promet aux colonies
d’Afrique noire une participation à la gestion de leurs affaires mais toujours dans le cadre d'une Union
française.
Néanmoins, la décolonisation se fait dans l'ensemble sans violence et par étapes sous la IVème et la
Vème République : autonomie en 1956, communauté franco-africaine en 1958, indépendance totale en
1960.
B Les guerres de décolonisation :
Faute de reconnaître à temps les aspirations des peuples colonisés, les métropoles doivent faire face à
des guerres d'indépendance qui ensanglantent l'Indonésie néerlandaise (l'indépendance proclamée par
Sukarno en 1945 n'est finalement accepté par les Pays-Bas qu'en 1949 après deux ans de lutte armée.)
et surtout l'Indochine et l'Algérie française.
Etude de cas : La Guerre d’Algérie : chronologie du livre à connaître.
Documents à utiliser : doc 2 p. 138 manuel Hatier TS, doc 6 p. 139 manuel Hatier TS, doc 1 et 2 p.
88, doc. 3 p. 140 manuel Hatier TS, doc 7 p. 89 et 7 p. 141 manuel Hatier TS, message du Général de
Gaulle au Parlement en 1962
Doc 1 : Une société inégale
Européens
984 000 (dont 79% nés en
Algérie)
taux de natalité (pour 1000 hab.)
19
taux de mortalité (pour 1000
9
hab.)
taux de mortalité infantile(pour
46
1000 hab.)
part de la population urbaine
95%
dans chaque communauté
part de cadres supérieurs
93%
part de techniciens
83%
part de fonctionnaires
86%
part de manœuvres
5%
part d’ouvriers spécialisés
32%
part d’enfants scolarisés dans le
100%
primaire
population
Musulmans
8 700 000 (dont 52,6% de moins
de 20 ans)
45
14
181
19%
7%
17%
14%
95%
68%
18%
Doc 2 : Un climat tendu
Des faits nous ont été racontés, prouvant l’état d’esprit de la population musulmane. Un instituteur de la région de
Bougie donne à ses élèves un modèle d’écriture : « Je suis français, la France est ma patrie. » Les enfants musulmans
écrivent : « Je suis algérien, l’Algérie est ma patrie. » Un autre instituteur fait un cours sur l’Empire romain. Il parle
des esclaves. « Comme nous », crie une gosse.[…]
Actuellement, la presque totalité de la jeunesse des facultés est acquise aux idées nationales ou, au moins,
autonomistes […]. Les musulmans ayant séjourné en métropole comme soldats ou travailleurs […] font des
comparaisons entre leur situation et celle des Européens, qu’ils jugent privilégiée […].
Rapport du général Tubert, après les massacres de mai 1945.
Doc 3 : L’incompréhension
A la volonté criminelle des quelques hommes doit répondre une répression sans faiblesse car elle est sans injustice.
Les départements d’Algérie font partie de la République, ils sont français depuis longtemps […]. Jamais la France,
jamais aucun parlement, jamais aucun gouvernement ne cédera sur ce principe fondamental. Qu’on n’attende de
nous aucun ménagement à l’égard de la sédition, aucun compromis avec elle. On ne transige pas lorsqu’il s’agit de
défendre la paix intérieure de la nation et l’intégrité de la République. […] Entre l’Algérie et la métropole, il n’y a
pas de sécession convenable. Cela doit être clair pour tout le monde.
Déclaration de Pierre Mendès France, président du Conseil, le 12 novembre 1954 (Mendès France se montrera plus
tard favorable à la négociation et à l’indépendance.)
Doc 4 : L’emploi de la torture
Le 10 février de cette année, Djamila Boupacha (22 ans) fut arrêtée par des gardes mobiles dans un faubourg d’Alger.
Elle fut incarcérée légalement le 15 mars. Entre ces deux dates, il se passe plus d’un mois. […]
Après avoir été torturée et empalée sur une bouteille, elle « avoua » avoir déposé une bombe dans un café (bombe qui
fut désamorcer à temps d’ailleurs), ce qui justifie son procès vendredi. Malheureusement, ayant l’imagination stimulée
par certaines électrodes et certaine baignoire, elle « avoua » en même temps dix autres attentats imaginaires. Durant ce
séjour, elle eut le réconfort d’être confrontée nue et sanglante, avec son père, âgé de 70 ans, et dans le même état. […]
Voilà l’histoire. J’y crois. Malgré tous mes efforts j’ai été obligée d’y croire. J’en parle parce que j’en ai honte. Et que
je ne comprends pas qu’un homme intelligent, qui a le sens de la grandeur et le pouvoir n’ait encore rien fait.
Qu’on ne dise pas qu’il a d’autres chats à fouetter. Le petit capitaine qui piétina Djamila répondit à la protestation du
père : « De Gaulle a interdit la torture » par « De Gaulle n’a rien à faire ici » (je suis polie).
Allons, du moins on ne torture pas en son nom.
Françoise Sagan, L’Express, 16 juin 1960.
Message du général de Gaulle au Parlement, Assemblée nationale et Sénat, 20 mars 1962
"Mesdames, Messieurs les députés,
La politique poursuivie par la République depuis tantôt quatre années au sujet de l'Algérie a été, à mesure de son développement, approuvée par le
Parlement, soit explicitement, soit du fait de la confiance qu'il n'a cessé d'accorder au gouvernement responsable. Le référendum du 8 janvier 1961
a démontré, quant à la direction ainsi tracée, l'accord massif et solennel du pays.
Mais, voici que la proclamation du cessez-le-feu, les mesures fixées pour l'autodétermination des populations, les conditions adoptées quant à la
coopération de l'Algérie et de la France - y compris les garanties assurées à la population de souche française - dans le cas où l'autodétermination
instituerait un État algérien indépendant, marquent une étape décisive de cette politique. L'ensemble des dispositions arrêtées en conclusion des
négociations d'Evian avec les représentants du FLN (1) et des consultations menées auprès d'autres éléments représentatifs algériens se trouve
maintenant formulé dans les déclarations gouvernementales du 19 mars 1962 (2).
Nul ne peut se méprendre sur la vaste portée de cet aboutissement en ce qui concerne, tant la vie nationale de la France, que son oeuvre africaine
et son action internationale. Nul ne peut, non plus, méconnaître les difficultés d'application qui en résultent aujourd'hui et risquent d'en résulter
demain, non seulement quant à la situation d'un grand nombre de personnes et de beaucoup de choses, mais aussi dans le domaine de l'ordre
public et de la sûreté de l'État. Il m'apparaît donc comme nécessaire que la nation elle-même sanctionne une aussi vaste et profonde transformation
et confère au chef de l'État et au Gouvernement les moyens de résoudre, dans les moindres délais des problèmes qui seront posés à mesure de
l'application.
C'est pourquoi, en vertu de l'article 11 de la Constitution j'ai décidé, sur la proposition du Gouvernement, de soumettre au référendum (3) un projet
de loi comportant l'approbation des déclarations gouvernementales du 19 mars 1962 ; autorisant le Président de la République à conclure les actes
qui seront à établir au sujet de la coopération de la France et de l'Algérie si l'autodétermination institue un État algérien indépendant et enfin et
jusqu'à ce que soient, dans cette éventualité, créés en Algérie des pouvoirs publics algériens, attribuant au Président de la République le pouvoir
d'arrêter, par ordonnances ou par décrets pris en conseil des ministres, toutes mesures relatives à l'application de ces mêmes déclarations.
Au moment où semblent s'achever enfin les combats qui se déroulent depuis plus de sept ans et où s'ouvre à la France nouvelle et à l'Algérie
nouvelle, la perspective d'une féconde et généreuse coopération, je suis sûr, mesdames, messieurs les députés, que vous voudrez vous joindre à
moi pour élever le témoignage de notre confiance et de notre espérance vers la patrie et vers la République. "
(1) Front de libération nationale.
(2) Déclaration rendant compte des accords d'Evian (18 mars 1962) qui reconnaissent l'indépendance de l'Algérie.
(3) Le 8 avril 1962 les accords d'Evian seront approuvés par référendum : les Français répondent oui (90,7 % des suffrages exprimés).
Questions :
1. Quelles sont les raisons expliquant le désir d’indépendance des Algériens ?
L’existence d’une société très inégalitaire marquée et ce, de deux manières :
- domination de la société par les Européens qui concentrent les richesses, les postes de
commandement laissant aux Algériens les tâches ouvrières, la pauvreté, les difficultés de
niveau de vie et une faible alphabétisation.
- Richesse disparate avec des salaires et une organisation agricole au profit des Européens
naissance de tensions et volonté d’indépendance de la part des élites nationales ou des personnes
venues à la métropole qui ont pu comparer les différences de niveau de vie et les privilèges accordés
aux Européens.
2. Que proclame et comment va agir le nationalisme algérien ?
Le nationalisme algérien proclame son désir d’indépendance pour plusieurs raisons :
- les deux sociétés vivant parallèlement ne se comprennent pas et vivent en parallèle sans se
mêler
- échec et refus de la politique d’assimilation qui ne réussit pas vraiment et que les élites
algériennes refusent (cf. chapitre 1)
- la charte des Nations Unies et les Etats Unis ont mis en place le droit pour les peuples
d’accéder à l’indépendance sous couvert de l’aide des puissances coloniales qui doivent aider
à la réalisation de l’indépendance.
=> demande de la mise en place d’une constitution, d’un Etat et la garantie de la liberté et de l’égalité
pour tous.
Ils vont agir de plusieurs manières :
- à l’intérieur du territoire algérien en faisant passer leur message politique, par une action
armée contre les intérêts de la métropole
- à l’extérieur en faisant apparaître le problème algérien sur la scène internationale, notamment
dans le cadre de l’ONU et en faisant appel au soutien des deux grands ainsi que des peuples du
Maghreb.
3. Quelle est la réponse de la France face à la demande d’indépendance ?
Alors que la France négocie l’indépendance du Maroc et de la Tunisie, elle va apporter une réponse
ferme de remise en ordre dans le cadre de l’Algérie. Cela vient du fait notamment que l’Algérie
comporte trois départements français => un élément constitutif du territoire français. L’Etat français
refuse toute entente et tout compromis jusqu’en 1959 et les ouvertures faites par le général de Gaulle.
4. Comment s’organise le conflit ? Quelles sont les moyens utilisés de part et d’autre ?
Le FLN utilise plusieurs formes d’action :
- attentats contre la population d'origine européenne
guérilla contre l'armée
- combats ouverts contre le contingent envoyé par la métropole.
Le conflit s’organise avec des bases du FLN (Maroc et Tunisie qui servent de bases arrière) et des
espaces contrôlés par celui-ci desquels partent les offensives du FLN. Le contingent français contrôle
les autres espaces, les villes et met en place des casernes dans les espaces limitrophes des espaces
contrôlés par le FLN.
5. Comment l’Algérie obtient-elle son indépendance ?
La guerre d’Algérie mène à une impasse car la métropole n’arrive pas à rétablir l’ordre comme elle le
souhaiterais. En 1959, le général de Gaulle soutenue par l'opinion métropolitaine proclame le droit à
l'autodétermination pour les Algériens, et enclenche par-là le mécanique de l'indépendance, malgré
l'opposition des Pieds-noirs et d'une partie de l'armée (putsch des généraux en 1961 et attentats de
l'OAS). Après huit années de guerre, l'indépendance est proclamée en 1962. Le bilan est lourd : 200
000 à 300 000 morts, rapatriement de près de 800 000 pieds noirs.
Téléchargement