Chapitre 2 : Décolonisation et conséquences Les cartes p. 78

Chapitre 2 : Décolonisation et conséquences
Les cartes p. 78-79 sont à connaître.
Problématiques :
- Quelles sont les raisons internes et externes aux colonies expliquant le mouvement de
décolonisation ?
- Par quels moyens les peuples dominés ont-ils accédé à l’indépendance ?
- De quelles manières la France a-t-elle fait face à l’émancipation de ses colonies ? (le cas algérien)
- A quelles difficultés les jeunes Etats issus de l’indépendance ont-ils été confrontés ? Comment ont-
ils tenté de peser dans les relations internationales ?
I De nombreux mouvements favorables à la décolonisation :
A Le tournant de la seconde guerre mondiale :
La Seconde guerre mondiale a affaibli les vielles puissances coloniales européennes, comme le
Royaume-Uni et la France. Elles ont perdu leur prestige : la France, la Belgique, les Pays-Bas ont
connu une faite humiliante en 1940, puis l'occupation allemande. En Asie, les Japonais ont appelé
les peuples à s'unir contre les colonisateurs blancs et se sont présentés comme des libérateurs.
Dans l'ensemble, les colonies sont cependant restées fidèles à leur métropole : le Royaume-Uni a pu
compter sur les siennes militairement et économiquement, tandis que l'Empire français se ralliait à de
Gaulle. A la fin de la guerre, les colonies espèrent obtenir une amélioration de leur sort. S’étant battu
contre les idées du nazisme et pour la liberté des peuples d’Europe, les peuples des empire coloniaux
espèrent une amélioration de leur sort et une avancée vers l’autonomie, sinon l’indépendance.
Cependant, tous les pays colonisateurs ne réagissent pas de la même façon :
- l’Angleterre accepte de poursuivre l’émancipation de ses colonies vers le self government =>
politique gradualiste d’accès à l’indépendance et une intégration dans le Commonwealth.
- Les Belges et les Portugais n’envisagèrent pas de modifier leurs politiques dans les colonies
qui ne leur semblaient pas menacées
- Les Pays-Bas mettent en place une sorte de partnership avec les territoires d’Outre-Mer mais
le système reste bien éloigné du Commonwealth anglais.
- La France conçoit son Empire colonial comme un moyen de reprendre son rang dans le monde
après la 2° GM. Les positions françaises vont dans le sens d’un renforcement des liens
unitaires avec la métropole, pour faire face au double défi des menaces de
l’internationalisation de la question coloniale et des contestations internes à l’empire.
B Essor et développement des mouvements nationalistes :
Documents à utiliser : doc 1 B p. 128, doc 2 p. 128, doc 5 p. 129 du manuel Hatier de Terminale S.
Doc. 1 : Déclaration d’indépendance de la République démocratique du Vietnam par Hô Chi
Minh (Hanoi, 2 septembre 1945)
«Tous les hommes naissent égaux. Le Créateur nous a donné des droits inviolables, le droit de
vivre, le droit d'être libres et le droit de réaliser notre bonheur
Cette parole immortelle est tirée de la Déclaration d'Indépendance des États-Unis d'Amérique en
1776. Prise dans un sens plus large, cette phrase signifie : tous les peuples sur la terre sont nés
égaux ; tous les peuples ont le droit de vivre, d'être heureux, d'être libres.
La Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen de la Révolution française de 1791 proclame
également : « Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. »
Ce sont là des vérités indéniables.
Et pourtant, pendant plus de quatre-vingts années, les colonialistes français, abusant de drapeau de
la liberté de l'égalité, de la fraternité, ont violé notre terre et opprimé nos compatriotes. Leurs actes
vont directement à l’encontre des idéaux d'humanité et de justice. […]
Doc 2 : Le nationalisme algérien dans les années 1930
En Algérie comme en France, notre parti était le seul en son genre. Nationaliste et dirigé par des
Algériens arabes et musulmans. Il entendait tenir compte de notre passé historique et de notre
civilisation, qui tire sa substance des principes islamiques, sans verser dans aucun fanatisme.
L’administration aurait voulu, que nous adhérions aux partis politiques français pour mieux nous
fondre dans la société française. Messali Hadj (1898-1974), Mémoires, Jean-Claude Lattès, 1982
Questions :
1. Quelles sont les critiques émises à l’égard du système colonial par ses hommes ?
Les critiques sont nombreuses :
- critique de l’absence de respect des droits inaliénables de l’homme : liberté, égalité
notamment.
- Vol des terres par les colons et oppression envers les colonisés
- Volonté assimilatrice de la part des français conduisant à la perte d’identité des élites
algériennes.
- La différenciation selon des races => inégalité des peuple fondée sur une vision de hiérarchie
raciale.
- Le maintien des communautés indigènes dans l’ignorance et le dénuement afin de pouvoir les
exploiter plus facilement.
- La destruction des cultures indigènes par la volonté d’imposer un enseignement venu de la
métropole ex : nos ancêtres les Gaulois à des hommes du Congo par exemple.
- L’absence de diffusion à l’ensemble de la population des œuvres d’assistance soit les aides de
l’Etat.
- Absence de prise en compte de la nature des indigènes, de leurs problèmes et de leurs cultures.
2. De quels principes réclament-ils l’application ? Que peut-on en déduire de leur éducation ?
Ces mouvements réclament l’application des principes fondamentaux des droits de l’homme,
notamment la liberté et l’égalité prônée dans la DDHC ou la déclaration d’indépendance américaine.
Cela laisse supposer qu’ils ont reçu une éducation occidentale et qu’ils sont imprégnés de culture
européenne, souvent apprise dans les universités des métropoles ou des grandes villes de l’empire :
Gandhi en Afrique du Sud, à Paris pour Hô Chi Minh.
3. Comment appelleriez-vous ces groupes (tentez de donner une définition) ?
Ces groupes sont des mouvements nationalistes cad une organisation politique indigène réclamant
l'indépendance politique d'une colonie qui veut devenir une nation, nés pour la plupart dans
l'entre-deux-guerres
4. Comment voient-ils leur avenir par rapport à la métropole ?
Deux ensembles se distinguent quant à la conception des rapports futurs avec la métropole :
- certains demandent pour leur pays le droit de se gouverner lui-même tout en restant lié à la
métropole : c'est l'autonomie. Ex : Sénégal
Doc 3 : Les revendications des élites africaines :
Résolutions du 2
ème
Congrès de la race noire, tenu à Paris en 1921, auquel participent des intellectuels et des
hommes politiques français, de métropole ou des colonies (Antilles, Sénégal), mais aussi américain, haïtiens ou
jamaïcains, blancs et noirs.
« La race noire demande par l’organe de ces élites :
1) La reconnaissance des hommes civilisés comme hommes civilisés quelle que soit leur race ou leur couleur.
2) La création d’institutions locales dans les pays habités par des collectivités arriérées et adaptées
progressivement au développement des milieux indigènes.
3) L’organisation d’un enseignement obligatoire partout conjug avec la conservation et le respect de l’art
indigène.
4) La liberté de conserver sa religion et ses coutumes de l’art indigène.
5) Le développement intensifié chez les collectivités arriérées des œuvres d’assistance et de prévoyance sociale.
6) La restitution progressive aux Noirs évolués de la terre et de ses fruits naturels.
7) L’institution par des puissances coloniales sous l’égide de la Société des Nations d’un Institut international
chargé de l’étude de tous les problèmes posés par l’évolution et la protection de la race noire.
8) L’institution d’une section au Bureau International du Travail, chargée plus spécialement de la protection et de
la défense des travailleurs indigènes.
- D'autres envisagent une rupture complète : c’est l'indépendance. Ex : En Indochine avec le
Vietnam d’Hô Chi Minh ou l’Algérie.
C Les pressions internationales pour mettre fin à la colonisation :
La colonisation est surtout le fait des anciennes puissances européennes. A la fin de la seconde guerre
mondiale, les deux grands ainsi que l’ONU vont tout faire pour pousser les Etats colonisateurs à
donner leur indépendance à leurs colonies.
1) Les Etats-Unis :
Plusieurs raisons fondamentales et anciennes poussent les Etats-Unis à vouloir mettre fin au
colonialisme :
- les Etats-Unis se considèrent comme une colonie émancipée ayant gagnée son indépendance grâce
à la première guerre de libération.
- Les Etats-Unis n’ont eu que peu d’espaces colonisés qu’ils ont rendu rapidement indépendant car
ces Etats sont considérés plus comme un coût que comme une aide.
- Roosevelt est un partisan de l’anticolonialisme et pousse pour qu’à la fin de la guerre, la question
coloniale soit réglée. => 1943, au Caire, la déclaration américaine sur l’indépendance générale =>
phrase devenant un des articles de la charte de l’ONU : « Toutes les nations possédant un domaine
colonial devront coopérer avec les peuples de ces régions pour les rendre aptes à recevoir le statut
d’indépendance nationale ».
- Mise en œuvre d’un plan américain qui impose l’accession à l’indépendance des Etats entrant dans
les catégories suivantes :
o Les mandats qui existaient précédemment dans la société des nations
o Les territoires qui seraient enlevés à l’ennemi à la suite de la présente guerre (cad les
colonies italiennes et les territoire annexés par le Japon). Dans ce cadre là, on trouve
l’Indochine française.
o Tous les autres territoires qui seraient volontairement confiés à l’administration
internationale
fut perçu par les peuples colonisés comme la reconnaissance des peuples « dépendants » à
disposer d’eux-mêmes.
2) L’URSS :
L'URSS condamne le colonialisme pour des raisons idéologiques : c'est une forme de domination du
système capitaliste, système rejeté par l’URSS communiste. Elle attend aussi de la décolonisation un
affaiblissement du camp occidental et une adhésion des peuples libérés au communisme.
3) L’ONU
:
Doc 3 p. 81 : Quel est le rôle de l’ONU dans l’indépendance des peuples.
L’ONU, dans sa charte de création en 1945, entérine le principe du droit des peuples à obtenir leur
indépendance et à disposer d’eux-mêmes notamment par cette phrase de leur charte : « Toutes les
nations possédant un domaine colonial devront coopérer avec les peuples de ces régions pour les
rendre aptes à recevoir le statut d’indépendance nationale ».
Dominé par les deux grands, l’ONU soutient l’émancipation des peuples dépendants en organisant
l’arrêt des hostilités et les transferts de souveraineté dans les pays souhaitant accéder à l’indépendance.
II Les moyens d’accession à l’indépendance :
Introduction rapide sur les phases de la colonisation : cartes p. 78-79 à connaître :
La décolonisation débute en Asie dès la fin de la seconde Guerre Mondiale. Elle concerne d'abord
l'Empire britannique qui accorde son indépendance à l'Inde en 1947, puis à la Birmanie en 1948.
L'Indonésie s'affranchit de la tutelle des Pays-Bas en 1949. L'Indochine s’émancipe de la France en
1954 et forme 4 Etats : Le Viêt-nam du Nord, le Viêt-nam du Sud, le Laos et le Cambodge (voir carte
5 p. 131). Cette phase de décolonisation a lieu dans le cadre de la poussée communiste en Asie. Au
Proche-Orient, la France renonce en 1945 à ses mandats de la Syrie et de du Liban, tandis que le
Royaume-Uni se retire de la Palestine en 1947.
Une deuxième vague de décolonisation touche l'Afrique du Nord en 1956 avec la Tunisie et le Maroc,
alors qu'en Algérie une guerre d'indépendance a lieu de 1954 à 1962.
L'Afrique noire se décolonise au début des années 60 tandis que l'Afrique australe demeure le dernier
bastion du colonialisme : l'Angola et le Mozambique ne deviennent indépendants qu'à la chute de la
dictature au Portugal en 1974, La Rhodésie du Sud en 1980 en prenant le nom de Zimbabwe
(résistance à l'émancipation organisée par les colons blancs), la Namibie dominée par l'Afrique du Sud
en 1990. Enfin, en 1994, Nelson Mandela, emprisonné depuis 27 ans, accède à la présidence de la
République en Afrique du Sud et met fin à l'apartheid.
Travail de groupe sur une heure : travail sur une des études de cas puis travail sur l’autre à la
maison.
A L’indépendance négociée :
Lorsque la métropole comprend à temps l'inéluctable, l'indépendance est négociée même si la violence
n'est pas toujours absente des négociations. Le Royaume-Uni est ainsi plus disposé que la France à
l'émancipation de ses colonies
Etude de cas : l’Inde
Documents à utiliser : doc 4 p. 119 manuel Hatier TS, doc 1 et 2 p. 132 manuel Hatier TS, doc 3 p. 84
et 4 p. 85.
Doc 1 : La résistance de Gandhi
A La théorie de la désobéissance civile
Le mot Satyâgraha fut créé par moi alors que je me trouvais en Afrique du Sud[…]. Etymologiquement, ce mot
signifie : se retenir à la vérité, d’où Force de Vérité[…]. En pratiquant le Satyâgraha, je m’aperçus rapidement que
la recherche de la vérité n’admettait point qu’on eut recours à la violence contre son adversaire et qu’il fallait arriver
à le tirer de l’erreur par la patience et la sympathie car ce qui semble vérité à l’un peut sembler erreur à l’autre. Dans
le domaine politique, lutter dans l’intérêt du peuple consiste surtout à comprendre l’erreur manifestée sous forme de
lois injustes[…]. Il s’ensuit que le Satyâgraha apparaît d’une façon générale comme une désobéissance civile ou une
résistance civile ; elle est civile en ce sens qu’elle n’est pas criminelle. Le criminel enfreint les lois subrepticement et
tâche de se soustraire au châtiment. Tout autrement agit celui qui résiste civilement. Il se montre toujours
respectueux des lois de l’Etat auquel il appartient, non par crainte des sanctions, mais parce qu’il considère ces lois
nécessaires au bien être de la société. Seulement en certaines circonstances, assez rares, la loi est si injuste qu’obéir
semblerait un déshonneur. Alors, ouvertement et civilement, il viole la loi et subit avec calme la peine encourue pour
une infraction. Article de Gandhi dans la Jeune Inde, novembre 1919.
B …et son application
En mars 1922, Gandhi apparaît en justice pour trois articles jugés séditieux parus dans la Jeune Inde. Condamné à
6 ans de prison, Gandhi sera libéré après deux ans de détention.
La non-violence demande qu’on se soumette volontairement à la peine encourue pour ne pas à avoir à coopérer avec
le mal. Je suis donc ici prêt à me soumettre d’un cœur joyeux au châtiment, le plus sévère qui puisse m’être infligé
pour ce qui est, selon la loi, un crime et qui me paraît, à moi, le premier devoir d’un citoyen.
Déclaration de Gandhi devant ses juges, 18 mars 1922
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