Ann Biol Clin, vol. 70, n◦6, novembre-décembre 2012 667
Résistance aux antibiotiques et infections urinaires en Algérie
de cette étude 1 334 souches différentes colligées entre
décembre 2008 et novembre 2011, isolées chez des patients
externes non hospitalisés, et souffrant pour la plupart
d’IUC. L’uroculture a été interprétée suivant les recom-
mandations de l’Agence franc¸aise de sécurité sanitaire des
produits de santé (Afssaps) à la lumière de la symptoma-
tologie et du contexte clinique [3]. L’antibiogramme a été
réalisé selon la technique de référence de diffusion en milieu
gélosé Mueller-Hinton (Institut Pasteur d’Algérie) selon
les recommandations du CLSI (Clinical laboratory stan-
dards institute). Les souches de références : Escherichia
coli ATCC 25922 et Staphylococcus aureus ATCC 25923
ont été utilisées périodiquement comme contrôle interne de
qualité. L’analyse statistique des résultats a été faite sur le
Whonet 5.4®.
Résultats
Quatre-vingt-cinq pour cent (85 %) des IUC ont été enre-
gistrées chez des patients de sexe féminin, 75 % sont des
adultes. Parmi les 1 334 bactéries isolées, les entérobacté-
ries représentent 85 %, avec prédominance d’Escherichia
coli (60 %) suivi de Klebsiella spp (12 %), et Proteus mira-
bilis (5 %). Les bactéries à Gram positif ne représentent que
11%(tableau 1).
Escherichia coli
Le taux de résistance acquise le plus élevé a été observé avec
l’ampicilline (75 %) et l’association amoxicilline-acide cla-
vulanique (46 %), ainsi que le cotrimoxazole (50 %). Il a
atteint 30 % vis-à-vis de la céfazoline et l’acide nalidixique,
10%àlagentamicine, 18%àlaciprofloxacine et enfin 5 %
vis-à-vis du céfotaxime. Le plus faible taux de résistance a
été obtenu avec l’amikacine et l’imipénème, respectivement
4%et0%(tableau 2).
Klebsiella pneumoniae
Quarante-cinq pour cent (45 %) des souches étaient résis-
tantes à l’association amoxicilline-acide clavulanique, 40 %
au cotrimoxazole et à la céfazoline, 27%àlaciprofloxacine,
et15%àlagentamicine et au céfotaxime.
Proteus mirabilis
Les taux de résistance sont relativement moins élevés avec
60 % à l’ampicilline, 45 % au cotrimoxazole, 30 % à
l’amoxicilline-acide clavulanique,9%àlaciprofloxacine
etenfin5%aucéfotaxime.
Bactéries à Gram positif
Pour Staphylococcus aureus, on a noté une résistance de
l’ordre de 20 % à l’oxacilline, et4%àlagentamicine.
Autres
Pour les Pseudomonas, on a noté 20 % de résistance à
l’imipénème et 44%àlatobramycine. Enfin, il importe de
signaler que 25 % des entérocoques isolés sont résistants à
l’amoxicilline.
Discussion
Notre étude confirme que les femmes sont plus à risque
de développer une infection urinaire en raison de fac-
teurs favorisants spécifiques (urètre court, grossesse...).
E. coli reste l’espèce prédominante comme l’ont démon-
tré de nombreuses études [4-7]. Cette espèce a acquis
des résistances touchant plusieurs classes d’antibiotiques,
particulièrement les bêtalactamines dont l’ampicilline et
l’amoxicilline (75 %) ; ce taux concorde bien avec les
résultats obtenus par le réseau national de surveillance
de la résistance aux antibiotiques (RNSRA) (70 %), mais
reste nettement supérieur à ceux retrouvés au Maroc ou
encore en Tunisie (61 et 65 % respectivement) [4-6], ce qui
nous amène à suggérer d’exclure définitivement le recours
à ces molécules dans le traitement empirique des infec-
tions urinaires chroniques (IUC), notamment dans notre
région.
Le sulfaméthoxazole-triméthoprime, un antibiotique
majeur dans le traitement des IUC, n’est actif que sur la
moitié des souches d’E. coli isolées, ce taux de résistance
reste très significatif par rapport aux taux retrouvés en
France ou encore au Maroc [4, 5]. Cette fréquence de
résistance pourrait être expliquée par un recours excessif à
cet antibiotique dans le traitement des infections digestives
et respiratoires.
En revanche, les céphalosporines de troisième génération
(C3G) restent très actives sur E. coli, avec un pourcentage
de résistance qui concorde avec celui du RNSRA ainsi que
de nombreux pays voisins, ce qui n’est pas le cas des cépha-
losporines de première génération (C1G) 30 % pour E. coli.
Ce taux a atteint 13 % à Ain M’lila dans l’Est algérien et
Tableau 1. Répartition des souches responsables d’infections
urinaires.
Bactérie Nombre (%)
Escherichia coli 786 (60)
Klebsiella spp. 160 (12)
Proteus mirabilis 70 (5,3)
Staphylococcus spp. 102 (7,6)
Pseudomonas aeruginosa 32 (2,4)
Enterococcus faecalis 21 (1,6)
Autres 163 (9,1)
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