ECOFOC Marlyse Diebold, Travail de diplôme 2006
5
1. Contexte et but du travail
Le Val d’Illiez est une vallée verdoyante du Bas-Valais, couverte de grandes forêts et de nombreux
pâturages. Au-dessus de la limite des arbres, sous les pentes abruptes des Dents-du-Midi, la
montagne abrite l’edelweiss et la gentiane, de nos jours emblèmes des fleurs alpines, mais dont les
ancêtres sont venues d’Asie au Tertiaire
1
déjà, tout comme le rhododendron et les armoises, alors
que les narcisses et les campanules sont arrivés du nord de l’Afrique il y a des millénaires.
Depuis quelques années, certaines espèces de plantes exotiques à tendance envahissante, dites
"néophytes", ont fait leur apparition dans la vallée et se développent discrètement, se propageant le
long des routes, dans les jardins, sur les chantiers et les décharges, mais aussi en milieu naturel, au
bord des cours d’eau, en lisière de forêt et dans les prairies.
La présence actuelle de ces plantes envahissantes dans le Val d’Illiez ne semble de loin pas aussi
préoccupante que dans certaines régions de plaine, quoique la phase de colonisation soit atteinte en
quelques endroits pour plusieurs espèces. Il convient toutefois d’empêcher une phase
d’envahissement en ne sous-estimant pas leur impact environnemental, économique et sanitaire
dans une vallée connaissant un phénomène de rurbanisation
2
et de développement touristique
croissants.
Ce travail de diplôme se propose d'évaluer l'importance de la présence actuelle des plantes
néophytes envahissantes dans le Val d'Illiez, et de fournir quelques pistes quant à son évolution
potentielle, plus particulièrement dans la commune de Val-d'Illiez.
1.1. Présentation générale des néophytes
Berce du Caucase, Renouée du Japon, Verge d’or du Canada… Ces noms botaniques mystérieux
nous font rêver de contrées lointaines. Pourtant ces plantes exotiques assez mal connues, souvent
très belles ou spectaculaires, poussent en Europe. Nous en rencontrons dans les parcs et les jardins,
mais aussi de plus en plus fréquemment en liberté, dans les milieux les plus divers.
Des milliers d'espèces de plantes du monde entier sont arrivées en Europe au cours des siècles, par
elles-mêmes ou grâce au vent, à l’eau et aux animaux, mais surtout en profitant de l’activité des
hommes pour franchir les vastes plaines et les déserts, les montagnes les plus hautes, les mers et les
océans.
Les plus vieilles espèces, dites archéophytes, ont accompagné les hommes des temps anciens dans
leurs lentes migrations.
Puis, dès 1500, époque des grandes découvertes, les bateaux des explorateurs, et les navires
marchands ou de guerre, ont exporté mais aussi ramené en Europe les marchandises les plus
diverses du monde entier. Parmi elles, des espèces végétales embarquées volontairement pour leur
rareté, leur beauté ou leur utilité, mais également beaucoup de graines clandestines, accrochées aux
toisons de moutons ou aux balles de coton, cachées parmi les céréales, collées aux chaussures des
marins ou sur le bois des navires.
Les botanistes, souvent séduits par des plantes lors de leurs expéditions lointaines, en ont également
ramenées dans les jardins botaniques européens. On leur doit, entre autres, l’introduction en Suisse il
y a 200 ans déjà de la berce du Caucase, une plante herbacée pouvant atteindre 4m de haut.
De nos jours, les graines de plantes continuent à voyager en utilisant aussi les moyens de transport
modernes et rapides (trains, autos, camions, voire l'avion), avec l'aide de l'homme ou à son insu.
Environ 12'000 espèces végétales du monde entier, venant souvent d’autres continents, sont arrivées
en Europe ces 500 dernières années.
Poussant dans des milieux ne correspondant pas à leur aire de répartition naturelle, ces nouvelles
plantes européennes ont été appelées néophytes par les botanistes, par opposition aux archéophytes,
arrivées en Europe avant 1500.
1
Tertiaire :époque ou ère géologique qui a commencé il y a 60 millions d’années et s’est achevée il y
a environ 1 million d’années, avec le début du Quaternaire.
2
La rurbanisation désigne le processus de retour des citadins dans les espaces qualifiés de ruraux à
partir de la fin des années 60 et le début des années 70