passer dans les classes terminales des élèves qui, naguère, auraient été de médiocres redoublants de première : dans les collèges 'et lycées, souvent, les professeurs, bons bougres, ont laissé passer en terminales des éléments très faibles en se disant qu'on verrait bien au bac ! Des sections étanches La plupart des candidats médiocres viennent des. établissements privés, surtout des c boîtes à bac », auxquelles cette année exceptionnelle a permis de recevoir, dans leurs classes terminales, une quantité inespérée de cancres. C'est facile à comprendre: à ce mono-bac, ce bac unique, ce bac des bacs qui risque d'être la fin du bac, se présentent 220.000 candidats. Il y a 30 % de candidats de plus qu'en 1965. Bond énorme que la démographie seule n'explique pas. De 1964 à 1965, il y a eu 14,9 % de candidats en plus. De 1963 à 1964, 13,5 %. Cette année, il y a 24 % de candidats de plus venant de l'enseignement public. Et 90 % de plus venant de l'enseignement privé. A Paris, il y a 143,8 % de candidats privés » de plus qu'en 1965. A Nice, 198,8 %. Sentant venir le désastre, mais un peu tard, M. Fouchet, ubuesquement, a tranché dans les programmes au tout dernier moment — sept jours avant les premières épreuves écrites. En histoire, les candidats n'auront pas à s'occuper des fondements des civilisations ». En géographie, les philosophes ont été délivrés des c fondements techniques de la vie économique ». Les matheux ont été autorisés à abandonner les voies fluviales » et « les routes océaniques ». En sciences naturelles, plus personne n'a à connaître de « la reproduction sexuée ». Et, pour la première fois dans l'histoire du bac, on pourra, dans certains cas, devenir bachelier sans subir une épreuve de français. Compte tenu de toutes les « matières à option », on constate que, pour faire passer ce bac moderne et « simplifié » il faudrait 72 types de jurys différents. Le ministre compte beaucoup sur la décentralisation pour éviter, entre autres farces, qu'on vende à la criée les sujets sur la Canebière. Les sujets ont été choisis, imprimés et distribués par les académies. Là aussi, M. Fouchet a pris ses précautions : c Dans une organisation aussi impor- tante, une défaillance humaine ne peut jamais être exclue. » Il a pré,cisé en son français limpide : « La régionalisation du baccalauréat est une mesure du même ordre que la construction de sections étanches à LE DOCTEUR CHAO HAO-LI ET SON ÉQUIPE DE CHERCHEURS Un millier de cadavres pour un gramme Une hormone pour grandir U n savant d'origine chinoise, le docteur Chao Hao-li, vient de percer le mystère qui entourait le phénomène de la croissance de l'homme. Professeur de biochimie et d'endocrinologie expérimentale à l'université de Californie, le docteur Li a pu décrire avec précision la structure chimique de l'hormone qui contrôle la croissance. Il y a quelques années, le docteur Li s'était déjà rendu célèbre en identifiant les cinq hormones que produit une petite glande endocrine située à la base du cerveau : l'hypophise. L'hormone de la croissance bord des bateaux pour empêcher une voie d'eau quelconque de mener à la catastrophe. -» Une passoire En plus de tous les problèmes habituels, le bac 66 pose lumineusement celui des boîtes à bachot : la loi de 1850 — qui permet à n'importe qui d'ouvrir un établissement secondaire, plus facilement qu'un •garage — est parfaitement anachronique. Mais sur ce point précis •encore, M. Fouchet a biaisé : la question sera mise à'l'étude... La vérité, c'est que M. Fouchet est revenu sur ses positions — d'où • humaine (HGH) est précisément l'une des cinq hormones qui valurent au savant de se voir décerner, en 1956, le prix Albert-Lasker, que l'on appelle le - petit Nobel de Médecine ». L'hormone de croissance joue évidemment un rôle considérable clans les phénomènes anormaux tels que le nanisme, le gigantisme ou l'a cromégalie. Mais l'hormone HGH agit également sur la production de certains anticorps et peut renforcer l'action de certaines hormones sexuelles. Les premiers essais de l'HGH eu- ses déclarations embarrassées et contradictoires. Malgré l'opposition de plusieurs ministres, qui voulaient faire du baç un certificat de fin d'études, M. Fouchet avait défendu le bac traditionnel — le bac « permis de conduire vers toutes les facultés. Aujourd'hui, il déclare : e Ou bien le bac va servir de filtre, c'està-dire ne laisser passer que ceux qui le méritent véritablement et qui ont une chance de pouvoir entrer dans l'enseignement supérieur... Ou bien il ne sera qu'une passoire et je serai le premier à demander sa suppression et son remplacement par un Certificat d'études secondaires délivré par le proviseur ou par les directrices en rent lieu en 1958. Les résultats du traitement de neuf cas particulièrement spectaculaires viennent d'être publiés. On a vu ainsi la taille d'un nain augmenter de 35 centimètres après l'administration quotidienne d'hormone hypophisaire pendant quatre ans. Pour étudier la structure chimique de l'HGH, il a fallu prélever les hypophises nécessaires sur un millier de cadavres. Le docteur Li a pu ainsi disposer d'un gramme de produit, ce qui représente la dose nécessaire pour soigner un malade durant une semaine. Mais il sera bientôt possible de synthétiser l'HGH dans les labora• toires. MARC GILBERT conseil de classe. Et il faudra alors un- examen pour entrer dans Penseignement supérieur : ce sera inévitable. » Après ce bac 1966, encore plus confusément organisé que celui des années précédentes, M. Fouchet ris, que d'être forcé de prendre, dans le désordre, des décisions qui auraient pu être mises au point à froid et progressivement. Peut-être sera-ce son successeur qui les prendra. Le général de Gaulle, fort mécontent de la réforme de l'enseignement, se pose, dit-on, des questions, et peut-être est-ce M. Fouchet qui est en train de passer — mal — son examen. PATRICK LORIOT - Le Nouvel Observateur Page 21