Culture, le magazine culturel en ligne de l'Université de Liège
© Université de Liège - http://culture.ulg.ac.be/ - 19/04/2017
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à Alexandrie son lustre culturel. En près de neuf cents pages, la primo-romancière fait revivre la plus
prestigieuse des trente-deux villes bâties par le fils de Philippe, Alexandre le Grand, un roi macédonien «qui
parlait grec» mais qui, mourant jeune, ne la verra jamais construite. Grâce à sa bibliothèque, son musée et
son phare, mais aussi à ses palais et jardins, la cité va rayonner pendant plusieurs siècles sur cette partie
du monde. Tout en étant interdite aux Egyptiens par ordonnance royale, sauf «à s'acquitter d'une taxe
exorbitante». «Alexandrie était grecque et se méfiait de la caste innombrable et laborieuse qui assurait la
production des richesses qui faisaient son quotidien», peut-on lire.
Marie Celentin fait revivre la capitale
hellène en multipliant les personnages dont nous suivons les chemins pendant une vingtaine d'années.
Certains sont issus de la famille royale - dont Arsinoé, la sœur de Ptolémée II, prête à tout pour abattre
Arsinoé I, l'épouse royale -, de son entourage ou de l'administration publique - notamment les directeurs
successifs de la Bibliothèque, Zénodote puis Apollonios (et son esclave égyptien Nathanyah). D'autres
sont des Alexandrins - comme l'armurier Démétrios qui, à la demande de son beau-père, le banquier
Peisiclès, enquête sur le meurtre d'un couple de Thessaliens et de leur fils quatre ans plus tard - ou vivent
à Philadelphie, une ville située plus au sud - tel Zénon de Caunos, intendant du domaine du ministre
des Finances. On croise aussi Ogulnius, Gurgès et son fils Titus, des Romains venus y installer une
ambassade, Rome n'ayant pas encore l'importance qu'elle acquerra plus tard. Et chaque partie se referme
sur le récit de l'un de ses protagonistes, à l'instar des chants lyriques propre à la tragédie grecque dont
l'auteure a voulu conserver le schéma traditionnel.
Sous les dehors d'une fresque historique, Dans le bleu de ses silences est d'abord un roman intimiste. Il n'y
a ici ni scène de foule ou de guerre, ni envolées lyriques ou souffle épique, mais plutôt une volonté, chez