Infos de Serre - Août 2002 - N° 4 - p1
Le bulletin d’information sur le réchauffement climatique
Infos De Serre
Si “nous voulons continuer à vivre
comme nous vivons, il faudrait très
rapidement que nous ayons à côté une
deuxième planète sur laquelle on irait chercher ce que nous ne trouverions plus sur la nôtre,
hypothèse d'école, vous l'imaginez ! Et par conséquent, nous devons aujourd'hui réagir. "
Difficile d'imaginer contradiction plus flagrante qu'entre cet extrait du discours de Jacques
Chirac le 14 juillet dernier et l'accord donné cinq jours plus tard par le gouvernement à la
proposition d’ "engagement-cadre de réduction des émissions de gaz à effet de serre "
présentée par le MEDEF, l'AFEP et Entreprises pour l’environnement (EPE).
Ce projet, déjà proposé mi-mars mais refusé à l’époque par le gouvernement en place, vise
à établir un système expérimental de permis volontaires d’émissions de gaz à effet de serre.
Nos grandes entreprises veulent se garder le droit de faire ce qu’elles veulent en matière de
pollution, et surtout contraindre les pouvoirs publics à abandonner tout projet de taxation
de l’énergie. Cet engagement ne constitue qu’un affichage incapable de répondre au défi
climatique ; en effet :
- Il ne comporte aucun objectif chiffré : des négociations ultérieures entre les entreprises
devront déterminer le niveau global des engagements. MEDEF, AFEP et EPE ne cachent pas
qu’ils veulent renégocier à la baisse les réductions d’émissions industrielles prévues par le
Programme Nationnal de Lutte contre les Changements Climatiques (PNLCC) (1) ;
- Rien n'est dit sur le niveau des sanctions financières en cas de non-respect des
engagements ; et il est prévu que les mauvais élèves puissent se soustraire à tout effort s’ils
payent ces amendes !
- Les industriels français se donnent le droit de réviser leurs engagements en cas de
"changement significatif des circonstances économiques", de " modification des données de
production " ou encore de “changement du cadre juridique”, façon de lier les mains du
gouvernement ;
- Ils pourront choisir entre des permis en valeur absolue (objectif global, quelle que soit la
production) ou en valeur spécifique (une tonne d'équivalent CO2 par tonne d'acier produit
ou par kWh, par exemple). Cette dernière possibilité, celle choisie outre-atlantique par le
laxiste W. Bush, constitue une incitation à augmenter la production des biens polluants pour
recevoir davantage de permis ;
- Les entreprises pourraient prendre en compte des réductions d’émissions situées hors de
leur périmètre d’activité, par exemple si leurs salariés choisissent les transports en commun
plutôt que la voiture pour se rendre au travail ; une manière d’éviter de s’attaquer aux
processus industriels ;
- Elles pourront atteindre leurs objectifs en achetant des permis sur le marché prévu dans
les mécanismes de flexibilité du Protocole de Kyoto, ce qui est contraire aux dispositions du
projet de Directive européenne sur les permis. Autoriser les entreprises européennes à
couvrir leurs obligations de cette manière reviendrait ni plus ni moins à abandonner toute
volonté de réduire les émissions en Europe (cf. "les économistes et le changement
climatique", p. 4).
En 1986, la Droite revenue aux affaires avait brutalement mis un terme aux efforts impulsés
par l'Agence française pour la maîtrise de l'énergie et elle avait géré la crise de Tchernobyl
avec l'opacité que l'on sait. Est-ce vraiment la voie que veut suivre le gouvernement actuel?
C'est en tout cas ce qui se profile s'il continue à confondre dialogue et soumission aux
intérêts particuliers. Philippe Quirion
1. Le Programme National de Lutte contre le Changement Climatique (PNLCC), adopté en janvier 2000, prévoit
que l'industrie française réduise ses émissions de 28 millions de tonnes de carbone en 2010 par rapport à 1990,
en particulier par le biais d’une écotaxe.
Edito
n°4
Août 2002
Sommaire :
Edito
Point de vue : Jean
Sivardière, transport
et climat
Recherche -
Science :
- Sondage IFEN, le
comportement
individuel des
Français et la
pollution
- Les scarabées en
profitent
- Le réchauffement
favoriserait la
propagation de
maladies
Technologie :
- Mitsubishi lorgne
sur les déchets de
CO2
International :
-Stockage de CO2
dans les fonds marins
- Sommet de la Terre
Négociations :
- Ratification, où en
est-on ?
Monde:
- Etats-Unis, fédérés
contre fédéral
Economie :
-Les économistes et
le climat
Agenda
Attention:
prochain numéro,
spécial
Johannesburg
Le gouvernement a-t-il trouvé une
deuxième planète ?
p
h
o
t
o
C
.
N
o
i
s
e
tt
e
Par Jean Sivardière, président de la
Fédération Nationale des Associations
d’Usagers des Transports
Les transports en France : une réelle
menace pour le climat ,
En 1997, le secteur des transports représentait
27% des émissions de gaz à effet de serre en France et
depuis, celles-ci ne cessent d’augmenter. Dans de
nombreuses villes européennes, la circulation
automobile est deux fois moins dense que dans les
villes françaises. La répartition du trafic transalpin de
fret entre le rail et la route n'est pas la même entre la
Suisse et l'Italie (4/5 rail, 1/5 route) qu'entre la France
et l'Italie (1/4 rail, 3/4 route). De plus en plus de
voitures circulent en agglomération et sur les grands
axes interurbains et, paradoxalement, les camions
effectuent de plus en plus de parcours à longue
distance et les avions de parcours de proximité.
L’actualité des transports (tunnel du Mont Blanc,
troisième aéroport…) rend bien compte de l’enjeu de
ce secteur et de sa place fondamentale pour notre
planète.
La priorité est de transférer le trafic sur des
modes moins polluants et de réduire les besoins de
déplacement : outils fiscaux, urbanistiques et
techniques sont disponibles et attendent depuis
longtemps d'être utilisés.
Mitsubishi lorgne sur les déchets de CO2
Mitsubishi Heavy Industries Ltd. est sur le
point de construire une usine permettant de récupérer
et de recycler le dioxyde de carbone issu des déchets
gazeux émis par les producteurs d’énergie ou d’autres
infrastructures émettrices de CO2. La technologie
développée par Mitsubishi et Kansai Electric Power
serait capable de convertir 2000 tonnes de CO2 par
jour. Mitsubishi espère vendre prochainement deux de
ces usines au Moyen-Orient.
La reconversion du CO2 peut servir entre autres à la
production d’urée et de méthanol. L’une des deux
usines que Mitsubishi espère vendre servira même à la
production de pétrole brut ! Il serait judicieux
d’obtenir des informations sur un certain nombre
d’inconnues, notamment le bilan énergétique de telles
usines. Il est bien sûr nécessaire de produire de
l’énergie pour les faire fonctionner, ce qui implique
d’autres rejets de CO2. De même, si le processus
s’accompagne d’émissions de méthane ou de
protoxyde d’azote (autres gaz à effet de serre puissant),
le processus de recyclage n’est plus si avantageux pour
le climat. Surtout, les utilisations mises en avant par
Mitsubishi sont bien incapables d'absorber plus
qu'une fraction minime des émissions actuelles de
CO2. Aussi, nul doute que les promoteurs de ces
techniques ont en tête la séquestration physique du
CO2, en particulier dans les océans, avec les risques
que l'on connaît (cf “stockage de CO2”, plus loin)
Pour avoir plus d’infos: Friends of the Earth JAPAN : [email protected]
France : les comportements individuels des
français vis-à-vis de la pollution.
Les résultats d’une enquête concernant les pratiques et les
représentations sociales des Français sur l’environnement
ont été publiés dans la lettre mensuelle de L’Institut Français
de l’Environnement (IFEN) début juillet. Ils montrent que,
parmi les différentes thématiques environnementales, les
Français sont préoccupés en priorité par la pollution de l’air
et de l'atmosphère (37%). Pourtant, seuls 8% d’entre eux
considèrent que leurs actions individuelles peuvent avoir un
effet sur cette pollution, la majorité estimant que c’est à l’Etat
de mener des actions. La grande majorité sous-estime donc
hélas le poids que les citoyens peuvent avoir dans la réussite
des politiques publiques sur le climat.
Les données de l’environnement n°74-mai-juin 2002, www.ifen.fr
Les scarabées profitent du réchauffement
Des experts responsables de la surveillance de la presqu'île
touristique de Kenai en Alaska évaluent à 38 millions le
nombre d'arbres à feuilles persistantes morts à la suite d'une
infestation massive d'une espèce de scarabée friande de ce
type d'écorce. Une des hypothèses explicatives de cette
invasion parasitaire est qu'il existe un lien direct avec le
réchauffement de la planète (traduit notamment par une
série d'étés exceptionnellement chauds). Les températures
élevées auraient permis aux scarabées d'accomplir leur cycle
biologique habituel de deux ans en une seule année. Et le
système immunitaire des arbres n’aurait pas pu faire face.
Toutefois, le débat sur l’orgine de ce phénomène reste ouvert.
http://www.nytimes.com/2002/06/25/science/earth/25SPRU.html
Le changement climatique favoriserait la
propagation des maladies
Un groupe de scientifiques vient de publier un rapport sur
l'évolution de plusieurs dizaines de maladies humaines et
animales dans le contexte du réchauffement global de la
planète. Un article du numéro de juin de la revue Science
présente le résultat des recherches du Département
d’écologie de l’Université de Princeton, de l'Institute of
Ecosystem Studies de Millbrook et de l’Université de Cornell.
Cet article affirme que certaines maladies se propagent plus
rapidement avec une hausse de la température, notamment
la fièvre de la Rift Valley. Ce rapport n'est bien sûr pas le
premier à soulever ce risque, longuement traité dans le 3e
rapport du Groupe intergouvernemental pour l'étude des
climats, Climate change 2001: Impacts, adaptation and
vulnerability, cf. http://www.ipcc.ch et en particulier
http://www.grida.no/climate/ipcc_tar/wg2/358.htm
Voir l’article sur www.sciencemag.org
Infos de Serre - Août 2003 - N° 4 - p2
Recherche-Science
Point de vue
Technologie
Stockage de CO2 dans les fonds marins
L'Institut norvégien de recherche sur l'eau (NIVA) a
prévu d’injecter fin juillet, à titre expérimental, cinq
tonnes de CO2 liquéfié dans la mer à 110 km au large de
Kristiansund (ville côtière de Norvège). Le but de cette
opération est d’étudier l’impact de cette infiltration,
censée être pérenne dans des eaux très profondes. Avec,
à terme, l’idée de se débarrasser du CO2 émis par nos
sociétés dans des "poubelles" de ce genre. Greenpeace a
exprimé son opposition à ce projet et compte être
présent sur les lieux au moment propice.
Le projet initial portait sur une quantité plus
importante (60 tonnes de CO2) et devait se
situer au large d’Hawaï. Mais les groupes de
défense de l’environnement de l’île ont fait
capoter le projet, mettant en lumière les
risques d’acidification des fonds marins
(lire Nature n°401, p.315, 1999). Ces
recherches sur la séquestration du CO2 ont
été initiées en 1997 par le Japon, les Etats-
Unis et la Norvège. Force est de constater
que, outre les risques environnementaux
qu’elle sous-tend et son manque de
rentabilité économique, cette idée de stocker le CO2 et
de le transmettre aux générations futures n'est qu’une
fuite en avant qui laisse un goût amer. Elle détourne de
l’attention sur la nécessité de réduire avant tout les
émissions et encourage la poursuite de l’utilisation des
combustibles fossiles. Par ailleurs, la Norvège viole de
ce fait des accords internationaux car nul ne peut
garantir l’absence d’impacts de ces rejets .
Dans le dernier numéro de La Recherche, dédié à la
mer, Paul Tregeur, directeur de l’Institut universitaire
européen de la mer à Brest, explique que "certains
modèles [de stockage massif de CO2 dans les fonds
marins] prévoient un abaissement du pH océanique
global" et cette acidification peut avoir des
conséquences lourdes au niveau des grands fonds.
D’aucuns répondront que l’utilité de ce projet est
justement d’étudier ses conséquences. Or, le passé nous
a souvent montré que nos œuvres dépassent nos
attentes. L’océan a beau être un réservoir naturel de
CO2, une injection locale et massive dans des couches
superficielles modifiera l’équilibre actuel et pourra
conduire à un relargage rapide du CO2. Certains
préconisent alors d’enfouir le CO2 plus profondément
(entre 1500 et 3000 mètres) pour que ce déséquilibre
n’intervienne pas avant quelques centaines d’années.
Pour en savoir plus sur les principales mesures
palliatives proposées pour refroidir la planète sans
réduire les émissions de gaz à effet de serre, des plus
délirantes aux plus effrayantes, cf. Ben Matthews,
Climate Engineering, disponible sur
http://www.chooseclimate.org/cleng/mf.html
Sommet de la Terre : préparatifs
L’idée d’un échec au Sommet de Johannesburg a
dominé la réunion préparatoire des Nations Unies au
cours de laquelle les délégations de 25 pays ont essayé
de construire un agenda pour les gouvernements. Alors
que les pays européens soutiennent des objectifs clairs
pour limiter l’impact du développement sur
l’environnement (notamment le
climat), les Etats-Unis résistent. Ces
derniers préfèrent une formule
imprécise qui leur permettra
d’échapper encore aux standards
environnementaux
internationaux(mais les USA ne sont
pas seuls en cause).
La mise en application du
Protocole de Kyoto doit néanmoins
être abordée lors du Sommet de la
Terre. Ce sera l’occasion d’évaluer l’avancement des
différents pays signataires. Le Dr. R. K. Pachauri,
Président du Groupe d’experts Intergouvernemental
sur l’Évolution du Climat (GIEC), reste pessimiste sur
les résultats possibles : il estime que le sommet se
focalisera davantage sur des sujets comme la pauvreté
ou l’éducation, sans faire de liens directs avec
l’environnement.
De leur côté, les ONG et associations françaises se
préparent pour ce sommet et les évènements parallèles
ne manqueront pas d’avoir lieu. Certaines d’entres elles
(dont le RAC-F) ont participé à l’élaboration du Livre
Blanc du gouvernement qui servira de support pour la
France à l’occasion de ce sommet. Ce document
contient la philosophie française du développement
durable mais hélas ne satisfait pas globalement les
ONG : Le groupe "energie" par exemple critique
fermement "l’oubli" d’envisager des politiques
energétiques durables pour la France. Trop de fois, le
développement durable semble servir de prétexte pour
un développement économique sans que les autres
piliers (environnement et social) ne soient
suffisamment pris en compte. Cet aspect est celui qui
transparaît de manière générale dans toutes les craintes
relatives à la réussite du Sommet.
International
"la seule véritable solution
est de remplacer les
énergies fossiles avec des
énergies non-polluantes
combinées à une baisse de
la consommation
énergétique", Truls
Gulowsen, Greenpeace
Norvège.
Ratification, où en est-on ?
En date du 22 juillet, il y avait 76 Parties au Protocole de Kyoto, parmi lesquelles 23 de l’Annexe 1, comptabilisant
ensemble 36,13% des émissions de 1990. Les derniers pays à avoir rejoint les signataires sont la Bulgarie (mi-
juillet) et dernièrement, le Brésil. Le gouvernement Polonais souhaite ratifier avant août. De façon générale, une
vague de ratifications devrait avoir lieu juste avant le Sommet (incluant peut-être la Corée et l’Inde). Avec les
élections prochaines en Nouvelle Zélande, la ratification initialement prévue pour août a été reportée mais ne
devrait pas être remise en cause. Le Premier Ministre australien a, quant à lui, profité de l’imminence du Sommet
pour annoncer que son pays ne ratifierait pas, s'alignant sur la position de l'Administration Bush. Une étude
récente de l’association Environment Business Australia conclut pourtant que le retrait australien risque
d’entraîner de lourdes pertes économiques pour le pays. L’Australie et les Etats-Unis ont annoncé conjointement
le lancement d’un programme de recherche et développement sur les stratégies de réduction des émissions et du
dialogue commercial appelé Climate-Action, qui renforce le fossé entre ces deux pays et le reste du monde.
En savoir plus sur : www.cen.org
Négociations
Infos de Serre - Août 2002 - N° 4- p3
Etats-Unis : les fédérés face au fédéral
La Maison Blanche a indiqué qu’elle aurait besoin
de cinq ans pour finaliser ses recherches sur les effets
du changement climatique et parachever une
stratégie de son cru. Pourtant, tel ne semble pas être
la volonté d’un certain nombre d’Etats du pays qui
continuent à prendre des initiatives pour limiter les
changements climatiques.
Le 1er juillet, la Californie a voté sa loi appelée AB
1493 exigeant des constructeurs automobiles une
limitation des émissions de CO2 des voitures neuves.
La loi laisse une certaine souplesse aux constructeurs
pour se conformer à ces nouveaux objectifs : elle
n’impose aucune restriction sur la vitesse, la taille ou
le confort des véhicules. Elle compte sur les
technologies déjà disponibles qui permettent à
confort équivalent des émissions moindres et incite
les constructeurs à innover dans ce domaine. Cette loi
représente une victoire importante. Pourtant, trois
quart des Californiens pensent que leur Etat devrait
faire encore davantage pour lutter contre le
changement climatique !
Comme un écho à cette victoire, les procureurs
généraux de onze Etats des USA ont écrit une lettre au
président Bush pour dénoncer l’insuffisance du plan
de son Administration en matière de changement
climatique. Selon eux, ce plan ne répond en aucune
manière au rapport alarmant qui a été publié
récemment par la " bureaucratie " américaine (voir
Infos de Serre n°3). Ce plan se traduira par une
augmentation des émissions (de 13% selon le
National Wildlife Federation :
http://www.nwf.org/climate). Alors que les Etats
fédérés, rappellent-ils, essaient isolément de faire
passer des mesures, une approche fédérale efficace de
réduction des émissions serait plus apte à défendre
les intérêts du pays sur le long terme.
Selon une enquête récente, 78% des électeurs
américains souhaitent que leur gouvernement impose
aux industriels des réductions d'émissions de gaz à
effet de serre. Ils rejettent donc en majorité le système
purement volontaire choisi par le gouvernement
Bush.
Les économistes et le changement
climatique
Le deuxième Congrès mondial des économistes de
l'environnement s'est tenu du 24 au 27 juin 2002 à
Monterey (Californie). Organisé tous les quatre ans,
ce congrès permet de faire le point dans ce secteur de
recherche. Le changement climatique occupe une
place de choix, avec environ 10% des 736
contributions. Une seule concernait le nucléaire (en
prônant son développement). Est-il besoin de
préciser que ses auteurs étaient français ?
De manière moins anecdotique (sessions 1A, 3A, 9G),
les modèles convergent pour conclure qu'avec la
défection des Etats-Unis et les échappatoires
négociées à Bonn et Marrakech, les objectifs du
Protocole de Kyoto peuvent être facilement atteints
sans aucune réduction d'émissions réelle : les
engagements chiffrés en Europe, Japon, Canada et
Australie peuvent être remplis par le "hot air" –
permis excédentaires dont disposent les pays en
économie de transition (tels que la Russie et
l'Ukraine) et qu’ils peuvent vendre à ceux qui
préfèrent payer plutôt qu’agir. Kyoto n'aura donc
aucun sens si ces pays ne limitent pas leurs ventes. Ils
y ont d'ailleurs intérêt, à la fois pour faire monter le
prix des permis et pour les garder en réserve pour la
seconde période d'engagement (après 2012). La balle
est aussi dans le camp des pays potentiellement
acheteurs de ces permis : vont-ils contraindre leurs
entreprises à réduire leurs émissions sur leur
territoire, ou ces dernières pourront-elles échapper à
leurs obligations en achetant ce " hot air " ? C'est
l'enjeu principal des négociations à venir pour
soumettre les entreprises européennes à des quotas
de gaz à effet de serre (dans quel cadre ? européen
et/ou international ?) . D'autant que les effets négatifs
d'une telle limitation sur le profit des secteurs
intensifs en énergie apparaissent très limités, même
si les quotas sont vendus aux enchères, et donc faciles
à compenser (1A, 16B).
On note également un rebond du débat théorique
sur le double dividende avec trois contributions
favorables à cette thèse, selon laquelle une écotaxe
combinée à une baisse des prélèvements sur le travail
favoriserait l'emploi (9E). Malheureusement, à une
exception près, la session sur les " puits de carbone "
(absorption du carbone par la biomasse) était trustée
par les partisans de ces échappatoires (10B). Quant
aux réflexions d'ensemble sur le rôle de l'économie
capitaliste dans la crise écologique, circulez, y'a rien à
voir!
1.Les contributions sont disponibles sur
http://weber.ucsd.edu/~carsonvs/, rubrique "program".
2. http://www.climnet.org/EUenergy/ET.html.
Agenda
"Le Monde Change" sur RFI, animée par Patrick
CHOMPRE
Lundi 26 août et Mardi 27 août 2002
-----------
"Quel temps ferons nous pour nos petits enfants ?"
Le Vendredi 30 août 2002, de 8h45 à 10h45, université d'été du
MEDEF, Campus de HEC. L'accès est libre et gratuit ;
renseignements au 01 46 21 80 87.
-----------
“Sommet Mondial du Développement Durable”
Du 24 aout au 4 septembre, Johannesburg
Notre prochain numéro d’IDS est consacré au SMDD
-----------
Informez vous, informez nous!
Le RAC-F a créé une liste de diffusion, sur laquelle vous pourrez
envoyer et recevoir des informations climatiques diverses.
Pour vous abonner :
ou sur le site du RAC-F (www.rac-f.org).
“Infos de Serre”
“Infos de Serre” , bulletin d’information du RAC-F
, bulletin d’information du RAC-F
Responsable du journal : Philippe Quirion
Responsable de la rédaction: Sabine Rabourdin
Abonnement :[email protected]
RAC-F , 2B Jules Ferry - 93100 Montreuil :
Tel : 01 48 58 83 92 / Fax : 01 48 51 95 12
Mel : [email protected] / Web : http://www.rac-f.org
Monde
Infos de Serre - Août 2002 - N°4 - p4
Economie
1 / 4 100%