C. Destais LES GRANDS DOSSIERS ÉCONOMIQUES DU G20
Pallier ces défi ciences et insuffi sances par une réforme d’en-
semble de la régulation fi nancière est un chantier très diffi cile :
1) l’incertitude et la complexité sont inhérentes à la fi nance ;
2) les échelons de régulation avant la crise étaient très nombreux,
cloisonnés entre différents niveaux d’administration (subfédéral,
État, organisations internationales) et entre différents types d’acti-
vités (assurances, marchés fi nanciers et banques) ; 3) les traditions
juridiques diffèrent entre l’Europe continentale, le Royaume-Uni
et les États-Unis ; 4) les groupes de pression dans ce secteur sont
particulièrement puissants. Enfi n, les solutions à apporter restent
pour une grande part à inventer. Elles sont nécessairement com-
plexes à défi nir (par exemple, imaginer des mécanismes de ges-
tion des faillites d’institutions transfrontières), mettre en œuvre
(par exemple, imposer des solutions à des territoires qui tirent des
ressources du fait qu’ils ne coopèrent pas avec les autorités fi sca-
les ou régulatrices des grands pays) et à contrôler (par exemple,
les rémunérations effectives perçues dans le secteur fi nancier). Ce
processus de tâtonnement, s’il est diffi cile à faire comprendre aux
opinions publiques, est sans doute inévitable.
Par ailleurs, la crise – dans sa dimension fi nancière – n’a touché
les pays émergents que de manière marginale. Certes, il était dans
l’intérêt bien compris des pays émergents, à la fois fournisseurs,
créanciers et débiteurs des pays industrialisés, que ceux-ci ne
sombrent pas dans la dépression. Ils se sont toutefois sentis rela-
tivement peu concernés par la dimension purement fi nancière
de la crise. Ils sont, par ailleurs, réticents à se voir imposer des solu-
tions jugées hâtives qui pourraient pénaliser leur propre industrie
fi nancière dans le futur. Les pays industrialisés, eux-mêmes, ont été
frappés de manière inégale par la crise fi nancière. Le Canada, par
exemple, y a remarquablement résisté.
Compte tenu des limites intrinsèques à la question de la régu-
lation fi nancière et à la nature institutionnelle du G20, on peut
tirer un bilan positif de l’impulsion politique initiale donnée par
les sommets de Washington, de Londres et de Pittsburgh. Un élé-
ment important a été le renforcement du rôle de coordination
et de pilotage du Financial Stability Board (FSB), lui-même issu
du Financial Stability Forum (FSF) créé en 1999 en même temps
que le G20 Finances. Le sommet de Pittsburgh (septembre 2009)
a lancé la réforme des ratios de capitalisation et de liquidité des
banques (voir L’Économie mondiale 2011, chapitre V), dans le cadre
du Comité de Bâle. Des chantiers ont été ouverts au sein des autres