Le virus s’est progressivement répandu dans toute l’Amé-
rique du Nord, suivant probablement les routes migratoires
des oiseaux hôtes (corvidés et passereaux). L’expansion
rapide du virus s’explique aussi par son adaptation aux
vecteurs nord-américains, notamment les moustiques du
genre Culex, et par la modification de la distribution de ces
derniers en raison des changements climatiques6.
Le virus est établi au Québec depuis 2002. La transmission
a lieu principalement en milieu urbain, dans les régions de
la Montérégie, de Montréal, de Laval, des Laurentides et
de Lanaudière7. La distribution du nombre de cas survenus
entre 2010 et 2014 est illustrée dans la figure.
À L’URGENCE, QU’EST-CE QUI DOIT ME FAIRE
PENSER À UNE INFECTION À ARBOVIRUS ?
Les arboviroses symptomatiques se présentent de façon si mi-
laire : fièvre, céphalées, myalgies, arthralgies, vo mis se ments,
raideur de la nuque, parésies, troubles de la coor di nation,
confusion, dysphasie ou pertes de mémoire. À l’anamnèse,
on vérifie les expositions compatibles (voyages récents ou
exposition locale), la date du contact (durée d’incubation), le
type de vecteur (moustique ou tique) et les éléments distinc-
tifs (tableau I1,9-11). On demande aussi au patient s’il a reçu
des produits sanguins ou s’il a subi il y a peu de temps une
transplantation d’organe. Le tableau clinique de l’infection à
virus du Nil occidental revêt une importance particulière,
car c’est l’arbovirose la plus fréquente en Amérique du Nord
(tableau II3,9).
Certains symptômes neurologiques sont communs à
plu sieurs encéphalites virales (arbovirus, herpèsvirus, en té-
rovirus, etc.). Dans une étude albertaine, les patients touchés
par l’entérovirus étaient plus jeunes et avaient moins de mala-
dies concomitantes tandis que ceux qui avaient contrac té le
virus du Nil occidental avaient plus d’éruptions cutanées
et d’atteintes des nerfs crâniens. Étant donné les tableaux
cliniques très semblables des deux maladies, les auteurs
concluaient que les deux agents infectieux devaient être
recherchés chez les patients8.
QUI SONT LES PERSONNES À RISQUE ?
Toute personne piquée par un moustique infecté par le virus
du Nil occidental peut développer l’infection. Les gens de
50 ans et plus, les personnes immunodéprimées ou ayant
reçu une greffe ainsi que celles souffrant de maladies
chroniques (diabète ou hypertension artérielle) sont plus
susceptibles d’avoir une maladie grave et des complications.
Les manifestations cliniques sont rares chez les enfants,
aucun cas n’ayant été signalé au Québec chez des patients
de moins de 12 ans depuis 20027. Par contre, d’autres arbo-
viroses peuvent toucher les enfants (tableau I1,9-11).
COMMENT PROUVER LE DIAGNOSTIC
D’ARBOVIROSE ?
Dans une étude pancanadienne portant sur 24 000 hospita-
lisations pour une encéphalite entre 1994 et 2008, la cause
demeurait inconnue dans la moitié des cas12. Un herpèsvirus
(H. simplex, H. zoster) était présent chez 27 % des per-
sonnes atteintes et un arbovirus, chez 3 %12. Par ailleurs, les
encéphalites ne sont pas toujours virales. En effet, L. mono-
cytogenes, Rickettsia, Ehrlichia, Bartonella, Mycoplasma
pneumoniæ, Toxoplasma gondii, Taenia solium (neurocys-
ticercose) et certaines amibes peuvent donner des signes et
symptômes d’atteinte du parenchyme cérébral. Afin d’étayer
l’hypothèse diagnostique d’une méningite ou d’une encépha-
lite virale (en ca dré 2), le médecin dispose de plusieurs
outils paracliniques.
La tomodensitométrie constitue un moyen d’éliminer les
contre-indications à la ponction lombaire et de rechercher
une lésion focale expliquant les symptômes. Quant à l’exa-
men d’imagerie par résonance magnétique (IRM), il est plus
sensible pour détecter les atteintes du parenchyme cérébral
qui peuvent évoquer l’agent étiologique (tableau III11).
L’analyse du liquide céphalorachidien permet de distin-
guer une origine virale d’une origine bactérienne et de
repérer, à l’aide de cultures et de tests d’amplification en
chaîne par polymérase (PCR), les infections requérant un
traitement spécifique (tableau IV11). La PCR sur le liquide
céphalorachidien peut faciliter le diagnostic pendant les
premiers jours de la maladie lorsque la virémie est encore
présente11. Au Québec, la PCR-VNO est surtout effectuée
FIGURE
RÉPARTITION DU NOMBRE DE CAS
HUMAINS D’INFECTION À VIRUS
DU NIL OCCIDENTAL AU QUÉBEC
Source : Ouhoummane N. Mi-saison 2014 - 27 juillet au 27 septembre 2014.
Bulletin de surveillance du virus du Nil occidental 2015 ; 2 (2) : 1-6. Repro-
duction autorisée.
Autorisation de reproduction non disponible
pour la version électronique. Voir la figure 1
du document à l’hyperlien suivant :
https://www.inspq.qc.ca/pdf/bulletins/vno/
Bulletinsurveillance_VNO_vol2no2.pdf
(consulté le 12 juin 2015).
40
Le Médecin du Québec, volume 50, numéro 8, août 2015