Le Théâtre de L’ECROU présente LOUPS ET BREBIS d’Alexandre Ostrovski (création en français) Mise en scène Patrick Haggiag Traduction : Macha Zonina en collaboration avec Jean-Pierre Thibaudat Histoire de fêter ses trente années Le Théâtre de L’ECROU présente LOUPS ET BREBIS d’Alexandre Ostrovski Création en français Création et co-production Nuithonie-Fribourg du 4 au 14 octobre 2017 Théâtre du Passage, Neuchâtel 19 octobre 2017 Avec : Simon Bonvin Stéphane Boschung Céline Cesa Jacqueline Corpataux Benoit di Marco Pierre-Antoine Dubey Olivier Havran Selvi Purro Vincent Rime Anne Schwaller collaborations artistiques en cours Contact Administration Théâtre de l’ECROU Jacqueline Corpataux 1, Rue Pierre-Aeby 1700 Fribourg +41 79 635 41 37 [email protected] www.theatre-ecrou.ch Artcie Dominique Rapilly Route du Brandt 5 1724 Le Mouret + 41 79 330 91 38 [email protected] www.artcie.ch Trente années… quel cadeau ! D’abord prendre conscience du chiffre. Commencer par là. Sans manquer de se demander où elles ont bien pu filer, ces trente années… Présentes pourtant – ô combien – dans la mémoire (c’est le minimum pour une actrice !) mais aussi… dans les jambes, les muscles, les mandibules, dans les dents, les boyaux, dans le souffle, dans le ventre, dans les rides du sourire, dans la lumière des yeux, le tremblement du corps, le pétillement du cœur. Mariage d’amour avec le théâtre. Trente ans. « Noces de perles » Perle : Concrétion dure et brillante, formée de couches concentriques de nacre. Petite boule percée d'un trou. Précieuse. Perles de culture pour bijoux de valeur. Tout à fait ça. Trente années de créations, comme autant de petites perles qui n’ont certes pas toutes la même valeur. Cependant, pour que se révèle l’intensité du bijou, il faut que chacune des perles reflète sa propre lumière, unique et singulière, qui offrira à l’ensemble son éclat. Certes, certaines créations retiennent mieux l’attention, paraissent plus intenses pour celuici, moins pour celle-là… Sont-elles mieux ancrées dans notre histoire? Savent-elles mieux faire parler d’elles? Peu importe. Elles existent en résonance. Se font écho. Si l’on ôtait l’une d’elles, l’ensemble n’aurait pas la même force. Car une création est la résultante d’un désir. La rencontre avec un texte, un coup de cœur avec un comédien, la proposition éclairée d’un metteur en scène complice. Si elle procède d’un pressentiment - du hasard parfois – elle nécessite une prise de risque. Toujours. Et une immense confiance. Chaque fois. Pas de repos sur ses acquis, remettre toujours l’ouvrage sur un métier qui s’élargit en expérimentant, encore et encore. Le spectacle est au bout du « tunnel » de la production, l’aboutissement d’une longue démarche artisanale. Ne négliger aucune étape. Le doute, bien sûr. Plonger, vers quel abîme ? Peur de ne pas y arriver (le temps manque toujours). De ne pas être à la hauteur. De ne pas savoir comment on va les payer, les camarades qui partagent ce même appétit pour l’imaginaire, pour les saveurs de la vie ! Chaque projet artistique témoigne de rencontres, chaque création contient en elle-même un monde, d’enthousiasmes partagés, la promesse excitante d’un terrain de jeu à explorer. La chance unique de choisir ses partenaires. De créer ensemble. Avant d’offrir le travail au public qui en fera sa propre lecture, dont on espère chaque fois qu’il prendra le relais de nos propositions artistiques. Le vrai salaire est là. Dans la chaleur et la sincérité de ses applaudissements. Toutes ces « perles » finissent par baliser un chemin qui se confond avec sa propre vie. Tant les êtres les plus marquants professionnellement débordent du cadre artistique pour occuper une place privilégiée dans la « vraie vie »… dont je continue à ne pas savoir délimiter véritablement les frontières. Regarder dans le rétroviseur le déroulé d’un parcours n’a d’intérêt que pour tenter de comprendre comment s’imbriquent les liens, pourquoi tel croisement… et juste à tel moment. Simplement constater. Et joyeusement ! La plupart du temps, la volonté ne fait rien à l’affaire. C’est plutôt de la disponibilité dont il faut vanter les effets. Oser. S’ouvrir. Se laisser traverser, transporter, là où la vie vous fait pressentir qu’il y a des rendez-vous à ne pas manquer… sans quoi, qui sait ?… Y aller. Où ? On ne sait pas. Mais aller là où une sorte d’instinct primitif et bienveillant vous invite. Se former. Se confronter. S’éprouver. Jeunes années parisiennes, dont je récolte encore les fruits, puisque des collaborations perdurent grâce aux liens noués à l’époque, toujours entretenus. Années de découvertes propices à «remplir son panier» dans toute la densité que m’a offerte la Ville-Lumière. Puis revenir. Ici. Sur cette terre fribourgeoise plus encline à faire germer des projets à long terme. Le Fribourg d’alors n’occupait pas la place culturelle enviable qu’on lui connaît. Loin s’en faut. Les acteurs culturels étaient donc moins nombreux… Rester n’était pas un mince défi. Il fallait y croire. Nous avons bien fait. Avec Anne-Laure Vieli, nous avons veillé mutuellement sur notre collection de « petites perles » au sein du Théâtre de l’ECROU durant douze ans. Puis j’ai continué. Sans elle. Dans la liberté du choix des partenaires et des co-producteurs. Grâce à la confiance octroyée par les décideurs, tous ceux qui permettent (ou non) la naissance d’un projet. Les récoltes se poursuivent. Merci à tous ceux qui m’ont aidé – et m’aident encore - à «remplir mon panier ». Certains continuent à m’inspirer… de l’envers du décor. Je n’en citerai qu’un. Gérard Guillaumat, sans qui mon parcours n’aurait pas la même couleur. T’aije assez dit Gérard combien tu as donné à mon métier une direction, une exigence, une plus forte motivation. Trente ans. Largement temps de se faire un cadeau artistique de taille. Ce sera – forcément – avec Patrick Haggiag. Comme une évidence, l’envie de mener encore une aventure avec lui. Metteur en scène si inspiré. Si inspirant pour les acteurs. Traqueur de vibrations sur un plateau dont il cherche sans relâche à augmenter la température, jusqu’à le rendre bouillant, bouillonnant. Et pour la première fois réunir – presque exclusivement - des acteurs fribourgeois. Envie de longue date. Et persistante. Les inviter à mon anniversaire. Festive, cette création. Oui je veux qu’elle le soit ! Trente bougies soufflées, sans éteindre la flamme. La lumière essentielle à toute expérimentation. Pour l’heure, je prépare le terrain de ce futur ludique et créatif, que je pressens enrichissant. « Energiser » l’aventure, même si elle n’aboutira que dans un an. Et surtout… rester en éveil, être attentive aux flammes. Celles qui nous réchauffent dans les théâtres - ces bien-nommés foyers. S’y rassembler, s’y préserver du chahut du monde et s’interroger, questionner, rêver entre frères humains. Sans attendre. Car que sait-on de la fragilité des flammes… est-on jamais à l’abri d’un grand vent extincteur, d’une décision radicale, d’un manque de curiosité ou pire, du couvre-feu de l’obscurantisme… Jacqueline Corpataux De quoi s’agit-il… Le chant doux d’une femme résonne. Soir d’été à la campagne. Une voix brutale retentit. Une homme se réveille : « Vodka ». Nous sommes loin de Saint-Pétersbourg, dans la demeure de Meropa Mourzavetskaïa, grande propriétaire sans argent. Les créanciers attendent à la porte. Le neveu de Meropa, Apollon Mourzavetski, ancien officier sans solde, rentre d’une nuit de beuverie... Il y va de deux femmes, l’une censée d’âge mûr, montée en graine, propriétaire terrienne fauchée, flanquée d’un neveu feignant comme une couleuvre, et l’autre veuve, belle, riche et jeune. Il est question de mariage - de raison plus que d’amour - et de faux et usage de faux dans un contexte où chacun cherche du fric pour sauver sa peau. Où loups et brebis s’entre-dévorent au son mélancolique d’une guitare slave. Mêlant comédie de moeurs et d’intrigue, Loups et brebis, cette pièce peu connue d’Alexandre Ostrovski, ce «Molière russe», décrit avec une précision quasi photographique une société en plein bouleversement industriel et culturel, où cupidité et faiblesses humaines effacent les frontières entre proies et prédateurs. C’est toute une société qui peu à peu se dévoile, dans ses petits calculs fardés en élans du cœur et pâmoisons sentimentales, à travers des personnages qui n’ont de cesse de se duper les uns les autres sur fond de sombres histoires de mariages d’intérêt contrariés ou provoqués par de fausses reconnaissances de dettes. Et ainsi d'une scène à l'autre; aux manigances perfides répondent les complexités du doute. Aux combines, aux manipulations, aux stratagèmes, répond un autre stratagème, plus périlleux celui-ci… le stratagème amoureux trouble "la donne". Sublime tissage que cette pièce d'intrigues ininterrompues et cocasses, dont reste bizarrement la poésie triste et la fièvre des tourments de l'âme et du corps. Loups et brebis est une pièce enragée, une comédie aussi féroce que drôle, dont les personnages-prédateurs rivalisent d’intelligence, de rouerie, déploient sans répit toutes les facettes de leur art de la prise de pouvoir – séduction, intimidation, ruse, tout y passe – pour dominer et engloutir avant l’autre l’argent qui passe à leur portée. Certains, il est vrai, sont désargentés. C’est un monde de noblesse appauvrie et de propriétaires terriens de la province russe, flanqué de ses intendants et juristes auxiliaires, qui va être surpris dans la seconde partie de la pièce par l’arrivée d’un carnassier plus jeune venu de la capitale, imprégné déjà de l’esprit naissant de la modernité industrielle, et qui en un tournemain va rafler la mise. A malin, malin et demi. C’est qu’on ne joue pas dans les mêmes catégories. Il y a aussi, forcément, des proies. Des représentants d’une humanité moins vorace, plus vulnérable. Qui finiront par se faire manger. Mais pas toujours naïfs ou bêtes pour autant. Et il n’est même pas exclu que par moments, entre les interstices, des possibilités d’amour aient été entrevues, remémorées, pressenties… Des ouvertures infimes qui auraient fait résonner en creux l’écho d’autres chemins… Le rythme est soutenu, l’action et la parole avancent et rebondissent sans cesse, et nous surprennent. La langue est incarnée, pittoresque, précise, riche. L’intérêt du spectateur est retenu en permanence, il n’y a aucun remplissage ou temps mort, aucune fioriture superflue. C’est du théâtre vif. C’est du théâtre vivant. Quelques heures avant de relire la pièce il y a quelques jours, j’avais regardé par hasard un reportage télévisé consacré au parcours et aux méthodes d’un homme d’affaires français contemporain connu. Je ne me permettrais pas de juger la vie privée de cette personne ni de sanctionner sa personnalité profonde puisque je ne la connais guère, mais curieusement, certains passages de la pièce d’Ostrovski renvoyaient en écho à certaines scènes du film… notamment en ce qui concerne la diversité des moyens employés conjointement pour tendre à une seule fin, la prise du pouvoir - et de l’argent, son indissociable corollaire. J’ai été étonné de réaliser que cette pièce magistrale n’avait pas été traduite en français. Oui, il s’agit d’une œuvre importante de l’un des plus grands dramaturges russes, qui mérite d’être présentée à un public francophone ! Arnaud Le Glanic Collaborateur artistique et dramaturgique – russophone ALEXANDRE NIKOLAÏEVITCH OSTROVSKI (1823-1886) Auteur de plus de cinquante pièces, Alexandre Ostrovski figure parmi les gloires de son temps. Souvent considéré comme le créateur du théâtre national russe, il était l’auteur le plus joué sous Alexandre II. Tout au long de la période soviétique, ses pièces sont restées à l’affiche et les petits Russes étudient encore aujourd’hui L’Orage, comprise à l’époque comme la dénonciation de l’exploitation de la femme dans la société du XIXe siècle. Alexandre Ostrovski est né en 1823 à Moscou, dans un quartier pauvre, celui des marchands. Dès le collège, il tente d’écrire. Mais sur les ordres de son père, qui rêve pour lui d’une vie plus confortable, il entre à l’université pour apprendre le droit. Très vite, il est employé dans l’appareil judiciaire, et en 1843 il devient scribe au tribunal de commerce. C’est là qu’il étudie la duperie et la corruption avec un oeil attentif. En replaçant le sujet de ses observations dans le milieu marchand qu’il connaît bien, Ostrovski publie sa première pièce à l’âge de 24 ans : Tableau de famille qui met en scène une faillite frauduleuse chez un commerçant. Le tsar Nicolas Ier interdit sa représentation, les marchands se liguent contre lui, son nom figure sur la « liste noire » et en janvier 1851, le jeune dramaturge est démis de ses fonctions dans la justice. Ce qui ne l’empêche pas d’écrire, les pièces se suivent - une par an ! Téméraire, l’écrivain collabore à la revue slavophile Le Moscovite qui publie six de ses pièces. En 1859, L'Orage connaît tout de suite un immense succès, et dès lors ses pièces ne vont plus cesser d'être jouées, avant tout au Théâtre Maly de Moscou. Coeur ardent (1869), La Forêt (1871), Loups et brebis (1875) - l’une des rares comédies de cet auteur prolixe – et tant d’autres ! Reconnu pour son talent, le dramaturge est nommé directeur des théâtres impériaux de Moscou en 1885. Avant de mourir, son dernier projet était de fonder un grand théâtre national populaire accessible à toutes les classes de la société. Son idée est en partie reprise par Stanislavski quand il ouvre le Théâtre d’Art de Moscou. Ostrovski rêve d’un théâtre renouvelé, noble et populaire. Consacrées pour la plupart au monde des marchands, ses pièces racontent des histoires de duperie et de corruption. Or pour survivre, combien de Russes ne sont ils pas contraints aujourd’hui de faire du commerce ? Combien sont victimes de corruption, de tromperies ? Le monde d’Ostrovski est proche de la Russie d’aujourd’hui, il est redevenu actuel ! Le portrait d’Ostrovski figure parmi les gloires de son temps sur le plafond du Théâtre Maly. Sa célèbre comédie Loups et brebis (1875), tableau piquant des mœurs de la noblesse provinciale, a été brillamment interprétée par la troupe de l’atelier Piotr Fomenko. Quelle vigueur ! Quelle originalité ! Comme on comprend les Moscovites qui s’arrachaient les billets du spectacle ! Pour argumenter le choix de l’œuvre et commencer à rêver autour du projet… Il existe dans le panthéon (mais est-ce le mot juste) théâtral quelques auteurs devant lesquels nous passons parfois un peu vite, trop, et pensons qu'il sera bien temps d'y revenir plus tard. Ce plus tard pour nous est-il venu? À l'évidence oui. Alexandre Ostrovski. C'est d'abord par la grâce d'un titre, Loups et Brebis. Circumnavigation entêtée, répétitive autour de ce seul titre d'abord, de cette pièce dont nous ne savons presque rien au départ, mais dont le nom seul sonne tel une injonction heureuse. Alexandre Ostrovski a écrit à foison, et la quantité de ses pièces a de quoi impressionner. Dans cette multitude, des chefs d'œuvre ; et c'est avec raison qu'on le considère comme le fondateur du théâtre russe moderne. J'ai vu, travaillé, expérimenté au cours d'ateliers que je donnais, de mises en espace, d'esquisses, quelques-unes d'entre elles. J'ai vérifié la profondeur, justesse, douleur de ce théâtre-là, sous le signe de la comédie bourgeoise d'une vivacité et drôlerie ébouriffantes. La folie de l’argent a nourri l'inspiration d'Ostrovski tout au long de sa vie dans "cette comédie humaine". Combien les dérèglements et facéties de l'âme y puisent leur source. Et combien cela résonne encore dans nos sociétés actuelles… voraces et féroces. Étonnamment, si le théâtre d'Alexandre Ostrovski demeure essentiel sur la scène russe, son rayonnement est bien modeste dans le paysage théâtral européen. Et si nous devons à Bernard Sobel de belles représentations en langue française, il reste à la marge. Il est pourtant une pièce, qu'on dit l'une des plus belles, qui n'est pas encore traduite, Loups et Brebis. L’illustre Piotr Fomenko a laissé une empreinte durable dans sa version russe, et sa version marque, mais le temps passe, tout passe. Voilà, de bribes de traduction en résumés, commentaires ou comptes rendus de la très remarquable version de Piotr Fomenko, une sorte d'intime volonté de nous y mettre à notre tour. Loups et Brebis est notre horizon, et entreprendre cet étrange pari nous va bien. Quant au spectacle… On commence souvent par la fin - un peu maladivement - « réussir un beau spectacle »!... alors que la "chose" est encore - bien entendu - vide. Elle est pourtant là, devant nos yeux, et a belle allure. Sac gonflé d'air. Et pourtant ça travaille déjà. Jacqueline Corpataux imagine volontiers une comédie pour les 30 ans de sa compagnie. Et ce n'est pas rien. Une comédie, oui, d’évidence. Repensons alors à notre Trilogie de la Villégiature de Goldoni. De là, reprendre le fil. Poursuivre le travail. Critique d'abord. Rien n'est véritablement accompli une fois pour toutes, mais avec cette pièce, bien des bonheurs, et inévitables frustrations. Ensuite viennent, dans le dialogue que nous avons Jacqueline et moi, les noms rituels (on n'y échappe pas…) Tchekhov, Gorki, Galine, qui font écran. Des noms russes, uniquement russes, sortent de ce bain rituel. Notre premier indice inconscient. L'écran replié. Le choix est fait. Ce sera Loups et brebis, l'une des pièces les plus emblématiques de notre auteur, qui n'a jamais été représentée en français. L'attirance était trop forte..... Une note de mise en scène est toujours embarrassante à formuler. Comment traduire à ce stade l'instinct ou l'intuition, l’état des réflexions autour de l’œuvre, de l’espace, de la lumière, de l’univers sonore que nous allons soigner attentivement… L’attention portée aux coïncidences du travail se faisant, la justesse ou la grâce du jeu ne se décrètent pas à priori. "Je ne comprends pas qu'on ne se rende pas disponible à l'idée qui passe et déroute, à l'étrangeté cachée du sens qui foisonne sous les plus banales observations..." Georges Picard Paraphrasant ce philosophe, j'aimerais que le texte d'Ostrovski - parce que justement facétieux, c’est-à-dire farceur, moqueur, espiègle - stimule le spectateur, autant par sa vitalité intellectuelle, spirituelle, affective que par le désenchantement et la poésie grise, inscrits presque secrètement au fond de l’oeuvre. Faire remonter simultanément ces deux enjeux à la surface, et constamment. Puisse le public voir - par-delà sa causticité - toutes les subtiles, cruelles et émouvantes péripéties que nous propose cette œuvre. Et cela, sous le ronflement d'un moteur persistant - l'argent fou. Le théâtre d'Ostrovski inaugure à sa manière non pas une nouvelle vision mais plutôt une nouvelle version de l'individu. S'il témoigne à travers ses intrigues si bien ficelées et constamment drôles de la dualité entre notre charité "bien ordonnée"… et une certaine voracité primitive et coupable, il dresse en cela le portrait de l'homme moderne au sens de la pensée la plus actuelle et des interrogations morales d'aujourd'hui. Comment les personnages d'Ostrovski lâchent la morale, pensant toujours pouvoir y revenir à temps. Cet homme schizophrène, traversé par des pulsions, des désirs, des calculs constamment contradictoires établit le trait dominant de notre époque. Et ce contemporain-là est simultanément loup et brebis. Il ne s'agit plus de pile ou face, mais bien de pile et face. Cette dialectique amusée qui n'est plus chez Ostrovski d'être pour ou contre, mais à la fois pour et contre. Sur la tranche. Comme un exergue de notre humanité. Loups et brebis dit tout cela. Et par la malice du temps, renforce plus encore l'attrait qu'il exerce sur nous autres. Sommes-nous pris en défaut, oui et non. Ne savonsnous pas aussi mentir sur nous-mêmes… "Après nous le déluge" titre du dernier ouvrage du philosophe Peter Sloterdijk conviendrait sans doute fort bien à élargir la réflexion. Toujours à propos de Loups et Brebis, cette phrase que je retiens, et dont il reste à illustrer la pertinence pour ce qui est de notre texte. "Contrairement à ce qu'on dit souvent, les affaires ne sont justement pas les affaires, elles ont plutôt quelque chose à voir avec la poésie et par conséquent avec l'âme elle-même." Il s'agira une fois encore de déceler pour ce texte, Loups et Brebis, un mode, une méthode, mais le mot échappe continuellement à l'idée que je me fais du travail avec des comédiens. Si j'avais à me projeter, j'aimerais penser que la littéralité de ce texte serait reconnaissable au yeux de chacun, pour ne pas dire fidèle, qui n'a pas de sens pour moi, mais travaillé par le présent des acteurs et le mien, par des écarts que notre actualité nourrit, des rêveries aussi, pour ne pas dire pensées. Nous inaugurerons la version française de cette pièce, réputée en Russie, et dont Piotr Fomenko présenta avec sa troupe une fameuse lecture, gravant durablement la mémoire des spectateurs. Mais le temps passe, la mémoire s'use, une nouvelle génération attend son tour, et vient le temps pour nous d’un nouveau saisissement, d’une nouvelle accroche. Une version avec laquelle Ostrovski se retrouverait tout à fait, tel qu'en lui-même, "reconnaissant", mais aussi désemparé, fichtrement désemparé et ému. Concernant la scénographie, en l’état de mes réflexions actuelles, je crois qu’elle s'inspirera du travail du plasticien et architecte Alexander Brodsky (*) dont quelquesunes de ses créations illustrent avec profondeur le lien entre cette idée que je me "fabrique" du monde d'Ostrovski et celui, absolument présent, de la représentation. Sans doute s'agira-t-il d'un espace à la fois naturaliste et mental. Les deux termes n'étant à mon sens pas contradictoires, mais se nourrissant continuellement l'un l'autre. De la même façon que le théâtre d'Ostrovski, aussi réaliste et sarcastique qu'il est, autorise (et c'est précisément là le pari de notre projet) une lecture poétique, vaguement décalée. Je ressens terriblement la nécessité d'un "écart" d'interprétation, de lecture. Quand j'observe les ateliers d'artistes sont rassemblés, "combinés", d'étranges assemblages. Les temps, les temporalités, les objets de valeur, mais aussi les rebuts se superposent et inventent le temps précis du maintenant, celui précisément où de ce fatras intemporel naîtra une œuvre. Comme si tous ces éléments apparemment disparates s'unissaient comme par miracle, par instinct. Le moment de proposer une maquette au constructeur n'est pas venu, mais je sais que ma réflexion est en permanence travaillée par cette nécessité de mettre "l'atelier", "la réserve", "le débarras" comme vocabulaire prioritaire de cette rêverie. Puissent ces quelques photos qui travaillent notre inspiration ouvrir quelques pistes. (*) Alexander Brodsky (né à Moscou en 1955) est un architecte et sculpteur russe. Il est l’un des architectes les plus connus de la Russie, en particulier pour ses œuvres d’architecture de papier. Les projets de Brodsky sont souvent construits à partir de rien. Son utilisation de matériaux recyclés, cadres de fenêtres, verre et sacs en plastique pour créer de nouvelles structures crée une esthétique unique. Son style architectural combine des matériaux locaux et réutilisés d'une manière telle qu’il crée des bâtiments qui incluent à la fois formes traditionnelles et modernes, tout en restant inventives et originales. Enfin, pour parler de la distribution, vous dire combien l'idée d'une sorte de troupe constituée avec des acteurs Suisses romands (et majoritairement fribourgeois, d’ailleurs le canton de Fribourg impose ce critère sélectif) a de sens pour Jacqueline Corpataux et moi-même, en y invitant un ou deux compagnons de route français, qui ont déjà traversé avec bonheur nos aventures artistiques passées. Et encore ceci. Depuis bientôt 15 ans les aventures théâtrales de Jacqueline Corpataux me sont familières, d'abord pour y avoir été impliqué fréquemment comme metteur en scène, et nos spectacles me sont chers, ô combien; ensuite parce que bien des choix qu'elle fait, des aventures qu'elle mène, me parlent au plus profond. C'est aussi en observateur de cette artiste, interprète, initiatrice inspirée que je nous imagine bien volontiers dans ce beau challenge. L'essentiel pour elle, et ses engagements artistiques sont là pour le signifier, consiste dans la recherche assidue, parfois obstinée mais discrète, d'un éblouissement inattendu, d'un écart de langage ou de jeu qui bouleverserait la donne, d'une confiance donnée à un metteur en scène, un auteur, un titre, une idée, une belle équipe qu'elle saura imperceptiblement rendre à sa vérité. Si j'écris ce genre de déclaration à la fois un peu grandiloquente et un peu à "l'emporte-pièce", c'est qu'il y a dans ce projet une part d'irrationnel qui nous porte. Une sorte d'enthousiasme à priori, non réfléchie. Apparemment. Apparemment … Une œuvre de théâtre est aussi un jeu des frottements, littéraires, historiques, philosophiques, esthétiques .... Et c'est une ambition d'en réussir quelques uns. Il va sans dire qu'à près d'un an de cette aventure, cette rêverie - tant mieux – nous fait avancer… même les yeux fermés. Patrick Haggiag Metteur en scène Patrick HAGGIAG Patrick Haggiag est né le 21/06/ 1954 à Perrégaux en Algérie. Parallèlement à ses mises en scène, il est resté dix ans au service de la création à la Comédie Française (1981-1991), puis, il est engagé par Lluis Pasqual, directeur du Théâtre de l’Odéon pour devenir son collaborateur artistique tout au long de son mandat (1991-1996). Au sein de ce théâtre, il met en œuvre de nombreux cycles de lectures et mises en espace. Il institue « les carrefours de l’Odéon », des rencontres philosophiques. Il a également été l’assistant de José-Luis Gomez pour La Vie est un Songe de Calderon, de Patrice Chéreau pour Le Temps et La Chambre de Botho Straus. Jusqu’à ce jour, ses nombreuses mises en scène pourraient se décliner ainsi : UN THÉÂTRE DE LA MÉMOIRE écritures anciennes : Le Chant des chants, Théâtre de l'Europe - l’Odéon, 1996, Les Cinq rouleaux (le livre de Ruth, le chant des chants, les paroles du sage, les lamentations et Esther), La Manufacture des Oeillets hors les murs, 1997, ainsi que Vers Jona, Théâtre 13, 1997. Nouvelle version du Chant des Chants au Musée d’Art et d’Histoire du Judaïsme, 2004. culture Yiddish : Ben Zimet et Talila, Avignon, 1988 ; Yiddish in América de Cynthia Ozyck, Théâtre 13, 1991 ; Yiddishland, Bouffes du Nord, 1997 ; Un Opéra pour Therezin de Liliane Atlan au Musée d'Art et d'Histoire du Judaïsme, 2001. UN THÉÂTRE DU PRÉSENT théâtre contemporain : Les Exaltés de Robert Musil, C.D.N. de Gennevilliers, janvier 1996 et Monsieur Lovestar et son voisin de palier d’Eduardo Manet, Comédie de Genève, Montpellier, T.I.LF. - La Villette,1997. Il se consacre également à Botho Strauss avec la création de Sa lettre de mariage, Athénée, 1993 ; La Trilogie du revoir, C.D.N. de Gennevilliers, 2000, Ateliers du Rhin – Colmar, 2001. Création française du Baiser de l’oubli (esquisse d’interprétation) Atelier du Rhin-Colmar, 2004. cycle d’auteurs russes contemporains : En 2004-2005, Patrick Haggiag explore l'oeuvre d’Evgueni Grichkovets et Alexandre Galine. La Ville Théâtre de l'Atalante – Paris, 2004 ; Comment j'ai mangé du chien d'Evgueni Grichkovets, Théâtre de l'Atalante – Paris, Montpellier, Marseille…, 2004 ; Planète de Evgueni Grichkovets, créée à l'Atelier du Rhin à Colmar en mai 2005, puis à Lausanne, 2006, Bâle, 2008 ; Tribune Est d'Alexandre Galine créée à l'Atelier du Rhin à Colmar, 2005. Ces différentes pièces ont été créées pour la première fois en français. UN THÉÂTRE DU RÉPERTOIRE Le Canard sauvage d’Henrik Ibsen, création à Fribourg en 2003 (Espace Moncor), puis tournée en 2004 à l’Atelier du Rhin – Colmar, au C.D.N. de Gennevilliers, au Théâtre de Vidy - Lausanne, Kléber–Méleau. La Trilogie de la Villégiature de Carlo Goldoni, création au Théâtre de Vidy Lausanne pour l’automne 2007. Tournée franco-suisse 2008. Oncle Vania d’Anton Tchékhov, Alsace, Lorraine 2009. Le Barbier de Séville de Beaumarchais, création 2010 et tournée 2011. De 2001 à 2006, il s'engage dans une collaboration plus étroite avec l'Atelier du Rhin – Centre Dramatique Régional d'Alsace. En tant qu'artiste associé, il y crée La Fille Fleurant Elise, 14 ans de Graham Smith en 2002. A Strasbourg, il crée Souffle dans les racines du Banian de Dominique Hardy, novembre 2008 ; reprise Hué (Vietnam), Juin 2010. Il dirige Les flamants roses, pièce chorégraphique d’Ali Fékhi, Paris, Le Mans, actuellement en tournée, et Biennale de la danse de Lyon, septembre 2010. Patrick Haggiag a dirigé des nombreux stages AFDAS à Paris ainsi qu’un cycle consacré à la trilogie L'Orestie d'Eschyle dans le cadre de sa résidence à l'Atelier du Rhin. Par ailleurs, Patrick Haggiag était chargé de cours à l'université Paris III (Censier), au département d'Etudes théâtrales de 1998 à 2009. De 1998 à 2003, professeur à l’Ecole de théâtre du samovar. De 1995 à 1996, professeur à l’Ecole Claude Mathieu. Depuis 1997 dirige des stages AFDAS et des masters class. Depuis 2003, metteur en scène invité au Théâtre de L’ECROU de Fribourg, Suisse. Actuellement il prépare un cycle d’ateliers sur la dramaturgie contemporaine. Contact : Patrick Haggiag Mobile : +33 6 09 48 82 28 [email protected] Jacqueline Corpataux & le Théâtre de l’ECROU Quelques traces de parcours… Comédienne née en 1959 à Fribourg, elle suit les cours de théâtre du Conservatoire de Fribourg, avant de poursuivre sa formation d’acteur à Paris avec notamment Ariane Mnouchkine, Giovanna Marini, Patrice Bigel, Carlo Boso (commedia dell’arte) ou encore Luc Fritsch (directeur de l’école de théâtre « Interstice Studio »). De retour à Fribourg, elle fonde le Théâtre de l’ECROU en 1987 avec Anne-Laure Vieli. Jacqueline Corpataux administre seule la compagnie depuis 1999. Et nous voilà au seuil de trois décennies de création, d’écriture et de production théâtrale en Suisse, en France, en Tchécoslovaquie et jusqu’en Russie. La démarche singulière du Théâtre de l’ECROU permet une ouverture à diverses formes d’approches théâtrales, au gré des désirs et coups de cœur, tout en affirmant certaines fidélités de plateau. Les aventures artistiques constituent dès lors un outil privilégié, offrant la chance du risque, de la curiosité, et faisant la part belle aux explorations et aux échanges. Parmi d’autres traces de parcours, citons : Un fauteuil devant la mer pièce de théâtre pour deux femmes. Création à Fribourg, 1988. (Prix de la 2ème Fête des Lettres Romandes en 1990 attribué à Jacqueline Corpataux). Insoumis de Patricia Moraz (mes Frédéric Révérend), une rencontre entre comédiens et musiciens africains et suisses (1993) Je veux t’aimer-toucher (mes Jo Excoffier 1994), écrit à partir de lettres d’amour de prisonniers, créé au Th. Stalden de Fribourg puis repris dans divers pénitentiers. Temps qui tournique, spectacle tri-générationnel écrit et mis en sc. par J. Corpataux et A.L. Vieli à partir d’improvisations dans le cadre de l’EMS St-Joseph, Châtel-St-Denis (1999). Encore trois sœurs d’après Tchekhov (mes Youri Pogrebnitchko), création russo-suisse. Co-prod. Th. ECROU, Théâtre On M’ladit, Festival de la Bâtie Genève (2003-2004). Les Sœurs Bonbon d’Emanuelle delle Piane, mise en sc. Geneviève Pasquier (2008) coprod.TPR, Petit Théâtre de Lausanne, Th. de l’ECROU. Reprise en 2009 tournée romande, pour près de cent représentations. Planète agile cabaret autour de l’univers de Jean Villard-Gilles avec Vincent David et Lee Maddeford au piano, en tournée en Suisse romande depuis 2013. Et parmi les fidélités artistiques : Matthew Jocelyn, metteur en scène canadien pour On l’appelle Cendrillon de Jean Cuénot (Fribourg/Tchécoslovaquie, 1990-1992) et Danser à Lughnasa de Brian Friel, en création française à Fribourg (Espace Moncor) et tournée franco-suisse entre 1997 et 1998. Gérard Guillaumat pour Le Moine, (texte de Lewis adapté par Antonin Artaud et remanié par J. Corpataux), qui obtiendra le « Prix romand des spectacles indépendants » en 1992 et repris jusqu’en 1994. Il y aura aussi Le Liseur (2000) d’après Bernhard Schlink, adaptation de J. Corpataux, créé au CPO de Lausanne, tournée franco-suisse, sélectionné pour le Festival des Monodrames au Théâtre Pouchkine de Moscou (2002) Lionel Parlier pour Peinture sur bois d’Ingmar Bergmann (1989) crétation enceinte du Belluard-Fribourg, reprise Arènes de Montmartre, Paris ; Le Nez (Noss) de Gogol, musique de Chostakovitch création Nuithonie en 2013, tournée franco-suisse jusqu’en 2016. Patrick Haggiag pour Le Canard sauvage d’Henrik Ibsen (création à Fribourg, tournée franco-suisse 2003-2004 ; Tribune Est d’Alexandre Galin et Planète d’Evgueni Grichkovets, spectacles d’auteurs contemporains russes (CH et F 2005-2008). En 2007, la création de La Trilogie de la Villégiature de Carlo Goldoni, au Théâtre de Vidy-Lausanne, avant une tournée franco-suisse jusqu’en mai 2008 ; Amours chagrines d’Emanuelle delle Piane, création Nuithonie octobre 2011, puis Th. Vidy-Lausanne, Alchimic GE 2011-2012. Denis Maillefer pour Le charme obscur d’un continent de Händl Klaus, création au TPR, Maison de Quartier de Chailly (2011); puis Seule la mer d’Amos Oz, création Th. Benno Besson, Yverdon-les-Bains, puis tournée en Suisse (ce spectale a été sélectionné dans le cadre du Label Plus du Théâtre Romand 2014, ainsi que pour les Rencontres du Théâtre Suisse 2015). Jacqueline Corpataux collabore avec diverses autres compagnies, notamment : La compagnie AD’OC, (troupe fribourgeoise bilingue français-allemand) depuis 2001 : Nuarr sur Blang (mes Thomas Scheidegger), et MAMMA MIA… CHE VIAGGIO ! (mes Thierry Crozat et Masha Dimitri) spectacle itinérant août 2012 entre Fribourg et Venise. La Cie des Artpenteurs : Kardérah, de René Zahnd, m.en sc. Thierry Crozat. Création en 2006 (GE Théâtre de la Parfumerie), puis tournée au Mali, au Burkina Fasso et au Niger dans divers théâtres et festivals (Fesvival des Réalités (Bamako), Festival des Pilotobés au Niger. Puis… Battre le cœur… tant qu’il est chaud ! spectacle de cabaret créé à NuithonieFribourg en mai 2010, mise en scène de Anne-Cécile Moser. Tournée CH et à Villeneuvelèz-Avignon. Participation en tant qu’auteure, comédienne et co-productrice. Membre du comité de la Fondation de la TOUR VAGABONDE de 2005 à 2016, elle a participé à la restauration et à la renaissance de ce théâtre d’inspiration élisabéthaine construit en 1996 par les Ateliers de l’Orme à Treyvaux. A l’été 2006, elle y crée, en collaboration avec la Cie des Barbares de Jean Godel et le Théâtre Arsenic de Liège (Belgique), la pièce Un, Deux, Trois ! du Hongrois Ferenc Molnar (mes Axel de Booseré). Puis… Le Songe d’une nuit d’été de Shakespeare, mise en scène de Pip Simmons création à Nuithonie Fribourg en janvier 2010 puis tournée CH et F en 2010-2011. Fondatrice des DISEURS pour lire des textes « à la carte » en fonction des lieux et des circonstances (avec Jean Godel comédien, Yvette Bays & Rolland Berens, comité de lecture). ET L’ACTUALITE… Wild West Women western théâtral de Caroline Le Forestier pour deux comédiennes et une bruiteuse à vue ; mes Augustin Becard (co-prod. ECROU - Cie Solentiname, Région Champagne-Ardennes) ; création Nuithonie-Fribourg en nov. 2015, tournée franco-suisse en cours et reprise saison 2016-2017, et 2017-2018 en CH et en F. La grande fabrique de mots de Agnès de Lestrade par la Cie Ad’oc, mes Muriel Imbach, création Nuithonie-Fribourg dès le 26 avril 2017. Loups et brebis d’Alexandre Ostrovski, mes Patrick Haggiag, création Nuithonie-Fribourg dès le 4 octobre 2017 (pour fêter les trente ans du Théâtre de l’ECROU) Macha Zonina Traductrice, interprète, assistante de production au théâtre et à l’opéra. Macha Zonina a été formée à l’université de Moscou au département de linguistique appliquée. Dans les années 1980, elle est engagée comme assistante dramaturge au Théâtre Sovréminik puis au Théâtre d’Art de Moscou. A partir de 1992, elle se partage entre Paris et Moscou. Littérature. Elle a traduit en russe : Genet, Houellebecq, Ionesco, Modiano, Sarraute, Sagan, Sartre, Koltès, Lagarce, Dubillard, Fred Vargas… Théâtre et Opéra. Elle a travaillé avec le Bolchoï de Moscou et le Mariinsky de SaintPétersbourg, et les metteurs en scène Dmitri Tcherniakov, Lev Dodine, Valéry Fokine, Piotr Fomenko, Andrei Konchalovski, Oleg Efremov, Rimas Tuminas, Georges Lavaudant, Claude Régy, Lluis Pasqual, Luc Bondy, Robert Wilson .... à l’Opéra de Paris, à l’Odéon, au théâtre de la Ville, à Chaillot, la MC93, la Comédie Française, le Festival d’Avignon… Vers le français, elle a traduit en collaboration : Ostrovski, Tchekhov, Gorki, les Obérioutes, Chklovski, Stanislavski, Abramov, Pétrouchevskaïa …. Parmi ses traductions récentes : « Ivanov » d’Anton Tchekhov, mise en scène de Luc Bondy à l’Odéon – Théâtre de l’Europe « Clôture de l’amour » de Pascal Rambert au Théâtre d’Art de Moscou « Ne vous séparez pas de ceux que vous aimez » d’Alexandre Moiseevic Volodin mise en scène Youri Pogrebnitchko