Dimanche 8 janvier 2012 - Solennité de l’Épiphanie
Couvent de l’Annonciation
L’étoile et l’enfant
La nuit, par temps clair, nous regardons toujours les étoiles. Par delà leur réalité
astronomique que l’on connaît de mieux en mieux, elles ont un sens. Comme on l’a fort bien
dit, elles nous disent que le ciel n’est pas vide. Est-ce de la poésie ? Peut-être. Mais on a
remarqué depuis longtemps que la poésie nous fait pénétrer la réalité des choses mieux que
les calculs et les statistiques. En tout cas, les étoiles fascinent tout le monde, y compris les
astronomes, et en premier lieu les enfants. De tout temps, les enfants ont regardé les étoiles.
Mais une fois seulement, on a entendu dire qu’une étoile regardait un enfant. Cet enfant, c’est
Jésus, et l’étoile qui le regardait, c’est l’étoile des mages.
L’étoile fut pour les mages un premier signe. Il y en eut un second. Car, lorsque « il
virent l’enfant avec Marie sa mère », une voix secrète leur dit à nouveau ce que les bergers
avaient déjà entendu pendant la nuit de Noël : « Voilà le signe qui vous est donné » (Lc 2,13).
Ainsi, l’Épiphanie est la fête des signes. On vient de le voir par l’étoile et par l’Enfant. Mais
dans la tradition de l’Eglise, le voyage des mages est encore relié à deux autres événements :
le baptême de Jésus, et les noces de Cana : là aussi, il y a des signes. Au baptême du Christ,
c’est la colombe qui descend sur lui. Aux noces de Cana, l’Évangile de saint Jean nous dit que
le changement de l’eau en vin « fut le premier des signes accomplis par Jésus » (Jn 2,11).
Dieu se manifeste par des signes. Le mot même d’Épiphanie veut dire : “manifestation”. Dieu
nous fait signe. On voit cela tout le temps dans la Bible, depuis le Buisson ardent contemplé
par Moïse jusqu’à la multiplication des pains par le Seigneur. L’Eucharistie elle-même même
que nous célébrons en ce moment est un signe, un signe porteur de grâce, comme les autres
sacrements. La révélation tout entière est une épiphanie, une manifestation, où Dieu se
manifeste et se dévoile.
Si nous revenons aux mages, nous voyons que deux signes leur ont été donnés :
l’étoile, et l’Enfant. L’un et l’autre sont une parole, mais une parole muette, une parole qui
fait comprendre sans prononcer de mots. A côté de ce point commun entre les deux signes, ils
diffèrent profondément. L'étoile, que les mages pensaient éternelle, a disparu maintenant.
Mais l’enfant si frêle ne passera pas. L’étoile est un signe de lumière. L’Enfant est un signe
d’amour. Quelle profondeur dans les simples récits de l’Écriture Sainte ! L’étoile conduit à
l’enfant. La lumière doit toujours nous conduire à l’amour, l’intelligence doit ouvrir notre
cœur. Voilà bien ce qu’il faut toujours désirer. Ne cessons pas de faire cette prière : «
Seigneur Dieu, donne-nous ton étoile ! Père, donne-nous ton Enfant ! ». C’est la grâce que
nous devons demander pour nous-mêmes, pour les autres, pour l'Église en cette fête de
l’Épiphanie. Mon existence ou la vôtre est souvent un tintamarre qui ne parle pas, une suite
plus ou moins incohérente d’événements et d’actions qui laisse un sentiment de vide. Il faut
savoir pourtant, il faut croire qu’une Réalité me guide par ses signes. Certes, nous ne sommes
pas des illuminés, nous ne figurons pas que Dieu nous parle sans cesse à l’oreille. Mais dans
telle ou telle rencontre, dans une impression inattendue, dans la pénétration subite d’un verset
de l’Écriture qui soudain nous saute au visage, il y a des signes que Dieu nous adresse. Dans
le quotidien de notre vie, on peut reconnaître parfois le merveilleux de la présence de Dieu.