Article sur l`unité médico-chirugicale de Cardiologie Pédiatrique

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En immersion
L’unité médico-chirurgicale de cardiologie pédiatrique de Necker est une spécicité tout à fait
exceptionnelle en France car elle est la réunion de deux services : la cardiologie pédiatrique
et la chirurgie cardiaque pédiatrique. Tout y est partagé : patients, lits, personnels soignants,
réunions de sta. Une gestion transversale et collective qui prote aux patients comme
aux équipes qui ont toutes acquis de nouvelles compétences.
PÔLE PÉRINATALOGIE ET CARDIOLOGIE PÉDIATRIQUE
L’excellence au service des mystères
du cœur
Des compétences démultipliées
Cette décision de réunir les services a émergé d’une réalité :
les patients admis pour une intervention sont d’abord pris
en charge en service de médecine, puis en chirurgie ; vient
ensuite la réanimation avant de regagner le service de
médecine. La valeur ajoutée d’un fonctionnement commun
devient évidente, répondant à l’exigence d’excellence. Des
économies de temps en découlent : moins de doublons dans
les examens et les consultations ; moins de déplacements
pour les patients et les familles ; des échanges entre les
membres des équipes plus uides donc plus ecaces.
Mais au-delà, médecins et personnels paramédicaux, très
investis dans cette démarche de transversalité, deviennent
polyvalents, accèdent à de nouvelles compétences sur des
typologies de maladies autres que leurs spécialités.
Une prise en charge
des enfants dans la durée
Prenons pour exemple les enfants atteints d’une maladie
cardiaque congénitale décelée pendant la grossesse. Ils
sont alors pris en charge dès leur vie in utero jusqu’à leur
sortie de l’hôpital. « Ce parcours de soins n’existe qu’à Necker.
Il faut noter que le pôle périnatalogie et cardiologie pédiatrique
intègre l’unité médico-chirurgicale de cardiologie pédiatrique, la
maternité et la néonatalogie. Pour ce qui relève de la cardiologie,
et en collaboration avec la maternité, nous avons organisé un
process de diagnostic prénatal, souvent dans le cas de maladies
cardiaques congénitales. Le diagnostic posé peut parfois conduire
à une interruption médicale de grossesse si la cardiopathie est
jugée trop grave, ou à une intervention dès la naissance et la mère
accouche dans notre maternité », précise le Pr Pascal Vouhé,
Chef du pôle périnatalogie et cardiologie pédiatrique. Durant
leur croissance, ces enfants sont aussi suivis dans cette unité
jusqu’aux premières années de leur vie d’adulte.
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L’excellence en réponse
à l’exception
Aujourd’hui, devant certaines patho-
logies, les équipes du pôle sont les
seules formées en France à intervenir.
Les cardiologues sont parfois amenés
à intervenir in utero, jusqu’au cœur du
fœtus, pour pratiquer ce que l’on nomme
le cathétérisme interventionnel prénatal.
« Dans les cas de maladies cardiaques
congénitales, l’éventail des interventions
requises est large. Pour soigner certaines
de ces pathologies très graves (comme la
transposition des deux gros vaisseaux du
cœur), un cœur presque normal peut être
reconstruit, orant à ces enfants une vie
normale nécessitant un suivi léger d’une
fois par an. D’autres malformations sont
plus complexes et risquées à réparer.
Les interventions pratiquées permettent la survie de l’enfant
au prix de plusieurs opérations et d’un suivi très lourd.
Mais dans toutes ces situations, le suivi est très individualisé
car chaque cas est diérent et chaque croissance de l’enfant
est unique », souligne le Pr Damien Bonnet, Chef du service
de cardiologie pédiatrique.
8 000
CONSULTATIONS
dE caRdIOlOgIE
PAR AN
650
SÉJOURS
D’HÔPITAL DE JOUR
1 762
séjours
25 %
DES NOURRISSONS
HOSPITALISÉS
ONT MOINS D’UN MOIS
834
patients opérés
Le cathétérisme,
une solution moins risquée
Il y a 30 ans, la chirurgie chez l’enfant
était très exceptionnelle et extrêmement
dangereuse. Très souvent, les opérations
s’étalaient dans le temps en plusieurs
étapes : palliatives d’abord, réparatrices
ensuite. Depuis peu, la réparation peut
être réalisée d’emblée, dès la naissance
chez le nouveau-né et à des risques
très faibles. Notons un autre grand
progrès, le cathétérisme interventionnel
qui a beaucoup évolué depuis une
quinzaine d’années. De plus en plus de
malformations cardiaques peuvent être
prises en charge chez le fœtus et l’enfant
par cette technique beaucoup moins
agressive qu’une réponse chirurgicale.
Par exemple, pour fermer un trou entre
les deux oreillettes du cœur, une opération à cœur ouvert
était auparavant nécessaire. Aujourd’hui, le cathétérisme
interventionnel est une solution plus douce : pas de
cicatrice, moins de risques, la récupération de l’enfant
plus rapide. Le retour à la maison peut être envisagé aussi
plus vite. n
EncadrEmEnt
1
cadre supérieur
en mission qualité
5
cadres de santé
107
infirmier(e)s et
infirmiÈres spécialisées
59
aides-soignant(e)s
et auXiliaires
de puériculture
22
médecins
2
psychologues
1
Kinésithérapeute
2
techniciens
de laboratoire
1
manipulatrice
radiologie
1
éducatrice
Jeunes enfants
8
secrétaires
médicales
1
assistante sociale
LEs chiffrEs du sErvicE
L’originalité de l’unité
médico-chirurgicale de Necker
relève de deux points :
son fonctionnement transversal,
courant dans les pays anglo-saxons
mais exceptionnel en France ;
et Necker est le seul hôpital de
l’AP-HP qui prend en charge les
enfants sur la durée, du diagnostic
prénatal au suivi au long cours
de leur parcours de soins.
Pr Pascal Vouhé,
Chef du pôle périnatalogie
et cardiologie pédiatrique
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En immersion
6 À 7
transplantations
cardiaques
PAR AN, SOIT
1/ 3
DES TRANSPLANTATIONS
EN FRANCE
500
INTERVENTIONS PAR AN
en cathétérisme
INTERVENTIONNEL
1
PLATEAU TECHNIQUE :
2
SALLES D’OPÉRATIONS
CHIRURGICALES
1
SALLE DE
cathétérisme cardiaque
DE DIAGNOSTIC OU
interventionnel
tÉMOIgNagE
Marie-Laure Neveu, cadre paramédicale de pôle
Un parcours de soins très éché
Pour un enfant porteur d’une cardiopathie, une fois le diagnostic fait par le cardiologue,
une date opératoire est xée. La première des étapes sera le bilan pré-opératoire intégrant une
consultation d’anesthésie, une radio du thorax, une échographie du cœur, un électrocardiogramme
et un premier rendez-vous avec le chirurgien. Tous ces résultats sont partagés et discutés en sta
médico-chirurgical. Le patient est ensuite programmé pour subir l’intervention, puis opéré, il passe
en réanimation. Enn, il est admis en hospitalisation ou en unité de soins continus pour une durée
moyenne de 5 jours. Dans le pôle, les équipes paramédicales sont dotées de compétences pointues
et de prols particuliers. Les interventions sont lourdes, complexes, parfois très risquées,
il faut donc être rigoureux, savoir prioriser et réagir vite face à des situations de stress important,
de jour comme de nuit.
Rencontre avec
Antonin Couillec,
perfusionniste dans le service
de cardio-pédiatrie de Necker
Des compétences très rares en France
Dans le monde clos du bloc, la partition est parfaitement rodée : chirurgiens
anesthésistes, IADE, IBODE, perfusionnistes et aides-soignants œuvrent
ensemble an d’assurer une prise en charge optimale du patient. Le métier
de perfusionniste, aussi appelé cardiopompiste, est rare : ils sont 260 en
France dont 20 à 25 en pédiatrie, 5 à Necker au bloc opératoire de chirurgie
cardiaque pédiatrique.
« Le perfusionniste a pour rôle de surveiller la circulation extra-corporelle (CEC)
qui va prendre le relais des fonctions circulatoires et respiratoires lorsque cœur
et poumons sont arrêtés lors de l’intervention des chirurgiens, explique Antonin
Couillec, perfusionniste au sein du service. Nous réalisons entre 700 et 800 CEC
par an. Pour cela, nous disposons d’une soixantaine de références de canules et
de 7 à 8 modèles d’oxygénateur et nous devons adapter le matériel à la taille de
l’enfant opéré. Une autre de nos missions est, lors d’une gree, d’accompagner
le chirurgien préleveur, an de pratiquer la cardioplégie (arrêt des battements
du cœur) dans le but de protéger le greon cardiaque. Ce poste requiert de
nombreuses compétences et connaissances acquises grâce à un diplôme
universitaire en CEC et auprès des chirurgiens et anesthésistes-réanimateurs du
service. Il s’agit d’un métier à haute responsabilité qui demande une attention
particulière et une gestion du stress durant l‘intervention qui appelle à une
grande maîtrise de soi. »
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