Journal Identification = PNV Article Identification = 0548 Date: January 12, 2016 Time: 6:4 pm
G. Berrut, L. de Decker
de l’arthrose, de l’ostéoporose ou du risque vasculaire,
fortement associé à certains agents infectieux [1-3]. On
remarque également que l’association de certaines patholo-
gies ou conditions fréquemment associées à l’âge ont une
relation avec l’IS, comme par exemple le niveau d’activité
physique [4], la nutrition [5, 6] et au-delà les conditions du
maintien en bonne santé que sont les conditions sociales
et cognitives de la vie [7]. Ainsi, l’IS, loin d’être un concept
uniquement pour animaux de laboratoire, émerge comme
une véritable plaque tournante dont les chemins vont du
bien vieillir, à la prévention des événements prédits par la
fragilité, jusqu’aux situations de faillite viscérale.
Cet article vise à rappeler les composants du système
immunitaire qui sont modifiés fréquemment chez la per-
sonne âgée et qui seraient ainsi candidats à une description
physiopathologique de l’immunosénescence : la barrière
épithéliale, les cellules souches, l’immunité innée non spé-
cifique et l’immunité acquise spécifique ou adaptative.
La barrière épithéliale
La peau et toutes les muqueuses (respiratoire, gastro-
intestinale, urogénitale) sont des barrières qui empêchent
la pénétration de corps inertes ou d’agents pathogènes,
agresseurs de l’homéostasie.
Parmi les modifications cutanées observées avec l’âge,
on note la diminution de l’élasticité et de l’épaisseur du
tissu cellulaire sous-cutané [8] et la sécheresse cutanée
[9]. Ces modifications trophiques augmentent le risque de
lésions cutanées. On observe également une diminution
du nombre de cellules de Langherans [10]. Les lympho-
cytes T17 jouent un rôle particulier dans la protection des
barrières par sa production d’IL-22 [11]. Dans des modèles
animaux, cette cytokine inhiberait la migration des polynu-
cléaires éosinophiles [12]. Dans certaines conditions dont
la fréquence augmente avec l’âge, les lymphocytes T 17
secrètent de l’IL-22 et pourraient accroître le risque de mala-
dies auto-immunes et de maladies inflammatoires [13].
Certaines anomalies de l’appareil respiratoire, plus
souvent observées chez les sujets âgés, vont favoriser
l’agression de l’épithélium bronchique. C’est par exemple
le cas de la diminution du réflexe de toux, des anoma-
lies du tractus muco-ciliaire avec diminution de la clairance
des sécrétions bronchiques. On peut également citer la
fréquence des reflux gastro-œsophagiens qui mettent la
muqueuse bronchique au contact de l’acidité du liquide
gastrique. L’épithélium bronchique est un activateur de la
défense immunitaire, notamment de l’immunité non spé-
cifique avec la sécrétion d’interféron, de lactoferrine, de
-défensine (petit peptide cationique aux pouvoirs anti-
microbiens) et de d’oxyde nitrique (NO). Il est aussi un
stimulateur des défenses spécifiques ou adaptatives par
l’intermédiaire de cytokines (IL-1, IL-6, TNF-␣)etdeche-
mokines (activatrices cellulaires) (IL-8, MIP-1, MCP-1 par
exemple) [14]. Sa dégradation au cours des pathologies
respiratoires va altérer la mise en œuvre des défenses
immunitaires et favoriser l’entrée de nombreux agents
infectieux à transmission aérienne.
La muqueuse du tractus gastro-intestinal est le siège
d’un amincissement et d’une diminution de la motricité
intestinale. La réduction de l’acidité gastrique représente
également une diminution des moyens de défense anti-
infectieux pour la partie supérieure de l’appareil digestif.
On observe aussi une réduction de la sécrétion d’IgA. Il
convient de noter la grande prévalence des inflammations
qui participent aux lésions de la barrière épithéliale [15].
Au niveau vésical, les dysfonctionnements vésico-
sphinctériens altèrent l’efficacité de la vidange vésicale, et
la stase urinaire qui en résulte favorise la multiplication bac-
térienne [16].
Les cellules souches
hématopoïétiques
Il n’y a pas d’argument démontrant la diminution
du nombre de cellules souches hématopoïétiques chez
le sujet âgé, mais une probable diminution de leur
auto-renouvellement ainsi qu’une altération de leurs pro-
grammes de différenciation. On note, en revanche, une
diminution de la proportion des cellules médullaires héma-
topoïétiques au profit de cellules adipeuses [17]. Il existe
une réduction de la capacité de différenciation en progéni-
teurs lymphoïdes, ce qui augmente le potentiel myéloïde
par rapport au lymphoïde. Les modifications du microenvi-
ronnement sont dominées par la diminution de sécrétions
de cytokines : réduction de sécrétion de TNF et d’IL-1
par les macrophages [18], ce qui réduit la sécrétion d’IL-7
indispensable à la croissance des LT [19], diminution des
lymphocytes pré-B [20], sous l’effet de la réduction de la
sécrétion d’interleukines [21]. La diminution des cytokines
agirait sur la recombinaison du gène V-DJ, codant pour la
partie hypervariable des immunoglobulines, ce qui rédui-
rait ainsi la variabilité du répertoire des immunoglobulines
[22].
À côté de ces causes intrinsèques, il faut rappeler
les causes extrinsèques à la moelle, représentées par la
diminution de la production d’hormones de croissance et
une augmentation de la production d’hormones stéroï-
diennes.
8Geriatr Psychol Neuropsychiatr Vieil, vol. 13, suppl´
ement 2, septembre 2015
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