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tragédie d’Euripide : Iphigénie est seule, exilée,
porteuse de la malédiction des Atrides. Son père
a dû la sacrifier (à Aulis), mais elle a été sauvée
par la déesse − Artémis chez Euripide et Diane chez
Goethe − qui l’a « transportée » par magie ici, en
Tauride (aujourd’hui la Crimée). Elle est devenue
sa prêtresse, gardienne du temple, chargée par
les lois du pays d’exécuter tous les étrangers
qui s’aventurent sur les terres du roi Thoas… On
apprend qu’elle a obtenu l’arrêt de cette pratique
barbare, premier pas vers une « civilisation » de
ce peuple… Mais − ici Goethe se sépare d’Euripide −
Thoas, roi vieillissant, esseulé, demande Iphigénie
en mariage. Elle refuse de l’épouser ; furieux,
il rétablit la peine de mort et elle se retrouve
en situation de devoir exécuter deux étrangers
fraîchement arrêtés − en fait, on l’apprendra : son
frère Oreste et son ami Pylade.
Bernard Chartreux : L’aspect positif de la
démarche d’Iphigénie, c’est aussi celle d’une
femme face à des hommes qui sont, eux, soit restés
dans le vieux temps de la barbarie − les gens de la
Tauride − soit dans une exaltation de la jeunesse −
les deux « frères » Oreste et Pylade…
Ce qui est intéressant de la part d’Iphigénie,
c’est que ce n’est pas un projet concerté, pensé,
rationalisé qu’elle mettrait en œuvre par exemple