Mais à l'instar de KERLINGER (1989) ou SMITH (1985a), un ensemble de critiques s'y rapportent
également. Gibraltar jette, en raison de la phénologie originale de franchissement du Détroit qu'emploient
les oiseaux, les bases d'une suspicion que relèvent EVANS & LATHBURY (1973) : le contrôle du flux
réalisé à l'aide d'un radar à ondes courtes montre par vent d'Est une migration de haute altitude que les
instruments des observateurs au sol (œil nu ou jumelles ne parviennent à déceler. D'une simple
comparaison des résultats enregistrés pour chacune des deux techniques, se déduit l'inconvenance d'une
prétention au monitoring ; ces deux auteurs généralisent leur jugement à la totalité des points de
concentration.
HEINTZELMANN (1986) considère quant à lui que les variations interannuelles enregistrées à Hawk
Mountain n'expriment que des variations de comptage plutôt que d'effectifs traversant réellement la sphère
d'observation.
D'autres auteurs relèvent le manque de fiabilité des dénombrements, ainsi que l'influence d'une masse de
facteurs non quantifiables inhibant une interprétation exhaustive des résultats (FULLER & MOSHER,
1981).
1-4 Le cas particulier des espèces à large dispersion ou difficile à contacter
Il est pourtant certaines espèces - rapaces, cigognes noires, grues cendrées pour n'en citer que quelques-
unes unes nous intéressant particulièrement - dont les aires de répartition sont relativement lâches et
couvrent de larges étendues. Leur accès parfois malaisé, la rareté des voies de communication rendent
leur pénétrabilité imparfaite. Dans de telles conditions, ni le baguage des individus, moins encore le
dénombrement direct sur sites ou zones de reproduction ne permettront d'autres analyses qu'estimatives,
l'optique d'un monitoring se trouvant complètement écartée. On le concevrait à moins.
Ultime recours admettant pour préalable le caractère franc et massif des déplacements saisonniers, ainsi
qu'une constance dans la direction prise par les espèces considérées (ou bien les populations que l'on
cherche à étudier), le comptage visuel direct aux points de concentrations demeure dès lors l'unique
technique appropriée.
L'obtention d'un résultat correct, ou plutôt interprétable, requiert toutefois pour première condition une
excellente identification et localisation du site d'observation.
Hawk Mountain (BROUN, 1949 ; NAGY, 1977a ; ROBERTS, 1984 ; SPOFFORD, 1969), Derby Hill
(SATTLER & BART, 1984), Cape May Point pour le Faucon pèlerin (DUNNE & SUTTON, 1986), l'Etat du
Maryland (HACKMANN & HENNY, 1971) pour les Etats-Unis d'Amérique, Falsterbo en Suède (ROOS,
1978, 1985 ; ULFSTRAND & al., 1974) figurent parmi ces rares sites dont le traitement des totaux de
migrateurs qui y sont observés envisage un monitoring de certaines populations issues de diverses
espèces de rapaces (ou d'autres oiseaux).
Pour exemple, nous retiendrons l'Autour des Palombes (Accipiter gentilis) (MUELLER & BERGER, 1967b ;
MUELLER & al., 1977), le Pygargue à tête blanche (Haliaetus leucocephalus), le Balbuzard pêcheur et le
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