attendue. Et il est temps pour l'exception arabe de prendre fin. Cette
exception arabe a été permise par les gouvernements occidentaux parce
qu'ils croyaient que leurs intérêts dans la région seraient mieux servis par
la promesse illusoire de « stabilité » de dirigeants autoritaires que par les
incertitudes d’un gouvernement élu. Le fait que l’Occident persiste dans
l’attaque à l’Islam, en interdisant le port du voile, et le fait de bruler les livres
saints, et le fait de continuer à soutenir l’injustice sous toutes ses formes, tout cela
engage la haine et c’est le chrétien d’Orient qui payera le prix très fort.
Au point où nous en sommes, je ne prêche pas que le Monde arabe doit
tourner le dos à l’Occident, mais qu’il est travaillé par la nécessité de coopérer
avec les communautés du monde pour le bien commun de tous ses ressortissants.
Cette coopération serait profitable pour son développement et pour sa
survie. Car, il se trouve, actuellement, à un tournant crucial de son histoire
moderne.
Il reste quand même vrai que le Printemps arabe fut un échec pour la
politique occidentale adoptée au Moyen-Orient depuis Sykes-Picot. Il vient
de démontrer que bon nombre de personnes dans la région moyen-orientale
ne partagent pas la complaisance de l'Occident envers les régimes
autocratiques. Ne voulant plus être les sujets passifs, ces personnes ont
commencé à insister pour devenir les citoyens à part entière de leur pays,
les propres artisans de leur destin. Et, il me semble qu’il ne sera pas facile
de revenir en arrière. Ne pas faire aboutir le printemps arabe c’est ne pas
soutenir l’Islam modéré, mais livrer le Moyen-Orient au fondamentalisme,
à la violence, au chaos et l’exclusion.
Dans ce méli-mélo, l’Eglise œuvre pour une culture de la paix, une
culture d’accueil, une culture de la convivance, sans qu’elle soit une
obligation mais une volonté libre aussi. Elle encourage ses fidèles à
n’adopter que des solutions politiques qui sauvegardent les droits
fondamentaux de la personne humaine. Lesquels droits sont universels,
dignes de chaque être humain, de quelque appartenance religieuse qu’il
soit, qu’il s’agisse de la liberté de conscience, de culte et d’expression. Ces
droits sont aptes à favoriser l’intégration dans la vie sociale, culturelle et
politique de tous les citoyens, de quelque bord qu’ils soient, chrétiens ou
musulmans ou irréligieux.
Enfin, je tiens à rappeler que, dans le monde arabe, nous sommes peut-être
mieux placés que d’autres pour comprendre l’importance et le rôle que doit et
que peut jouer la foi dans la vie de l’homme. Chez les arabes, plus peut-être
qu’ailleurs, chrétiens, musulmans et juifs font preuves d’un profond attachement
à leur foi. Appliquer l’Etat de droit ne veut pas dire sombrer dans la laïcité à
la manière européenne et laissant de côté la foi ou l’appartenance
religieuse ; ce n’est pas non plus travailler pour un régime à caractère
religieux. Ce qu’il faut, c’est œuvrer pour une citoyenneté basée sur la foi,