
NOTE DE CADRAGE
« Évaluation a priori de l’extension du dépistage néonatal par spectrométrie de masse en tandem »
HAS / Service évaluation économique et en santé publique / Version finale
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Présentation de la saisine et du thème
1 Introduction
Les erreurs innées du métabolisme (EIM) sont des maladies héréditaires rares
causées par des mutations de gènes codant pour des enzymes impliqués dans des
voies métaboliques importantes. La majorité de ces maladies touche le métabolisme
des acides aminés, des acides gras ou des acides organiques. Ces mutations sont le
plus souvent transmises selon un mode autosomique récessif. Bien que la
prévalence individuelle de ces maladies soit faible (1 sur 10 000 à 1 sur 1 000 000),
leur prévalence collective est élevée (1). Les EIM se manifestent cliniquement le plus
souvent par des symptômes non spécifiques et le diagnostic clinique se fait
généralement par exclusion. Les cas les plus graves peuvent mener au décès dans
les premières semaines de vie. Dans d’autres cas, ils se manifestent par une
décompensation métabolique pouvant entrainer des séquelles irréversibles (retard
mental, troubles neurologiques, retard de croissance). Un diagnostic précoce, avant
la survenue des symptômes cliniques, permet d’éviter des hospitalisations
prolongées dans le but d’établir un diagnostic et, lorsqu’une intervention est
disponible, d’améliorer le pronostic. Pour certaines EIM, notamment certaines
conditions très rares et connues depuis peu, il n’existe pas de données probantes sur
le pronostic à long terme.
En France, un programme national de dépistage néonatal existe depuis 1978. Cinq
maladies font actuellement l’objet d’un dépistage néonatal systématique par des tests
biologiques : la phénylcétonurie (PCU) depuis 1972, l’hypothyroïdie congénitale
depuis 1978, la drépanocytose chez les enfants à risque depuis 1995, l’hyperplasie
congénitale des surrénales depuis 1995 et la mucoviscidose depuis 2002. Hormis
l’hypothyroïdie congénitale qui relève d’étiologies diverses, les maladies dépistées
par tests biologiques sont des maladies génétiques. Le dépistage se fait à « jour 3 »
à partir d’une goutte de sang prélevée au talon et conservée séchée sur papier
buvard.
Dans les années 1990, la spectrométrie de masse en tandem (MS/MS) a été
appliquée au dépistage néonatal comme technique permettant de dépister
rapidement et simultanément sur un même échantillon, notamment sur la goutte de
sang conservée sur papier buvard, plus d’une trentaine d’EIM. Elle a ouvert un débat
dans la communauté scientifique sur la pertinence d’étendre le dépistage néonatal à
nombre d’EIM. Cette technologie peut être utilisée de manière sélective pour dépister
certaines EIM spécifiques ou, en mode balayage, pour détecter tous les profils
métaboliques associés à plus d’une trentaine d’EIM. Parmi les cinq maladies faisant
actuellement l’objet d’un dépistage néonatal par des tests biologiques en France, une
seule, la PCU, est susceptible d’être dépistée en routine par MS/MS.
Plusieurs pays européens ainsi que l’Australie, le Canada et les Etats-Unis ont
intégré la technologie de MS/MS dans leur programme de dépistage néonatal, depuis
plusieurs années.