Anecdotes sur les connaissances géologiques de 1969
Après ce tremblement de terre, les quotidiens s'intéressent aux avancées des connaissances dans les domaines
de la sismologie et de la géotectonique, sciences alors en plein essor.
"La faille de la ceinture de feu de l'Atlantique"
Depuis le début des années 60 et la validation de la théorie de la tectonique des plaques, les scientifiques pen-
sent que les séismes et les volcans, grandes manifestations géologiques de l'écorce terrestre, sont causés par
des mouvements au niveau des failles qui délimitent les différentes plaques tectoniques de la surface du globe.
Dans le France Antilles du 27 Décembre 1969, on peut lire qu’une de ces grandes failles partait du Venezuela,
traversait l'Atlantique puis la Méditerranée et serait à l’origine des tragédies meurtrières de Chlef (ancienne-
ment Orléansville) en Algérie en 1954, d'Agadir au sud du Maroc en 1960 (15 000 victimes soit 40% de la
population), et de Skoplje en Yougoslavie en 1963.
Ressenti à Caracas et localisé à 183 km de nos côtes, le séisme du 25 Décembre 1969 confortait cette thèse.
Aujourd'hui, les grandes limites des plaques sont bien connues aux Antilles. On sait que cette grande faille entre
le Venezuela et la Méditerranée n'existe pas mais que les activités sismique et volcanique de l’Arc antillais sont
liées à la subduction des plaques Américaines (Nord et Sud) sous la plaque Caraïbe. Cette subduction est mar-
quée par une grande faille sous-marine qui s'étend sur plusieurs centaines de kilomètres à l'Est de l'Arc.
Carte géotectonique
illustrant les limites de
la plaque Caraïbe
(source : Feuillet, 2000,
Thèse de l'Université
Paris7.
Sismotectonique des
Petites Antilles. Liaison
entre activité sismique
et volcanique)
"Les séismes préventifs"
Toujours dans l'édition du France Antilles du 27 Décembre 1969, on peut également lire que des "tremblements de terre
préventifs permettraient de libérer la pression à certains endroits de l'écorce terrestre pour désamorcer les cataclysmes
naturels".
Mais l'hypothèse des séismes préventifs telle que décrite ci-dessus tient toujours du domaine de la fiction. En effet, même
si des séismes artificiels peuvent être déclenchés par explosion pour la recherche scientifique (ex: pour cartographier les
failles), ou encore pour l’industrie (ex : recherche du pétrole, …) dans le but de connaître la structure du sous-sol, le génie
humain n’a pas encore les capacités à reproduire ce phénomène de libération d’énergie lors de secousses sismiques.
Le séisme du 25 décembre 1969 n'est certes pas le plus intense que la Martinique ait connu au XXème siècle mais il est le
premier séisme ressenti de façon significative depuis 1953. Il a su attirer l'intérêt des scientifiques, intrigués par sa lon-
gue crise sismique et son caractère tectonique particulier de part sa localisation très à l'Est au-delà de la limite de sub-
duction.
L’explication de cette crise fait encore débat au sein de la communauté scientifique.
Il a également su capter l'intérêt des médias qui commencent alors à vulgariser l'information scientifique dans le domaine
des sciences de la Terre, pour la rendre accessible à tous.
C’est aussi l'année d’entrée en vigueur de nouvelles normes parasismiques. Après le tremblement de terre d’Agadir, le 29
février 1960, des règles dites « Normes d’Agadir 1960 – NA60 » sont rendues applicables pour la reconstruction d’Agadir ;
en 1969, elles sont remplacées par le règlement parasismique PS69 applicable à la France métropolitaine et dans les
DOM.
Nov. 2007
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1969