Agence d’Aménagement et d’Urbanisme de la Corse Atlas des Espaces Remarquables et Caractéristiques du Littoral | 2014
Agence d’Aménagement et d’Urbanisme de la Corse Atlas des Espaces Remarquables et Caractéristiques du Littoral | 2014
Belvidè-CampuMuru
Punta di CampuMuru, Punta d’Eccica
MOTIVATIONS DU CLASSEMENT
Approche paysagère :
Le site s’étend de la Punta di CampuMuru à la petite crique de Barcaghju et Monti sur un rivage chaotique. Il englobe la Punta di Manna
Mulina, la Punta di Cuccari, la Punta di Muchju Biancu et la Punta di Capanaccia, autant de petites élévations qui forment des éléments de
relief en léger retrait du rivage.
Les courtes falaises littorales masquent en eet des zones de replat autrefois vouées à l’agriculture et à l’élevage, où ne subsiste aujourd’hui
qu’une poignée de terrains en pâture. La végétation du site est riche et variée, alternant pelouses halophiles littorales, maquis thermophiles
à Lentisque et Genévrier, ainsi que maquis de chênes verts implantés plus à l’intérieur des terres.
Très déchiquetée, la côte voit se succèder caps rocheux, criques de sable n ou de galets et îlots, qui contrastent avec les rivages de la côte
Ouest positionnés plus au Nord et dans l’ensemble plus lisses et moins marqués par la confrontation avec le large. Cette vaste côte sauvage
joue, à ce titre, un rôle notoire de transition paysagère entre la région Sud (rattachée à Prupià) et l’extrémité Sud de l’île (Bunifaziu).
Notons également que la Punta di CampuMuru, gure un repère paysager prégnant du golfe de Valincu, conrmé par la tour génoise de
CampuMuru, qui du haut de ses 15 m, est la plus grande tour de Corse. Depuis ses hauteurs, une vue imprenable s’ore à l’observateur vers
la rive Nord du golfe de Valincu et la baie de CampuMuru.
Enn, en l’absence de route et de vis-à-vis, le site ne se laisse percevoir, excepté depuis la mer, que par petites touches via le sentier du
littoral. Il se découvre alors progressivement, ofrant au détour d’un virage, d’une crique ou d’un cap, le spectacle d’une nature intacte.
Secteur remarquable, le site de Senetosa fait partie des hauts-lieux de Corse.
Approche écologique :
Préservé car éloigné des espaces anthropisés, mais soumis à la pression des embruns, le site abrite nombre d’habitats naturels remarquables.
Parmis eux, l’habitat littoral d’intérêt communautaire «falaises avec végétation des côtes méditerranéennes» prédomine, compte tenu de la
morphologie du site et de son étendue.
Concernant spéciquement la végétation, le site abrite de belles popultions d’espèces protégées dont : Asplenium marinum, Euphorbis
peplis, Isoele histrix. On note également de belles formations de lichen à lychéLithophyllum tortuosum entre les blocs rocheux.
Au titre de la faune, la partie terrestre, entre pelouses halophiles et maquis, abrite amphibiens (Discoglosse Sarde), reptiles (Cistude
d’Europe, Tortue d’Hermann, Phyllodactyle d’Europe), et invertébrés (Grand Capricorne, Porte-Queue de Corse).
Traversé par un sentier littoral, le site reconnu des touristes, est soumis à une pression anthropique (particulièrement à la saison estivale)
susceptible de porter atteinte aux espèces (piétinement des végétaux, dérangement des espèces...). Les pressions émanent aussi de la
mer, où les bateaux apprécient de mouiller aux abords de la côte pour admirer les «tafoni» ou s’abriter dans les criques abritant les plages
(Conca, Tivedda).
Approche du patrimone culturel :
Le site à l’étude est un territoire à la préservation exceptionnelle car il n’est traversé par aucune route et ne possède aucun habitat actuel,
à l’exception de quelques anciennes bergeries aménagées. Cet abandon agricole de la seconde moitié du XXème siècle a contribué à la
préservation du patrimoine bâti de l’époque moderne et du XIXème S. Plusieurs ensembles de bergeries, des orii (grottes murées utilisées
comme silos), notamment les orii di i Partusi, la maison d’Ana liée à un petit port, le phare de Senetosa, la tour génoise de Senetosa (XVIIe
siècle).
Approche géologique :
Le substratum du site est constitué dans sa presque totalité de roches magmatiques plutoniques hercyniennes appartenant à l’association
calco-alcaline U2, mise en place entre -305 et -280 Millions d’années. Il s’agit du granite leucocrate de Punta di CampuMuru et de Capu
Senetosa, du monzogranite qui aeure à Canuseddu et à la Punta di Manna Mulina et du monzogranite porphyroïde qui aeure sur tout
le reste du littoral u Pontonu, Punta d’Eccica, Punta di Capicciolu et Punta di Barcaghju. Les septa dioritiques qui aectent ces granitoïdes
sont peut nombreux ici mais il faut noter à l’Est de Cala di Conca le relief de Lori (point coté : 167m) où aeurent des diorite-gabbro, roche
sombre et lourde. Des formations quaternaires complètent le paysage géologique : limon uviatile, sable de plage actuel, dunes littorales
holocènes. A Cala d’Arana, une surface d’érosion littorale, perchée entre 3 et 10 m témoigne de variations du niveau de la mer et des mou-
vements récents du bâti granitique.
Activités et pressions anthropiques :
Fréquentation touristique (sentier littoral, plages).
Zone ponctuelle de pâture.
Conclusion du classement
Le classement est prononcé au regard de l’intérêt écologique (vaste zone de nature remarquable préservée), paysager (vaste zone de
transition entre le Sud et l’extrémité Sud de l’île), patrimonial (nombreux patrimoines bâtis de l’époque moderne et du 19ème S) et
géologique.
le site est classé en ESPACE REMARQUABLE DU LITTORAL.