Le même vient d'annoncer récemment sur sa page Facebook que c'est une erreur de
considérer que seule l'Arabie Saoudite accueillerait des théologiens dignes de ce
nom, et qu'il entamera prochainement des cours sur la base des avis doctrinaux de
l'école juridique malikite. Cette orientation semble être une caractéristique de
plusieurs théologiens, prédicateurs, associations et autres centres de formation sur
l'islam, lesquels ont décidé, peut-être, de relier l'islam français à sa dimension
historique première, à savoir l'immigration coloniale et post-coloniale en
provenance du Maghreb et d'Afrique sub-saharienne. Cette évolution est en soi très
intéressante, encore faudra-t-il préciser, là aussi, quelle sera l'orientation
idéologique – au sens d'une vision du monde qui s'incarne dans une praxis – de ce
malikisme hexagonal.
Les erreurs de jeunesse des prédicateurs musulmans
Je ne suis pas un partisan des polémiques stériles et j'étais plutôt mal-à-l'aise face
au lynchage médiatique subi par l'imam de Brest, pour deux raisons au moins. La
première réside dans le fait que la vidéo, objet de la polémique actuelle, était
connue d'un certain nombre de personnes qui se sont posées comme les censeurs de
ce que doit être un discours musulman ancré dans le «républiquement» acceptable ;
ces dernières se sont engouffrées dans la énième brèche que les médias ouvrent à
tout-bout-de-champ afin de faire passer l'islam pour une religion, a minima,
ringarde, dont les adeptes «pratiquants» ont forcément une carence en vitamine M,
pour modernité, si l'on me concède cette boutade.
J'avais personnellement alerté, il y a quelques mois, un ami très proche de l'imam
pour l'informer des conséquences négatives certaines qu'aurait ce type de vidéo, à la
fois sur la réputation du personnage, mais surtout sur l'image renvoyée à la société
concernant l'éducation des enfants dans l'environnement de la mosquée. Ce n'est
d'ailleurs pas la seule vidéo problématique puisque Rachid Abou Houdeyfa, même
s'il se défend de posséder une quelconque légitimité dans le domaine de la
casuistique musulmane (fatwa), n'en diffuse pas moins, depuis plusieurs années,
des avis juridiques clairement situés dans la doctrine hanbalite telle qu'elle est
promue par le comité des théologiens saoudiens.
Ces avis n'ont pour autre objectif que d'orienter les comportements des musulmans
dans le domaine de l'éducation, des rapports de genre, des rapports aux non-
musulmans, du travail, du culte, du vêtement, etc., et il devra désormais les assumer
comme un héritage de jeunesse, ou alors comme une conviction profonde de sa
part. Cela m'amène à la seconde raison de mon malaise ; lorsque j'avais une
vingtaine d'années – j'ai débuté mon activité de conférencier en 1990 à l'âge de 20
ans, converti à l'islam depuis 3 ans et après un passage de quelques mois au sein du
Tabligh -, alors membre de l'UOIF et des Frères musulmans, j'ai fait mes armes
dans la prédication islamique en développant peu-ou-prou le même type de
discours que celui des jeunes prédicateurs estampillés aujourd'hui comme
«salafistes» et autres «néo-fondamentalistes».