16 Actualités de réadaptation cardiaque et de prévention de la maladie cardiovasculaire
conception du patient et la réalité – ou cerner les éléments mal
compris. À ce stade, les observations du professionnel de la santé
peuvent se révéler particulièrement utiles.
Répercussions pour le praticien
Les praticiens se demandent probablement comment intégrer ces
considérations dans leur travail. Voici donc 7 suggestions qui
peuvent être mises en pratique dès maintenant.
• Exposez les faits au patient et donnez-lui également de
l’information sur la marche à suivre pour parvenir à ses
objectifs. Les gens ont besoin de comprendre non seulement le
quoi et le pourquoi, mais également le comment des choses.
• Associez l’écrit et le verbal. L’information verbale ne se
transmet pas forcément lors d’un entretien individuel ou d’une
discussion de groupe. En effet, les documents audio et vidéo
peuvent venir concrétiser et consolider la documentation.
• Étayez les exposés didactiques de jeux de rôles au cours desquels
le patient recevra des commentaires sur sa prestation.
• Personnalisez le matériel d’éducation en y inscrivant le nom des
participants, de sorte que ceux-ci se sentent davantage interpellés.
• Lors de la mise au point du matériel d’éducation, pensez au
contenu, bien sûr, mais ne négligez ni la présentation ni la mise
en page. Autant que faire se peut, adoptez un ton personnel.
Aérez le texte le plus possible et évitez les longs paragraphes. La
phrase courte est de mise, tout comme les listes énumératives.
• Mettez les patients dans le coup à l’étape de la conception.
Rien ne vaut la mise à l’essai du matériel auprès du public
cible. Demandez à plusieurs patients de lire le matériel et de
souligner les mots, les phrases ou les passages nébuleux. Veillez
à constituer un échantillon représentatif du public cible (âge,
sexe, origine ethnique et instruction).
• Afin de favoriser l’acquisition des connaissances et leur mise en
application, associez la théorie à la pratique en prévoyant des
activités de développement des habiletés, un soutien social et des
démarches motivationnelles adaptés aux besoins du patient.
Conclusion
En suivant ces conseils, les praticiens pourront sans doute transmettre
un maximum de connaissances aux patients et accroître la probabilité
que ce nouveau savoir se concrétise par l’adoption de saines habitudes
de vie et le respect des consignes du médecin. Voilà qui devrait, à
long terme, améliorer la prise en charge de la maladie.
Références :
1. Canadian Association of Cardiac Rehabilitation. Canadian Guidelines
for Cardiac Rehabilitation and Cardiovascular Disease Prevention:
Enhancing the Science, Refining the Art. 2nd ed. Winnipeg: Canadian
Association of Cardiac Rehabilitation; 2004.
2. Bandura A. Social foundation of thought and action: a social cognitive
theory. Englewood Cliffs, NJ: Prentice Hall; 1986.
3. Carleton RA, Bazzarre T, Drake J, et al. Report of the Expert Panel on
Awareness and Behavior Change to the Board of Directors, American
Heart Association. Circulation 1996;93(9):1768-1772.
4. Raynor DK. The influence of written information on patient knowledge
and adherence to treatment. In: Myers LB, Midence K, éd. Adherence
to Treatment in Medical Conditions. Amsterdam: Harwood Academic
Publishers; 1998;83-111.
5. Gollwitzer P. Implementation intentions: Strong effects of simple plans.
Am Psychol 1999;54(7):493-503.
L’entraînement physique chez le patient sujet à l’ischémie
Robert Bertelink et Paul Oh, Programme de réadaptation cardiaque et de prévention secondaire
du Toronto Rehabilitation Institute
On recommande souvent aux fournisseurs de soins de santé d’user
de prudence lorsqu’ils prescrivent un programme d’exercices à un
patient souffrant d’une coronaropathie et connaissant des épisodes
d’ischémie. Par exemple, dans les lignes directrices de l’American
College of Sports Medicine (ACSM), on précise qu’un tel patient
ne devrait pas, lors de l’effort, dépasser une fréquence cardiaque
inférieure de 10 batt./min à son seuil ischémique (déterminé par
l’apparition d’un abaissement du segment ST à l’ECG de 1,0 mm,
avec un segment plat ou en pente descendante)1. On déconseille
également aux prestateurs de soins d’amener les patients à un seuil
d’effort déclenchant des symptômes d’angine.
« Il est temps de réévaluer les lignes directrices
et de déterminer s’il ne serait pas préférable
d’adopter une approche plus énergique pour
permettre aux patients d’atteindre leurs objectifs
fonctionnels, d’atténuer le plus possible l’impact
des facteurs de risque et d’améliorer leur
pronostic par le maintien d’une meilleure forme
physique, le tout sans effets indésirables. »
Les lignes directrices actuelles conviennent-elles à tous les
patients? Peut-on arriver à entraîner de façon efficace le patient
sujet à l’ischémie ou à l’angine en suivant ces directives? Il est temps
de réévaluer les lignes directrices et de déterminer s’il ne serait pas
préférable d’adopter une approche plus énergique pour permettre
aux patients d’atteindre leurs objectifs fonctionnels, d’atténuer le
plus possible l’impact des facteurs de risque et d’améliorer leur
pronostic par le maintien d’une meilleure forme physique, le tout
sans effets indésirables. Le présent article traite de cette importante
question et présente deux études de cas reflétant des modèles
d’entraînement possibles avec leurs résultats.
Cas no 1 – Ischémie silencieuse
Paul est un homme de 51 ans à qui on a prescrit un programme de
réadaptation cardiaque. Parmi ses antécédents médicaux, on note
un infarctus du myocarde postérieur survenu 4 ans auparavant. Sa
fraction d’éjection au repos est de 40 %, mais il ne montre aucun
symptôme d’insuffisance cardiaque. Il mentionne ressentir une
sensation de pression à la poitrine à l’occasion lors de l’effort.
Parmi les autres antécédents médicaux de Paul, on note le
tabagisme (30 paquets-années), un diabète maîtrisé par un régime
alimentaire approprié et une cholestérolémie élevée.