Grammaire L3 EAM / 9. Constructions particulières
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3.3. Les constructions réfléchies
Bien que toutes les constructions réfléchies partagent les mêmes propriétés morphosyntaxiques, elles se
subdivisent en plusieurs classes si on les envisage sous leur aspect sémantique.
3.3.1. Les constructions à cause interne
• On définit traditionnellement les constructions réfléchies comme des structures dans lesquelles le sujet fait
l'action sur lui-même. Si l'on se place dans un cadre sémantique, cela signifie que le sujet est à la fois considéré
comme l'agent (c'est-à-dire l'instigateur volontaire de l'action décrite par le verbe) et comme le patient
(l'entité subissant cette action).
33. a. [Paul]Agent a couché [son fils]Patient
b. [Paul]Agent/Patient s'est couché
34. a. [Paul]Agent/Patient s'est donné un mois pour finir son travail
b. [Paul]Agent a donné un mois [à Zoé]Patient pour finir son travail
Dans ces structures, le sujet, en tant qu'agent, cause l'action décrite par le verbe. La cause est donc exprimée par
un élément de la phrase : elle est interne.
• Les constructions réciproques constituent un second cas de structures à cause interne :
35. a. [Paul et Marie]Agen+Patient se détestent
b. [Paul]Agent déteste [Marie]Patient et [Marie]Agent déteste [Paul]Patient
36. a. [Paul et Marie]Agent+Patient se sont embrassés
b. [Paul]Agent a embrassé [Marie]Patient et [Marie]Agent a embrassé [Paul]Patient
• Un sujet non-humain peut être le seul instigateur de l'action, s'il en a la capacité ; en (37), les événements ne
sont pas provoqués 'de l'extérieur'.
37. a. Le vent se lève
b. Le soleil se couche
c. Le brouillard se répand
Il s'agit là encore de structures à cause interne.
3.3.2. Les constructions à cause externe
• Certaines constructions pronominales se distinguent des précédentes par le fait qu'elles ne possèdent aucun
constituant qui pourrait être analysé comme l'entité à l'origine de l'événement. La cause est donc
nécessairement externe à la phrase.
(i) C'est le cas dans les structures appelées constructions pronominales passives (ou constructions moyennes) :
38. a. Les timbres s'achètent dans les bureaux de tabac
b. Le château se voit de loin
c. Ce plat se mange en hiver
d. La laine ne se lave pas à la machine
Le SN sujet ne peut être interprété ici que comme le patient. La meilleure paraphrase de ces structures consiste à
introduire un sujet indéfini comme on et à employer le SN initialement sujet comme objet du verbe :
39. a. On achète les timbres dans les bureaux de tabac
b. On voit ce château de loin
c. On mange ce plat en hiver
d. On ne lave pas la laine à la machine
On peut observer que, dans toutes ces structures, le SV est interprété comme décrivant une particularité ou une
propriété du sujet. De plus, ces structures se caractérisent fréquemment par la présence d'un syntagme après le
verbe ; la suppression de cet élément provoque un changement de sens :