CDI-SDP2015-correcti..

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Quizz, La liberté de la presse en France,
Qu’est-ce que c’est ?
I – La genèse
1 - Comment a commencé l'histoire des caricatures ?
Le réalisateur Théo Van Gogh est égorgé en pleine rue d’Amsterdam le 5 novembre 2004. Son
assassin, un islamiste, lui reproche d’avoir trainé le prophète dans la boue. Après le crime, la peur
s’installe ainsi que l’autocensure.
En fait, on peut faire remonter l’histoire à la parution en 1988, des versets sataniques de Salman Rushdie,
accusé de manque de respect à l’islam et au Prophète. Cet ouvrage va embraser le monde musulman,
provoquant l’incompréhension de l’Occident. Le 14 février 1989, l’imam Khomeiny publie une fatwa contre
l’écrivain, appelant à son exécution (levée 10 ans plus tard). D’origine musulmane, Salman Rushdie est
accusé d’athéisme et d’apostasie, ce qui, pour les plus radicaux en islam, est punissable de la peine de mort.
En 2005, la publication, au Danemark, des caricatures du Prophète va creuser le fossé culturel entre
l’Occident et le monde musulman, sur fond de montée de l’islam radical.
2 - Pourquoi le Jyllands Posten a-t-il réalisé un concours de dessins ?
Pour rompre le silence et l’autocensure qui donnerait raison à la violence et la terreur. En effet, il est de
plus en plus difficile de trouver des illustrateurs d’ouvrages sur Mahomet ou sur la religion musulmane.
C’est donc bien l’autocensure et la peur qui motive le journal afin de ne pas jouer le jeu des intégristes, de
ne rien céder aux islamistes !
3 - Quel était le titre du concours ?
Le thème du concours était : “Représentez Mahomet tel que vous le voyez”
4 - Combien de dessins seront publiés par le journal ?
Flemming Rose, en sélectionne 12 et les publie le 30 septembre 2005, sous le titre “Les visages de
Mahomet”
5 - Quels sont les journaux français qui publieront des caricatures ? Pourquoi les
publient-ils ?
Face au déchaînement des islamistes, notamment en Syrie, l’UE désavouée les journalistes du
Jyllands Posten. Une partie de la presse soutiendra les journalistes danois isolés, en autre, en
publiant des caricatures du journal danois. En France c’est le cas de l’Express, de France Soir et de
Charlie Hebdo.
Le directeur de publication de France Soir est limogé, suite à ces publications, par l’actionnaire iranien du journal,
Raymond Lakal. Le directeur de publication de l’Express donnera sa démission au propriétaire du journal, Serge
Dassault, qui doit vendre des rafales à l’Arabie Saoudite quelques jours plus tard. Un exemple de conflit d'intérêt
entre les grosses entreprises qui investissent dans les journaux et les médias, et le journalisme, alors qu’une grande
partie de la presse appartient aujourd’hui à des entreprises.
Vous pouvez consulter le schéma représentant les propriétaires de la presse française sur esidoc, à l’adresse
suivante :
http://lyceevaldegaronne.com/ressource/cartePPA-2011.jpg
6 - Quel journal sera traduit en justice ?
Seul Charlie Hebdo sera traduit en justice.
7 - Que représente la Une de Charlie Hebdo du 8 février
2006 ?
C’est la Une du numéro du journal qui accompagne la reproduction
les 12 caricatures de Mahomet, publiées par le Jyllands Posten.
Pour la une de ce numéro, l’enjeu de taille : il s’agit de dénoncer
la dérive des islamistes, sans stigmatiser les croyants.
C’est Cabu qui réalisera le dessin de la Une. Ce dessin est titré
“Mahomet débordé par les intégristes”. Il représente Mahomet qui se
prend la tête entre les mains et dit : “C’est dure d’être aimé par des
cons !”
8 - A partir de la revue de presse disponible au CDI, sur la représentation de
Mahomet, peut-on représenter Mahomet ? Pourquoi ?
Mahomet est une figure sacrée de l’islam, presque l’équivalent du Christ. Pourtant, ce n’était pas le
cas dans les premiers siècles de l’islam. La figure du prophète a de fait évoluée.
Nous ne possédons que très peu de d’éléments historiques sur lui. Dans le Coran, c’est un homme
comme les autres, essuyant même des caricatures en parole. C’est au 9ème siècle, au moment où
de nombreux chrétiens et juifs se convertissent à l’islam que la figure de Mahomet est « sacralisée »,
devenant un modèle pour ces nouveaux musulmans.
Selon Tareq Oubrou, grand imam de Bordeaux, « Il n’y a aucun interdit
concernant la personne du prophète, il n’y a que la représentation de Dieu qui
est interdite ». Dans l’islam Chiite, il existe d’ailleurs des images de Mahomet, au moins
jusqu’au 16ème siècle. C’est une tradition qui s’est mise en place assez rapidement dans l’islam
sunnite, pour éviter l’idolâtrie, précise Tareq Oubrou.
Théologiquement, la notion stricto sensu de blasphème n’existe pas non plus dans
l’islam. Pour la théologie chrétienne, le blasphème est ce qui manque de respect à Dieu et au
sacré. Le terme n’a pas d’équivalent en arabe. L’islam parle lui d’apostasie (« Rida »), ce qui veut
dire renier sa religion, explique Tareq Oubrou. Critiquer Dieu ou le Prophète
s’apparente à une forme de reniement. Mais cela ne peut s’appliquer qu’aux
musulmans eux-mêmes.
II - Le procès de Charlie Hebdo
1 - Qui engage une procédure judiciaire contre Charlie Hebdo ?
L’Union des organisations islamiques de France, la Grande Mosquée de Paris et le ligue islamique
mondiale engagent une procédure contre le journal Charlie Hebdo
2 - Pour quel(s) fait(s) ?
Pour injures publiques à l’égard d’un groupe de personnes en raison de leur religion, pour la
publication de deux des caricatures de Mahomet du journal Jyllands-posten ainsi que la Une
dessinée par Cabu représentant « Mahomet débordé par les intégristes »
3 - Quel sera le verdict de la justice ? Pour quelle(s) raison(s) ?
La justice française relaxe le journal, car les dessins visent « clairement une fraction »,
à savoir les terroristes, « et non l'ensemble de la communauté musulmane ».
4 - Comment le réalisateur Daniel Leconte filme-t-il le procès ? Pourquoi ?
N'ayant pas le droit de filmer le procès, il interviewe les témoins des
différentes parties à la sortie du tribunal ou en entretien avec le script du
procès.
Le procès de Charlie Hebdo n’a pas pu être filmé. En effet, les caméras et appareils
photographiques sont interdits au tribunal. Seuls quelques grands procès historiques ont été filmés
(procès de guerre). Afin de laisser une trace à ce procès historique sur la liberté d’expression, le
journal demande que la totalité des propos tenus dans le tribunal soit dactylographié (une
secrétaire notera en dactylographie toutes les paroles des protagonistes). Le réalisateur travaillera
avec cette transcription du procès tel un scénario. Il rencontrera les différents témoins, à la suite
du procès, pour qu’ils s’expriment à nouveau, et expliquent leur témoignage, script du procès à
l’appui. Daniel Leconte filme aussi les témoins du procès à leur sortie du tribunal.
5 - Que dénonce Mohamed Sifaoui dans son entretien à la sortie de son audition au
tribunal ?
“A aucun moment les croyants n’ont été visés par le journal, se sont les
idéologies qui ont été visées”.
Selon lui, “ à partir du moment où l’islam a été politisé et idéalisé, il faut
accepter aussi que l’islam soit au centre du débat public. Si l’on ne veut pas
que sa foi soit titillée, nous n’avons pas à mélanger politique et spiritualité. ”
6 - Selon lui, que lui interdit sa foi de musulman ?
“La liberté d’opinion est quelque chose de fondamental dans la vie de l’être humain.
Comment aujourd’hui au nom de l’islam, au nom de l’ensemble des musulmans, on vient tuer,
menacer, trainer les gens devant les tribunaux. Ces gens donnent une piètre image de la religion
musulmane ; sans humour, rigide... “
“Lorsqu’on est sûr de sa foie, il n’est alors pas besoin de réagir de manière
intempestive à chaque évènement.”
7 - Pourquoi, selon Elisabeth Badinter, ce procès est-il si important ?
Ce procès est fondamental pour Elisabeth Badinder, car la presse qui a osé publier les
caricatures représente, à ses yeux, le dernier rempart de ses libertés.
Selon elle, “il ne faut pas céder à la peur, car si par hasard le tribunal condamnait
Charlie Hebdo, c’est la peur et le silence qui gagnerait. Le silence qui
tomberait sur une société démocratique en apparence, mais une société qui en
faite serait saisie par la peur.” Ce silence qui accompagne l’agonie de la liberté.
III – Les attentats à Charly Hebdo
1 - Au total, combien de personnes sont mortes dans les attentats de janvier 2015, à
Paris ?
17 personnes : 11 personnes au journal Charlie Hebdo, (dont 8 membres de la rédaction), 1
gardien de la paix et 5 personnes dans l’attentat de l’épicerie casher.
Les portraits des 17 morts suite aux attentats de janvier 2015 :
http://tempsreel.nouvelobs.com/charlie-hebdo/20150111.OBS9717/frederic-cabu-charb-ahmed-elsa-clarissa-yohavphilippe-les-17-victimes-des-attentats.html
Les 12 victimes de l’attentat à Charlie Hebdo :
http://www.leparisien.fr/charlie-hebdo/attentat-a-charlie-hebdo-qui-sont-les-12-victimes-08-01-2015-4428271.php
Un hommage de l’humoriste Gaspar Proust sur les victimes de l’attentat à Charlie Hebdo :
http://www.lesinrocks.com/inrocks.tv/lhommage-tres-emouvant-de-gaspard-proust-charlie-hebdo/
2 - Quels sont les motifs présumés des assaillants ? Quelles ont été leurs cibles ?
Venger la religion islamiste selon laquelle, “le journal aurait provoqués les musulmans et insulté le
prophète”
Seul l'attentat contre Charlie Hebdo sera revendiqué le mercredi 14 janvier par le groupe d’AlQaïda au Yémen par une vidéo postée sur internet, avec comme message “Vengeance for the
Messanger of Allah”.
3 - Combien de chefs d'état ont participé à la marche républicaine à Paris le 11
janvier ?
44 chefs d’état été présents à la Marche Républicaine nationale à Paris, le dimanche 11 janvier
2015.
Plusieurs dirigeants ou représentants de chef d'état étrangers présents à la marche républicaine de Paris ont été
présentés comme étant peu sensibles aux libertés individuelles et au droit de la presse dans leur pays.
Ainsi les noms d'Ali Bongo (Président du Gabon), Viktor Orban (Premier ministre hongrois), Sergueï Lavrov (ministre
des Affaires étrangères russe), Ramtane Lamamra (ministre des Affaires étrangères algérien), Sameh Choukry
(ministre des Affaires étrangères égyptien), Boni Yayi (Président de la République du Bénin) ou encore Abdallah II (Roi
de Jordanie) , ont-ils été cités.
Des voix s'élèvent en France et en particulier aux États-Unis sur le fait qu'aucun haut responsable du gouvernement
américain n'a participé à la manifestation. De nombreux médias américains fustigent cette absence alors même que
ces attentats ont eu un fort retentissement populaire aux États-Unis, de nombreuses personnalités apportant leur
soutien aux manifestants.
Si John Kerry, secrétaire d'État des États-Unis, n'était pas présent, il s'est rendu en France la semaine suivante pour
« faire part à tout Paris et à toute la France de (son) émotion ». Il a également salué l'engagement du pays pour la
liberté d'expression, qu'il considère comme « une inspiration pour le monde entier ».
4 - Pourquoi, selon vous, plus de 4 millions de français ont manifesté dans toute la
France ?
La manifestation contre le terrorisme était un moyen pour la population de se rassembler pour
penser ses plaies, de réaffirmer sa foi en la république laïque indivisible, du vivre ensemble et de
faire front au terrorisme.
Les manifestations des 10 et 11 janvier 2015, également appelées « marches républicaines », font suite au
retentissement considérable des événements, aussi bien en France qu'à l'étranger. Au moins 265 villes françaises
dénombrent au moins 1 000 personnes à leur manifestation, selon un décompte du journal Le Monde. Le nombre
total de manifestants à travers la France est estimé par le ministère de l'intérieur à plus de 4 millions sur les deux
journées, dont plus de 1,5 million le dimanche 11 janvier à Paris, ce qui en fait le plus important rassemblement de
l'histoire moderne du pays. Parallèlement, de nombreuses manifestations et rassemblements de soutien ont eu lieu
dans le monde, avec en particulier 30 000 manifestants à Montréal.
Le samedi 10 janvier 2015, le lendemain du terme des évènements, plus de 700 000 manifestants défilent à travers
la France. On note environ 150 000 manifestants à Toulouse, 300 000 à Lyon, environ 80 000 à à Nantes, plus de
45 000 à Marseille, 40 000 à Perpignan, environ 40 000 à Lille, 30 000 à Nice, Limoges et Pau, plus de 22 000 à
Orléans, 13 000 à Agen, plus de 20 000 (soit environ le tiers de la population) à Troyes et 10 000 au Havre.
IV – La Liberté d'expression
1 - Que signifie la liberté d'expression ?
Le concept de liberté d'expression germe en France au XVIIIème siècle, pour se voir consacré lors
de la Révolution française.
L'article 11 de la Déclarations des droits de l'homme et du citoyen proclame ainsi que "la libre
communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux
de l'homme ; tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à
répondre de l'abus de cette liberté dans les cas déterminés par la loi".
2 - Est-on libre de tout dire ?
Non
3 - Quelle est la première limite fixée par la Déclaration des Droits de l'Homme et du
Citoyen ?
Art. 4. La liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui : ainsi,
l'exercice des droits naturels de chaque homme n'a de bornes que celles qui assurent aux autres
Membres de la Société la jouissance de ces mêmes droits. Ces bornes ne peuvent être
déterminées que par la Loi.
4 - Quelles sont les autres limites à la liberté d'expression en France ? Qui les fixe ?
Depuis la Révolution française, plusieurs textes prévoient un encadrement et des restrictions à la
liberté d'expression.
La loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse énonce comme premières limites à la liberté
d'expression : l'injure, la diffamation, la calomnie, l'incitation à la discrimination
(racisme, antisémitisme, homophobie), à la haine et à la violence.
L'ensemble est appuyé par la loi Gayssot du 13 juillet 1990, selon laquelle :
“Toute discrimination fondée sur l'appartenance ou la non-appartenance à une
ethnie, une nation, une race ou une religion est interdite." Le texte interdit
également le négationnisme, c'est-à-dire la contestation de l'existence de
crimes contre l'humanité.
L'apologie de crimes se pose également comme limite à la liberté d'expression. La loi de 1881
punit l'apologie des "atteintes volontaires à la vie, des atteintes volontaires à
l'intégrité de la personne et des agressions sexuelles", mais aussi l'apologie des
"vols, des extorsions et des destructions, dégradations et détériorations
volontaires dangereuses pour les personnes". De plus, depuis novembre 2014,
le Code pénal stipule que "faire publiquement l'apologie des actes de
terrorisme est puni de cinq ans d'emprisonnement et de 75 000 euros
d'amende".
C’est la loi qui fixe les limites à la liberté d’expression
5 - A-t-on le droit de blasphémer en France ? Oui
En France, contrairement à l'Allemagne, la Grèce et certains Etats américains par exemple, le
délit de blasphème n'existe pas. La liberté d'expression autorise donc à se
moquer des religions.
Toutefois, elle se frotte avec la liberté de conscience, proclamée par l'article 10 de la
Déclaration des droits de l'homme de 1789 : “Nul ne doit être inquiété pour
ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas
l'ordre public établi par la loi."
Le tout appuyé par l'article 1 de la loi concernant la séparation des Eglises et de l'Etat de 1905, qui
stipule que "la République assure la liberté de conscience. Elle garantit le libre exercice des cultes
sous les seules restrictions édictées ci-après dans l'intérêt de l'ordre public."
En France, il est donc possible de se moquer, voire de ridiculiser des religions, même si le dernier
mot sur l'appréciation pourra revenir aux juges.
6 - Selon vous, pourquoi fixe-t-on des limites ? A quoi servent-elles ? Sont-elles
efficaces ?
En revanche, il demeure interdit d'insulter des croyants. La liberté d'expression se voit
limitée, par la loi sur la liberté de la presse, en matière d'injure, de diffamation et d'incitation à la
discrimination, à la haine ou à la violence.
Le droit permet d'attaquer les religions, et les pratiques qui leur sont
associées, même de manière féroce. Mais, il réprime l'injure ou la provocation
à la haine à l'égard des croyants.
La loi du 17 mai 1819 considère comme injure " toute expression outrageante,
terme de mépris ou invective qui ne renferme l'imputation d'aucun fait".
Injurier un juif, un musulman ou un chrétien, n'est donc pas toléré, en revanche publier une
caricature de Mahomet n'est pas considéré comme injure à toute la religion musulmane.
Les limites fixées par la loi sont sensées protéger chaque citoyen de violence, de discrimination ou
d’offense. Elles ont été introduites au lendemain de la seconde guerre mondiale pour dire “plus
jamais ça”. Puis ont suivi, essentiellement des lois sur la protection des mineurs.
V – La Laïcité
1 - Quelle est la loi française à l'origine de la laïcité en France ?
C’est la loi de 1905 sur la séparation de l’église et de l’état qui définit le principe de laïcité.
2 - Quel est son grand principe ?
On entant par séparation de l’église et de l’état, la séparation entre les faits religieux qui
sont du domaine du privé et le fait Politique qui est du domaine du public. Ainsi,
les religions, quelles qu'elles soient, n’ont pas à intervenir dans le domaine Politique de la cité. En
France, l’expression de nos idées se fait depuis notre posture de citoyen. Tout citoyen a le droit
d’exprimer ses idées. La religion n’ayant pas le droit d’intervenir dans l’espace
public1.
VI – Epilogue
1 - Que suggère l’imam de Drancy pour manifester son désaccord avec les dessins de
Charlie Hebdo ?
Il suggère de répondre son désaccord par le dessin
1 Désigne tout espace, au sens physique mais aussi virtuel du terme, accessible à tous et ayant la capacité
de refléter la diversité des populations et des fonctionnements d’une société. L'espace public représente
dans les sociétés humaines, en particulier urbaines, l'ensemble des espaces de passage et de
rassemblement qui est à l'usage de tous, soit qui n'appartient à personne, soit qui relève du domaine public
ou, exceptionnellement, du domaine privé.
2 – Contre quoi, Robert Badinter nous met-il en garde ?
Ils nous met en garde contre les amalgames. En effet, le risque est qu’une partie de la société
française rejette tous les musulmans de France, les rendant responsables des attentats. Ce serait
jouer le jeu des terroristes que “d’allumer la haine entre les français” et de creuser le fossé que les
terroristes rêvent d’ouvrir entre les musulmans et les autres citoyens.
3 - Selon Natacha Polony, quels sont les responsables de la situation actuelle ?
Selon Natacha Polony il n’y a plus de réel débat dans notre société, certaines parties en sont écartées le
discours reste superficiel. “On aseptise les mots, on étouffe la parole et la pensée
alternative est interdite”.
Les médias ont leur part de responsabilité dans cette pensée moyenne et normative. Elle donne l’exemple
du référendum sur l'Europe de 2005 où 95% des médias ont fait campagne pour le oui, ne laissant
quasiment aucun espace au non.
“Les fractures s'élargissent, les colères montent.” Dans ce contexte, le Front national, récupère des
mécontents, en s’emparant des principes que la République a laissé tomber, tel que la laïcité.
Le constat est grave : “nous n’avons pas su transmettre aux auteurs des attentats ce
qu'était la France”. Aujourd’hui encore nous sommes dans l’incapacité de faire ce constat, c’est à
dire, de définir le projet de la France après ces attentats. “On a vu le résultat sans en tirer
aucune leçon. Parce que nous sommes facilement dans l'immédiateté, la
superficialité, l'accessoire.”
Toujours selon Natacha Polony, les politiques ont leur part de responsabilité, ne faisant aucune analyse sur
les évènements : “Par ailleurs, les politiques ne se sont pas davantage posé de questions. Leur niveau est
consternant. Ils n'ont aucune épaisseur, aucune architecture intellectuelle, pas la moindre hauteur de vue.
Écoutez-les, on est dans l'économisme boutiquier et la gestion du temps court ».
Enfin, elle reproche aussi le fait que le terme République est utilisé à tout vent, sans jamais la définir “La
République n'est pas un régime neutre ni mou. C'est un dépassement de tous et de chacun.” C’est aussi
bien “la nation que les individus qui la composent. Se saisir de son destin, voilà ce dont il s'agit.”
Dans le journal Le Un n°39 daté du 14 janvier 2015, Régis Debray apporte une
analyse complémentaire de celle de Natacha Polony dans son article titré “C’est le
moment d’assumer notre ADN culturel”.
Selon lui, nous payons l’écroulement du Parti Communiste, l’effritement du monde catholique, la fin du
service militaire obligatoire, la honte de la nation et de son histoire. “On paye à la fois des faiblesses et
des lâchetés. Des lâchetés car à un certain moment, on a plus osé rester républicain,
parler égalité et fraternité, et non de la liberté seule. C’était ringard, c’était
vieillot. Il fallait être démocrate, multiculturel, californien, sympa. On paye la peur
d’être différent des autres. D’assumer un certain héritage à la fois juridique, littéraire, politique. Une
république, ça ne fonctionne pas au couple église-drugstore, mais au coule mairie-école. On a eu honte
de ça.” Et d’ajouter en parlant de la crise du scolaire “on a vu la transformation d’un lieu
d’instruction en un lieu d’animation. A un moment donné le politique a capitulé.
Quand l’intérêt général s’en va, arrive le trader suivi du gourou. Quand l’Etat s’effondre, reste deux
gagnants : les sectes et les mafias. Les banquiers d’affaires d’un côté et les hallucinés de l’autre. Quand
l’idée de service est ridiculisé, ne reste plus qu’à se servir soi-même.”...
“La laïcité, c’était le sacré républicain. Le sacré est à la fois le non-négociable et le fédérateur. Ce qui ne
se marchande pas, et qui transforme un tas en tout. Quand on n’assume plus le sacré
républicain, quand on a honte de La Marseillaise, quand on ne parle plus qu’en
comptable bruxellois, l’espérance va se nicher ailleurs. Je crois que la gifle qu’on vient de
recevoir peut nous rendre à nous même. Dans l’héritage gaulois, il y a à la fois la
gauloiserie à la Wolinski et la fronde à la Bernard Maris.
Pour aller plus loin : http://fresques.ina.fr/jalons/parcours/0150/la-liberte-de-la-presse-en-france.html
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