Chapitre 1: Généralités et état de l’art à propos de la climatisation solaire
Le recours à la climatisation s'est donc massifié, avec par exemple une
hausse de 500% (comprenant les simples remplacements) de la surface climatisée
en Europe entre les années 1980 et 2000 [CENERG,07]. Les projections réalisées
par [ADNOT,03] indiquent que cette tendance se confirme dans les années à venir,
avec une hausse estimée entre 2005 et 2020 de plus de 50 % en Europe. En ce qui
concerne le secteur tertiaire (pour la France), la consommation d'énergie pour la
climatisation est estimée à 12 TWh soit 5.5% de la consommation énergétique
totale. Le taux de climatisation des constructions neuves a doublé entre 1994 et
2004, il est évalué à 43%1. En résumé, même si la part de la climatisation dans la
consommation énergétique globale des bâtiments est faible, c'est un poste qui ne
cesse d'augmenter, c'est pourquoi, dans l'optique de la diminution de l'empreinte
écologique des bâtiments, il est nécessaire de limiter l'énergie consommée pour la
climatisation.
La hausse croissante des exigences des usagers vis-à-vis du confort
thermique; liée au probable dérèglement climatique à venir est l'un des enjeux de la
recherche énergétique dans le domaine du bâtiment. La saison estivale ne peut plus
être ignorée lors de l'étude thermique d'un bâtiment. Il est nécessaire de prendre en
compte à la fois les besoins en chauffage et la limitation de la surchauffe en été.
Citons quelques dispositifs permettant de limiter la surchauffe estivale sans utiliser
de climatiseur:
• Protections solaires extérieures
• Vitrages performants
• Ventilation nocturne couplée à une inertie adaptée
• Limitation des charges internes par l'utilisation de matériel électrique
performant
• Evapo-transpiration des végétaux
• Masques lointains
Pour de nombreux bâtiments, il arrive que malgré toutes ces précautions, la
surchauffe estivale reste inacceptable. Cela peut être dû à des charges climatiques
ou à des charges internes (postes informatiques, salle à forte occupation) trop
importantes, ou encore à une architecture défavorable (façades entièrement vitrées).
Dans ce cas, la climatisation demeure la solution pour rafraîchir le bâtiment. Afin
de limiter la demande en énergie pour les applications de climatisation, il est alors
nécessaire de développer des techniques alternatives aux machines frigorifiques
visant à réduire la consommation énergétique de ce poste et favorables à
l'environnement. L'utilisation de l'énergie solaire est donc une voie de
développement particulièrement séduisante, comme nous le montrerons au §1.2 et
1.3. Avant d'étudier les différentes technologies disponibles pour cette application,
il est nécessaire de définir plus précisément la climatisation d'un bâtiment et les
concepts thermodynamiques relatifs à la production de froid.
1 Chiffres issus d'études internes à EDF R&D
Thibaut Vitte – Thèse en Génie Civil – 2007 – Institut National des Sciences Appliquées de Lyon 4