salle i le pèlerinage, un chemin rituel de purification et connaissance

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SALLE I
LE PÈLERINAGE, UN CHEMIN RITUEL DE
PURIFICATION ET CONNAISSANCE
A PEREGRINACIÓN. UN CAMIÑO RITUAL DE PURIFICACIÓN E
COÑECEMENTO
Aller en pèlerinage est devenu, de nos jours, une évocation
sentimentale des lieux qui ont marqué notre vie et notre
mémoire. Mais ce pèlerinage est appelé ainsi par analogie à un
phénomène qui est, par excellence, religieux.
Le lieu saint peut adopter différentes formes : arbre, fontaine,
montagne ou toute ville ou temple où des reliques sont
vénérées ; un signe visible du contact entre le caractère
humain et divin. Mais, sur le chemin, métaphore de la vie sur
terre, on assiste déjà à une transformation personnelle visible
au travers d’une série de rites dont le point culminant est le
moment de l’arrivée. Là, après avoir franchi la ligne d’arrivée,
le pèlerin renait transformé en homme nouveau.
Presque toutes les formes de culte ont créé cette figure de
conciliation avec ce qui est sacré. Des indices de pèlerinages
préhistoriques
apparaissent
déjà
dans
les
cultures
mésopotamienne, égyptienne et grecque. Au Moyen Âge
chrétien et musulman, ils connaissent un essor qui se prolonge
jusqu’à nos jours, de même que les voyages vers les lieux
sacrés de l’Inde ou la Chine.
Le pèlerinage est un chemin rituel entrepris à titre individuel
ou collectif dans le but de rechercher la purification, la
perfection ou le salut.
Une série de liens se nouent pendant cette expérience
religieuse : entre un lieu profane et un monde supérieur, entre
un marcheur solitaire et une communauté, et entre le pèlerin
en chair et en os et celui qui renait purifié après avoir atteint
son but. Ces liens font la différence entre le pèlerinage et
n’importe quel autre type de déplacement ou voyage. Pour
qu’il y ait pèlerinage, il faut donc absolument avoir un lieu, un
parcours qui suppose un sacrifice et un effort physique et un
objectif sacré.
Cette carte est le fruit d’un travail de recherche continu débuté en
2003 par le Musée des Pèlerinages.
Son but est de situer les différents pèlerinages du monde : leurs
emplacements et objets de cultes, leurs fêtes, leurs rituels, leur
histoire et tout ce qui permet de connaître chaque pèlerinage, ainsi
que la culture dont il provient.
De cette manière, nous allons inclure progressivement sur la carte
les noms des lieux de pèlerinage qui seront découvert.
Nous vous invitons à participer à ce projet en apportant des données
sur les pèlerinages qui n’apparaissent pas actuellement sur cette
carte. À cet effet, vous trouverez des formulaires à la sortie du
musée.
D’avance merci de votre collaboration.
1
No soy capaz de caminar: 500
pares de zapatos de vidrio en
dirección a Nidaros (sélection)
Borgny Svalastog
Norvège, 2006
Verre soufflé dans un moule
Don de l’auteure
Les chaussures en verre symbolisent l’arrivée du Chemin, au travers de
sept couleurs utilisées d’une manière symbolique en lien avec l’Universalité
du Pèlerinage. Cette sélection faisait partie d’une installation intitulée : Je
ne suis pas capable de marcher : 500 paires de chaussures en verre
en direction de Nidaros, faisant partie de l’exposition : 14+1 Saisons.
Expériences de con:tact.
Pèlerinage à Grabarka.
« La montagne aux
6.000 croix »
Cristina García Rodero
1997-1998
Positifs en NB sur papier
Don de l’auteure
Grabarka, « la montagne aux 6.000 croix », est actuellement le centre de
pèlerinage le plus important pour l’Église Orthodoxe Polonaise, même si,
depuis quelques années, certains croyants du culte catholique y participent
aussi.
Deux traditions sont à l’origine de la sacralisation de cette montagne et de
la création du sanctuaire. La plus ancienne remonte au XIIIe siècle, lorsque
que les gens de la région, terrorisés par les invasions tartares, y cachèrent
une icône de la Transfiguration du Christ qui n’a jamais été retrouvée.
L’autre tradition est née en 1710, pendant l’épidémie de choléra qui a
frappé la zone. C’est à cette époque qu’un paysan a eu un rêve, considéré
comme une révélation divine, où il portait une croix jusqu’au sommet de la
montagne pour être épargner. Depuis, aussi bien les orthodoxes que les
catholiques vont en pèlerinage jusqu’à Grabarka pour y clouer leurs croix
dans la forêt et boire l’eau de la fontaine miraculeuse. La taille de la croix
dépendra de l’intensité de l’offrande et de la pénitence.
Comme beaucoup d’autres endroits de culte et de pèlerinage, Grabarka est
une élévation du terrain (lieu de révélation) liée à l’élément naturel qu’est
l’eau (symbole de la purification des pêchés) et à la croix (symbole chrétien
de la Passion de Jésus).
Pèlerins à Ajmer (Inde)
Nacho Castellanos
1995-1997
Positifs en NB
Don de l’auteur
Ajmer, ville du nord de l’Inde de la région de Rajasthan, a été fondée au XIIe
siècle. C’est un lieu saint pour 90 millions de musulmans soufis du souscontinent asiatique.
Plus de 150.000 fidèles provenant de l’Inde, du Bengladesh, du Pakistan et
de l’Afghanistan se rendent tous les ans à Ajmer, ce qui représente le
pèlerinage musulman le plus important de cette zone géographique.
Ils commémorent l’Urs, l’anniversaire de la mort de Khawaja Moinuddin
Chisti (1139-1236), saint soufi précurseur de l’Islam en Inde. À leur
arrivée, les pèlerins posent leurs mains, leur front et leurs lèvres sur un des
arcs de l’entrée au tombeau. Après, pendant toute la journée, ils écoutent
la musique mystique des Qawwali, pendant que des rations de riz et de thé
sont distribuées aux participants, quelque soit leur religion.
Le soufisme est le courant le plus ouvert et tolérant de l’islamisme.
2
Pèlerinage à Lalibela. Éthiopie
Fernando Moleres
2001
Positifs en NB
Don de l’auteur
Lalibela, petite ville perdue au cœur de l’Éthiopie, a été construite à l’instar
de Jérusalem : avec un petit ruisseau appelé Yordanos (Jourdain) et une
colline appelée Tabor. Elle accueille un merveilleux ensemble de onze
églises et un monastère creusés dans le roc au XIIe siècle.
La mort par empoisonnement du roi Lalibela est à l’origine de cet ensemble.
Après sa mort, un ange emmena son âme au ciel où il put observer des
constructions merveilleuses que Dieu lui demanda d’imiter sur terre. Une
fois son âme de retour sur la terre, des hommes et des anges ont construit
Lalibela.
Près de 50.000 chrétiens (de culte monophysite et copte) s’y rendent pour
célébrer Noël, l’Épiphanie et Pâques. De même qu’il y a huit siècles, tous les
ans, les célébrations commencent avec différentes processions de fidèles
provenant de chacune des églises ; ils se réunissent tous sur l’esplanade
centrale pour, ensuite, renouveler leur baptême dans les piscines remplies
d’eau du Jourdain. La tradition révèle aussi que l’Arche de l’Alliance serait
conservée à Lalibela.
Devant le sanctuaire de Qoyllur
Rit’i. Pérou
Christoph Lingg
Mai 2002
Photographie en NB
Le pèlerinage vers le sanctuaire du Seigneur de Qoyllur Rit’i au Pérou est la
fête indigène qui réunit le plus de personnes en Amérique et c’est l’une des
manifestations les plus profondes de la religiosité andine. Le rituel se
compose d’un pèlerinage de plusieurs jours pendant lequel les pèlerins se
dirigent vers les limites des neiges éternelles pour atteindre le cœur du
sanctuaire.
Une foule de fidèles arrive à la vallée de Sinakara trois jours avant la
célébration du Corpus Christi. Les actes liturgiques se succèdent
accompagnés du son des cloches, de feux d’artifices, de fusées, de danses
et de chants populaires, le soir en récitant son rosaire et pendant le jour en
célébrant des messes. Pendant le « Jour Principal », il se peut que près de
70.000 pèlerins s’y rendent pour assister à des actes religieux et festifs : la
procession, le défilé folklorique et, enfin, la Bénédiction et les Adieux.
Le Chemin de Kumano. Japon
1999
Positifs en couleur sur papier
Don du Gouvernement de la
Préfecture de Wakayama. Japon
À l’origine, Kumano était une terre sacrée où habitaient les dieux
shintoïstes de la primitive religion Shinto. Grâce à la propagation du
Bouddhisme, ces dieux étaient aussi considérés comme l’incarnation de
Bouddha. Le chemin de Kumano est ainsi devenu un exemple du
syncrétisme religieux et de la cohabitation de deux religions.
L’itinéraire du Chemin Kumano part depuis la ville de Kyoto et son parcours
s’étend sur 370 km parsemés de petits sanctuaires et de grands temples. Il
a atteint son apogée entre les Xe et XIIe siècles, puisque des gens de toutes
les classes sociales, y compris la famille impériale, participaient à ce
3
pèlerinage. Depuis le XVIIe siècle, il a vécu un petit déclin qui tend à
disparaître actuellement grâce à une revitalisation. Quatre fêtes, se
déroulant pendant les quatre saisons et dont deux sont liées au feu comme
élément purificateur, sont associées à ce chemin.
Les ressemblances et parallélismes de beaucoup de caractéristiques
historiques entre le Chemin de Kumano et le Chemin de Saint-Jacques ont
contribué à la signature de la Déclaration Officielle d’Amitié entre la
Communauté Autonome de la Galice et la Préfecture de Wakayama.
e
siècle. Depuis lors, des milliers d’hindous sont allés en pèlerinage vers
cette ville pour se purifier dans les eaux du fleuve grâce à de larges
escaliers, appelés ghâts, et y réaliser leur offrandes, écouter les guides
spirituels, sâdhus et gourous, et même pour y mourir.
VII
Lustres
siècle ap. J.-C.
Argile modelée
Provenant éventuellement des
catacombes de Saint Sébastien
(Rome)
I
Pèlerins
dans un
ghât à
Bénarès.
(Inde)
Luís Baylón
2001
Positifs en NB
sur papier
Don de
l’auteur
Bénarès ou Vanarasi, est une des villes de pèlerinage les plus
emblématiques du monde. L’hindouisme étant la religion majoritaire en
Inde, la force de son vécu religieux devient totalement flagrant dans cette
ville baignée par le sacro-saint Ganges. Le caractère sacré de ce fleuve lui
vient déjà depuis sa source dans l’Himalaya, mais c’est à Bénarès où sa
vénération atteint son sens le plus profond. Même si en Inde toutes les
rivières sont sacrées, parce qu’elles sont assimilées avec la divinité et
qu’elles octroient une fertilité physique et spirituelle – en arrosant les
champs et en purifiant l’âme –, le Ganges se distingue parmi tous puisqu’il
est considéré comme leur origine. C’est Ganga, déesse de l’eau, qui offre la
vie et, aussi, celle qui reçoit les cendres des morts, pour conduire l’âme du
défunt jusqu’à Shiva (dieu de la mort) et permettre, en même temps, sa
renaissance. Les récits sur le pèlerinage de Bénarès semblent remonter au
er
Les lustres étaient utilisés, entre autre, pour l’éclairage des lieux funéraires.
Dans les catacombes près des niches d’enterrement, il y avait des petits
creux ou des tablettes où ils étaient posés. Ils possédaient un allumoir
(bico-rostrum) pour la mèche (ellychnium) qui était normalement en
étoupe, chanvre ou fibres de ricin, papyrus ou d’autres matériels et un
réservoir pour le combustible, en général de l’huile.
Croix reliquaires. Encolpia
e
e
XII et XIII siècle
Bronze et argent
Leur véritable nom en grec encolpion (« sur la poitrine ») nous suggère
comment s’utilisaient ces croix. Elles servaient à introduire des reliques,
que les pèlerins apportaient souvent des centres chrétiens les plus
importants de pèlerinage de la Méditerranée Orientale (Syrie, Palestine,
Égypte…) au Moyen Âge ; elles furent fréquemment utilisées su IVe au XIIIe
siècle. Elles étaient formées de deux pièces articulées grâce à une
4
charnière, ce qui permettait d’y garder à l’intérieur la relique
correspondante. Grâce à un anneau, les fidèles pouvaient la suspendre à
une chaînette ou à une cordelette sur la poitrine. Leur décoration montrait
presque toujours le Christ Crucifié, la Vierge et même les évangélistes.
L’encolpion était, en même temps, un signe distinctif du croyant chrétien et
un objet de dévotion. De nos jours, la croix que portent les évêques de
l’Église catholique reçoit ce nom.
Moulin à prières. Khorten
Tibet, XIXe siècle
Bois, ivoire, turquoises et corail.
Le khorten ou moulin à prières est un des objets les plus utilisés par les
croyants bouddhistes. À l’entrée des temples, il y en a de très grands, mais
ceux qui tiennent dans la main sont les plus utilisés par les pèlerins qui les
emportent lors de leurs voyages. Le corps cylindrique est gravé avec des
emblèmes mystiques ou des prières en sanskrit et, à l’intérieur, se trouvent
à leur tour de petits papiers qui contiennent des textes ou des invocations
sacrées (mantras). Le cylindre tourne sur le manche de sorte que la
personne qui le porte le fait tourner, toujours en direction du soleil, pendant
qu’elle marche ou médite, de sorte que chaque tour équivaut à une
récitation multiple des prières qu’il contient. Ce mouvement continu produit
un son doux et cadencé qui est en harmonie avec les pas du marcheur.
Le bouddhisme possède essentiellement quatre lieux de pèlerinage, tous
associés avec la vie de Bouddha au Népal et en Inde : Lumbini, son lieu de
naissance ; Sarnath, où il a prêché son premier sermon ; Bodh-Gaya, où il
a atteint l’Illumination ; et Kushinagara, endroit où il mourut.
[Le Livre du pèlerin à la Mecque]
1830 env.
Manuscrit sur papier de fil ciré
Couvertures en cuir avec des rivets en or
Le pèlerinage à la Mecque, hayy, est pour tout croyant musulman adulte et
sain un des « Cinq piliers de l’Islam », d’après la sourate 3:93 du Coran.
Dès lors que sa situation économique le lui permet et que tous ses autres
besoins sont couverts, ce pèlerinage est obligatoire au moins une fois dans
sa vie. Il représente un grand pardon qui permet au croyant d’atteindre la
rémission de tous ses pêchés précédents. Une personne qui va en
pèlerinage peut le refaire au nom de quelqu’un qui est malade ou qui ne
peut pas le faire lui-même.
La Mecque (Arabie Saoudite) est la première des villes sacrées de
pèlerinage de l’Islam. Les deux autres villes les plus importantes sont :
Jérusalem (Israël – Palestine) et Médine (Arabie Saoudite), tombe du
prophète Mahomet.
Sandales. Waraji
Japon, 1999
Fibre végétale
Don de José Isorna, OFM
Sandales utilisées couramment par les moines et même par les pèlerins
bouddhistes. Ce furent les plus utilisées par les moines Zen, Kakuju
Matsubara de Tokyo et Hakuho Hanahoka du Monastère de Saitama-Ken,
pour parcourir le Chemin de Saint-Jacques pendant l’Année Sainte 1999.
Ils réalisèrent le pèlerinage en compagnie de deux japonais chrétiens et,
ensembles, ils ont mis sur pied cette initiative dans le but de favoriser
l’œcuménisme entre les différentes religions et la paix entre tous les êtres
humains, comme le prouve un document remis à l’Évêque de Saint-Jacques
et au Prieur du Couvent de Saint François.
Au Japon, il y a de nombreux lieu de pèlerinage, aussi bien de la religion
bouddhiste que de la shintoïste ; les plus importants sont Ise, Nara ou
Kumano.
5
Promenade sur les
terres de Portomarín.
Chemin de SaintJacques
Luisa Rubines
2002-2004
Papier satiné en couleur
Don de l’auteure
LES ALLÉGORIES DU PÈLERINAGE
AS ALEGORÍAS DA PEREGRINACIÓN
Le concept de pèlerinage est utilisé par toutes les cultures de manière
allégorique pour exprimer la ressemblance entre le voyage physique de
l’individu pour vénérer un endroit sacré et le voyage spirituel que celui-ci
doit suivre dans sa vie. L’allégorie est une manière de communication
symbolique, où un fait réel, une image visuelle ou écrite n’est qu’apparente
et elle contient un sens avec un caractère différent et caché, parfois
compréhensible seulement pour un groupe réduit de personnes.
Le voyage physique du pèlerin représente, en même temps, un voyage
interne à caractère spirituel. Le caractère physique de l’effort et des avatars
pour atteindre le but que représente le pèlerinage est pris en compte
comme une métaphore ou exemple de ce qu’est en réalité le voyage
spirituel de l’être humain sur la terre. L’objectif de ce voyage est d’atteindre
le plus haut niveau de Connaissances, de Sagesse, la Rénovation
Spirituelle, la Gloire, le Paradis ou s’approcher de Dieu.
De cette manière, grâce à des ouvrages artistiques, littéraires et même
ludiques, vous trouverez de nombreux exemples de la perspective
allégorique du pèlerinage. Dans la tradition chrétienne, le voyage des
apôtres afin de diffuser la doctrine de Jésus-Christ était déjà comparé au
voyage des pèlerins, des voyageurs des terres inconnues. Même le nom de
Jéhovah veut dire Dieu sur le Chemin. Le livre du philosophe chinois Lao
Tzé (570 – 490 av. J.-C. env.), Tao Tê-King, qui est à l’origine de la pensée
et de la religion taoïstes, compare le Tao à un chemin vers la Perfection.
Bouddha (563 – 486 av. J.-C. env.), en plus d’avoir voyagé dans toute la
vallée du Ganges pour prêcher ses enseignements, a aussi fait en même
temps un voyage intérieur dans le but d’atteindre le Nirvana ou
l’Illumination. Dans sa doctrine, la voie permettant à l’individu de se libérer
du monde matériel a reçu le nom de Noble Sentier Octuple ou Noble Voie
aux Huit Étapes.
Même l’expérience mystique a été décrite métaphoriquement comme un
voyage vers Dieu. Les musulmans du courant mystique soufi ou les
penseurs arabes du XIIe siècle comme Avempace (Le régime du solitaire) ou
Ibn Tofaïl (Hay ben Yaqdane) le décrivent aussi de cette manière. Le
mystique chrétien allemand du XIIIe siècle, Maître Johannes Eckhart
l’exprime pareillement : « Le chemin sans chemins, où les fils de Dieux se
perdent et, en même temps, se retrouvent ».
Paraphrasis in Novum Testamentum. Peregrinatio...Petri
et Pauli
Érasme de Rotterdam
Lugduni [Lyon], Sébastien Gryphius, imprimeur (1542-1544)
Papier imprimé, lettre italique, xylographies
À partir de 1522, Érasme s’est lancé dans la difficile tâche de commenter
les textes évangéliques, plus concrètement, les Faits des Apôtres, en y
incluant des notes critiques qui essaient de démontrer le peu de rigueur de
la version latine de la Bible Vulgate. Il a dédié cette publication à différents
hommes d’état et monarques de l’époque, parmi eux, à Charles Quint,
Henri VIII et François Ier, pour les aider à bien gouverner le monde et à
faire cesser les luttes qu’ils maintenaient entre leurs royaumes.
En 1542, il y ajouta le Peregrinatio...Petri et Pauli, exprimé d’une manière
analogue aux Écritures Sacrées comme une allégorie du passage de l’être
humain tout au long de sa vie, en établissant un parallélisme avec le rôle
des Apôtres qui parcouraient alors tous les chemins connus pour diffuser la
doctrine de Jésus-Christ.
D’une autre part, alors qu’Érasme continuait à soutenir cette ancienne
comparaison évangélique, il n’encourageait pas, comme le faisaient tant
d’humanistes de l’époque, les pratiques religieuses de culte aux reliques et
le pèlerinage, parce qu’il les considérait comme des rituels remplis de traits
caractéristiques superstitieux.
6
Mandala
Népal, fin du XXe siècle
Peinture sur toile en tissu
Dans le bouddhisme tantrique, courant pratiqué essentiellement au Tibet,
un des éléments de dévotion les plus utilisés sont les mandalas, des
représentations personnalisées des différents aspects de Bouddha et de sa
doctrine. Un mandala est un schéma ou diagramme de structures qui
permet de méditer en « voyageant » avec la pensée et avec l’esprit
jusqu’au centre, c’est-à-dire, jusqu’à Bouddha ou la représentation de
l’Illumination. Grâce à des techniques de méditation, des gestes rituels pour
méditer et prier (mûdras) et les mandalas, l’initié médite sur les différents
aspects de Bouddha jusqu’à atteindre un jour l’union avec lui, c’est-à-dire le
nirvâna ou la sagesse maximale, l’Illumination, grâce à la libération de tous
les désirs et, par conséquent, de toutes les souffrances.
Jeu de l’Oie
Interprétation basée sur des originaux du XVIIe siècle
Dessin d'Heliodoro Fernández Vitoria, Pos. Heraclio Fournier,
imprimeur
1960-70
Lithographie
Le traditionnel Jeu de l’Oie possède, comme tant d’autres jeux de société
communs, une origine ancienne avec un puissant caractère symbolique. On
y suit un « itinéraire » en spirale, de l’extérieur vers l’intérieur, sur un
parcours séparé généralement en trois fragments par un mur ou une
clôture. Sur ce chemin, on rencontre toute sorte de situations adverses
(puits, labyrinthe, prison et même la mort) et aussi bénéfiques (les ponts,
les dés ou les oies). Il y a un point de départ et une arrivée, qui n’est pas la
mort, mais la dernière case où il y a normalement une belle demoiselle et
un cygne.
Ses origines seraient grecques et elles sont attribuées au roi Palamède
pendant la guerre de Troyes. Aussi bien l’oie que le cygne représentaient,
dans le monde classique, un symbolisme en relation avec la Sagesse, avec
l’entraînement de ceux qui s’initiaient à de nouvelles disciplines et, aussi,
avec la sécurité des propriétés étant donné qu’ils donnaient l’alerte avec
leurs cacardements si des étrangers s’approchaient.
D’autres indices soulignent sa relation avec l’Ordre du Temple et avec la
sauvegarde des chemins de pèlerinage chrétiens, ainsi qu’avec d’autres
ordres à caractère religieux et militaire. Dans ce sens, le Jeu de l’Oie serait
comme une version allégorique et réduite du Chemin de Saint-Jacques avec
l’être humain en tant que marcheur. Les treize oies seraient les maisons du
Temple, des lieus sûrs qui correspondraient aussi avec les treize étapes
signalées par le Codex Calixtinus. La Mort serait donc le sépulcre de l’Apôtre
Saint-Jacques, dans la case 58, et la ville une oie (case 59), et non pas la
fin du Chemin qui serait plutôt la case du Cygne, c’est-à-dire la véritable
fin : physiquement, Finisterre (le Finis Terrae de l’Antiquité) ;
symboliquement, le renouvellement de l’esprit, la Gloire, la Connaissance
Suprême, la Résurrection.
L’identification physique des autres cases, en se basant – parmi d’autres
preuves – sur les calculs de la symbologie numérique, permet de mettre en
rapport, par exemple, le premier pont avec Puente la Reina, le puits avec
Castrojeriz ou Carrión de los Condes, le labyrinthe avec la zone de Leon et
les oies avec Jaca, Pampelune, Estela, Rabanal del Camino ou Triacastela et
Saint-Jacques, entre autres.
Théâtre Moral de la vie humaine en cent tableaux ;
avec l’Enchiridion d’Épictète.
Cébès, Épictète Gentil, Enchiridion
Otto Van Veen (Vaenius), Paulus Pontius, graveur
Antwerp (Anvers), veuve d’Henrico Verdussen
1733
Impression sur papier ; reliure en cuir du XIXe siècle
Nous devons le texte contenant le dialogue philosophique et moral connu
sous le nom de Tabula Cebetis (Tableau de Cébès) au philosophe Cébès qui
l’écrivit au Ier siècle ap. J.-C. La philosophie morale qu’il renferme dérive du
Stoïcisme gréco-latin, valeurs qui ont aussi été utilisées par le
Christianisme.
Le dialogue présente la vie de l’être humain de manière allégorique dévoilée
comme un pèlerinage sur la terre. Pendant la période de l’Humanisme de la
7
Renaissance, le texte du dialogue a été complété par une représentation
graphique. L’allégorie prend la forme d’un parcours sur un chemin
ascendant, divisé en trois secteurs par des murailles, où l’être humain doit
faire constamment face, depuis son enfance, à des choix, il jouit ou souffre
en fonction des options adoptées et les avatars de sa vie et il vivra toujours
la douleur, la purification ou la souffrance. Ceux qui sont capables de
parcourir tout le chemin (représentés d’ailleurs par des marcheurs avec les
vêtements des pèlerins de l’époque), parviennent à réaliser une
construction en forme de temple qui peut symboliser en même temps : la
Gloire, la Sagesse et les Connaissances.
Une autre particularité de la représentation graphique du Tableau de Cébès
est sa possible relation avec le Jeu de l’Oie, d’origine antique ou médiévale,
et aussi de manière symbolique puisqu’il pourrait représenter l’allégorie de
la vie humaine comme un pèlerinage, avec un point de départ, un parcours
entouré de murailles divisé en trois secteurs, situations favorables et
adverses, la mort et une arrivée au Paradis ou à la Connaissance.
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