Eurosurveillance – 2004 Vol 9 Issue 12 – http://www.eurosurveillance.org/ 3
La récente épidémie d’encéphalite de West Nile aux Etats-Unis
et en Israël a permis de souligner la menace potentielle
représentée par l’encéphalite provoquée par ces arbovirus qui
sont de petits virus enveloppés à ARN, de la famille des
flaviviridae, genre flavivirus [5].
Beaucoup de virus de cette famille sont à l’origine
d’encéphalites. Le virus de l’encéphalite Japonaise (EJ) reste le
plus répandu, responsable chaque année de nombreux cas.
L’utilisation de ces virus comme armes est seulement
hypothétique mais néanmoins théoriquement possible. On ne
dispose d’aucune thérapie antivirale spécifique pour traiter ou
guérir les infections provoquées par des membres de la famille
des Flaviviridae. Il existe toutefois un vaccin autorisé contre
l'EJ destiné à l’homme. [6].
Encéphalite japonaise (EJ)
L’EJ est largement répandue dans toute l’Asie, principalement
dans les zones agricoles. C’est la cause la plus importante
d’encéphalite arbovirale dans le monde avec plus de 50 000 cas
rapportés chaque année et plus de 15 000 décès [5].
Ces dernières années le virus a été observé dans le Pacifique où
plusieurs épidémies ont été rapportées. Les épidémies
surviennent en été ou en automne dans les régions tempérées.
Dans de nombreuses régions tropicales d’Asie la maladie est
endémique et survient tout au long de l’année. Le cycle de
développement du virus se fait via les moustiques et les oiseaux
aquatiques vivants dans les régions agricoles (zones de culture
et d’élevage de porcs). Le virus est transmis aux humains par
les moustiques de l’espèce Culex. Les porcs domestiques
représentent le mode d‘amplification virale le plus important.
Chez l’homme, la période d’incubation varie de 5 à 14 jours.
La plupart des infections sont peu symptomatiques ou
asymptomatiques. Dans les cas d’atteintes plus marquées, les
symptômes surviennent brutalement avec de la fièvre, des
frissons, des céphalées, des nausées et des vomissements. Si le
SNC n’est pas atteint, le malade guérit spontanément en 5 à 7
jours. Dans les cas les plus graves apparaît une encéphalite
avec confusion, agitation, paralysie, crises convulsives, coma
puis mort. Dans la plupart des épidémies, la mortalité est
inférieure à 10%. Chez les enfants elle peut s’élever à 30%.
Des séquelles neuropsychiatriques surviennent dans 30% des
cas [5]. Il n’existe pas de traitement spécifique de cette
maladie.
Un vaccin inactivé à la formaline, préparé chez des souris, est
largement utilisé au Japon, en Chine, en Inde, en Corée, à
Taiwan et en Thaïlande, et s’est avéré efficace. En Europe, ce
vaccin est disponible dans quelques pays pour les personnes
appelées à voyager dans des régions rurales de pays où la
maladie est endémique pendant au moins quatre semaines.
Encéphalite de West Nile (EWN)
Le virus de l’EWN a été mis en évidence pour la première fois
dans le sang d’une femme fébrile dans le district de West Nile
en Ouganda en 1937 [7]. Il se trouve habituellement en
Afrique, au Moyen Orient, à l’ouest de l’Asie et au sud de
l’Europe. Les premières épidémies ont été décrites en Israël de
1951-1954 et en 1957. Des épidémies ont aussi été rapportées
en France dans le delta du Rhône en 1962 et en Roumanie en
1996. L’épidémie la plus importante reste celle de 1974 en
Afrique du Sud.
Les récentes épidémies d’EWN aux États-Unis ont permis de
mieux comprendre les moyens de dispersion et de contrôle de
ce virus ainsi que sa pathogénie. De nombreuses théories ont
été rapportées afin d’expliquer l’arrivée du virus aux États-
Unis : importation d’oiseaux exotiques, moustiques transportés
par les avions, les navires porte-conteneurs, réfugiés européens
ou africains, bioterrorisme. L’hypothèse d’une importation
d’oiseaux provenant d’Israël parait la plus probable [7-12]. Le
virus de l’EWN est transmis par un moustique de l’espèce
Culex. Il peut aussi être transmis par les Aedes, les Anopheles et
d’autres espèces. La plupart des patients infectés par le virus de
l’EWN sont peu symptomatiques ou asymptomatiques, souffrant
habituellement d’un syndrome pseudo-grippal pendant 3 à 4
jours. Certains peuvent présenter une encéphalite ou une
méningo-encéphalite fatale [13]. Habituellement la maladie est
symptomatique chez les patients âgés et ayant des pathologies
associées comme un cancer, une hypertension, un diabète
mellitus, une cardiopathie ischémique, une insuffisance rénale,
une BPCO, ayant été transplantés, ou toute autre situation
entraînant une immunodépression notamment la chimiothérapie
[14]. La durée d’incubation varie de 3 à 4 jours. Le patient
présente alors de la fièvre, des frissons, une asthénie, un
ralentissement psychomoteur, des céphalées, une éruption
érythémateuse cutanée, des nausées, des vomissements, des
douleurs abdominales, une diarrhée, des myalgies et une toux
[14-15]. Les atteintes neurologiques incluent la méningite,
l’encéphalite ou la méningo-encéphalite [14-15].
Les résultats de laboratoire, non spécifiques, sont notamment les
suivants : légère hyponatrémie pouvant être liée à une sécrétion
inappropriée d’hormone anti-diurétique, légère élévation des
taux d’enzymes hépatiques, nombre de leucocytes normal. On
observe souvent une lymphocytose dans le LCR ainsi qu’un
taux de protéines un peu élevé et un taux de glucose normal.
L’incidence de la survenue d’atteintes neurologiques graves et le
taux de mortalité augmentent avec l’âge [13]. Le taux de
mortalité des patients ayant une encéphalite ou une méningo-
encéphalite est de 12 à 14% [13-14]. Plus de 50% des survivants
présenteront des séquelles neurologiques [15].
Le diagnostic peut être établi par une RT-PCR (reverse
transcriptase PCR), par l’immunohistochimie et la sérologie ou
le test ELISA dans des échantillons de sérum, de LCR et de
tissus du cerveau [11].
En cas d’encéphalite, le traitement est uniquement
symptomatique. La ribavirine est inefficace et a même donné de
mauvais résultats (décès) chez des patients atteints d’encéphalite
[14]. Il n’existe pas de vaccin contre l’EWN mais la recherche
se poursuit et les scientifiques espèrent disposer d’un nouveau
vaccin d’ici quelques années.
Encéphalite de St Louis (ESL)
Le virus de l’ESL est le pathogène humain transmis par les
moustiques le plus courant aux États-Unis. Depuis 1964, il y a
eu 4 437 cas confirmés avec, en moyenne, 193 cas par an (de 4 à
1 967 cas rapportés). A la fin de l’été et au début de l’automne,
le virus suit une amplification périodique en alternant l’infection
des moustiques Culex et des oiseaux péridomestiques.
Chez l’homme, la durée d’incubation varie de 5 à 15 jours.
Moins de 1% des infections par le virus de l’ESL sont
symptomatiques. Tous les stades de gravité peuvent être
observés depuis les céphalées fébriles jusqu’à la méningo-
encéphalite. Le début de la maladie est marqué par l’apparition
d’une fièvre et de céphalées suivies dans certains cas par des
signes d’encéphalite ou de méningo-encéphalite [16]. En cas
d’atteinte neurologique, le décès survient dans 3 à 30% des cas.
La gravité de la maladie est souvent moindre chez l’enfant, mais
chez les enfants atteints, il y a un grand risque d’encéphalite.
Les sujets âgés ont un risque très élevé de développer une
atteinte grave et de décéder. La sérologie ou la RT-PCR
permettent de confirmer le diagnostic. Il n’existe pas de
traitement spécifique ni de vaccin disponible contre l’ESL.
Encéphalites transmises par les tiques (TBE) : encéphalite
verno-estivale de Russie (EVER) et encéphalite d’Europe
centrale (EEC)