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failles inverses, chevauchements), apparaît mal dans les Vosges moyennes, liées à
un niveau structural plus profond et déjà armées de roches cristallines. La tectonique
cassante, qui a suivi, a laissé une empreinte beaucoup plus apparente, en particulier
les premiers mouvements qui ont engendré la grande dislocation de Retournemer —
Sainte-Marie-aux-Mines. Cette zone de fractures profondes a joué un rôle dans la
mise en place du granite des Crêtes, d'origine magmatique et d'âge tardi-viséen et
de celle du granite intrusif du Valtin plus ou moins lié à la phase asturienne.
Au terme de l'orogénèse hercynienne, les Vosges, partie médiane de la
« Cordillère sudète », qui s'étendait du Bassin parisien à la Thuringe, sont bien armées
de granite mais également très fracturées. Soumis aux agents d'altération et
d'érosion, le domaine des Vosges moyennes est encore émergé au courts du Permien,
à l'exception de sa marge septentrionale, annexée au bassin permien de Saint-Dié.
Les dépôts détritiques du Permien de teinte dominante rouge et mal triés (type
fanglomérat) indiquent un changement climatique ; au climat tropical forestier du
Carbonifère a succédé un climat plus sec avec des alternances saisonnières accusées
et des périodes arides.
Ce n'est qu'au Trias inférieur (Buntsandstein moyen) que le domaine des Vosges
moyennes, au relief dès lors arasé, redevient une aire de sédimentation. Il se situe
dans la partie méridionale de la vaste plaine subhorizontale, étendue de la Lorraine
à la Hesse où des rivières originaires du Sud-Ouest déposent des sables rouges et
par moment des galets. Ultérieurement cimentés, ces sables constitueront le Grès
vosgien. Ensuite une arrivée plus massive de galets est à l'origine du Conglomérat
principal.
Grès et conglomérats du Buntsandstein sont les seuls témoins de la couverture
secondaire des Vosges moyennes qui aient été conservés. Cependant, les données
paléogéographiques fournies par les études du Trias et du Jurassique de Lorraine et
d'Alsace et l'analyse des conglomérats tertiaires du bord occidental du fossé rhénan
permettent d'établir que les Vosges moyennes ont été recouvertes par des dépôts
marins et lagunaires du Muschelkalk et du Keuper et très probablement aussi par les
dépôts marins épicontinentaux du Jurassique. Au Crétacé, de la Lorraine au
Wurtemberg s'étendait vraisemblablement une aire émergée subhorizontale.
Les premiers phénomènes de distension, préludant à la formation du Fossé
rhénan apparaissent dès le Crétacé supérieur (émissions basaltiques des Trois-Épis
et de Vorder-Marbach). L'ankaratrite du Valtin, d'âge paléocène, montre que cette
distension a intéressé le massif vosgien, au moins jusqu'à la dislocation de
Retournemer — Sainte-Marie-aux-Mines. Mais c'est essentiellement à partir de
l'Éocène supérieur que la tectonique rhénane va dominer l'évolution géologique de
la région. Le Fossé rhénan prend naissance et le horst vosgien s'individualise.
Le nouveau relief vosgien est alors attaqué par l'érosion et sa couverture secon-
daire est démantelée. Au Néogène, le socle hercynien des Vosges est très large-
ment mis à nu et subit une altération relativement intense, tandis que s'ébauchent les
vallées actuelles. Au Quaternaire, le massif vosgien a subi l'empreinte de phénomènes
liés au froid : glaciations et processus périglaciaires. Les glaces ont occupé des
surfaces étendues dans la partie sud-ouest des Vosges, y compris le territoire couvert
par le quart sud-ouest de la feuille (voir le schéma de l'extension maximale des glaces
en marge de la carte). Les hautes vallées ont plus ou moins acquis un modèle
glaciaire (cirques glaciaires, surcreusements, élargissement des vallées en auge) et
conservé des dépôts morainiques. L'histoire précise des différentes glaciations est
encore mal connue. Pendant les périodes froides, les processus périglaciaires
(gélifraction, gélifluxion), liés au gel intense et profond et aux périodes de dégel
superficiel ont fortement marqué les versants des vallées. L'évolution du climat et de
la végétation après le retrait des derniers glaciers est bien connue par l'étude
pollinique des tourbières des anciens cirques glaciaires.