Les matières premières ne sont pas encore sorties de l

AUTRES CLASSES D'ACTIFS
Les matières premières ne sont pas encore sorties de l'auberge
Si, selon vous, les matières premières et leurs producteurs sont sortis de l'auberge en raison du rallye des marchés (à en
juger par le rebond des ressources de base de 10 % en euros depuis la mi-février 2016), la réalité est tout autre : de
nombreux producteurs sont toujours aux prises avec l'endettement. Les mesures d'austérité qui ont éprises
pendant une deuxième année n'ont pas été suffisantes pour faire face à la chute des bénéfices qui a suivi l'effondrement des
prix. Au cours du quatrième trimestre, le niveau d'endettement a continde s'accroître au sein des soctés minières,
énergétiques et agricoles pour atteindre maintenant des niveaux deux fois aussi élevés que ceux d'il y a un an.
En dépit de leur rebond au cours du mois passé, les matières premres sont toujours bien en deçà de leur niveau
d'il y a deux ans, soit 28 % en ce qui concerne le cuivre et 65 % pour le pétrole brut (en dollars). Pour mettre fin à
l'engorgement qui a provoq ce plongeon, les entreprises devraient diminuer la production davantage mais beaucoup
d'entre elles sont si endettées qu'elles doivent se renflouer en cash pour garder late hors de l'eau. Une entreprise
n'envisagera de réduire sa production qu'en dernier ressort uniquement car cette mesure revient à fermer le robinet des
recettes. Que réserve alors l'avenir ?
À moins d'une reprise des prix des matières premières, cet imbroglio aura de funestes conséquences pour
certains producteurs en 2016. Quelle que soit l'ardeur qu'ils mettent à la tâche, de nombreux acteurs du secteur minier et
du forage verront la charge de leur dette s'envoler. Selon Moody's, les défauts de paiement dans le chef des entreprises, à la
tête desquelles se trouvent les producteurs de matières premières, atteindront leur plus haut niveau en six ans. Toujours
selon la société de notation, depuis le but de l'année, 50 % des 18 défauts sont attribuables à des sociétés productrices de
matières premres, tandis que ce taux se situe à 14 % pour les sociétés métallurgiques et minières au cours des douze
prochains mois et à 9,1% pour les sociétés pétrolières et gazières. En janvier, Moody's a placé 55 sociétés minres et
120 acteurs de l'extraction pétrolière et gazière sous surveillance avec révision potentielle à la baisse.
MARS 2016
L'analyse de Thierry Masset
La croissance bénéficiaire
s'essouffle...
La BCE a frap fort mais l'effet de
surprise fut de courte durée
Les matières premières ne sont pas
encore sorties de l'auberge
L’argent pourrait-il séduire les
investisseurs?
La Fed adopte un ton plus conciliant
De Schengen au Brexit, les risques
pesant sur l'euro s'accumulent
À la suite de l'effondrement du trole brut qui était à plus de 100 dollars le baril à la mi-2014 et est passé à
26 dollars en février, les ratios d'endettement empirent pour de nombreuses entreprises du domaine du
forage, même les sociétés investment grade comme Anadarko Petroleum ont réduit la production et les coûts. Sa
dette représentait un multiple de 3,5 fois les revenus avant déduction d'intérêts, impôts, dépréciation et amortissement
(EBITDA) à la fin 2015, contre 0,9 un an plus tôt. Depuis le début de 2015, 48 producteurs de pétrole et de gaz du
continent nord-américain ont fait faillite : leur endettement était de plus de 17 milliards de dollars. Les entreprises de
forage américaines ont gonflé leur dette jusqu'à un montant de 237 milliards de dollars à la fin du troisième trimestre,
soit une augmentation de 12 % par rapport à l'année précédente.
De nombreux producteurs ont toutefois continué de stimuler leur production jusqu'à la fin de l'année
dernière. Ceci s'explique en partie par le fait que les sociétés à court de liquidités doivent poursuivre leur croissance
pour éviter de voir leurs lignes de crédit se contracter. Le montant que les banques acceptent de prêter aux
emprunteurs dotés d'un crédit plus risqué repose sur la taille des réserves de la socet du prix du pétrole brut. Les
prêts sont ordinairement réajustés deux fois par an, aux environs des mois d'avril et d'octobre. Lorsqu'une sociéne
peut ajouter de nouveaux puits, sesserves diminuent au fur et à mesure que le pétrole est extrait du sol et vendu, ce
qui a pour conséquence de contracter les lignes de crédit au moment où la société en a le plus besoin.
Un rebond inopiné des métaux depuis le début de l'année a contrib à alléger la charge de certains
producteurs aurifères, y compris Newmont Mining et Barrick Gold et les serves minières ont connu leur plus gros
effondrement mensuel en février depuis 2009. Les prix du minerai de fer qui ne cessaient de se dégrader pour la
troisième année d'affilée sont en hausse de 46 % cette ane, bien qu'ils soient encore à mi-course de ceux qu'ils
avaient atteints il y a deux ans.
Mais la plupart des compagnies minières sont toujours en difficultés. Freeport-McMoRan, le plus gros
producteur de cuivre coté, a assisté au plus que doublement de son ratio dette/EBITDA ajusà la fin 2015, qui est
passé de 2,1 fin 2014 à 5,6. Cette situation est très probmatique. Les sociétés d'extraction ne semblent pas être si
près de la faillite. Nombre d'entre elles ont en effet négocié une dette à long terme après le dernier effondrement des
matières premres en 2008. Le coût de fermeture d'une mine est colossale, au point que les créanciers pourraient
être tentés de laisser les compagnies poursuivre leur production à perte tout en poursuivant leurs efforts pour se
séparer de leurs actifs les moins performants. Personne ne peut prédire combien de temps le fléchissement durera.
John Thornton, le président exécutif de Barrick aclaré qu'il existe uniquement trois sorties possibles de la spirale
pour les soctés d'extraction : « générer plus de liquidités, émettre plus de capitaux propres ou vendre des actifs ».
Ceci explique pourquoi tandis que la croissance de l'économie mondiale a ralenti, les stocks (du pétrole au cuivre) sont
abondants et l'appréciation du dollar a rendu les matières premières moins attrayantes en tant qu'investissement
alternatif. Et la crise que traverse actuellement la Chine n'augure rien de bon vu que le pays est le plus grand
consommateur de matières premres au monde.
Nous vivons un scénario inverse à celui que nous avons connu au cours de la cennie prédente. À l'époque,
l'accélération de la croissance dans toute l'Asie avait entraîné une flambéeralisée des prix, pour finalement former ce
que l'on avait appe le « super cycle des matières premières ». Encouragés par les plafonds historiques atteints par les prix
en 2008, les agriculteurs, les sociétés minres et les entreprises de forage pétrolier avaient décidé d'accroître leur
production. Or, cette production est en train d'arriver sur le marché, précisément au moment où la croissance mondiale
ralentit. La Banque mondiale a ainsi revu sa prévision de croissance pour l'économie mondiale à la baisse, tout en soulignant
que la décélération en Chine accentuerait encore les pressions sur les matières premres.
À court terme, rien n'indique que les prix des matières premières vont arrêter de baisser. Alors que l'indice des
matières premres de Bloomberg a gringo de 25 % l'année passée (la cinquième année consécutive de baisse et la plus
longue série depuis la création de cette mesure en 1991), les hegde funds se positionnent en prévision de nouvelles
pertes, avec des positions « short » nettes à leur niveau le plus éle depuis au moins 2006. Des chiffres récemment
publiés par le gouvernement estiment à 85 000 contrats « futures » et options au 12 février le total des positions « short »
prises sur 18 matières premières différentes. Il s'agit d'une des visions les plus pessimistes enregistrées depuis que ces
données sont suivies en juin 2006. L'indicateur est tombé engatif pour la première fois de son histoire en novembre.
Nous devons probablement nous préparer à un long hiver en ce qui concerne les matières premières. Dans des
pays comme la Russie ou l'Australie, les devises se sont beaucouppréces et le ct marginal de production pour
certaines de ces matières premières n'a donc pas tellement diminué. Certaines sociétés de ces pays ont donc été protégées
de la chute de l'or noir et n'ont donc pas diminleur production.
Un coup d'œil sur ces 200 dernières années permet de constater que les matières premres alternent
traditionnellement une décennie de marché haussier et deux décennies de marché baissier. Il faut en effet
beaucoup d'années pour effacer l'excédent de capacité gé pendant une période de marché haussier. Cette
fois, le ralentissement de la croissance économique en Chine, le principal consommateur de matières premières, va
continuer de peser sur les prix, qui avaient flam au milieu des années 2000. Et comme aucun autre pays émergent ne
re une demande suffisante pour combler le vide laissé par cettecélération, la Chine conservera sa place de numéro
un en termes de demande. Dans ce contexte, il faut s'attendre à un net affaiblissement de la partie industrielle de l'économie,
même en cas de stabilisation en Chine.
Une autre manière de mesurer à quel point la situation des matières premières s'est riorée est de comparer
cette classe d'actifs aux actions. L'indice composé des 24 principales matières premières s'échange pratiquement à son
niveau le plus bas depuis 2000 par rapport à l'indice boursier américain S&P 500. Mais l'exrience montre que la situation
pourrait être encore pire. La dernière fois que les matières premières sont passées d'un marché haussier à un marché
baissier, ce ratio est en effet tom plus bas. Après les sommets atteints en octobre 1980 sur fond de pénuries de l'offre, les
producteurs ont réagi à la hausse des prix en augmentant leur production. La situation s'est alors inversée et la
surabondance de l'offre a finalement fait chuter le ratio de 96 % à un plancher historique de 0,1 envrier 1999.
Des pénuries aux situations de surabondance cela vous rappelle quelque chose ? Aujourd'hui, dans un contexte
similaire, le ratio entre l'indice des matières premières et celui des actions est tombé à un plus bas proche de 0,15, soit une
baisse de 90 % par rapport à son plafond de 2008.
Dans l'hypothèse où le S&P 500 se maintient aux niveaux actuels, l'indice des matières premières devrait encore perdre
33 % pour que le ratio retrouve son plancher de 0,1 enregistré en 1999.
3.1 Or : surpondérer
On ne voit pas ce qui pourrait mettre fin au nouvel engouement pour l'or cette ane. Même en présence d'un
redressement des actions mondiales et de signes d'un renforcement de l'économie américaine, les investisseurs continuent
de se jeter sur le métal jaune. Rebutés par la chute des cours boursiers due à la détérioration de l'économie mondiale (y
compris en Chine), ils se sont de nouveau rués sur l'or (+15 % en euros depuis le début de l'ane), après trois années de
baisses. Le banques centrales de Tokyo à Stockholm ont adopté le concept de taux négatifs et même la présidente de la
Fed, Janet Yellen, a déclaré que la banque centrale US ne relèvera pas ses taux d'intérêt autant qu'elle l'avait prévu en
cembre dans un contexte d'affaiblissement de la croissance économique mondiale (les projections revues par les
politiciens américains sous-entendent deux relèvements d'un quart de point cette année, alors que ceux-ci étaient au nombre
de quatre en décembre). Et si, en théorie, cette approche est censée avoir un effet stimulant sur la croissance, en faisant
payer ceux qui veulent déposer leur argent dans les caisses des banques centrales, les investisseurs craignent que cela ne
stabilise les marcs monétaires. Dans ce contexte, les taux bas représentent une bénédiction pour l'or, qui est devenu
plus compétitif que les actifs portant inrêts.
me avec un rendement de 0 %, l'or peut s'avérer plus rentable que bien d'autres actifs, à une époque
les taux d'intérêt ont un effet négatif sur le capital. Les investisseurs ont tendance à se réfugier dans l'or lorsqu'ils
n'ont plus confiance en leurs monnaies et en leurs systèmes financiers. Les pays qui cherchent à déprécier leurs
monnaies encouragent en fait leurs citoyens à se tourner vers l'or, comme nous avons pu le constater en Chine, en
Russie et dans d'autres pays émergents. L'or est alors utilisé comme une devise. Mais une devise sur laquelle la
banque centrale n'a pas d'emprise directe.
L'or s'échange à 1 230 dollars l'once et devance toutes les autres matières premières dans l'indice Bloomberg des
matières premres.
Alors que l'or risque d'être suracheté à court terme, nous le privilégions car nous pensons qu'il devrait profiter de la
diminution des prévisions relatives aux taux d'intét aux États-Unis et de la poursuite probable des
turbulences sur les marchés. La volatilisur les marcs financiers due au ralentissement chinois/mondial et à la
faiblesse des prix troliers ainsi que les doutes concernant l'efficacité des mesures d'assouplissement risquent de
persister. Cela pourrait continuer de peser sur l'appétit pour le risque et sur les taux en dollars. Tout bénéfice pour l'or.
Selon la Commodity Futures Trading Commission, la position longue nette sur les contrats à terme en or et les
options ont progressé de 21 % pour atteindre 148 266 contrats au cours de la semaine qui s'est terminée le 8 mars.
Il s'agit du niveau le plus élevé depuisvrier 2015 !
Avec la remontée des cours, les investisseurs se sont de nouveau tournés vers les ETF adossés à l'or cette année.
Les actifs ont gonflé de 335 tonnes métriques depuis le début de l'ane, faisant ainsi oublier la chute de
1 735 tonnes enregistrée sur l'ensemble de l'année passée.
Comme l'indiquent les données du World Gold Council, les ventes d'or par les banques centrales par le passé ont
entraî une bonification du marché (offre supérieure à la demande). Mais à partir du deuxme trimestre 2009 jusqu'en
2015, les achats nets d'or effectués par les banques centrales ont absorbé la plupart du surplus, une
absorption susceptible de se prolonger tant que la diversification de portefeuille de réserves se poursuit. Ceci peut être
d'autant plus vrai en présence d'un affaiblissement de la demande en bijoux et investissement. Bloomberg estime que
les banques centrales ont accumulé plus de 2 448 tonnes de métaux correspondant à des sorties liées à des fonds or
gocs en bourse d'environ 270 tonnes au cours de la période.
3.2 Pétrole brut (Brent) : neutre
Selon les prédictions de l'Agence internationale de l'énergie (AIE), les prix du pétrole pourraient avoir atteint leur
niveau plancher en raison de la diminution de l'offre en dehors de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP)
et des perturbations au sein du groupe qui érodent la surabondance mondiale.
Les fuites de pipelines et les perturbations de livraison œuvrent plus en faveur d'une réduction de la
surabondance mondiale de pétrole qui ne semblent pas pouvoir s'accorder sur un seuil de production
maximum. Les interruptions de production en Iraq et au Nigeria ont perturbé la production de plus de 800 000 barils par
jours et tendu le marc du Brent. Cet épisode coïncide avec une hausse de 20 % des prix du Brent qui a atteint 40
dollars le baril depuis que la proposition de l'Arabie saoudite et de la Russie de limiter la productiontanise le marché
et contribue à inverser le sentiment du marché vers l'optimisme. Aucune entente n'a éconclue et l'Iran continue de
rejeter l'ie étant donqu'il cherche à maximiser sa production.
Si l'Arabie saoudite et la Russie enregistraient une victoire diplomatique et parvenaient à persuader les
producteurs du monde entier de se joindre à eux pour geler leur production de pétrole, elles n'auraient que
peu d'effet sur la surproduction mondiale (environ 2 millions de barils par jour).
Ceci s'explique par le fait que l'Iran et le Brésil, les deux pays qui, selon l'AIE, renforceront le plus la production
cette année, ont manifesté peu d'inrêt à ce sujet. Selon les données de l'AIE, même si d'autres producteurs
comme l'Argentine et la Guinée équatoriale acceptaient de limiter leur production, leurs efforts combinés
parviendraient à infléchir l'offre cette année de 50 000 barils uniquement par jour, ce qui correspond à 5 % du
surplus de la production mondiale.
Le problème avec ce gel de la production, basé sur une cooration plus approfondie, réside dans le fait
qu'aucune des parties impliqes ne devra déployer d'efforts pour respecter ses engagements. Les quatre
producteurs produisent déjà pratiquement au maximum de leur capacité. On pourrait donc comparer ce gel
de la production à un appel au cessez-le-feu alors que tous les belligérants sont à court de munitions.
Dans ce contexte, cela risque d'être difficile de rééquilibrer un marché du pétrole déjà très saturé.
Letrole de schiste ne sera toutefois pas éparg et la production US va probablement légèrement diminuer. Face à
la chute des prix, les opérateurs en difficultés vont notamment chercher leur salut dans des opérations de fusion &
acquisition. Le processus de forage des gisements de pétrole de schiste est très standardisé et rétitif, ce qui signifie que
ces entreprises sont capables de s'adapter rapidement aux changements d'environnement. Les producteurs sont en mesure
d'affiner leurs opérations et de dégager d'importants gains d'efficacité. Cela devrait donc leur donner un avantage sur les
producteurs conventionnels, dont les délais sont plus longs.
Sauf crise géopolitique majeure (la situation est particulièrement tendue au Moyen-Orient et les pays européens ont relevé
le niveau de la menace et multiplient les actions anti-terrorisme), cette conjugaison de facteurs signifie que les prix
pétroliers resteront bas et volatils dans les prochains mois.
Avec le temps, cette configuration des prix va faire chuter les producteurs dont les coûts sont plus élevés et va doper la
demande, ce qui devrait permettre à l'OPEP de retrouver son pouvoir d'influence. On peut espérer que le trop-plein
actuel de pétrole commence progressivement à se tarir sous l'effet d'une demande dopée par la chute des prix. La
principale question est désormais de savoir à quel rythme le marché va se rééquilibrer. Tout dépendra ici de l'impact de la
réduction des investissements réalisés en amont et de l'évolution de la demande.
Les positions courtes des spéculateurs sur le brut n'ont pratiquement plus été aussi importantes depuis 2006,
alors que les positions longues se trouvent à leur niveau le plus élevé en huit mois, le nombre total de contrats flirtant avec
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