Les vingt-cinq propositions du secteur de l’artisanat pour lutter contre le réchauffement climatique Les vingt-cinq propositions du secteur de l’artisanat pour lutter contre le réchauffement climatique 3 Éditorial du Président de l’APCMA Les entreprises artisanales, piliers de l’économie verte ! L e colloque européen organisé par l’Assemblée permanente des chambres de métiers et de l’artisanat le 29 septembre 2015 a été l’occasion de donner la parole aux entreprises artisanales pour rappeler aux dirigeants internationaux que la réussite des engagements pris lors de la COP21 dépendra largement de la mobilisation des entreprises, au premier rang desquelles les plus petites. Les TPE/PME représentent 99 % du tissu économique et deux tiers des emplois du secteur privé en Europe, et ont engagé depuis longtemps un mouvement de transformation de leurs modèles économiques pour s’adapter aux contraintes et opportunités qu’offre la transition écologique. De grands progrès ont été accomplis dans la gestion des déchets, les conditions de production, le choix des matières premières et dans l’évolution des techniques. La prise de conscience des chefs d’entreprise a été suivie de changements importants dans les processus de fabrication, efforts couronnés très souvent par des certifications de haut niveau. Les petites entreprises sont agiles et ont manifesté à plusieurs reprises leur capacité à faire face à des changements économiques majeurs et à guider les mutations de leurs secteurs et de leurs métiers. Leur proximité avec leur clientèle et leur territoire est un atout et justifie qu’elles soient au premier rang des acteurs du changement. Il est donc de notre responsabilité de montrer que les Assemblée Permanente petites entreprises apportent des réponses opérationnelles et probantes aux défis du changement climatique. Au-delà des moyens à mettre en œuvre, c’est surtout de volonté politique dont nos entreprises ont besoin. La volonté de leur faire confiance. La volonté d’adapter les réglementations pour libérer leur potentiel de création d’activité et d’emplois. La volonté de ne pas opposer, par pure idéologie, environnement et économie. Les petites entreprises peuvent être des piliers de l’économie verte, à condition que leur environnement juridique, social et fiscal pense d’abord à elles. Alain Griset est président de l’APCMA. CHIFFRES CLÉS En France, l’artisanat est composé de petites entreprises qui, ensemble, constituent un géant économique : • 1,1 million d’entreprises soit près d’une entreprise privée sur trois hors agriculture ; • 280,4 milliards d’euros de chiffre d’affaires, 2,7 millions d’actifs, 170 000 apprentis… Le poids économique de l’artisanat est tout aussi significatif à l’échelle européenne : • plus de 21 millions d’entreprises, soit près de 99% des entreprises européennes, sont des entreprises à caractère artisanal ou de petites entreprises ; • elles comptent 66 millions d’actifs et génèrent 40 % de la valeur ajoutée dans l’UE. 4 Les vingt-cinq propositions du secteur de l’artisanat pour lutter contre le réchauffement climatique Première partie : Intégrer les acteurs économiques aux orientations stratégiques de la transition écologique 1. Placer la compétitivité des TPE/PME au centre des décisions énergétiques – pensez petit d’abord Les nombreux débats, échanges, travaux, tant au niveau national qu’européen, soulignent que la transition écologique constitue une réelle opportunité pour stimuler l’innovation, pour améliorer la compétitivité des entreprises et pour développer des filières d’avenir capables de conquérir de nouveaux marchés et de créer de nouveaux emplois. Toutefois, faut-il encore que toutes les entreprises, et notamment les plus petites, puissent « Il faut demander l’avis des entreprises avant de modifier les modes de production et de consommation… » Brice LALONDE, Conseiller spécial développement durable à l’ONU bénéficier de ces opportunités ! Pour Jean-Pierre CROUZET, Président de l’Union professionnelle Assemblée Permanente Les vingt-cinq propositions du secteur de l’artisanat pour lutter contre le réchauffement climatique artisanale (UPA), « les entreprises artisanales doivent être intégrées dans toutes les réflexions engagées par l’ensemble des parties prenantes. » En effet, des enjeux environnementaux globaux découlent certaines obligations réglementaires qui sont souvent pensées à destination de grands groupes en oubliant qu’elles s’appliquent aux entreprises de toute taille sans distinction de leur capacité contributive et de leurs ressources humaines. Aujourd’hui encore les entreprises ne considèrent l’environnement que sous le prisme des normes et des charges qui leur sont applicables sans retour sur leur investissement. Il conviendrait alors de les sensibiliser, aux gains potentiels que génèrent les nouveaux marchés liés à la protection de l’environnement. L’enjeu pour les entreprises artisanales est d’accroître leur compétitivité de manière à créer de la richesse impliquant la création d’emplois ancrés dans les territoires. « Les entreprises qui intègrent dans leur modèle économique la dimension de durabilité peuvent non seulement gagner des marchés mais aussi réduire leurs coûts. Cela leur donne un avantage compétitif. » précise Daniel CALLEJO CRESPO, Directeur général Environnement de la Commission Européenne. C’est la raison pour laquelle, il convient de prendre en compte les réalités et les spécificités de ces entreprises parce que la lutte contre le changement climatique passe avant tout par elles. Ce sont ces entreprises qui créent et proposent une part importante des solutions à mettre en œuvre, que ces solutions soient déjà identifiées ou qu’elles émanent des innovations futures. C’est également tout l’enjeu du Small Business Act européen « Pensez Petit d’abord » adopté en 2008 et qui fera l’objet prochainement d’une révision pour mieux structurer et mettre en œuvre toutes les politiques publiques à l’échelle de l’Europe. Les TPE/PME ont un rôle majeur à jouer dans la transition énergétique dans la mesure où elles représentent 99% des entreprises européennes et 2/3 des emplois du secteur privé en Europe. Assemblée Permanente 5 Propositions : 1. Réaliser systématiquement une étude d’impact préalable à toute nouvelle réglementation avant toute prise de décision pour vérifier que les modalités ne constituent pas un obstacle à l’innovation et à la compétitivité des TPE/PME ; 2. Instaurer un engagement réciproque entre les Etats et leurs TPE/PME pour une relation positive et dynamique basée sur le gagnant-gagnant. 2. Simplifier et stabiliser la réglementation relative à l’environnement Pour Patrick LIEBUS, Président d’European Builder Confederation (EBC), « il est primordial de rester vigilant et de veiller aux règles qui sont créées et proposées par l’Europe. En effet, certaines réglementations peuvent convenir aux TPE/PME mais encore faut-il que les dirigeants d’entreprises puissent les comprendre, se les approprier et ainsi les adapter. » L’obstacle majeur pour les entreprises est la durabilité de ces règles. Aujourd’hui, la règlementation applicable aux entreprises est instable ce qui engendre une méconnaissance de l’évolution de ces règles par les chefs d’entreprises. Ils ne peuvent donc pas appréhender l’impact que celles-ci auront sur leur activité. Pour Alain GRISET, Président de l’APCMA, « le rythme de la réglementation est ingérable pour les entreprises artisanales. A ce jour, plus de deux cents décrets relatifs à l’environnement ont été publiés ou sont en cours de publication au journal officiel. » Ce rythme est en effet insoutenable pour n’importe quelle entreprise a fortiori pour les TPE qui n’ont pas les ressources humaines et techniques nécessaires pour décrypter ces changements incessants. Au niveau national, Pascal DUPUIS, Chef du service climat et efficacité énergétique au Ministère de l’Ecologie, du Développement Durable et de l’énergie précise « qu’un certain nombre de 6 Les vingt-cinq propositions du secteur de l’artisanat pour lutter contre le réchauffement climatique dispositions issues de la loi sur la transition énergétique pourront être testées et expérimentées dans les territoires. » Concrètement, une disposition juridique a été prévue afin que des variantes de la réglementation nationale puissent être expérimentées au niveau local avant de décider de l’appliquer à l’ensemble du territoire national. Aussi, pour Gwenole COZIGOU, Directeur au sein de la direction générale marché intérieur, industrie, entrepreneuriat, PME de la Commission européenne « la consultation publique est un instrument qui permet une meilleure prise en compte de la vie des TPE/PME. De même les études d’impact au niveau européen intégreront systématiquement un test PME qui vise à vérifier si la législation que nous préparons est applicable par les petites entreprises et que cela ne représente pas une charge trop lourde pour elles. » Le principe à retenir est qu’une bonne législation doit être une législation en faveur des TPE/PME. Si ces entreprises peuvent s’approprier et vivre avec cette législation alors les grands groupes y parviendront sans difficulté. L’inverse est quant à lui rarement possible. Propositions : 3. Procéder à un examen du stock de réglementations existantes pour détecter et modifier celles qui sont obsolètes et/ou inadaptées aux TPE/PME ; 4. Favoriser les démarches d’application volontaires de la réglementation par les entreprises à l’exemple de la démarche en matière d’affichage environnemental au lieu d’une application contrainte et non-concertée ; 5. Adapter les réglementations aux spécificités des TPE avant celles des grands groupes pour libérer le potentiel de créativité et d’emplois ; 6. Amplifier le mouvement de simplification administrative notamment dans le code de l’environnement afin que la réglementation puisse être plus simplement mise en place sans être toutefois moins exigeante. 3. Pérenniser et développer les incitations fiscales en faveur des TPE Pour Philippe Soler – MY, Directeur des affaires financières de l’entreprise Carbonex qui produit du charbon de bois végétal selon un procédé unique développé après neuf ans de recherche : « La transition énergétique c’est aussi une question de transition économique qui se doit d’être accompagnée d’une vraie réflexion sur la fiscalité. » Afin de stimuler la croissance des entreprises françaises et de renforcer l’attractivité de la France, il apparaît nécessaire de réduire le taux nominal d’impôt sur les sociétés. Dans l’optique de soutenir le développement des petites et moyennes entreprises et afin d’inciter les entreprises françaises à réinvestir les bénéfices réalisés dans l’entreprise, l’APCMA sollicite l’instauration d’un dispositif spécifique d’imposition à taux réduit (de 15%) des bénéfices que l’entreprise entend réinvestir quelle que soit la forme du réinvestissement (capitaux propres, réserves, compte courant…). Propositions : 7. Extension du bénéfice du crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi aux entreprises, soumises à l’impôt sur les sociétés et l’impôt sur le revenu, n’employant pas de salariés ; 8. Création d’un dispositif de faveur visant à taxer les bénéfices réinvestis au taux réduit (15%) de l’impôt sur les sociétés afin d’inciter les entreprises françaises à réinvestir les bénéfices réalisés dans l’entreprise ; 9. Permettre aux entreprises de constituer en franchise d’impôt une provision au titre des investissements engagés et ce afin d’encourager l’acquisition ou la création d’immobilisations – amendements proposé par l’APCMA dans le cadre du PLF 2016. Assemblée Permanente Les vingt-cinq propositions du secteur de l’artisanat pour lutter contre le réchauffement climatique 7 Deuxième partie : Diminuer les émissions de gaz à effet de serre en préservant la compétitivité des entreprises 1. Favoriser une économie circulaire au service de la proximité et des TPE L’économie circulaire offre une opportunité unique pour l’Europe et ces effets en termes de croissance, d’emplois et de bénéfices environnementaux ne sont pas à négliger. Nous avons devant nous un grand défi, celui de changer le modèle économique. Le modèle économique linéaire traditionnel « production-consommationdéchet » doit évoluer vers un cercle vertueux où l’on peut intégrer l’exploration, l’extraction, la production, la consommation, et le recyclage. Assemblée Permanente « Les artisans sont les mieux placés pour favoriser l’économie circulaire, les cycles courts et l’économie de proximité… » Fabrice BOISSIER, Directeur général délégué de l’ADEME L’enjeu est également de favoriser le recyclage. Pour Xavier LABAT, Directeur général de l’entreprise 8 Les vingt-cinq propositions du secteur de l’artisanat pour lutter contre le réchauffement climatique LABAT Assainissement Vidange, les déchets sont devenus ses matières premières. Précisément, il récupère des produits périmés de grandes surfaces qu’il transforme par méthanisation en biogaz qui lui-même est valorisé en énergie électrique, thermique et en engrais. L’économie circulaire s’applique à tous les secteurs et tous peuvent en bénéficier. Pour Maria GRAPINI, Vice-Présidente de l’intergroupe PME du Parlement européen, « il s’agit de repenser et d’améliorer la conception des produits pour faciliter la réparation, la réutilisation… et accroître la durée de vie des produits. » Une meilleure utilisation des ressources présente également l’avantage de réduire les coûts de l’entreprise. Propositions : 10. Favoriser le recours à la réparation des produits en développant l’accès aux pièces de rechange et aux informations techniques par les artisans notamment dans le secteur de l’horlogerie ; 11. Développer le secteur du recyclage et de la valorisation énergétique et matière des déchets. Ce secteur est porteur d’emplois d’avenir non-délocalisables et il engendre une activité de proximité ancrée par définition dans les territoires : les entreprises de traitement se situant à proximité des sources de déchets. Les entreprises du recyclage offrent des solutions locales ; 12. Modifier les critères et ainsi reconnaître le statut de « sortie de déchets » dans la prochaine révision de la directive européenne sur les déchets. 2. Inciter les artisans à devenir prescripteurs auprès des consommateurs pour favoriser la rénovation énergétique des bâtiments Pour Patrick LIEBUS, Président d’EBC, « le changement climatique rime avec rénovation énergétique. » 40% des émissions de gaz à effet Assemblée Permanente Les vingt-cinq propositions du secteur de l’artisanat pour lutter contre le réchauffement climatique 9 de serre sont dans le secteur de la construction. 75% des logements qui ont été construits vont être à rénover dans les prochaines années. En effet, ces bâtiments ont été construits à une période où il n’y avait aucune règle sur les énergies. Les trois quarts de ces bâtiments sont à rénover. « Un des aspects essentiels pour les entreprises artisanales est de les encourager à devenir des prescripteurs auprès des consommateurs », préconise Jacques RAVAILLAULT, Directeur exécutif de l’action territoriale de l’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie (ADEME). L’artisan de demain devra aussi intégrer dans sa stratégie commerciale une fonction de « conseiller-prescripteur » pour capter et développer de nouvelles parts de marchés. C’est un vrai enjeu pour le secteur du bâtiment que celui de donner aux consommateurs une trajectoire pour les conseiller et les orienter vers un programme de rénovation. De son côté, la Chambre de métiers et de l’artisanat de région Provence-Alpes-Côte-D’azur est convaincue que la rénovation énergétique peut aider à redynamiser l’économie de son territoire. Elle propose d’ailleurs l’action RENOVER+ qui s’adresse à la fois aux entreprises artisanales et à leurs clients pour à la fois mobiliser l’offre et stimuler l’émergence de projets de rénovation énergétique. Cette action crée des impacts positifs d’ores et déjà quantifiables en termes d’activité des entreprises et d’emploi. A ce jour, RENOVER+ a permis une cinquantaine de rénovations et presque deux millions de chiffre d’affaire pour les entreprises locales. Propositions : 13. Mener une meilleure isolation des bâtiments anciens et neufs pour réduire le besoin de chauffage (murs, vitrages, toitures, matériaux…) ; 14. Soutenir les actions locales, et notamment l’accompagnement du réseau des CMA, qui visent à mettre en relation entreprises artisanales du bâtiment et clients potentiels. Assemblée Permanente 10 Les vingt-cinq propositions du secteur de l’artisanat pour lutter contre le réchauffement climatique 3. Concilier la lutte contre la pollution atmosphérique et la compétitivité des entreprises Les entreprises artisanales ont conscience des impacts que génèrent leurs activités sur l’environnement. Les chambres de métiers et de l’artisanat les accompagnent dans l’amélioration de leurs pratiques grâce à des initiatives conduites avec les organisations professionnelles, les partenaires publics et privés. Dans le cadre de la consultation nationale engagée par le Ministère de l’Ecologie, du Développement Durable, des Transports et du Logement sur les projets de textes règlementaires pour l’expérimentation des zones d’actions prioritaires pour l’air (ZAPA), Alain GRISET, Président de l’APCMA, souhaite attirer l’attention du Gouvernement sur les conséquences économiques de ce dispositif sur les entreprises artisanales. En effet, l’interdiction de circulation de certains véhicules classés comme « polluants » les pénalisera à double titre : en limitant d’une part les modalités d’approvisionnement et de livraison des commerces, notamment en centre-ville, et en réduisant d’autre part le périmètre d’activité des entreprises de transport de personnes. L’expérimentation des ZAPA ne doit pas se faire au détriment des commerces et artisans de centre-ville. Les principaux obstacles auxquels se heurte le secteur artisanal sont le coût élevé lié au renouvellement du parc de véhicules professionnels et le fait que le retour sur investissement soit beaucoup trop long dans le temps pour une petite structure. La mise en place d’une politique fiscale incitative, accompagnée d’une dérogation pour les véhicules chargés du transport de personnes et de la livraison des commerces, contribuerait à réduire les conséquences économiques et financières de cette mesure auprès des artisans. Propositions : 15. Création d’un fonds européen qui financerait le renouvellement du parc automobile utilitaire des entreprises de moins de vingt salariés ; 16. Concertation avec les municipalités : plutôt que des mesures d’interdiction, une concertation accrue avec les municipalités est nécessaire pour améliorer l’environnement dans lequel évoluent les commerces et artisans en centre-ville. Allongement de la durée du stationnement, augmentation du nombre d’aires de manutention, macaron d’identification, simplification des démarches doivent permettre aux artisans d’effectuer leurs interventions dans les meilleurs délais et pour la plus grande satisfaction de leur clientèle. Assemblée Permanente Les vingt-cinq propositions du secteur de l’artisanat pour lutter contre le réchauffement climatique 11 Troisième partie : S’adapter aux effets du changement climatique en favorisant les investissements et la formation 1. Soutenir l’innovation « L’innovation n’est pas l’affaire uniquement des grands groupes, des organismes de recherche, c’est aussi l’affaire des TPE. » affirme Fabrice BOISSIER, Directeur général délégué de l’ADEME. En effet, l’ADEME est un opérateur des investissements d’avenir, ce grand programme doté de plusieurs milliards d’euros pour préparer l’économie de demain et pour aider les entreprises françaises à passer le cap de cette nouvelle économie. Et bien qu’il soit naturel de penser que ces grands programmes d’investissement d’innovation s’adressent principalement à des grands groupes, force est de constater que ce Assemblée Permanente « Nous devons accompagner les TPE/PME européenne dans le développement de nouveaux modes de production innovants et plus propres… » Gunilla ALMGREN, Présidente de l’UEAPME 12 Les vingt-cinq propositions du secteur de l’artisanat pour lutter contre le réchauffement climatique n’est le cas. Précisément, l’ADEME a financé plus de 250 projets ces deux dernières années, la moitié des bénéficiaires sont des PME souvent associées à des grands groupes dans des consortiums qui permettent d’allier les forces des grands groupes et l’agilité des PME. Forte de ces expériences remarquables, l’ADEME va également amplifier les appels à projets spécifiques pour les PME dans différents domaines tels que les transports, les énergies renouvelables. L’objectif est de mettre à disposition des entreprises des outils simples en évitant le montage de dossiers compliqués, les durées d’instruction interminables. Pour Philippe SOLER-MY, Directeur des affaires financières de Carbonex, « la clé de la réussite, c’est l’innovation car elle permet une vision de l’avenir ». Les résultats de leur démarche d’innovation est d’ailleurs probante : il fallait auparavant cinq à six kilos de bois pour produire un kilo de charbon. Aujourd’hui et grâce à leur procédé innovant, seuls deux kilos et demi suffisent. De plus, Carbonex produit de l’électricité ce qui leur permet de réaliser une économie extrêmement importante. D’autres leviers d’innovation existent et notamment les actions menées par l’ADEME en partenariat avec les CMA qui ont permis d’identifier de nouvelles idées dans le but de trouver de nouveaux marchés, de nouveaux partenaires et ainsi agir avec les autres acteurs des territoires à l’image des collectivités ou des autres entreprises présentes. Propositions : 17. Intégrer un référent TPE dans tous les Pôles de compétitivité pour la prise en compte des spécificités des entreprises artisanales. En effet, une entreprise artisanale peut difficilement s’intégrer seule dans un pôle de compétitivité. Son implication dans un projet innovant à forte visibilité avec des organismes de recherche et des centres de formation est plus difficile que pour un grand groupe industriel. Pour autant, l’artisanat a sa place au sein et/ou autour des pôles de compétitivité. 2. Faciliter l’accès aux aides financières pour les TPE/PME Le modèle économique de la petite entreprise nécessite des outils de financements adaptés à ses besoins et dont les conditions d’accès ne sont pas exclusivement orientées vers les PME et les ETI. Il est donc nécessaire, de manière globale, d’adapter les règles d’investissement de dispositifs publics de financement aux besoins des petites entreprises. Pour Xavier LABAT, dirigeant de l’entreprise LABAT Assainissement Vidange, « il est encore difficile d’obtenir des informations sur l’accès aux financements pour les petites entreprises. » Pour ce faire, il s’est appuyé sur les compétences de sa CMA et Assemblée Permanente Les vingt-cinq propositions du secteur de l’artisanat pour lutter contre le réchauffement climatique il a ainsi pu bénéficier de subventions régionales, nationales et européennes. D’autres actions locales ont vu le jour aux côtés des banques à l’exemple de l’association Clesra - Club Europe Sud/Rhônes-Alpes – créé par Michèle RIVASI, Députée européenne. L’objectif de cette démarche est d’informer et d’orienter les acteurs de son territoire en matière de financement européen en réunissant les personnes idoines de chaque programme tel que le Fonds européen de développement régional (FEDER) dont 20% des fonds ciblent les énergies renouvelables, le Fonds social européen (FSE) ainsi que le Fonds européen agricole pour le développement rural (FEADER). Assemblée Permanente 13 Propositions : 18. Faciliter la mobilisation des fonds structurels européens et du programme LIFE au bénéfice du développement de démarches environnementales dans les TPE ; 19. Promouvoir le financement participatif, complémentaire et alternatif au financement bancaire, et le populariser auprès des entreprises artisanales, l’objectif étant que ces dernières puissent en bénéficier ; 20. Créer, au niveau national, un fonds destiné à l’artisanat, confié à l’APCMA et alimenté par BPI France, devant permettre le financement, dans l’ensemble des régions, de plateformes d’avances remboursables créées à l’initiative des chambres de métiers et de l’artisanat et gérées par elles. La mise en place de cette plateforme nécessitera une convention entre BPIFrance et l’APCMA, qui permettra notamment de déterminer les modalités financières de cette action ; 21. Favoriser les incitations financières au renouvellement des véhicules utilitaires des professionnels vers des véhicules moins polluants ou électriques ; 22. Renforcer le recours aux sociétés de garanties et de cautionnement mutuel et notamment des solutions de pré-garantie, à l’exemple de la SIAGI, comme ayant un effet levier majeur auprès des banques. 3. Encourager les dirigeants de TPE à intégrer la formation dans une logique d’opportunité La loi de transition énergétique a fixé des objectifs très ambitieux : 500 000 logements rénovés par an. Le secteur du bâtiment bénéficiera de cette mesure en termes d’opportunités et d’emplois mais cela passera forcément par une massification de la formation et de la montée en compétence des professionnels. 14 Les vingt-cinq propositions du secteur de l’artisanat pour lutter contre le réchauffement climatique un secteur où l’ascenseur social est encore possible. Egalement il faut promouvoir auprès de ces jeunes l’entrepreneuriat et la création d’entreprise. Autre exemple au niveau européen valorisé par Madame VIOLETA JELIC, Membre du Comité économique et social européen et Secrétaire générale de la Chambre de métiers et de l’artisanat de Croatie, la CMA a mis en place des séminaires et des groupes de formation sur les moyens mis à disposition des entreprises du bâtiment pour utiliser les nouvelles technologies. Pour Yves PETITJEAN, Président de la Chambre de métiers et de l’artisanat de région Aquitaine, « C’est effectivement le rôle de la CMA de promouvoir l’offre de formations aux artisans. Notre devoir est d’informer les professionnels et les accompagner. » Cependant, les formations sont tellement spécifiques aux métiers que le relai est ensuite passé aux organisations professionnelles pour mettre en place les systèmes de formation et recevoir les salariés ainsi que les artisans. Depuis plusieurs années, l’ADEME développe en partenariat avec les conseils régionaux des plateformes techniques de formation. Huit catégories de plateformes techniques existent aujourd’hui et 170 plateformes existent sur le territoire français. Tous les lycées et les centres de formations des apprentis sont quasiment équipés. Pour autant, la plus grande difficulté réside dans la capacité à mobiliser et à organiser des cycles de formation. Pour beaucoup, les chefs d’entreprises ne semblent pas encore enclin à passer le temps nécessaire pour se former. Pour Michèle RIVASI, Députée européenne, « il faut également parler des nouveaux emplois dans l’artisanat et les valoriser auprès des jeunes ». C’est une évidence, il faut valoriser ces métiers et montrer l’évolution possible au sein du secteur de l’artisanat. L’artisanat est Propositions : 23. Intégrer systématiquement dans les référentiels de formation initiale et continue pour les diplômes des métiers de l’artisanat un module opérationnel sur les enjeux environnementaux ; 24. S’appuyer systématiquement sur la qualification professionnelle pour développer la montée en compétence de la nouvelle génération d’artisans qui prescrira la rénovation énergétique ainsi que des conseils aux particuliers ; 25. Prendre en compte le recours à des apprentis au titre de clauses sociales dans le cadre des marchés publics. Face aux difficultés rencontrées par les petites entreprises pour « répondre aux clauses sociales choisies par les acheteurs publics « les contrats d’apprentissage doivent être reconnus par les pouvoirs publics comme un moyen de satisfaire à la clause sociale d’un marché public ». Par ailleurs, l’APCMA demande à ce que les critères environnementaux ne soient pas trop contraignants pour les TPE/ PME. Dans l’hypothèse où l’obtention de certifications serait exigée, les labels professionnels et les démarches entreprises par les TPE/PME devraient constituer une présomption de conformité à ces critères. Assemblée Permanente Les vingt-cinq propositions du secteur de l’artisanat pour lutter contre le réchauffement climatique 15 L’APCMA remercie l’ensemble des intervenants qui ont participé à ce colloque et qui ont permis de par leur expertise la réalisation de cette plateforme de propositions : • M. Brice LALONDE, Conseiller spécial pour le développement durable à l’ONU • M. Daniel CALLEJA CRESPO, Directeur général Environnement, Commission européenne • M. Gwenole COZIGOU, Directeur au sein la direction générale du marché intérieur, industrie, entrepreneuriat et PME de la Commission européenne • M. Xavier LABAT, Directeur de Labat Assainissement Vidange • M. Patrick LIEBUS, Président de la Confédération européenne du bâtiment (EBC) • Mme Michèle RIVASI, Députée européenne • M. Yves PETITJEAN, Président de la Chambre de métiers et de l’artisanat de région Aquitaine • M. Pierre SOLER-MY, Président-Directeur général de Carbonex • M. Jean-Pierre CROUZET, Président de l’Union professionnelle artisanale (UPA) • M. Pascal DUPUIS, Chef du service climat et efficacité énergétique au Ministère de l’Ecologie, du Développement durable et de l’Energie • M. Antoine HACOT, Vice-président du Global Compact France en charge des relations avec les PME • Mme Violeta JELIĆ, Membre du Comité économique et social européen, Secrétaire générale de la Chambre de Métiers et de l’Artisanat de Croatie (HOK) • Mme Maria GRAPINI, Vice-présidente de l’intergroupe PME du Parlement européen • S.E. M. Paul DÜHR, Ambassadeur du Grand-Duché du Luxembourg en France • M. Fabrice BOISSIER, Directeur général délégué de l’Agence pour l’Environnement et la Maîtrise de l’Energie (ADEME) • M. Jacques RAVAILLAULT, Directeur exécutif de l’action territoriale de l’Agence pour l’Environnement et la Maîtrise de l’Energie (ADEME) • Mme GUNILLA ALGREN, Présidente de l’Union Européenne de l’Artisanat et des Petites et Moyennes Entreprises (UEAPME) • M. Giuseppe OLIVIERO, Vice-président de l’Union Européenne de l’Artisanat et des Petites et Moyennes Entreprises (UEAPME) L’ADEME a soutenu et participé au colloque organisé par l’APCMA le 29 septembre 2015 à Paris Assemblée Permanente ASSEMBLÉE PERMANENTE DES CHAMBRES DE MÉTIERS ET DE L’ARTISANAT 12 avenue Marceau - 75008 Paris - Tél. : +33 1 44 43 10 00 - Télécopie : +33 1 47 20 34 48 Internet : www.artisanat.fr - Courriel : [email protected]