INTRODUCTION
L'ISLAM PLURIEL DANS LE MAGHREB
CONTEMPORAIN
Sophie
FERCHIOU*
À
traver
s
les
formes
de
connaissance
qui
ont
longtemps
monopolisé
l'islamologie, comme
la
théologie
et
la
métaphysique,
l'islam, confondu avec le
principe
d'unicit
é qu'il énonce,
apparaît
comme
une
religion
non
seu
l
ement
totale
mais
aussi
totalisante.
Cette
vision
monolithique
de
l'islam se
réfère
généralement
à
trois
é
léments
fondamentaux:
la
Révélation (parole
divine
et
message
inspiré
de
Mohamed
),
qui
est
la
source ontologique de
la
religiosité
islamique
, le Coran,
corpus
officiel (
mushaf)
qui
est
constamment
présent
dans
la
vie
des
musul-
mans
,
et
la
Umma
(
communauté
des
croyants)
qui se
veut
une
et
unique
.
1) Il
es
t
vrai
que
la
Révélation
constitue
le
système
unique
de
références
pour
tous
les
musulmans
,
mais
comment
dissocier
l'unicité
du
message
prophétique
de
ses
conditions
d'énonciation
et
de
traduction?
Considéré
dans
sa
dimension
diachronique
l'islam
apparaît
comme
un
e religion
qui
se
prête
aux
gr
ill
es
de
lectur
e
les
plus
diverses. Le
principe
islamique
est
certes
unique,
mais
il
s'
inscrit
n
écessa
irement
dans
une
expérience
multiple,
celle
d'un
vaste
en
sem
ble
de
populations
, les
unes
arabes
ou
arabisées,
les
autres
africaines,
indie
nne
s,
asiatiques,
européennes
et
mê
me
américaines,
ayant
chacune
un
fond
culturel
spécifique
et
un
destin
historique
particulier
.
2) Il
est
vrai
par
ailleurs
que
l'islam
,
plus
que
toute
s l
es
autres
religions
s
cripturaires
se
définit
comme
la
religion
du
li
vre
. Le
Coran,
en
tant
que
corpu
s
officiel, s'
insère
dans
tous
les
actes
du
musulman,
aussi
bien
les
événements
marquants
de
la
vie
communautaire
et
familiale (comme les
tetes
religieuses
, le
mari
age
ou
la
circoncision)
qu
e les
as
pects
ordinaires
de
la
vie
quotidienne
et
intime
(co
mm
e les soins
du
corps ou la façon de s'
habiller
et
de s'
alimenter).
Ce
tt
e
omniprésence
et
cette
quotidienneté
ont
so
uvent
été
invoquées
pour
s
ignifier
le
caractère
spécifique de
la
condition
du
musulman
. Mais
quelle
qu
e
s
oit
sa
valeur
m
éta
phy
s
iqu
e
et
quel
que
so
it
son
impact
sur
la
vie
des
mu
s
ulman
s, le
Coran
est
un
texte
qui
demande
à ê
tre
compris
et
interprét
é
pour
ê
tre
traduit
en
action.
Sa
pré
sence
est
constante
mais
elle ne
s'inscrit
pas
dan
s lille
ex
pé
rienc
e
terminée
et
donn
ée
une
fois
pour
toutes,
elle
est
sans
cesse
rep
en
sée
et
renouvelée.
Pour
exprimer
cette
compréhension
historisant
e de
la
parole
de
Dieu
, le
verset
38 de
la
Sourate
du
Tonnerre
dit
«li kulli'agalin
kitab
»
chaque
conjoncture
correspond
une
é
criture
propre
),
une
écriture
qui
se
traduit
dan
s
de
s
formules
a
justées
aux
différente
s
époques
et
aux
cultures
spécifiques.
,.
Direct
rice de recherche au
CNRS,
IREMAMlruni
s.
Annu
aire de l'Afrique
du
Nor
d,
tome
XXXIII, 1994,
CNRS
Éditions
2 INTRODUCTION
3)
La
Umma,
à
travers
l
es
courants
de la
pensée
musulmane
, a
ppara
ît
co
mm
e
une
propension
vers
l'unité
qui a
traversé
l
es
pays
et
l
es
siècles. Mais
bi
en
que
l'idéal
unitaire
demeure
vivace
dans
l
es
mentalités
populair
es
du
monde
mus
ulm
an, c'est
une
dialectique
unit
é/
diversité
qui
agit
constamment
en
s'a
da
ptant
a
ux
conjonctures hi
stor
iques.
L'
unité
est
certes
le
fait
de l'islam,
mais
elle
ne
détruit
pas
la
diversité
de
ses
expressions.
«
C'est
une
idée-force
fondamentale
qui
s'empare
du
concret
et
qui,
sans
en
d
ét
ruire
l'irréductible
diver
sité, le façonne
et
l'
oriente
"
dit
Louis
Ga
rdet
(1).
En
fait,
c'est
une
donnée
permanente
,
une
vision de l'absolu
qui
se
présente
comme
un
dépassement de
tous
les vécus.
Da
ns
le
contexte
politique
act
uel au
Maghreb,
il se développe
un
e
nouvelle conception de l'islam qui
tend
aussi
à le s
ingulari
ser
et
à
enfelm
er ses
ré
alités
multiples
dans
un
seul
et
même
concept.
Cette
visi
on
globalisante
et
ductrice
est
li
ée
à
l'irruption
des
mouvements
islamistes
,
et
à
la
cris
e
ide
ntit
aire
récurrente
au
système
colonial
et
au
processus
de
moderni
sation
e
ntamé
au l
endemain
de
l'indépendance
. Le discours
de
légitimation
identitair
e
des isl
am
istes
qui
appe
lle «au
retour
aux
sourc
es
", utilise
l'unit
é comme
un
slogan,
un
mot
d'ordre
pour
oriente
r l
es
masses
populaires
vers
un
pass
é
commun
représenté
comme id
éa
l
et
le
ur
imposer
l'image
d'un
isl
am
uniqu
e
défini comme
un
cadre
str
uct
ur
el à ne
pas
dépasser
.
On
retrouve
cette
conception de
l'islam
enfermé
dan
s
un
e
désignation
globale
et
prisonnier
d'
un
e spécificité
inadaptable
au
pluralisme
cultur
el
dan
s
le discours occid
ental
li
é
aux
problèmes de
l'émigration
l'inten
sité
d
es
férences
et
des
identifications à l'islam se
fait
de
plus
en
plus forte.
Dans
l
es
deux
cas
,
la
co
nc
ept
ion
globalisante
et
réductrice
de
l'islam
est
l'expression
d'une
idéologie politique : d'
une
part,
e
ll
e se
réclame
de l'is
lam
,
et
d'a
utre
part,
elle s'y oppose.
Ainsi, sciences théologiques,
théories
métaphysiques
et
id
éologies politi-
ques
t
en
dent
à poser
l'islam
comme
un
cadre
structurel
immuable
et
à
mettr
e
l'acce
nt
s
ur
la
vocation à
l'unité
de
la
communauté
musulmane.
Le
but
de
cet
o
uvrage
co
llectif
est
d'aborder
l'islam
autrement,
de
l'étudier
dans
ses
multipl
es
ex
pressions
pratiques
et
id
ée
lles, tel
qu
'
il
est
vécu
dans
le
contexte
socio-cultu-
rel
du
Maghreb
contemporain.
Notre
problématique
axée
sur
l'uni
/
multiplicité
de l'i
slam
vise à reconsi-
rer l
es
fondements
épistémologiques de l'isl
amo
logie
traditionnell
e et à
ide
ntifier
le
champ
religi
eux
maghrébin
dans
sa
pluralité
et
à
traver
s
ses
co
mposantes
historiques,
ant
hr
opologiqu
es
et
sociales.
Fondée
sur
des expéri
ences
de
terrain
et
s
ur
des
ana
l
yses
de
s
itu
atio
ns
his
toriques
précises, l
'a
pproche
adoptée
par
l
es
cherche
ur
s qui
participent
à c
et
ouvrage
se
sit
ue au
niveau
des
comportements
religieux
agis
ou
pens
és.
Et
dan
s
la per
spect
ive de définir les conto
ur
s
du
champ
religieux
maghrébin
à
travers
les
mu
ltipl
es
ex
pre
ssion de
l'islam
, nous avons
envisagé
qua
tre
axes
d'
in
vesti-
gatio
n.
-Le
premier
axe aborde l'is
lam
en
tant
qu
'espace de savoir (
th
éologique)
confronté
au
dé
fi
de
penser
la
pluralité
et
de
conceptualiser
l
es
conditions
d
nonciation
d'
un
pluralisme
musulman
.
(1) Louis
GMWET,
L
es
H
ommes
de ['isl
am
, H
achette
, 1977.
INTRODUCTION 3
-Le
second
axe
se
rapporte
à l'islam comme pôle de férence de l'espace
politiqu
e se
traduisant
par
des
discours
et
des
pratiques
qui
réinventent
les
formes
culturelles
dans
un
but
de l
égitimation
ou
d'illégitimation
.
-
Une
troisième
dimension
de
l'islam
est
son
insertion
dans
le
vécu
quotidien
et
dans
tout
ce
qui
est
repère
d'identité.
C'est
l'islam en
tant
que code
c
ultur
el propice à la polysémie
dans
la
diversité
de
ses
modes
d'emploi.
-Le
quatrième
axe
est
celui
de
l'islam
qu'on
appelle
improprement
«
islam
populaire
"
et
qui
recouvre
l
es
formes
de
religiosité
dans
leurs
expressions
les
plus
variées.
L'islam
comme
espace
de
savoir
(théologique)
et
système
épistémologique
de
référence
D
ès
qu'on
dépasse
le
niveau
statique
des
prédications,
l'islam
dogmatique
a
pparaît
comme
un
système
de
références
qui
porte
en
lui-même
les
instruments
théologiques
du
renouvellement
et
l
es
conditions d'exercice
de
la
pensée
religieuse
adaptée
a
ux
situations
nouvelles
et
aux
besoins
culturels
qui
s'y
rattachent.
C'e
st
généralement,
l'igtihdd
en
tant
qu'effort
d'interprétation
et
de
réflexion, qui symbolise
cette
dimension
dynamique
de
l'islam
.
Chaque
fois
qu'une
si
tuation
nouvelle
nécessite
un
choix
d'ordre
religieux
et
qu'il
n'y
a
pas
de
texte
explicite
en
la
matière
, le
recour
s à l'igtihdd
est
possible.
Et
selon
les
conjonctures
historiques
et
l
es
valeurs
dominantes,
cet
effort
de
réflexion
conditionne
le
comportement
religieux
des
musulmans
.
L'
analyse
de
Mohamed
Charfi
montre
comment
au
Maghreb,
la
pensée
isla
mique
contemporaine,
telle
qu'elle
apparaît
à
travers
l'igtihdd
et
l'igmd'
(
consensus
de
la
communauté
des
croyants
)
dont
il
est
indissociable,
est
marquée
p
ar
le «Choc de
la
modernité
".
Après
l'indépendance,
le monopole de
l'État
en
matière
de
droit
et
le
processus
de
sécularisation
des
institutions
ont
fortement
cha
n l'
impact
de l'igtihdd
et
de l'igmd'
sur
la
pensée
islamique
.
Mais
cette
cu
l
arisation
est
in
s
uffisamment
intériorisée
, d'où
la
perte
de
cohérence
dan
s
l
es
systè
me
s de
valeur
en
usage,
et
l'
hésitation
constamment
manifestée
au
Maghreb
entre
les
normes
modernistes
et
les
normes
traditionalistes.
Ainsi
,
bien
que
la
rupture
avec
la
tradition
soit
réelle
dans
divers
domaine
s
de la vie soc
ial
e
maghrébine
, elle n'est
jamai
s
totale
et
l'utilisation
de
l'igtihdd
dans
un
c
hamp
mantique
nouveau
dem
e
ure
indispensable
pour
conceptualiser
le re
nouvellement
et
penser
la
pluralité
de l'is
lam.
Trai
tant
des
différent
es
façons possibles de lire les
textes
islamiques
,
He
rvé
Bleuchot
si
tu
e son
analyse
dans
le
domaine
juridique
et
plus
particulère-
ment
d
ans
les
traités
dugihdd
(guerre
sainte)
qui
constituent
la
forme
extrême
de
la
«
fermeture
"
dogmatique.
Il
démontre
comment,
bien
que fondés
sur
le
principe
du
«
nationalisme
re
ligi
eux
" le
plus
rigoureux
et
la
conception
la
plus
ét
roite
de
la
Umma
isl
am
i
yya
(C
ommunaut
é des
musulmans
) les
textes
j
uridiqu
es
du
gi
hdd
autorisent
les
fuqahd
(théologiens) à
intervenir
dans
le
sens
le
plu
s «o
uv
ert"
aux
valeurs
universelles
.
Cette
intervention
n'est
évidemment
po
ss
ible
qu'en
cas
d
'a
bsence
de
textes
explicites,
mais
Hervé
Bleuchot
cite
plusieurs
exemp
l
es
les
juristes
malikites
ont
fait
preuve
d'une
conception
4 INTRODUCTION
juridique
universaliste
souve
nt
en
contradiction avec l
es
principes
du
natio
na
-
li
sme
musulman,
mais
toutefois
sans
rompre avec les lois
coraniques
.
L'article de Mohamed Talbi
reprend
plus explicit
ement
le
thème
de
la
torance qui
est
so
uv
e
nt
considérée comme
un
composante essentielle de
l'islam
défini comme din
ettasamuh
(religion de la tolérance). À
travers
le
thèm
e de la
tolé
rance
, Mohamed Talbi
ana
lyse les
rapports
ambivalents
entre
l
'État
et
la
Religion, tels
qu
'ils
existent
dans
les
pa
ys
musulmans
et
plus
particulièrement
au Maghreb. Se
fondant
sur
une
profondeur hi
storiq
ue
allant
jusqu
'au Moyen
Âge,
so
n analyse fait
ressortir
les corrélations
entre
la montée
du
fanatisme
religieux au Maghreb
et
un
certain
substrat
culturel
mu
su
lm
an, lié
non
p
as
aux
te
xtes
religieux
eux
-mêmes,
mais
à
l'arbitraire
de ceux qui les utili
sent.
L'islam
en
tant
que
pôle
de
référence
de
l'espace
politique
L'imbrication
du
religieux,
du
profane
et
du
politique
est
une
caract
éristi-
que de l'islam puisqu'il se définit comme din,
dunya
wa dawla. Ch
aq
ue fois que
se
po
se
le problème des
rapports
entre
l'ascendant
spirit
uel
et
l
'a
u
torité
laïqu
e,
l'isl
am
apparaît
comme
un
pôle de référence, comme
un
capita
l symbolique qui
peut
justifier
un
e politique ou
masquer
les enjeux qui la motivent.
Au Maghreb, l'islam
ainsi
défini
est
aujo
urd
'
hui
utili
par
deux
tendances
politiques
antagonistes:
les
réformateurs
modernistes
d'une
part
et
les fonda-
menta
listes-intégristes d
'autre
part
.
L'exemple le plus signific
atif
de
la
tendance
moderniste
est
celui
du
réformisme
bourguibien:
«Aucun
État
arabe
n'a
été
dans
le
sens
de la
séc
ularisation
autant
que la Tunisie »,
dit
Bruno
Etienne
(2).
Sans
remettr
e
en
question
cette
réalité, l'analyse de Mohamed el-Hedi
Cherif
montre
comment
,
malgré
son
itinéraire
éd
ucationnel
et
politique
fortement
marqué
par
la
culture
occi
dentale
et
laïq
ue
, malgré son
intense
désir
de «
moderniser
la société
tunisienne
»,
Bourguiba n'a
jamais
prôné
un
e
séparation
ét
anche
e
ntr
e le
religieux
et
le politique. Toutes l
es
décisions réformistes qu'il a
pri
ses s
ont
fondées
sur
des textes coraniques.
C'est
en
tant
que
chef
de
la
communauté
musulmane
tunisienne
et
au nom
d'un
«
islam
bien compris » qu'il a utililes
conce
pts
d
'ilJt
ihad, d'ilJma'
et
de
umma
pour consolider son pouvoir politique. Il
a même utilisé la notion delJihad
(g
u
erre
sainte)
pour
attaquer
certains
éléme
nts
fondamentaux
du
système religieux islamique tels que le
jeûne,
le sacrifice et le
lerinage, les
accusant
d'entraver
le processus de développement économique
du pay
s.
Analysant
le discours islamiste
dan
s le contexte précis de l'Algérie
conte
mporaine
,
Z.
Arous se propose de
démontrer
comment, plus que la notion
delJ
ihad
qu
'il définit comme
une
«injonction divine
dan
s le domaine politique
»,
c'
es
t le concept de
hakimiya
en
tant
qu'«
attrib
ut
essentiel
de la divinité » qui
est
au fondement de l'action
armée
des
islamistes
algériens.
Considérant
que " toute
lo
i é
manant
de la
raison
humaine
est
invalide
",
ces
derniers
rejettent
catégori-
quement
l'autorité
laïque
et
préconisent
un
projet de société exclusivement fondé
s
ur
le
dr
o
it
divin " source unique de lois
et
de val
eurs
Il .
(2)
Bruno
ETIE
NN
E, L'islamIsme radical,
Hach
e
tte
, 1987.
INTRODUCTION 5
Ainsi,
al
hakimiya, comme al-gihàd
et
comme l'igtihàd
et
l'Igmd'
fait
partie
de l'édifice conceptuel
et
symbolique
musulman,
c'est
un
instrument
théologique qui,
dans
une
certaine
conjoncture,
est
utilisé
pour
justifier
au
nom
de l'islam, l'action politique
armée
(3).
Toujours
dans
le
cadre
de l'
utilisation
de l'islam à des fins politiques,
l'
ét
ude
diachronique
basée
sur
une
enquête
comparative
trois
ans
d'inter-
valle)
dans
un
quartier
populaire
d'Oran,
présentée
par
Mohamed
Merzouk,
montre
comment
les formes de religiosité s'opposant
au
discours théologique de
légi
timation
étatique
varient
selon les contextes historiques.
Dans
sa
dimen-
sion
contestataire,
l'islamisme n'a fait que
prendre
le
relais
des
expressions
religieuses
"
populaires
» telles que le
maraboutisme
. Les
résultats
de
cette
enq
uête
en
deux
temps
(1987-1990) confirment donc l'hypothèse selon laquelle,
plu
s que le discours religieux
proprement
dit
, c'est
la
prise
en
charge
des
aspirations
frustrées
d'
une
certaine
catégorie sociale
urbaine
qui fait aujour-
d'hui
le succès
spectaculaire
du
mouvement
islamiste
.
L'islam
en
tant
que
code
culturel
Considéré
comme
une
religion
totale
qui
gère
non
seulement
la
vie
s
pirituelle
,
mais
également
les
comportements
humains,
l'islam
se
définit
comme
un
code
culturel,
lié à
tout
ce
qui
est
repère
d'identité
.
La
codification
concerne les
événements
marquants
de
la
vie
communautaire
tels que le
jeûne
,
le
sac
rifice,
et
toutes
les fêtes religieuses,
mais
aussi
les
principaux
faits de
la
vie familiale comme le
mariage,
le divorce,
la
circoncision, l'adoption
ou
l'h
é
ritage
et
elle concerne
également
certains
aspects
de
la
vie
quotidienne
et
intime
tels
que
l'habillement
,
l'alimentation
et
les soins
du
corps.
Seulement,
les
textes
coraniques
et
la
tradition
n'ont
pas
prévu
toutes
les
s
ituation
s de
la
vie de
tous
les
jours
qui,
au
fil
du
temps
peuvent
se
présenter
comme
embarrassantes
pour
le
musulman
. Aussi, soucieux de
mener
leur
vie
conformément
aux
règles
islamiques
, les fidèles
interpellent-ils
les '
ulama
(théologiens)
en
tant
que
détenteurs
du
savoir
scripturaire.
À
chaque
question
posée, correspond
une
réponse
sous
forme de fatwa
(cons
ultation
).
Les recueils de
consultations
juridiques,
sous forme de ques-
tions-réponses
constituent
une
source d'informations d'
une
richesse exception-
nelle
pour
la connaissance de l'implication de l'islam
dans
les
domaines
les
plus
variés
de la vie
quotidienne
et
sociale.
Pour
son analyse, Leïla Blili se
limite
à
un
seul exemple, celui
du
recueil de fatwa d'al-Wancharissi
intitulé
Al-Mi'yar.
Elle
montre
comment
les
masses
musulmanes
du
Maghreb
appréhendent
le
religieux à
travers
l'opposition halal /
haram
(licitelillicite)
et
l'opposition
tahir
/ nagis (
purlimpur
)
pour
être
en
conformité avec l'islam
dans
le
moindre
détail
de le
ur
vie
quotidienne
et
gagner
l'au-delà.
Cette
implication
du
religieux
dans
les
pratiques
sociales
et
culturelles
de
tous
les
jours
peut
aussi
être
répétée
en
dehors
de
toute
ingérence des
instances
théologiques. Ainsi, c'est à
travers
une
analyse
anthropologique de
la
nourriture
marocaine
spécifiquement liée
au
jeûne
du
Ramadan
que
Ahmed
Diouri
tente
(3
)
Le
texte de
Z.
Arous en
ar
abe, n'a pas pu être
traduit
en français pour pouvoir figurer dans
ce volume.
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