2. Les arguments bibliques
Traditionnellement, l’argumentation liée à ce sujet se focalise autour de deux textes apparemment
contradictoires. L’un de Jacques, cité du « coté catholique », appuyant l’importance des œuvres,
l’autre de Paul, cité du « côté protestant », insistant sur la foi seule. Nous allons lire et analyser ces
deux lettres afin de comprendre l’argumentaire de chaque apôtre.
L’épitre de Jacques (2, 14-20)
À quoi bon, mes frères, dire qu’on a de la foi, si l’on n’a pas d’œuvres ? La foi peut-elle
sauver, dans ce cas ? Si un frère ou une sœur n’ont rien à se mettre et pas de quoi manger
tous les jours, et que l’un de vous leur dise : « Allez en paix, mettez-vous au chaud et bon
appétit », sans que vous leur donniez de quoi subsister, à quoi bon ? De même, la foi qui
n’aurait pas d’œuvres est morte dans son isolement. Mais quelqu’un dira : « Tu as de la foi ;
moi aussi, j’ai des œuvres ; prouve-moi ta foi sans les œuvres et moi, je tirerai de mes œuvres
la preuve de ma foi. Tu crois que Dieu est un ? Tu fais bien. Les démons le croient, eux aussi,
et ils frissonnent. » Veux-tu te rendre compte, pauvre être, que la foi est inopérante sans les
œuvres ?
La pointe de ce texte est la critique de l’hypocrisie. Comment puis-je souhaiter un bon appétit à
quelqu’un qui n’a pas de quoi se nourrir ? Mon souhait n’est alors qu’un vœu pieux sans effet. Ainsi
en va-t-il de la foi si elle est comprise comme une croyance. « Je crois que Dieu existe et qu’il sauve
les hommes. » C’est une idée abstraite, qui ne change rien à ma vie ni à celle du monde. D’où
l’exemple du démon qui croit lui aussi en Dieu. Cela fait-il de lui un juste ? En ce sens, l’acception
commune du mot « croyance » dans la langue française ne peut suffire à définir la foi au sens
chrétien du terme.
Jacques interpelle « Prouve-moi ta foi sans les actes ! », et bien sûr, cela est impossible. La foi telle
que l’entend Jacques, est non seulement croyance, mais conviction et confiance. La foi, ce n’est pas
seulement penser que Dieu sauve, mais le vivre comme une conviction qui change ma vie et me
rend différent. Une conviction qui change une pensée en valeurs et les valeurs en maxime de vie.
Pour Jacques, dans cette lettre, une conviction qui devrait m’inciter à imiter Dieu accueillant le
plus pauvre. On peut aussi dire que la foi est également la confiance que Dieu fait ce qu’il dit. J’y
reviendrai plus tard lors de la lecture de la lettre de Paul.
Mes frères, ne mêlez pas des cas de partialité à votre foi en notre glorieux Seigneur Jésus
Christ. En effet, s’il entre dans votre assemblée un homme aux bagues d’or, magnifiquement
vêtu ; s’il entre aussi un pauvre vêtu de haillons ; si vous vous intéressez à l’homme qui porte
des vêtements magnifiques et lui dites : « Toi, assieds-toi à cette bonne place » ; si au pauvre
vous dites : « Toi, tiens-toi debout » ou « Assieds-toi là-bas, au pied de mon escabeau »,
n’avez-vous pas fait en vous-mêmes une discrimination ? N’êtes-vous pas devenus des juges
aux raisonnements criminels ?
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