N°75

publicité
LA LETTRE DE VOTRE APOTHICAIRE
N°75 - FÉVRIER 2014
REVUE DE PHARMACOVIGILANCE 2013
DES MÉDICAMENTS DU SYSTÈME NERVEUX CENTRAL
D’après La Revue Prescrire®, les informations ANSM, le Bulletin d’Informations de Pharmacologie (CRPV de Toulouse), Actualités en Pharmacologie Clinique (CRPV de Tours) et le Quoi de Neuf en 2013
S. RODIER, INTERNE EN PHARMACIE
DRS M. COLOMBE, C. GABRIEL, V. AUCLAIR, C. ROBERGE, PHARMACIENS
EPSM CAEN - 15 ter rue Saint-Ouen - BP 223 - 14012 CAEN cedex - Tél. 02 31 30 50 50 (Standard)  www.epsm-caen.fr
ANXIOLYTIQUES et HYPNOTIQUES
®
Zolpidem STILNOX ET CONDUITE
En janvier 2013 la FDA (Food and Drug Administration) a signalé des concentrations résiduelles importantes en Zolpidem
suite à des prises vespérales. Ceci, conjugué aux 700 cas d’accidents de la route ou de difficultés à conduire après une prise
de Zolpidem, remet en question les études pré-AMM indiquant une absence d’hypovigilance au réveil (une dizaine
d’études des effets résiduels chez le volontaire sain ont été publiées).
Prescrire®, octobre 2013
NOUVEAU !
BENZODIAZEPINES ET DEMENCE
Des données récentes (études BENZODEM et 3C) montrent une association entre prise de benzodiazépines et risque de
démence chez les patients de plus de 65 ans. Bien qu’un lien de causalité ne puisse être affirmé, cela s’ajoute aux autres
risques déjà identifiés : abus, dépendance, chute, troubles de la mémoire et du comportement. L’ANSM rappelle ainsi les
règles de prescription et de bon usage : envisager des approches non médicamenteuses, réévaluer et limiter la durée de
prescription, et prévenir le patient des risques.
ANSM, janvier 2013 ; Actualités en Pharmacologie Clinique, mars 2013
®
Etifoxine STRESAM : NOMBREUX EFFETS INDESIRABLES GRAVES
Fin 2012, un bilan de l’ANSM sur cet anxiolytique à l’efficacité non démontrée rapporte, entre 2000 et 2012, 400 déclarations d’Effets Indésirables (EI) entre 2000 et 2012, dont 36 % de cas graves. Plus de 50 % des cas concernaient des EI cutanés (DRESS syndrome (Drug Reaction with Eosinophilia and Systemic Symptoms), Stevens-Johnson, Lyell, érythèmes polymorphes,
vascularites) ou d’hypersensibilité. Ont également été rapportés des troubles hépatiques (hépatotoxicité établie), des colites lymphocytaires et des thrombopénies graves.
Un effet inducteur est suspecté suite à des échecs de contraception orale avec survenue de grossesse, de baisse d’INR sous
AVK, d’augmentation de TSH sous Lévothyroxine et d’un syndrome de sevrage sous Méthadone.
Prescrire®, janvier 2013
NORMOTHYMIQUES
®
Lithium TERALITHE : SYNTHESE DE SES EFFETS INDESIRABLES
Une synthèse méthodique avec méta-analyse publiée en 2012 permet d’évaluer la fréquence d’ EI connus du Lithium :
 Hypothyroïdie : risque d’hypothyroïdie clinique multiplié par 6
 Hyperparathyroïdie : augmentation de calcémie et de la parathormone de 10 %
 Prise de poids > 7 % : 2 fois plus fréquent (mais moins qu’avec l’OLANZAPINE)
 Insuffisances rénales : après 1 an de Li : ( ATTENTION : pas de données à long terme ! )
- diminution de la capacité à concentrer les urines de 15 %
- pas de modification du débit de filtration glomérulaire
Par rapport à la
population générale
 Troubles cutanés et alopécie : pas de différence significative
 Cette synthèse confirme également le risque de malformations fœtales du cœur et des vaisseaux, mais les données sont
discordantes quant à la fréquence de ces malformations.
Prescrire®, octobre 2013
PENSER A UNE CAUSE MEDICAMENTEUSE !
De très rares cas de bézoards (agrégats de médicaments retrouvés dans l’estomac) de Venlafaxine LP ou de
Quétiapine LP ont été notés, après ingestion de dizaines de gélules/comprimés. Ces agrégats, qui seraient
dus à la présence d’un excipient, l’hypromellose, s’amassent dans la lumière du tube digestif et exposent à
une obstruction de ces voies, ainsi qu’à des surdoses retardées.
Prescrire®, janvier 2013
ANTIDEPRESSEURS
Agomélatine VALDOXAN
®
: 1ères DONNEES DE PHARMACOVIGILANCE
En 2012, les premières données européennes et françaises sur cet antidépresseur commercialisé depuis 2009 confirment
les effets indésirables retrouvés lors des essais cliniques :
 hyponatrémie : 12 cas graves et 5 SIADH (Syndrome de Sécrétion Inappropriée d’Hormone Antidiurétique)
ATTENTION !
 hépatiques : (124 cas dont 21 augmentations des transaminases > 10N) hépatites, cir-
rhoses, insuffisances hépatiques, pancréatites et lithiases biliaires
 psychiques (les plus notifiés) : idées suicidaires, suicides, cauchemars, irritabilité, hétéro
En raison de son hépatotoxicité, il est désormais
contre indiqué quand les
transaminases sont > 3N.
agression
 neurologiques : convulsions, acouphènes, tremblements, syndrome des jambes sans
Il est également rappelé
que l’Agomélatine ne doit
pas être utilisé chez les
patients ≥ 75 ans.
repos, paresthésies
 musculaires : crampes, myalgies et rhabdomyolyses
 cutanées : prurits, éruptions, alopécie, photosensibilisation, eczéma et 2 cas graves
(Stevens-Johnson et dermite exfoliatrice généralisée)
ANSM, octobre 2013
 cardiovasculaires : HTA, œdèmes périphériques, hyponatrémies, fibrillations atriales,
extrasystoles, palpitations et allongement du QTc (8 cas dont 2 imputables à l’Agomélatine).
Prescrire®, janvier 2013, ANSM octobre 2013
FOCUS SUR LES ISRS
 Chronologie de description des effets tératogènes, foetotoxiques et des conséquences à long terme chez l’enfant avec
les ISRS :
1980 : début de commercialisation des ISRS
1999 : symptômes neurologiques régressifs chez les nouveaux nés (avec Fluoxétine)
2003 : troubles néonataux du tonus, de la succion et respiratoires confirmés après prise en fin de grossesse
2005 : description de troubles neurologiques et d’hyponatrémies après exposition in utero
2006 : risque de malformation congénitale (en particulier cardiaque) supérieur à la population générale
2008 : corrélation entre HTAP du nouveau né et exposition de la mère après 18 SA
2010 : surprescription concomitante d’antihypertenseurs : HTA suspectée chez la femme enceinte
2012 : Suspicion de troubles du développement psychomoteur chez les enfants à naitre
Prescrire®, janvier 2013
 Mise en évidence d’une augmentation du risque hémorragique en post-partum chez les femmes traitées par ISRS jus-
qu’au moment de l’accouchement.
Actualité en Pharmacologie Clinique, juillet - septembre 2013
 Une méta-analyse rapporte un risque multiplié par 1,5 d’hémorragies cérébrales, a priori en lien avec l’action de la séro-
tonine lors de l’agrégation plaquettaire.
Prescrire®, juin 2013
®
Duloxétine CYMBALTA ET SYNDROME DE SEVRAGE
Une analyse de la FDA, portant sur le 1er trimestre 2012, rapporte 50 cas de syndromes de sevrage, avec paresthésies, sensations vertigineuses, idées suicidaires, hallucinations, modification de l’appétit et du poids. Ces effets étaient jusqu’à présent beaucoup plus décrits avec la Venlafaxine et les ISRS.
Prescrire®, juillet 2013
ANTIEPILEPTIQUES
®
®
®
Acide valproïque DEPAKINE , DEPAKOTE , DEPAMIDE , MICROPAKINE
ET AUTISME
®
Une étude danoise rapporte un risque d’autisme cinq fois plus important chez les enfants exposés in-utero à l’Acide valproïque. L’étude n’a pas montrée de lien statistique entre l’autisme et l’exposition in-utéro à d’autres antiépileptiques.
L’Acide valproïque est fortement déconseillé (troubles malformatifs et neurocomportementaux) chez la femme en âge
de procréer sans contraception efficace et tout au long de la grossesse (information CRAT février 2012).
Prescrire®, décembre 2013 ; Actualité en Pharmacologie Clinique, avril-juin 2013
®
Prégabaline LYRICA ET ATTEINTES CARDIAQUES
Le CRPV de Paris Fernand-Widal a analysé 40 notifications d’EI cardiaques contractés sous Prégabaline, dont deux tiers
jugés graves (deux décès) : troubles du rythme ou de la conduction, insuffisances cardiaques, palpitations et IDM. Trois
quart des patients présentaient des antécédents de troubles cardiaques. La dose médiane utilisée était de 100 mg / j, inférieure aux posologies recommandées du RCP et le délai médian de survenu était de 9 jours.
Prescrire®, novembre 2013
NEUROLEPTIQUES
®
Rispéridone RISPERDAL : RHABDOMYOLYSES
Au Canada, 5 cas de rhabdomyolyses imputés à la RISPERIDONE et isolés, sans signe d’un syndrome malin des NLP, ont
été notés. Les mécanismes en cause ne sont pas connus.
Prescrire®, mars 2013
®
Rispéridone RISPERDAL , Palipéridone XEPLION
®
ET Quétiapine XEROQUEL : IRIS HYPOTONIQUE
®
NOUVEAU !
L’ANSM a fait état de syndrome de l’iris hypotonique peropératoire. Au cours d’intervention de la cataracte, ces hypotonies gênent l’opérateur et sont source de complications. Ces effets seraient dus à leur activité α-bloquante
Prescrire®, décembre 2013
®
Quétiapine XEROQUEL : ATTEINTES MUSCULAIRES ET DIGESTIVES
 Une quinzaine d’observations d’atteintes musculaires cardiaques a été rapportée (dont 4 allant jusqu’au décès) chez des
patients traités par QUETIAPINE : myocardites, cardiomyopathies, insuffisance cardiaque associée à d’autres signes cliniques et biologiques (hémoptysie, douleur thoracique, thrombopénie…).
Prescrire®, mai 2013
 Le CRPV de Montpellier a analysé 8 cas de colites ischémiques imputables à la QUETIAPINE, dont 4 cas avec complica-
tions graves et 2 décès. Les troubles sont survenus de 10 à 80 jours après l’introduction du traitement et la majorité des
patients était traitée par des médicaments à effets atropiniques associés. Ces effets sont connus des neuroleptiques (cf
Lettre de l’apothicaire n°62, 2007).
Prescrire®, novembre 2013
NEUROLEPTIQUES ATYPIQUES ET TROUBLES COMPULSIFS
14 observations détaillent des troubles compulsifs chez des patients traités par Amisulpride ou Aripiprazole ou Olanzapine
ou Quétiapine ou Rispéridone. Les troubles ont débuté quelques jours à six mois après l’introduction ou après augmentation de la dose. Chez deux tiers des patients, l’arrêt ou la réduction de la dose a permis la disparition de ces troubles. La
majorité des cas concernait des jeux pathologiques ou une hypersexualité, mais un cas d’achat compulsif et un cas de compulsion alimentaire ont également été retrouvés. Ces troubles semblent plus fréquents avec l’Aripiprazole, dont l’activité
agoniste partielle dopaminergique peut expliquer ces effets, comme cela est largement décrit avec les agonistes dopaminergiques antiparkinsoniens.
Prescrire®, septembre 2013
Téléchargement